• Prénom : Isoshi
• Nom : Hara
• Âge : 23 ans
• Affinité et pouvoir : (élément + lunaire ou solaire) J'vous laisse le choix !!

    Un son. Une sorte de tonalité régulière qui me sorti lentement du sommeil. Un son simple mais pourtant si désagréable, si inquiétant. J'ouvris lentement les yeux et la lumière m'obligea bien vite à les refermer : l'éclairage était si fort ! Et ce son qui continuait inlassablement. Mes paupières se soulevèrent de nouveau et ma vue s'habitua lentement à tout ce blanc qui m'entourait. Je relevais lentement la tête, observant mes bras blafards et décharnés qui étaient posés nonchalamment sur le draps. Mon corps semblait dans le même état : cadavérique et étrangement longs… Dans mes souvenirs, mes bras me semblaient plus petits et moins maigres, comme mon torse d'ailleurs.

    Je tentais maladroitement de me redresser, mes muscles hurlaient de douleur ! J'avais l'impression qu'on me déchirait l'épiderme avec une lame en acier chauffée à rouge. Une voix rauque et cassée, similaire à celle d'un étranger s'échappa de ma gorge. Après un tel effort, je me retrouvais donc assis dans mon lit... Le son était toujours là, il m'accompagnait encore, se faisait plus discret par moment comme si je l'oubliais. Je passais ma main aux longs doigts fins dans mes cheveux, ceux-ci tombaient sur mon visage et mon dos, ils étaient incroyablement longs et toujours aussi noirs que dans mes souvenirs.

    Le bip sonore accompagnait mes pensées, c'était une sorte de mélodie qui était là pour moi… comme si elle avait toujours été là en fait. Tournant la tête par curiosité pour comprendre où j'étais, ce que je vis me terrifia : un miroir… L'objet en lui-même ne me dérangeait pas, mais le reflet de mon être me perturba énormément : un adulte au visage sévère me fixait. De grands yeux en amande avec de petites pupilles marrons, de très fins sourcils et des cernes presque noirs sous les yeux. J'avais même le menton couvert d'une fine barbe mal entretenue ! Enfin, il manquait par endroit de la pilosité car une longue balafre parfait de mon crâne, contournait mon oreille pour descendre jusqu'à mon menton, j'apprendrai plus tard que c'était suite à cette blessure que je ne me réveillais que maintenant. Pour l'heure, face à ce miroir se dressait un adulte, un homme avec un corps digne d'un film d'horreur aux allures cadavérique. J'étais incroyablement maigre et pâle. Le son devenait de plus en plus strident et énervant au fur et à mesure que mon esprit sortait de cette brume incompréhensible. N'ayant pas la force de me lever, je n'arrivais pas à dire exactement ma taille ou mon poids, mais le docteur me l’apprendrait bientôt : 1m75 pour 43kg... Par chance, ce poids augmenterait rapidement maintenant que je pouvais enfin m'alimenter mais il se stabilisera rapidement aux alentours de soixante kilos.  

    Tout ceci était perturbant, dérangeant et même inquiétant. Le bip de trop, le son de la machine m'emplit alors de rage, impuissant et ne pouvant la casser ou faire cesser cette tonalité, un autre hurlement s'échappa de ma gorge, alertant le personnel de mon réveil inattendu.

    Depuis mon réveil, la vie ne me semblait pas facile. Alité pour des raisons médicales, je n'aimais pas l'idée de dépendre des autres. Le pire ? C'était les repas : la nourriture n'était pas terrible, souvent fade et jamais de dessert digne de ce nom. J'avais tenté plusieurs fois de manipuler les infirmières pour avoir droit à quelque chose de mieux. Mais mes techniques de manipulation ne semblaient pas fonctionner. Je me souviens quand j'avais voulu utiliser celle qui marchait le plus avant avec les gens, l'infirmière m'avait juste répondu : voir un grand gaillard faire un caprice digne d'un gamin de cinq ans, ça n'a rien de mignon, alors tu manges ta soupe et en silence ! Dire que j'avais hurlé, pleuré et renversé mon plateau repas…

