I know that you are so afraid, I feel it too
You know I can see the pain inside of you
I know I'm not going anywhere
When the silence hits the air
You know it too
Je sais que tu es très effrayée, je le suis aussi
Tu sais que je peux voir cette souffrance à l'intérieur de toi
Je sais que je n'irai nulle part
Quand le silence frappe l'air
Tu le sais aussi

I know you never asked for this or ever would
And you carried all the weight alone, you thought you should
Just know I'm not going anywhere
When life is not feeling fair
Je sais que tu n'as jamais demandé cela et que tu ne le voudras jamais,
Et tu as porté ce poids toute seule, tu pensais que tu le devais (le penses tu encore?)
Saches juste que je ne vais nulle part
Quand la vie parait injuste

I wish I could give you an answer
Say the right words and I had make you feel better
But I'm just me, nothing perfect or special
And I can't make it right today
But I'm here and I'll never fade away
J'aimerais pouvoir te donner une réponse
Te dire les mots justes et avoir le devoir de te faire te sentir mieux
Mais je suis simplement moi, je suis loin d'être parfait ou spécial
Et je ne peux pas arranger les choses aujourd'hui
Mais je suis là et je ne disparaîtrai jamais

Extrait de «Never Fade» par Katelyn Tarver





Katelyn Tarver - Never Fade



« Tu n'es pas blessée ? »

La voix est lointaine, elle ne l'entendait presque pas comme si c'était ses propres pensées et non la voix de quelqu'un. Quelqu'un ? Non il n'y avait personne, elle était seule, elle avait froid, tellement froid. Elle leva le bras tel un automate, elle avait le bras légèrement brûlé par la carrosserie de la voiture et des plaies recouvraient ses deux bras à cause des éclats de verre ainsi que ses mains par les coups sur le sol de douleur extrême suivant l’explosion, elle toussa à plusieurs reprises la fumée sombre et malsaine de la voiture devait contribuer à aggraver son état.

Elle se répondit comme si son cerveau traumatisé lui avait posé la question en pensée : « Je crois que si ça brûle et ça saigne, mais ça va. Je dois juste appeler un médecin.  » Elle avait une voix ailleurs en disant cela, et si calme si vide pour une jeune adolescente encore petite que cela pourrait inquiéter. Elle était trop confuse pour préciser que le médecin était pour son Papa dans la voiture et non pour elle.

Elle tenta de se lever, elle ne s'apercevait pas qu'on lui avait parlé, elle s'écroula sur le sol à genoux avant même d'avoir pu se lever. Une sensation de calme l'envahit suffisamment pour apercevoir le jeune homme souriant près d'elle accroupi, ses yeux marrons la fixant au dessous de cheveux verts en bataille.

« Bonjour... » murmura la fillette encore dans les vapes.

« Ne t'inquiètes pas, je ne vais pas te faire de mal. Tu vois le grand institut de l'autre côté de la rue ? On m'a envoyé pour être sûr que tout aille bien, » dit le jeune adulte doucement, même si son grand sourire lui donnait encore un peu l'air adolescent observa Pricie , reprenant peu à peu ses esprits.

Avant de réaliser la phrase quelques secondes après, phrase qu'il venait de prononcer.
Elle lui répondit doucement presque un murmure : « Tu es un monstre toi aussi ? »

La petite fille car malgré ses treize ans en cet instant Pricie avait l'évidente fragilité d'une enfant de cinq ans remarqua : « Tu as de très beaux cheveux pour un monstre... » Elle fit silence le regard vide de vie : « C'est dommage moi aussi j'aurais bien aimée t'aider. Tu sais, tu dois être très en colère contre moi, j'ai dû blesser tes amis en n'arrêtant pas mon Papa. »

Nouveau silence de la jeune enfant. Elle montra le véhicule du doigt. «  Mon papa il est là bas, tu sais c'est ma faute, je n'ai pas pu sauver tes amis ni maman ni papa, je suis inutile hein ! » Nouveau silence puis un sourire sous ces yeux trop grands et pourtant vides, si vides :  «  Mais c'est un secret tout ça d'accord ? Je ne t'embêterai plus avec ça, je te le promets. »

La petite tenta de se lever à plusieurs reprises et réussit elle fit un pas incertain, deux, trois puis son corps s'écroula s'étalant complètement sur le sol.

