J'esquisse une légère grimace alors que Tori m'explique qu'elle aurait bien besoin de cours de soutien - je me demande si elle n'a pas trop eu l'occasion d'aller à l'école, quand elle était plus jeune ? J'ai beaucoup de retard dans la plupart des domaines "académiques" moi aussi, mais c'est simplement parce que j'étais vraiment nulle à l'école... Ce n'est pas pour rien que j'ai suivi un cursus professionnalisant hein.

"Tu pourras te renseigner auprès des Masters, je suis sûre qu'ils trouveront une solution qui te convient ! Mais rien ne t'oblige si t'as pas envie hein, y'a pas besoin d'avoir plein de diplômes pour réussir dans la vie et être heureux !"

Ouais ouais, j'essaye de m'en convaincre moi-même. Mes parents ne m'ont jamais rabaissée malgré mes manquements scolaires, mais je me suis quand même toujours sentie inférieure à cause de ça... Du coup, je comprendrais si elle se force à reprendre des cours, même si elle n'en a pas spécialement envie.

Je hausse un sourcil alors que la brune me répond ne pas être "si forte" - elle était quand même combattante dans un circuit professionnel, ça la rend d'office plus forte que la grosse majorité des gens !

"En tout cas, je trouve ça super impressionnant ! Si tu veux, il y a un club de self-défense et arts martiaux ici... Enfin, ce sera sûrement pas le même niveau, mais si t'as envie de continuer un peu quoi..."

C'est important de garder une connexion avec sa vie d'avant, je trouve. Moi, j'me suis inscrite directement au club de danser en arrivant ici !

Une fois dans ma chambre, Tori me complimente sur l'endroit et je lui offre un sourire surpris - est-ce qu'elle est seulement polie, ou sincère ? Je veux dire, évidemment que j'aime la décoration, mais je n'aurais pas pensé que ce soit son style à elle ? On me dit souvent que ça fait chambre de gamine - mais dans le fond, c'est un peu ce que je suis...

"Oh, merci ! Oui oui, c'est moi qui ait décoré - enfin, j'ai demandé de l'aide à une amie pour peindre les murs et accrocher les cadres, évidemment."

Et bouger les meubles aussi - c'est quand même super pratique d'avoir des amis Titans ! La jeune femme enlève ses chaussures puis s'installe sur le canapé, alors que j'attrape deux tasses, la boîte à thé et un paquets de biscuits au chocolat sur l'étagère. Je pose le tout sur la table basse, près du canapé, avant de me poser à côté d'elle.

"Je te laisse choisir quel parfum de thé tu préfères. Est-ce que tu prends du sucre avec ?"

Les mots d'Alyona sont toujours positifs et encourageants, c'est vraiment agréable. À tel point que je sens mon expression s'adoucir à nouveau. Mais je me reprends très vite et plonge à nouveau les mains dans les poches de mon pantalon.

J'ai pas vraiment eu de cours à proprement parler. Ma- On m'a enseigné la base, puis c'est tout. Il paraît que j'ai un souci avec la lecture et l'écriture. Expliqué-je à la petite blonde.

Je veux juste pouvoir me débrouiller dans la vie, je n'ai pas besoin de savoir faire des calculs savants, ou des allitérations, ou quoi que ce soit dans ce genre. J'ai failli parler de Mama et mon cœur se serre en repensant à elle. J'aurais peut-être dû prendre l'étoffe dans ma chambre. Heureusement, je n'ai pas le temps de m'attarder sur mes idées noires. La conversation dérive sur mon ancienne carrière de MMA. Alyona pense que c'est "super impressionnant". Son compliment me fait rougir de plus belle, je me sens toute timide d'un seul coup. C'est là qu'elle mentionne un club d'arts martiaux et de self-défense. Retrouver un peu de mon ancienne vie ? Pourquoi pas... Je me sentirais sûrement moins perdue avec une activité familière.

J'y penserais, merci.

Avant que je ne puisse ajouter quelque chose, nous entrons dans la chambre de la jeune femme, et me voilà à contempler les murs et les décorations, et à complimenter la propriétaire des lieux. Elle a fait ça toute seule, avec l'aide d'une amie.

Ça veut dire qu'on peut décorer comme on veut notre chambre, je suppose. C'est sympa. Mais du coup pourquoi certains sont en dortoirs ? Tu as parlé d'une initiation...

J'avoue que j'aimerais beaucoup avoir ma propre chambre, parce que même si la vie en dortoir ne me dérange pas outre mesure, j'aime avoir un semblant d'intimité. En plus je sens que je vais passer mes premières nuits à déprimer. Je n'ai pas envie qu'on me voit ou m'entende... Je suis tirée de mes pensées quand Alyona me demande quel genre de thé j'aime.

Je ne sais pas vraiment... Je n'en ai jamais vraiment bu mis à part du thé glacé quelques fois. Alors je crois que je vais te laisser choisir et te suivre.

