__-Y’a pas à dire, c’est quand-même plus facile la vie quand on est à plusieurs.
__-Dire quelque chose de plus convenu que ça ? C’est un défi ? Attention hein, je pourrais vous prendre au mot.
__-Non mais, je veux dire. C’est une considération plus pratique qu’elle n’en a l’air. Je suis gérante d’un bar, vous vous souvenez ? Concrètement, j’avais aucune idée de ce dans quoi je me lançais, et d’ailleurs, ce n’était pas du tout prévu que je me lance dans quoi que ce soit. Mais quand l’ancien patron s’est barré et a laissé les clefs dans les mains de sa seule employée en mode « bisou bonne chance », bon ben qu’est-ce que vous vouliez que je fasse. J’avais trouvé un emploi, j’étais devenu un membre productif de la société, j’avais arrêté d’être un déchet végétalisé, il allait falloir se battre pour que ça continue comme ça.
__-Sauf que, me battre ça va je connais à peu près, prendre ma vie en main, tout de suite, beaucoup moins. Mais comme les gifles que t’envoie la vie saveur « ah au fait t’es une adulte maintenant » ça vole en escadrilles, je suis maintenant la grande-sœur adoptive et le modèle d’adulte le plus sain de Pricie.
__-Alors déjà oui c’est chaud pour elle.
__-Mais en attendant, pour me motiver, tu fais difficilement mieux. Il y a trop en jeu. Rien ne peut s’effondrer, sinon tout suit avec. Et j’ai moyennement envie de redevenir le déchet que j’étais il y a quelques mois.
__-La pression ? En vrai, pas tellement. Quand on gère et que avec les responsabilités vont beaucoup de bonheur, tout se passe beaucoup mieux.

__-Mais pour arriver à gérer proprement, il faut le faire à plusieurs. J’ai déjà une employée, mais ce serait encore mieux si j’avais une troisième personne. C’est à dire que, petit tour du bar pour que vous saisissiez bien dans quoi vous foutez les pieds. Quand je l’ai reçue, c’était l’établissement bien connu, présent à Terrae depuis des années, avec ses habitués.
__-Et puis, comme c’est quand-même moi qui suis à sa tête, il a maintenant deux éléments qui le différencie des souvenirs que les anciens en ont.
__-Un, il y a beaucoup, mais alors, beaucoup plus de plantes. C’est que, j’ai été une espèce d’ermite de la forêt pendant facile six mois (sauf que c’était dans les dortoirs des filles), du coup je ne peux pas ne pas laisser de plantes un peu partout où je passe. Typiquement, allez voir celles qui y ont logé au moment de mon départ, elles ont toute plusieurs plantes chacune dont j’ai dû me débarrasser. Mon appart’ c’est pareil, c’en est plein – avec notamment mes plants de cannabis. Et du coup, ben au bar, il y a des plantes grimpantes, des plantes en pot, des murs végétaux. Ça ressemble beaucoup plus à quelque chose d’entretenu qu’à la jungle bordélique que j’ai pu habiter, notez.
__-Deuxième élément, la terrasse où on peut fumer la chicha sur des canapés à l’ombre des arbres. Comment je me suis lancée là-dedans ? Longue histoire, qui peut être résumée en : je traînais sur le subreddit r/hookah, un Tokyoïte qui vendait sa collection de narguilés l’a annoncé dessus, et du coup je lui ai tout acheté avec la caisse du bar. Quand la vie te donne des citrons, fais-en un arôme de tabac.

__-Mais du coup, j’ai quand-même besoin de quelqu’un en plus. Parce qu’un bar, surtout quand il est aussi grand, ça demande pas mal d’entretien et il y a beaucoup de clients. Et j’aimerais pouvoir finir mes journées autrement que sur les rotules.
__-Du coup, l’annonce que je recherche quelqu’un est toujours là.
__-Et il y a des signes qui trompent pas. Genre là vous voyez, c’est l’ouverture, j’ouvre la porte – pas besoin de rideau de fer à Terrae, les seuls voleurs qui ne seraient pas grillés direct se foutraient bien d’une protection aussi dérisoire – et juste derrière, une nana. Grande, bien roulée, sapée comme il faut pour pas avoir froid et être confortable sans débourser beaucoup de thunes. Tout à fait mon style.
__-Mais on va essayer d’être professionnelle pendant au moins les trente premières secondes. Surtout que, j’ai l’impression de voir qui c’est. Ou du moins qui est son frangin.
__-« Salut. Tu viens pour l’annonce d’emploi ? »
__-Personne se pointe comme ça devant un bar tout seul si tôt pour autre chose que ça. Et le fait que moi-même et Katsuyo ayons été recrutés à la fermeture n’invalide en rien ce raisonnement.

