J'ai passé un petit moment dans la salle de classe pour essayer de suivre l'évolution des différentes missions au Centre, mais la tension y était juste insupportable. Tout le monde est à fleur de peau, les pleurs, le stress plus que palpable... Je ne suis pas Sensitive mais je suis tout de même une éponge à émotions, et l'ambiance là-bas, c'était simplement trop pour moi. J'ai eu besoin de m'isoler, de me calmer, de respirer un peu. C'est presque naturellement que mes pas m'ont amené vers le toit de l'institut - il n'y a pas mieux pour être seule avec ses pensées tout en prenant un bol d'air frais. Peut-être que ça m'aidera à faire le tri dans ma tête, entre toutes ces visions cauchemardesques qui m'assaillent depuis le début de la journée...

Je grimpe les marches en vitesse et ouvre doucement la porte qui mène à l'extérieur. Il n'est pas encore très tard mais il fait déjà noir, et surtout plutôt froid. Je n'ai pas pris de veste, je ne m'attendais pas vraiment à sortir à la base, aussi je frissonne en m'entourant de mes bras. Je m'avance lentement vers la ballustrade pour regarder les lumières de la ville, au-delà des murs d'enceinte, je trouve ça tout aussi apaisant que de regarder les étoiles. Je sursaute soudain en me rendant compte qu'il y a quelqu'un d'autre, à quelques mètres de moi, appuyé à la rambarde lui aussi.

"Oh, désolée, je ne vous avais pas vu ! ... Allen ?"

Je m'approche un peu pour être sûre de ne pas faire erreur - dans la pénombre, tout le monde se ressemble un peu. Mais c'est bien lui. Je lui souris faiblement et m'arrête à sa hauteur, avant de me remettre en appui contre le garde-fou, le regard dans le vide.

"Ca ne te dérange pas si je reste un peu ici ? J'avais besoin... De calme, et d'air. Ca va, toi ?"

Je ne l'ai pas vu depuis... Je ne sais pas, un moment. La séance de massage désastreuse de la Saint-Valentin, c'est ça. En temps normal, je me serais sans doute sentie gênée. Mais là tout de suite ça m'est complètement égal, tout ça me semble bien loin.

L'air frais balayait agréablement mon visage. Mes yeux continuaient de dériver face à moi, s'arrêtant parfois sur la lumière qui s'allumait dans une maison, d'autres fois sur les personnes que je devinais au loin, en train de marcher pour revenir du village de Terrae. Cette période était un peu particulière. Je n'avais pas vraiment suivi les événements, et pour une fois, ma soif de connaissances des différentes actualités concernant Terrae s'était tarie.

Pandora m'avait informée qu'elle partait au front. Quel front ? Mitsuki était partie, elle aussi, pour récupérer ce qui lui appartenait de droit. Aoi avait également accompagné une équipe... Aria...

En fait, tout le monde s'était levé pour Terrae, et pour ne pas changer, j'avais pris la décision de rester à l'écart. Plus personne ne m'obligeait à faire ce que je ne voulais pas faire, probablement encore trop inquiet à l'idée que je puisse re-sombrer, re-tomber dans l'alcool et retourner en cure.

Sauf que je savais pertinemment que tout ça était bien loin derrière moi maintenant. J'avais seulement pris la décision de ne pas y aller parce que j'étais égoïste, et que je n'avais pas envie de me mouiller pour quelque chose qui ne me concernait pas.

Mes pensées m'avaient ramené jusqu'au toit de l'Institut, où j'y avais rencontré par le passé Mathéo, l'un des meilleurs amis d'Ys et de Mitsuki par la même occasion. Cet étrange personnage qui ne supportait pas la lumière du soleil, et qui était condamné à vivre la nuit pendant que tout le monde s'abandonnait dans les bras de Morphée.

Je ne savais pas vraiment ce que j'attendais, probablement que le temps passe et que tout revienne à la "normale" sans que je sois rongé par une culpabilité que je ne comprenais pas trop. Pourquoi n'y étais-je pas allé ? Parce que j'avais peur. Non, je n'avais pas peur du tout. Je n'en avais simplement pas ressenti l'envie. Mais pourtant, mes amies s'étaient impliquées, alors qu'elles non plus ne connaissaient aucune des personnes qu'ils partaient chercher. Qu'est-ce qui les avait poussées à agir ? En soi, elles n'avaient rien à y gagner, non ? Pourquoi se donner tant de mal pour des inconnus...?

Peut-être que je manquais d'informations. Ou peut-être que je manquais d'empathie - ça c'était loin d'être impossible.

Lentement, je me penchai en avant pour déposer ma tête dans mes bras croisés sur la rembarde. Une voix attira mon attention et me fit perdre le fil de mes pensées. Je me redressai pour me retrouver face à Alyona. Son visage était étonnamment... Calme ? Fermé ? Elle semblait ailleurs. Bon, de toute façon, j'avais jamais non plus été très doué pour comprendre ce qui se tramait dans la tête des gens.

