Aujourd'hui est un jour spécial pour Bito et son entreprise. Aujourd'hui, il inaugure un nouveau Food-Truck, mais n'importe lequel. Celui-ci a pour but d'ouvrir le marché en dehors de la péninsule nipponne, il va vers le pays voisin, la Corée du Sud et plus précisément à Séoul.

C'est une étape clé de son entreprise, qui va peut-être devenir une multinationale.

Comme il est connu des réseaux sociaux, le journal télévision est carrément venu l'interviewer lui et cet endroit peu commun où il habite. Oui, car Terrae est encore un endroit assez mystérieux aux yeux du monde.

Cependant, impossible de ramener cette petite équipe d'audiovisuel à l'intérieur du village. Terrae prend beaucoup de précautions depuis l'attentat qu'il a subit il y a maintenant 2 ans.

C'est donc devant le portail d'entrée, que va se dérouler l'inauguration.

Bito est sur son trente-et-un. Il a sortit son costard sur-mesure, sa plus belle coupe de cheveux (qui est la même que d'habitude), sa cravate porte-bonheur...
Mais passer à la télévision est toujours un petit moment stressant pour lui. Alors il profite d'un petit moment à l'écart pour souffler et s'auto-motiver.

— Tu peux le faire Bito, c'est juste 5 minutes, c'est rien... Et puis t'es le meilleur, les gens t'adorent, t'es beau gosse et ...
— Tu te complimente tout seul maintenant ? Lui demande son associé qui fume sa clope juste à coté.
— C'est de l'auto-persuasion ! Ca sert à se donner confiance en soit, j'ai vu ça dans un tuto youtube. Répond-t-il fièrement.
— Du narcissisme, tu veux dire...

Son associé, toujours prêt à balancer des vannes.

— Ferme-la, j'aurais pas à faire ça si tu m'encourageais un peu toi !
— Ouais, mais c'est plus amusant de te voir en pleine "auto-persuasion".
— T'as gagné, je change d'associé !
— Quoi ?
— T'as bien entendu, aujourd'hui, mon associé ce sera... elle!

Bito saisit l'épaule d'une jeune femme qui s'approchait à ce moment là et la mit entre lui et son associé.

— Bienvenue dans l'équipe, on passe à la télé dans 20 minutes, tu es prête j'espère !

Une nouvelle journée à Terrae, j’étais très souvent enfermée dans ma chambre par peur de croiser du monde, mais tel que mon psy me l’avait conseillé, je devais prendre l’air et faire des interactions sociales. Il m’arrivait parfois de me forcer à faire quelques marches dans l’institut, même si je ne parlais pas aux gens, c’était largement suffisant qu’ils me voient errer. J’ai rencontré très peu de personnes que je connaissais pour le moment, si j’enlève Hideko il y avait Allen dans la salle d’attente du Docteur Matsumoto après ma séance de thérapie. Il y avait certaines personnes que j’avais très peur de croiser, rien que d’y penser mon anxiété sautait au plafond. Aujourd’hui j’avais décidé d’aller faire une marche, casquette et lunettes de soleil pour passer incognito.

« Merci et bonne journée ! Chantait la vendeuse de la cafétéria tout en me tendant mon café. »

Je lançais un petit sourire avant de partir rapidement car c’était l’heure où tout le monde venait manger, j’étouffais dans la foule.
Après une petite heure à siroter mon café autour des enseignes, je terminais par l’entrée du campus. C’était un de mes endroits favoris pour fumer une clope sous un arbre. Je l’allumais pendant que je me dirigeais tranquillement par là. Au loin je pouvais voir des camions garés devant le portail avec une équipe de personnes en costard-cravates. Il me semble que Terrae était resté discret et que personne ne faisait filmer l’institut.

« Apparemment ils viennent interviewer quelqu’un ! S’exclamait une fille non loin à son amie.

-J’ai entendu parler de ce mec qui a lancé sa compagnie de food-truck ! C’est sûrement lui, sa bouffe fait un carton partout ! Ou peut-être la dirlo ? »

J’étais perplexe par ce que j’entendais. Terrae s’ouvrait-il au monde ? Qu’en était-il des scientifiques ? Je me suis vraiment absentée trop longtemps… Mais si cette personne fait un bon business tant mieux. Il y a quelques années ça n’existait pas. Je voulais juste me poser sous mon arbre et me fondre dans la masse. Je tirais un bon coup sur ma clope tandis que j’entendais tout le monde s’affoler sur l’équipe de télévision. Quelques gars essayaient de trouver un plan pour passer à la caméra de la façon la plus abracadabrante avec des costumes de lama.
Alors que je voyais enfin mon petit arbre favori, quelqu’un m’attrapa par l’épaule, faisant tomber mon café et ma clope. Je me retrouvais soudainement en sandwich entre deux hommes.

— Bienvenue dans l'équipe, on passe à la télé dans 20 minutes, tu es prête j'espère !

«  Quoi ?! C’est une blague ? »

J’étais trop collée entre les deux zigotos que je ne pouvais pas voir leurs visages, mais cette voix me semblait un peu familière…

« Tu déconnes là ?? Tu vas couler sans moi, qu’est-ce que tu veux qu’elle fasse cette minette ?

-La minette elle t’entend trou-du-cul… » Grinçais-je entre mes dents.

Je tentais de me reculer mais l’un des deux hommes me poussa contre l’autre, faisant tomber mes lunettes de soleil qu’il se fit un plaisir de piétiner.

« T’sais quoi, démerde-toi Bito ! Je me casse… »

Ce nom transperçait mes oreilles comme un couteau dans du beurre. De toutes les personnes que j’avais le plus peur de revoir c’était bien Bito… Je me reculais subitement pour voir le visage de la personne qui était mon ancien amoureux, les yeux écarquillés de surprise, j’avais l’impression qu’ils allaient sortir de leurs orbites... Ses cheveux avaient poussé mais sa tête était la même. Il portait un petit costume comme s’il était prêt à faire une…. Une interview. La télé était là pour lui ou j’hallucinais ? Je ne l’ai jamais vu habiller de même. J’étais dans une belle merde, lorsque ses yeux se posaient sur moi je tentais d'ouvrir la bouche.

« Bi-…. »

J’avais continué de reculer doucement, ne voyant pas la petite roche en arrière de moi, je finissais par tomber sur mon derrière. Je ne pouvais pas m’empêcher de trembler. Mon cœur s’emballait par l’anxiété, me coupant le souffle. Je voulais courir, j’étais pas prête pour cette interaction-là. Est-ce qu'il allait me reconnaître....?

— Ouais, trou-du-cul va ! Répète Bito après la jeune femme.

Ouais, il manque clairement d'inspiration là... Sur le coup, il se sent comme un petit emmerdeur qui se cache derrière son grand frère insulter quelqu'un d'autre.

Mais son associé décide de lui tourner le dos et c'est après cela qu'il échange sa position avec la jeune femme. Il passe devant elle et gueule :

— C'est ça, casse toi ! Et..!

