Hier, j'avais passé ma journée à pioncé. La faute à qui, j'ai envie de dire ! Mais là, c'était différent. Au réveil, une pile de mets délicieux m'attendais, et ma sœur pour me les servir. On a mangé en silence jusqu'à ce que je la taquine à propos du fait qu'elle cherchais à m'acheter avec sa bouffe. Ça l'a un peu foutu en rogne, j'ai pas compris pourquoi. C’ÉTAIT UN FUCKING COMPLIMENT ! Non mais sérieux, de un ça veut dire qu'elle est pas si conne et de deux... Bah que c'était vraiment bon, même si c'est chiant à dire. 
Bon, je lui ai dis que quand j'aurais arrêté de rattraper ma nuit (le lendemain quoi), ratée ENTIÈREMENT PAR SA FAUTE, on irait pique niqué dehors.
JE SAIS, c'était naze comme idée. C'était même ENTIÈREMENT NAZE ! Non mais p'tain qu'est ce qu'il m'est passé par la tête, quoi ?!? J'avais fumé ! Non mais vous commencez à saisir ma sœur ou pas ? En gros, c'est juste le plan de rêve pour me pourrir la journée. Quand je lui ai annoncé, j'aurais du me méfier de son air confiante et de son sourire... HA MAIS MERDE JE SUIS CON !
A peine à préparer le pique nique je me rend compte que c'est une idée foireuse. LA MÂTINÉ, on a passé à le faire ! Non, parce que pas question de se taper les vieux sandwichs dégueux ! Puis vous voyez un peu l'image trop kitch d'un frère et d'une sœur qui sortent manger un pique nique sur la verte pelouse... EN HIVER. On se gelait, c'était presque intenable ! Heureusement qu'on était feu (pour UNE FOIS que ce pouvoir sert à quelque chose, j'ai envie de dire...) Puis sans oublier les nombreux commentaires affligeants du type "quel mignon petit couple !" que j'ai essayé d'oublier. PUTAIN, JE SUIS PAS MIGNON ! Je suis COOL, SEXY, pas MIGNON ! 
Après, ma sœur a eu la bonne idée de vouloir se réchauffer avant le dessert. Non mais non, je savais que ça aussi c'était une idée de merde. PUTAIN POURQUOI CACHE CACHE !?! Je vous épargne l'air totalement con qu'on avait, à moitié à grelotter et rire nerveusement, l'autre à maudire le monde et ce putain de repas idyllique totalement incohérent à nos personnalités. 
Mais d'un autre côté, j'espérais que ça lui changerait les idées. Parce qu'en ce moment, elle semblait un peu... lointaine ? Ouais, un truc du genre. Je veux qu'elle apprenne à aimer la vie, même si je suis loin d'être le meilleurs exemple. Je voulais qu'elle soit heureuse, et même si ça ne me ressemblait pas, ça ne me faisait plus peur non plus.
Ha... Si seulement j'avais su... si j'avais su à quel point je me trompais...

HRP : Vas y balance la sauce ! >O< Désolée c'est court...

Je recule de surprise et lâche le sachet de croissants par terre. Il tend le téléphone devant lui. Au début je ne comprend pas. Il semble tellement en colère. 

- Tu veux une famille ? PARFAIT, RETOURNE CHEZ SES MONSTRES ! Tu n'as rien compris !


Je finis par réagir. Le téléphone. MERDE. JE LUI AVAIS DIS DE APPELER POURTANT! Je recule encore un peu dans un coin de la pièce. Je ne comprend pas pourquoi Michigan est autant en colère. 

- PUTAIN MAIS MERDE ! Comment... COMMENT ?! Comment tu peux encore les apprécier après ce qu'ils t'ont fait ?!? Ne t'ont -ils pas laissé tomber en te faisant croire qu'ils ont toujours été là ?! RETOURNE S-Y ! Tu verras comme ils n'en ont rien à foutre ! Ils vont juste te manipuler encore, ils ne savent faire que ça ! Et quand tu leur seras plus utile, HOP ! Hoooooo, comme c'est facile de discréditer un enfant ! Surtout quand on est puissant !


