Pouah.
Erf.
Argh.
Comment j'ai mal à la tête. J'ai la gueule enfoncée tellement loin dans le cul qu'elle se retrouve à sa place initiale. C'est chaud. La veille, c'était Halloween. Et il y a eu plein de gens. Des gens cools, des gens moins cools, des blondes. Beaucoup de blondes. Et je parle pas de la bière... Peut-être que si ? Qu'est-ce que j'ai pu boire pour me retrouver dans cet état ? Je sais même pas comment je suis arrivé à mon lit. Est-ce que j'y suis vraiment arrivé d'ailleurs, ou est-ce que je me suis effondré comme une loque sur le sol ? Ça me reviendra peut-être plus tard... En tout cas ma partie du dortoir habituellement bien rangée est un peu en bordel : mes draps sont en boule sur mon lit, mes quelques peluches trônent dessus comme si elles dirigeaient le monde. Mes vêtements de la veille traînent un peu partout au sol, accompagnées de boules de papier froissées (sûrement des dessins ratés).

- Aspirine... Aspiriiiiine...

Y'en a, leur kiff c'est de grogner "cerveauuuu", bah pour moi c'est Aspirine ou rien. Putain j'ai l'impression d'avoir teufé toute la nuit j'ai plus l'habitude, depuis Dublin. J'attrape un comprimé, le cale au fond de ma gorge et le fais passer avec un verre d'eau. L'horreur. Heureusement, il n'y a personne dans le dortoir. Il est quelle heure ? Aucune idée, je suis tellement à la ramasse que les chiffres de mon réveil m'apparaissent flous. Mais dehors il fait jour, et bien jour. J'ai les crocs. Manger, bonne idée ça. J'ai envie d'oeufs, de bacon, de haricots blanc en sauce, de toasts... De quoi faire un vrai bon petit déj' anglais quoi. Mais clairement, j'ai la flemme. Grosse grosse flemme. Donc j'enfile un t-shirt tie&dye rose et bleu avec un Bisounours jaune dessus, un jogging et mes vieilles converses et je sors du dortoir. Direction la cafète. Je suis tellement au bout de ma vie que je pige pas qu'il y a quelqu'un qui passe à ce moment et je lui rentre dedans sans pression.

- Ouarf déso, paréveillé. Je marmonne.

Attends une minute... Ces cheveux blonds...

- Nana ?

OH PUTAIN J'AI ENCORE LES MOUSTACHES DE CHAT.

Ça tourne. Pas moi hein, ma chambre. Mon retour de la fête d’Halloween fut rapide et fracassant. Heureusement que je suis téléporteuse. J’aurais pas assumé le chemin à pieds. La chaleur d’un rayon de soleil qui passe par mon rideau me frappe directement l’arrière du crâne pendant que je comate sur mon canapé, le visage enfoui dans le tissu. J’ouvre difficilement un œil, putain la soirée a dû être bien arrosée, enfin, oui elle l’était. Des fragments qui me reviennent subitement. Comme d’habitude, Luna m’a chopé par le col parce que j’ai déconné pour… pour quelle raison d’ailleurs ? Je me rappelle pas. La bouche pâteuse, il me faut de l’eau. Je tapote aux alentours sans regarder, je touche quelque chose de mouiller, c’est pas de l’eau ça. C’est mon vomi. Cool. Super. On est bien. J’ai dégueulé pendant mon sommeil c’est cool, au moins j’en suis pas morte étouffée.

Je finis par décoller tout mon poids du canapé, trainant des pieds jusqu’à la salle de bain. C’est la vision de l’horreur dans le miroir. Je suis à poil, mais j’ai pas retiré tout le maquillage de ma tronche. J’ai fait fort. Je sais que j’ai ce réflexe quand je suis trop épuisée de me déshabiller et de me coucher immédiatement mais là… C’est fort. Heureusement que je suis pas en coloc. Vraiment.

J’ai toujours pas bu ma première gorgée d’eau. Bon. On fera d’une pierre deux coups. Je me cale tout de suite sous la douche, laissant la force de mon pommeau de douche et une bonne dose de savon pour démaquiller le tout. Je vous dis pas la couleur de l’eau quand je finis par nettoyer mes cheveux après 2-3 shampoings. Hop, je me décrasse et, oui, j’ouvre grand la bouche sous le jet, profitant pour prendre quelques gorgées d’eau. Ça m’hydrate pas vraiment, mais ça fait du bien. On va pas le se cacher. Je reste un long moment, assise en tailleur sous le jet. Très cool de pouvoir s’imaginer sous la cascade d’une montagne pendant un instant, moins cool quand les remontées gastriques me ramènent à la réalité de ma gueule de bois. Et des Avengers qui ont décidé de combattre dans mon crâne.

