Un mouvement des particules d'air attira mon attention autour de Nicolas. Je suivis à priori ses gestes, d'un air surpris, je compris qu'il se déshabillait, pour me montrer quelque chose j'avais l'impression. Il procédait sans hésitation, sans gêne... un sourire naquit en songeant que ma présence non marquée par le poids du regard pouvait l'aider dans un sens. Il désigne l'endroit que j'avais vaguement englobé tout à l'heure. Je hochai la tête, et gardia mon visage à sa hauteur lorsqu'il me dit que je pouvais le toucher. Mes lèvres tremblèrent quelques secondes, j'hésitai. Même s'il me disait que ça allait, je ne voulais pas le brusquer, surtout pas pour une blessure. Je la percevais d'ici et je me retenais, je me retenais de lui proposer ce que j'aurai naturellement proposé à tout le monde, ce que je lui avais déjà proposé lors de notre première rencontre. Je me doutais qu'il ne voudrait pas, il me l'avait fait comprendre. Pourtant, sans m'en rendre compte, ma main se tendit naturellement, attiré par cette amas de lumière, cette tâche que mon inconscient percevait. J'effleurai du bout des doigts sa plaie et ses contours, retenant mon souffle.

-... Désolé... murmurais-je, incapable de trouver autre chose.

Je voulais lui proposer la guérison malgré tout, mais je craignais de le vexer. Ou de lui faire répéter ce qu'il m'avait déjà dit. Surtout que, en examinant de plus près sa blessure, je ne savais pas si j'en étais capable. J'eus un petit sourire contrit en songeant que si Ryu m'avait entendu dire ça, il me ferait une nouvelle scène avec une leçon bien sentie sur la confiance en soi.

Je me détournai un instant de son dos, me concentrant sur ses paroles. Il veut juste comprendre comment je vois ? Je penchais la tête sur le côté, d'abord intrigué puis vaguement amusé. Une douceur habituelle vint se peindre sur mes traits, alors que je cherchais quoi lui répondre. Sa sollicitude me faisait plaisir, au-delà de ça même. Je penchais légèrement la tête, avant de la relever, rougissant un peu.

-Tu es adorable, dis-je. Si tu veux voir à travers mes yeux, essaie d'imaginer une sorte de réplique de toi-même, une version fantômatique, moins détaillée, plus grossière, mais qui comprend les éléments essentiels pour identifier un corps humain. Maintenant, crée des tuyaux qui parcourant tout le corps, dans lequel glisse l'énergie, comme une sorte de lumière en mouvement. C'est ainsi que je te voie. Quand quelqu'un est blessé, ton corps marque, ainsi que ton énergie. Elle stagne à l'endroit en question, comme un bleu en réalité.

Je prenais quelque pause au fur et à mesure de l'explication. J'essayais de lui expliquer le mieux possible la façon dont je voyais les choses. Lui parler de la forme, plutôt que du reste. Je ne percevais au fnal que les traits des objets, pour les humains, je percevais leur force grâce à mon talent de guérisseur;.. Mais mon monde restait noir, sans lumière ni couleur. Je ne voyais pas vraiment. C'était comme un instinct plutôt, une sensation. Une chose que l'on sait, sans pouvoir y toucher.

-Chaque énergie à sa propre aura. Enfin je veux dire... Chaque personne à une énergie unique. C'est pour ça que j'ai su que c'était toi qui toquait à la porte. Mais j'ai encore du mal à identifier les affinités... c'est plus général et en même temps plus précis. Je dois placer ce qui est unique sous une même banière, trouver l'élément qui réunit les énergies de même élément. C'est plus des sensations... mais je ne maîtrise pas encore, dis-je sur un ton d'excuse.

Ce pourquoi j'ai été obligé de lui demander son initiation et son pouvoir. Mais bientôt, mes journées d'entraînements payeront, et je pourrais percevoir cela aussi. Je n'étais juste pas habitué. Un mouvement, le bruit d'un glissade, un nouveau poids pesa à terre près de moi. Je le sentis se rapprocher. Ses mains se posèrent sur les miennes et vinrent les placer sur son visage. J'eus d'abord une appréhension, sachant qu'il n'aimait pas le contact, mais je finis par me laisser faire. Ebahi, je l'écoutais me raconter ses "progrès", tout le chemin qu'il avait parcouru depuis Silencieux, je ne parvenais pas à articuler un seul mot, jusqu'à ce que je réalise qu'il avait fini de parler. Je secouai la tête, un sourire amusé sur les lèvres en comprenant la référence aux cheveux.

-Si tu veux, peut-être qu'un courant d'air les rendra plus docile, proposais-je, un brin taquin.

Puis, d'un air plus sérieux, je repris.

-Tu as grandi sacrément vite... Je pourrais presque croire que cela fait des années que l'on ne s'est pas revu, dis-je avec tendresse.

Je partais un peu dans la guimauve, mais c'était mon ressenti. Entre nos deux rencontres, beaucoup de choses s'étaient passés dans sa vie, il avait avancé, trouvé des perosnnes qui l'entrainaient sur la bonne voie. Huo avait sa part de gloire, mais à l'entendre parler, j'étais certain que d'autres s'étaient joints à la partie, et je m'en réjouissais pour lui. Il méritait ce bonheur qu'il bloquait sans s'en rendre compte.
Sa remarque sur notre discussion avec Huo me tira un rire bref, et j'en profitais pour le taquiner davantage.

-Ah ça, on a été inspiré... Tu es un sacré phénomène!

Bon ça, c'était juste pour le stresser un peu, mais pas méchamment. Ce n'était pas mon genre.

- Mais j'étais heureux de pouvoir faire dire à Huo qu'il pouvait apporter du bien aux gens... Lui n'en est pas si convaincu, un peu plus maintenant je crois. Mais bon, il est têtu, je préfères ne pas crier victoire trop vite, déclarais-je avec amusement.


