__–Notre petit échange terminé, je ris à sa remarque.
__–« Ben en vrai, tu te serais faite confiance tu m’aurais eu ! J’ai dû parer ta chaussure, ça plus ton gravier, j’étais aveuglée pendant quoi, une bonne demi seconde… Bien assez pour me planter son couteau dans l’épaule ou un truc du genre. Ça rend pas invincible, les pouvoirs… Après fais gaffe, là on est à oilpé, mais on sera probablement avec des casques, voire des masques, des armes à feu et des protections… Non, en vrai, si tu dois affronter un titan, t’as eu l’autre bon réflexe : utiliser des armes de jet. Ou des flingues. Ou à peu près n’importe quoi pour nous tenir à distance, en fait. »
__–En vrai, elle a de super bons instincts, j’ai rien d’autre à lui dire que vas-y, suis-les à fond. C’est stimulant. C’est bien. J’suis vachement rassurée qu’elle parte, du coup en vrai. C’est une petite meuf pas ultra impressionnante Nana, mais quand il s’agit de faire le taf, elle est présente.

Je fais une petite moue quand elle part ma chaussure, cette meuf est increvable comme la carte joker du Mille-Bornes. Mais, bon, je lui fais un sourire parce qu’au moins je suis pas si nulle que ça.

« En gros un peu comme un arachnophobe devant une araignée, tu lui balances pleins de trucs dessus en espérant que ça la touche ! »

Je trouvais cet exemple TRÈS concret, mon père était arachnophobe et, mine de rien, c’est ce qu’il faisait à chaque fois jusqu’à ce que je sois présente et que je puisse l’en débarrasser parce que moi je les adore. Et je retrouvais toujours une partie de la maison en foutoir à cause de tout ce qui avait été jeté. Il a jamais voulu que j’ai une tarentule de compagnie…

« Mais là en gros y a rien vraiment sur lequel je peux t’aider à t’entraîner, soufflais-je. C’est toi ma coach aujourd’hui !! En tout cas j’en apprends beaucoup ! Faut être préparé à ce qui va nous tomber sur le crâne bientôt… »

Malgré sa sévérité, C’était vraiment une bonne entraîneuse et elle mettait les vraies conditions et la pratique en avant. La théorie c’est cool mais pas suffisant quand tu vas sur le terrain, elle va faire de sacrés dégâts chez l’ennemi, elle a du style.

__–… Je suis pas convaincue de la métaphore, mais écoute, si ça l’aide à visualiser.
__–Après, ouais, c’est clair que j’ai plus d’expérience de la baston que Nana et donc forcément, c’est un peu inégal. Mais pas à sens unique.
__–« En parlant de tomber sur le crâne, y’a un exercice que j’voulais faire et tu vas m’aider. »
__–Je sors mon flingue de son holster et lui lance dans les mains.
__–« Ok, comme tu peux te téléporter, vlà la règle. Tu dois toucher… le sac, là, très bien, plus mon manteau et mon pull. »
__–Je colle les trois côte à côte, pour que ça fasse à peu près la forme d’une personne en PLS. Et du coup… oui, je suis juste en brassière de sport. Mais j’vais très vite beaucoup bouger, j’vais plus sentir le froid.
__–« Et moi j’dois faire en sorte que ça arrive pas. Comme si c’était un blessé sur un champ de bataille. »
__–D’où le bouclier.
__–« Et parce que sinon c’est trop facile… »
__–Je sors de mon sac des énormes poids que je me fixe aux poignets et aux chevilles. Ouais, je peux pas ne pas utiliser mon titanisme et il faut que je m’entraîne à ce que tout ne soit pas léger et facile.
__–…
__–Oui, si Nana aime les meufs musclées, vous en faites pas qu’à la fin de la séance elle sera contente.

Les bras croisés sur le torse, j’écoute et observe Luna, gun en main. J’ai l’impression d’être à l’école, limite un “Oui maîtresse” peut s’échapper quoi.

«Tu vas pas avoir froid comme ça ?»