-Ca va et toi ? Tu es stressée pour quelque chose ?

Je constatai alors sa tenue et je fronçai légèrement les sourcils.

-Tu vas attraper froid non ? Qu'est-ce que tu fais ici sans manteau ?

Je hausse un sourcil lorsqu'Allen me demande si je suis stressée par quelque chose - non mais il est sérieux lui ? Ca fait des mois que les différentes équipes d'intervention s'entraînent d'arrache-pieds pour cette fameuse mission face au Centre, des mois que la majorité des conversations tournent autour de ce sujet... Il n'a pas pu passer à côté quand même ! Surtout quand plusieurs de ses amies proches sont aussi impliquées, sont là-bas en ce moment-même !

"La mission au Centre... J'ai plusieurs amis sur place, je me fais du souci pour eux. La Voyance... Dans ce genre de situation, ça n'aide pas."

Si j'étais une Voyante compétente, peut-être - mais là, je suis juste bombardée de bribes et lambeaux sans cohérence, comme un rêve qui s'effrite progressivement après le réveil et perd tout son sens. Ou un cauchemar, plutôt, vu le carnage et la violence de mes visions. Je déglutis difficilement, hausse les épaules à sa question que j'ai à peine entendue.

"Je n'avais pas vraiment prévu de sortir... J'étais dans la salle de classe avec tout le monde, mais... L'ambiance était un peu trop étouffante. Les infos arrivent au compte-goutte, c'est plus anxiogène qu'autre chose en fait, tout le monde est au bord de la crise... J'avais besoin de prendre un peu de distance, de m'aérer la tête."

Le froid me remet un peu les idées en place, mais je ne vais sans doute pas pouvoir rester longtemps dehors dans cette tenue, sous peine d'attraper la mort effectivement. Rien que Chrys ou une autre infirmière ne puisse soigner facilement, mais mon petit doigt me dit que les Soigneurs de Terrae vont bientôt avoir suffisamment à faire, pour ne pas devoir en plus s'occuper de petites grippes. Un sanglot étranglé m'échappe à cette pensée, et je porte une main à ma gorge pour essayer de ravaler mes larmes. Trop tard. J'enfouis mon visage dans mes mains pour me cacher et murmure entre mes dents.

"Désolée..."

Je ne sais même pas pourquoi je pleure comme un bébé, alors que je ne suis pas celle en train de risquer sa vie dans cette histoire. Je crois que j'ai juste les nerfs qui lâchent, trop de stress pour que j'arrive à encaisser.

Les sourcils toujours légèrement froncés, j'écoutais Alyona qui me répondait. Ouais, bon, j'aurais peut-être pu deviner qu'il s'agissait du Centre, mais ça aurait pu être autre chose. Je ne savais pas vraiment qui étaient ses amis, elle n'est pas là depuis si longtemps, si...?

Je l'écoutais alors sans trop savoir quoi dire, sentant mes sourcils froncés se débrider un peu. La voyance ? Elle a des visions sur ce qu'il se passe là-bas ? Ou alors sur ce qu'il va se passer quand ils rentreront ? J'suis pas sûr de vraiment cerner ce pouvoir.

Je hochai la tête quand elle m'expliqua ce qu'elle faisait là. Ouais, le classique "j'ai besoin d'air" quand la tension atteint son paroxysme. Encore une fois, je ne dis rien, parce que je ne savais pas trop quoi dire.

Cette situation continuait à me laisser perplexe. Je n'y étais pas. Mais toutes ces personnes, si. Ca me paraissait tellement loin. Tellement extérieur à moi. Je n'arrivais pas à me sentir concerné. Elle s'inquiétait. Pourquoi est-ce que moi, non ? Parce que j'avais confiance en eux ? Parce que j'avais la conviction que tout le monde allait rentrer normalement et que demain nous commencerions la journée comme d'habitude ? Pandora me rejoindrait au magasin pour travailler, je passerais peut-être boire le thé chez Aoi en rentrant, je croiserais peut-être Mitsu quand elle quitterait l'Institut après sa journée de travail alors que moi j'y rentrerais après la fin de la mienne. Tout était si distant que ça ne me semblait tout simplement pas réel.

Et puis, Alyona se mit à éclater en sanglots et je me raidis. Elle... Pleurait. Pourquoi est-ce qu'elle pleurait ? Un frisson me parcourut l'échine alors que je balbutiais des sons sans savoir quoi dire, encore. Terriblement mal à l'aise, je l'observais relâcher toute la pression qui l'accablait devant moi sans réagir, sans savoir quoi faire, sans savoir quoi dire, et c'était encore pire. J'étais juste tellement impuissant dans cette situation.