Rapidement, j’enfile un boxer (ouais je m’en suis achetée quelques-uns parce que c’est confortable à porter), un tee-shirt suivi d’un sweat-shirt extra large parce que flemme de mettre un soutien gorge. Je finis ma giga tenue de lendemain de soirée par un short style basket noir, des chaussettes hautes et des sandales. La giga classe. Je sais. Puis s’ensuit d’une galère à démêler ma tignasse que j’arrive à compacter dans un chignon pas fou. J’ai pas de quoi m’aider pour le mal de tête, ni pour mes remontées gastriques de la mort, cool. On va aller au Village vite avant que je lâche une galette. Petite paire de lunette rondes noires sur le bout du nez, je sors de ma chambre tout en me grattant l’arrière du crâne. Malgré tous les frottements du monde, j’ai quelques restants de peinture verte dans les cheveux, et quelques traces de maquillage sur la peau .Putain. Que ça me saoule de sortir. C’est pas possible de téléporter quelque chose jusqu’à soi ? Ça prendrait moins d’efforts. Je suis éclatée.

D’un pas mollasson, je me décide à passer par la cafétéria pour prendre un café sur ma route. L’hydratation c’est cool, la caféine c’est encore mieux. Je regarde à travers mes lunettes les alentours, bon, café… café… Ah. Bah pas café, je viens de me faire rentrer dedans. Je fronce les sourcils et me retourne rapidement vers celui qui se permet de marmonner son excuse débile je vais le- Mais. Je le connais non ?
AH. Ces moustaches de chat me disent quelque chose.

« Moustache-man ! »

Son prénom ? Allez.  Abusons pas.

« Ca… Camil ! »

Je l’ai échappé belle.

« Yooooo ça va ? Dis-je d'un petit sourire en coin. »

Moustache-man. Ouch. Quand on sait que j'ai quasi zéro pilosité, ça pique encore plus. Tout s'est concentré dans les cheveux je crois. Faut pas que je réfléchisse, ça fait trop mal à la tête. Et même si elle m'appelle Moustache-man, je suis content de la voir. Dingue, comment même si j'ai pas des masses de souvenirs de la soirée, on s'est vite entendus. Ça doit être parce qu'on a partagé des moments, que dis-je, des galettes lors de cette soirée. Ça rend plus intime que les véritables moments intimes.

- Nanaaaaaa ! Toi aussi t'es éclatée au sol ? Je dis en souriant.

En la regardant vraiment, ouais. Elle aussi elle est éclatée au sol. Mèches vertes, lunettes de soleil, tenue de l'osef totale... Je peux parler, moi avec mon t-shirt Bisounours. Mais je suis pas allée jusqu'au sacrilège des claquettes-chaussettes. Qui au passage, vont étrangement bien avec la tenue. Aucune idée du pourquoi.

- Ouais, la tête dans le cul et le cul dans l'brouillard, si t'as la référence... Café ?

Non, j'ai pas un syndrome de Gilles de la Tourette caféiné, je propose juste de lui offrir le café. D'ailleurs... Direction la cafète. Y'a du café là-bas, et vu l'heure, les cuisines seront libres alors peut-être que si le café me motive assez, j'irai cuisiner un English Breakfast. Parce que putain comment j'en ai trop envie. Donc je me traîne jusqu'à la cafétéria puis jusqu'à une machine où j'appuie machinalement (haha) sur les boutons pour qu'elle me ponde un latté fort en sucre. L'Aspirine commence à faire effet et je me tourne vers Nana.

- Au moins, si t'es là c'est que tu t'es pas téléportée en haut d'un arbre... Attends, j'ai un doute. T'es bien téléporteuse, c'était pas dans un rêve cette partie ?

Tout se mélange, comme d'hab' en lendemain de soirée. Je me demande même si j'ai rêvé de la galette qu'elle a failli me lâcher dessus.

Si je suis éclatée… Eh-

«Je suis carrément éclatée jusqu’au noyau du centre de la Terre à ce point.»