Elle appuya fort ses mains sur la terre brûlante et ne put réprimer une grimace de douleur, peut-être était une simple inquiétude, peut-être que le jeune adulte avait vraiment fait un geste ou autre mais la gamine se mit à dire un peu moins bas et catégorique ayant presque murmurée faiblement jusque là :  «  Reste où tu es Monsieur ! »

Elle se remit à genoux malgré la douleur, appuya très fort puis se releva, un pas, deux pas, trois pas encore quelques pas et bientôt la porte, la porte de la voiture sous ses doigts bientôt.

Reprenant espoir, mais toujours très confuse, elle se retourna vers l'adulte et lui sourit à travers ses larmes, murmurant presque toujours si faiblement toutes ses paroles comme si son souffle s'amenuisait rongé par le vide : «  A présent, je vais aider Papa, tu comprends ? Je suis la seule à pouvoir le faire, Maman elle est très malade à cause de Terrae mais ça va , Papa et moi on veille sur elle, c'est pour ça que je vais aider papa, on ira à l'hôpital et après il sera guéri ! »

Elle lui jeta un sourire aussi triste que son regard : « Tu comprends Monsieur ? » Et soudain... l'essence qui fuyait de la voiture prit feu transformant celle-ci en un feu de cheminée qui n'avait plus de gaz ni rien pour exploser.

«NON  ! » cria l'adolescente. « NON NON ! », elle voulut courir pour tomber dans les flammes et aller chercher son papa mais trébucha et fut sauvée donc par un caillou au sol.

Elle leva la tête et vit le visage de son père fondre sous les flammes, peu à peu, il n'en eut plus et disparut dans le brasier. Le regard écarquillé d'horreur la petite fille de treize ans fut prit d'un haut le cœur et vomit avant de hurler en pleurs de toutes ses forces comme un instinct de survie plus fort que tout : «  Monsieur cheveux vert ! Au secours ! Au secours ! Aide moi ! Je t'en supplie, je t'en supplie ! Je t'en supplie ! »  Son regard devint flou.

Juste avant de s'évanouir elle lui dit cette fois suffisamment haut pour que ce soit compris sans tendre l'oreille : « Tu sais, j'ai peur en vrai, je n'y comprends rien, rien du tout à tout ça en vrai... Mais je voudrais aller avec toi à l'école que tu appelles institut, là bas je serai en colère très en colère mais je crois que je pourrais peut-être... si tu gardes le secret Monsieur... me sentir petit à petit  moins seule pour la première fois de ma vie. »

Elle tendit la main voulant et peut-être réussissant s'il était suffisamment près d'elle à prendre dans sa main le doigt du monsieur comme un nouveau-né, la jeune adolescente avait une main encore un peu enfantine qui tremblait de faiblesse en cet instant. «  En fait, tu n'es peut-être pas un monstre et... tu as de beaux cheveux verts... »

Et la petite adolescente s'écroula dans un sommeil sans rêve descendant peu à peu dans le malaise, s'évanouissant de fatigue et d'horreur devant ses yeux. Vu le choc elle ne garderait sûrement aucun souvenir de cette discussion trop hantée par les images de terreur qu'elle venait de voir. Mais peut-être oui peut-être que le jeune adulte l'aiderait, la protégerait, se souviendrait ça seul lui peut décider de dévoiler ou non le secret au risque de briser l'enfant encore plus ou de lui laisser une chance faisant reculer l'enquête suite à cet attentat qui a causé le malheur de ses amis.

Mais ça seul Akihiko Eiji, tel est le nom de l'adulte aux cheveux verts, peut le décider.

En attendant...

Dors Pricie, dors, tout ira mieux, demain, si ce n'est pas demain ce sera plus tard si ne n'est pas plus tard, ce sera encore plus tard. Mais je te le promets tout ira mieux.

Recap :

Pricie est traumatisée et tente de sauver de toutes ses forces son papa mort, après la vague de calme de Athéna aidée d'Aaron, Pricie retrouve un petit peu la réalité malgré le choc énorme et se rend compte de l'adulte près d'elle.

Elle avoue son secret dans la confusion à Akihiko Eiji, cet adulte qui l'a rejoint face à son vide, seul lui est assez proche pour pouvoir entendre ses presque murmures faibles et tremblants.

