• Prénom : Beckett
• Nom : Campbell
• Âge : 18 ans
• Affinité et pouvoir : Tonnerre Solaire

Vous auriez pu croire qu'un labrador plutôt grand pour son espèce vient de surgir sur votre sentier, recouvert de terre et de feuilles, mais non, ce n'est que Beckett qui sort des fourrés, un large sourire au visage, le regard vif, la truffe humide et le poil lustré; tous les signes d'un jeune homme en pleine santé. Avant même que la surprise ne se dissipe, le voilà déjà parti.

Aux premiers abords, il ne paie pas de mine, peinant à dépasser le mètre soixante-quinze, à l'allure de cool kid qui passe ses week ends dehors. Ou de délinquant, pour les sexagénaires, même s'il mérite cette appellation. Athlétique, sous ses vêtements larges, basiques, souvent seconde main. Chemises et Tshirts, pantalons abîmés par son gout pour les mésaventures, Docs du daron, ... La mode se résume à ce qui lui tombe sous la main, de pas trop cher ou de récupéré, et de confortable.
Son atout pour le reconnaître ? Les blessures, les traces du sol, sur sa peau claire, sur sa veste en jean, ses genoux, son pantalon...
Tout ce qui compose l'individu sont marqué par son tempérament, et ses hobbys : parkour amateur, skate, bastons, explorations...
Même ses cheveux marrons foncés, essentiellement coiffé par son oreiller, démontre à quel point il est désorganisé et peu soucieux de son apparence. Effort minimum, et pourtant, ça passe. Tant qu'il s'habille avec des vêtements propres, on est content.
En dehors de cela, l'échevelé détonne par son regard intense, et un sourire plein de malice retenu avec difficulté. Est-il en train de manigancer quelque chose ? Sûrement.

Ce qui frappe, c'est son honnêteté. Ce sont ses poings aussi, mais une chose à la fois; Beckett ne passe pas par quatre chemins, dit ce qu'il pense, en même temps qu'il le pense. Tant pis si cela ne plaît pas ou dérange, il refuse tout simplement de mentir. Prétendre ne l'intéresse pas, et il se présente tel qu'il est, qualités et, surtout, défauts compris.  Le naturel. Posez une question, et il y répondra le plus purement proche de son ressenti possible. Tout. Il n'attend pas qu'on lui retourne cet effort, mais qu'il apprécie chercher les défauts dans le masque que les autres arborent.
Il suit son instinct, à s'en demander s'il a de la raison quelque part, ne serait-ce qu'un peu de logique. Tantôt exubérant, tantôt las, il élabore sa journée et son humeur au fil de ce qui lui vient à l'esprit, entraînant si le cœur lui en dit le premier venu dans ses aventures. Ces dites escapades valent au jeune homme toutes ses réputations : inconscient, délinquant, sauvage, élève sans espoir... C'est le prix de l'audace, de l'insolence, de la défiance, le besoin pesant de s'enfuir loin d'un présent médiocre et d'un futur fatidiquement morose. Alors il grimpe aux arbres, aux murs, se sert, agis et réfléchis ensuite, court et se jette dans la mer tout habillé, porté par ses pulsions et ses émotions.
Ses émotions portent aussi ses poings dans le visage d'autrui. Il ressent, et son corps l'exprime, parfois sans préavis. Il n'est pas rare qu'il se fasse pas mal d'ennemis. Parfois, frapper quelqu'un, ça extériorise plus. Ce n'est qu'un autre type de conversation, un dialogue physique. Un où il n'a pas mettre un mot sur ce qui le tourmente, lui laissant plus de temps de faire comme si de rien n'était.
Et après, c'est comme si de rien n'était. Il rigole et discute comme s'ils ne venaient pas de s'éclater la tronche l'un l'autre, détendu, proposant une clope, tranquille.