Alors je la regardais. Et je ne bougeais pas. Je l'écoutais s'excuser sans comprendre pourquoi elle s'excusait. Pourquoi je ne bougeais pas ? N'importe qui aurait réagi dans ma position. N'importe qui lui aurait au moins tendu un mouchoir, ou l'aurais prise dans ses bras, non ? Je sais pas, je comprends pas, pourquoi est-ce que je suis aussi éteint ?! Pourquoi la seule phrase qui a failli sortir de mes lèvres ça a été "Tu veux que je te laisse un peu toute seule ?" ?!

Je sentis une boule se former dans mon estomac alors que j'apercevais une larme atteindre son menton sous ses mains qui camouflaient son visage.

-Ca va aller.

Les mots s'échappèrent de mes lèvres sans que je n'ai même eu le temps de les penser. Je m'approchai d'elle et passai mes bras autour de ses épaules pour la tirer doucement contre moi, mon coeur tambourinant dans ma poitrine face à cette proximité qui me mettait si mal à l'aise.

-Tes amis vont tous revenir, ils ont été préparés. Et puis, ils sont de Terrae, rien ne peut leur arriver.

Est-ce que c'était ça ? Est-ce que mon manque d'inquiétude, mon manque d'implication, reposait sur ce seul fait que de toute façon, en venant de Terrae, rien ne pouvait mal se passer ?

Allen me regarde en silence alors que je lui explique ce qui me tracasse - et franchement, je ne comprends pas que ça ne le tracasse pas lui aussi ! Comment il peut rester aussi serein et détaché vu la situation ?! Bon, je serais sans doute un peu moins affectée si je ne venais pas de passer une heure dans une pièce chargée à bloc de stress, mais quand même. Nos amis sont partis pour une opération militaire, c'est pas juste une petite mission diplomatique tranquille... Le danger est bien réel, les mois d'entraînement qui ont été nécessaires le prouvent bien !!

Le brun garde le silence alors que je continue de parler. Mais pourquoi il ne dit rien ? Son visage est totalement vide d'expression, si ce n'est ses sourcils légèrement froncés - il est stone ou quoi ? Franchement, ce n'est pas une mauvaise idée, peut-être que ça pourrait calmer un peu mes nerfs à vif de fumer un coup... Mais non, au lieu de ça, je fais la seule chose que je sais faire pour évacuer mon stress ; je pleure. Je porte mes mains à mon visage pour me cacher autant que possible, m'excuse entre mes doigts, mais suis bien incapable d'arrêter mon flot de larmes.

Je ne sais pas combien de temps passe, mais je sens soudain la chaleur d'Allen m'envelopper alors qu'il passe ses bras autour de mes épaules et m'attire contre lui. Je pose ma tête contre son torse, son contact  et ses mots m'apaisent et me réconfortent un peu. Ils ont été préparés pour cette mission, c'est vrai, mais quand même...

"Comment tu fais pour rester aussi calme et optimiste ? Y'a déjà... Y'a déjà eu des morts pendant les missions..."

Afya m'en a parlé, une sale histoire avec des scientifiques, il y a plusieurs années de ça.

"Je... Je les vois mourir..."

J'explique doucement, alors que les larmes reprennent de plus belle. C'est ça le problème avec les visions, le futur ; il y a une infinité de possibilités, et elles se mélangent toutes dans ma tête. Je sais que certains futurs sont plus ou moins probables que d'autres, mais j'ai encore du mal à faire la distinction - et vu mon état de stress et de confusion de toute façon, tout se brouille quoi que je voie. Et j'ai peur, et je ne sais pas comment faire face à l'éventualité que les choses finissent mal.

La question qu'elle me pose me laisse de marbre. Je sens un léger poids s'abattre sur mon coeur, abrupt face à la seule réalité que je connais : Terrae s'en sort toujours. Et peut-être que c'est ça qui me fait peur. Peut-être que c'est cette probabilité de réussite, même lorsque les conditions sont difficiles, même quand les choses semblent impossibles, qui me terrifie vraiment.

Ils vont revenir parce que je le sais. Des morts il y en a eu, parce qu'ils n'étaient pas préparés, parce que Terrae avait accepté de laisser des gens partir sans formation. Mais maintenant qu'ils avaient carrément suivi un entraînement militaire ? Oh, certes, ce n'était que quelques semaines, mois, mais et alors ?

Rien ni personne ne peut terrasser Terrae. Elle est la toute grande et la toute puissante ; pas étonnant que de nombreux pays la redoutent. S'il y a souvent des blessés, ils ne restent que des blessés malgré le risque énorme que représentait la mission. Toutes ces personnes sont invincibles, inatteignables ; elles défient les lois de la physique, et si jamais elles reviennent un peu amochés... Ben les guérisseurs feront leur travail. Et dans quelques semaines, peut-être dans un mois maximum, ce sera comme si rien ne s'était passé, non ?

