Je n'ai pas eu le choix. Mon écart m'a forcé à lui expliquer les choses. Enfin, une partie surtout. Je ne lui ai ni parlé de mon père, ni de l'incident avec Aéna. Je refuse d'en parler maintenant, c'est un sujet trop sombre pour qu'on puisse regarder les étoiles sereinement après. Alors je me tais, j'endigue le flot qui avait commencé à sortir. Le silence se fait. Pas un silence de malaise, juste... Katsuyo réfléchit, je le vois elle a cet air concentré, mais cette fois il est mélangé à autre chose. Elle se rassied, ma main quitte sa joue laissant une sorte de manque sur ma peau. Puis elle prend la parole.

Elle a raison, je veux le croire. On ne prépare pas tout ça juste pour plaire, c'est ce qu'elle dit. Mais "on" n'est pas "moi". Je ne sais plus, en ce moment. Est-ce que j'irai jusque là juste pour qu'on ne me déteste pas ? Est-ce que c'est juste pour elle que je ferais ça ? Et si c'était justement parce que je l'aime que je me décarcasse autant pour qu'elle aussi m'aime.  

Katsuyo continue. Je l'écoute en essayant de faire la part des choses entre mes doutes, ce que je sais de moi et ce qu'elle me révèle sur moi-même. Je lui plaît, et elle affirme que le "vrai" Camil lui plaira aussi. Je baisse les yeux un instant sur mes mains.

- Je vais faire de mon mieux pour que tu aimes- Je me reprends. Je vais faire de mon mieux pour que tu puisses découvrir comment je suis pour de vrai.

Je lui fais un sourire un peu penaud, un peu d'excuse. Je veux qu'elle m'aime pour qui je suis réellement. Mais pour ça il faut que je trouve qui je suis. Et ça risque de prendre du temps... J'espère seulement qu'elle aura la patience.

Je lève les yeux et suis son regard. Les étoiles sont enfin là, elles brillent dans le ciel comme des diamants. Je me lève et tends la main à Katsuyo.

- On va profiter des étoiles..? Je propose d'une voix douce.

Je fronce un peu les sourcils quand il entame sa phrase. Mais mon regard s'adoucit quand il se rattrape. Son sourire me fend néanmoins le cœur. Je viens pendre sa tête entre mes mains et déposer mon front contre le sien.

- Avec moi, ne te force jamais. Je suis avec toi, Camil.

Et doucement, j'amorce le mouvement pour l'embrasser. J'attends néanmoins qu'il le complète et qu'il se sente libre de me repousser si jamais il n'en a pas envie.

Quand je regarde, le ciel, il semble suivre mon regard et me propose d'aller regarder le ciel. Je souris.

- Oui, allons-y.

Je me lève, et lui prends la main pour l'emmener avec moi pour qu'on reprenne notre place devant le télescope. J'ajuste une dernière fois, les réglages. Puis, je relève la tête vers lui.

- Tu veux qu'on éteigne la lumière ? Je peux aussi nous faire une source de lumière moins agressive.

Je jette un regard, au télescope, et à la vitre de l'observatoire. Je le regarde aussi, Mon regard va un peu partout, alors que je sens le rouge me monter aux joues. Je me rends compte de tout ce qu'on a dit. Et j'ai un trop plein d'émotion.

- La lune est belle ce soir, n'est-ce pas ?

La douceur dont fait preuve Katsuyo me touche droit au cœur. Quand ses mains entourent mon visage et que je sens son front contre le mien, les larmes montent. J'ai du mal à les réprimer mais j'y arrive au prix d'un gros effort. Ses mots sont plus précieux que de l'or et me rassurent.

- Merci... Je souffle, tout contre ses lèvres.

Puis je l'embrasse avec douceur. C'est différent de nos autres baisers, plus solennel et à la fois tellement apaisant. Je reste un instant comme ça avant de proposer qu'on aille voir les étoiles. Son sourire est la meilleure des récompenses. Je prends la main qu'elle me tend et me lève à mon tour. Je la laisse faire les derniers réglages en observant la lune par la lucarne.

- Si tu peux créer un peu de lumière on peut éteindre. J'ai juste du mal avec le noir complet. Je dis.

Plus de secrets, on a dit. Alors je suis honnête. Et si elle me demande pourquoi, je lui expliquerais. Mais pour le moment la lumière est allumée et Katsuyo est belle, avec ses joues rosies. Je n'ai pas besoin de lever les yeux vers la lune car c'est elle mon astre dans ce moment.