Des murs roses, des peluches, du thé... Je me sens presque comme une princesse dans cet endroit !

Tori m'explique qu'elle n'a pas vraiment eu l'occasion d'aller à l'école, aussi je hoche la tête avec un sourire compréhensif. Vraiment, elle n'a pas du avoir une vie facile, la pauvre - là où j'ai grandi, aller à l'école jusqu'à sa majorité est considéré comme un acquis, mais je me rends compte que la réalité est bien différente d'un endroit à l'autre...

"Je comprends... Je suis sûre que tu pourras prendre quelques cours particuliers pour t'améliorer ! Je te proposerais bien de t'aider, mais je ne lis et écris que le russe, donc bon..."

Je lâche un léger rire à cette remarque. Je connais un peu d'anglais, mais vraiment très basique - et je n'ai jamais pris la peine d'apprendre le japonais, je me sers de mon téléphone pour traduire les menus au restaurant quand ils ne sont pas disponibles dans d'autres langues.

Une fois dans ma chambre, la brune s'installe et me pose quelques questions sur ma chambre, et sur les chambres de Terrae tout court, en fait. Mmh oui, donc, les pouvoirs, l'Initiation, tout ça - j'ai assez fait traîner !

"Effectivement, les dortoirs, c'est seulement pour accueillir les nouveaux, le temps qu'ils s'acclimatent un peu et décident de rester ou non... Après quelques semaines, et si tu décides de rester, tu seras Initiée et tu auras ta propre chambre aussi ! Que tu peux décorer comme tu voudras, évidemment."

J'ajoute avec un sourire, vu qu'elle a l'air intéressée par la décoration.

"L'Initiation, c'est là où tu reçois tes pouvoirs. C'est un peu compliqué à expliquer, je ne suis pas une experte sur le sujet, mais... Tout le monde ici à ressenti le Vide - c'est un peu comme une sorte de dépression, en gros ? Et en réponse à ce Vide, certaines personnes comme nous développent des pouvoirs."

Je me penche pour attraper un prospectus sous la table basse, qui liste et explique les différentes affinités, et le tends à Tori avant de continuer.

"Les Masters nous apposent un sceau pour bloquer cette magie, ce serait trop dangereux sinon parce qu'elle est difficile à contrôler au début ! Et pendant l'Initiation, en gros ils allègent le Sceau pour te donner accès à une partie de tes pouvoirs... C'est compréhensible ce que je raconte ? Désolée, j'ai jamais dû l'expliquer avant, j'ai l'impression de me mélanger les pinceaux !!"

Je grimace légèrement et me penche à nouveau pour attraper les deux tasses sur la table basse, que je pose entre nous sur le canapé, mes paumes contre la porcelaine.

"Il y a 5 pouvoirs élémentaires : Eau, Feu, Air, Terre et Tonnerre. On ne choisit pas son affinité, c'est elle qui nous choisit en fonction de notre personnalité... Moi par exemple, je suis Eau, donc je peux faire ça."

Je me concentre quelques instants, et les tasses se remplissent lentement d'eau bouillante. J'en donne une à Tori avec un sourire, avant de tendre le bras vers la table basse pour attraper la boîte à thé. J'en sors deux sachets de thé à la cannelle - mon préféré - et les dépose dans nos tasses fumantes. Je relève un regard incertain vers la brune.

"Ca va... ? Je sais que ça surprend un peu, la première fois."

Et je n'ai même pas encore abordé le pouvoir secondaire.

Le russe..? J'avoue que je suis impressionnée. J'ai déjà du mal avec l'alphabet latin, alors un autre alphabet ça me semble complètement hallucinant. Je suis reconnaissante qu'Alyona veuille bien m'aider, et qu'elle m'aide déjà d'ailleurs.

C'est pour ça que je la suis et m'installe dans sa chambre. Je pose mes questions, et la jeune femme me répond en préparant un petit goûter. Je fais un peu la moue, dubitative.

Ce n'est pas un peu contre-productif, d'entasser les nouveaux dans un dortoir ? Je veux dire... Si tout le monde arrive dans un mauvais état psychologique, être dans un dortoir avec des inconnus n'est pas forcément la bonne solution. Ça ne risque pas de créer des bagarres ou de faire déprimer les nouveaux arrivants ?

C'est peut-être une question un peu idiote, mais je me dis que les gens ont plutôt besoin de calme voire de s'isoler le temps de s'acclimater. En les mettant tous dans le même endroit, ils risquent de déprimer de plus belle et finir par repartir. Dans une toute autre mesure, je suis aussi excitée à l'idée d'avoir une chambre, et de pouvoir la décorer. Même si j'ai quelques doutes sur ma capacité de décoration... Il faudra peut-être que je demande de l'aide... Pensé-je pour moi-même.