Kaiko n’en pouvait plus. Au début, l’inactivité était appréciable, comme de vraies vacances prolongées sans penser boulot. Ça lui rappelait les vacances d’été, au lycée, quand elle faisait l’effort de bosser dans l’année pour éviter les cours de rattrapage, elle pouvait alors faire tout ce qu’elle voulait de son temps. A Terrae, son temps c’était alors s’occuper de sa voiture, animer un peu les dortoirs des filles avec des soirées pyjama/Ghibli,… Mais au bout d’un moment c’était affreux. Elle sut qu’elle avait atteint le point terrible de la branlitude quand, assise sur un banc, elle donnait des morceaux de son sandwich pour nourrir les pigeons. C’en était trop. C’était insupportable. Il fallait qu’elle trouve un travail. Ou deux. Ou trois même ! Elle s’en foutait, ELLE DEVAIT S’OCCUPER.

Bien consciente de ses qualités et de ses faiblesses, elle avait épluché les annonces à la recherche du bonheur et s’étonna elle-même de sa motivation subite quand elle vit que le bar de Terrae avait besoin de mains. Pour faire du service ? Pour préparer des cocktails ou des plats ? Si vous saviez à quel point elle en avait rien à foutre ! Elle a des mains non ? So let’s go ! Kaiko se rendit donc au bar, sans s’apprêter plus que d’habitude -autant être naturelle quand on bosse dans ce milieu nan ?- armée de sa détermination et de son plus vif sourire. Certes elle était bourrine dans l’âme, mais nettement moins maladroite que Senri et toujours avide d’apprendre, et puis sa sociabilité pouvait tout surmonter.

Un peu en avance, elle attend devant l’établissement et en profite pour fumer. Le coin est vraiment sympa, rien que de l’extérieur. Les canapés sous les arbres et les différentes plantes forment un cocon qui se démarque par rapport au reste de la rue ; c’est comme si ça annonçait déjà l’entrée dans un autre univers, un portail vers la jungle à l’intérieur qu’on pouvait qu’apercevoir de dehors. Azy, ce bar en fait, c’est le monde dans Ni no Kuni en fait. C’est sur cette remarque pensive de Kaiko que la porte s’ouvre.

Kaiko écrase son mégot dans un cendrier avant de se tourner vers ce qui doit être soit la patronne, soit une employée au minimum. Elle sourit de toutes ses dents en répondant joyeusement. :

-Salut ! Et ouais c’est bien ça. Kaiko Yamada.

Au lieu de se pencher à la mode nippone pour être polie -ce qui l’a toujours emmerdée de toute façon-, elle tend sa main pour serrer celle de la jeune femme. :

-Je suis garagiste, ‘fin, bricoleuse, de base, mais j’aime rendre service alors quand j’ai vu que ça faisait un moment que l’annonce était là, j’ai voulu aider.

Autant être franche d’emblée, surtout qu’elle ne savait pas exactement dans quoi elle se lançait.

__-Elle me tend sa pogne.
__-C’est toujours un moment compliqué pour moi, ça. Et si elle veut bosser pour moi, il faut qu’elle comprenne dans quoi elle met les pieds tout de suite. Du coup je la lui sert, avec ma main biomécanique.
__-« Luna, enchantée. Elles mordent pas t’inquiètes. Mes plantes, je veux dire. Ça m’est arrivé de porter des carnivores sur moi, mais rares ont une structure appropriée pour servir d’os et de muscle. Et comme ça, tu comprends pourquoi j’ai besoin d’un bras droit. »
__-Voilà voilà. Non mais le vrai test d’embauche, c’est pas d’avoir affaire à une handicapée, c’est d’arriver à subir mon humour de merde.
__-« On a déjà dû te le dire à chaque fois que t’as croisé quelqu’un, mais je connais ton frangin. »
__-Enfin, je le connais, c’est vite dit, mais ça reste une approximation assez correcte. Il m’a déjà vu pratiquement à poil, notez, mais ce n’était pas vraiment volontaire. J’espère que ce n’est pas une télépathe, notez, si elle lit mon fil de pensée en ce moment, elle va juste avoir envie de se barrer en courant et je la comprendrais bien trop pour la retenir. Enfin, je ne me souviens pas l’avoir vu dans l’aile des Terres.
__-Bien, les salamalecs et moi qui fais n’importe quoi ça c’est fait, on peut passer aux choses sérieuses. Elle veut bosser ici. Ben écoute, moi je dis oui.
__-« Ouais, carrément. Tiens, entre, ce sera mieux si je t’explique depuis l’intérieur. »
__-« Alors du coup je t’explique, pour l’instant j’ai une seule employée, du coup jusqu’ici on faisait tout toute seules, de l’ouverture à la fermeture. Il y a le comptoir qui doit tout le temps être tenu et il me faut des serveurs pour le bar lui-même et pour la terrasse. Généralement c’est moi qui m’occupe de celle-ci vu que, ben, sauf si t’as la moindre idée de comment fonctionne un narguilé tu vas avoir du mal. Y’a les cocktails qui fonctionnent bien aussi, mais c’est pas vraiment notre spécialité. Si tu veux te lancer là-dedans, tu demanderas à Katsuyo. »
__-Qui arrive généralement plus tard, vu qu’il lui arrive de faire la fermeture à ma place. C’est que, j’ai une vie de famille maintenant et c’est un peu pour en profiter que je recrute.
__-Et je le note dans un coin de ma tête, garagiste, c'est top ça. C'était quand-même mon occupation première avant Terrae. Et surtout avant de n'être plus que les neuf dixièmes de moi-même.