- Oui. Oui... Elle est magnifique.

Vas savoir de quoi je parle.
Je pose une main sur les reins de Katsuyo et me penche vers le télescope, la quittant enfin du regard. Là, dans la lunette, le ciel m'offre un spectacle à couper le souffle lui aussi. Nous passons l'heure qui suit à parler des étoiles, des constellations qu'on voit et des théories de l'univers. C'est un moment doux et intime que je grave dans ma mémoire de toutes mes forces. On termine nos têtes posées l'une contre l'autre. Il est tard, je m'en rends compte maintenant.

- Tu veux qu'on aille à ma chambre ? Je propose, sans arrière pensée.

Notre baiser à ce quelque chose de différent. Qui suit une discussion difficile. J'ai l'impression que l'on ne s'est pas encore tout dit. Moi, surtout. Je tiens des beaux discours, mais c'est plus difficile des les appliquer visiblement. Cela dit, on a ouvert la porte à nos doutes, pour en parler ensemble. Ca ne voulait pas dire qu'on devait tout déballer, j'imagine.

Toujours est-il, que ce baiser me trouble. J'avais assimilé ces baisers, à la fois langoureux, passionné, mais aussi un peu triste, à la rupture. Là, c'est pas vraiment le cas. Ce sera différent peut-être ? Je pense vraiment à plein de chose quand j'embrasse quand même.

L'on se détache l'un de l'autre, pour aller jusqu'à la vitre, et il me confie que l'obscurité l'angoisse. J'acquiesce, je n'ose pas lui demander pourquoi maintenant. J'aurais l'impression de lui demander de se justifier. A la place, j'ouvre la paume de ma main, une grosse y naît. Je fronce un peu les sourcil, alors que je me concentre. Je la scinde en quatre flammèche et que je fais léviter au dessus de nos tête. Je les fige au dessus de nos têtes, en essayant d'améliorer un peu leur lumière.

Dans un souffle, je souris.

- Je me doutais pas que ce serait aussi dur ! Mais ça fait un peu chandelle, non ?

Dans la pénombre, mes flammes fournissent un halo de lumière peu agressif, qui éclairent essentiellement la vitre. J'ai l'emprise sur seulement une flammèche, les autres, je me contente simplement de les alimenter en énergie. Mais, celle que je contrôle je la fais aller un peu plus loin dans la pièce, pour l'éclairer dans son ensemble.

Lorsque je lui parle de la lune, il me répond par la positive sans la regarder. Je souris et rougit un petit peu plus. Mais je suis aussi confuse... J'aurais dû le dire en anglais. On s'assoit l'un à côté de l'autre, pour regarder les étoiles, je lui explique des trucs, lui racontent des anecdotes, m'excuse de mon côté nerdy des étoiles.

Mais je commence à bailler, quelque fois, au début j'arrive à le cacher. Les flammes vacille quelque fois quand je relâche un petit peu mon attention - que ce soit par fatigue que pour admirer Camil. Je souris quand il me propose d'aller dans ma chambre.

- Oui. Allons-y.

Je prends sa main entre la mienne. Mes flammes se rejoignent au centre de la pièce pour se réunir en une seule et illuminer totalement la pièce. Alors que je me lève, que je réuni les affaires. J'ai un peu la boule au ventre. Pas négativement, hein. Juste, je n'arrive pas à savoir si c'est le bon moment. J'en étais convaincu, mais c'est vrai qu'avec notre conversation. Je ne sais pas. Plus.

Je récupère la glacière et ouvre la porte. Je condense ma flamme pour en faire une petite boule de feu, et viens la faire danser devant nous.

- Ce sera notre lampe torche !

Katsuyo est d'une telle douceur que j'ai du mal à réaliser qu'elle m'a vraiment choisi moi. Avec tous mes défauts et mes peurs. J'aimerais plaisanter, dire que "non mais c'est pour ma cuisine c'est ça ?!" mais ça serait malvenu dans ce contexte... Alors je me retiens. Et à la place je souris à Katsuyo qui fait l'effort d'éclairer la pénombre de la pièce pour me mettre à l'aise.

- Merci... Tu te débrouilles très bien. Je suis un peu jaloux. Si j'avais été Feu j'aurais pu te faire un dîner aux chandelles.