    J'avais tellement envie d'aller dehors, de prendre le soleil, de jouer ! Mon tricycle me manquait par exemple, même si de toute évidence avec mon nouveau gabarit, il me serait difficile de monter dessus. En attendant, je regardais des animés sur la télévision et je soudoyais parfois une personne pour un paquet de chips ou de bonbons qu'on pouvait obtenir dans un distributeur. Certaines infirmières avaient un peu pitié de moi et j'en jouais un peu pour obtenir des faveurs, parce que ouais, contre des chips ou du chocolat je n'ai aucun remord. Parfois, je restais juste allongé à fixer le plafond pour me morfondre sur ma situation… Je ne verrai plus jamais mes parents, je ne les entendrais plus jamais rire ou me disputer. Je ne saurai jamais non plus ce que ça fait que d'entrer au collège, découvrir mes premiers poils - si c'est une étape importante dans la vie d'un garçon ! - ou se sentir rebelle et mal dans sa peau quand on est adolescent. Quoique pour ce dernier point : j'étais mal dans ma peau… On m'avait dit avoir vingt-quatre ans alors que... pour moi, il y a quelques jours encore, je jouais à cache-cache avec la fille des voisins et on avait tous les deux sept ans.

    De ce fait, je réagissais encore beaucoup comme un enfant : l'impatience, l'envie de m'amuser, la naïveté… Mais c'était décuplé par un sentiment de frustration, celui d'avoir raté tellement de choses. Avant tout ça, je pouvais me montrer calme, raisonnable mais à présent, j'avais toujours cette impression d'urgence, comme si je devais avoir ou faire tout le plus vite possible. Pour en revenir à la naïveté, j'avoue : le docteur m'avait quand même bien arnaqué d'ailleurs ! Il m'avait promis un soda et une balade dans le parc si j'arrêtais de faire une scène et que j'acceptais de prendre mes médicaments. J'avais donc cessé de pleuré pour gagner un thé glacé et… un voyage jusqu'à une baie vitrée pour voir l'extérieur. Depuis, je réfléchissais à un moyen pour me venger et faire une petite farce à ce toubib ! Moi rancunier ? Pas du tout… juste je ne l'oublierai pas jusqu'à ma mort, il se souviendra qu'on ne se moque pas de moi !! En revanche, je détestais laisser trop de boulot aux infirmières, l'idée de les appeler pour m'aider à aller aux toilettes me révulsais ! Je ne voulais être un fardeau pour personne, elles étaient gentilles de m'aider, me soigner et me nourrir alors j'essayais de faire le plus de chose par moi-même. Au final, je leur ajoutais davantage de travail car elles devaient bien souvent me ramasser dans un coin parce que j'étais à bout de force…

    Ce que j'aime ? Les bonbons acidulés, le chocolat surtout les gâteaux et bien évidemment : les chips ! Si je pouvais me nourrir uniquement de chips, je le ferai !! Ouais, je sais : tout ceci ne révèle pas une alimentation saine… Et alors ? J'adore également les sodas. En revanche, les légumes c'est carrément pas mon truc ! C'est fade, pis c'est vert ! BEURK !

    Sinon, j'adore les animés et les mangas, je pourrai en mater toute la journée sans jamais me lasser. C'est bien simple : vous me filer un manga à lire et le monde autour de moi n'est alors qu'un lointain souvenir ! Par contre les livres… c'est long et chiant ! J'ai besoin d'images pour m'évader ! J'ai toujours été fan de casse-têtes et d'énigmes, j'aime me poser pour réfléchir et chercher des solutions, même si… ces derniers temps la patience n'est plus mon fort, malheureusement.

  Avant, enfin quand j'avais VRAIMENT sept ans. J'appréciais aussi l'humour, faire de bonnes blagues aux autres. En simple : j'aimais m'amuser et les responsabilités… ouais, ça c'était loin d'être ma tasse de thé sauf si c'était lié à ma sœur ! Quand je dis que j'aimais jouer, c'est VRAIMENT le cas ! Jouer à shifumi, jeux vidéos, jeux de société, j'adorais ça ! Même jouer dehors c'est l'éclate… bon on me regarderait bizarrement, parait que c'est étrange de voir un type de 24 ans jouer à la marelle ou à un deux trois soleil. Les gens sont trop sérieux, j'vous jure… Mais ça c'était avant, quand j'étais… insouciant et jeune, maintenant… je sais juste pas trop quoi faire pour m'occuper et bien souvent, j'ai envie de rien.