Elle les voyait mourir... Comment pouvaient-ils mourir ? Comment ses visions pouvaient-elles lui montrer ça ? Personne ne peut même toucher ne serait-ce qu'un cheveu de ces demi-dieux... Ils ont été rendus tout puissants avec leurs pouvoirs, et ils ont même maintenant des armes ? Des explosifs ? Chacun des pouvoirs ici est meurtrier, et ne peut être contré face à des personnes démunies de pouvoirs, alors comment pourraient-ils même risquer de perdre la vie ? Ils seront blessés, mais de ce que j'ai appris depuis toutes mes années ici, c'est que les blessures ne restent pas, et finissent toujours pas disparaître, ne laissant de ces actes pourtant si violents qu'un vague souvenir.

J'ai réagi par le passé aux atrocités que mes compères avaient vécu. J'ai paniqué, je me suis senti démuni et j'ai eu l'impression que tout était terminé. Ce n'est pas comme si je n'avais pas passé des années à me rendre à l'hôpital à mes débuts pour voir telle ou telle personne qui n'allait pas bien après une mission, ou pire, après un entraînement qui avait mal tourné. Les gens ne se contrôlent plus ici. Ils veulent toujours aller plus loin, toujours repousser les limites de leurs pouvoirs. Ils se mettent dans des états impossibles sans plus avoir conscience du danger parce qu'ils sont... à Terrae. Et qu'à Terrae, toutes les plaies peuvent être refermées.

La douleur est éphémère.

Alors j'ai dû cesser de m'inquiéter. Parce que c'était trop douloureux. Je crois que quelque chose en moi s'est arrêté à ce moment-là. Comment est-ce que c'était possible que moi j'en garde de si grandes séquelles alors qu'eux repartaient déjà pour de nouvelles missions sans même se souvenir de ce qu'ils avaient enduré ? J'avais toujours l'impression d'être le plus touché. Et eux, alors même qu'ils avaient traversé ce que je n'aurais jamais pu traverser... Repartaient sans même regarder en arrière, déjà certains qu'ils reviendraient ici le lendemain.

Je sentis que mon étreinte s'était légèrement resserrée sur Alyona et je détendais un peu mes muscles pour ne pas lui faire mal. Mes dents serrées se desserrèrent et je passais mécaniquement une main dans son dos, les étoiles dans le ciel accrochant mon regard.

-Parce que je sais qu'ils vont revenir sains et saufs. Et que rien ne pourra jamais les atteindre. Surtout après l'entraînement qu'ils ont suivi...

Je sens Allen tressaillir légèrement à mes mots. Il garde le silence pendant un long moment, mais il resserre progressivement son étreinte autour de moi. Ca ne me gêne pas, au contraire, je pense que j'ai besoin de ce contact à ce moment précis, de sentir sa chaleur m'envelopper, me protéger de ces pensées sombres qui m'assaillent. Je pense qu'il a peur lui aussi, même s'il ne se l'avoue pas - après tout, le déni est un mécanisme de défense très puissant. Ou alors il est juste habitué à cette attente insoutenable ? Après tout, il est ici depuis plus d'une décennie, il a du en voir passer des missions catastrophiques, des moments critiques...

Le jeune homme finit par desserrer légèrement son étreinte en me frottant le dos, et je hoche doucement la tête contre son torse à ses mots. Sa conviction ne m'atteint pas totalement, mais je me force à éclipser mes doutes. Il a raison, ils ont été entraînés, ils sont prêts... Et les pouvoirs, c'est un atout de taille, c'est indéniable... Enfin, quand on sait s'en servir correctement évidemment, mais c'est bien pour ça que ce sont eux qui sont partis au front, et pas moi.

"Oui, je- j'espère que tu as raison..."

Je me recule légèrement, me dégageant doucement de son étreinte en m'essuyant le visage. Je crois que ça m'a fait du bien de pleurer, c'est comme si la boule dans mon estomac avait un peu rétréci.

"Désolée, je- merci... J'ai jamais fait face à une situation similaire, c'est... Ca me semble presque irréel en fait."

Voir mes amis littéralement partir à la guerre, c'est bien quelque chose que je ne pensais jamais expérimenter. Je ressens soudain une immense compassion pour les femmes de militaire, qui doivent vivre avec cette peur au ventre chaque jour de leur vie - je ne sais vraiment pas comment elles font.

"Tu penses que ce sera terminé, une fois qu'ils seront rentrés ? Le Centre et tout ça, je veux dire..."

On a reçu si peu d'informations au sujet de cette mission au final, est-ce qu'ils sont partis couper la tête du serpent ? Ou bien ce sera juste une histoire comme l'Hydre de Lerne, et ce n'est que le début ? Et s'ils ripostaient en nous attaquant directement ici... ? Voilà que la boule à l'estomac reprend sa place, mais c'est une peur différente cette fois, plus diffuse, incertaine.