La femme tend sa main. MAIN DE MÉTAL ! OH BORDEL C’EST TROP COOL !!! Kaiko la serre aussitôt, un sourire immense sur son visage de fangirl. Elle n’ose pas tirer son bras pour observer le mécanisme de plus près mais elle ne peut pas s’empêcher de s’exclamer. :

-ÉNORME ! Comme dans Fullmetal Alchemist !

Et puis Luna se présente, lâchant une blague que Kaiko comprend qu’à moitié, avant de réaliser qu’elle parle des plantes qui se sont immiscées dans le métal de sa prothèse. :

-Ah ! Merci. J’ai eu une sale histoire avec des orties une fois… J’les arrachais du fond du jardin et puis toute la famille s’est ramenée pour me poutrer à coup de feuilles qui piquent. Faut imaginer des orties de deux mètres en train de gueuler « Mange tes morts ! », sinon c’est moins épique. Mais à part ça, j’ai que des bonnes expériences avec les plantes vertes.

Est-ce que c’est une insinuation ?... Non. Kaiko n’a pas réalisé ce qu’elle venait de dire, Luna a enchaîné en disant qu’elle connaissait Senri. Le visage de Kaiko se tord, un mélange d’inquiétude et de dépit. C’est qu’elle a l’habitude qu’on lui parle de son frère, souvent pour lui raconter les conneries qu’il a pu faire ou dire et elle se sent à chaque fois obligée de s’excuser en son nom. Sauf que Luna n’a pas l’air d’avoir eu une mauvaise rencontre… TANT MIEUX. :

-Ouais ! Senri ! On a la même poigne, t’as remarqué ?

En admettant que Luna puisse faire la différence entre deux poignées de mains avec son bras de métal, QUI reconnaît QUELQU’UN à sa façon de serrer la main ?! …Kaiko mesdames, messieurs et mesneutres. Luna enchaîne et l’entraîne à l’intérieur. Elle explique qu’elles ne sont que deux pour gérer l’établissement. Luna s’occupe le plus souvent de la terrasse à cause des narguilés. Kaiko lâche un rire. :

-Aucune idée de comment ça fonctionne ! J’étais du genre à laisser les copains s’occuper de la partie chiante et à profiter après. …et pis ça doit bien faire dix ans qu’elle a pas touché à l’un de ces engins. Je connais pas trop les cocktails non plus,… mais je suis un catalogue à bières si ça peut aider.

Elle note mentalement : causer avec Katsuyo pour s’échanger des astuces de serveuses. Goude.

__-Comme dans —
__-« T’es en train de me demander de te montrer ma jambe ? »
__-Oh misère.
__-« Elle est normale, mais a d’autres qualités. »
__-Voilà voilà.
__-Ceci dit, si la sœur de Senri est ne serait-ce qu’à moitié comme son frère, l’allusion va lui passer un kilomètre au-dessus. Et en fait. Je ne sais pas si je préfère. Huh.
__-« T’as de bonnes expériences avec les plantes vertes. »
__-Attendez. J’ai l’impression de revivre une de ces scènes où je suis avec une nana et on fait toutes les deux des allusions qui seraient très claires pour un observateur extérieur, mais ne le sont pas pour nous deux. On va voir comment ça évolue.

__-C’est quand-même la sœur de Senri, ça y’a pas de doute. Reconnaître quelqu’un en fonction de sa poigne, on dirait un truc de shônen, ce qui fait qu’il n’y a que quelqu’un comme lui – et donc comme elle – pour dire ça. Notez, je dois être une des seules personnes au monde que qui que ce soit pourrait reconnaître à sa seule poigne.
__-Après, un bon point, elle sait ce qu’est un narguilé et en a déjà manipulé. C’est déjà mieux que pas mal de mes clients, qui n’en avaient jamais vu ou seulement dans des films ou des séries. Je laisse toujours un petit dépliant pour expliquer comment s’en servir quand j’en sers un, mais c’est quand-même mieux si les explications peuvent venir de la bouche de quelqu’un. Forcément le genre de trucs que je ne peux pas me permettre de faire si je dois déjà abattre pas mal de boulot à côté.
__-Un autre très, très bon point, c’est qu’elle s’y connaît en bières. Et ça c’est tant mieux, parce que moi, en vérité, pas tellement. Je veux dire, je m’y connais en jus de chaussette, en liquide pour déboucher les chiottes, en les alcools les moins chers qui existent et en saloperies artisanales qui servent autant à se désaltérer qu’à tenter d’assassiner par empoisonnement des gens. Des bières européennes, en trouver à Manaus c’est déjà la galère. En acheter quand t’es à moitié une clocharde, c’est très, très occasionnel. Surtout que pour le même prix, tu pourrais avoir un pack qui te rendra rond comme une queue de pelle aussi efficacement. Alors en consommer régulièrement pour développer des connaissances dans le domaine, laisse tomber c’est mort.
__-« C’est bien ça. Si je te laisse gérer les achats d’alcools et t’occuper en priorité de servir les clients au bar, ça t’irait ? J’aimerais me concentrer sur la partie chicha et laisser tout le reste à mes employés, à vrai dire. Enfin, ce sera loin d’être spécialisé et on va toutes faire un peu tout selon ce qu’il y a besoin. »
__-Elle va vite se rendre compte que je suis loin, main alors loin d’être la patronne la plus chiante du monde. Déjà parce que j’ai à peu près aucune idée de ce signifie être patronne, concrètement, et que je ne suis pas du tout du genre à aimer avoir des responsabilités. Déjà être responsable de moi-même c’est au-dessus de mes moyens.
__-« Du coup si ça te botte, tu peux commencer aujourd’hui. Ça va être une journée assez tranquille, ce sera une bonne occasion pour te former sur le tas. »