Imprévisible certes, mais un bon gars. Un chic type qui viendrait vous aider au milieu de la nuit, vous rejoindre pour pas que vous vous tapiez la honte tout seul, aller avec vous à une fête pour pas que vous soyez le seul parmi des inconnus. Toujours prêt à aider, à se trouver dans toutes sortes de situation, à vous tirer vers le haut et vous pousser à faire ce que vous voulez véritablement faire ou proposer des conversations sans queue ni tête, ponctuée d'humour pince sans rire. Il s'intéresse aux autres énormément. Il préfère penser aux autres, se préoccuper de quelqu'un d'autre que lui.
Il n'est pas sans insécurités lui même, qu 'il cache, lorsqu'elles reviennent l'assaillir, sous du cynisme ou par un élan d'imprudences.  Il sous-estime ses propres compétences ou son impact sur les autres, il hausse les épaules, regarde ailleurs, se renferme. Potentiellement propose de faire un truc autre que parler, que de recentrer son attention sur lui et tout ce qu'il l'empêche d'avancer.
Entre ces deux extrêmes, il reste turbulent, aux aguets pour sauter sur la première distraction venue, mais gérable. L'optique de rester avachi sur un canapé, téléphone en main, ne lui déplaît pas tant que cela ne constitue pas l'ensemble de sa semaine. Tant qu'il peut spammer des memes. Vous pourriez, sans le savoir, vous faire troller sur vos forums par Beck lui même.

Plonger dans une eau froide
La fatigue après une course intense
Faire de la trottinette avec le caddie du supermarché
Faire une course de caddie dans le parking du supermarché
Rester debout tard le soir, se lever tôt le matin et trainer dans son lit, café, thé et nicotine, les plages sans touristes et les plaines vides d'Islande, jurer, tester les limites des règlements, les fêtes, croiser de nouvelles têtes, le fastfood, déconcerter ses interlocuteurs tout en gardant son sérieux, les mmorpg ou meuporg comme on dit dans le milieu, ne pas rentrer chez lui, les memes, les films, mention spéciale pour Phantom of the Paradise, les tempêtes, les bons de réduction, les happy hours et les 2+1 gratuits, la musique des années 80, apparaître dans le fond des photos des autres dans une pause fabuleuse, prendre son temps, les soirées take away film canapé à moitié enroulé dans une couverture, appeler les gens par leur nom complet comme s'il était le méchant d'un vieux film, caché au détour d'un couloir, chanter sous la douche comme s'il était seul, chanter sous la douche avec d'autres gens, les livres avec plus d'images que de texte, remettre en cause l'autorité.

Tous sauf être enfermé, coincé, impuissant, réduis au silence, Les températures élevées et l'air moite. Pas de chance pour lui, l'été au Japon c'est un enfer. Too bad, il vivra une saison sur quatre dans le lac.

Beckett est originaire d'Islande, ce bout de terre apocalyptique glacial et plein de lave, de vastes étendues de rien. Il y a grandi jusqu'à ses dix ans, avec ses deux parents. Rien n'arrive à la cheville de sa terre natale, même pas Londres, qu'il arpente depuis son déménagement, depuis que maman est partie, parce qu'en fait, la vie de famille ne lui plaît pas. Là, elle est au Canada, après avoir fait le tour des Etats-Unis. Elle envoie des cartes postales à chaque nouvel arrêt.

Certes, il fait moche au Royaume Uni et ça lui plaît. Mais il n'y a que de la ville. Il y a trop de gens. Les camarades de classe se moquent de son anglais, puis une fois qu'il est correcte, de son accent. Le jeune garçon ne se sent pas bien et n'aime pas cette boule au ventre qui commence à le suivre où qu'il aille. Son père rentre tard du travail et s'endort sur le canapé lorsqu'il essaie d’articuler son mal-aise. Il y a de pires soucis que les siens, il se dit, et le laisse se reposer.
Au collège, on lui propose une cigarette. Il accepte. La nicotine ne lui plaît pas plus que cela, mais il devient un habitué de la fumette au coin du bâtiment, avec les élèves à problèmes, certains plus âgés que lui. Ils ne perdent pas de temps à donner une bonne impression d'eux mêmes et vont droit au but, et cette optique lui plait. Il l'adopte, la peaufine. Trop, même.
La nicotine n'a pour lui qu'un goût passable. C'est lorsqu'elle est combine au gout du risque qu'elle réveille Beckett, qu'elle chasse sa boule au ventre temporairement : ses soucis quotidiens sont infimes face à ceux qu'il risque.