    Pour finir, j'aime pas trop l'école, rester assis ou écouter, c'est ennuyant. Le pire, c'est que je dois me taper plein de cours de rattrape ! L'angoisse !! je suis pas trop alcool, déjà car j'y ai jamais trop goutté et que j'y suis pas habitué. J'apprécie aussi de me faire de nouveaux amis, rencontrer des gens pour discuter et rigoler. Par contre, je ne supporte pas du tout mais alors vraiment pas qu'on se moque de moi ou qu'on me prenne de haut. Je peux même me montrer hyper rancunier dans ce genre de cas !

    Si j'ai une préférence entre les filles ou les garçons ? Sérieusement ? Bah... oui, j'aime bien les filles. Enfin elles sont un peu bizarres, elles aiment être bien habillées, se faire belle et c'est pas mon délire. Si j'ai déjà embrassé une fille ? Mais BEURK !! NON !!

    Aujourd'hui, j'ai huit ans, ça faisait seize ans que j'avais sept ans. Vous trouvez ça étrange ? Imaginez quand on vous l'explique à votre réveille. À peine étais-je sorti d'hibernation enfin du coma qu'on m'avait soumis à des examens physique puis psychologique sous la forme d'un interrogatoire. L'idée était, parait-il, de savoir si mon cerveau avait subit ou non des séquelles.

    Et bien certes… Je suis né à Kyoto, à Higashiyama pour être plus précis, le quartier Est de la ville. Alors non, je ne me souviens pas de ma naissance comme tout le monde d'ailleurs et j'imagine que ça serait probablement traumatisant à vivre et s'en souvenir. Bref, passons ces détails inutiles. Mon père était comptable dans une petite société, il aimait son travail même s'il y passait énormément de temps. Avant ma naissance, ma mère travaillait dans la bourse, elle était - disait-elle en tout cas - très douée pour savoir où et quand investir de l'argent pour y faire le maximum de profit. Enfin, elle ne me parlait jamais de ça car j'étais trop petit pour comprendre, je me souviens juste qu'elle le disait parfois à mon père pendant le repas pour se remémorer avec nostalgie son emploi. N'allez pas croire qu'elle regrettait d'avoir un enfant, mais parfois, j'imagine que le quotidien de maman au foyer… ouais ça ne doit pas être hyper passionnant non plus ! Ah oui, j'allais oublier, je me nomme Isoshi, c'est le prénom de mon grand-père qui est mort pendant la guerre, je ne l'ai jamais connu mais j'ai toujours été fier d'avoir le nom d'un héros.

    Comme tout gamin classique, j'intégrais l'école à mes trois ans. Je fis ainsi la découverte du véritable monde et de son horreur : les championnats du monde de la morve au nez, l'orchestre symphonique des pleures, le festival des caprices et le fight club des morveux du coin. Autant le dire franchement : j'aimais pas l'école, j'appréciais pas les autres et je détestais mon instit. Les autres gamins me gonflaient, sot ils braillaient trop, soit ils essayaient de se donner des airs de grands. Je préférai largement être dans mon coin, jouer avec ma console ou lire un manga plutôt que de jouer avec eux. Faut aussi dire que très rapidement, je m'étais pris la tête avec l'un des gosses les plus influents… on s'était disputé et battu pour une histoire de dessert et par manque de chance (et de débrouillardise), j'avais perdu le duel. Devenu ainsi la risée de l'école - tenter un coup de poing, se louper pour taper le plateau à la cantine et se prendre son contenu dans la face n'a rien de glorieux, vous en conviendrez - ça n'aidait pas à me faire des amis… DONC je préférai dire et penser que j'étais mieux seul. Mon dieu ce qu'on peut réussir à se mentir à soi-même, maintenant que je suis grand, mature et… ok, j'ai juste compris que j'étais con et un peu trop orgueilleux, changeons de sujet !