Ca y est, c'est LE moment de sortir LA meilleure insulte de sa vie...
Quand soudain, Bito se rend compte qu'il est train de gueuler sur LE gars qui va faire tourner son bizness en Corée du Sud.

— Et... et prends soins de toi surtout !

Eh oui, il y a du pognon en jeu alors il vaut mieux qu'il ferme sa gueule cette fois. La vie d'adulte, c'est vraiment de la merde !

Ainsi, c'est avec un joli doigt d'honneur levé que son associé s'en va.

— Haha, je crois que j'ai fais une connerie là... Lâche Bito, en riant de désespoir.

Il se tourne ensuite vers son "associée improvisée" afin de s'excuser pour l'avoir intégrée dans cette dispute. Mais cette dernière soudainement tombe sur le cul, .

Le brun commence par la regarder avec étonnement, avant d'afficher un petit sourire amusé.

"Encore une fan qui perd ses moyens quand elle comprend qui je suis." Pense-t-il.

Il l'aide à se relever, avant de poser ses poings sur les hanches.

— Ne t'inquiètes pas, tu n'es pas la première à qui ça arrive. Je te ferais un autographe après l'émission si tu veux. Et je t'achèterais une nouvelle paire de lunette !

Petit clin d'œil. Il se la pète, clairement.

Quand tout à coup, Bito fait les gros yeux et ses mains viennent saisir les épaules de la demoiselle.

— Attends, tu..!

Il la dévisage et s'approche un peu plus d'elle. La pression est à son comble !

— ...Tu as les cheveux hyper secs, on dirait de la paille ! Tu devrais vraiment t'en occuper mieux qu'ça !

Et le voilà qui fait une recherche sur son téléphone pour lui montrer un produit cosmétique.

— Attends, j'te conseil une superbe huile de coco, tu vas m'en dire des nouvelles !

Je me demandais s’il était mieux de rire ou de pleurer de cette situation. Bito m’aida à me relever et posa ses poings sur les hanches. Je dépoussiérais mon derrière en le remerciant.

— Ne t'inquiètes pas, tu n'es pas la première à qui ça arrive. Je te ferais un autographe après l'émission si tu veux. Et je t'achèterais une nouvelle paire de lunette ! S’exclama-t-il en me faisant un clin d’œil.

Je pouvais presque voir des étoiles entourant sa tête comme dans les animés. Dès ce moment, je comprenais qu’il ne me reconnaissait ABSOLUMENT pas. Bito était du type blagueur, est-ce que c’était sa manière de me dire bonjour ? Quoi que je le connaissais par cœur, avant, vu sa tête il était amplement sérieux. J’ai loupé un bel épisode de Terrae, depuis quand est-il devenu une célébrité ?? J’essayais d’ingérer les informations pendant qu’il tenait sa super pose de star. Il avait intérêt à m’acheter une nouvelle paire c’était la seule que j’avais et grâce à monsieur je-vais-hurler-sur-toi-chère-inconnue c’était ciao bye le mode incognito.

« Non merci pour l’autographe, mais oui j’aimerais bien ravoir une paire de lunettes hein… Mais je comprends pas tu-…. »

Le temps que j’entreprenne ma phrase Bito s’est mis à me faire les gros yeux, je me figeais instantanément, ses narines s’étaient dilatées grossièrement. Ça sent pas bon cette histoire. Il me saisissait par les épaules subitement.

— Attends, tu…!

Allez, descente du rideau la comédie était finie. Je fronçais les sourcils vers le haut, pendant que Bito se rapprochait un peu plus de moi. Je ne sais pas comment réagir, mais mon visage s'était mis à rougir un peu, est-ce qu’il allait se mettre à me crier dessus ? Peut-être je devrais me mettre à prendre mes jambes à mon cou et m’enfuir dans ma chambre. Imagine il se met à me chasser sur tout le campus avec un balai ?

« Bito, je ne suis pas-….


— ...Tu as les cheveux hyper secs, on dirait de la paille ! Tu devrais vraiment t'en occuper mieux qu'ça ! »

Si on était dans un dessin animé pour les enfants, je crois que ma bouche serait tombée jusqu’au sol. C’était la dernière chose à laquelle je m’attendais. C'est une blague j'espère ?

— Attends, j'te conseil une superbe huile de coco, tu vas m'en dire des nouvelles !

Il me montra sur son téléphone une photo d’une bouteille d’huile pour les cheveux. Il est vrai que j’étais encore en processus de rétablissement psychologique et j’essayais de rapprendre à prendre soin de moi, je m’étais trop laissée aller. Je ne pouvais pas m’empêcher de me mettre à rire malgré la situation malaisante.

« T’sais quoi, et si tu m’achetais une bouteille de ça avec les lunettes ? Je prends ça comme mon salaire d’associée ! »

Petit sourire malicieux, autant blaguer (à moitié) sur la situation hein. Je continuais d’avoir cette peur qu’il me reconnaisse mais il semblerait que ça ne le frappait pas. Je ne pense pas avoir si changer que ça à part mes cheveux de paille comme il dit hein. Peut-être j’étais mieux de profiter de la situation, on verra combien de temps ça lui prendra de s’en rendre compte, c’est toujours drôle de niaiser avec lui ! Ou devrais-je lui dire ? Il fallait mieux ne pas trop le perturber avant son émission, qui sait quel drame il pourrait se passer.

« Alors comme ça tu fais des interviews ? »

Je profitais de poser ma question pour retirer ma casquette et la dépoussiérer un bon coup, depuis tout à l’heure je ne m’en étais pas rendue compte que j’avais la tête sale. Je m’arrêtais deux secondes pour me rendre compte de ma bêtise, j’étais ARCHI moins incognito là. Je me tournais rapidement pour la renfiler sur ma tête. J’avais besoin d’une clope là. Je m’en allumais une rapidement, tirant 2-3 fois rapidement pour me détendre et de faire comme si de rien n’était, un petit sourire coincé pour faire genre.

« C’est quoi l’histoire ? Tu leur fais faire un tour du patelin ? »

Reste naturelle Nana. RESTE. NATURELLE. Respire. Inspire. Fume.
T’es safe. Tu ne t’es pas fait cramée.
J’allais rouvrir la bouche pour lancer un sujet au hasard pour distraire la situation comme un pigeon qui allait en lâcher une sur nous ou je ne sais pas quoi mais une jeune femme en tailleur s’approcha de Bito.

« Hey, on est à l’antenne dans 10 minutes ! »

Sauvée par le gong, pour la prochaine minute.

— Vendu ! S'exclame Bito lorsqu'il entend les conditions de sa  partenaire.

Une paire de lunette de soleil et une huile de coco ne lui coutera presque rien.

— Ouep et c'est pas la première fois qu'on me demande de causer pour la télé, mais là on sera en direct et c'est d'autant plus stressant !