Alyona s'éloigna de moi et je laissai mes bras retomber le long de mon corps sans plus chercher de contact avec elle. Mes yeux un peu vides comparés aux siens se posèrent sur elle et je ne pus que comprendre ce qu'elle ressentait. J'avais l'impression de me voir à mes débuts ici. Stressé, paniqué chaque jour à l'idée de perdre l'un de mes proches. Parce que tout pour si vite tourner mal ici. Absolument tout. Même la simple découverte de son potentiel d'Etoile se fait dans la violence, au péril des uns et des autres parfois...

L'image d'Ariana qui sauta de la montgolfière pour me forcer à me faire révéler à nouveau mon pouvoir d'Etoile me fit frissonner. Ce jour-là, encore, quelqu'un avait agi sans réfléchir, sans penser aux conséquences ; parce qu'à Terrae ça va toujours. Qu'aurait-il pu se passer de vraiment grave, après tout ? Avec des pouvoirs, tout va toujours, non ? Bien sûr qu'elle aurait pu simplement s'écraser le crâne sur le sol, mais ça, c'est le genre de chose qui n'arrive jamais à Terrae, pas vrai ?

Je reportai mon attention ailleurs sans trop savoir quoi ajouter de plus pour essayer de rassurer Alyona.

-J'sais pas pour le Centre. Mais j'pense pas, ils ont nécessairement plein d'autres bases ailleurs... Ils n'attaqueront pas à nouveau Terrae je pense, enfin j'en sais rien cela dit. Mais il y aura forcément des conséquences. Des personnes qui vont trouver les Terraens encore plus terrifiants. Des personnes qui vont se méfier encore davantage de nous. C'est le double-tranchant des caméras embarquées et des images retransmises. Certains auront peur et n'oseront rien faire, d'autres seront bien heureux d'être toujours nos alliés et de pouvoir profiter des avantages que nous partageons, et les plus virulents pourront mettre en place de nouveaux plans pour se libérer de nous, parce que nous sommes trop dangereux pour le monde.

Ca, par exemple, j'avais bien conscience que ce n'était pas du tout rassurant, mais c'était aussi tellement vrai... Et mentir pour la préserver, c'est quelque chose que je suis incapable de faire. Pas quand je parle de quelque chose qui me terrifie moi aussi.

-Vivre à Terrae sera toujours ponctué de moments difficiles. Mais c'est le prix que tout le monde a accepté de payer en venant ici : on abandonne une vie où nous n'avions plus notre place pour tenter d'en débuter une nouvelle où nous nous ferons notre place. C'est pas forcément une vie plus facile mais... J'imagine que c'est une vie où on se sent plus vivant que dans l'ancienne. Où on a l'impression d'exister.

Je reportai mon attention sur la blonde, un sourire triste étirant mes lèvres.

-J'suis désolé, j'imagine que c'est pas vraiment les réponses que tu attendais... J'suis pas hyper doué pour rassurer les gens. Excuse-moi.

Allen regarde dans le vague alors que je lui demande son avis sur le Centre, sur ce qu'il va se passer ensuite - ou du moins, ce qu'il pense qui pourrait se passer ensuite. Et là, il me déballe une suite de vérités plus terrifiantes et dures à entendre les une que les autres, avec une voix aussi neutre que s'il énonçait des platitudes.

J'ai toujours eu la fâcheuse habitude de ne voir que le côté rose et pailleté des choses, en ignorant le négatif et ce qui me fait peur. Arriver à Terrae n'a fait qu'empirer les choses, parce que j'y ai découvert une vie avec des pouvoirs, des vrais, comme dans les films - et si c'était seulement possible, ça m'a encore plus déconnectée de la réalité. Je n'avais jamais vraiment envisagé qu'il y ait une autre facette à cet endroit, bien plus sombre et terrifiante. Je n'avais jamais envisagé que pour certains, les méchants, les monstres - c'est nous. Pour moi qui ait toujours été cajolée, rassurée, protégée - de finalement entendre la vraie vérité et non la version enjolivée me fait l'effet d'un coup de poing à l'estomac.

Ma respiration s'accélère à un rythme inquiétant, des points lumineux commencent à apparaître à la périphérie de ma vision et je recule de quelques pas pour m'accrocher à la balustrade - sinon, je crois que je vais m'effondrer. Je n'ai rien signé du tout moi, j'ai quitté mon ancienne vie parce que la réalité était trop difficile à affronter - ce n'était pas prévu au programme que la réalité d'ici soit encore pire, en fait ! Est-ce que nous sommes vraiment des monstres, des gens à craindre ? Mon petit monde de bisounours est en train de s'effondrer comme un château de cartes.