    L'année de mes quatre ans, j'eu la surprise et la joie d'avoir une petite sœur  ! Mes parents l'appelèrent Yui et me dirent que c'était à moi, son grand frère de veiller sur elle. L'idée que quelqu'un dépende de moi, que je doive protéger quelqu'un, me rendis incroyablement fier ! Maman me laissait lui donner le biberon de temps en temps et même une fois, j'ai voulu changer sa couche. Spoiler alert : j'ai vomis. Ino, la fille des voisins qui était venue pour voir le bébé, se moqua un peu de moi puis on s'est disputé, évidemment. Mais étrangement, ça noua des liens malgré tout entre elle et moi. À partir de ce jour, elle venait régulièrement me voir pour sortir et qu'on joue ensemble dehors : c'était ma seule amie.

    Ino et moi, on fit ce qu'on appelle les quatre cent coups ! En exemple, je vous citerai cette incroyable soirée où mes parents décidèrent d'aller au restaurant. Ino était invitée et elle emmena un sac à dos avec elle, dedans, elle avait préparé une tenue pour moi que j'avais enfilé en douce dans les toilettes pour revenir déguiser en fille. Devant ce spectacle et à cause de l'embarras, mes parents jouèrent le jeu à dire que j'étais bien leur fille. On avait tellement rigolé ce soir-là ! Les journées à l'école étaient plus agréables, Ino était apprécié par beaucoup d'élèves et ainsi, on ne m'embêtait presque plus. Juste quelque fois car, je jouais avec une fille, on me disait différent. Généralement, ça se soldait par une punition car je rentrais dans le lard de celui qui l'ouvrait trop en lui collant mon poing dans la figure. Yui grandit et dés qu'elle fut en âge de marcher et parler, elle rejoignit notre équipe. Je prenais mon rôle de grand frère protecteur très au sérieux ! Bon, parfois, j'avoue que je la martyrisais un peu, mais c'était si amusant !! Pis elle était encore plus naïve que moi, ce qui entre nous révèle une tare génétique dans la famille Hara, c'est pas explicable autrement.

    Et c'est durant l'année de mes sept ans que tout bascula. Mes parents désireux que j'apprenne à évacuer ma colère et que je ne me chamaille plus à l'école, m'avaient inscris à des cours de Karaté. Ça me faisait en effet du bien, j'apprenais la discipline des arts martiaux et je ne me battais presque plus à l'école. Mais c'est aussi cette idée qui causa notre perte... Mon père qui travaillait beaucoup et enchainait les heures de travail s'endormit au volant avec ma mère à côté, ma sœur et moi à l'arrière alors qu'on rentrait de mon cours de Karaté. Je somnolais sur la banquette et je me souviens juste de deux énormes sphères lumineuses que je vois encore parfois en rêve, enfin en cauchemar.

    Un tragique accident de la route. Notre voiture a dévié un instant de sa trajectoire, le chauffeur du camion en face n'eut pas le temps de réagir à temps pour mette un coup de volant et nous le percutions de plein fouet. Le choc, d'après les journaux et les médecins fut très violent. Notre petite voiture fut éclatée et écrasée sous le semi-remorque. Mes parents sont morts sur le coup et je fus écrasé sur la banquette par la portière de la voiture. Le siège bébé de ma sœur amorti en partie l'impact mais elle subit malgré tout de graves lésions, résultat, elle a survécu mais souffre d'handicapes physiques mineurs. Quant à moi, j'ai passé les années suivantes dans le coma, survivant grâce ou à cause de ce qu'on appelle : l'acharnement thérapeutique. En effet, mes grand-parents refusèrent qu'on me débranche et payèrent des sommes astronomiques pour qu'on s'occupe de moi. Les parents de ma mère tenait une société d'investissement et usèrent de toutes leurs finances pour mes soins ainsi que ceux de Yui.