Bito ne tient pas en place, l'adrénaline l'en empêche, alors il en profite pour faire un aller-retour et préparer sa collègue du jour. Il attrape un tablier près du camion et le fait enfiler à Nana, époussète ses épaules et remonte ses manches.

— On inaugure juste le FoodTruck qui doit partir ce soir pour la Corée et tu vas devoir faire semblant d'être celle qui s'occuper de ça. En fait, tu t'appelle co...

Quand soudain, la journaliste intervient.

— Hey, on est à l’antenne dans 10 minutes !

Le temps commence se fait court et les explications sont encore longues, alors Bito se met à parler en accéléré.

— Oh punaise !
Alors-on-va-couper-le-ruban-autour-du- camion, la-journaliste-va-gouter-un-plat-vite-fait et-kiffer-sa-mère.
Toi, tu-fais-semblant-de-t'y-connaître et-tu-fais-un-grand-sourire-pour-montrer-qu't'es-contente !

Et là, il peut enfin reprendre son souffle.

— Et tapotez-moi cette demoiselle, elle en a vraiment besoin ! Ajoute la journaliste dans le dos de Bito.

Evidemment, le jeune homme s'exécute sans poser de questions. Il dépose quelques petites tapes dans le dos de la jeune femme.

— C'est fait !
— Je parlais au maquilleur...

En effet, dans leur jargon de journaliste, "tapoter" signifie "mettre de la poudre maquillante sur la tronche de quelqu'un".

Et pendant que la demoiselle se fait tartiner de maquillage, Bito ajoute :
— Ha ! Et à la fin on doit dire "Bon appétit" synchro et en coréen. Ça s'dit "Mas-issge deuseyo".

Pas sûr qu'elle y arrive du premier coup...

— Oh punaise !
Alors-on-va-couper-le-ruban-autour-du- camion, la-journaliste-va-gouter-un-plat-vite-fait et-kiffer-sa-mère.
Toi, tu-fais-semblant-de-t'y-connaître et-tu-fais-un-grand-sourire-pour-montrer-qu't'es-contente !

« OK! Attends-… Quoi ? »

Le débit de paroles de Bito s’était accéléré comme un départ de course automobile. Mon cerveau mit de longues secondes avant de mettre à jour les informations reçues. Il est en train de me dire que JE dois passer à télé pendant qu’il fait son bla bla ? Non mais c’est pas possible là…

— Et tapotez-moi cette demoiselle, elle en a vraiment besoin !  
— C'est fait ! S’exclama Bito après avoir mis quelques tapes dans mon dos.

« Qu’est-ce que tu fais ? Ca chatouille !  » Rigolais-je.

— Je parlais au maquilleur...

Il s’arrêta subitement, pfiouh. Mais je venais de me rendre compte que la demoiselle en question c’était moi lorsque quelques secondes après, une jeune femme suivi d'un jeune homme bombardaient jusqu’à moi.

Elle était en train de me tapoter le visage du fond de teint pendant que l'autre arrangeait mes cheveux, enlevant ma casquette sans que je fasse attention.

— Ha ! Et à la fin on doit dire "Bon appétit" synchro et en coréen. Ça s'dit "Mas-issge deuseyo".


Mon ‘’associé’’ avait les yeux qui pétillaient en prononçant son coréen.

« Attend mais c’était pas dans le contrat d’associé-… Eh oh doucement derrière je ne suis pas une poupée de plastique !

-Excuse moi ! S’exclama le coiffeur, les doigts entremêlés dans mes mèches, c'est une catastrophe tes cheveux... »

Quitte à être coincée, je n’avais pas vraiment le choix… Un long soupir m’échappait.

Je tentais de prononcer ce qu’il me demandait pendant que je me faisais tapoter de partout. J’étais très mal à l’aise de me sentir dans un moment aussi tactile… Après quelques minutes à m’entraîner avec Bito à répéter, je finissais par avoir une prononciation un peu moins dégueu à force de le répéter toutes les secondes, mine de rien c’est 60 fois en une minute, non ?

« Mas…-issge… deuseyo… Mas-issge deuseyo ! Je pense que c’est pas mal non ? Et pourquoi du coréen sérieux ? »

-5 minutes ! »

Les deux sangsues me lançaient un petit clin d’œil avant de s’éloigner en courant sans me montrer à quoi je pouvais ressembler maintenant. Fond de teint c’était sûr, mascara aussi vu comment elle m'avait étiré les yeux avec la brosse hein… Et mes cheveux semblent avoir été réajustés en quelque chose qui me donne mal au crâne. Par pitié, faites que je ne ressemble pas aux vieilles botoxées de 60 ans qui ont trop de blush sur les joues sinon je vais crier. Putain mais qu’est-ce qui m’a pris de sortir de ma chambre…

« J’sais pas si j’vais y arriver, j’y connais rien à ton biz’… »

Je soufflais fort pour essayer de garder la tête froide. Je voulais me gratter la tête mais j’avais trop mal aux racines de mes cheveux pour pouvoir le faire… Petite clope pour fumer rapidos avant que je me retrouve à me foutre la honte. Inspire, expire.
Et si Maxime voyait cette interview ? Je le vois bien s’étouffer dans sa nourriture tout en me voyant apparaître, quitte à ce qu’une nouille ressorte de sa narine. Je m’étais enfoncée dans un bourbier sérieux, j’avais perdu cette habitude avec Bito. La maison hantée avait été tout autant un carnage également quand on s’était connus, la liste était longue. Des moments drôles mais en même temps incroyablement hors du commun aussi positif que négatif... Ce mec était un la version personnifiée du Triangle des Bermudes.

Bito, notre héros, sent bien qu'un malheur se prépare. Il sent que cette petite interview va vite devenir ridicule.
Dégager son associé au dernier moment pour le remplacer par une passante piochée au hasard, est bien la pire idée qu'il ai eut dans sa carrière... Mais il sous-estime encore la catastrophe qui l'attend.

— Ça va bien se passer... Marmonne-t-il à lui même pour se convaincre.

Intérieurement, il prie Dieu, Boudha, Kami-sama, Allah, Râ, Zeus... et une tonne d'autres  dieux auxquels il n'a jamais cru ! Il espère juste un miracle à ce moment là!

— Ça va bien se passer. Répète-t-il cette fois pour son "associée" (qui aurait dû fuir depuis longtemps).

Et il est temps de se mettre en place pour l'interview. Bito vient se placer en premier devant le camion, puis la "madame-associée-random" le rejoint.

Il se tourne vers, la regarde et soudain un sourcil se lève.
Il y a comme un déclic dans son petit cerveau. C'est en la voyant ainsi, sans casquette, un temps soit peu coiffée et avec un teint correct, qu'il comprend qu'ils se connaissent déjà.

— Attends... on se serait pas déjà croisé quelque part ?

Il plisse les yeux. Avance sa lèvre inférieure...

— Et on est en direct dans 3... 2... 1...

Et soudain, les neurones se connectent ensemble et une armée d'émotions se jettent sur lui pour le tabasser. BOOM !