La chaleur de la lumière des flammèches m'aide à me relaxer. Elle est bien différente du rai de lumière blanche que je voyais passer sous la porte du cagibi à l'époque. Assis côte à côte on observe les étoiles qui glissent dans le ciel. Malgré notre conversation sérieuse, l'atmosphère est feutrée et agréable. Nos épaules se touchent pendant que Katsuyo parle avec passion de ces astres qu'elle aime tant. Et moi je l'écoute. J'apprends non seulement beaucoup sur les étoiles, mais je découvre aussi cette nouvelle facette de Katsuyo, un peu nerd. Et je l'aime beaucoup.

Malgré son enthousiasme et sa passion, la belle finit par bailler. Je me lève et tends ma main à Katsuyo, lui proposant d'aller à ma chambre. Je me promets de la laisser m'emmener à la sienne la prochaine fois. Je veux aussi découvrir cette part d'elle. Mais pour l'instant, nos mains entrelacées, je l'emmène vers la sortie de l'observatoire. Je m'arrête quand elle le fait, la laissant se concentrer. Ses flammèches se changent en une boule de feu qui flotte devant nous. Un sourire doux flotte sur mes lèvres.

- Tu as vraiment beaucoup progressé.

Je suis tellement fier de tout ce qu'elle a surmonté. À mon tour d'être à la hauteur. Nous circulons dans la pénombre des couloirs en chuchotant par moments. Puis j'ouvre la porte de ma chambre et allume la petite lumière tamisée de ma table de chevet. Je ne veux pas nous aveugler après la lumière chaleureuse des flammes de Katsuyo. Je prends la glacière.

- Je m'occupe de ranger, assieds-toi si tu veux. Je dis avec un sourire.

Je vais au coin cuisine et rince le plat du tiramisu puis glisse la petite glacière sous l'évier. Ça suffira pour ce soir. Le rangement attendra plus tard... À peine cette idée m'a-t-elle effleuré l'esprit que je me rends compte à quel point Katsuyo m'apaise. Sa présence oblitère mes manies dues au stress ou à l'anxiété. D'un coup mes épaules se détendent et une vague de fatigue s'abat sur moi. Je me tourne vers la jeune femme.

- Si tu veux te doucher, tu peux. Utilises ce que tu veux, n'hésite pas... Je te prête un t-shirt ?

A sa remarque sur le dîner aux chandelles, je souris.

- Ce sera à moi de le faire, alors.

Cela dit, je crains qu'on ne mangera pas aussi bien. Mais ça peut être un concept. Dîner aux chandelles avec des barquettes à réchauffer au micro-onde... Ouais, non. Après notre échange, on regarde tranquillement les étoiles. Et quand il est temps pour nous de partir, je condense mon pouvoir pour le transformer en espèce de ballon lumineux. Je souris au compliment de Camil.

- Merci, c'est gentil. J'arrive un peu à modeler mes flammes.

Au détriment de mon invisibilité que je contiens davantage, à présent. Mes doigts se glissent dans les siens, alors que cette pensée me traversent, elle me rend un peu triste. Je ne sais pas trop pourquoi, je l'aime mon invisibilité. Mais après, peut être que je personnifie un peu trop une mauvaise maîtrise de mes pouvoirs ?

Dans tous les cas, on arrive jusqu'à chez Camil. J'acquiesce quand il m'invite à m'asseoir, pendant qu'il range. J'ai pris mes affaires pour rester chez lui ce soir ! Mais quand il me propose une douche, et surtout, un tee-shirt, je papillonne des yeux.

- Un nouveau ?

J'ai très très envie oui. Je me lève alors pour aller prendre la douche, tout en lui laissant le loisir de choisir un super tee-shirt pour moi !!

- Je viendrais chercher le tee-shirt, t'inquiète pas !

Ni une, ni deux, je file dans la douche, je ne m'éternise pas, c'est juste pour être propre pour se coucher. Une fois sortie, je me sèche avec une serviette, et mon feu. J'enfile mon short de pyjama, et, en devenant invisible, je sors de la chambre, pour enfiler le tee-shirt. Je tourne alors sur moi même, faisant virevolter le tee-shirt dans le vide.

- Youhouuuuuuu!

Et, en redevenant visible, je prends une petite pose de mannequin devant Camil.

- Alors, il me va bien ??