Pas que ses muscles me dérangent mais bon hein­.
Je fais un petit exercice rapide de respiration et fixe le faux cadavre.
Luna en place, je tente de calculer les bons emplacements à me téléporter.

Je commence une première fois sur le côté gauche et me penche, je tire une fois vers la tête, ‘fin le sac quoi. Y a un début à tout, faut que je vois comment elle bouge malgré les boulets aux pieds.

__–Froid ?
__–« Là ouais, mais dans quinze minutes nan t’inquiètes. »
__–… Attention ça peut déraper ça.
__–« On pourra s’réchauffer stuv. »
__–Risqué, mais, euh, hein. Non mais écoutez, y’a une chance sur deux que ça lui passe complètement au-dessus de la tête, ça vaaa.
__–Si vous vous demandez, je bouge pas super bien… Elle réussit à lui mettre une bille en plein dans la tête.
__–« Heh, ouais, tu vois, c’est pour ça que je voulais m’entraîner. »
__–En fait, elle arrive à lui en coller plein. Ça peut aller quand Nana tire d’angles proches, mais dès qu’elle en change, je rate systématiquement, le temps de me repositionner. Ah non mais ouais c’est chaud, en plus le truc est vraiment lourd. ’faut être rapide, précis et à une seule main, compliqué.
__–Nana vide tous mes chargeurs, ce qui doit bien représenter une cinquantaine de balles. Les résultats sont clairement pas fameux de mon côté et en plus je suis claquée. Quand je retire les poids, ouah j’ai l’impression de revivre.
__–« Okay… Heureusement que c’était un entraînement… Ça te botte on se remettra ça ? On bosse bien ensemble, en vrai. »
__–Et du coup oui, je suis bien ruisselante de sueur dans ma p’tite tenue.

Avant qu’on s’élance, une lueur brilla dans mon regard sans que je ne réponde. Elle me rentre dedans ou c’était mon imagination ? Ça fait longtemps que- bon je ferais pas de dessin. Entre meufs je trouve toujours plus difficile à discerner s’il y a un intérêt ou non, j’sais pas. En tout cas j’ai du mal à savoir si c’est vraiment de l’intérêt ou de l’amitié quoi. Et puis, ÇA FAIT LONGTEMPS.

Bref. Le dernier exercice fut physique mais satisfaisant. J’essuie mon front perlé de sueur tout en me rapprochant de Luna, un sourire aux lèvres.

«On n’a pas chomé… »

Je prends des grandes respirations pour tenter de calmer mon rythme cardiaque dû à l’exercice, pas Luna hein. Ouais bon, toute transpirante comme ça c’est attirant je me le cache pas. Mon regard glisse doucement sur elle avant que je ne lui tende l’arme, vide.

«Ouais j’trouve qu’on forme un bon duo ! T’es vraiment très douée ! Quand tu veux on se refait ça, je te laisserai mon numéro après une bonne douche !»

Ouais je lâche un petit rire, j’sais pas, ses muscles me font de l’oeil.

__–Un bon duo, je sais pas, j’ai encore pas mal de trucs à travailler et t’façons, on sera pas en duo… Mais c’est pas la question. Nan, j’veux dire, ça y est, c’est le moment que vous attendiez tous, pas vrai ?
__–Hé ben pour pas vous mentir, moi aussi.
__–« Oh, je peux la prendre avec toi. »
__–Y’a toujours le risque que Nana capte pas… M’enfin là, quand-même. Y’a qu’à voir ma tête et connaître un minimum ma réputation.

“Je-”

…

“OK.”

C'est sorti tout seul. Ouais sur le coup, quand je vois les yeux pétillants de Luna qui me dévorent, c’est pas mon coeur qui réagit mais un autre endroit. Après, y a une partie censée de mon crâne qui essaye de me dire que c'est juste amical tranquille, y a pleins de meufs qui font ça. Mais, j'ai un espoir que ça ne soit pas que ça. Je pense que Luna réveille... bah ma dalle qui était éteinte par la dépression quoi.