Bien sûr, ils se sont fait prendre ! Punitions, renvois, regards noirs dans les couloirs de certains professeurs après ses récidives... Beckett se prend au jeu.
Ce frisson lui donne l'impression de vivre, à défaut d'être assis sur un banc d'école à attendre de devenir utile à la société, ce qu'il est convaincu de ne jamais parvenir.
Il provoque le corps enseignant, questionne ouvertement pourquoi l'ensemble de la classe perd son temps si ni le professeur ni les élèves veulent être là. Dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, en plus de fumer dans l'école, faire du skate dans l'école, rentrer en classe par la fenêtre si l'envie lui prenait n'arrange ni son cas, ni la relation avec son père.
Plus la liste de méfaits de Beckett avance, plus elle pèse sur les épaules de son père, qui tente tant bien que mal de retrouver une vie respectable, économiquement stable et de gérer les débuts d'une vie amoureuse qui revit après des années de solitude.
A chaque mauvaise nouvelle, il contient sa colère et sa peine dans un "Je refuse d'en parler plus longtemps !" . Sauf qu'il n'a jamais pris le temps pour parler avec lui.
Son fils est une racaille, un vaurien, pour reprendre les mots de sa mère. Elle ne cache pas son dégoût pour ce bon à rien, qui comme sa mère, profite de la bonté de son garçon et ruine sa vie.

- J'abandonne, Beckett. Si tu tiens tant que cela à lui donner raison, vas-y ! J'ai fait tout mon possible !

Beck sent son ventre se torde un peu plus, et hausse les épaules, fixant son regard sur la télé. Peut-être que s'il se concentre suffisamment sur un pixel, sa tristesse se lasserait et s'en irait.

Les méfaits sortent rapidement du cadre scolaire. Accident entre caddie et voiture sur le parking d'un supermarché, ébriété sur voie publique en groupe suivi d'une course poursuite intense, vols à l'étalage, bagarres... Rien ne le retient.
D'ailleurs, c'est tout ce qu'on retient de Beckett Campbell.
On ne retient pas le fait qu'il aide les anciens de son quartier en faisant leurs courses et qu'il passe du temps avec, mais qu'il a séché des cours à la place. On ne retient pas qu'il a cherché le moyen le plus original pour remonter le moral de son amie avec cette course de caddie, mais l'accident qui n'a que griffé une voiture. On retient le coup de poing qui est parti dans la figure de son demi frère -oui, Campbell senior a conclu l'affaire entre temps !- mais pas que ce blanc bec arrogant l'a cherché avec son squad à la récré. Campbell senior n'a pas apprécié qu'on touche aussi violemment à son nouveau fils. Peut-être que cette boule au ventre, à ce rythme là, est une tumeur.

Il finit par se faire exclure de l'école à tout juste 17 ans suite à cela. Déception dans la voix du daron. Encore.
Il ne lui restait qu'un an pour avoir un diplôme ! Le strict minimum qu'il attendait de lui à ce stade, valider le cursus scolaire ! Tragédie, enfant ingrat qui lui doit tant et qui ne cherche qu'à le peiner, quand il s'est voué depuis leur emménagement à gagner de l'argent pour permettre à son fils de faire de bonnes, de vraies études.
C'est vrai. Il s'est tué au travail pour parvenir à leurs besoins, et ses détours case "prison" coûtent de plus en plus cher au porte monnaie de la famille et à sa propre réputation familiale. Un pilier économique, certes. Mais il n'a jamais demandé si c'était ce qu'il voulait dans la vie. Alors il aurait su qu'il n'avait aucune idée de ce qu'il voulait faire, et surtout qu'il ne se voyait même pas avoir un futur, encore moins en mériter un.

Il cherche alors des offres d'emplois à sa portée, pour alléger sa dette envers lui.