Hrp : Awh <3 Genre tu ne me ponds pas des pavés... :p

Il ne tressaillit même pas lorsque Matheo toucha sa peau, pour la simple et bonne raison que, véritablement, il ne sentait plus rien ! Ensuite parce qu'il l'avait invité à le faire, ce qui le surprit lui-même un peu, alors lorsqu'il percevait les doigts fins qui lui paraissaient glacés faisant le contour de la brûlure, il ne dit rien. Nicolas se demandait si c'était bizarre de toucher un endroit du corps en se disant que ce dernier ne le captait pas, qu'on soit aveugle ou pas. Lui, en tout cas, ça lui était étrange qu'on le touche sans qu'il ne le sente... Comme un point noir, un angle mort dans sa forteresse de défense. Pourtant il ne voulait pas le considérer comme un point faible. Aussi quand son ami s'excusa, Nicolas redescendit son maillot, les yeux grands ouverts. Puis il fit la moue. :

-Naaaan mais... Un souffle. Pourquoi tu t'excuses ?... T'as rien fait de mal !... A moins que... il palpe la blessure au travers du t-shirt. Non y'a rien... Bon alors t'excuses pas, nom d'une nouille.

Car effectivement, il aurait éventuellement accepter des excuses si Matheo l'avait troué au même endroit... Comme si j'étais pas déjà assez abîmé. Mais sachant qu'il était d'une douceur infinie chaque fois qu'il s'approchait de lui, et qu'il n'avait apparemment aucun lien de parenté avec Edward aux mains d'argent, son inquiétude n'était que comédie, tentative ridicule de donner dans l'humour. Ohoh, je suis drôle oui bon bref passons.

Drôle et adorable. Nicolas s'empourpra avant de baisser les yeux... Y'a vraiment qu'ici qu'on le voyait mignon, gentil, "adorable"... C'est peut-être l'air du Japon, ça te kawaïdesuneise n'importe quoi -du verbe "kawaï-desu-ne-iser", si, ça existe-. Mais il ne l'interrompit pas. Il ferma les yeux pour visualiser ce dont lui parlait le jeune guérisseur. Il imagina un de ses schémas de sciences où est tracé tout l'appareil circulatoire veineux de l'homme, jusqu'au moindre capillaire, tout scintillant de quelques lumières, des traces d'énergies qui s'éparpillent partout, bougent et vibrent, et stagnent aux blessures... Des météores et des étoiles en fait... L'espace au fond de soi. Ça devait être magnifique. ...Frustrant aussi, car ce n'était que de la perception pour Matheo.

Les affinités, les pouvoirs, tout le toutim... ça restait bien mystérieux, même à eux. Il se demandait si on leur cachait volontairement l'ampleur de ce qu'ils avaient au fond d'eux ou si même les Masters étaient aussi plongés dans le même brouillard qu'eux... Il eut une pensée pour Aaron ce qui lui fit lever les yeux au ciel. Bah, c'est foooortement possible qu'il s'agisse du deuxième cas. Si Matheo avait encore des difficultés pour les identifier, il n'était pas très étonné. :

-C'est pour ça que tu m'as demandé... Ok j'ai saisi. Ce fut long et fastidieux, désolé hein, mais j'ai saisi !

Le tout ponctué d'un léger rire... Nicolas savait beaucoup de choses, mais il n'était pas une flèche sur la mise en pratique. Il pouvait visualiser certaines choses sous un certain angle dans certains cas, et faire d'une toute autre manière avec autre chose. Par exemple ses cours... On pourrait croire qu'on peut utiliser la même manière d'apprendre pour chaque matière mais pas lui ; en recopiant plusieurs fois pour les maths, avec sa mémoire édéitique pour la géographie et en déclamant sa physique-chimie comme des poèmes... Si vous vous demandez, c'est moi qui a inventé la petite comptine sur la strychnine... C21H22N2O2, c'est la formuuuuuleuh de la strychniiiiineuh, C21H22N2O2, ça vous tuerait un troupeau d'bœuuuuuuufs ! Nicolas secoue la tête. C'était pas le moment de pousser la chansonnette.

Il secoue ses cheveux dans tous les sens... Ils étaient trop longs... En fait, il ne s'en inquiétait pas depuis qu'il était à Terrae, puisque voir n'était pas aussi vital ici qu'à l'endroit où il a grandi... Ce qui faisait qu'il avait une super double ultra méga tignasse... OH ! Mais il avait prévu de voir ça plus tard. :

-C'est pas un courant d'air là qu'il faut... C'est un bon coup de ciseaux !

Il se retient de rire quand Matheo lui dit qu'il a grandi... Woh... Ca fait... très... troisième âge quand même. Comme ces grands-mères qui se plaignent subtilement de ne pas voir leurs petits-enfants aussi souvent qu'elles le voudraient. Il a un sourire joueur. :

-C'est que ma première fulgurante poussée de croissance pépé...

L'idée qu'Huo raconte l'histoire des slips de novices lui a traversé l'esprit... et bizarrement ne lui plu pas du tout. Qu'Ipiu soit au courant, bon, c'est un Tonnerre aussi, obligé qu'elle soit au courant. Ok cette blague est nulle. Mais... Matheo quoi, il savait pas pourquoi, mais que lui le sache le gênait... Il fit semblant de se recoiffer dans un geste princier, semblant être fier d'être un sacré phénomène avant d'écouter attentivement ce qu'il avait dit à Huo. Il devint d'un coup plus sérieux, avec ce petit sourire aux lèvres. :

-On est pareil à ce niveau je pense... On a pas fait que du bien aux autres, de savoir qu'on peut faire autre chose, on n'y croit pas.

Il admettait qu'il pouvait faire plaisir, moins qu'on pouvait l'apprécier pour ça. Il admettait qu'on le trouve pas horrible malgré ses cicatrices, moins qu'il était mignon. BEAUCOUP moins. Huo devait être pareil dans un sens ; il admettait qu'il soulage les gens, pas qu'on l'admire pour ça. Quelque part il le sait, mais ne le dira jamais.

HRP : Alors, j'allais dire "non, je fais pas tout à fait des pavés", puis j'ai mis l'aprem à te répondre... Alors, oui, j'ai fait un pavé. Pour rien dire en plus, c'est triste !

Je me fis reprendre par Nicolas presque aussitôt après m'être excusé. Je m'y attendais en même temps, je savais qu'il ne louperait pas l'occasion de me réprimander. En même tmeps, c'était de ma faute, c'est vrai que je m'excusai pour rien. Mais pour une raison que moi-même j'ignorais, j'en éprouvais le besoin, comme pour me dire qu'au moins quelqu'un, à la place de cellui ou celle qui lui a fait ça, s'est excusé... ou tout simplement parce que je ne savais pas quoi dire d'autre. Je ne m'étais jamais posé la question, cela venait si naturellement. Ma oseur trouvait ça énervant aussi.