— HO PUTAIN !!

Les yeux de Bito s'écarquillent, de gros vaisseaux sanguins ressortent apparaissent dans le blanc de ses yeux, ses narines se dilatent, sa bouche s'ouvre en grand. Il transpire à grosses goutes et fait la pire grimace de sa vie pendant que la caméra fait un gros plan sur son visage.

Bito marmonnait sans cesse dans sa barbe jusqu'à me répéter que ça allait bien se passer. Je peux comprendre que de se retrouver sans son associé officiel devant la télé ça peut foutre les jetons. Il se plaça devant le camion, à mon tour je le rejoignais. Côte à côte, on attendait le feu vert du caméraman. Il était temps de montrer mes talents d'actrices, bon j'ai fait du théâtre quand j'étais au primaire mais je pense pouvoir m'en sortir hein, j'ai joué le buisson numéro 4 et une fleur il me semble aussi...Je prenais de grandes inspirations, bon tu fais ta bimbo Nana, tu souris et tu bouges un peu la tête après tu devrais pouvoir sortir rapidos de là et disparaître dans un coin.

-Attends... on se serait pas déjèa croisé quelque part?

Oh non... S'il te plait PAS MAINTENANT. Bito plissa des yeux tout en me fixant. La boulette, j'avais moins l'air d'une clocharde avec tout le bazar qu'avait fait les assistants sur moi... Je priais pour qu'il me sorte n'importe quelle connerie de d'habitude, je sais pas fais moi une réfléxion philosophique sur le chorizo.
Ça sentait pas bon....

-Et on est en direct dans 3... 2... 1...

-HO PUTAIN!!

Le visage de Bito se défigurait de choc, transpirant dans son petit costume, je crois que je m'étais bien fait cramée. MERDE. On était en plein direct et son visage était en gros plan sur l'écran. Je sortais mon plus beau sourire digne d'une publicité dentaire avant de donner un petit coup de coude à Bito dans les côtes.

« Reprend toi sinon on va être dans la merde c'est pas le moment, marmonnais-je entre mes dents. »

Une journaliste s'avançait vers nous avec son petit bloc notes, prête à balancer ses questions à Bito QUI DEVRAIT SE RESSAISIR, RÉVEILLE TOI MON DIEU.

«  Hm hm, monsieur Daisukenojo nous vous remercions de nous accueillir ici pour cette inauguration, pouvez-vous un peu plus nous en parler? Comment vous sentez-vous vis-à-vis de l'ampleur que prend votre entreprise? »

Fallait que je réflechisse et que je fasse quelque chose sinon on était DANS. LE. JUS.
Réfléchis, n'importe quoi ferait l'affaire. PARLE.

«  Si je peux me permettre, toussais-je pour attirer l'attention de la caméra sur mon visage, nous sommes très excités de démarrer cette excursion culinaire à l'internationale! Cette étape cruciale dans notre développement permettra de faire goûter à l'autre bout du monde ces délicieuses... choses!

-Excusez-moi mademoiselle mais qui êtes-vous exactement? »

Pas le temps pour un plan B, il fallait que je passe au plan Z, go go buisson numéro 4 !!

« Je suis... l'associée de monsieur Daisukenojo, mon nom est Madame... Aya. »

Inspiration 0.1 sur 10.

« Il me semblait que c'était quelqu'un d'autre son associé m'enfin, ravie de vous rencontrer madame Aya, qu'est-ce qui vous pousse à vouloir vous exporter aussi loin que la Corée? »

Si je dis un mot de plus je sens que je vais me faire crâmer aussi sur ce point, une grosse goutte de transpiration faisait son chemin dans mon fond de teint face au micro tendu de la journaliste. Je commençais déjà à avoir mal aux joues à force de sourir autant. Fallait que Bito se remette vite de ses émotions au moins le temps que ça soit fini. Ne nous mets pas dans la merde S'IL TE PLAIT. Je me tournais doucement vers Bito tout en continuant de regarder la caméra.

« Mon cher associé pourra parfaitement répondre à votre question madame....?

-Madame Tetsuyo.

-Madame Tetsuyo, bien sûr! Je t'en prie, partenaire, vas-y, lançais-je en donnant une pichnette discrète à l'arrière de la tête de Bito. »

Si Bito priait que son interview se passe bien, je priais l'univers qu'il reprenne ses esprits et ne me fasse pas une scène devant des millions de spectateurs.

"QU'EST CE QU'ELLE FOUT LÁ ?!"
Cette question ne cesse de tourner en boucle dans la tête de notre héros.

Cela fait combien de temps que Nana s'en est allée sans laisser de nouvelles ? 4 ans ? 6 ans ?! Et aujourd'hui, il la retrouve devant Terrae, au hasard, au beau milieu des caméras.

Bito ne saurait décrire ce qu'il ressent à ce moment là. Il y a tellement d'émotions qui se bousculent en lui. Il en est comme paralysé, il n'aurait pu rêver pire comme retrouvailles.

Heureusement un premier coup de coude de la part Nana vient lui rappeler où il est, mais aucun mot n'arrive à sortir de sa bouche. Son esprit est encore trop confus.
Puis, vient une discrète pichenette  pour mettre un peu d'ordre dans ses priorités. Il doit se concentrer 5 minutes, juste 5 petite minutes avant d'appuyer sur le bouton rouge qui permet de lancer son ogive nucléaire d'émotions.

Bito jette alors un regard assassin à Nana, pour lui donner un avant goût de ce qui l'attend une fois cette émission terminée. Puis il toussote et se recentre sur son objectif premier.

— Eh bien, ce qui nous motive, c'est une volonté de partage et d'apprentissage. Nous voulons apporter à la Corée nos spécialités culinaires et nous inspirer des leurs.
Nous construirons surtout de nouveaux plats pour apporter aux saveurs et aux aliments que l'on trouve en Corée.

Il tend le bras vers le food-truck orné d'un beau ruban, qui se trouve derrière eux.

— Et voici le véhicule qui permettra à Madame...
Il plisse les yeux et lance un regard bien douteux à Nana.
A-Y-A... de se lancer dans cette aventure.

— Voilà un bel objectif que vous vous vous êtes fixés Monsieur Daisukenojo. Vous et votre associée deviez être très complémentaires pour vous lancer dans une telle aventure.

Bito grince des dents et se force à sourire.
— Oui, nous avons toujours besoin l'un de l'autre !
"Ou pas !!" Pense-t-il bien fort.

— Et cela ne vous chagrine de vous séparer votre associée ?

— Bien sûr que si, mais nous garderons toujours contact malgré la distance..!

Et il envoie à son tour un coup de coude à Nana.

— N'est-ce pas Mademoiselle Aya ?!

— En effet, avec tous les moyens dont on dispose aujourd'hui, il est difficile d'être séparé.

— Hahaha, tout à fait !

Est ce que Bito y voit une vengeance personnelle ?
TOTALEMENT !