La suite des explications fait la lumière sur beaucoup de choses : pourquoi je suis ici et pas quelqu'un d'autre, qu'est-ce qui m'a amenée ici et surtout, ce que Terrae a de si particulier. Instinctivement, je retiens les différents pouvoirs que me cite la jeune femme. En baissant les yeux sur le prospectus, je louche un peu... C'est écrit petit et je ne trouve pas ma langue. Impossible de le lire.

J'avoue que je n'avais pas du tout cru l'homme quand il m'a expliqué cette histoire de pouvoirs, et j'avais encore du mal à croire Alyona jusqu'à la suite des événements. La jeune blonde glisse ses mains autour des tasses et... de l'eau apparaît. De l'eau chaude, fumante. De nulle part. Mes yeux font plusieurs fois des aller-retour entre le visage de la petite blonde et les tasses. J'ai du mal à croire les images que mes yeux ont envoyé à mon cerveau. L'odeur de cannelle rend le tout complètement surréaliste.

Je crois que je vais avoir besoin d'un temps pour...

Pour quoi exactement ? Ne pas paniquer, m'habituer à l'idée, réaliser..?

...m'adapter.

C'est ce qui résume le plus mon état. J'ai l'impression d'avoir pris un coup dans le ventre. Je regarde ma tasse. Est-ce que je peux boire cette eau ? Je n'ose pas la toucher, pas par peur mais plutôt comme quelqu'un qui s'attend à une mauvaise blague. Je ne pense pas qu'Alyona essaie de se moquer de moi, mais j'entends presque les rires derrière les murs, comme une caméra cachée. Et la colère monte en moi.

Tu ne te moques pas de moi au moins..? Grondé-je, d'un ton plus menaçant que je le voudrais.

Et si elle se moque de moi ? Je me vois mal la frapper... Elle est tellement frêle à côté de moi. Non, je me prépare juste mentalement à me lever et quitter cette pièce de paradis.

J'esquisse une légère moue en haussant les épaules à la remarque de Tori. Je comprends son point de vue, mais moi personnellement j'étais bien contente d'avoir de la compagnie quand je suis arrivée, sinon je me serais sans doute renfermée complètement sur moi-même et j'aurais passé des semaines roulée en boule à pleurer dans mon lit. Remonter la pente aurait été encore plus compliqué que ça ne l'a déjà été...

"J'imagine que ça dépend des gens, de la personnalité... Il y a déjà eu des conflits, mais en général ça ne se passe pas trop mal. Je crois que c'est pour encourager les nouveaux à ne pas se replier sur eux-mêmes, à sociabiliser et tout ça, tu vois ?"

Je commence ensuite mon explication du Vide et des pouvoirs, la brune m'écoute en silence, probablement stupéfaite comme le sont presque tous les nouveaux à l'annonce insensée que la magie existe pour de vrai - mais son visage reste neutre malgré tout, alors qu'elle se concentre sur le prospectus que je lui ai tendu. J'accompagne mon laïus d'une petite démonstration pratique, parce qu'une image vaut mille mots comme on dit.

Tori finit par prendre la parole, et je hoche la tête d'un air compréhensif alors qu'elle m'avoue avoir besoin de temps pour digérer l'annonce. C'est bien normal, elle réagit déjà très calmement je trouve ! ... Ou pas, en fait. J'ai un léger mouvement de recul alors que la jeune femme me demande si je me moque d'elle, d'un air un peu menaçant. Je secoue la tête, les yeux légèrement agrandis par la peur.

"Non, non, pas du tout ! Je sais que c'est difficile à croire, mais je te jure que c'est la vérité... Regarde."

Je tends ma main entre nous, au-dessus des tasses, et y fais apparaître une petite sphère liquide, de la taille d'une balle de golf. La sphère quitte lentement ma main pour flotter entre nous, l'eau contenue à l'intérieur se balançant légèrement.

"Et... Et ce n'est pas tout. On reçoit également un second pouvoir, qui nous vient du Soleil ou de la Lune. Moi, je suis Eau Solaire... Ce qui veut dire que je maîtrise l'Eau, et j'ai également le don de Voyance. Mais ce pouvoir-là est un petit plus compliqué à te montrer."

Et beaucoup plus compliqué à appréhender que la manipulation de l'Eau, deux ans que je suis ici et je suis toujours maîtrisée par mes visions bien plus que je ne les maîtrise !

La réponse d'Alyona me fait réfléchir. Si j'avais eu ma chambre immédiatement, est-ce que j'aurais hésité à repartir ? Non, peut-être que je serais restée mais à quel prix : je me serais sûrement renfermée sur moi-même, à passer de moments d'apathie à des moments de colère où j'aurais tout ravagé. Cette chambre n'aurait sûrement pas tenu très longtemps. Oui, peut-être que les dortoirs sont un mal pour un bien.