-Pardon.. enfin je veux dire... Oublie, décidais-je en souriant

Mieux valait ne plus m'enfoncer. Je captai son mouvement de vérification, enfin je le supposais. Il s'assurait que je ne l'avais pas guéri ? En tout cas, comme je le pensais, cette idée lui aurait été insoutenable. De toute manière, je ne l'aurais jamais fait sans sa permission. La base.
Pendant un temps assez long, je suis le seul à parler, je n'entends que ma voix et le souffle régulier de Nicolas, digérant surement petit à petit les informations que je lui offre à grande échelle. Lorsqu'il me sort avoir finalement compris, je laisse échapper un petit rire.

-Ce n'est pas facile à comprendre lorsque j'explique. Mais tu pourrais essayer tu sais ?

Fermer les yeux, essayer de ne se repérer que grâce aux énergies. Il était encore un peu trop inexpérimenté pour ça, mais ça l'aiderait à se concentrer, à chasser les parasites qui l'empêchent de trop concentrer son pouvoir. Il pourrait s'ouvrir aux sentiments qui en demandent qu'à être perçu.

Sa remarque sur ses cheveux me fit rire. Je les percevais à peine en réalité mais les particules d'air me donnaient une assez bonen idée de l'ensemble. Après tout, ça lui alalit très bien aussi. Je ne me coupais les cheveux que rarement, ils poussaient peu de toute façon... En revanche, la suite de la conversation, après un bref moment de surprise, me tira un grand éclat de rire.

-Tu perds rien pour attendre va! Tu vas voir ce qu'il sait faire le pépé, junior, dis-je en plaisantant.

J'avais sorti cette remarque sans réfléchir, mais il avait bien rebondi dessus. Sale gosse va! Mais cela me faisait plaisir, qu'il s'ouvre un peu plus. Remarque, avec l'influence d'Huo c'était dur qu'il en soit autrement. Ainsi, lorsque la conversationr epartit sur lui et sur Nicolas, je ne pus m'empêcher de vaguement sourire. C'est vrai qu'ils étaient un peu pareil, bien que je ne connaisse pas l'histoire de Nicolas, son corps pouvait m'en raconter une bonne partie. Quant à Huo...

-Je sais qu'il a été du mauvais côté de la barrière. Il ne m'en parle pas car il ne veut pas m'inquiéter, mais ce n'est pas compliqué à deviner à partir de ce qu'il acceptait de transmettre.

Je m'étais exprimé d'un ton rêveur, comme si j'étais seul dans la pièce. Pourtant, je n'oubliais pas la présence de Nicolas, qui servait de point d'ancrage dans ma nuit intime. C'était bon d'avoir une personne autour de soi. Je l'écoutais, je ocmprenais un peu... Je n'avais pas leur vécu, tout ce que je pensais, il le trouverait tiré d'une série à l'eau de rose ou une réponse toute faîte comme on dit. Je ressentis malgré tout le besoin de m'exprimer.

-Il ne faut pas s'attarder sur ça, c'est ce que je lui disais. Le passé est là pour nous aider. Tu as une nouvelle vie, une nouvelle famille même à Terrae. Il n'est jamais trop tard pour recommencer et se rendre compte que l'on vaut plus que ce que l'on croit.

Je lui parlais avec un sourire chaleureux, qui cachait mal ma réflexion. Ce que je venais de dire valait autant pour moi que pour eux. J'avais changé ici, un peu, du moins je l'espérais.

Il a un rire espiègle quand Matheo s'excuse une dernière fois, par réflexe. Il ne lui en veut pas, après tout, il était bien du genre à faire de même lui aussi. C'est pour ça qu'on dit, l'hôpital qui se fout de la charité ? Il a un autre rire quand il lui dit que ses explications ne sont pas facilement à comprendre. Il se redresse. :

-Si, si, t'inquiètes pas ! J'ai fermé les yeux et j'ai visualisé comme ça, tout en t'écoutant. C'est mieux de pas voir pour mieux voir comme tu vois !... Euh... Ouais bon tu m'suis.

Il se gratte la nuque un peu gêné, mais le sourire aux lèvres. C'était pas évident de se faire comprendre certes, entres leurs pouvoirs différents et la cécité de Matheo, mais ça amenait des phrases cocasses, donc c'était pas si mal ! C'est ce qui l'amène à penser tout haut. :

-C'est un peu comme ça que j'imagine les émotions des gens ; des nuages de lumières, comme des effluves qu'ils dégagent, des notes de musiques aux couleurs et aux goûts différents selon.

C'était presque poétique dis donc. Utiliser ses autres sens pour imager ce qu'on percevait... c'était marrant, beau et compliqué à la fois.

C'est un peu comme ces non-dits à propos de leur passé... On devinait, on sentait comment le Vide naissait chez l'autre et on ne disait rien, on ne voyait rien pourtant. On le perçoit, parce que l'autre nous ressemble... C'est peut-être pour ça que Matheo a utilisé sciemment le mot "famille". Nicolas s'est immobilisé sur sa chaise, ni tendu, ni surpris. Il songeait juste à ce que cela pouvait bien signifier pour lui, sachant qu'il appelle parfois Huo son "frangin" et qu'il vient de surnommer Matheo "pépé" sans trop y réfléchir. Que Terrae soit sa nouvelle famille, ce n'était pas foncièrement faux. Aria la grande soeur un peu folle, Ipiu la tantine sympa et drôle, Aaron le parrain gâteau... Il découvrait des liens qu'il n'aurait jamais donné à des membres de sa véritable famille, s'ils existaient, sur des gens qu'il avait rencontré il y a quelques mois de cela, par le simple fait de partager des souffrances du passé, des joies simples du présent et un avenir hypothétique qui semblait bien plus lumineux que jamais. :

-C'est vrai. affirmait-il en espérant que jamais on ne lui retirerait tout ça. On est une grande famille... et toi t'es mon PÉPÉ !

Il se releva d'un coup, prit Matheo et plongea sur son lit, les faisant rebondir tous les deux sur le matelas. Il ne s'y était pas pris brutalement, sans percuter son ami de plein fouet, l'enserrant d'un bras par les épaules et retenant leur chute de l'autre. C'était une manière de quitter le sérieux de leur conversation qu'il ne connaissait pas encore.