HRP : Évidemment Nana a pas tant entendu parler de la réput de Luna donc je rigole de ouf de la jouer ainsi mdr

__–Ok ? Bah ok.
__–Mais alors, est-ce qu’elle me répond ça :
__–– Parce qu’elle a pas compris ce que je voulais dire ;
__–– Parce qu’elle a très bien compris mais elle déconne ;
__–– Parce qu’elle a très bien compris mais elle est sérieuse ?
__–Hmm, dur à dire… Écoutez, on va utiliser la bonne vieille technique de continuer à faire genre on déconne, jusqu’à ce qu’on soit toutes les deux à poil dans un lit à se masser les parties et que là, on se dise que si c’est une blague, elle est allée pas mal loin et que, peut-être, c’en était en fait pas une.
__–« Hé ben allez, ça t’embêtes on fait ça chez toi ? »
__–Entre ma petite sœur et mon chien, compliqué de baiser quelqu’un tranquille à la maison.

Je vais pas me mentir, c’est étrange d’avoir un moment avec Luna où… bah où elle est pas à deux doigts de me foutre dehors ou de me briser la nuque après la 10 000e connerie. J’en suis presque déstabilisé. Parce que oui j’ai une grande gueule au quotidien mais, s’il y a une question de sentiments ou de cul, j’ai 0 confiance en moi quoi. Je travaille là dessus à m’assumer de nouveau dans mon intimité, ça finira par revenir. J’espère.

Sur le coup je me dis, merde j’ai pas trop rangé ma chambre. J’hausse les épaules.

«Ouais vas-y, suis-moi.»

Je lui offre un sourire et ramasse mes affaires, j’ai l’impression de retomber à l’école après un cours de sport où tout le monde va se doucher ensemble… Y a anguille sous roche, mais je crois que je suis un peu dans le déni, LOL.

«J’ai pas eut le temps de faire le ménage, mais ma chambre est correcte t'inquiète.»

__–Hé bien on dirait que ça va effectivement finir à poil chez elle. Je la sens un peu tendue, c’est bizarre. C’est comme si elle avait bien envie de me niquer, mais qu’une partie d’elle était pas encore tout à fait en raccord avec l’idée. En vrai, je la connais pas tant que ça Nana, mais j’veux dire, une meuf qui traîne dans mon bar, se bourre la gueule toute seule et fout rien de ses journées, oh, t’inquiètes, je connais.
__–Un peu trop bien, peut-être.
__–Comment vous croyez que j’ai fini par être celle qui sert à boire aux nanas paumées dans leur vie ? À force de connaître le patron par son prénom…
__–« Oh, t’inquiètes, c’est pas mal le bordel chez moi aussi, j’vais pas juger… Puis concrètement, on va pas être ailleurs que dans ta douche et ton lit… Sauf si tu préfères faire ça sur le canap. »
__–C’est un peu mon cas, en vrai. Ça permet une plus grand variété de positions, notamment si on a une table basse. Mais bon… c’est un peu intimidant quand on connaît que le missionnaire quoi. Est-ce que c’est son cas ?
__–« Et tu t’es déjà faite des meufs ou…? »
__–Quoi, non je perds pas mon temps. Hé, pour moi c’est clair ce qui ce passe ici. Au pire elle rougit jusqu’à s’étouffer, décède de honte et je dois la porter inconsciente dans sa chambre… Ouais… Dit comme ça, j’aurais peut-être dû prendre plus de pincettes. Et pas sur les tétons.

Pendant qu’on se dirige vers ma chambre, je fais un inventaire de propreté.

Bon mon lit est pas fait, ma salle de bain est assez propasse, la baignoire-douche aussi. Ma télé est restée allumer je crois…  Y a un tas de fringues sur mon mini canap’ que je peux déplacer et y a des boîtes à pizza sur ma table basse dans le petit coin. Au moins j’avais passé l’aspirateur y a pas si longtemps que ça.

Quand Luna me parle, je fige, deux fois d’affilée.

Mon déni s’évapore, on y est pour de vrai là. Comment je me suis retrouvée là ? J’suis tellement naze pour draguer sérieux. Une vague de rouge traverse mon visage subitement.