L'ambiance s'allège sur le chemin et ça fait du bien. Enfin, elle s'était déjà allégée hein, mais là c'est différent du calme feutré de l'observatoire. Là on se tient la main, on se déplace presque du même pas. Et finalement on arrive vite à ma chambre. Je l'ouvre et invite Katsuyo à entrer. Comme d'habitude (haha, c'est pas encore une habitude mais vous voyez ce que je veux dire, bref comme d'habitude : ) je dis à la jeune femme de faire sa vie. Pendant ce temps je range un peu... Jusqu'à ce que j'entende Katsuyo me parler. Un sourire amusé vient faire pétiller mes yeux.

- Je ne peux rien te refuser, tu devrais le savoir maintenant. Je vais t'en trouver un nouveau. Je dis d'un ton plein de tendresse.

À peine j'ai fini que la jolie Feu s'éclipse dans ma salle de bain. J'ouvre mon placard et réfléchis au t-shirt que je vais lui donner. J'hésite entre un t-shirt rose clair avec une image de cerisiers en fleur sur le devant et une petite fleur de sakura brodée sur la manche, ou un t-shirt rouge orangé avec une image de coucher de soleil en pixel art sur le devant... Hm, le t-shirt sakura est trop petit pour moi de toute façon. Il lui ira comme un gant !

Je le dépose sur le lit, comme Katsuyo a dit qu'elle viendrait le récupérer. Et attendant, je fais quand même la vaisselle et prépare les ingrédients pour les pancakes du lendemain. Je n'ai pas entendu la jeune femme revenir dans la pièce et sa voix derrière moi me fait sursauter. Je m'empresse de me retourner pour camoufler le sursaut et découvre le belle en train de virevolter dans le t-shirt. Il lui va comme un gant, comme je l'avais deviné, et je souris de nouveau.

- Je savais qu'il t'irait !

Katsuyo prend un pose et je sens mes joues chauffer, puis mes oreilles. Elle est adorable dans ce pyjama, avec ses cheveux roses assortis à son t-shirt (oui, c'est le sien maintenant), sa peau toute douce et son short.

- Tu es parfaite.

C'est bien en deçà de ce que je ressens, mais je n'ai pas vraiment les mots pour ça. Alors à la place je l'attrape par le poignet et l'attire doucement à moi pour l'enlacer. Là, tout contre moi, je sens la chaleur de sa peau, cette douce chaleur qui m'apaise. Puis je me penche un peu et dépose un baiser plein de douceur, d'amour et de tendresse sur ses lèvres. Je profite juste un instant de plus du moment avant de me redresser, séparant nos lèvres.

- Tu es fatiguée ? On peut se coucher, ou faire autre chose... C'est toi qui choisis. Je dis.

Je fronce un peu les sourcils quand il me dit qu'il ne peut rien me refuser.

- Eh, si, hein !! Tu seras bien obligé de me refuser le don de tee-shirt quand je te les aurais tous emprunté, hihi !

Je m'éclipse dans la salle de bain, en lui tirant malicieusement la langue. J'ai dis ça sur le ton de la rigolade, mais avec notre discussion, j'ai peur qu'il se force pour me faire plaisir. Et ce n'est pas vraiment quelque chose dont j'ai envie.

Mais bon, la douche chassent momentanément ces questionnements. En sortant, je tombe sur un tee-shirt a motif de Sakura. Il est super beau !! Je culpabilise de le porter en tant que pyjama limite !

Ma voix semble surprendre Camil. Je ponctue son sursaut d'un petit rire. Et alors que je prends la pose, il m'attrape le poignet et me tire vers lui. Je souris à son compliment et passe mes bras autour de sa taille. Je pose le menton contre son torse. Je ferme doucement les yeux quand il embrasse mon front, souriant.

- Comme tu veux, je suis un petit peu fatiguée, mais on peut parler. C'est juste tenir debout qui commence à être difficile !! Mais je ne veux pas choisir seule, hein !!

Et je le pousse sur ce lit, à des mots. J'ai songé a l'embrasser en restant debout, mais au lieu de cela, je m'allonge sur lui. Le tête dans le creux de son cou, je respire son odeur d'une grande inspiration.

- Ok, là, je pourrais m'endormir.

Mais je roule sur le côté pour me faire violence. Mais aussi pour regarder son visage. Je me perds un petit peu dans ma contemplation.

- Toi aussi, tu es parfait.

- J'ai juste à l'en racheter tu sais ! Je réplique en riant.