"C'est mieux de ne pas voir pour voir ce que tu vois" Je hausse légèrement les sourcils, tout en souriant. Même si le message était clair, la formule alambiquée m'a quelque peu déconcertée sur le coup. Je rigole légèrement, écoutant malgré tout ses explications sur sa vision de sensitif. Cela ressemble un peu à la mienne, voir avec ses autres sens... Ressentir plutôt que sentir. Aller au-delà de nos sens premiers.

-C'est poétique... Je comprends mieux pourquoi tu comprends ce que je ressens. C'était clair ça aussi ? demandais-je avec un sourire taquin

Lui voyait les choses en musique ou en odeur. Ca me rappelait notre première rencontre, il écoutait de la musique... il chantait. Il aimait la musique c'était sûr. Il m'a offert un cadeau parfait pour moi, mais qui venait aussi de sa propre passion. J'étais encore plus touché maintenant que je réalisais ça. Je baissais deux minutes la tête, attendant que le rougissement disparaisse de mes joues, surtout que lui n'étant pas dans ma tête ( enfin j'espérais ) il devait bien se demander ce qui arrivait.

Lui était très silencieux, jusqu'à ce qu'il me parle de famille aussi. J'ouvris la bouche pour parler jusqu'à ce qu'il me crit que je suis son papi et qu'il se jette sur moi, en douceur. Le monde ne bascule pas vraiment car il s'y prend doucement, et j'atterris sur le lit en rigolant. Je me dégage en le tapant avec l'oreiller que j'attrape en tatonnant. Je lui ébouriffe à nouveau les cheveux, geste devenu automatique avant de lui dire :

-Papi, papi... Je suis jeune petit avorton!

Je me laisse tomber sur le lit en soufflant, épuisé d'avoir autant rigolé. J'étais heureux à ce moment présent. Que n'aurais-je pas donné pour voir son visage. J'aurais voulu le voir sourire, chose que je ne pouvais plus voir à présent et qui me manquait atrocement. Une idée me vint soudain à l'esprit. Partager avec lui un moment que je n'avais encore partager qu'avec Ys, mais que je tenais à passer avec Nicolas aussi. Notre conversation n'avait pas été si joyeuse, il faut alléger tout ça.

-Dis Nicolas, est-ce que tu as déjà volé par hasard ?

Si mes yeux pouvaient s'animer, ils seraient brillants d'étoiles. Mais mon attitude parle pour moi. Je me suis redressé d'un coup, le vosage tourné vers lui.

Hrp: Je suis si si si si si si désolé T.T Je m'en veux d'avoir mis si longtemps pour ça!! Pardon, je t'aime quand même <3

Nicolas rit doucement aux mots de son ami... Non, leur conversation ne devait pas être clair pour tout le monde... Mais lui, oui. Il ne savait pas qu'il usait de synesthésie parfois... En fait il ne savait même pas que ça existait, mais c'était étrangement pratique pour comprendre Matheo. :

-Je comprends. dit-il en blaguant. Je comprends que tu vois en ressentant ce que je ressens quand je ressens les autres, et moi, que je ressens ce que tu vois en ressentant. On s'entend !

L'ambiance n'a pas le temps de retomber, puisqu'il se jette sur lui. Un petite plaisanterie et un ébouriffement de crinière plus tard, il est allongé à côté de Matheo, les bras écartés sur le lit et fixe le plafond. Il y a un instant de blanc avant que l'enfant de la nuit ne se redresse d'un coup, inspirant comme s'il venait d'avoir une révélation.

Nico bat des paupières... Hein ? Voler ? Voler dans les magasins, oui, souvent même... Mais au vu de l'expression de Mat, ce n'était sans doute pas de cela qu'il s'agissait... Il réfléchit un instant avant de se souvenir que les Airs pouvaient s'élever dans les... airs, justement. :

-Ooooh... Ça ! J'ai pris l'avion pour venir à Terrae, c'est tout.

A moins que sauter d'un arbre compte, nan, ça ne lui était donc arrivé qu'une fois... Il aurait voulu profiter du moment en regardant par le hublot mais en classe éco, il avait eu droit à une place trop éloignée des ouvertures pour ça. Il déglutit, un peu inquiet de poser la question. :

-Pourquoi tu me demandes ça ?

Pas que l'idée de s'envoler avec un aveugle lui faisait peur hein, mais la dernière fois que Matheo lui avait proposé quelque chose, c'était pour le voir... et il avait finit par avoir des frissons sur tout son corps parce qu'il lui avait tripoté le cuir chevelu... Il ne savait toujours pas pourquoi d'ailleurs.

Je cache mon incompréhension sous un rire joyeux. Bien sur j'ai compris en vrai ce qu'il veut dire, il se fiche de moi par dessus le marché, mais la phrase étant super almabiquée, c'est dur de s'y retrouver. Je secoue la tête sur les côtés pour clarifier mon esprit. J'ai le cerveau qui bourdonne à force de réfléchir à des trucs compliqués.
Là, il m'annonce qu'il a déjà volé en avion. Je retiens un sourire. Là ce que je te propose sera singulièrement différent. J'avais pris l'avion pour venir à Terrae également, mais la sensation est tellement différente. En plus, dans un avion on dépend entièrement du pilote, on reste assis, lorsque l'on vole à Terrae, on est acteurs, c'est nous qui contrôlons les choses... Ce qui n'est pas toujours rassurant, bien au contraire. Mais c'est si excitant.

Son inquiétude me tire un rire bref, et je m'empresse de le rassurer.

-Eh bien... Comme tu m'as offert un cadeau, je veux à tout prix t'en offrir un également!

Bon, je lui ai offert un cristal c'est vrai, mais ce n'est pas la même chose. Lui y avait longtemps réfléchit, il s'était donné du mal. Moi, je m'y étais pris pour lui offrir quelque chose en retour. Mais maintenant que j'y réfléchissais, il y bien une chose que je peux lui offrir.
Sans bruit, je me laisse glisser le long du lit et me dirige vers la fenêtre, que j'ouvre ne grand, laissant entrer l'air de la nuit à grande bouffée. Je respire un grand coup, avant de monter sur le rebord, un peu aidé de la lévitation pour aller plus vite. Je me retourne alors vers lui.

-Je te propose une ballade nocturne, pour te montrer Terrae depuis le ciel. Et ne t'en fais pas, je l'ai déjà fait étant aveugle, tu ne risques rien. Et puis...

