• Prénom : Luna
• Noms : Vasconcelos da Cunha
• Âge : 23 ans
• Affinité et pouvoir : Terre Lunaire

     Luna est quelqu’un d’athlétique. D’une taille moyenne, 1m70, elle peut étaler d’un seul bras – comment faire autrement – pas mal de mecs plus grands qu’elle. Elle court vite, tape dur et fort, et n’est pas du genre à être impressionnée par qui que ce soit… Ou quoi que ce soit, ce qui ne va pas sans lui poser quelques problèmes, mais nous en reparlerons.
     En compétences sportives, qui occupent une part non négligeable de sa vie, on peut dire que Luna est une nageuse tout à fait correcte, pilote les motos avec une aisance rare – et dont le style contraste assez fortement avec son attitude générale ; posée et calme – et est amatrice de volley-ball. Certes aménagés, mais disons que sa condition a exigé une certaine créativité d’adaptation.
     À ce propos, Luna a une prothèse mécanique à la place du bras droit. Elle a perdu la main et environ un tiers de l’avant-bras. Mécanique veut dire dans les faits qu’elle a un mélange entre un crochet de pirate et un couteau-suisse : elle peut fixer sur l’embout situé au poignet une pince, un couteau de cuisine, une palme, une cuiller, une lime, un porte-gobelet – si vous saviez à quel point ça lui a été utile – ou divers outils encore. Il lui arrive de se balader avec une sacoche contenant ses « mains » interchangeables.
     Notez, elle était droitière. Et rien ne remplace une vraie main. Luna a donc dû devenir gauchère pour une grande quantité de tâches, dont écrire, ce qui fait qu’elle n’a pas une graphie très assurée ou très rapide.

     Vous savez, la chance est une qualité en soi, au même titre que le courage, la générosité, ou l’intelligence. Et Luna ne possède que trois des quatre. Sa scoumoune est légendaire, et une certaine partie de son anatomie est là pour le lui rappeler en permanence.
     Pour ce qui est de ses qualités, on peut dire que Luna est une personne assez conciliante. Pas qu’elle déteste le conflit, mais elle ne le considère pas comme bien en soi, et en règle générale, l’affrontement, ou même la compétition, l’indiffère.
     Elle aime bien aider les gens, et se montre souvent assez généreuse. Sa fortune personnelle n’a jamais fait qu’osciller entre la dèche complète et l’abondance momentanée, aussi Luna sait ce que vaut la solidarité dans les moments difficiles, et le bonheur que suscite le partage quand on a des moyens.
     Par corollaire, elle est dotée d’une capacité surhumaine à relativiser, et d’un flegme à toute épreuve. C’est une condition sine qua non de survie : quand pour des raisons totalement indépendantes de ses propres compétences, on échoue régulièrement quand-même à faire ce qu’on veut, il faut prendre la vie à la légère. Son livre de chevet serait les Pensées pour moi-même de Marc-Aurèle, si elle était une grande liseuse, ce qu’elle n’est pas vraiment.
      En fait, c’est quelqu’un de très posé et doté d’une bonne capacité à analyser les risques. Cela ne va pas l’empêcher de les prendre, mais elle va les prendre en pleine conscience, ce qui est différent de l’attitude d’un casse-cou irréfléchi.
     Pour le reste, il est bon de signaler qu’elle est assez peu portée sur le respect de l’autorité et du devoir en général. Enfin, ça n’en fait pas une rebelle non plus, mais quelqu’un qui peut tout à fait décider de ne pas suivre un ordre s’il lui déplaît. Évidemment, elle est athée. Luna a bien saisi que si Dieu existe, il ne peut pas la piffer, alors ça ne sert à rien de lui demander quoi que ce soit.
     Pour ce qui est du Vide, Luna a perdu son bras. C’est une expérience traumatique en soi, qui ne laisse pas indemne, et les blessures les plus importantes ne sont pas celles qu’on peut voir, c’est dire. Elle a toujours sa moto, et l’entretient, mais refuse de la chevaucher à nouveau, et le simple fait de mettre les pieds dans un véhicule terrestre lui fait horreur. Par ailleurs, bien qu’elle n’en laisse rien paraître, elle en a assez de risquer sa vie, mais ne pourrait pas supporter une existence bien rangée et cadrée. En somme, il y a un profond désaccord entre ce qui lui hurle son bon sens et ce qui lui dictent tous les autres, qui s’avère être intenable sitôt qu’elle y pense.