— Mais dites nous, comment un tel Duo inséparable s'est-il créé ? Enchaine la journaliste en plaçant son micro entre Bito et Nana.

Bito se réveilla enfin face au micro de la journaliste, après un coup de coude et une bonne pichenette, son cerveau semblait s'être débloqué. Je sentais que le karma allait me tomber dessus mais c'était pas le moment de se mettre à transpirer devant les caméras et de se faire cramer. Il se mit à expliquer sa motivation à vouloir s'exporter en Corée. Je sentais les petits piques qu'il lançait avec ses regards douteux à mon égard. J'avais oublié ce petit côté enfantin qui pouvait causer problème surtout dans ce genre de moment, BITO ARRÊTE. C'EST PAS LE MOMENT. Je commençais à ressentir ce pincement au cœur, la culpabilité que j'essayais de faire partir me reprenait de plein fouet. Je me revoyais écrire ma carte postale pendant mon voyage, ne lui laissant qu'une vieille phrase pourrie sans qu'il puisse comprendre le bordel dans lequel je m'étais empétrée à l'époque, j'étais passée de femme incroyable a boulet. En pleine visite de mes souvenirs, un coup de coude me fit revenir sur Terre immédiatement.

— N'est-ce pas Mademoiselle Aya ?!

— En effet, avec tous les moyens dont on dispose aujourd'hui, il est difficile d'être séparé.


— Hahaha, tout à fait !

Je pouvais sentir ce pique me transpercer aussi délicatement que de faire tomber une boule de pétanque sur le pied de sa tante. OUI, merci, j'avais foiré. De tous les moyens possibles de se revoir, j'étais vraiment dans la pire des situations, il devrait y avoir un épisode de Black Mirror à mon nom sur les fails amoureux, DÉFINITIVEMENT. Je voulais essayer de le voir et de m'excuser à mon retour mais je sentais que ça allait mal se passer, ta copine qui a disparu du jour au lendemain pendant 6 ans réapparait sur le pas de ta porte en mode SURPRISE CHÉRI, CAMÉRA CACHÉ. Bref, je ne savais absolument pas comment j'allais me sortir de ce pétrin, utilise ton cerveau pour trouver un moyen de SURVIVRE.


— Mais dites nous, comment un tel Duo inséparable s'est-il créé ? 


Je sentais les yeux de Bito sur moi, putain je suis sûre qu'il s'attend à ce que je dise une vieille connerie pour m'enfoncer encore plus. Fallait que je trouve les bons mots pour essayer de me rattraper ne serait-ce que maintenant. Une grande inspiration et on était parti, j'avais le tic de tenir deux doigts de ma main gauche avec ma main droite en guise de support émotionnel. Je ressemblais à une enfant de 5 ans.

« On s'est connu au courant d'un événement sur le campus et le feeling est super bien passé. À force de passer du temps ensemble on s'est rapproché amicalement et Bito a eut la super idée du food-truck qu'il voulait développer. Je lui ai proposé mon aide car je l'appréciais beaucoup et les bons amis doivent se soutenir. Et jusqu'à aujourd'hui j'ai toujours gardé des bons sentiments pour lui et je suis fière de voir ce projet s'agrandir autant. »

Je répondais tout en le regardant dans les yeux, je voulais qu'il voit la sincérité dans mes pupilles. Un petit message pour dire ''Je t'ai pas abandonné par plaisir ou parce que je le voulais''.

«  Mais quelle belle histoire, vous semblez vraiment complices!! Vous feriez un très beau couple!

- C'est très gentil de votre part, dis-je en rougissant légèrement,  mais nos relations restent très professionnelles, on essaye de ne pas mélanger le personnel dans ce genre de moment, soulignais-je en faisant un petit signe de yeux à Bito »

Message subliminal numéro 15426 pour lui dire que c'est pas le moment du drama.

« C'est une belle façon de penser, il est vrai qu'en entrepreunariat, les relations personnelles sont 75% la cause de faillite à cause de mauvaises ententes. »

La journaliste continuait son petit speech sur les relations dans les entreprises, digne d'un tableau Excel elle sortait tout type de chiffres à en donner mal à la tête. Je me sentais à court de réponses, fallait que je trouve une excuse pour me faufiler hors du champ de la caméra et gagner un peu de temps avant que la sentence Bitonienne me tombe sur le crâne. Je pouvais pas quitter mon personnage de Mme Aya. Fallait que je garde le visage de la femme d'affaires en bonne et dû forme. Attend... MAIS OUI. Une idée me traversa soudainement l'esprit, un cliché PARFAIT de femme d'affaires venait de me frapper, merci Netflix.

« Et donc, Madame Aya, que- … »

Je fis un air surpris en mettant la main dans ma poche pour sortir mon téléphone.

«  Veuillez m'excuser Madame Tetsuyo. C'est un appel important d'investisseur, je dois y répondre urgemment, je vous laisse finaliser le tout avec mon partenaire.

- Euh, oui bien sûr, je vous remercie pour votre temps Madame Aya. »

Je la remerciais tout en me reculant jusqu'à être hors champ de la caméra, faisant semblant de répondre à mon investisseur fantôme. Je n'avais pas laissé le temps à Bito de réagir sur le coup afin d'éviter une mauvaise réaction. Je m'avançais doucement vers les caravanes de maquillage tout en continuant mon faux dialogue.

« Nous avons encore quelques minutes ensemble, reprenons Monsieur Daisukenojo, vous voulez bien? Demanda la journaliste avant de continuer dans ses questions.»

Je soupirais fortement, heureuse de m'être sortie de ce pétrin momentanément. Je vais continuer de faire semblant jusqu'à la fin de l'entrevue pour faire genre, une fois finie, il faudra que je prenne soit la décision de m'enfuir en courant, ou bien d'affronter les pires retrouvailles de ma vie. Fallait que je garde en tête tous les conseils de Arnaud mon psy si je voulais survivre à ça.

Ce cher Bito plisse les yeux et avance la lèvre inférieur lorsqu'il constate des pseudo-excuses entre les mots et dans le regard de Nana. À ce moment là, s'il avait eut des flingues à la place des yeux, je crois qu'elle se serait fait mitrailler.

Quand soudain, la plaisanterie de la journaliste lui arrive comme un boulet de canon dans la gueule. Il s'étouffe avec... je ne sais pas, de l'air peut-être, et quelques une tapes sur son torse pour se reprendre.

— Hem ! Pardon. En effet. Notre relation est très professionnelle. Il le faut. Évidemment...

Et le petit reportage continue. Jusqu'à ce que Nana joue la classique esquive du coup de téléphone urgent... Ce qui, en soit, n'est pas une mauvais chose pour notre héros.
Cela permet à Bito de se recentrer sur son objectif, de continuer cette interview sans distraction et dans les règles de l'art.

— Ha cette Aya, toujours à faire passer le travail avant le reste... Fait-il en la regardant s'éloigner. Mais oui, continuons.