Ouais, j’y vais pas de mains mortes. Être bourrée c’est une chose, mais être bourrée et se mettre à dégueuler, c’est encore pire. Je regarde Camil de haut en bas, lui aussi est en tenue de lendemain de soirée. Enfin, je voyais qu’il était au bout de sa vie avec les cernes qui étaient dessinés en dessous de ses yeux. Sympa le pull.

Je lâche un rire face à sa remarque, puis une antenne en moi se réveille dès lors que le mot Café est prononcé.

«Vas-y, va pour un café. »

On part en direction d’une machine pour nous servir un café de survie. C’est clairement pas le meilleur mais j’avoue que, ça sauve la mise quand t’as pas le temps d’aller jusqu’au Village. Pendant que Camil attend après son latté, il essaye de démêler le vrai du faux de notre soirée rebondissante. C’est vrai que je me suis barrée subitement, mais j’étais trop malade, je ne voulais pas que Camil se retrouve à quitter une bonne soirée pour me ramener jusqu’à chez moi… J’accepte rarement qu’on me ramène, à moins qu’il faille me porter en fait. Je sais pas.

«Ouais je suis bien téléporteuse ahah, désolé d’être partie subitement fallait que je rentre chez moi,  j’ai atteri chez les Terres mais c’est au même étage que les Tonnerres donc ça va.»

Ça aurait dû me prendre peu de temps pour rentrer mais entre les deux dortoirs, j’ai mis un peu TROP de temps à zigzaguer. Erf…

«Par contre ça m’est déjà arrivé d’attérir en haut d’un arbre ou alors… en fait ça j’ai déjà atterri partout, même dans les endroits les plus tarés je dirais.»

Ça dépend juste de mon état. Quand j’étais Initiée, c’était le foutoir… Ou alors suffit de penser à quand j’étais initiée… On est tous passés par là, avec cette peur au ventre de pas savoir où on va atterrir mais pas le choix de se pratiquer. Je me suis déjà retrouvée en plein milieu de la chambre d’une pote par erreur, la pauvre par chance elle était pas en train de se taper son mec mais bon, c’était compliqué. Avec Nico en reprenant les entraînements à mon retour cette année, je me suis retrouvée comme une vieille chaussette écrasée dans un buisson.

«Et toi alors ton restant de soirée ? T’as kiffé ? Pas trop mala- Tu peux me prendre une vanille française s’il te plait ? »

Ça c’est le café du lendemain de soirée, le café hyper sucré qui déshydrate mais fait du bien au moral.

- Hahahaaa same.

Les éclatés du dimanche. On est dimanche ? Aucune idée. Je sais même pas si je suis censé travailler. Ouaip, éclaté, qu'on soit dimanche ou pas d'ailleurs.
Je marche en traînant ma carcasse jusqu'au distributeur et lance mon latté pendant que Nana me raconte sa fin de soirée. Je ricane.

- Heh, t'as pas atterri dans le lit d'un inconnu au moins ! Ou d'une inconnue d'ailleurs.

Imagine la scène ! C'est le milieu de la nuit, tu ronpiche tellement bien que les murs en tremblent et d'un seul coup tu te retournes et ton chat/chien/chinchila ce que tu veux a disparu. Tu tâtonnes et te résous à ouvrir les yeux et là, surpriiiise ! Le Joker version féminine te souris dans le noir. Paf, crise cardiaque, ambulance (pour qui, je sais pas), merci au revoir. L'angoisse. Même pas agréable.
Par contre, elle a déjà atterri en haut d'un arbre ? Je l'imagine, hurlant à plein poumons qu'on la fasse descendre, et je peux pas m'empêcher de rigoler. Puis je lui lance un regard amusé.

- Genre. T'as fait le coup d'arriver dans les douches des mecs ?

Va falloir que je m'habitue à avoir ma serviette à portée de main, si les nouvelles téléporteuses ont cette manie. Quoi que ça me gênerait pas hein, mais elles peut-être que oui. J'attrape mon gobelet fumant et appuie sur le bouton de la machine, qui se remet à ronronner tranquillou.

- Ouais nan, ça a été. J'ai évité la galette, j'ai pu papoter avec de nouveaux gens... C'était cool.

Je rentre pas dans les détails parce que même si le sentiment général de la soirée me semble positif, j'ai pas énormément de souvenirs de ce qui s'est passé.