J'écoute, j'écoute tout ce qu'il dit mais je ne comprend pas. Je ne comprend pas pourquoi il est si difficile pour lui d'admettre que l'on peut changer, qu'il faut pardonner. Je ne comprend pas pourquoi il est aussi en colère après eux, je ne comprend pas pourquoi il semble si déçut de moi. HEY! Je suis une grande fille, j'ai le droit de faire ce genre de choix! C'est quoi son problème à lui? HEIN? QU'EST CE QUE J'AI FAIT DE MAL? J'AI PAS LE DROIT D'ESPERER RETROUVER UNE VIE NORMALE? Comment est-ce qu'il peut encore douter de ce qu'on appelle une deuxième chance après tout ce qu'il a vécut à Terrae? HEIN?

- Comment... Comment peux tu encore les aider.... après ce qu'il m'ont fait...


Après ce qu'ils t'ont fait? APRES CE QU'ILS T'ONT FAIT? Ok, là, c'en est trop. Je m'approche de lui et lui lance, agressive:

- Eh ben justement! JUSTEMENT! J'EN AI AUCUNE IDEE DE CE QU'ILS ONT PU TE FAIRE! Parce que tu m'as jamais rien dit! C'est toi le grand frère, et toi tu sais très bien ce que j'ai vécu! MAIS MOI J'AI JAMAIS RIEN SU! Je sais RIEN de toi! T'aurais dû prendre les devant et nous imposer cette conversation bien plus tôt! Et puis si Terrae a su nous donner une seconde chance, pourquoi est-ce que je pourrais pas en accorder une aussi à mes parents, HEIN? Et si on pouvait vraiment être heureux, là-bas? TU PREFERE POURRIR DANS TON TROU SEUL ET TRISTE, C'EST CA? 


Une grande vague de colère s'empare de moi et je sens une boule de feu au fond de mes entrailles grossir de plus en plus. La moquette sous mes pieds commence à sentir le brûlé. Alors quoi, au final mon grand frère n'est rien d'autre qu'un gros trouillard qui a peur d'affronter ces vieux ennemis pour leur pardonner? Je tente de me calmer. J'ai dû mal mais je réussi à dire d'une voix un peu plus mesuré:

- Même si... Même si papa et maman me manipulait, du moment que je suis heureuse et qu'ils s'occupent de moi dans une vraie famille, quelle importance ça a? Le passé c'est le passé. Pour moi maintenant c'est clair. Je vais les rejoindre. Je veux que tu m'accompagne là-bas, même si tu ne reste qu'un jour ou deux. Si tu ne le fait pas... 
Si tu ne le fais pas je te considérais comme un gros lâche, même pas capable d'affronter les obstacles de la vie pour atteindre le bonheur, et qui est incapable de comprendre les sentiments profonds que ressent sa petite soeur envers le rêve que représente pour elle le fait de former une vraie famille, belle et heureuse, comme dans les films... Et par conséquent je préférerais ne plus jamais te voir d'ici mon départ. 

J'ai écouté tout ce qu'il m'a dit. Est-ce que vous comprendriez si je vous disais que je n'ai pas réagis? Que je n'arrivais tout simplement pas à réagir? Pour moi tout ce qu'il disait c'était comme... comme si ce n'était pas réel. Comme si l'histoire qu'il me racontait n'était ni la mienne, ni la sienne, mais celle d'un inconnu du bout du monde. Pour moi, ce n'était pas de MES parents dont il parlait. "Quoi, papa, commanditer le viol de Michigan? Maman, approuver en silence? Quelles grossières fantaisies! Qu'est ce qu'il nous baratine là!" C'est ce que semblait dire mon cerveau. Il y a sûrement une partie de moi qui comprenait le sens profond de ces paroles, et ce qu'elles impliquaient, mais je crois que tout le reste de mon être à essayer d'étouffer ça. Je suis restée... immobile, lointaine, pendant quelques secondes. Je voyais Michigan devant moi. J'ai soudainement eu envie de m'éloigner au plus vite de lui. 