Les explications faites, la méfiance revient malgré l'affection que j'ai commencé à développer pour la jeune femme. J'ai l'impression qu'on se fiche de moi, que quelqu'un me filme en secret pour rire de moi plus tard... Alors je deviens agressive. Je vois le mouvement de recul et la peau dans les yeux de mon hôte. Mais elle s'empresse de protester. Et de m'offrir une nouvelle prestation. Je regarde la boule d'eau qui flotte tranquillement dans l'air comme si c'était une grenade prête à m'exploser au visage. Je sens la colère céder la place à une peur mêlée de fascination. Alyona enchaîne en me disant posséder un second pouvoir. Un don de voyance.

Comme une diseuse de bonne aventure ?

La question a fusé avant que je ne puisse réellement y réfléchir. Ça sonne enfantin et ça m'agace.

Je ne vois pas en quoi c'est un pouvoir. Il suffit de savoir tirer les cartes et lire la personne en face de toi.

Je ne cherche pas à la rabaisser mais je me méfie, comme un animal sauvage se méfierait d'un humain. Par contre... La petite orbe d'eau est toujours là. Je passe lentement une main au dessus, puis en dessous, avant de faire pareil sur les côtés. Pas de fil, rien qui la tienne. Et on dirait réellement de l'eau. Je sens les coins de ma bouche crispés et mes épaules tendues. J'ai peur de toucher cette chose étrange. Et je me demande ce qu'est exactement cet endroit.

Qui me dit que tu ne m'as pas fait respirer un truc ? Tu pourrais tout à fait me duper.

Comment ai-je pu faire confiance à une inconnue ne serait-ce qu'un petit moment ? Je me pensais plus intelligente que ça. Je n'ose pas quitter l'eau des yeux.

Tori observe ma sphère d'eau en lévitation avec méfiance, elle reste silencieuse un moment et j'en profite pour retirer les sachets de thé de nos tasses - sinon ça va être imbuvable. Et puis j'ai besoin de m'occuper les mains comme je peux pour ne pas me les tordre avec inquiétude.

J'aborde ensuite le second pouvoir lié aux astres - grossière erreur de calcul de ma part, j'aurais du attendre qu'elle ait digéré le premier lot d'information avant d'en rajouter une couche... Je secoue doucement la tête quand elle me demande si c'est comme une diseuse de bonne aventure. Je ne crois pas du tout à ce genre de balivernes de toute façon, mais si c'est le cas de la brune, je ne voudrais pas me montrer impolie, aussi je n'ajoute rien à ce sujet et me contente d'expliquer.

"Non, les visions du futur ne sont qu'une partie du don de Voyante, je peux aussi voir ce qui se passe en ce moment-même à d'autres endroits, et aussi voir le passé. Enfin, en théorie, mais je ne maîtrise pas très bien ce pouvoir pour être honnête... Je peux te dire, par exemple, que quelqu'un va passer dans le couloir et laisser tomber ses livres dans quelques minutes..."

En temps normal, j'aurais ouvert ma porte pour crier "attention à tes bouquins", mais là tout de suite, je ne fais rien, pétrifiée sous le regard de la jeune femme. La méfiance sur son visage ne fait que s'accroître, en même temps que mon inquiétude - elle ne prend vraiment pas très bien la nouvelle, et je ne sais pas comment réagir. C'est de ma faute, j'explique sans doute très mal les choses, j'aurais du l'emmener voir un Master...

Mes yeux s'agrandissent encore un peu, de surprise et de peur, alors que Tori m'accuse de l'avoir droguée pour me jouer d'elle. Ce n'est plus seulement de la méfiance qui émane d'elle, mais aussi de la colère. Je déglutis difficilement alors que je sens mes yeux piquer, puis bats des paupières plusieurs fois pour retenir mes larmes.

"Mais, je... Je- pourquoi je ferais une chose pareille ? Il y a une demi heure, je ne savais même pas qui tu étais..."

Ca n'a aucun sens - une mise en scène aussi élaborée, mais pour quoi au juste ? Cela dit, le fait que la magie existe n'a rien de rationnel non plus...

Dans le couloir, le bruit sourd de livres qui tombent au sol retentit, suivi d'un juron. Je sursaute, et ma sphère d'eau éclate en petites gouttelettes qui nous éclaboussent toutes les deux ainsi que le canapé.

L'explication de la jeune femme sur ce supposé pouvoir de voyance ne me convainc pas du tout. Comment ça pourrait être possible ? Je me sens de plus en plus méfiante, j'ai l'impression d'être acculée par toutes ces informations. Et si en effet j'affirme que je ne la crois pas, que je ne suis pas dupe..? Vont-ils me renvoyer d'où je viens ? Je ne sais même pas si cet endroit est vraiment aussi bienveillant qu'ils le disent. Maintenant que je sais tout ça, pourrai-je même un jour partir d'ici ? Mon imagination s'affole et il ne me faut que quelque secondes pour m'imaginer enfermée dans une cellule puis attachée à un poteau, une arme braquée sur moi. Je sais que c'est ridicule, mais la peur prend le dessus et je deviens agressive envers Alyona.