Je me mets alors à rougir, sans comprendre pourquoi. Je secoue de nouveau la tête et reprend d'un ton plus assuré:

-Et puis j'aimerais partager ça avec toi. Quoi de mieux pour te faire comprendre ce que l'on ressent en volant ?

Avec un sourire taquin, je fais un pas en arrière pour me laisser tomber dans le vide. Mais je reparais aussitôt, lévitant doucement près de la fenêtre. Je lui tends alors la main, comme je l'avais fait avec Ys. Pour le décider, je l'avais un peu provoqué car je savais qu'il répondrait à la provocation. Ce n'était pas comme ça que je voulais avec Nicolas. Je voulais le laisser choisir tout seul.

-Alors, qu'en dis-tu ?

Hm. L'immensité profonde de ses pensées se résume à cette onomatopée qu'il se lance à lui-même, comme un voyageur solitaire dans le désert attiré par le néant, comme un écho dans un gouffre, une faille, un creux insondable dans la terre... ...Ouais en gros, sa boîte crânienne est vide. Enfin presque... Car derrière le regard suspicieux qu'il lui lance, il a envie de lui dire qu'il lui a déjà offert un cadeau, un beau en plus ! Un cristal c'est pas rien, tellement pas rien qu'il compte ne l'utiliser qu'en cas d'extrême force supra majeure. Donc soit cette histoire de cadeau était une excuse bidon pour le forcer à sortir des sentiers battus, littéralement, soit il considérait que le cristal n'était pas suffisant... Et dans les deux cas, Nicolas n'arrivait pas à contenir cette émotion sournoise au fond de lui ; il n'était pas content. Content qu'il lui propose, moins qu'il pense peut-être lui devoir quelque chose parce qu'il lui a offert ce cadeau...

Il se redresse sur ses coudes quand il le voit se diriger vers la fenêtre, toujours dans ses pensées. Le courant d'air lui amène les senteurs de la nuit qui s'écrasent sur son visage... Ça lui fait du bien. Qu'il soit aveugle ne changeait rien à la donne, après tout, Matheo voyait le monde à sa manière... Il ressentait, comme lui, mais pas pour regarder. Nico se retient de lui dire qu'il avait du coup pas besoin de l'accompagner pour ressentir les effets du vol, mais il savait qu'il allait se prendre un vent... un vrai... et qu'il finirait par lui dire d'expérimenter lui-même cette émotion... Il se lève, toujours sans dire un mot mais quand Matheo fait un pas en arrière... dans le vide... un pas dans le vi- OH PUTAIN ! Tout son corps s'élance en avant, dans un réflexe stupide... Il est emporté dans son élan et s'étale au sol. Il était à deux doigts de se prendre le pan de mur sous la fenêtre... Et quand il se relève, Matheo lévite, petit ange blanc lui tendant sa main. Sacré démon ouais. Il soupire, la légère angoisse en ayant vu son ami se jeter dans le vide continue de faire palpiter son cœur à toute allure alors qu'il lui demande une nouvelle fois de l'accompagner. :

-....... Attends je réfléchis.


Encore un soupir. Bon, bon, bon... Il s'approche de la fenêtre et s'appuie sur le bord... Il regarde en bas. C'est pas le truc à faire et il le sait, mais il a pas le vertige. Il n'a jamais eu le vertige. Il n'y a pas de grande différence entre monter dans un arbre, avoir ses appuis, et voler dans les airs, sans rien pour te tenir... Oui !... Bon. Trois, quaaaatre... Il passe une jambe puis l'autre, assis, la moitié de son corps balançant dans le vide... Toujours les yeux rivés au sol, il murmure presque. :

-J'me fais à l'idée hein... Préparation mentale tout ça, tout ça. Parce que voler c'est pas normal dans ma tête... 'fin, lâche-t-il en regardant Matheo cette fois, balancer des éclairs non plus tu m'diras.

Rire faible. Ok, ok... C'est juste s'envoler. Hein. Bon. Go. LAISSEZ MAAADGE S'ENVOLEEEEER ! :

-J'suis prêt...

J'entends un bruit de chute. Au moment où ma tête puis le reste de mon corps s'encadrent parfaitement dans l'espace de la fenêtre, je contemple sa lumière de mes paupière closes. Son énergie est agitée, je ne lui demande pas pourquoi. Peut-être parce que je peux deviner, ou aussi parce que j'ai peur de ce qu'il pourrait répondre. Je suis heureux de pouvoir m'envoler avec lui, de pouvoir le laisser s'envoler. Je ne me vexerai pas s'il refuse, c'est difficile de trouver le courage de ne plus toucher terre. pour un air, cela devient presque naturel mais pour d'autres, je peux ocmprendre.

Lorsqu'il me dit réfléchir, je rigole légèrement, me contente de hocher la tête. C'est bien normal. Il craint sûrement que je ne le lâche, ou que ça finisse mal. Je peux le comprendre aussi, avoir un aveugle qui vous propose de conduire ça ne rassure personne, normal qu'il est son instinct qui lui dise de reculer. Cele ne me rendait pas triste, j'aurai agit surement pareil. Je sens son visage se tourner dans ma direction et j'écoute ses paroles.

-Si tu pars de ce principe, rien n'est normal à Terrae... C'est pour ça que c'est excitant non ? lui dis-je d'un ton taquin.

Je voulais essayer de lui communiquer mon enthousiasme. Finalement, après un long moment durant lequel je me contentais de flotter, tel un fantôme, près de la fenêtre, il me donna sa réponse. Un large sourire barra mes lèvres.

-Je suis content! Ne t'en fais pas je ferais attention.

Il est assis à moitié sur la fenêtre, il a déjà fait la moitié du chemin. Plus question de reculer. Je lui tends de nouveau la main pourqu'il la saisisse volontairement. Je sais qu'il n'aime pas le contact, alors autant que ça vienne de lui. Toutefois, avant toute chose, je commence à lui expliquer comment je vais procéder pour le détendre.

-Tu sais comment je parviens à voler ? Tout simplement en contrôlant la pression, qui me permet de lutter contre mon propre poids. Je vais faire pareil avec toi. Je vais modifier la pression autour de toi pour que tu puisses flotter, mais ce sera plus facile par contact. Je vais créer une sorte de bulle anti-gravité autour de nous si tu préfères, dis-je, soucieux qu'il comprenne.