Je me suis retournée et je suis sortie sans précipitation. Voilà où j'en suis maintenant. 

Je ne veux plus le voir, je veux être seule.

Je me suis mise à marcher, pour m'éloigner de tout en endroit qui m'est familier. J'ai commencé à penser. A moi, d'abord, et de manière égoïste. Si... si cette histoire est vraie. Si elle est vraie et que je les rejoins quand même. J'aurais beau être manipulée... J'aurais peut-être une chance d'être heureuse, non? Je pourrais tout simplement oublié tout ce que j'ai entendu sur papa et maman et vivre en essayant d'offrir une vie meilleur à mon petit frère. Je me trouverais un but, un objectif et je me ferais des amis pas trop camés. Je reprendrais peut-être mes études et j'aurais une chouette vie. 

Et je laisserais Michigan tout seul, abandonné une nouvelle fois par sa famille. Je le laisserais seul alors que... Qu'il a pris soin de moi. Et qu'il était pas obligé de le faire. Il a fait le boulot que mes parents auraient dû faire. J'ai jamais eu autant l'impression d'avoir eu une famille que quand j'étais avec lui. 
 
Raison de plus pour retourner à la maison pour aider mes parents à ne pas refaire la même erreur avec Prodige qu'avec nous. Lui, il sera élever avec amour et attention. Et avec une grande soeur présente pour l'écouter. 

Et en grand frère en train de crever à petit feu, abandonner par cette dernière qui n'aura pas su lui rendre l'amour et la confiance qu'il lui portait. 

C'est une occasion de tout recommencer. J'oublierais Michi avec le temps, et j'aurais le bonheur à porter de main si tout se passe bien. J'aurais tout ce dont j'ai besoin.

Sauf l'assurance d'être soutenu par un être qui m'est cher. Et puis il y a aura toujours ce doute persistant maintenant, et à chaque fois que je croiserais le regard de papa ou de maman je me sentirais mal à l'aise et détournerais le regard. 

Et si je partais autre part, et recommençais tout, seule? Je les oublierais tous en me créant de nouveaux souvenirs beaux et heureux avec quiconque croisera mon chemin. 

Oui sauf que je suis mineure. Et puis je serais capable de m'en sortir seule mais à quel prix? Et puis si je devais partir de rien, je suppose que je devrais oublier la carte de crédit de papa-maman. 

Alors quoi? Qu'est ce que je peux faire? Rester ici? 

Rester ici. 

Qu'est ce qu'ils vont en penser? Est-ce qu'ils seront déçut? Est-ce que maman insistera pour que je rentre quand même? Est-ce que maman pleurera? Est-ce que papa me regrettera? Est-ce qu'ils ne feront ne serait-ce qu'évoquer Michigan? Est-ce que mon petit frère me réclamera? Est-ce que je pourrais continuer de leur téléphoner de temps en temps? Est-ce que je pourrais lui parler au téléphone quand l'adoption sera finie? Est-ce qu'ils pourront m'envoyer une photo? Est-ce qu'il m'en voudra de ne pas rentrer pour le voir? 



Mon père a commandité le viol de mon frère. 



Ma mère a approuvé et s'est tu. 



Mes parents nous ont séparés à la naissance et nous ont cachés nos existences mutuels. 

 
PUTAIN C'EST QUOI CETTE FAMILLE? 


Ok, ça y est. Il est... je sais même pas quelle heure il est. Je suis encore en jogging et j'ai pas récupérer mon portable. Mais il fait nuit, j'ai froid et j'ai l'impression que je vais devenir totalement DINGUE à force de ressasser tout ça. J'en peux plus, je crois que je vais aller me bourrer la gueule dans le bar du coin et retourner me coucher dans MA chambre. Demain toute cette histoire me paraîtra sûrement plus claire, non?