- Et toi, ça va ? Tu as pas été trop malade après ? J'espère que ça va mieux aujourd'hui. Je dis avec sollicitude.

Les fin de soirée vomito avec PLS obligatoire le lendemain, j'en ai connu aussi. C'est pas les meilleurs bails. En tout cas, quitte à être en gueule de bois, autant l'être à deux. Je suis bien content d'être tombé sur Nana. Je lui tends son café quand il est prêt.

- Tiens, gaffe c'est chaud. On peut utiliser les cuisines quand c'est pas l'heure du service, et je voulais me faire un petit dej' anglais, ça te botte ? Je propose. Sinon on passe à la pâtisserie pour quelques viennoiseries.

« Oh haha non ça fait longtemps j’ai pas-»

Je me coupe parce que, c’est chaud de dire à quelqu’un qu’on connaît à peine que je n’ai pas eut de personnes dans mon lit depuis 6 ans. On en est pas encore arrivés à ce stade là dans notre relation. Je l’aime bien, mais cet élément-là, j’ai un peu honte je l’avoue. Avec tout ce qui s’est passé et mon retour en dépression, le contact humain, bien que j’en crevais d’envie, ne paraissait pas une priorité dans mon cerveau. Par chance, Camil continue sur une question des plus farfelues.

« QUOI, non les douches des garçons jamais ! C’est le truc des Feu Invisibles ça. »

On ne va pas se mentir, on le sait que c’est vrai. Si je me téléporte, on va me voir ! Alors qu’un.e Invisible… c’est trop facile pour eux. Faut juste faire attention aux traces de pas. Un petit rire de sympathie m’échappe quand Camil m’annonce qu’il a eut une bonne soirée. Tant mieux hein, quand on est nouveau à l’Institut ce n’est pas toujours facile de faire des rencontres tout de suite. Arrivé seul dans un endroit qu’on ne connait pas avec toute une population d’inconnus, ça peut faire peur si on n’est pas très sociable. À mon arrivée à Terrae à mes 16 balais, je voulais me battre avec tout le monde donc le problème était vite réglé.

«  J’avoue que c’était chaud dans ma chambre, je t’épargne les détails mais là justement j’allais me chercher de quoi pour le mal de crâne et la gorge. T’aurais pas ça par hasard ? »

Dis oui s’il te plait. Ça m’éviterait de me déplacer jusqu’au Village. Je remercie Camil, accompagnée d’un large sourire, je souffle légèrement sur le dessus de la mousse.

«  Han ouais ça me botte de fou un petit déj’ à l’anglaise ! J’espère que t’es bon cuistot car je suis bonne critique haha! On y va ? »

Nana s’interrompt dans sa phrase et je lui lance un regard curieux. Je me doute de ce qu'elle voulait dire hein. Meh y'a pas de honte, mon aussi ça fait longtemps. Je hausse les épaules.

- Ouais nan pareil ! Je dis en rigolant pour détendre l'atmosphère.

Par contre le coup des douches... Imagine te téléporter par erreur ! Mais non, visiblement, c'est un truc de Feu. Too bad. Non pas que ça me tenterait, je suis pas comme ça. Par contre, je suis à peu près sûr que si je dois être téléporteur, je vais finir par atterrir dans un arbre et hurler tel un chat en détresse jusqu'à ce qu'on me fasse descendre. À cette idée je ricane tout seul.

- Ouais ça va être un beau bordel si je suis téléporteur.

Je tapote l'épaule de Nana avec compassion.

- T'inquiète, j'assure tes arrières : tiens.

Je sors de ma poche la boîte d'Aspirine à moitié vide. J'en fais une consommation plutôt modérée mais avec tous les changements récents, j'ai eu pas mal de migraines et j'ai un peu dégommé la boîte.

- Pas plus de deux, sinon tu vas planer comme un oiseau. Je précise en souriant.

Et je lui tends aussi son café. Heureusement que l'endroit est vide, on dirait deux clodos qui tapent la discute. Mais comme on est pas des clodos, que je cuisine plutôt pas trop mal et qu'on est tous les deux assez affamés, je m'en vais aux cuisines où j'attrape quatre œufs, du bacon, des tranches de pain de mie et... PAS DE BEANS ?! Scandaleux. Honteux. Trahison. Disgrâce. Hôtel. Trivago. Hem...