La voiture prend feu sans exploser, elle veut en sortir son père mais trébuche, avant de l'atteindre, sur un caillou.

Elle voit son père se consumer peu à peu, emplie de terreur à vomir et à hurler de douleur sous ce spectacle.

Plus faible que jamais elle demande à  Akihiko Eiji de ne rien dire même si cela sera à lui de décider, puis elle accepte de le suivre en agrippant son pouce de sa main ou du moins en tentant, comme un nouveau-né malade s'accrochant de toutes ses forces pour vivre et avoir un espoir même minime mais  espoir quand même d'un futur plus heureux. A  Akihiko Eiji de voir si il est assez près d'elle pour qu'elle y arrive.

Aaron s'approche de moi mais je ne le capte qu'à moitié, trop concentrée à essayer de ne pas faire paniquer tout le monde. Pas facile quand ton estime de toi et de la vie redescend en flèche, heureusement, on dirait que mon instinct de protection des autres est encore au dessus de ça. J'ai les yeux fermés quand il me demande s'il peut toucher mon visage. Je me demande bien à quoi ça va lui servir, mais je hoche la tête, je prends toute l'aide possible, ce n'est pas le moment de refuser.

Je sens qu'il s'y prend délicatement, et je suis trop concentrée pour me demander pourquoi. Il me demande de me caler sur son souffle je le fais. Sur ses sentiments, seulement les siens. Là, je panique un petit peu, ayant peur que la liaison se fasse dans les deux sens et que je ne déverse ce que je contient désespérément dans son cerveau. J'essaye néanmoins de me caler sur lui, essayer de le percevoir, et non pas de lui filer ma panique -ce qui est moins évident que cela n'en a l'air (respect à lui et à Ipiu -et aux autres-, gros respect).

Il me dit qu'il va me guider. Qu'il me montre le chemin.
Je fronce les sourcils un instant, ne comprenant pas là où il veut en venir. Puis je sens... Quelque chose, une sorte d'énergie, qui ne vient pas de moi. Elle me rappelle la stabilisation d'Akihiko, même si elle est différente. C'est comme si son aura s'était mise à bouger, à se mouvoir, c'est un peu effrayant. Je ne comprends tout d'abord pas où il veut en venir, j'essaye d'activer ce pouvoir qui ne me rassure pas, de suivre ses mouvements -après tout il a dit qu'il me guiderait- mais quelque chose manque, je me laisse surprendre par les chemins qu'il emprunte, et je résiste involontairement à cette manipulation étrange qu'il cherche à faire.

Je sens que je force, que lui aussi, et nous n'allons pas dans la même direction.
Je ferme à nouveau les yeux, sentant une pulsation se diffuser à l'arrière de ma tête. Celle ci a l'air saine, positive, avec je la pousse à se répandre. Et c'est comme si d'un seul coup, je sentais mieux... Tout. Où Aaron veut en venir, comment il procède. Je le suis, j'encourage le mouvement et tout se déroule avec fluidité à partir de ce moment là.

Je sens qu'il me laisse seule, et je me mets à irradier. Irradier le calme, par vagues successives, un calme tout, pas assommant, que je déverse par vagues tout en le ressentant réellement. J'ouvre les yeux, me rendant compte qu'Aaron est tombé, mais je sais qu'il a besoin de récupérer. Je suis juste très, très calme.


RECAP' :
> Athéna est aidée par Aaron
> Au début ça galère
> Puis cette débile active sa Greffe sans s'en rendre compte et ça va mieux
> Une vague de calme irradie l'assistance (vous l'avez déjà fait so) et Athé est couverte de tatouages

Senri retint un hoquet de surprise mêlé à de la douleur quand Aaron lui donna une tape sur le dos. Son omoplate avait accusé le coup en se contractant, ce qui, avec le pouvoir de titan, avait empêché Senri de finir avec le dos en lambeaux. Il se tourna rapidement vers son mentor et se courba devant lui.

— OK m'sieur !!! Je vais sauver tout le monde !!

Il tapa sur son torse avant de courir jusqu'au lieu des décombres. Déchirant au passage sa chemise trop petite d'une simple pression de muscle — c'était beaucoup plus pratique de faire ça en étant titan — il arriva rapidement au niveau des décombres.