Son attention revient sur la journaliste. Il fait son plus beau sourire et enchaîne sur ce qu'il avait prévu :
— D'ailleurs, j'allais vous proposer de gouter l'une de nos nouvelle recette en exclusivité !

— Ho oui, ce serait un grand plaisir pour nous de découvrir cela ! Répond la journaliste.

La suite se déroule toute seule, Bito dévoile alors le camion qui partira pour la Corée, fait gouter son plat à la journaliste et salue la caméra pour clore l'interview. Tout est bien qui fini bien.

L'équipe de chaîne télé commence alors à remballer tout son matériel, ce qui laisse enfin le temps à Bito de réfléchir sur ce qui l'attend s'il retourne vers Nana. Sa décision est rapide, il garde depuis 6 ans une tonne de plainte et il a enfin l'occasion de tout balancer.

— Bon, elle est passée où celle-là ! Lâche-t-il confiant, en remontant ses manches.

Il ne faut pas longtemps à son œil aguerri pour trouver celle qu'il cherche. Elle est assise sur un banc, pensive. On dirait qu'elle n'a pas vu le temps passer. Tant mieux, ça ne lui laissera pas le temps de s'enfuir... une fois de plus.

Alors, Bito interrompt tout à coup Nana dans sa méditation. Il use de son pouvoir de téléporteur pour apparaître juste derrière Nana et lui envoie une belle tape dans le dos. Il prend un malin plaisir à la surprendre.

Son index vient frénétiquement se pointer sur elle et soudain... et SOUDAIN... il se dégonfle.

— Bon. Bah. Euh. Hum. Rah. Hmf. Tss. Que...

Bordel !! Pourquoi tu bégayes abrutis ! Ça fait 6 putain d'années que tu attends LE moment où tu pourras lui dire en face à quel point tu la hais !!

— Qu'est ce que t'attends pour t'excuser ?! S'exclame-t-il.

Pathétique...
En même temps, cette rancune qu'il éprouvait pour elle n'est plus obsession aujourd'hui.

HORS RP : J'ai l'impression d'écrire une télé novela, tu sais les feuilletons hispaniques xD

Je restais un long moment à parler à mon client fantôme, à la recherche d’une stratégie. Bito reprenait à nouveau ses esprits afin de pouvoir se concentrer sur le reste de l’interview. Je le regardais du coin de l’œil jusqu’à ce qu’un assistant me dérange pour me proposer une limonade fraiche. Je fis semblant de raccrocher pour accepter et m’hydrater. Déboussolée par ce qu’il m’arrivait aujourd’hui, j’en connais une qui va passer une bonne nuit ce soir. J’étais exténuée par tout ce stresse. J’aurais souhaité faire un meilleur comeback auprès de Bito mais j’avais clairement pas assez de force mentale pour le moment. Finalement l’univers m’a dit « Tu sais quoi, cadeau débrouille toi. » Si tu veux pas aller vers tes problèmes c’est tes problèmes qui vont venir à toi…
Je profitais que Bito n’ait plus ses yeux sur moi pour aller m’asseoir sur un banc non loin. Mes racines capillaires commençaient à me tirer, je retirais une par une les pinces à cheveux afin que mes pauvres mèches soient à l’air libre. Bon avec toute la laque qu’ils m’avaient mis c’était encore plus pailleux qu’avant mais au moins mes racines me remerciaient. Je laissais mon gobelet vide à côté de moi, le soleil commençait à frapper un peu plus fort côté UV. Je tentais de réfléchir à une solution. C’est sûr qu’il allait m’insulter après son interview… Les deux mains collées en mode prière, je les laissais devant mon visage. Me laissant bercer par les réflexions et tous les scénarios catastrophes possibles. Il me haït, je ne peux pas lui en vouloir avec ce que j’ai fait. J’aurais dû lui laisser une lettre explicative au moins avant de partir dans mon opération sauvetage foireux. La peur a pris le dessus sur mes émotions et ma pauvre carte postale était juste… Bref. Il va pas me croire si je lui raconte ce qu’il s’est passé… Je ne me rappelle même pas s’il avait connu Max. Il me semble qu’ils ont dû se croiser mais aucune idée.
En plein milieu de ma réflexion une tape dans le dos me fit sursauter d’un coup. Je me retournais pour voir Bito me pointer du doigt. On avait le même pouvoir et lui était resté une étoile. Je n’avais pas remarqué que l’interview était déjà fini, merde je m’étais absentée trop longtemps au lieu d’aller me cacher dans ma chambre.

— Bon. Bah. Euh. Hum. Rah. Hmf. Tss. Que...

Il se mit à bégayer, perdant le contrôle sur son ton accusateur. Bon bah c’était l’heure du procès j’imagine.

— Qu'est ce que t'attends pour t'excuser ?!

Le cœur battant à mille à l’heure d’angoisse, je ne savais pas par quoi commencer question excuses… S’il me croît pas je vais juste passer pour une naze. Fallait que je réfléchisse. Je pris une grande inspiration avant de m’allumer une clope. C’est pas la nicotine qui allait boosté mon cerveau m’enfin ça me laissait quelques secondes de plus pour trouver mes mots.

« Je suis pas partie par plaisir Bito… »

Bon, j’avais un peu oublié le mot E sacré mais ça s’en venait. J’aimerais qu’il comprenne que ce n’était pas intentionnel. Je me levais du banc pour me mettre face à lui, je voulais qu’il voit ma sincérité dans le fond de mon regard d’or.

« T’as complètement le droit me haïr, j’aurais aimé procéder autrement sur ce qui s’est passé. Je suis sincèrement désolée que-…

-Hey bravo pour l’interview vous deux merci et bonne continuation ! S’exclama un des producteurs qui passait en coup de vent derrière avec son équipe. »

Je me retournais rapidement pour leur faire un signe de la main entre deux bouffés de clope.

« Hm… Je disais. Je suis sincèrement désolée de t’avoir laissé du jour au lendemain. Je suis partie en urgence sans réfléchir parce que… »

Je pris un moment de silence car je sentais les larmes montées doucement. Je me sentais traumatisée de ces années de merde qui m’avaient séparé de ma vie parfaite de l’époque.

« Max a disparu, rajoutais-je la voix tremblante. Et toutes ces années à le chercher m’a juste mené à un échec. Ce trou du cul veut juste pas être retracé pour je sais quelle foutue raison… »

Je frottais mon œil pour empêcher de laisser sortir les mini larmes qui voulaient faire coucou au monde extérieur. Je devais avoir l’air d’une victime mais il voulait savoir alors j’essaye de lui donner une idée de ce qui s’est passé. S’te plait me juge pas. Je sais que t’es un bon gars, t’as le droit d’être en colère, mais je sais que t’es pas mauvais dans le fond.