Mais la porte de la salle de bain s'est déjà refermée sur Katsuyo. Je terminé de ranger, choisis un t-shirt pour elle, et la voilà de nouveau près de moi, à rire de mon sursaut. Étonnamment ça m'aide à dédramatiser et je ris avec elle. J'adore ces moments. Ils me rappellent à quel point la vie est précieuse, pour pouvoir les vivre. J'attire Katsuyo à moi, embrasse son front. Elle est mignonne comme tout dans ce t-shirt.

- Pour celui-ci j'ai une raison de te le donner : il est trop petit. Et il te va bien. Alors garde-le. Je pense que tu peux même le porter en journée.

Je la garde contre moi en lui demandant ce qu'elle veut faire. La belle me fait une demi-réponse, mais me pousse sur le lit. Message reçu, je m'allonge docilement et elle vient se poser sur moi. Je l'enveloppe dans mes bras et profite de l'instant. Je me rends compte que j'ai même fermé les yeux, quand la voix de Katsuyo me parvient. Je la relâche et elle se glisse à mes côtés plutôt que sur moi. Je ris.

- Dormir ou discuter, là est la question.

Et puis elle me dit que je suis parfait. Je sens mon regard s'adoucir quand je pose les yeux sur son visage. Je dépose un premier baiser sur son nez, puis un second sur ses lèvres.

- C'est toi qui me rend parfait.

Le silence s'installe, toujours ce silence agréable et feutré, pas dérangeant du tout. Mais ma tête est pleine et mes pensées tournent et s'entremêlent sans qu'aucune n'ait le temps d'aller jusqu'au bout. Je ferais mieux de crever l'abcès tout de suite...

- Katsu ? Je l'ai appelée par un surnom, pour ne pas que ça ait l'air trop solennel. Est-ce que tu veux me parler de ce qui s'est passé ? Pour ton étoilisation, ou avant... Ou juste si tu as besoin de parler... Je suis là.

C'est très maladroit... Je je veux pas qu'elle se sente forcée. Je veux juste l'aider, comme je peux. L'image d'Aéna en pleurs passe devant mes yeux. Cette fois-ci je serais plus prudent...

- Et... Si tu veux je te parlerais un peu de mon... De ma famille.

C'est un peu un échange comme ça. Mais encore une fois je ne veux pas la forcer. Alors j'ajoute :

- Mais si tu veux parler d'autre chose c'est aussi bien. Moi, tout me va.

Quand il m'attire vers lui pour m'embrasser le front, il me dit que ce tee-shirt est trop petit pour lui. ALORS QUE JE NAGE DEDANS. Mais, il me le donne. Faut que je réfléchisse à des outfit pour le porter, hihi.

Alors que je l'attire sur le lit, je souris à sa remarque, j'ai bien une idée de ce que j'ai envie. Avant de rougir à la seconde. J'enfouis un peu mon nez contre lui, pour me cacher. Mais je souris contre son cou. Un silence agréable s'installe. Néanmoins, quand j'entends mon surnom, je relève la tête. Je ne m'attendais pas à l'entendre de sa bouche. Mais ça me fait plaisir. J'ai l'impression que ça ajoute de la proximité entre nous.

Mais ce qui suit me fait perdre mon sourire. Je laisse échapper un petit râle en me redressant.

- Je peux ouvrir ta fenêtre pour fumer ?

Je n'ai pas envie de parler de ça, mais en même temps, j'ai dis que je ne voulais pas que l'on se cache les choses. Et, j'ai envie de savoir ce qui entoure sa famille. A la fois par curiosité, mais si je sais, je pourrais être un meilleur soutien, j'imagine. J'attends sa réponse, avant d'aller attraper mon tabac et de rouler une cigarette. S'il m'en demande une pour lui, je la lui roulerai dans la foulée.

- Comme tu veux, mais ce n'est pas joyeux. Je n'en ai parlé que brièvement à Misao, et la directrice, et c'était très formelle. Je ne sais pas si ça va me faire du bien d'en parler ou quoi. Mon étoilisation, est, hm, comment dire, lié à mon arrivée ici. Comme tout le monde j'imagine, mais je veux dire, le déclencheur avait un rapport, avec tout ça.

Je suis allé trop loin pour arrêter la conversation maintenant. Néanmoins, je me permet d'ajouter quelque chose, en croisant les bras contre ma poitrine, la cigarette entre les doigts.

- Mais, si je t'en parle, ne te sens pas obligé de me parler de ta famille si tu n'es pas prêt, que ça te préoccupe, ou quoi. Mais surtout, ne culpabilise pas si je te dis que tu ne pourras pas m'aider.