Mais à peine arriva t-il sur les yeux qu'il fut abordé par la préfète des Tonnerres lunaires, qui commença à lui donner des directives.

— ME DONNE PAS D'ORD-

Il s'arrêta subitement. Une sensation de sérénité balaya la colère de Senri et son ressentiment envers les téléporteurs. Ses traits s'adoucirent pour donner à son visage une expression des plus neutre. Il joignit ses mains et se courba respectueusement face à Elfie.

— Merci pour cette opportunité.

Sans un mot de plus, il attrapa une importante plaque de pierre et la délogea du sol. Il y plaça le garçon et la fille qui devaient être transportés à l'hôpital. Un autre blessé s'était ajouté au voyage. Senri souleva sa plaque de sol après avoir fait un signe de tête à Elfie, qui voulait dire "je vais suivre tes directives avec sérieux !!!" avant de se mettre à courir, exploitant au maximum son don de titan pour tenir la plaque sur son crâne et ses mains.

Néanmoins, lorsqu'il quitta la zone de la vague de calme, il hurla.

— J'AI ÉTÉ MANIPULÉ !!! ILS VONT VOIR COMMENT LE TITANWARIORPORTEUR SE VENGE !!!

Il déposa tout de même les trois blessés à l'hôpital et repartit avec sa plaque jusqu'aux grilles. Déterminé à s'expliquer avec la préfète, c'était elle qui l'avait manipulé c'était sûr ! Mais, quand il rentra à nouveau dans l'aire de calme créé par la Master pleine de tatouage — que Senri trouva super cool — l'adolescent fut de nouveau assaillit par la sérénité. Son expression éternellement neutre sur le visage, il arriva auprès d'Elfie.

— Que puis-je faire à présent ?

Notons, qu'il traînait toujours sa plaque de terre. 

Musculorecap:

Ah ... deux mois. J'aurais dit un an, voire deux, mais mon calendrier vient de me confirmer qu'il ne s'agissait en fait que du sixième de mon minimum. C'est impressionnant de voir à quel point le temps passe lentement quand on s'emmerde, et en plus, mon pouvoir avait encore changé. Maintenant, je me posais une question ; est-ce que cette éclipse s'était mise en tête de m'emmerder ?! Sérieusement, c'était quoi cette ronde qu'elle me faisait faire ?! D'abord, elle me fait ressentir les émotions des autres, comme si j'en avais la moindre chose à foutre ! Ensuite, quoi, j'ai des visions ultra chelous qui surviennent le lendemain ?! J'en avais marre, je me suis dit que j'allais juste le supporter le temps que ça s'en aille. Maintenant, ça va faire trois jours que je suis à peine sortie de ma chambre.

Je gère mon domaine, je gère mes caisses, je gère mon vin et mes comptes, le tout en écoutant de la musique classique et avec les rideaux fermés. C'était un quotidien ... bien plus que supportable et bien moins fatigant que ce que m'imposait la cohabitation avec tous ces mioches. Mais ce matin, je m'étais réveillée avec une incroyable migraine. J'avais fait un rêve bizarre. Je me souviens de gens, de barrières, de flammes et de grattes-ciels au loin, rien de bien anormal ici, si c'était encore une vision, elle était naze.

Je manquais de clopes, après trois jours à les enchaîner, alors j'étais sortie au centre, histoire de me ravitailler, pour pouvoir m'enfermer à nouveau pendant trois jours supplémentaires. Bon, déjà, première chose, j'arrive au magasin, le gérant est pas là, et en plus la porte est ouverte ! Je ne veux pas attendre, alors je prends deux paquets et je laisse l'argent sur le comptoir, s'il n'est pas content, il regardera ses stocks et puis voilà ! Marre d'être entourée par des abrutis.

Et chemin rentrant, d'autres abrutis se mettent eux aussi à courir tous dans la même direction. Mais merde qu'est-ce qu'ils avaient tous à être aussi débiles, aujourd'hui ? Il se passait quelque chose, la gueule qu'ils affichaient était celle de l'urgence, pas moyen qu'ils tirent une trogne pareille sans qu'il n'y ait quelque chose de grave qui soit arrivé. Je jette un regard à gauche, soupirant avant de marcher jusque là où tout le monde allait ... il y a parfois du bon à jouer les moutons.