     Luna a des goûts simples. La bonne bouffe, l’alcool, qu’elle tient particulièrement bien, faire la fête, nager, faire du sport, les grosses voitures, les motos qui font du bruit, même si elle a totalement perdu le goût de les conduire, les flingues – elle est la détentrice d’un Taurus Model 85, petit revolver aisé à planquer partout –, et la mécanique en général. C’est pour ça qu’autant de ses options de mains sont des outils.
     Bien entendu, elle est aussi grande amatrice de jeux d’argent. Elle perd tout le temps, on s’en doute, mais ce n’est pas grave. Disons que ça la force à développer d’autres qualités de jeu, comme la mémoire, l’analyse de l’autre, le bluff, pour au moins ne pas se faire complètement rouler dessus.

     Luna naquit à Manaus, capitale du jiu-jitsu brésilien – bien que cette information ne soit d’aucune utilité ; elle n’en a jamais fait. Manaus est surtout une ville gigantesque de quatre millions d’habitants, un clou d’urbanisation enfoncé au cœur de l’Amazonie. À peine relié par la route au reste du pays, la seule manière de s’en déplacer est de prendre le bateau ou l’avion. En dehors du béton et de l’acier, ses habitants n’ont donc pour la plupart comme seul horizon que la jungle et le Rio Negro.
     Dans cette ville originale, évoluait donc Luna, dont on pourrait qualifier la jeunesse comme celle d’une grosse paumée de la vie qui ferait mieux de rentrer chez elle et de réfléchir à son avenir. Sous ses airs sages et réfléchis, Luna était plutôt quelqu’un de foutrement d’incapable de gagner sa vie dignement et de faire quoi que ce soit d’honnête de ses dix doigts. Ce ne serait pas problématique en soi si elle n’était pas née un vendredi treize sous une échelle en plein festival de destruction de miroirs du sabbat des chats noirs. Enfin, pas littéralement, certes.
     L’activité favorite de Luna, son principal gagne-pain en fait, était la course de moto. Illégale, bien sûr, organisée par des jeunes en manque de sensations fortes, des parieurs au noir, et servant de distraction à aux élites peu recommandables de Manaus. On s’en doute, Luna était une adolescente particulièrement indisciplinée, du genre à rentrer chez elle après trois heures du matin, les vêtements déchirés et les coudes et genoux en sang, suite à un dérapage mal négocié. On s’en doute, aussi, elle n’avait pas des amis très fréquentables, entre des pégreleux manaens, des parieurs, des habitués de casinos, des piliers de bars… Bien des fois, elle fut chargée de planquer de la drogue dans sa bécane contre rémunération.
     Ce qui devait arriver, on s’en doute, arriva. Après une course particulièrement dangereuse, Luna finit à l’hôpital, après un crash violent avec un camion, qu’elle pensait pouvoir éviter après avoir grillé le feu pour rattraper la première place. La perte de son bras droit signa la mort de sa carrière naissante, et les six mois qu’elle y passa entamèrent sérieusement ses finances et celles de ses parents. Elle voulut bien la remplacer par une prothèse mécanique, et se démena pour plutôt travailler au garage que tenait ses parents, mais ce n’était plus sa vie ; c’était celle de quelqu’un d’autre. Quand un master de Terrae vint la voir pour lui proposer de l’emmener ailleurs, loin de Manaus, Luna accepta sur le champ. Cela lui permit dans la foulée de ne pas avoir à payer certaines dettes qui lui auraient valu de finir dans le Rio Negro avec des semelles en ciment, alors ce n’était pas plus mal…

     Rien à signaler de particulier. Luna Vasconcelos est probablement à Terrae parce que c’est préférable que de se faire suriner dans une ruelle, mais elle n’est pas là que pour fuir quelque chose.