Je n'ai pourtant jamais ressenti le besoin de me confier à qui que ce soit. Ses doutes et ses peines, on apprend vite à faire avec de là où je viens. Pourtant, je suis étrangement soulagé par les paroles d'Akkiko. Parce que je sais qu'il n'hésite pas à me dire ce qu'il pense réellement. Évidemment que j'ai un égo surdéveloppé en comparaison de la majorité des résidents de Terrae, mais à chaque fois que j'essaie d'imaginer ce que pourrais me dire mon père s'il était encore là, cette horrible sensation de n'être qu'un minable tente de m'écraser plus bas que terre. Mais ce n'est pas le moment. Ces quelques brumes de déprimes se dissipent aussi vite qu'elles sont venues et toutes ces émotions repartent s'enfouir bien profondément pour éviter tout débordement.

- "De la bière française ? Ok, dans c'cas je compte sur toi pour me faire tester la prochaine fois !"

Eh, je suis peut-être totalement défoncé, mais je suis encore capable de repérer les bonnes occasions et de les saisir ! En plus, Akkiko décide finalement de rester là à me tenir compagnie. A moins qu'il n'ait peur que je ne recommence mes conneries ? Ce qui ne serait effectivement pas impossible. Seulement, posé là, tranquille à discuter de tout et de rien avec lui, cet état d'anxiété hyper déplaisant, qui me pousse toujours à dépasser les limites que je connais pourtant assez bien, commence à se dissiper.

- "Et, t'as intérêt à pouvoir me filer le nom de ton crush la prochaine fois !"

C'est pas parce que je suis hyper nul en histoires d'amour que celles des potes ne m'intéressent pas ! Je n'ai pas la moindre idée du temps qu'on reste ainsi à discuter (plus que quelques minutes si j'en juge au cendrier qui s'est pas mal rempli) mais j'ai l'impression d'être subitement pris d'assaut par la fatigue. Ou alors c'est parce que j'ai enfin l'esprit tranquille ?

- "M'en veut pas mec mais, j'crois que j'vais pas tarder à m'écrouler. Enfin genre, plus que là."

Parce que pour ce qui est de la position "avachi sur le lit" j'crois que c'est difficile de faire mieux. La seule différence visible sera mes paupières qui se fermeront. Disons que c'est plus ma façon de prévenir que d'ici quelques secondes je ne serais absolument dispo à aligner deux mots.