Je doute d'elle, l'accuse. Et sa réaction est comme une douche froide. Ses yeux brillent de larmes, elle butte sur ses mots. C'est moi qui ai fait ça. Je suis en train de faire peur à la seule personne que j'ai rencontré ici, qui a eu la gentillesse de m'aider. Je sens mon expression se décomposer. Je suis partagée entre la honte et la culpabilité. J'ouvre la bouche pour m'excuser, pour réparer les choses. Mais je n'en ai pas le temps. Le bruit d'objets chutant au sol dans le couloir fait sursauter la jeune femme. Au même moment, la petite bulle d'eau éclate. Paniquée, je me lève d'un bond et m'écarte. J'ai un instant l'impression que ça me brûle, puis je comprends que c'est juste de l'eau froide. Mon cerveau, dans la panique, m'a fait croire autre chose.

J'ai du mal à reprendre mon souffle, ça carbure dans mon esprit. Le bruit dans le couloir, la prédiction d'Alyona... Ça concorde. Et c'est peut-être ça qui me fait peur. J'ai l'impression d'être un enfant jeté dans un monde complètement différent de ce qu'on lui a appris. Je me sens vulnérable et je déteste ça.

C-comment c'est possible... Je ne comprends pas...

C'est un murmure qui franchit mes lèvres pendant que je suis debout au milieu de la pièce. J'essuie l'eau sur mes bras et mon visage d'une main tremblante. Je me concentre sur ma respiration pour m'apaiser un peu.

Pourquoi... Pourquoi qu'ici ? Je n'ai jamais vu quelque chose de semblable autre part. Dis-je, et je remercie ma voix de ne pas trop trembler.

Je dois faire face à l'évidence : les gens ici ont des pouvoirs.

Tori et moi nous regardons en chien de faïence, sans un mot, pendant un moment qui me semble incroyablement long - c’est dingue ce que la perception du temps change dans les situations inconfortables !! Les larmes me montent aux yeux alors que j’essaie de la convaincre une fois de plus, de façon pathétique, que je lui dis la vérité - je pense que la jeune femme s’en rend compte, car l’expression de son visage change, se décompose. Mais elle n’a pas le temps de dire quoi que ce soit qu’un bruit sourd résonne dans le couloir.

Alors que ma prédiction prend vie et que la sphère d’eau éclate entre nous, la brune saute soudain sur ses pieds et s’éloigne de moi, comme si je l’avais brûlée. J’ai encore plus envie de pleurer, je ne me souviens pas qu’on m’ait déjà regardé comme ça avant - comme un monstre - et c'est vraiment désagréable !! Mais finalement, Tori semble se calmer, accepter ce que je lui dis - ou du moins ne pas le rejeter complètement, même si elle est encore incertaine. Normal, vu la bombe que cette nouvelle représente ! Je hausse les épaules et réponds d’une voix tremblante à sa question.

"Je ne sais pas… J’ai accepté les choses sans chercher à comprendre, mais si tu veux, on peut aller en salle de Master pour demander une explication plus complète ? Ou au laboratoire, en bas, je crois qu’il y a un groupe de scientifiques qui étudient les pouvoirs…"

Encore plus depuis cette histoire au Centre, ils essaient de comprendre comment ces malades ont pu injecter de force des pouvoirs à des gens normaux. Bien évidemment, je ne suis pas prête de lui parler de toute cette affaire, sinon elle va s’enfuir en courant !! Je me racle la gorge pour reprendre une contenance, me redresse sur le canapé en continuant mon explication.

"Il y a des gens qui ressentent le Vide dans le monde entier… Quand ça arrive, les Masters entendent leur Appel et vont les chercher - comme ça a été le cas pour toi, j’imagine ? Évidement, certaines personnes ne veulent pas venir, dans ce cas-là un Sceau est mis sur leurs pouvoirs et ils continuent leur vie comme avant… C’est ce qui se passe aussi pour les gens qui décident de ne pas rester, après la période d’intégration…"

Et je commence à me dire qu’il y a de fortes chances que la brune choisisse cette option, et ça me rend triste. Je lève les yeux vers elle en forçant un sourire aimable.

"Tu veux… Tu ne veux pas revenir t’asseoir et boire ton thé ?"

Et on peut repartir sur une bonne base ?

Je vois bien qu'Alyona est complètement démunie face à mes réactions... Je dois avoir l'air d'une sauvage. Mais l'idée de personnes dotées de pouvoirs... (j'ai du mal à dire le mot) ..."magiques" s'implante difficilement dans mon esprit. Pourtant, je l'ai vu. Pas une, pas deux, mais bien trois fois. Maintenant, c'est l'idée que je puisse à mon tour en recevoir, car c'est ce qu'a sous-entendu Alyona, qui me perturbe. J'ai du mal à comprendre ce que je ressens.