SA JAMBE EST AUSSI UN AUTOMAI- ah non elle est normale. Oh, zut, ça aurait été quand même cocasse de perdre les mêmes membres qu’Edward Elric. Oui, bon, n’importe quel autre être humain aurait considéré ça comme un manque de bol astronomique mais qui veut encore discuter de la logique de Kaiko ? PLeAse… …Luna répète ce qu’elle lui a dit à propos des plantes vertes et Kaiko hoche la tête vigoureusement. :

-Ouais ! Ma grand-mère avait un grand jardin avec un potager et tout…

« Et tout » englobant l’aspect plus foral du jardinage, Kaiko préférant s’attarder sur ce qui se mangeait, pour une raison évidente.

Luna lui propose de gérer les stocks d’alcools et de prioriser le bar. Elle comprend un peu l’ambiance générale du tatouin ; c’est un peu système débrouille, on gère et tant que ça tient debout, y’a pas d’angoisses, pas de pressions. Et Kaiko veut vraiiiiiiiiiiiment, bosser ici maintenant. Elle réalise alors tout un tas de trucs, puisqu’elle s’est souvenue de sa longue liste de contacts dans son téléphone. :

-J’peux grave le faire ! lâche-t-elle en tapant son poing dans sa main. J’connais pleins de patrons de bar sur Tokyo, je leur demanderai des infos super secrètes qu’ils s’échangent ou pour faire affaire… Ch’uis quasi sûre que j’peux marchander des prix de marchandises importées avec eux. C’est des bons.

Y’a ça et aussi le fait qu’une bonne partie des barmans de son quartier lui doit un coup de main, puisqu’elle leur rendait souvent service… mais ça ne lui traverse pas l’esprit. Non, ce qui lui traverse l’esprit avec la vitesse d’une balle de pistolet c’est que Luna lui propose de commencer aujourd’hui. :

-SANS DÉC’ ?!

Sans attendre sa réponse, Kaiko fait le tour du comptoir pour se placer de l’autre côté du bar. Le côté service. Elle tapote le comptoir du bout des doigts, retenant à peine sa joie de gosse surexcitée. :

-Eheh, c’est pas la première fois que je suis de ce côté… mais c’est la première fois que je suis autorisée.

Oh les soirées d’après-match avec l’équipe de baseball du lycée… et Kaiko qui squattait. Une bien longue série d’anecdotes… qu’on ne racontera pas, non.

__-Mm, c’est louche. Quelqu’un d’enthousiaste, de déterminé, avec des supers contacts et tout à fait baisable, qui se pointe comme ça l’air de rien à mon bar et est engagée sur le pouce, ça ne m’arrive que rarement d’avoir autant de bol d’un coup. À se demander s’il n’y a pas une entourloupe quelque part.
__-Mais vous savez, la vie m’a appris un truc : les emmerdes, elles viennent aussi quand on les cherche, que ce soit pour le kif d’en avoir ou pour chercher à pas croiser leur route. Genre, vous vous souvenez de ce film là, Œdipe Roi, un espèce de veux truc italien artsy qui passait dans un espèce de cinéma d’art et d’essai où je m’étais planqué pour éviter d’avoir à croiser trois connards un peu mécontents de s’être fait voler cinq cents réaux ? Alors peut-être que la dernière partie ça ne vous dit rien, mais le film en lui-même, c’est sur un mec qui apprend que son destin est de buter son père et de coucher avec sa mère et qui du coup se barre de chez lui. Mais il ne sait pas que ses parents sont en fait ses parents adoptifs. En chemin vers Thèbes, il va croiser les vrais sans le savoir et je vous laisse deviner la suite. Alors, vous comprenez que les emmerdes, je préfère les laisser bien au chaud là où elles sont et surtout pas les déranger.
__-Pourquoi j’ai fait une digression là-dessus moi déjà ? Aucune idée. Puis c’est pas forcément très important. Je veux dire, moi-même je ne prête pas attention à tout ce à quoi je pense, c’est pas pour vous demander de le faire.
__-Non parce que pendant que je vous racontais ma vie, Kaiko s’est déjà mise à ce qui risque d’être sa future place de travail.
__-« Ouais, t’inquiètes ça m’a fait bizarre aussi la première fois. »
__-D’habitude, c’est moi qui me fais foutre à la porte par les serveurs, comprenez.
__-« Comme j’imagine que t’as déjà une bonne expérience de ce qu’est un bar en général, j’ai pas trop besoin de t’expliquer comment tu dois être avec les clients… Essaie juste de te souvenir des gens les plus sympas qui t’ont servi de ta vie et sers-t-en de modèle. »
__-J’essaie de réfléchir aux autres tâches qui seraient impliquées.
__-« Bon à part ça, pour l’instant ça va être surtout moi et Katsuyo qui vont le faire, mais essaie de t’entraîner à repérer les visages des gens. Il faut garder en tête qui vient d’arriver, depuis combien de temps il poirote, s’il serait pas temps de bouger son cul pour aller s’occuper de lui, s’il a envie d’une autre conso et s’il a déjà payé. Au début c’est chaud mais on s’y fait. Et puis, comme tu seras là, je vais me concentrer sur ceux qui sont à la terrasse fumeuse, du coup eux t’auras pas besoin de trop t’en soucier. »
__-Réfléchir encore…
__-« Ah et, on ferme en fin de soirée, tu t’en doutes. Il faut nettoyer, ranger et contrôler vite fait les stocks, mais ça on verra ce soir. L’idée, c’est qu’on laisse le bar présentable quand on le quitte et une de nous trois reste en général un peu plus pour les derniers clients et la fermeture. »
     Y’a encore des trucs à préciser j’en suis sûre…
     « Puis demain tu reviens avant l’ouverture pour tout mettre en place et on est bons. »
__-Hm, j’ai réussi à rester sacrément professionnelle jusqu’ici, c’est pas mal.
__-« Et tu serais pas libre ce soir d’ailleurs ? »
__-Évidemment.