J'arrive sur ce qui semble être une scène reprise directement de Prison Break, avec les grillages et les traces de cramé qui vont avec, l'odeur aussi. En fait, je n'ai jamais vu Prison Break, mais vu le nom, doit bien y avoir une scène d'escapade. Je regarde autour en soufflant, écoutant un peu ce que tout le monde est en train de raconter. Un attentat donc. Alors, ça veut dire qu'il y a des gens qui sont contre cette imitation d'institution scolaire ? Intéressant à savoir, ça, utile ? Peut-être pas ... ou peut-être que si. En fait, c'était très intéressant tout ce qui venait de se passer. Mais surtout, à cet instant-là, je revis mon rêve. C'était un signe, ça, non ?

Dans la grille ... c'était un trou, ça ? Comment ?! COMMENT ?! J'avais déjà essayé de faire des trous là-dedans moi aussi, pourquoi je n'ai jamais réussi à ce point ?! Bon après, faut dire que le type qui a fait ça y a mis les moyens, c'est facile quand tu triches, enfoiré. Moi aussi j'pourrais l'faire, mais j'suis pas assez stupide pour sacrifier ma vie au nom d'une grille. Mon existence à moi vaut plus que quelques morceaux de métal. D'ailleurs, il y avait des blessés, j'avais l'impression. Rien à foutre, j'ai la chance de sortir, là, maintenant, si quelqu'un doit crever, eh bien ça ne ferait que m'acheter du temps encore pour pouvoir me tirer de là.

Alors, tandis que tout le monde est trop occupé à se morfondre, à s'inquiéter ou je ne sais quelle autre attitude pathétique de chien battu, moi, enfin, je peux aller respirer l'air frais du dehors. Avant que qui que ce soit ne le remarque, je me faufile dans le trou créé et me décale très vite loin de cette sortie improvisée. Hors de question que l'on me grille maintenant ! Je me retourne, personne ne m'a vue, ou en tout cas, personne ne m'a suivie. Heureusement que je suis présentable en permanence, après ces trois jours, j'aurais pu avoir l'air d'une guenon pour mon départ. Mais voilà ! Je suis dehors ! Enfin !

... par où est-ce que je vais bien pouvoir commencer, maintenant ?

Mon cerveau est en ébullition.
Ça fait des années maintenant que je n'avais pas ressenti ça, cette adrénaline malsaine, cette excitation qui me prends lorsque des choses horribles se passent. Heureusement, je n'ai pas le temps de penser à ça, j'ai juste le vocal on, et je donne les indications, les instructions, je fais en sorte que les blessés soient repérés rapidement, que personne ne panique autre que moi. Je vois Senri faire des aller-retours, je vois Ipiu combler le trou, je vois Athéna et Aaron faire je sais pas trop quoi et bim, elle est pleine de tatouages et tout le monde a l'air de se calmer soudainement. Je ne cherche pas à comprendre, je fixe juste les écrans.

Les écrans.
Je vois tout Terrae, je vois les mouvements, les curieux, les inquiets, les crêpes, ceux qui paniquent pas du tout aussi. Je vois dehors, je vois Akihiko se lancer à la recherche de la jeune fille que je vois désormais, la fumée s'étant dissipée. Je vois tout. Je retiens tout.
Je suis concentré, je ne laisse rien de côté, mon corps entier est tendu, tremble presque, alors que je suis seul, et que le silence de la salle de surveillance m'enveloppe tout entier. J'essaye de ne pas penser à Mitsuki, qui aurait pu être là avec moi, qui aurait dû- Mon portable vibre, je lis machinalement le message de Ariana.

De : ○wVj'4\4|'d0j\
Cc Youyou, jespèr ke tu va bien. Zola s'inkiète. + On a rasemblé lé jen a la kafet, esseke tu peu me doné dé niouz kan tu en a ? Biz

Elle m'écrit. Zola s'inquiète. Ils vont bien.
Mon regard retourne vers les écrans et je pianote sur mon portable, en espagnol, pour lui répondre (je sais pas pourquoi elle s'obstine à écrire en anglais on dirait presque un message codé).

De : H.
A : ○wVj'4\4|'d0j\
Ça va ok. Quelques blessés, on évacue les lieux. La brèche est fermée. Pas de récidive pour le moment, attaque isolée.