La petite blonde me propose d'aller poser mes questions à d'autres personnes, et mon premier réflexe est de secouer la tête. J'ai déjà du mal à croire le peu que je sais, et à lui faire confiance à elle. Alors ces "Masters" ou ces scientifiques, non. Je ne veux pas les approcher. Pourtant je ne veux pas qu'elle sente ce refus comme quelque chose de définitif.

Je... J'y réfléchirai. Pour plus tard.

Ma voix est rauque, mais je fais de mon mieux pour adopter un ton plus doux. Elle reprend et me parle du Vide. Des gens ici entendent un appel et vont rencontrer ceux qui ont un Vide. J'ai d'abord envie de m'énerver, je me sens trahie et en colère. Alors tout ce temps on me surveillait ?! Personne n'a rien fait quand Mama s'est faite tuer ! Quand mon histoire a fuité et qu'on s'est moqué de moi ! Et maintenant, à présent que ça m'a détruite, ils se pointent ? Mais qu'ils aillent se faire foutre. Puis je me rappelle que Alyona elle n'y est pour rien, et ma colère s'apaise. Je m'enveloppe dans mes bras et baisse les yeux.

Je comprends mieux comment ils m'ont trouvée... Dis-je d'un ton plein d'amertume.

Mais dans ce que m'a dit la jeune femme, autre chose me rassure. Je peux partir. On m'apposera un sceau pour que mes pouvoirs ne se développent pas et je pourrais m'en aller. Mais j'ai décidé de prendre le temps et de donner une chance à cet endroit.

Et puis... Où est-ce que j'irais..? Pensé-je à voix haute.

Je n'ai nulle part où aller. Alors autant profiter de l'opportunité de Terrae, même si toute cette histoire de pouvoirs me paraît encore complètement folle. Alyona m'invite à me rasseoir. Je me rends compte que je suis toujours debout au milieu de la pièce. J'acquiesce et me rapproche en gardant les yeux au sol. J'ai honte de mon comportement.

Je suis désolée... J'ai mal réagit, tu n'y est pour rien. Et tu as été tellement bienveillante avec moi.

Mes excuses sonnent fade, mais je ne sais pas quoi faire d'autre. J'aimerais lui faire comprendre à quel point je me sens mal de l'avoir presque fait pleurer. Du coup, je prends mon courage à deux mains et saisis une tasse à l'odeur de cannelle que je porte à mes lèvres. J'en goûte une gorgée : le liquide chaud et le goût à la fois riche et subtile me font agrandir les yeux.

C'est... bon.

Je hoche doucement la tête lorsque Tori refuse d'aller voir les Masters ou les scientifiques - elle a sans doute besoin de temps pour digérer l'information avant d'en apprendre plus, ça ne servirait à rien d'insister. Et ça m'arrange bien, si je dois être honnête, ça ne m'intéresse pas plus que ça de m'embarquer dans une discussion super théorique sur les pouvoirs.

"Oui... Entre les Masters Voyants et Téléporteurs, c'est simple pour eux de nous localiser et venir nous chercher une fois qu'ils ont senti notre Vide..."

C'est un peu flippant quand on y pense, ils pourraient littéralement retrouver n'importe qui, n'importe où... Mais j'imagine que la plupart des gouvernements peuvent faire pareil en fait, avec toutes leurs caméras partout. J'esquisse une légère grimace alors que la jeune femme souligne qu'elle n'aurait nulle part où aller de toute façon, si elle quittait Terrae - et encore une fois, je me fais la remarque qu'elle n'a vraiment pas du avoir la vie facile.

"Je suis sûre que tu te plairas ici. Ca demande un petit temps d'adaptation, évidemment... Mais tu verras, les gens sont super chouettes ! Et il y a plein d'activités à faire et de choses à voir."

Et malgré qu'on soit enfermé dans une enceinte gardée par une grille gigantesque... Etrangement, je  ne me suis jamais sentie aussi libre qu'ici - libre d'être moi-même, sans pression, sans attentes.

Tori revient s'asseoir à côté de moi et s'excuse maladroitement avant de boire son thé, et j'en fais de même - plus pour m'occuper les mains qu'autre chose, encore une fois. J'ai tendance à avoir des tics nerveux sinon !

"C'est mon préféré ! Je suis contente qu'il te plaise aussi. Et ne t'en fais pas pour ta réaction... Je sais que ça surprend et que c'est difficile à croire au début. Moi je suis tombée dans les pommes la première fois qu'on me l'a dit, alors bon."

Un sourire amusé naît sur mes lèvres à ce souvenir, avant que je ne me racle la gorge d'un air un peu gêné. Erm, bon.

"Est-ce que... Tu as des questions, sur tout ça ? Ou tu préfères qu'on parle d'autre chose ?"

"Voyants", "Téléporteurs"... J'ai encore du mal à réaliser. La magie, ici, semble être quelque chose de tout à fait normal. Comme une banalité ancrée dans une routine. Et moi, j'arrive et je dois essayer de m'intégrer. Revoilà l'éléphant dans le magasin de porcelaine. Mais cette fois-ci la porcelaine est explosive : si elle tombe elle fera tout exploser et je serais emportée par le souffle de l'explosion. Ça me fait peur, je ne sais pas si j'ai envie de ces pouvoirs, si j'ai hâte. Je me demande comment d'autres ont réagi en apprenant tout ça.