J'ai l'impression que mes mots sont secs, presque autoritaire. J'essaie d'adoucir ça avec mon regard, et un sourire, qui ne peut pas s'empêcher d'être un peu triste.

Voir disparaître le sourire de Katsuyo me fait l'effet à la fois d'une gifle et d'une douche glaciale. Elle quitte mes bras et se relève. Je la regarde faire et me redresse sur un coude, une expression inquiète sur le visage.

- Oui, oui, bien sûr. Ouvre. Je réponds à sa question.

J'ai cassé notre bulle de bonheur et ça me fait mal au coeur. Mais je préfère que cette discussion ait lieu maintenant. Elle doit savoir, pour mon père. Et je dois comprendre ses angoisses pour pouvoir l'accompagner et la soutenir. Si on décide de sortir ensemble, de former un couple officiellement, alors il faut qu'on se parle. Je l'observe rouler sans rien dire, le coeur battant à toute vitesse, de stress cette fois-ci. En roulant Katsuyo prend la parole, comme pour faire une introduction. Elle m'explique le contexte de son étoilisation. J'acquiesce, je n'ose pas parler de peur de l'interrompre.

Quand Katsuyo se tourne vers moi, mon coeur rate un battement. Elle a le visage fermé et croise les bras. Entre ça et ce qu'elle me dit alors, j'ai l'impression de me prendre un mur. Je ne peux pas l'aider..? J'ai envie de protester, de lui dire que si, je peux être là pour ma soutenir, au moins moralement, pour lui faire passer de bons moments et l'aider à se sentir mieux. Mais j'ai peur de déclencher une dispute et de gâcher mes chances alors à la place j'acquiesce.

- Je n'ai pas de problème pour parler de ma famille... Enfin, il faut mettre les bons mots sur le sujet : c'est de mon père dont il s'agit principalement. Mais ça ne me dérange pas d'en parler. Et si on veut... Enfin si on veut continuer ensemble, il faut que tu comprennes d'où viennent mes tocs et mes angoisses.

Je me suis exprimé d'un ton très neutre, je suis à nouveaux aux prises avec ma peur du conflit. C'est pour ça que je m'assois sur le lit pour lui faire face, et que je dis :

- Je te promets que je ne t'interromprais pas, et tu sais déjà que je ne te jugerais jamais. Mais si tu ne veux pas aborder certains sujets, tu n'es pas obligée. Je ne veux pas te forcer.

Puis je me tais et lui fais signe qu'elle peut y aller quand elle se sent prête.

L'ambiance à vraiment changé d'un seul cou. Camil s'est redressé et m'annonce, que c'est davantage de son père dont il veut me parler. J'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui gravite autour de lui, mais je ne sais pas trop quoi. J'acquiesce silencieusement quand il me parle de l'origine de ses tocs et angoisses.

Je vais jusqu'à la fenêtre, l'ouvre et je m'assois sur le rebord. J'allume ma cigarette d'un claquement de doigts, avant de souffler ma première bouffée de fumée.

Ces mots me sont restés en tête. Il y a tellement de chose à dire, mais certaine, je les ai à peine dit en thérapie. Je prends une lourde inspiration, avant de souffler un nouveau nuage de fumée vers l'extérieur.

- Bon. Hm, déjà, j'ai ressenti le Vide pendant l'éclipse, donc j'ai eu mes pouvoirs directement. Je suis devenu invisible au moment où... C'était trop. J'en portais trop sur mes épaules, entre les cours, les réseaux, et mes activités. Le regards des autres étaient devenu insoutenable, mais avec l'invisibilité j'ai pu me cacher. A cause des événement de l'éclipse, ça a pris un certain aux Master pour, hm, venir me chercher ?

Je déglutis.

- J'ai pris une pause dans mes études, et je suis rentré chez mes parents, ils habitaient dans un petit village de la côte. Eloigné de beaucoup de choses, mais les nouvelles sur des gens qui éveillé des pouvoirs étaient déjà arrivés, et ça n'était pas vu d'un bon oeil. A ce moment-là, j'étais titan.

C'est là où ça devient difficile, je sens ma voix chevroter, alors je marque une pause, m'éclaircit la voix et aspire une nouvelle bouffée de tabac.

- J'ai pas pu cacher mes pouvoirs longtemps, ils se sont... déchaînés, si on peut dire. Et ça m'a mis dans une situation difficile. Heureusement, si on peut dire, mes pouvoirs ont changés et je suis devenu téléporteuse, ça m'a permis de... gagner du temps.