***

Quelques mois après, son père l'emmène avec toute la nouvelle petite famille au barbecue de sa compagnie, avec quelques réticences. Beckett promet d'être sage, et de ne rien dire s'il estimait que son interlocuteur ne pouvait pas supporter la critique ou la vérité.
Il n'a pas l'air plus rassuré.
Il n'avait jamais vu son père aussi fier. Il n'avait jamais autant exprimé à quel point la direction qu'avait prise son fils le décevait. Ses collègues venaient et lui serraient la main, ravi d'enfin rencontrer le fameux Beckett dont ils ont tant entendu parlé, le jeune prodige qui a sauté une classe, maintenant en ingénierie. Spécifique, et à des années lumières de sa situation. Un beau mensonge. Beckett était figé, moite et sans aucune contenance ; il se sentait littéralement vidé de toute matière, comme si un trou noir aspirait son être de l'intérieur. Le regard craintif et suppliant de son père l'achève. Trop d'émotions le submerge. Il panique. D'habitude une force inarrêtable, le voilà immuable. Le temps semble différent, l'espace plus étiré, l'attraction terrestre lourde. Il a l'impression d'observer la scène d'un point de vue qui n'est plus le sien, de ne plus appartenir à la même scène, vidé.
Il a forcé un sourire et serré la main de l'homme, puis a pris tout un plateau du buffet avant de sortir de la maison.

Il réalise qu'il est dans le métro, six arrêts après son arrêt habituel. Il sort à la prochaine, sans véritablement capter qu'on le fixe, lui et sa pile de sandwichs à la salade d’œufs. Il finit par reconnaître le quartier et s'affale sur un banc, plateau à coté de lui. A un certain point, il a croisé un de ses potes qui l'a emmené avec lui, tiré, poussé parfois. C'était épuisant de devoir faire attention à ce qui se disait. Rester debout. Feindre un sourire. C'est bien uniquement pour cela qu'il rentra chez lui, dernier endroit au monde où il voulait aller.

Au travail, c'est pire encore. La concentration n'est pas là, mais il se remet du vide. Il s'y habitue. Il découvre les memes nihiliste.

- Où sont mes frites ?!

Ah, oui, la petite dame et son complexe de supériorité. C'est vrai, il est au travail. Il pose ses yeux sur son plateau et ouvre la bouche, mais elle refuse d'entendre son excuse toute faite.

- Ca fait trois fois que je reviens ! Vous vous foutez de ma gueule là, c'est pas compliqué ce que je vous ai demandé quand même !

C'était simple, et non il n'y était pas arrivé. L'envie de disparaître montait en flèche, jusqu'à ce que la cliente verse une larme. Puis une autre, et qu'elle ne lui fasse plus face, soudainement triste.

- Je.. Je vais vous donner vos frites, vraiment désolé.

Mood. Elle mérite deux paquets de frites.

***

Beck repense à la cliente de la veille, et espère que ça va quand même mieux pour elle, avant de remarquer des éclats lumineux sur la machine où il avait sa main posée, qu'il retire aussitôt. Mais elles reste sur sa main, sans lui faire mal, et il l'essuie sur son Tshirt comme si ça allait arranger les choses. Lui, à un de tension ? A peine !

- Dude, on va mourir un jour à cause de ces appareils... Ça commence à faire des étincelles ce truc, je suis pas rassuré.

Ces machines étaient déjà compliquées à utilisée, vieilles et pleines de défauts... Ses collègues s'étaient déjà brulés plusieurs fois !
Il remarque un client, ces fameux qui arrivent 5 minutes avant la fermeture pour les empêcher de rentrer tôt.
Ce sera quoi ?
Un allé pour Terrae ?
Beckett l'écoute, suspicieux tout le long. Des pouvoirs ? Lui ? Sympa.
Hm. Et avec ça ? Coca, fanta.. ?
Non, il ne voulait rien à manger. Ce n'était pas une blague. Le jeune homme le dévisage longuement, ayant étrangement envie de le croire. Cela lui offrait un avenir un peu plus intéressant que finir manager chez Domac. Il hoche la tête; en rentrant, il fait ses valises.

Il a définitivement des choses à raconter, mais il ne se sent pas encore à l'aise à l'idée d'en parler; il reste vague quand au Vide, la boule au ventre qui a précédé pendant plusieurs années, mais semble apprécier la conversation.
Il présente une tendance auto-destructive et un penchant au nihilisme prononcé, qui ne semble inquiétante pour sa propre sécurité, et ne figure pas être une menace pour autrui, tant qu'il  n’entraîne pas des personnes trop influençable dans ses dérives. Il faudra d'autres rendez vous. Il n'a pas l'air réticent à l'idée de revenir, cela arrange les choses.