Alyona essaie de me rassurer du mieux qu'elle peut, je le sais. Les gens sont supers, il y a des choses à voir, plein d'activités... Ça me fait penser qu'elle m'a parlé d'un club de self-défense. Je note ça dans un coin pas trop encombré de ma tête pour m'en souvenir plus tard, quand toutes les émotions seront retombées. Il faudra aussi que je pense à chercher un travail. Même si je ne reste pas, je vais avoir besoin d'argent.

Finalement, je reviens m'asseoir et m'excuse maladroitement. Je m'en veux vraiment de lui avoir fait du mal. Mais elle balaie mon erreur avec un sourire, en m'avouant s'être évanouie le jour où elle a elle-même appris pour les pouvoirs. Un tout petit sourire étire mes lèvres. Le thé est bon, me réchauffe le ventre et le cœur.  Elle me demande si j'ai des questions...

Je... Je ne crois pas. J'ai déjà retenu qu'il y a divers pouvoirs et qu'on les obtient quand on décide de rester. C'est largement suffisant pour moi pour aujourd'hui je crois.

J'essaie de détendre l'atmosphère avec cette semi-plaisanterie, mais je suis maladroite. C'est à mon tour de me racler la gorge.

Est-ce que... Tu sais si les magasins prennent les réaux..? C'est la monnaie brésilienne et je n'ai que ça sur moi. Je n'ai pas grand chose à me mettre, rien de chaud et rien à manger pour l'instant alors il faudra que je fasse des courses je suppose...

Et je ne sais absolument pas comment convertir mon argent en yens. L'enveloppe dans ma poche me semble à la fois lourde et légère. Et si je n'avais en fait pas tant d'argent que ça après conversion ?

Tori revient finalement s'asseoir sur le canapé, et je retiens un soupir de soulagement - vraiment, à un moment donné j'ai eu peur qu'elle prenne la porte et s'enfuie ! Elle sourit légèrement à ma tentative de détendre l'atmosphère, avant d'essayer elle aussi de sortir une petite plaisanterie. C'est un peu maladroit, mais je suis sûre que la conversation va repartir - non mais, le jour n'est pas encore arrivé où je galère à papoter !! C'est un peu mon super pouvoir.

"D'accord, alors parlons d'autre chose ! De toute façon, tu auras amplement le temps de te faire à l'idée et de te familiariser avec tout ça..."

Au début,  tout le monde est un peu ahuri (ou surexcité) d'apprendre l'existence des pouvoirs - mais on s'y fait vite, et maintenant c'est juste une partie de mon quotidien à laquelle je ne fais même plus spécialement attention. A part en cas d'incident majeur évidemment, comme cette histoire avec le Centre...

La jeune femme me demande ensuite si les boutiques de Terrae prennent la monnaie brésilienne, et j'esquisse une légère grimace. Alors là, je n'en ai aucune idée - je paie toujours avec ma carte, c'est plus simple que de se promener avec du cash.

"Je t'avoue que je ne sais pas, mais j'imagine qu'il doit y avoir moyen de s'arranger ? Après tout, ils ont l'habitude des nouveaux qui viennent d'un peu partout ! Je sais que je l'ai déjà dit, mais vraiment la direction est super accommodante à Terrae, ils font tout pour nous faciliter la vie !"

J'imagine que ça s'étend également aux problèmes monétaires, je ne peux pas croire que la question ne se soit jamais posée. Je sirote mon thé et ouvre le paquet de gâteau, que je tends vers Tori tout en reprenant la conversation.

"Je t'aurais bien proposé de te prêter des vêtements, mais je crois qu'ils seront un peu trop petits pour toi malheureusement !! Si tu veux, je peux te montrer où se trouve la boutique quand on a terminé notre thé ? Et pour la nourriture, si tu as la flemme de cuisiner, ils servent des repas à prix super réduits à la cafétéria ! J'y mange presque tous les jours, c'est pour ça que je n'ai rien d'autre qu'un micro-ondes ici..."

Pourtant, j'adore faire à manger - surtout les pâtisseries et desserts - mais la chambre est bien trop petite pour avoir un véritable espace cuisine. Peut-être quand je serai Etoile et que j'aurai plus de place ?

J'acquiesce à ce que dit Alyona. Me faire à l'idée hein... Je ne sais pas trop comment je peux me faire à ça, mais si Terrae a assez de personnes pour faire tourner l'institut, c'est que d'autres ont réussi... C'est juste que l'idée de personnes avec des capacités surnaturelles est encore complètement fantasque. Même avec la démonstration de mon hôte. Mais changeons de sujet pour le moment.