«Ouais mais-… Ça fait… longtemps. Peu importe l’endroit, j’suis ouverte à tout.»

Au moins elle le saura hein.

J’ai chaud. Je sens que ma dalle prend doucement le dessus, et la gêne aussi. J’ai du mal à aligner mes mots alors voilà hein j’essaye de dire ce que je peux. LOL. J'ai l'impression de retourner à ma première fois.

Je lui ouvre la porte.

«Après toi.»

__–Je hausse les épaules.
__–« Écoute, on pourra tester plusieurs meubles si t’es détèr, t’inquiètes. »
__–Après, elle est si mimi à être toute gênée mais à avoir super envie en même temps comme ça, là. Je lui envoie mon meilleur sourire de Terre rassurante. Et puis bah, je passe mon bras au-dessus de sa nuque – le gauche hein –, parce que elle fait facile vingt centimètres de moins donc c’est facile, puis c’est plus mignon comme ça ! Et on va jusqu’à sa chambre. Non mais, ’faut pas croire hein, je l’aime bien, vraiment, même si c’est pas le pingouin qui glisse le plus loin. Et clairement, je vais rien dire à ce sujet, encore moins critiquer, holà. Vous me verriez quand je suis défoncée. Et quand je ne le suis pas.
__–Bref, on entre. C’est effectivement un peu le bordel. Mais rien de très choquant. Sauf les pizzas, ’faudrait juste les virer avant de faire des galipettes dessus. Et les sapes sur le canapé.
__–Hmm, sauf que si je lance un « Bon ben on va faire un peu de ménage avant, hein ? » j’vais la perdre. Oh, je sais.
__–« Je pique tes toilettes cinq minutes ! »
__–Largement le temps nécessaire pour qu’elle dégage ses merdes qui traînent, là.
__–J’ai pas du tout envie hein, mais je tire quand-même la chasse histoire d’être convainquante, je sors… La regarde avec un air étonné et amusé.
__–« Bah alors, t’es encore habillée ? »

À peine Luna me touche, mon dos se redresse. Déjà, juste ce contact direct, ça me fait étrange. Je suis dans un mélange de stresse, de gêne et d’excitation, aligner deux mots c’est chaud là. À contrario d’un soumis face à une dominatrice, je ne me sentais pas inférieure MAIS vu comment Luna est confo, elle doit avoir de l’expérience (quotidienne) en masse.

Je cours de partout lorsqu’elle va à la salle de bain. Je fourre les boîtes à pizza sous le lit, et les tas de fringues dans un de mes placards. Lorsqu’elle sort, j’ai une petite goutte de transpiration qui coule sur ma tempe. Putain j’ai besoin d’une clope pour décompresser AU SECOURS. Puis là, elle me regarde, je suis à quatre pattes sur mon canapé parce que je poussais les derniers trucs.

«Oui.»

J’aurais pu faire mieux. J’vais claquer d’hypertension, je n’ai toujours pas bougé.

«J’arrangeais un peu!»

Pas ouf mais bon. Déjà défiler trois mots c’est bien. Je suis déstabilisée et POURQUOI IL FAIT CHAUD COMME ÇA DANS C’TE CHAMBRE J’ME SENS TOUTE ROUGE.

__–Hmm mm.
__–La vérité vraie les gens, elle est adorable quand elle panique. J’veux dire. Je veux pas la faire paniquer, hein. Mais… ou alors c’est juste qu’elle est adorable tout court ? Allez savoir. (Sauf quand elle se permet de se téléporter partout dans mon bar, ou manque de planter dans un mur ma possession la plus précieuse avec une gamine en passagère. Ouais, sauf dans ces moments là.)
__–« Oh, c’est super, mais t’étais pas obligée hein, t’inquiètes ! »
__–Bien sûr bien sûr. Je regarde Nana à quatre pattes sur son canap’ là. Le cul bien dressé, accessible. J’crois que c’est le moment de lui faire comprendre ce que ça veut dire, baiser une titanide.
__–Hoplà, une petite fessée.