J'ouvre la bouche, la referme, l'ouvre à nouveau, mais aucun son ne sort - je dois avoir l'air d'un poisson hors de l'eau comme ça ! Et pour être honnête, c'est exactement comme ça que je me sens. Les points lumineux se font de plus en plus présents devant mes yeux, je respire si vite que je n'inhale pas d'oxygène en fait - je crois que je suis en train de faire une crise de panique.

"Je... Je- j'arrive pas... J'arrive plus à respirer."

Je me laisse glisser au sol contre le parapet, je ne vois plus rien, je n'entends plus rien non plus - comme si on venait de me mettre un sceau sur la tête.


HRP : MDR Allen et la délicatesse, il a cassé Alyo là xD

Et encore une fois, je ne sais pas quoi faire.

Mes yeux fixaient Alyona qui s'effondrait sur le sol, la respiration sifflante.

Je n'avais jamais été reconnu pour ma délicatesse, mais je n'avais jamais non plus eu de réactions pareilles face à mes propos. Faut dire que je garde souvent mon avis pour moi, parce que je sais qu'il ne correspond pas à la vision d'une bonne partie des gens ici. Sauf que là ça m'a échappé, parce qu'elle m'a posé la question, parce que j'ai répondu ; peut-être n'aurais-je tout simplement pas dû répondre, ou peut-être aurais-je dû dire ce qu'elle attendait de moi "Tout va aller mieux Alyona, ne t'en fais pas, très vite tout ça ne sera plus que de l'histoire ancienne.".

Je sentis mes poings se serrer alors que mon coeur accélérait sa course dans ma poitrine. Je m'accroupis pour me mettre à la hauteur de la blonde et ravalai difficilement ma salive. Je suis désolé Alyona. Je suis désolé de te mettre dans cet état. Je n'arrive pas à faire autrement. Je ne peux plus mentir et cacher ce que je pense. Je crois que c'est le résultat de tant d'années de thérapie. Il faut bien que ça serve à quelque chose... Sauf que visiblement, ça ne sert qu'à continuer à blesser les autres autour de moi.

Ma main passa machinalement dans son dos que je caressai doucement.

-Ca va aller Alyona. Je te l'ai dit : tout le monde va revenir et tout ira mieux. Ils ont été formés, et maîtrisent tous leurs pouvoirs depuis longtemps. Il n'y a aucune raison pour que ça tourne mal.

Qu'est-ce qu'on dit à une personne qui fait une crise de panique ? Parce que c'est clairement ce que j'ai l'impression qu'elle fait. Est-ce qu'il faut l'allonger ? La serrer ? Lui lever les jambes ? Bon, ça non, je crois pas, c'est ce qu'on fait en cas de malaise, non ? Mon dieu, je suis Sonore moi, pas Guérisseur, je sais pas gérer ce genre de situation !

-Essaie de respirer, cale-toi sur mon rythme cardiaque, ponctuai-je en tentant de rendre ma respiration un peu plus perceptible à l'oreille.

Je retirai ma veste que je déposai sur ses épaules avant de les serrer délicatement de mes deux mains, mes yeux cherchant à capter son regard.

-J'suis désolé d'avoir dit ça. J'ai pas la science infuse, ce que j'ai dit n'est pas sûr d'arriver, loin de là... Avec le temps j'ai fini par comprendre que je me trompais souvent.

Ce n'est pas vrai. En ce qui concerne Terrae, très souvent, j'ai pu constater que mes prévisions s'avéraient juste. On me dira que je suis pessimiste, je dirais que je comprends toutes ces personnes qui n'ont pas de pouvoirs et qui vivent éloignées de nous. Plus on est loin, plus c'est facile, il suffit de se dire que c'est quelque chose qui se passe loin de soi. Plus on est près, et plus c'est difficile de fermer les yeux sur cette puissance dévastatrice...
Regardez l'exemple de l'Avatar. Lorsqu'elle vivait ici, elle nous terrifiait tous. Depuis qu'elle est partie, elle n'appartient plus qu'à nos vieux souvenirs, parfois douloureux, mais bien loin à présent.

-Tu veux boire quelque chose ? Je peux aller te chercher de l'eau si tu veux. On peut rentrer aussi. Il fait froid, c'est peut-être mieux de rentrer au chaud. Je peux te préparer un thé dans ma chambre, l'aile des Airs est la plus près du toit.

Je sens une main me caresser le dos doucement, je crois qu'on me parle mais je ne comprends pas ce qu'on me dit, les mots m'arrivent comme un bourdonnement confus. Ma vision me revient petit à petit, floue d'abord, je distingue la silhouette d'Allen, je perçois sa respiration et ma cale dessus instinctivement. Mon rythme cardiaque se calme progressivement, je crois que je respire de nouveau - j'en suis sûre en fait, vu que ma vision se fait plus nette et que j'entends de nouveau la voix du brun. Qui s'excuse, me dit qu'il se trompe sûrement et que ça va aller... Mmmoui.