Je pose une question sur les monnaies acceptées dans les magasins et sirote mon thé en écoutant la réponse. Je suis un instant distraite par le goût encore une fois incroyable de ce thé.

Je pense que je pourrais faire changer ma monnaie si besoin, mais c'est tout ce que j'ai pour le moment... Je dis en sortant l'enveloppe froissée de ma poche.

Dessus, il y est marqué en lettres majuscules "salário". La liasse de billets bleu et rouge me paraît étrange dans ce nouvel environnement. Je la pose sur mes genoux et pioche un gâteau. Je me rends compte que je suis affamée. Je croque dedans avec bonheur et ferme un instant les yeux en laissant le chocolat fondre sur ma langue. Tous ces petits plaisirs auxquels je n'ai pas pu goûter malgré une situation meilleure pendant ma carrière de combattante... J'étais trop obnubilée à l'idée de gagner mes combats et par les souvenirs de Mama Nourrice. Je n'ai même pas économisé, j'ai utilisé mon argent pour aider à bâtir de meilleures maisons dans mon favela. Maintenant que je suis ici, en sécurité, et avec ma carrière foutue, je me rends compte que je peux profiter du thé ou des biscuits.

C'est surtout que je ne sais pas vraiment cuisiner... Je n'ai jamais vraiment appris. Avant, c'était le femme qui m'a élevée qui cuisinait, et ensuite j'ai suivi un régime strict avec des apports particuliers pour sportifs. Expliqué-je.

Mama refusait qu'on entre dans la cuisine. Elle disait que c'était sa tanière, que c'était sa tâche de faire à manger. Et j'ai toujours respecter ça. Je me rends maintenant compte que c'est même là qu'elle est morte. Dans sa cuisine bien-aimée. Oh, l'endroit était aussi décrépi que le reste de la maison, mais elle y passait un temps fou.

Tu penses que je pourrais apprendre à cuisiner..?

J'ai failli ajouter "comme Mama" mais elle ne saurait pas qui elle est.

Sirotant toujours notre thé, Tori me questionne sur les différentes monnaies acceptées par les magasins de Terrae, et sort de sa poche une enveloppe avec de l'argent - tout son argent, si j'ai bien compris. C'est... Vraiment peu. Je comprends mieux qu'une de ses premières questions ait été à propos des boulots disponibles ici. J'esquisse une petite moue gênée, c'est toujours délicat de parler d'argent - j'ai remarqué que moins les gens en ont, moins ils sont enclins à accepter quand on leur propose de les aider financièrement. Une sorte de fierté mal placée mêlée de méfiance, je ne sais pas trop ?

"Je t'avoue que je ne sais pas à combien ça correspond en yens et ce que tu peux acheter avec ça - déjà que je galère toujours à faire la conversion rouble-yen !! Mais si tu as des soucis financiers, je sais que Terrae propose des emprunts... Il y a beaucoup de gens qui arrivent ici et qui n'ont rien du tout, tu sais."

Sous-entendu, il n'y a aucune honte à avoir - et surtout il ne faut pas hésiter à demander de l'aide. La jeune femme attrape un gâteau dans la boîte et j'en fais de même, silencieuse quelques secondes, le temps de profiter du goût chocolaté - il n'y a rien à faire, les sucreries resteront toujours ma nourriture préférée !

La brune m'avoue ensuite ne pas savoir cuisiner, et je hoche doucement la tête d'un air compréhensif alors qu'elle m'explique la raison de son ignorance. Je note qu'elle ne parle pas de sa mère, mais de la "femme qui l'a élevée", et qu'elle en parle au passé aussi. Je n'ai aucune peine à imaginer des souvenirs douloureux liés à tout cela, aussi je ne commente pas, me contente de hausser les épaules avec un sourire en répondant à sa question.

"Bien sûr que oui ! Pourquoi tu ne pourrais pas ? C'est pas si compliqué de faire à manger, il faut juste de la patience et de bonnes recettes ! Et de l'espace aussi, c'est le seul problème vu la taille des chambres ici..."

Mais je suis sûre qu'il y a moyen de demander pour utiliser les cuisines de la cafétéria, du moment que ce n'est pas pendant le rush du souper. Je me demande s'il y a un club de cuisine tiens, je ne me suis jamais renseignée...

"Sinon, le super bon plan pour apprendre - et manger gratuitement par la même occasion-, c'est de travailler au restaurant du village ! Je ne sais pas s'ils cherchent des serveuses ou commis en ce moment, ça peut valoir le coup de se renseigner."

Une fois mon thé terminé, je repose ma tasse sur la table et attends que Tori en fasse de même, avant de proposer de passer à la suite du programme.

"Est-ce que tu veux qu'on aille visiter un peu le village et les boutiques ? Ou bien on peut rester ici discuter... C'est comme tu préfères !"

Ou alors elle peut retourner aux dortoirs pour prendre un peu de temps pour elle, si je la saoule à parler de trop, c'est aussi une option haha.