Quand Luna explique tout le topo du boulot de serveur, Kaiko est très attentive. Elle essaie de faire un classement de tous les serveurs sympas qu’elle a connu et se souvient surtout, avec un peu d’émotions, du grand mec baraqué, carrément gay, qui avait un bar à quelques rues du lycée de Sendai, et qui avait porté un ami jusqu’au konbini le plus proche pour lui acheter des pansements. Il s’était fait tabasser par des p’tits cons et la bande de freaks de Kaiko l’avait tiré d’affaire, mais ils avaient pas d’argent sur eux, à l’époque. Il faut qu’elle prenne modèle sur ce mec alors ?... Merde, va falloir qu’elle fasse plus de muscu et qu’elle soit encore plus gay. Terrible.

Pour se souvenir des clients, elle risquait pas d’avoir de problème à ce niveau… Y’a une théorie qui dit qu’on ne peut pas maintenir une amitié avec plus de cent personnes ?... Kaiko défonce le plafond. Elle va peut-être plus peiné au niveau des payements à retenir s’il y a du monde mais sa patronne la rassure en disant que c’était une habitude à prendre. Ranger et nettoyer le soir, ouvrir et préparer le lendemain, ça devrait être gérable, en vrai… Elle médite sur ses nouvelles responsabilités quand Luna lui demande si elle est libre pour ce soir. Kaiko hausse un sourcil. :

-Ouais ?... Nan attends-

Elle sort son téléphone de sa poche et regarde sa liste de sms, avant de se rappeler que c’est toujours elle qui propose des plans ou prend des nouvelles, pas l’inverse… …Elle remet son téléphone dans sa poche et répond à Luna avec un grand sourire. :

-Si en fait, ch’uis carrément libre ! Mais faut pas que j’apprenne à faire les cocktails avant ?... J’dois pas, genre,… me changer ou quoi ? Après ça m’arrange de bosser en survét’ hein, y’a des chances que certains jours je vienne bosser après le sport.

Oui, elle a pensé au boulot direk’ même pas ça lui traverse l’esprit que ça peut passer pour une invitation.

__-Oh oh, elle est carrément…
__-… en train de pas comprendre l’allusion. Huh. Dommage. Et du coup, je pousse le bouchon plus loin ou pas ?
__-Vous vous doutez bien que oui. Je veux dire, vous me connaissez, à un moment. À chaque fois que je dis dans ma narration un truc du genre « oh là là ce serait très indécent de dire ça madame la marquise dites-donc » hé bien paf, réplique suivante, je lâche une énormité. Enfin, c’est plus facile de faire ça avec les Airs ou les Eaux. Parce que la Kaiko, encore faut-il qu’elle accepte de t’en laisser placer une.
__-« Les cocktails ce serait long et là on va ouvrir, pour aujourd’hui tu peux te contenter de regarder Katsuyo ou moi en faire. Et si quelqu’un en demande un quand t’es au comptoir, tu nous appelles. Surtout elle en fait, elle est meilleure que moi. Et non y’a pas d’uniforme de travail. »
__-Y’en a jamais eu et c’est pas celle qui peut pas piffer le concept qui va l’introduire. T’façons dans un bar, les serveurs sont les seuls qui bougent tout le temps partout, ils se remarquent vite. Puis on est à Terrae. La moitié de la population connaît notre gueule.
__-« Tant que t’es propre je dirai rien. Si tu reviens du sport, tu te douches, tu changes de sapes avant et ce sera largement assez. »
__-Et…
__-« Et… »
__-Vas-y je sais que tu tu crèves d’envie de le faire.
__-« Sur un autre sujet… »
__-De toutes façons ça ne pouvait pas se dérouler autrement.
__-« Tu réponds si tu veux hein… »
__-Bon allez ça suffit, arrête de faire durer le suspense tout le monde sait ce que tu vas dire.
__-« T’es en couple ? »
__-Hé bien voilà. Tout ça pour ça en plus.
__-« Parce que si c’est pas le cas ça te dit on baise à l’occasion ? »
__-Oui bon alors là c’était peut-être un peu abusé.