J'omets à demi-mot le fait que la police m'a recherché, mais je crois que c'est assez facilement compréhensible.

- Après ça, Terrae m'a trouvé. Mais, quelques mois plus tard, il y a eu l'attentat, le Master qui a quitté Terrae... Bref, tout ça fait que, je souffre de syndrome post-traumatique selon mon psy. A la fin de l'éclipse, on a tous eut un... rêve ? Qui nous a permis de changer de pouvoir, et je suis définitivement devenu invisible. Je sais pas vraiment si ça un lien, mais j'ai l'impression que ce pouvoir, il me protège ? Si on ne me voit pas, on ne peut pas m'atteindre.

Je sens mes yeux qui s'humidifie, j'écrase ma cigarette sur la façade extérieure.

- Je... Voilà, il me semble que j'ai fais le tour. Je crois que ça va mieux, avec le travail, le bar... J'ai toujours peur des bruits sourd, bien sûr, mais ça allait. Puis...

J'ai la gorge qui se serre un peu.

- Les conséquence de mon Vide ont fini par touché ma famille, ils ont été harcelé par les habitants, mis à l'écart, donc... Il a fallut que, je les aide, à trouver un appartement. Car, c'était moi qui les avait mis dans cette situation. C'est globalement, pour ça que je me suis étoilisé.

Durant toute la discussion, j'ai esquivé son regard, le glissant sur ma cigarette, sur son mobilier, l'extérieur. Là, c'est la première fois que je relève la tête vers lui.

Je n'ai pas dit que j'ai encastré mon père dans un mur, mais, j'ai quand même peur qu'il le découvre.

Comme promis, je me refuse à l'interrompre. Je sens que c'est important qu'elle puisse prendre le temps sans avoir la pression. Alors je l'écoute en silence.

L'Éclipse, j'en ai entendu parler bien sûr. Ça a été sur toutes les lèvres, dans les journaux, sur les réseaux sociaux. Mais je ne l'ai pas vraiment expérimenté. Mes élèves n'ont pas développé de pouvoirs, mes collègues non plus, et moi... Non plus. Je ne peux donc qu'imaginer à quel point ça a dû être dur. Que Katsuyo, qui est si sérieuse, si gentille, ait pu en être victime... Ça me serre le coeur. Mais je comprends mieux pourquoi elle m'a expliqué que je ne pourrais pas l'aider. On ne change pas le passé, peu importe à quel point on le veut.

Je sens à quel point c'est dur pour elle de dire tout ça à voix haute. Je comprends aussi le choix de son pouvoir définitif. Puis elle en vient à la raison de son étoilisation. Sa famille a subi les conséquences de ses pouvoirs débridés... Le harcellement, c'est quelque chose que j'ai en horreur. Instinctivement, j'ai les dents qui se serrent, les épaules qui se tendent à m'en faire mal.

Quand elle se tait enfin, elle a écrasé sa cigarette et, pour la première fois depuis le début de son récit, elle me regarde en face. Je sais que la compassion ou la pitié ne sont pas la bonne option. Je suis triste pour elle, bien sûr. Je suis désolé de tout ce qu'elle a vécu. Si je le pouvais, je reviendrais en arrière pour changer le cours des choses. Mais je ne peux pas. Tout ce que je peux faire c'est être là pour elle et lui offrir tout le soutien dont elle a besoin. Alors je me lève et m'approche de Katsuyo. Je l'attire avec douceur dans mes bras et dépose sur son front un baiser, comme une bénédiction. Faites que plus jamais elle n'ait à vivre des épreuves aussi dures.

- Ce qu'il s'est passé est horrible. Personne ne devrait avoir à vivre ça. Mais surtout, ce n'est pas de ta faute. Ça t'est tombé dessus comme c'est tombé sur ta famille. Tu n'as rien fait de mal, rien fait pour attirer ça. Je suis désolé que tu aies eu à faire face à ça seule.

Je ne sais pas si c'est ce qu'elle a besoin d'entendre... Mais c'est ce que je veux lui faire comprendre. Elle ne doit pas s'en vouloir, surtout pas. Je fais un pas en arrière, sans totalement la lâcher.

- Est-ce que tu leur a trouvé un appartement ? Je peux t'aider à chercher si tu veux. Je propose d'un ton doux.

Aucune obligation, mais je peux au moins faire ça.