Je reprend ma respiration un instant avant d'envoyer. Ne pas réfléchir, juste, donner les instructions. Et tout va bien se passer.


RECAP :
> Houston continue à donner des instructions
> Il renseigne Ariana sur ce qu'ils savent pour le moment

Je fronce les sourcils. Monstre... J'ai de beaux cheveux pour un monstre qu'elle me dit. J'ai déjà entendu ce terme, mais jamais dans la bouche d'une gamine. Je me fige un instant de stupeur, ne sachant trop comment réagir. Vu son âge, si elle sort ça, c'est qu'elle a été élevé dans cette idée que Terrae était une fabrique à monstres... Elle m'a sorti ça direct après que je lui ai donné le lieu d'où je venais. J'ouvre la bouche pour lui répondre mais elle me devance. J'aurai préféré qu'elle me laisse parler. Ses paroles me donne l'impression qu'un couteau s'enfonce dans mon poitrine, au fur et à mesure qu'elle parle et que je comprends ce que ça implique. Elle ne me fait pas de sous-entendu, sous le choc elle dit ce qui s'est passé, ce qu'elle fait là... La raison de son vide. Son père. Je tourne les yeux vers la voiture lorsqu'elle tend le doigt. Son père est le terroriste qui a fait explosé cette voiture. Je ne m'éloigne pas d'elle pour autant. je pose doucement ms mains sur ses épaules et la regarde, une lueur de tristesse dans les yeux, mais le regard déterminé.

- Je ne suis pas en colère contre toi. Tu n'y es pour rien. Tu ne pouvais pas stopper ton papa s'il avait vraiment envie de quelque chose hein, dis-je avec un sourire. C'est ton papa après tout.

Ces mots me tordent le ventre, mais pas par dégoût, plutôt par émotions. Elle a vu son père se faire sauter sous ses yeux, dans le but de faire du mal à Terrae. Un militant anti-Terraen... Ça explique les mots qu'elle emploie.

-C'est vrai que j'ai de beaux cheveux hein ?! Tu pourrais le dire aux autres gens ? Eux trouvent ça bizarre, je ne sais pas pourquoi, poursuivais-je avec un grand sourire.

Je force un peu mon sourire parce qu'il faut la rassurer, la mettre en confiance. Ma logique de master me dit qu'elle peut aussi être dangereuse et que je dois être prudent. Mon instinct me dit que je n'ai rien à craindre et que ce n'est pas moi le plus en danger ici. Il suffit de la regarder. Elle continue de parler tout bas, les yeux fixés sur la voiture, elle n'arrive pas à s'en détacher, son corps tremble, elle est complètement sous le choc.
Elle écarte mes mains pour aller vers la voiture. Elle me crie de rester en arrière. J'obéis. Je ne peux rien faire d'autres là. Je devrais faire quoi ? L'arracher au sol, loin de son père ? Lui dire que ça sert à rien parce qu'il est déjà mort ? Vous me voyez vraiment lui sortir ça ? Non... je la regarde. Je me rappelle des gens qui ont voulu m'emmener loin de la boutique de maman alors qu'elle prenait feu, maman à l'intérieur. Je comprends ce qu'elle ressent. Je vois ce qu'elle voit à travers les flammes. Comment pourrais-je seulement l'arrêter ?

Ses mots parviennent à mes oreilles à travers les bruits de la rue, tout concentré que je suis sur elle. Sa mère est malade à cause de Terrae ? Qu'est-ce qu'elle veut dire ? C'est quoi ce b*rdel ? Comment c'est possible ça ? Qu'est-ce qu'on lui a dit surtout ? Je veux m'avancer cette fois, sous le coup de l'émotion, les sourcils froncés. Je me retiens à temps. Je dois rester calme. L'écouter. Alors je l'écoute. Je retiens tout ce qu'elle me dit. Les guérir... Une chose qui, en quelques secondes, ne fut plus possible. Alors que je lève les bras devant moi pour me protéger, la voiture prend feu. Définitivement. S'il y avait eu espoir, tout est fini maintenant. Je franchis l'interdiction et, alors qu'elle crie, je me rapproche d'elle et passe mon bras autour de ses épaules pour la retenir, au cas où elle veuille tenter un geste désespéré pour sauver son père. Elle perd toute notion, le monde extérieur n'existe plus alors que nous sommes tous les deux dans notre bulle. Une bulle de douleur, une douleur qui me frappe à travers la force de vide. J'ai envie de pleurer moi aussi, j'ai envie de frapper le sol brûlant de mon poing... Mais je me maîtrise. Ce ne sont pas mes émotions. Ce n'est pas moi. C'est elle, et je dois être là pour elle.