Mater les autres faire… Ça va la trigger au début mais il faudra bien passer par ça pour apprendre un minimum. Au pire elle nettoiera les verres, ça lui fera bouger les mains tiens. Et pas de tenue de travail. Putain ça c’est de la bonne nouvelle en bar -c’est pas une faute, c’est un jeu de mot. Bon ça veut pas dire qu’elle fera pas d’effort, des fois ça lui arrive de vouloir être belle gosse et de mettre des trucs plus aguichant qu’un jog -même si ça peut très bien l’être aussi, ceux qui ne le pensent pas doivent avoir une triste libido. La remarque sur la propreté la fait rire. :

-Ça, t’inquiètes ! Ch’uis pas Senri, je déteste me balader couverte de sueurs. Y’a un temps pour transpirer !

Des fois, elle le fait exprès de balancer des allusions… Mais là, même si c’est difficile à croire, elle n’y est pas du tout.

Alors fatalement quand Luna semble vouloir prendre son temps pour lui demander si elle est célibataire, le cerveau de Kaiko fait un dérapage contrôlé pour se garer en double-file au milieu de l’autoroute. :

-Hein ? Eh. Ooooooh…

Kaiko, bouche bée, s’appuie sur le comptoir en fixant la patronne du bar pour entrer en mode « réflexion intense ». Si on devait vraiiiment la classer dans la mafia des lettres, …LGBTQ+, Kaiko choisirait probablement le clan B. Bisexuelle. Donc non elle n’est pas en train de chercher une façon subtile de faire comprendre à Luna qu’elle ne mange pas de ces miches de pain là. C’est bon le pain uesh. Naaan c’est plutôt son instinct de grande sœur qui a été éveillé à ce moment. :

-J’vais être franche parce que t’as l’air d’être plus sympa et maligne que la moyenne… Tu pourras le prendre mal s’tu veux eh, mais je veux qu’tu saches que j’essaie de te prévenir d’un truc plutôt important en vrai, et j’vais te le dire en toute amitié, pas en tant qu’employée, hm ?!

M’voilà, si jusque là on se rendait pas bien compte qu’elle a de bonne vibe de grande sœur là, c’est bon… Elle se redresse en inspirant profondément. :

-Je te connais pas mais j’vois bien que t’es quelqu’un de relax, tu te prends pas la tête et c’est le recrutement le plus zen que j’ai eu de ma vie mais… Mais t’es quand même une patronne, que tu le veuilles ou non, t’as un pouvoir sur tes employés que t’as pas avec des potes. Et- ce que j’veux dire c’est- t’auras peut-être un jour quelqu’un d’impressionnable face à toi, qui te dira « oui » et ça peut mal finir après, niveau relationnel au boulot. Et ça va te tomber dessus, parce que voilà, t’es la patronne, t’es responsable.

Quoi ? Elle fait la leçon c’est ça ?... Peut-être, mais elle avait pas envie que des gens souffrent plus tard alors qu’elle peut en parler maintenant. Elle se masse la nuque. :

-Ch’uis relou c’est ça ? Ouaiiis carrément désolée. Sinon baiser ouais, let’s go ! ‘fin… pas maintenant… bien sûr. Le comptoir du bar est sacré. ajoute-t-elle en le tapotant fièrement.

« Faites ce que je dis pas ce que je fais » devrait être le futur tatouage de Kaiko.