    Je m'étais donc réveillé dix sept longues années plus tard, dix sept années que je ne récupèrerai jamais, dans un état d'incompréhension total. Mon corps avait grandit mais avec le manque d'activité physique, il était incroyablement frêle. J'avais pensé à un cauchemar mais non, la vie était mon unique cauchemar. La réalité et la perte de tant d'années, la disparition de mes parents aussi, tout ceci me semblait bien plus dur à encaisser que la mort. Par chance, les infirmières étaient gentilles, ma sœur vint rapidement me rendre visite même s'il me fallut un sacré moment pour comprendre et accepter que cette jeune femme qui marche avec une béquille est bien ma sœur. Ce fut ensuite l'arrivée de mes grands parents, la joie, la tristesse et le bonheur. C'est étonnant de pouvoir ressentir autant de choses en même temps. Certains diraient qu'un traumatisme comme ça vous change, vous oblige à devenir plus mature. Moi je ne trouve pas. J'ai  huit ans et j'ai un corps inadapté à mon âge. J'ai envie de jouer, de rire, de revoir Ino pour qu'on se déguise encore ensemble. Je voudrais juste reprendre ma vie où elle devrait en être, pas me taper la fin du film en m'étant endormi durant l'entracte. Je ne sais pas quoi faire, je souris à ma famille pour ne pas les inquiéter mais j'en viens même à jalouser ma sœur qui a une prothèse à la hanche, des broches dans les jambes et un poumon diminué parce qu'elle, simplement, elle a pu vivre durant toutes ses années. Affaiblie et triste, mais elle était témoin de sa vie alors que moi… Ino n'est jamais venue me voir, j'ignore ce qu'elle est devenue, sûrement une très belle femme, peut-être même mariée ou qui travaille dans une grosse entreprise. Pourquoi perdrait-elle du temps à venir voir le gamin qu'elle pensait mort depuis des années ? Qu'aurais-je à lui dire en plus ? Pas sûr qu'une parti de shogi la tenterait ni un cache-cache.

C'est avec cet état d'esprit que je m'apprêtais à quitter l'hôpital : une boule d'angoisse dans l'estomac, un vide incommensurable dans la tête et le ventre. Heureusement, les séances de rééducation avaient le mérite de m'empêcher d'y penser et la douleur ainsi que les efforts que j'y ressentais me lessivaient pour le reste de la journée. Enfin capable de marcher et me débrouiller seul ou presque, il était donc temps de rentrer chez moi. Même si cette expression n'avait aucun sens pour moi. Où était-ce mon foyer ? Chez mes grands parents ? Je les aime mais… ce n'est pas chez moi. Et c'est sur le seuil de la porte de l'hôpital que je rencontrais une personne qui me parla pour la première fois de "Terrae". Me disant que là-bas, j'apprendrai à vivre et passé outre ce vide ignoble que je ressentais. Qu'on m'enseignerait aussi bien d'autres choses incroyable dont je ne soupçonnais même pas l'existence. En contrepartie, cette personne m'expliqua que je devrais aussi prendre des cours pour me remettre à niveau vis à vis de ma scolarité. J'ignorais si je pouvais croire ces belles paroles, mais je ne savais pas où aller ni qui devenir… je n'étais qu'un gosse à qui on avait volé son enfance, son innocence. J'aurai pu monter dans le vanne d'un détraqué sexuel que ça aurait été pareil, mais au final : que pouvais-je perdre de plus ? Quelques années de plus dans le coma ? Mourir ? Franchement, je n'étais plus à ça près.  

    À peine arrivé dans ce nouveau lieu où on m'avait promis monts et merveilles qu'on m'envoya voir un psy. Assis en face d'elle, j'en vins rapidement à lui dire que : je ne comprenais pas le sens de ma vie, je ne voyais pas quel but je pourrai me fixer. Je ne savais pas quoi faire, je n'avais envie de rien. C'était comme si toutes ces années à dormir avaient fini par avaler mes émotions, mes motivations et mes rêves. J'en voulais aux autres, non pas d'avoir eu une enfance joyeuse ou d'avoir leurs parents, juste d'avoir vécu, d'avoir de l'expérience. C'était de la jalousie, je ne voulais aucun mal à qui que ce soit.

    J'en vins rapidement à parler d'idées noires, à me questionner sur mon existence, à dire qu'il aurait été plus simple que je meurs ce soir là sous le camion. La psy me dit que ça s'arrangerait, qu'il me fallait un letmotiv et du temps pour réapprendre à vivre.