HRP : PREMIER POST AVEC MON ORDI PORTAAAAAAAAABLE *O*


Je ne l'ai pas retenu. Elle n'a rien dit, elle est partie de ma vie comme une fusée. Comme cette étincelle d'espoir qui s'est éteinte en moi au même instant. Cet instant où elle a passé le pas de cette porte sans un regrets, sans se retourner. Et cet instant aussi où mon cœur a manqué d'exploser.
Je n'en pouvais plus. J'avais mal à en mourir. Mon masque désormais reformé grâce à elle s’ébréchait de nouveau, et j'avais peur. Peur qu'une nouvelle fois, il craque sous le poids que la vie m'imposait. Peur de ne pas pouvoir le reconstruire. Peur de cette partie de mi qui ne souhaitait qu'en finir. Je ne voulais pas savoir si elle avait raison. Si au fond, je ne ferais pas mieux de tout arrêter. De tout balancer. Ne souffre t-on pas mins lorsqu'on est mort ? Il m'était impossible de me poser cette question sans vaciller entre une terre bancale et le vide sans fond qui est caché en moi. Je tanguais indéfiniment. Mourir ? Le vide m'attirait. Continuer ? Je reprenais pied.
Mais à quand -car ce moment viendra- à quand la chute ? Si prévisible mais si redoutable, elle attendait patiemment que je m'épuise à me demander pourquoi. Comment. Quand. Autant de questions qui me séparaient toujours un peu plus du monde que j'habitais. De votre monde. Une fois de plus, ma vue me lâchait. Mes membres se raidissaient et me faisaient souffrir. Mais je résistais. Je refusais de me laisser abattre par cette maladie aussi facilement. Je refusais de devenir fou, de passer ma vie à lutter contre moi même. Tu es moi ? Bien, je t'accepte. Mais maintenant que j'ai entièrement conscience que je ne peux pas me débarrasser de moi, alors tu ne sortiras pas. Ce monstre en moi restera caché aussi longtemps que j'aurais la volonté de le retenir, malgré ses attaques. Je ne le laisserais pas faire ce qu'il veut de ma vie, quitte à passer la mienne à l'en empêcher.
Je me recroquevillais sur mon lit. Dormir. La seule manière de calmer mon affreuse personne, ma colère immonde et indescriptible. La seule manière de la renflouer dans mon cœur, jusqu'à ce qu'elle ressorte, jusqu'à la prochaine fois. Encre et encore... Parce que je ne peux pas m'énerver maintenant. Même si j'ai une haine des plus féroce, je ne suis pas en face d'eux, je n'ai pas besoin de cette colère. Je leur réserve pour la prochaine fois, car elle n'est que le fruit de leur éducation. C'est ce qu'ils m'ont montré, ce qu'ils ont fait grandir en moi, et un jour je leur rendrais. Tout. Et ce jour là, je seras de nouveau moi même. Même si j'aurais probablement commis un meurtre.


Deux jours. Puis trois. Puis quatre. Pas de mouvements dans ma chambre. Pas de mouvement sous mes draps. Pas de mouvements de son côté non plus. Aucun visiteur depuis. Rien d'autre que ce silence auxquels mes oreilles ne sont pas habituées. Silence que je comble seul. Mes pensées s'énervent et se battent entre elles. Elles se déchaînent comme un véritable ouragan. Mais la colère elle a rebroussée chemin. Un peu, pas encore assez. La tristesse est venue la remplacer en partie. La peur, la déception aussi. Mais elle elle s'en va, tout va bien. Les autres se battent pur avoir sa place, car elle est une grande reine. Elle gouverne les autres, elle les chasse, puis quand je n'en veut plus, sa place a besoin d'être comblée. Mais c'est si inutile. Quand elle reviendra elle prendra de nouveau toute la place. C'est la reine.
Mais n'y pensons pas. Je dors, et elle avec moi. Et tant qu'elle dort, elle ne fait de mal à personne. Pas même à moi.