Je reviens doucement à moi, avale difficilement ma salive en me redressant un peu pour m'asseoir correctement - j'ai glissé comme un sac de patates contre la balustrade là. Le jeune homme me propose de l'eau, ou du thé, et je hoche la tête maladroitement. J'ai la gorge vraiment sèche, et j'ai froid - malgré la veste qu'il a dû mettre sur mes épaules sans que je m'en rende compte.

"Je-ok... Du thé, bonne idée. J'ai froid... Tu-tu peux m'aider à me relever s'il te plaît ?"

Je demande d'une voix un peu pathétique en relevant les yeux sur Allen. Je dois vraiment avec une sale tête là... Une fois debout, nous quittons le toit pour descendre jusqu'à l'étage des Airs - lentement, j'ai encore les jambes qui tremblent un peu. Je pense que je ne suis jamais venue dans ce couloir, mais sans surprise il est très similaire à celui des Eaux. Je regarde mes pieds, un peu gênée de ce qui vient de passer, avant de murmurer.

"Je-je suis désolée... J'ai un petit peu paniqué, je crois..."

Cet euphémisme, ahah.

Je m'exécutai à sa demande. Elle semblait avoir un peu repris ses esprits, mais visiblement, faire une crise d'angoisse était plus éprouvant que ce que je n'aurais plus.

Une fois Alyona debout et la proposition de thé acceptée, je ne me fis pas prier pour retrouver la chaleur des couloirs de l'Institut, désormais destitué de ma veste. J'accompagnais Alyona sans vraiment trop savoir comment la toucher pour l'aider à avancer, sans même savoir si je pouvais vraiment me permettre cette proximité avec elle d'ailleurs. Alors je restais vigilant à son rythme et à ses pas, m'assurant qu'elle ne vacille pas et restant prêt à la rattraper si jamais elle flanchait.

Lorsque nous arrivâmes devant la porte de m chambre, je m'affairais à récupérer mes clés dans ma poche de jeans tandis que la blonde reprenait la parole.

-T'inquiète pas. T'as pas à t'excuser pour ça. Tu n'es responsable de rien.

Je grimaçai en constatant que mes clés n'étaient pas dans mon pantalon, et me tournai vers Alyona avec un regard désolé.

-Désolé, mes clés sont dans ma veste, ça ne te dérange pas si je...

Je m'approchais, un peu sur la réserve. Ouais, on en revient à la distance sociale et la proximité gênante -désolé. Je récupérais mes clés dans la poche de mon blouson et ouvris rapidement la porte pour inviter Alyona à rentrer à l'intérieur. Bon, c'est loin d'être spacieux, mais on est tous logés à la même enseigne ici alors je doute qu'elle m'en tienne rigueur.

-Tiens, tu peux t'installer sur le lit, je vais allumer la bouilloire.

Je la laissais prendre ses marques pendant que je m'affairais à remplir le récipient d'eau. Alors que l'appareil se mettait en marche, je fouillais dans mes placards pour en sortir tous les différents thés et infusions que j'avais là. Je revins vers elle, équipé comme un serveur de salon de thé.

-Je te laisse choisir ce que tu préfères. J'ai un peu de tout, thé, tisane... Menthe, fruits rouges, camomille, tilleul... Enfin voilà, prends ce que tu veux.

Lentement mais sûrement, nous arrivons dans le couloir des Airs. Allen reste près de moi pendant la descente des escaliers, au cas où je me casse la figure j'imagine - et j'hésite plusieurs fois à m'accrocher à son bras, mais je ne voudrais pas abuser non plus. La rambarde, c'est bien aussi.

Une fois devant la porte, le brun s'approche de moi en s'excusant, pour fouiller dans la poche de son blouson - que j'ai encore sur les épaules, en fait. Mais ça va, il fait meilleur ici, aussi je l'enlève pour le déposer sur le dossier d'une chaise, une fois que nous sommes à l'intérieur.

"Si, vraiment, je suis désolée... J'ai juste... J'ai pas l'habitude d'être confrontée à la vérité, je crois. Mais merci d'avoir été honnête."

Plutôt que d'enrober la vérité dans du papier de soie - ou carrément mentir - pour me protéger. C'est ce que mes proches ont fait toute ma vie, et sans les blâmer parce que je sais que ça partait d'une bonne intention, je pense que c'est une des raisons qui fait que je sois aussi nunuche. Je suis déjà de nature un peu faible à la base, mais ça n'a clairement pas aidé que personne ne me pousse à m'endurcir un peu.

Je m'installe sur le lit du brun et le laisse préparer la bouilloire - bon, en vrai je pourrais proposer de m'en occuper vu que j'suis Eau quand même, mais là je me sens encore un peu trop fébrile. Je souris doucement quand il revient vers moi, avant d'attraper un sachet de thé aux fruits rouges.

"J'vais prendre celui-là, merci."