- Ah déso, ce sera sans les fameux haricots, y'en a pas. Et euh... Pardon, mais flemme d'aller en chercher au village... Mais des œufs au bacon avec des toasts, c'est pas mal non plus !

Je me mets donc au travail entre deux gorgées de café brûlant. Je sors une poêle, que je mets sur le feu. Quand elle est chaude j'y ajoute le bacon et pendant que celui-ci dore, je mets les tranches de pain dans un grille-pain. Mais le paradis, les grille-pains, qu'est-ce qu'on ferait sans ? Pas des toasts, c'est moi qui vous le dis. Quand le bacon a bien réduit, je casse les œufs d'une main. Le crépitement de la poêle et l'odeur du petit déjeuner-brunch monte dans la pièce, et mon estomac gargouille. Pourtant je me force à être patient pour que le bord des œufs ait le temps de bien dorer, ça rajoute du croustillant. Puis je sors deux assiettes et je sers.

- À table miss Joker !

Je me gratte l'arrière de la tête. Camil paraît être sans jugement, je suis contente. Non mais parce que... Pas que c'est taboo chez moi mais 6 ans, c'est long. On va pas se mentir.

« Si tu deviens téléporteur, viens me voir je te donnerais des conseils! »

Oui parce que, se téléporter au mauvais endroit, c'est de l'apprentissage on passe tous par là et à titre de rappel, j'étais Étoile par le passé. Donc je connais les bons trucs. Puis je me ré-entraîne avec Nicolas aussi donc, encore plus de bons trucs.
Mes yeux pétillent devant la boîte d'aspirine de Camil. MERCI. Vraiment, je suis reconnaissante. Au pire, ma gorge se débrouillera, au moins si je peux retirer ce foutu mal de crâne, me donner un peu de repos ce serait très très bien.

« Pas que ça me dérange de planer hein haha... Mais merci tu me sauves, je ferais gaffe! Dis-je en glissant la boîte dans ma poche. »

Café en mains, on se dirige vers les cuisines. J'avoue qu'un plat bien préparé fera du bien. De toute façon, je ne suis pas difficile et puis, on m'attire facilement avec de la nourriture.


« Ça me convient tout autant, t'en fais pas! Répondis-je avec un large sourire aux lèvres»

Pendant que Camil commence à cuisiner, je me sers un verre d'eau bien froid, je prends de comprimer que j'avale d'une traite, dégommant le verre au passage. Bon, je ne suis pas sûre que le ventre vide c'est une bonne idée mais là y a urgence. Je lâche un long soupir de soulagement. Et, oui, j'ai toujours mes lunettes de soleil sur le nez, je m'en fiche. Je l'observe faire sa préparation, prenant une gorgée de café. Le bonheur de la vanille française dans ma bouche me fait frissonner un peu. Ma gorge est un peu moins contente mais tant pis. Là le plus important est de remplir le vide dans mon estomac, ce trou qui creuse de plus en plus et qui commence à me faire mal... Face à cette belle assiette, mes yeux se remettent à briller de nouveau derrière mes verres. Camil peut voir ma grande joie par les traits de mon visages qui s'étirent subitement.

« Mais qu'est-ce que ça a l'air BON. »

Je sors des ustensiles que je tends à Camil, puis je prends ma paire de fourchette/couteau. Debout contre le comptoir, je souhaite un bon appétit au blondinet avant de prendre ma première bouchée. À peine ma bouche se referme dessus, je crois que je vais avoir un orgasme gustatif. Je roules des yeux de BONHEUR OK.

« HMMMM CAMIL c'est du délire! Je vais m'évanouir tellement c'est délicieux. »

- Haha j'hésiterais pas ! Mais tu en entendras sûrement parler, si je suis téléporteur... Je ne pense pas que je sois bon là-dedans, j'ai pas une super coordination. Han, tu me verrais danser, une catastrophe haha ! Je plaisante en rigolant.

Je bois quelques gorgée brûlantes de mon café avec délectation. Le liquide chaud me coule dans le gosier comme un soin régénérant. C'est trop bon. Puis je tends ma petite plaquette d'aspirine à la blonde en la prévenant que ça fait planer. Sa réponse m'arrache un nouveau rire.

- Heh je vois le genre ouais ! Mais en lendemain de soirée, pas sûr que t'aies tellement envie de planer. Je la taquine avec un regard amusé.