-Je suis là ma belle, je suis là. Je vais t'aider c'est promis. Tu n'es pas seule, répétais-je en boucle.

Elle me prie de garder le secret, de l'emmener à l'institut... pour qu'elle se reconstruise. Qu'elle retrouve une famille. Elle s'effondre alors dans mes bras, tandis que je lui offre un joli sourire pour avoir, encore, complimenter mes cheveux. Je hoche la tête alors qu'elle ferme ses yeux et sombre dans l'inconscience. Ni une ni deux, je la soulève, la portant dans mes bras, et me dirige vers l'institut. Honnêtement ? Je suis un peu perdu, j'agis sur l'instinct, oubliant la logique, tout possible danger manifeste. La seule chose que je vois, c'est une fille qui a besoin d'aide et qui m'a supplié de l'aider. Ma belle, t'as trouvé ton Prince! Un héros ne laisse jamais les gens dans le besoin. Je cours à toute allure vers l'institut, refranchit le trou alors qu'ils travaillent à sa fermeture, passe devant tout le monde et fonce à l'hôpital, sans regarder personne, seulement concentré sur la tâche que j'avais entre mes mains. Courage petite!

Arrivé à destination, je la pose sur un brancard et laisse les infirmiers faire leur travail. je leur explique rapidement la situation, arrangeant quelque peu l'histoire. Oui, c'est une habitante de Terrae donc il n'y a rien à craindre. Elle était au mauvais endroit comme les autres. L'histoire est si commune dans le cas présent, et avec tous les blessés qui arrivent, que ça passe crème. Je la regarde s'éloigner avec un pincement au coeur : ton secret est sauf avec moi. Je ne dirais rien petite. Je baisse cependant la tête, admirant tout à coup le carrelage de l'hôpital. L'hésitation me gagne, mais ne reste pas longtemps.

-Je garderai ton secret promis. Mais avant, je dois briser ma promesse une fois. Une seule fois.

Je reste les bras ballants en plein milieu du couloir pendant quelques minutes puis tourne les talons et me dirige vers le bureau de Honda-sama. Une personne doit savoir au moins, on avisera ensuite ensemble de ce qui est le mieux à suivre. Mais tu te reconstruiras. Je te le promets ma belle. Et s'il le faut, je t'y aiderai.

Grâce à la coopération entre chaque Terraen, l'agitation causée par l'explosion fut finalement très bien gérée. Chacun apporta sa petite pierre à l'édifice ; certains se chargèrent de calmer les plus agités, d'autres s'occupèrent immédiatement de réparer, bien que de façon éphémère, le trou qui s'était creusé dans le mur, d'autres évacuèrent, protégèrent, et soignèrent les blessés. Chacun avait assumé son rôle avec courage et volonté. Tous s'étaient soutenus, entraidés, encouragés.

Une jeune adolescente avait été recueillie par un Master, et les autres s'étaient assuré qu'aucune menace ne pesait encore sur eux. Une fois que le périmètre fut entièrement sécurisé, il fut demandé aux élèves de regagner l'Institut, pour ceux qui s'étaient confinés à l'extérieur de son enceinte, et de retrouver leurs chambres.

Dans les jours qui suivirent, évidemment, les élèves furent remercié ; mais les psychologues libérèrent également davantage de créneaux, craignant une augmentation drastique de leur patientèle à cause de ce qu'il s'était passé.

Chez les Masters, plusieurs réunions allaient se mettre en place : il allait falloir gérer les répercussions de cet attentat, sur le monde mais aussi dans son enceinte, et renforcer encore davantage la protection de Terrae.

Mais dans l'ensemble, Terrae sortit fière de cette attaque menée contre elle. Tous avaient assuré, tous avaient fait de leur mieux ; et elle espérait, au fond de son âme, que cette explosion pourrait les rapprocher encore davantage, et non plus les éloigner comme ça avait pu être le cas par le passé...