« J’ai jamais arrêté de t’aimer et je m’en suis voulue pendant toutes ces années, tout ce que je souhaitais c’est sauver ma seule famille de sang et j’ai juste tout perdu pour rien. J'ai dû partir en catastrophe sans pouvoir donner d'explications à personne à part Hideko... J'ai vécu l'enfer dehors. T’sais quoi, je suis sûre que tu serais heureux de ne plus me croiser donc je vais pas pomper ton air plus longtemps. »

Fin de monologue, toute façon c'est Game Over pour moi. Je jetais ma clope par terre avant de me tourner, prête à foutre le camp pour de bon avant qu’il se mette à probablement me crier dessus ou je ne sais quoi.

[HRP : Amooour Gloire et beautééé ♪ Ta-ta Ta-la Ta ♫ x') ]
[HRP 2 : Sorry pour le temps de réponse ! ]
[HRP 3 : Sorry pour le pavé ! ]

Notre héros prend la pose digne du "daron pas content". Bras croisés, torse bombé, menton levé, sourcils froncés... Bref, avec ce combo idéal pour avoir l'air intimidant, il écoute attentivement le discours de son interlocutrice.

« Je suis pas partie par plaisir Bito… »
— Mouais... Lâche-t-il en attendant la suite.
« T’as complètement le droit me haïr, j’aurais aimé procéder autrement sur ce qui s’est passé. Je suis sincèrement désolée que-… »
— Mouais.

Bito utilise la technique du "Mouais" à répétition, qui montre clairement son insatisfaction face aux paroles de Nana.

- Hey bravo pour l’interview vous deux merci et bonne continuation !

Bito change radicalement de comportement lorsqu'il entend le producteur. Il arbore un sourire radieux et fait un signe de la tête en guise de remerciement, mais aussitôt Nana se retourne vers lui, aussitôt il reprend son air vénère*.

Il écoute donc la suite du discours en lâchant son agaçant "Mouais" à chaque fois qu'on attend une réaction de sa part.

Et le dénouement approche, Nana décide de fermer cette conversation par un point final qui conclura leur histoire, mise en pause depuis 6 ans. Maintenant c'est à notre héros de décider si oui ou non, il y aura un tome 2.

Bito regarde le mégot de cigarette encore fumant tomber au sol, tandis que Nana lui tourne le dos et s'en va. Il a l'impression que cette scène passe au ralenti.

Il ferme les yeux un instant et se pince l'arête du nez. C'est probablement la fatigue et la descente d'adrénaline qui lui jouent des tours.

Une fois ses yeux fermés, place à ses pensées qui entrent en conflit :
Une partie de lui est persuadée qu'il n'a rien à se reprocher, que son ex-petite-amie n'a que ce qu'elle mérite et qu'il vaut mieux conclure ainsi. Mais l'autre partie souhaite qu'il accepte ses excuses, si longtemps attendue soient elles. Car cette partie de lui, avait imaginée le pire et elle est aujourd'hui rassurée de voir Nana en saine et en sécurité.

Bito grogne et d'un petit geste de la main, il téléporte le mégot de cigarette tombé sur le sol à la poubelle. Il fourre ensuite ses mains dans ses poches et tourne les talons à son tour.

— Et puis merde, c'est pas mon problème ses histoires de famille ! Dit-il en shootant dans un caillou sur sa route.

Puis, cette petite voix dans sa tête résonne, alors qu'il commence à s'éloigner :
"Après tout Bito, c'est toi qui a le plus souffert dans cette histoire. A son départ, tu as refusé d'y croire, tu t'es ensuite mentis à toi-même en faisant comme si cette relation n'avait jamais existée. Alors qu'en fait, cela t'as rongé de l'intérieur pendant 2 longues années... jusqu'à ce que tu décide de tourner la page.

Tu as ensuite quitté Terrae pour construire une nouvelle vie et te séparer d'une partie de tes souvenirs. La chance et le succès t'ont souri et un grand avenir s'est ouvert à toi.
Puis tes pouvoirs te sont revenu et tu as été rapatrié à Terrae. Tu y as trouvé un nouvel amour qui comble ton cœur. Oubliant les échecs que tu as laissé derrière toi..."

Bito s'ébouriffe nerveusement les cheveux pour tenter vainement de chasser ses propres pensées.

C'est alors qu'il croise son reflet dans la carrosserie de la camionnette qu'il vient de rejoindre. Il est beau, fringuant, populaire, riche, comblé d'amour et de joie... alors que Nana ne possède plus rien.

"Finalement, ce n'est pas toi qui a le plus souffert durant tout ce temps."

Le jeune homme se retourne alors. Il voit Nana au loin. Quand soudain, il se téléporte juste devant elle, une main en avant pour lui faire signe de s'arrêter.

— STOP !

... et malheureusement il a mal jaugé la distance, sa main rencontre le visage de la demoiselle.

— Merde ! Excuse, j'ai mal géré ma téléportation ! Je voulais pas te mettre ma main dans la gueule ! S'exclame-t-il choqué.

— Mais passons...

Ouais, avec un peu de chance elle oubliera la taloche qu'elle vient de se prendre.

— Je... Je veux bien accepter tes excuses !! Mais à quelques conditions :
1) On repart à Zéro !
2) Dis pas que tu m'aime, ça risque de faire une jalouse !
3) Va t'occuper de tes cheveux bordel !
4) ...

Et soudain, le regard de Bito s'arrête sur cette poubelle en feu.

— HA ! Mais qui c'est le con qui a ... ! AU FEU !

*Petit flashback sur le mégot encore allumé qu'il a envoyé à la poubelle.*

— 4) Arrête la clope putain !

HRP : Non mais je te jure XDDD J'ai exactement entendu la musique dans ma tête hahaha
Pas de soucis pour tout ça, j'ai pas de soucis avec les pavés, je t'ai connu avec des très petits post ça te change xD Désolé moi aussi j'ai fait du pavé du coup x)

Je venais fermer un chapitre difficile, 6 ans d’absence pour tout simplement tout foutre en l’air au final. Quelle vie. Je commençais à m’avancer en direction de ma chambre. Même pas un mètre plus loin je me retournais pour jeter un coup d’œil, il partait dans sa propre direction. C’est clair que je m’attendais pas non plus à ce qu’il me court après comme dans les films bien que ça aurait été cool hein mais bon on est pas dans un film. La vraie réalité est autre. Au moins j’avais pu le voir une dernière fois avant de ne plus pouvoir le croiser. Au moins je savais qu’il allait bien, qu’il avançait dans sa vie. J’aurais aimé vivre dans un univers parallèle où je n’étais jamais partie… On aurait été heureux longtemps ensemble. M’enfin, je ne pouvais m’en vouloir qu’à moi-même.

T’as tenté ta chance de t’excuser Nana, tant pis.