__-Hé ben, je lui ai fait le coup d’une attaque psychique à la Kaiko, là. Par contre, « plus maligne que la moyenne », merde alors, à qui elle parle ? Y’a que nous dans la pièce pourtant. Comment j’ai fait pour donner cette impression, c’est chaud. Non mais voilà. Si on me pardonne tout quand je lâche des répliques de dragues aussi claquées au sol, je vais pas apprendre. Regardez, ça a marché avec à peu près tous ceux que j’ai croisé jusqu’ici. Même Elwynn putain.
__-Après en soi, qu’elle fasse sa grande sœur et me donne des conseils alors qu’elle doit pas être des masses plus âgée que moi, je m’en tamponne un peu. Je veux dire, elle a raison. C’est mérité. Pas de risque de me vexer. Je me rappelle assez souvent à quel point je suis une glandue, quand quelqu’un d’autre le fait à ma place, ça m’économise de le faire pour quelques instants, on va dire.
__-Et soyons clairs : je suis « patronne » depuis moins d’une semaine et je ne l’ai jamais été avant. Le simple fait de commander qui que ce soit est un concept qui m’est totalement étranger. Je suis fille unique aussi, ça joue. Je veux pas me chercher des excuses, hein. Il n’y a rien à excuser. Je suis comme ça. Si elle veut un rapport à la hiérarchie clair… bon déjà elle en a pas l’air mais ensuite elle en trouvera même pas la trace ici.
__-« t’es responsable », urgh, je préférerais encore que tu m’appelles « ma vieille ». Ça me détruirait encore plus.
__-Mais. Elle a fini par accepter. Eh. Le principal est là.
__-« Cool. »
__-M’est avis qu’elle a dit assez de truc pour mériter plus que quatre lettres.
__-« Enfin. Sors direct de ton idée que je suis ta patronne. On est à Terrae, ici. C’est une bulle. Si je te laisse la gestion des comptes de mon bar, qu’est-ce que tu vas faire, au pire ? Alors oui d’accord, pour le moment c’est moi qui tiens le budget, recrute le personnel et tout, mais j’en ai un peu rien à foutre. Y’a pas de profit à se faire, l’important c’est juste d’avoir une affaire qui tourne, de pas être en faillite et surtout, qu’on vienne travailler parce qu’on en a envie. »
__-Parce que moi, j’en ai sacrément envie. Ça m’a littéralement transformé de clodo asociale en personne présentable et qui a pas en permanence honte d’elle-même. Après c’est pas pour autant que je vais avoir envie de me crever à la tâche. D’où le recrutement.
__-« T’es encore novice, mais tu vas vite t’en rendre compte. Une fois que t’as les pouvoirs, les problèmes de quand t’en avais pas, ils sont plus les mêmes. Je veux dire. »
__-Je lui montre mon bras. Vous savez, le membre que je me suis littéralement fait repousser et contrôle grâce à des cristaux magiques. Ouais, celui-là.
__-Ah et accessoirement, y’a une toute autre catégorie de problèmes liés auxdits pouvoirs qui te tombent sur la gueule, mais ça, elle s’en rendra compte bien assez tôt toute seule et ça me ferait mal de lui divulgâcher la suite.
__-« ’fin bref, tu pourras passer chez moi ce soir si tu veux. »
__-Pricie est habituée à ce que je ramène régulièrement des mecs et des nanas différents de temps en temps, t’façons.

Kaiko sourit en écoutant Luna accepter, d'abord, et ensuite développer un peu sur le fait qu'elle est la patronne par le titre et la responsabilité du bousin mais elle n'est pas là pour le profit, juste faire tenir debout l'entreprise. Ça lui plaît bien... Elle s'appuie sur ses coudes, les poings sur les joues et tire la langue. :

-C'est noté... patronne.

Est-ce qu'elle cherche la merde ? Naaah c'était tout affectueux qu'est-ce que vous allez chercher là ?!

Son regard observe un instant le bras mécanique et bucolique à la fois quand Luna lui parle de pouvoir. Pour Kaiko, ça lui paraît encore tellement loin ; elle peut plus nier que c'est bien vrai et qu'elle n'est pas dans une secte, mais comme Luna le dit bien, elle n'est qu'une novice... Elle se prend des fois à rêver. Être Feu se serait le summum du cool... ...elle pourrait refaire des attaques de Ikki du Phoenix dans les Chevaliers du Zodiaque putain ! Mais pour l'instant... Kaiko hausse une épaule. :

-Ouais j'me doute... on verra quand ça me tombera d'ssus.

Elle réitère l'invitation en précisant qu'elle pouvait passer chez elle. ...Oui, oui vaut mieux faire ça chez elle que dans le dortoir. Pas que ça la gêne mais y'a des petites âmes prudes à préserver... :

-Tu veux que je ramène un truc à boire ou à bouffer ?... A part moi j'veux dire.

Kaiko lâche un rire bref en faisant le tour du comptoir, chopper les épaules de Luna d'un bras... Un câlin costaud version Yamada si vous voulez mieux visualiser. :

-Ce sera après les horaires de boulot donc je pourrais ramener de la bonne bière de chez moi hein ?!

__-« Tch. »
__-Il est sorti tout seul celui-là. Quelle génie, quand-même, d’imiter son frangin juste avant une journée de taf et une partie de jambes en l’air.
__-Enfin ça va elle a une propension à dire des conneries qui est à peu près aussi élevée que moi. Ce qui est. Ouah. Il me faut un petit temps pour m’en remettre, c’est pas tous les jours.
__-« Éventuellement des copines. »
__-Non mais ce qui est bien, c’est qu’on pourrait faire un concours. À qui donnerait à n’importe qui de sain d’esprit nous écoutant le plus envie de lui foutre une torgnole. Puis la concurrence est rude là.
__-Eeeeet hop là elle m’attrape. Tactile la Kaiko, c’est… ouais non c’est bien je dis pas, enfin, c’est perturbant. Ouh, puis elle serre. J’ai pas trop l’habitude que ce soit hors des moments où on baise en fait, les contact physiques impromptus comme ça. Heh. Ma foi, ceci dit, si elle veut que ça devienne une habitude, pourquoi pas. Qui suis-je pour m’en plaindre. Je pensais finir avec ses mains dans ma tronche, pas autour de mon cou. Ou ailleurs, mais on verra ça en temps voulu.
__-Du coup, je lui adresse un grand sourire.
__-« Oh, si ça t’emmerdes de vider ton frigo on peut se servir dans les réserves d’ici. Tant que c’est occasionnel je pense pas que ça posera problème. »
__-T’as raison, parler de gestion des stocks c’est le summum du rom— hé, attendez.
__-Non.
__-NON.
__-POURQUOI TU M’AS TENDU UNE PERCHE COMME ÇA.
__-JE VIENS À PEINE D’ENREGISTRER LE POTENTIEL.
__-AAAAAAAH
__-« Après, si tu m’appelles toujours « patronne » quand on y sera, amène plutôt des menottes et de la corde. »
__-Et galère. Things are now in motion that cannot be undone, comme dirait Gandalf.