Je tournais alors mon visage vers le ciel et l'horizon sombre. Je ne voyais plus rien mais pourtant, je sentais presque les contours de Terrae se dessinaient machinalement dans ma tête. Peut-être avais-je plus besoin de cette ballade que je ne voulais le croire au fond...

-Terrae doit être magnifique vu ainsi... tu seras mes yeux, tu veux bien ?

Excitant... Mouiiiii si on veut. De toute façon, Nicolas avait abandonné sa définition de la "normalité" bien des années avant d'arriver à Terrae alors avoir des pouvoirs pour ce que ça change... Donc oui bon, excitant. Sans doute puisqu'il entend de manière sourde dans ses oreilles les battements de son cœur... Et même sa valve défectueuse. Si, si. Avec un souffle au cœur, on entend pas "boum boum boum" comme dirait le poète Mika mais "boum clic boum clic boum"... Et contrairement à ce qu'on pourrait penser c'est pas rigolo. NAH. Il prend une grande inspiration et bat un instant des pieds avant de prendre la main que lui tend Matheo... Il lui explique comment il fait en même temps qu'il sent l'air bouger peu naturellement autour de lui... Il aimerait répondre mais il reste concentré sur ce qu'il fait... Il se lève. :

-Oh-nom-de-Zeus-je-suis-debout-dans-le-vide-sa-maman-en-slip-de-bain-vert-à-pois-bleu.

C'est un murmure. Il serait bien incapable d'hurler dans cette situation même s'il le voulait. Il retient l'urgence qui saisit tout son corps de se prendre Matheo dans ses bras... A la place il évite de lui écraser la main entre les deux siennes... Oui, il le tient avec ses deux mains qui doivent être moites pour la première fois de sa vie. Mais comment vous dire que sa peur des contacts physiques est bien la dernière chose à laquelle il pense là ??!!! Il tousse pour libérer sa gorge pour répondre à la question que son ami lui pose. :

-J'vais tenter. J'te promets rien.

Phrase courte. Plus facile à dire. Pas déconcentrer. NOM D'UNE NOUILLE. Il lève doucement les yeux pour voir l'horizon... Il a un moment, durant une grande inspiration, où il est saisi par la beauté des étoiles. :

-Ouah... On a l'impression... qu'on peut aller les toucher... Les étoiles.

Et attend champion, t'es encore juste à côté de la fenêtre !

Il n'a même pas besoin de parler tant sa tension est palpable. il est stressé au possible et, si ma proposition le tente, elle ne le rassure pas pour autant. Ce que je comprends bien, après tout, ce n'est pas tous les jours qu'on vous propose de marcher sur l'air. Car cette description est la plus appropriée pour décrire ce que nous faisons. Il finit par se jeter seul dans le vide, s'accrochant à ma main comme à une bouée de sauvetage. Je lui fais rapidement subir le même sort qu'à moi, et le voilà flottant en toute liberté à mes côtés. Sauf qu'il a peur. J'entends son murmure aussi distinctement que s'il l'avait crié, reflexe d'air.
Comme lui, j'attrape ses mains avec ma seconde dans le but de lui donner du courage.

-Ne t'en fais pas, ça va aller, je te promets, lui dis-je d'une voix douce.

Je veux lui faire ouvrir les yeux, sinon il n'y a aucune raison de lui faire faire cette excercice. S'il partage ma cécité, il ne pourra pas profiter des merveilles dont j'ai un jour profité.
J'attends patiemment, lui laissant tout le temps qu'il lui faut. Il ne tarde pas à ouvrir les yeux. Je sens son énergie s'agiter au même moment. Et puis, ce qu'il dit suffit à me le faire comprendre. Je hoche la tête.

-C'est vrai... Il te suffit presque de tendre les mains.

Je nous déplace alors un peu plus vers le haut, nous rapprochant du ciel en allant doucement pour ne pas le brusquer. On voit davantage de choses en haut, le ciel est ouvert et montre tout, pas comme la terre où les obstacles piègent et dissimulent.

-On pourrait presque chanter "ce rêve bleu" non ? dis-je en rigolant

Je continue de nous déplacer doucement, faisant bien attention. A notre hauteur, il n'y avait plus d'arbre ou quoique ce soit pour nous boucher la route, l'air me l'indiquait. Je soufflais donc plus librement, espérant que Nicolas parviendrait à se détendre un peu.

-Dis-moi quand ça ira mieux, on pourra accélérer à une vraie vitesse de vol si tu veux, dis-je avec douceur.

On vient de sortir un animal sauvage de son habitat naturel... C'est la meilleure description que je peux donner à la situation que vit Nicolas là en fait. Comme un chien qui découvre une nouvelle maison, il pose les yeux partout, grands ouverts, comme s'il cherchait à saisir toute la nouveauté de ce point de vue magnifique. Et comme un loup, il panique un peu à la recherche de points de repère rassurants, trouver un peu de familiarités dans ce nouveau monde qui se présente à lui. Un tourbillon de deux émotions qu'il tasse au fond de lui aussi, pour pas emporter Matheo dans ce tourment alors qu'il doit maîtriser l'air autour d'eux... Manquerait plus que ce soit sa faute s'ils s'écrasent. Bref, beaucoup de choses à prendre en compte rien que dans sa tête. Sa gorge se serre à mesure qu'ils s'éloignent du sol, de la fenêtre, de tout, et en même temps il ne peut se retenir d'avoir le souffle coupé devant tout ça.

Il voit au loin le village, la forêt et ses arbres qui verdissent à la faveur du printemps qui arrive... Au-dessus, il y a la voûte céleste, les étoiles qu'on a envie de voir de plus près, encore plus près et la lune qui brille de mille feux, sans aucun nuage pour la voiler. Il y a les sons qui lui parviennent de si loin, alors qu'il avait passé sa vie à la guetter dans le noir ; le hululement des chouettes, le vent dans les feuillages, le silence des gens qui s'endorment,... Son corps est toujours tendu, mais il soupire d'aise devant tant de beauté, de quiétude ; la nuit était son royaume, il s'en souvient, elle lui avait manqué un peu. Il se dit qu'heureusement il a rencontré Matheo, il se dit qu'il a bien fait d'accepter ce deuxième cadeau même si son cœur risque d'exploser à tout moment... Damn, il arrive même à rire doucement quand il lui dit qu'ils pourraient chanter "Ce rêve bleu"... C'est dans Aladdin hein ? Oui... mais je me souviens plus des paroles.