C'était une mauvaise idée, d'avoir cette discussion. En le formulant, je me rend compte que je n'avais pas envie d'en parler. Je pensais qu'avec l'étoilisation, tout ça, ça irait mieux. J'ai forcément donné des détails à Misao et Hideko, mais eux - Misao je sais pas en réalité - ils ont le passif. Je n'ai pas eu besoin de m'attarder dessus.

Quand il m'embrasse le front, je me laisse faire. Mais j'ai envie de m'arracher le cœur. Et ce qui suit, achève de faire couler mes larmes. Ce n'est vraiment pas ce que je veux entendre. Je deviens invisible, l'espace d'un instant, le temps de renifler et d'essuyer mes larmes.

Lorsque je redeviens, visible, je reporte mon regard sur lui.

- Je... C'est, peut-être pas ma faute, d'avoir eu mes pouvoirs. Mais, même si je n'ai pas fais exprès, les conséquences, sont là.

Je m'empêche de dire "J'aurais pu mieux faire", mais ça me brûle les lèvres. J'ai une tachycardie de folie. Mécaniquement de roule une seconde cigarette. Ma main tremble un peu quand je la porte à mes lèvres. Mais j'arrive à répondre en crachant ma fumée.

- Je leur ai trouvé quelque chose, je crois. Je dois encore faire quelques recherches, passer des appels... Mais les logements japonais, c'est particulier, ahah.

Je m'éclaircis la gorge, discrètement.

- J'ai, hm, plus envie de parler de ma famille et de mes pouvoirs.

J'arrive à gérer mon mal être, pour le moment, j'aimerais que ça continue.

Mauvaise réponse. Je le sais à l'instant où je vois ses yeux se remplir de larmes, puis celles-ci couler sur ses joues. Je sens mon cœur se fendre et j'ai envie d'effacer mes mots, de revenir en arrière. Tout ça n'était pas une bonne idée. Pas une bonne idée du tout. Et c'est moi qui ai créé ça. Quand Katsuyo disparaît, j'ai peur qu'elle s'en aille. Un instant la panique me gagne, mais elle redevient visible rapidement. Ses mots ne font qu'enfoncer le clou de mes propres sentiments. Pourtant je n'en laisse rien paraître.

- Je sais. Je suis désolé tu n'avais pas besoin d'entendre ça... Je m'excuse en baissant les yeux.

On ne peut pas revenir en arrière... J'en sais quelque chose. Dieu sait à quel point j'ai souhaité changer le passé. Quelque part au fond de moi, je crois que je me pense toujours coupable. "Si je n'avais pas été si capricieux, peut-être que papa m'aurait aimé." Quelque chose comme ça.

Je me rends compte que Katsuyo est allée rouler quand l'odeur de cigarette m'arrive au nez. J'acquiesce quand elle me dit avoir peut-être trouvé quelque chose et esquisse un sourire devant sa tentative d'humour.

- Je n'y connais pas grand chose à l'immobilier japonais mais... Si je peux faire quelque chose, quoi que ce soit, dis-moi. Je suis là.

Je suis là pour t'aider. Là pour te soutenir, pour te prendre dans mes bras, pour te réconforter quand tu en as besoin... Même si c'est juste la laisser dormir près de moi, lui cuisiner des choses. Je veux être là pour elle.

J'acquiesce de nouveau quand elle me dit ne plus vouloir parler de sa famille. Ni de ses pouvoirs. Message reçu. Vu son état il est hors de question que j'aborde le sujet de ma propre famille. À la place, je me dirige vers la cuisine et mets du lait à chauffer. Une odeur douce comme une couverture embaume l'endroit, puis change quand j'y ajoute plusieurs carrés de chocolat. D'un placard, je sors un sachet de mini marshmallows. Je verse le chocolat chaud dans un mug, mon préféré. On y voit un pingouin cartoonesque glisser sur la banquise, son écharpe rouge volant derrière lui.

J'ajoute une généreuse poignée de marshmallows et apporte la tasse à Katsuyo.

- Tiens... Ça te fera du bien, et ça t'aidera à dormir. Bien sûr tu es toujours la bienvenue pour rester dormir. Mais je comprendrais si... Enfin si tu avais besoin de t'isoler.

Je n'ai pas envie qu'elle s'en aille, pas comme ça. Mais je ne veux pas non plus la forcer. Alors je lui offre le chocolat comme gage de paix et je lui laisse le choix.