Kaiko est un poil plus grande que Luna, alors elle veut éviter de trop l'étouffer par sa... "présence" on va dire... même si elle ne peut pas s'empêcher de se montrer aussi tactile. Oui parce qu'on dirait pas là mais elle fait gaffe quand même ! C'est pour ça qu'elle répond au sourire de Luna avec l'un des siens. Elle n'a pas repousser l'accolade. C'est good. :

-Naah j'aimerais offrir la première tournée. T'sais. Plaisir d'offrir, joie de recevoir.

Elle lui fait un clin d'œil... Vous savez... Au cas où on n'a pas compris. ...Et Luna surenchérit. OK, c'est officiel, Kaiko l'adore.

A la mention des menottes et de la corde, le sourire de Kaiko s'amenuise lentement, se fait plus malicieux, plus mystérieux. Nan mais on n'a pas idée de lui dire ce genre de choses, c'est une mauvaise idée... Ce sont les mots-clefs pour un rendez-vous dans son lit ça... :

-Eh ben en voilà un bel argument pour que je te trouve un autre surnom... Elle penche la tête sur le côté, glisse un index sous le menton de Luna. J'y réfléchirai après t'avoir menottée.

Et puis elle la relâche, réalisant soudain. :

-UESH attends ! T'as dit "réserve" ?! Faut que je vois ça ! Si j'ai une idée de la marchandise j'saurais quoi demander aux copains barmans !

Oui on passe du coq à l'âne, mais what did you expect ? Elle reste une Yamada. Elle retourne de l'autre côté du bar d'un bon pas, toute pressée d'être ce soir, certes, mais assez consciencieuse pour apprendre à faire son boulot et vouloir rendre heureux les clients avec ses moyens.

__-Joie de recevoir. Heureusement pour la dignité humaine que j’étais trop occupée à tâcher de survivre intérieurement à ma précédente réplique, sinon j’aurais pu lâcher une bombe atomique, comme :
__-« Oh t’inquiètes ça va être ma joie de te recevoir en moi. »
__-Je viens de le dire en vrai, ça non ? Oui ? Ah. Euh. Beh. T’façons on est plus à ça. Puis je suis en train de faire un espèce de sourire bien graveleux comme il faut, alors. En tout cas, elle prend bien ma suggestion. Très bien même. Trop bien. Ouais non clairement trop bien c’était pas prévu. En vrai j’en ai jamais fait, du BDSM. Ni même spécialement regardé. Enfin, j’ai une idée minimale d’à quoi ça ressemble mais disons que ça va être très amateur. Est-ce qu’elle s’y connaît un peu plus ? La vache, c’est pas codifié et tout comme pratique ? J’y connais rien, je vais encore passer pour une débile parce que je l’ai un peu trop ouverte.
__-Ceci dit, comme c’est le résumé de ma vie, je devrais y survivre.
__-Et puis, elle prend les devants et la position dominante. C’est bien. Je suis à peu près sûre qu’avec mon statut actuel de paumée complète j’aurais pas pu faire autrement que de me laisser mener.
__-Et ceci mis à part, Kaiko, merci, infiniment merci, de sauter comme ça du coq à l’âne sur un sujet qui n’a rien à voir. Mon cerveau aurait pas pu tenir plus longtemps à se poser tout un tas de questions existentielles. Sur comment faire du BDSM. On a les questions existentielles qu’on mérite.
__-« Mm… »
__-Je regarde le bar. Normalement à ce moment de la journée on est ouvert, mais personne se bouscule au portillon pour le moment. Je la suis derrière le comptoir, en sors un écriteau « Je suis à l’arrière-boutique, sonnez si vous avez besoin de quelqu’un » et une sonnette puis les pose tous les deux sur le bar. Astucieux, je sais, je sais.
__-« Allez viens. Ce qu’il y a là derrière – je lui montre les étagères avec toutes les bouteilles – t’auras largement le temps de les admirer toute seule. »
__-Et je l’emmène dans l’arrière-boutique. Tellement de pensées salaces qui me viennent en tête. Mais non. On a dit ce soir. Pas (trop) mêler boulot et loisirs.
__-« Du coup… Là t’as la section alcools forts, là ce qu’il faut pour le non-alcoolisé, là t’as les bières… J’aimerais doubler le nombre de machines à pression, c’est pas mal demandé et l’ancien patron qui était là avant de me filer la boîte m’a parlé d’un truc, la guiness, il paraît que c’est européen et que ça pourrait avoir du succès. Je te laisserai les commandes pour gérer ça. »