Et puis il n'y a plus rien. Il sont tellement haut au regard de Nicolas qu'il a l'impression de flotter dans l'espace. Il prend une grande inspiration et regarde le plafond de l'humanité et ses milliers, ses millions, ses milliards de diodes. Il n'entend plus grand chose du monde en bas, il a la sensation d'être dans le ventre du monde... Il expire enfin et envoie une vague de ce qu'il ressent à Matheo, une poussière d'or incandescente et diaphane à la fois, l'image d'une étoile filante dans son âme.

Et comme on éclate sauvagement une bulle, Matheo lui dit qu'il va aller plus vite... *POC* :

-HEIN ?

Nicolas bat des paupières ; le retour à la réalité est dur. :

-Enfin c'est pas que j'aime pas, là, justement j'étais en train de kiffer, bien, genre super, mais quand même, la vitesse au-dessus bon, pas que je trouve ça abusé maiiiiiis on est bien là hein, sous les étoiles, profiter un peu de l'instant sans trop se presser y aller doucement c'est cool aussi et puis j'ai jamais été très fan de la vitesse menteur alors y aller en mode roquette je suis pas certain enfin c'est vrai qu'on est loin des arbres mais on est aussi loin du sol et franchement je...

INSPIRER ! Parce que Nicolas à oublier de reprendre son souffle tout au long de sa tirade... Vous savez quoi ? Je crois que je ne pourrais pas vivre sans respirer. ...Effectivement c'est un point de vue. Il regarde en bas et se décide d'un coup, évitant de réfléchir, autant être impulsif et mériter son titre de tonnerre m'voyez ? :

-Ok alors vas-y mais me lâche pas, me fait pas tomber, me... ouais t'as compris voilà !

Vite, vite, vite avant que je change d'avis.

Je ne sais pas ce qu'il se passe dans sa tête tant il est silencieux. Je perçois en revanche la raideur de son corps, et les minis tremblements qui le parcourent de temps en temps, preuve qu'il est tendu au maximum. La hauteur lui fait si peur que ça ? Je suis partagé... Je m'en veux un peu dans un sens, je m'en veux de lui faire subir une de ses peurs, qu'il craigne à chaque moment de sa vie; mais de l'autre, je me dis que ce silence est aussi positif. Est-ce qu'il admire le spctacle que j'ai admiré pendant longtemps ? Cela lui plait-il ?

Tout à coup, une sensation étrange m'étreint l'estomac, et c'est comme si des paillettes dorées avaient explosées sous ems paupières, affectant directement mon coeur. Ce dernier se contracte sous l'effet de la surprise, puis rapidement sous l'effet de l'émotion. Quel est ce bonheur que je ressens ? Le mien ? Ou... Je tourne mes yeux clos vers Nicolas. Je ne le vois pas, je perçois toujours sa raideur mais pour une raison inconnu, je ressens enfin quelque chose de positif dans tout cela. J'ai réussi à lui faire plaisir. Cette sensation qui m'avait atteint
"tu es bien un sensitif tiens..." . Puis, sans m'en rendre compte, je me mis à sangloter.

-J'aimerais pouvoir revoir tout ça...

Je me rendis alors compte de ce que je disais. Je sursautais, sans le lâcher pour autant, et me ressaisis. En quelques secondes, je retrouvais ma sérénité apparente et mon léger sourire, pourtant à l'intérieur, l'impression qui m'avait étreint le coeur était toujours présente.
Un éclat de rire me prend lorsque je l'entend soudain paniquer, emplissant mes oreilles d'une cacophonie difficilement compréhensible. Je captais quelques mots par ci par là, mais de ce que je pouvais comprendre, l'idée d'aller vite lui faisait peur. Je le laissais faire, trop abasourdi dans un premier temps pour dire quelque chose, puis, profitant qu'il respire enfin, je posais une main délicate sur son épaule.

-Calme-toi, dis-je doucement. Je ne te parle d'aller à toute vitesse, je te parle d'aller à une vraie vitesse de vol... pour un air.

Vitesse qui s'apparente à une balade pour nous, on va juste un peu plus vite, et on se déplace davantage, vers l'avant surtout, on voit le paysage défiler sous nos pieds.

-Regarde.

Sans plus attendre je lui montrais ce que je voulais dire. La vitesse accéléra légèrement, sans pour autant être déstabilisante car je ne voulais pas lui faire peur, je ne voulais pas qu'il s'évanouisse. Je resserais ma prise sur sa main pour lui transmettre du courage, tout en appréciant la brise nocturne qui maintenant caressait doucement nos visages. Ca réveillait un peu, et ça donnait une autre dimension au voyage : un vrai vol, la grand vol!
Je laissais mes sens dériver quelques instants, cherchant à ressentir le picotement des étoiles, la caresse du vent, la morsure du froid aussi... Tout ce qui me manquait, je le comblais à ma manière. Je voulais partager ça avec Nicolas.

-Tout comme l'eau, l'air est lélément de la liberté. On s'y sent bien, et la peur s'évacue rapidement pour laisser place à une sensation... assez indescriptible en fait. Il faut le vivre, c'est pourquoi je te fais vivre cela, dis-je avec un grand sourire.

Puis, désireux de le taquiner un peu, je lui dis en rigolant :

-Si tu es sage, on fera même des looping!

En vrai, Nicolas n'a pas le vertige. Tant qu'il a ses trois appuis comme lorsqu'il grimpe à un arbre, à une paroi, un peu partout en fait, ou qu'il a une sécurité comme sur le mur d'escalade de son lycée ou pour une sortie accrobranche, il y va gaiement. Un peu trop même. Le nombre de fois où le prof de sport l'a engueulé quand il sautait pour atteindre les prises en séances d'escalade... De plus, comme ça, il donnait l'impression d'être terrifié mais en vrai, il était juste super mal à l'aise... Oui. Bon. C'est vrai que le concernant, les deux se mélangent un peu. Mais il faut blâmer son instinct de survie proche de la paranoïa. Ne rien avoir sous soi et n'être attaché qu'à un gars qui lui non plus n'a rien sous lui... On sort du champs des possibles et ça le secoue bien plus que l'idée de sauter à l'élastique ou en parachute. Pas logique. Je sais.