Et puis, direction les cuisines. Je nous concocte un super petit déj' du futur. Bacon doré, œufs au plat croustillants, toast à point. Le combo parfait. Même si ça manque de haricots en sauce. Mais je me répète. L'odeur autour de nous est alléchante au possible. Quand je sers, Nana attaque son assiette à belle dents. C'est un peu rassurant, ça veut dire qu'elle n'est plus trop malade. Parfois la gueule de bois est accompagnée de nausées, mais là je crois qu'elle avait juste super faim. Je m'attaque moi aussi à mon assiette et ferme les yeux sous le croustillant des oeufs et le sel du bacon. Mmmh rien ne peut égaler ça. Je remercie mes parents d'avoir décidé de m'élever en Angleterre. Je rouvre les yeux au commentaire extatique de Nana.

- Woah, tout doux bijou ! Reste avec moi, t'as vu ma carrure de crevette ? Je serais pas foutu de te porter, sans alcool dans le sang.

Parce que oui, la veille au soir, j'ai proposé de la porter. Depuis le bar, jusqu'à l'institut. L'alcool, je vous dis. Je suis sportif, hein, mais plutôt gymnaste ou coureur qu'haltérophile. En attendant...

- Je croyais que tu étais une critique sévère... Rien à reprocher au plat ? Je plaisante.

En mangeant, j'ai découpé le blanc de l’œuf pour ne laisser que le jaune encore intact. Vient alors ma partie préférée. J'enfourne le jaune dans ma bouche et le sens couler sur ma langue. Avec juste ce qu'il faut de sel, c'est divin et un "Mmmmh" étouffé m'échappe. Ouais meilleure partie de ce petit déj'.

Cette bouchée qui fond dans ma bouche, mais s'il vous plait que quelqu'un me pince! Oui bon en vrai, surtout en cas de fonce-dalle comme ici, je suis pas chiante à nourrir. Même du pain sec et de l'eau, je kifferai. Mais ici, la nourriture de Camil est digne du Nirvana d'un lendemain. Il me fait rire, je place ma main devant ma bouche tout en finissant de mastiquer et d'éviter de m'étouffer.

« Et dire que tu voulais me ramener chez moi hier... T'aurais pas fait deux mètres avec moi sur ton dos!  Dis-je d'un ton amusé.»

Et oui, je m'en rappelle de sa proposition. Je ne laisse personne me porter, même si je suis une vieille poltronne à la fin de la soirée. Au pire je me TP et je finis par m'endormir où j'atterris. Ça va, y a rien eut d'extraordinaire dans mes aventures pour le moment...
Quand il me pose sa question, je me resserre une nouvelle bouchée, j'ai mis un peu de tout sur la fourchette et je me délecte. Non vraiment... des œufs.... du bacon... des toasts... c'est incroyable. Gordon Ramsay lui même ne peut pas non à ça. Je roule des yeux à nouveau.

« Naaaan attention je suis BONNE critique. Franchement c't'un régal. En plus c'est le premier plat qui rentre dans mon organisme vide alors c'est un pur bonheur! »

Je ne mens jamais sur la bouffe. Ja-mais. J'enfourche juste du bacon cette fois-ci et le rajoute dans ma joue déjà pleine.

« Tu viens d'où pour savoir cuisiner aussi bien hein? »

Nana rigole et je l'imite.

- Ne sous-estime pas le pouvoir de l'alcool ! Je suis sûr qu'avec quelque grammes dans le sang, je te porte sans soucis. Tu dois pas être bien lourde !

Dit la crevette androgyne. Je dévore mon repas, j'avais tellement faim sans m'en rendre compte et mmmh le bacon, mon amour. Et tous les compliments de Nana me font trop trop plaisir ! Déjà d'habitude j'adore faire à manger pour les gens, mais alors là. Je suis joie et bonheur. La vie est belle, mon mal de crâne est redescendu à un niveau tout à fait supportable, je mange et je papote avec un chouette personne. Bref. Joie et bonheur (bis).

- Franchement je te refais à manger quand tu veux ! Je sais tout faire t'as qu'à me demander ! Je dis en souriant.

Oui, dans ce laps de temps j'ai dégommé mon assiette et il n'en reste que quelques miettes que je viens récupérer du bout du doigt.

- Eh bah tu vas rire ! Je suis né aux USA, mais j'ai grandi en Angleterre ! Mais mon papa était un fada de cuisine alors j'ai appris plein de choses !