J’avais hâte de rentrer pour me démaquiller de toutes les couches que j’avais sur le visage, je recommençais à m'avancer. Il faudrait que je passe aussi au magasin pour m’acheter des soins pour les cheveux du coup.
Soudainement je me prenais une main en plein visage. J’étais prête à envoyer ma main dans le visage de la personne qui avait osé puis je reconnus une voix tout de suite. Bito qui venait de m’arrêter en plein dans mon trajet, il avait la téléportation facile depuis qu’il en avait pleinement contrôle dis donc… Laisse moi deviner, t’es venu pour m’enfoncer ? Ou est-ce que mon anecdote des films allait être réel ?
Il s’excusa du coup dans le visage.

« Ouais bah t’as faillit t’en prendre une là, grognais-je.

— Je... Je veux bien accepter tes excuses !! Mais à quelques conditions :
1)On repart à Zéro !
2) Dis pas que tu m'aime, ça risque de faire une jalouse !
3) Va t'occuper de tes cheveux bordel !
4) ... »

Je n’eus pas le temps de réagir ou que mon cerveau enregistre les infos qu’il s’écria au feu tout en rajoutant sa quatrième condition.

— 4) Arrête la clope putain !

Une odeur de brûlé rentrait doucement dans mes narines, je me retournais pour voir une poubelle en feu. Bah merde alors qu’est-ce qui s’est passé ? Y a un affinité Feu qui s’est énervé non loin d’ici ou quoi ? Fallait trouver une solution rapidos. Je retirais ma veste avant de pousser Bito sur le côté pour aller étouffer le feu avec. Le feu n’était pas encore ultra énorme au point d’exploser mais je ne pense pas que juste ma veste faisait tout le travail.

« Y a pas un putain de quelqu’un qui a de l’eau ou qui est affinité Eau ici ?! »

Les gens ne faisaient que regarder comme s’ils observaient un show de télé-réalité tandis que je continuais de secouer ma veste sur les débris en feu. Bordel de merde JE PANIQUE. Je respirais de plein fouet la petite fumée noire, toussant à plein poumons mais les flammes n'avaient pas l’air de vouloir s’arrêter. Un marchand de boisson passant dans le coin par chance, je me jetais sur sa glacière pour prendre 2-3 bouteilles d’eau. Lui promettant de le payer dans 1 minute. Je versais l’eau directement sur ma veste afin de la tremper au max, puis je la jetais suffisamment fort dans la poubelle. Je versais le restant d’eau, les flammes ne laissant au final qu’une légère fumée… Je toussais fortement pendant une longue minute, cherchant à récupérer mon souffle un instant.
Ma veste était complètement foutue, après l’avoir sorti de la poubelle, elle n’était qu’un vieux tissu mangé par des mites radioactives. Les restants fumants devraient s’estomper sous peu de ce que je voyais en dessous. Je mordais ma lèvre de frustration, c’était ma veste préférée.

« Putain… Lâchais-je. »

Essuyant la sueur de mon front, je payais mes bouteilles puis je revenais vers Bito, me rendant compte que je l’avais complètement oublié.

« Eh bah… ça rappelle... des souvenirs... cette histoire de feu.  »

J'étais encore un peu essoufflée de la mini aventure.
En tout cas, la chère maison hantée. Je me demande ce qu’elle en est depuis qu’elle avait brûlé ce jour là tiens. En tout cas, je continuais de prendre des grandes inspirations, coupées légèrement par une petite toux.

« Excuse... alors du coup, qu’est-ce que tu disais ? Ah oui tes conditions ?  T’es sérieux ou vraiment tu me dis ça juste pour la blague que tu acceptes mes excuses ?  »

On sait jamais hein.
Il avait énoncé une jalouse, je comprenais donc qu’il avait refait complètement sa vie, ça me faisait un pincement au cœur mais je pense pas que ça valle le coup qu’il sache sur ce sujet-là. J’étais un peu attristée mais cela faisait parti de mon processus de deuil de la relation j’imagine. Il mentionnait donc d’arrêter la clope, chose que je peux pas promettre vraiment; mes cheveux, il me doit des soins de toute façon; je ne parle pas de mes sentiments - OK Doc' je ferais mon mieux; on repart de zéro. Zéro… Il est clair qu’il me sera difficile tout de suite de faire comme si jamais rien n’avait eut lieu mais une fois le deuil passé, ça devrait aller un peu mieux. Qui que tu sois nouvelle copine de Bito, t’es bien chanceuse. Il est temps que je passe à autre chose de mon côté… Je n'avais aucun moyen de me rattraper et de le récupérer après tout. Au moins de le garder en ami serait une bonne chose, on avait des bons délires... Va falloir que j'arrive à assumer cette vérité et que je prenne mon futur en main.

Bito aurait pu aider Nana à éteindre ce feu, mais il ne l'a pas fait...
Pourquoi ? Eh bien, je vais vous l'expliquer :

Au moment où notre héros s'élançait pour suivre Nana dans son intervention, un passant l'a interpellé afin de faire un petit clip TikTok...
La popularité de Bito commence à prendre trop de place dans sa vie et cela lui monte doucement à la tête. Il ne s'en rend pas compte, mais plus le temps passe et plus il change.

Ainsi, tandis que l'on voit en fond de vidéo une blonde qui s'acharne pour éteindre un feu de poubelle, Bito et un fan sont en train de blaguer devant la caméra du smartphone. Il pleut des like sur l'écran, c'est tellement satisfaisant.

Bito salue donc son fan et revient en face de Nana -qui était surement trop occupée à éteindre le feu pour se rendre compte qu'il l'a laissée se démerder.

— Ouais, tu l'as dis, que de souvenirs ! Répond Bito, tout sourire.

Il ne comprend pas du tout la référence, mais il acquiesce.

— Et on a bien géré ce feu, bien joué ! Continue-t-il un petit coup de poing amical dans l'épaule de Nana.

Vous remarquerez qu'il s'inclue dans le sauvetage alors qu'il ne s'est pas mouillé...

Puis il reprend la conversation, les poings sur ses hanches.

— Je suis sérieux. On va faire comme si on se rencontrait pour la première fois !

Il tend sa main et commence à se présenter, mais il s'arrête brusquemment.

— Nan, c'est trop chelou en fait... Marmonne-t-il en se tenant le menton. Faisons plutôt comme si on était de vieux amis du lycée qui s'étaient perdu de vue ?

Il attend la réponse de Nana. Pendant ce temps, son regard s'attarde sur le maquillage de Nana qui dégouline à cause de la transpiration. Bito tapote la poche de son tablier, fouille à l'intérieur et en sort rapidement deux objets inattendus.

— Eau micellaire et coton Bio. Indispensable quand on est une star qui prend soin de soit.

Il imbibe le coton d'eau micellaire et commence à nettoyer le visage de Nana en souriant. Quand soudain, il se rend compte que son geste est quelque peu... affectueux. Ses joues s'empourprent alors et il met rapidement son matériel de démaquillage dans les mains de Nana.

— Tu sais t'y prendre hein ! Bon, j'ai des courses à faire moi. J'ai de l'huile de coco à t'acheter et des patch pour la drogue... heu, la clope ! S'exclame-t-il comme si Nana avait déjà acceptée ses conditions.