En parlant de secouer... Matheo pousse un bruit chelou en le "regardant"... Nico lève alors la tête en retient de justesse un juron. Merde... Je me suis trompé d'émotion ?! Ça lui arrivait de temps en temps, il ne se trompait pas d'émotion toutefois, n'ayant pas le courage d'utiliser des choses qu'il ne connaissait pas, mais il gérait mal l'intensité... Il avait voulu remonter le moral une fille qui déprimait en cours une fois, elle avait failli être virée à cause d'un fou rire qu'elle ne maîtrisait pas... Normal car Nicolas paniquait. Imaginez la honte quand c'est arrivé une fois en maths et qu'Aaron a tout capté. Il grinçait des dents. Il voulut s'excuser auprès de Matheo quand il lui dit qu'il voudrait revoir. Alors il ne s'était pas trompé... disons qu'il avait peut-être visé un peu trop juste.

Il s'en voulait, mais ça n'empêcha pas la panique de prendre le dessus le temps qu'il lui explique qu'il comptait pas y aller comme un bolide de Formule Un... Sans rien ajouter puisqu'il se sent encore coupable, il obéit à Matheo qui lui demande de regarder... Ils resserrèrent l'emprise sur leurs mains presque en même temps alors qu'ils prenaient de la vitesse. La grimace de Nicolas se transforma en sourire à mesure qu'il voyait le paysage défiler sous ses pieds... Il leva la tête et le vent ébouriffa ses cheveux en même temps qu'il prit une longue, lente inspiration... Bon, ça allait mieux. Bien mieux même. Jusqu'à ce que Matheo éclate de nouveau sa bulle -décidément- en plaisantant à propos de looping. :

-N'essaye même pas !

Pourtant il rit. En fait, avancer un peu plus vite lui va mieux contrairement à ce qu'il pensait... Peut-être parce qu'il sentait mieux les courants d'air autour d'eux... Il ne tenait Matheo plus que d'une main et pourtant il stressait beaucoup moins. Il regardait les étoiles... Il aurait voulu être télépathe, envoyer une image plutôt qu'une sensation à son ami. Il aurait voulu être air, pour profiter de ça plus souvent... A moins que... Une idée germa dans sa tête, et ça méritait d'être testé. Mais plus tard, en salle d'entraînement avec Huo s'il le veut bien. Pour l'instant il profita de l'instant avec Matheo. :

-Je suis désolé... dit-il enfin à propos de l'émotion qu'il lui avait transmis. Je voulais pas te blesser j'ai juste... agit d'instinct... te montrer ce que je ressentais.

L'idée qu'il puisse être nostalgique ne lui avait pas frôlé l'esprit... Mais comme on dit, le bonheur des uns fait le malheur des autres. Ce qui rend heureux certaines personnes ne touchera pas les autres de la même manière. Il aurait voulu le découvrir d'une autre manière...

HRP : Laisse-moi être à jour screugneugneu XD !

Je secouais encore la tête, perturbé par les sentiments qui m'avaient soudain envahi. Je ne m'étais jamais exprimé de manière si directe auparavant, encore moins sur ça, et devant quelqu'un. J'avais senti uen énergie extérieure, je savais que c'était lui mais je ne m'attendais à ce que le pouvoir des sensitifs soit... si fort. Je n'avais subi leur influence, je ne savais pas vraiment ce qu'il faisait. Ce n'était pas très agréable mais en même temps, pas désagréable non plus. C'était dur à expliquer.
Mes pensées se clarifièrent davantage lorsqu'une de ses mains me lâcha, tandis que l'autre me serrait plus fort. Un petit sourire éclot sur mon visage. N'aie pas peur, je ne te laisserais pas tomber. Profite au contraire! La magie du ciel est bien plus forte que tout ce que l'on pouvait trouver à Terrae. Perturbante, certes, mais si sereine, si pure. Un éclat de rire me prit lorsqu'il se rebella contre mon idée des loopings.

-Je plaisantais, ne t'en fais pas! On ne le fera que si tu en as vraiment envie, assurais-je en levant la main en guise de serment.

Les premières fois où j'avais volé, je n'avais pas été très à l'aise non plus. J'avais même eu sacrément peur. Jusqu'à ce que je réalise que si je ne voulais pas tomber, je ne tomberai pas. Et puis, en voyant faire Ryu, j'avais compris que voler était vraiment la seconde nature des airs. Ils se déplaçaient limite plus ainsi qu'à pied, ce que je n'avais pas compris au début, mais que je comprenais maintenant.

Je tournai le visage vers Nicolas, interpelé par ses paroles. Une mine stupéfaite se peignit sur mes traits qui laissa cependant vite place à une expression de douceur. Je secouais la tête et serrai davantage sa main par courte pression pour lui faire comprendre que tout allait bien.

-J'ai bien compris ton intention ne t'en fais pas. Et je t'en remercie grandement, dis-je avec chaleur. Je suis certain que tu aideras énormément de monde avec.

Les yeux rivés vers l'horizon, noir pour moi, mais plein de nuance pour lui, je collais dans mon esprit tous les souvenirs que j'avais de cet espace. Je me le représentais sous toutes les coûtures, je l'avais tant vu. C'est comme si je n'étais pas aveugle, je me souvenais si bien de chaque détails. Et puis, si mes yeux ne voyaient, ma peau elle ressentait le picotement de la lune et des étoiles. Je n'avais pas vraiment tout perdu.

-Alors ? Comment trouves-tu mon univers ? demandais-je d'un ton enjoué.

Je ne voulais pas rester sur une note triste, la ballade n'avait pas ce but. Je voulais lui faire plaisir, lui offrir mon cadeau, lui permettre de ocntempler le monde d'en haut, partager ça avec quelqu'un d'autre. Une odeur particulière et un air plus humide m'informa du lieu où nous approchions. Un peu joueur, je décidai tout de même de le prévenir, pour ne pas lui faire de frayeur.

-On va bientôt survoler le lac. Je vais descendre suffisament pour que tu puisses le frôler de tes doigts. Je m'amusais souvent à ça seul ou avec Ryu, lui dis-je, ravi.

J'avais bien eu l'idée de ne rien dire et d elui faire croire qu'on aller plonger, mais je craignais qu'il ne me lâche en plein vol, ce en quoi la ballade risquait fort de tourner court.


Hrp: blablabla t'as été suffisament à jour comme ça, nah!