Ça aide d'avoir l'école à la maison, même si c'était clairement pas le plus réjouissant... Mais j'ai pu écouter et observer mon père faire la cuisine et ça, c'était cool.

- Lui sa spécialité c'était la viande ! Magret, viande rouge, volaille... Il savait tout faire à la perfection. J'explique avec un sourire.

« Ne me tente pas à ce que je me jette sur ton dos pour savoir combien je pèse ! »

Pourquoi est-ce que je sens que si on se recroise en soirée, ça va finir comme ça ? Je suis pas en relation, je m’en fous. Bon au pire, qu’on me porte… Je peux dire ok, mais pas comme si j’étais une princesse dans les bras ! Quand j’étais jeune oui bon je l’ai accepté mais désormais, c’est le dos ou rien ! Sinon tant pis ce sera la roulette russe de la TP. J’ai pas peur. Je suis habituée.
Je mime le sourire de Camil fasse à sa belle déclaration.

« Hmmm nan mec tu me touches en plein cœur de me dire ça ! On va se faire des rendez-vous nourritures OK ? »

Oui il faut. La bouffe, c’est la bouffe. Et on passe toujours les meilleures moments autour d’un bon plat. Je gobe mon assiette tout en écoutant Camil me parler de lui. Multitâches, j’hoche la tête tout en vidant mon plat. Un américain qui grandit en Angleterre, intéressant. L’énonciation de différentes viandes me met l’eau à la bouche. Savoir cuisiner c’est une chose, savoir s’occuper de la viande, c’est encore une autre catégorie.

« C’est drôle dis donc ! Donc est-ce que tu te considères comme un ‘ricain ou un british ? Je comprends mieux pourquoi le bacon est si bon alors, t’as appris ça de lui ! Tu dois savoir faire des super plats bien gros comme il faut ! »

Oui, la nourriture est un sujet fort passionnant et je peux en apprendre plus sur Camil en même temps. Je me gratte un peu l’arrière du crâne parce que j’ai mal aux racines. Ouais. Mon corps est en péril aujourd’hui, mais en bonne compagnie, c’est un plus peu supportable.

« En étant bon cuistot comme ça, tu dois en faire tomber d’amour des gens hein ! Avoueeee, riais-je. »

- Ouh non je te tente pas ! Vu mon état je vais m'éclater les dents par terre ! Je rigole.

Mais je sens que ça arrivera un jour ou l'autre ! C'est sûr, parce qu'on va certainement se recroiser en soirée si ce n'est pas juste pour papoter. Ses compliments sur ma cuisine m'ont tellement fait plaisir que je décide de lui proposer de se refaire une bouffe un jour. Ce qu'elle prend apparemment à cœur. Ça me fait sourire de plus belle.

- Heh alors c'est une promesse ! Limite je testerais bien les nouvelles recettes que je trouve avec toi, si t'es prête à mettre la main à la pâte !

Si elle n'a pas envie je peux toujours lui faire un chili, du poulet à la crème ou des pâtes à l'encre de seiche. Han j'ai tellement hâte !! Non parce que j'ai beau avoir été élevé en Angleterre, hors de question que je lui présente du corned beef. Nope !

- Ouah euh bonne question haha ! Je dirais plus anglais, parce que vraiment j'ai grandit là-bas ! Mais si mon père m'entendait il me foutrait une rouste du futur ! Alors je vais dire moit'-moit' !

Une rouste, c'est le moins qu'on puisse dire. Il aurait sorti la ceinture, voire même peut-être le bâton. L'idée me fait frissonner et je m'éloigne un peu pour laver ma vaisselle afin de cacher ça. La remarque de Nana m'arrache un ricanement.

- Haha t'aimes les potins toi ! Eh non, j'ai jamais fait tomber quelqu'un sous mes charmes à cause de ma cuisine ! Je plaisante.

Eh oui, en fait c'est jamais moi qui ai fait le premier pas, je me rends compte. Je me retourne et lance un regard à Nana.

- Et toi alors ? Mignonne comme tu es et avec ton énergie tu vas pas me dire que personne n'est intéressé ! Je la taquine.