Maintenant que j'ai pleinement retrouvé mes esprits, j'me sens un peu nulle et je ne sais pas trop quoi dire, aussi je reste silencieuse quelques instants. Mais pas trop longtemps quand même, parce que vraiment, le silence c'est super oppressant !!

"Elle est sympa ta chambre. Tu es Etoile, c'est bien ça ? C'est plus grand que chez moi ! Je crois que c'est la première que je vois, en fait."

Maintenant que j'y pense, j'ai tendance à inviter mes amis chez moi, ou à les retrouver à l'extérieur - mais je n'ai pas été chez tant de personnes que ça, ici. En tout cas, je note qu'il n'a pas décoré plus que ça - comparé à moi, qui ait tout repeint en rose et accroché des posters et cadres partout !!

Les yeux rivés sur la bouilloire qui commençait à chauffer, je me passai une main sur l'arrière du crâne, un peu mal à l'aise. C'était bien la première fois qu'on me remerciait d'être... "honnête" quant à ma vision de Terrae. Je savais qu'elle dérangeait, j'avais pris l'habitude d'être l'éternel rabat-joie ici. Alors il y avait un cap entre "arrête d'être défaitiste Allen" et "merci d'avoir été honnête".

Je me tournai vers la blonde après qu'elle ait choisi le thé qu'elle voulait boire, et récupérai la boîte pour me prendre une infusion à la camomille avant de la ranger.

Je sortis ensuite deux tasses que je remplis d'eau après que la bouilloire ait sauté, indiquant que l'eau était chaude. C'est fou comme c'est rapide de chauffer de l'eau avec un truc pareil.

J'apportai sa tasse à Alyona, la laissant infuser son thé comme elle le souhaitait, et ramenai quelques dosettes de sucre que j'avais récupéré à la cafétéria pour les déposer à côté d'elle sur le lit, au cas où. Je m'installai à côté d'elle, ma tasse dans les mains, laissant l'eau se refroidir un peu avant de prendre quelques gorgées.

-Ah oui, je suis Etoile. C'est vrai que les chambres sont un peu plus grandes pour les Etoiles, j'avais oublié ce détail.

Faut dire que j'suis Etoile depuis tellement longtemps maintenant. Je soufflais un peu sur ma boisson avant de reprendre. Ouais, parce que le silence, ça m'angoisse un peu. Surtout que je viens de réaliser qu'une fille est dans ma chambre, une fille que je connais à peine, et que les dernières personnes qui sont venues ici sont... Pandora. Et Pandora. Et probablement seulement Pandora. Mitsu a arrêté de s'imposer là, et c'est généralement moi qui passe chez Aoi plutôt que l'inverse. Donc j'ai pas vraiment l'habitude de voir d'autres personnes que Pandora ici.

-Tu te plais dans ta chambre ? J'veux dire, t'as pris tes marques ? Je suis sûr qu'elle est bien plus décorée qu'ici. Ca fait combien de temps que tu es à Terrae maintenant ?

Oui alors on va pas s'mentir, la décoration c'est pas trop mon dada. C'est propre, c'est rangé, et c'est opérationnel. C'est à peu près tout ce qui compte ici.

Allen ramène deux tasses d'eau chaude et m'en tends une, où je dépose mon sachet de thé pour le laisser infuser quelques minutes. Je prends une des dosettes de sucre également, que je verse dans la tasse avant de créer un tout petit tourbillon dans l'eau pour mélanger. Je ne sais pas trop quoi dire, du coup je regarde mon thé infuser - super passionnant hein - avant de reprendre la conversation sur le premier sujet qui me vient à l'esprit. Le brun me confirme qu'il est bien Etoile, du coup.

"Oui elles sont quand même plus grandes hein, j'ai hâte de passer Etoile juste pour ça en fait ! J'ai pas assez de place dans la mienne..."

Oui, je fais clairement trop de shopping. Et oui, je stocke ce qui ne rentre pas dans ma chambre au salon de beauté, dans mon bureau. Personne n'y va à part moi, vu que je n'ai pas d'employé, donc ça me fait une sorte de débarras personnel quoi. Je hoche ensuite la tête à sa question, esquissant un petit sourire.

"Mais oui, sinon à part la taille, elle est chouette ! J'ai tout redécoré pour m'y sentir chez moi. Ca fait... Ben, presque deux ans que je suis ici, en fait. Ca passe vite !!"

Je me souviens encore de notre première rencontre et de mon vol plané dans les escaliers, la grande classe. D'ailleurs, à l'époque il m'avait dit être ici depuis déjà genre 10 ans, c'est un vétéran en fait !

"Et t'es toujours pas Master en fait ? Ca te tente pas ? Avoir ta propre maison en dehors de l'institut, ça doit être cool quand même..."

Mais bon, j'imagine que toutes les responsabilités qui vont avec le job le sont moins...