Je souris à Camil, oui je ne fais que de sourire et j’aime me répéter. J’aime cuisiner. Je ne suis pas non plus la meilleure mais je me débrouille et je me fais des plats qui me plaisent. Parfois, oui, je me fais des plats MONSTRES. On connaît le mythe de faire trop de pâtes pour une personne mais qu’au final, on dévore tout. Oui c’est moi.

« Oh j’aime cuisiner ça ne me dérange pas ! Promis je suis pas trop maladroite en cuisine ! »

On sait jamais hein. Mon doute n’est pas de couper un doigt. Je peux faire tomber des trucs mais jamais rien de dangereux. À l’occasion on m’a déjà vu courir après un saladier qui roule par terre mais voilà. J’écoute Camil qui me répond. Il me semble que c’est logique. Le mec il connaît rien des États-Unis donc… ouais ma question était un peu bidon je crois. Mais, il dit quand même 50-50 donc je le crois. C’est quoi déjà la phrase ? ‘’Regarde toujours d’où tu viens ?’’ Même si les américains ne sont pas les plus affutés forcément mais bon.

« Oh je comprends haha ! Et t’as déjà visité un peu les US ? »

Ou peut-être n’a-t-il pas eut l’occasion ?
Je penche la tête face au ricanement de Camil. Les… potins ? Je- Hein ? JAMAIS ? Ma bouche s’ouvre en grand.

« HEIN, comment ça ? Non tu mens, PERSONNE ? Impossible. Et- Oui j’aime les potins. Je ne me cacherais pas. »

J’éclate de rire parce que mon ton s’est changé si abruptement. Sauf que là, la question m’est retournée. Ah- Qu’est-ce que je peux répondre hein ? J’ai réappris à prendre soin de moi mais c’est tout quoi L.O.L.

« Moi ? Pffff euh non personne haha. Puis j’ai juste un ex à Terrae alors-»

Coucou Bito. Oui je parle de toi.

« Déjà hein, je suis nulle en drague, et en plus, non personne ne m’approche mais merci pour ton compliment! Par contre TOI ça me surprend OK, t’as tout pour plaire aux gens ! »

Dis-je avec une petite moue triste.

- Parfait alors ! Tu seras à la fois mon assistante et mon cobaye alors haha ! Et ne t'inquiète pas pour les maladresses, on est pas dans un resto étoilé. Je dis avec un clin d’œil.

Moi aussi il m'arrive de faire des petites bêtises. Qui aurait cru que les économes étaient aussi acérés ? Non, vraiment, ça épluche ok mais je pensais pas que ça éplucherait aussi mon doigt. Heureusement, j'ai pas trop dérapé donc ça a vite été guéri.
Puis on en vient à parler de mes origines et la question de Nana me prend au dépourvu. Non, c'est vrai que je n'y ai jamais pensé, à aller voir les US. D'ailleurs, une nouvelle question me vient subitement. Mon père devait bien avoir des parents... Mais il n'est jamais retourné là-bas les voir. Je ne l'ai pas entendu passer de coup de fil à une quelconque famille non plus. Et Il n'y avait personne de son côté de la famille à son enterrement.

- J'avoue que non. En fait, je connais pas grand chose de ma famille côté US, je me rends compte. Peut-être qu'il faudrait que je me penche là-dessus un jour.

J'avoue que sur le coup j'ai perdu mon ton enjoué. Je suis pensif. Est-ce que mes grands-parents américains sont au moins au courant de ce qu'est devenu leur fils ? Est-ce que j'ai des oncles ou des tantes ? Ce genre de chose. Chaque chose en son temps ! On parle maintenant de couples et de drague !

- Si si, je te JURE ! Personne ! Je dis en retrouvant ma bonne humeur.

J'ai cette capacité à faire table rase et ranger les inquiétudes dans ses boîtes dans ma tête pour plus tard, c'est quand même grave pratique ! Je lui renvoie la question et j'avoue que j'ai très très envie de la taquiner... Alors je lui mets un petit coup de coude dans les côtes.

- Un ex, c'est pas "personne", ma fille ! Alleeeeez raconte !

Moi aussi j'aime les potins, tu vas pas t'en tirer comme ça. Mais bon, échange de bons procédés, je dois aussi donner du contenu.

- En fait, à Terrae, j'ai personne. Mais avant, quand j'étais prof à Dublin, j'ai eu quelques aventures disons. Par contre, moi non plus je ne sais pas draguer alors c'était les autres qui faisaient le premier pas ! Je raconte en souriant.