Il est super tôt, je suis saoulée d’être déjà debout MAIS on m’a fourni une information importante qui m’a donné la motivation de sortir de mon lit. Maintenant que ma santé était bien plus stable après tout ce qui s’est passé en Afrique, la clope ne me suffisait plus. ET. J’ai entendu de sources sûres que quelqu’un vendait de l’herbe à Terrae.

Bon je ne suis pas étonnée puisque minimum dans chaque population dans le monde, y a au moins un zouzou qui en fume.

J’avais arrêté y a de longues années, mais là j’avais vraiment envie d’un petit joint pour me détendre. Mon amie qui a déjà acheté auprès du dealer m’a dit que c’est une Eau du nom de Afya et à ce qu’il paraît, elle traîne dans les couloirs. TÔT. Je suis clairement pas une lève-tôt mais là, si je peux me procurer un petit truc, je suis prête à sacrifier mon sommeil, quitte à le reprendre plus tard.

Je garde mon pantalon de pyjama qui laisse paraître que c’est juste un pantalon de tissu classique de sortie et j’enfile rapidement un sweat-shirt de la même couleur. Je m’arrête devant un distributeur de café et me laisse tenter par une vanille française pour me réveiller un peu.

J’ère dans les couloirs comme un fantôme paumée, y a personne jusqu’à ce que je vois une femme de ménage au loin, elle a l’air jeune, je me rapproche doucement tandis que le claquement de mes pantoufles résonnent entre les murs.

«Bonjour, je m’excuse, je cherche quelqu’un ! Elle est Eau.»

Ouais, super intro de ma part. Je ne suis pas assez réveillée donc je manque encore plus de tact.

L’ivoirienne balaie les couloirs, il y a eu beaucoup de vent les jours passés, et nombre de feuilles se sont retrouvées prises au piège du bâtiment. D’habitude elle utilise son pouvoir pour laver à grandes eaux, mais devant ce type de saletés elle sait s’adapter. Le balai lui semble donc la bonne option pour éviter que les feuilles ne se retrouvent collées au carrelage.

C’est aussi, il faut se l’avouer, un exercice apaisant par sa régularité. L’esprit d’Afya est encore parasité par des visions d’explosion, par la peur de ce qu’il se passait pour son amie lors de sa mission. Elle n’y était pas, et pourtant elle y est toujours. Les futures entraperçus se sont mêlés au présent et au passé. Elle ne sait plus toujours dans quel ordre ont eu lieu les évènements.

Afya qui depuis quelques temps se déphasait, est de plus en plus perdue. Le passé et l’avenir se mélangent parfois, et le présent n’a plus la même saveur qu’avant. Parfois, elle a l’impression que des évènements ont déjà eu lieu, que des visions qu’el a pu avoir sont des souvenirs, et que ses souvenirs sont des visions…

Quand la blonde l’accoste, elle a le souvenir de leur première rencontre, de lui avoir déjà parlé, de lui avoir déjà fourni de l’herbe. Elle a également le souvenir de sa mission, du moment où on lui a demandé de se focaliser sur d’autres personnes qu’Ariana car ça tournait au vinaigre. Elle arrête son labeur pour prendre le temps de répondre.

« Bon retour Nana. Tu as plus d’informations sur la personne que tu cherches ? »

Lorsqu’elle énonce mon nom, j’ai un bug sur le moment., la surprise se lit sur mon visage avant de partir en réflexion. Son visage ne m’est pas du tout familier, sa voix non plus. Je tente de chercher où est-ce qu’on aurait pu se croiser. Après oui la population de Terrae est un peu dense mais pour qu’on se rappelle de moi… Est-ce que je l’ai croisé dans un bar et je ne m’en rappelle pas ? Je constate qu’elle paraît un peu plus jeune que moi mais elle a l’air cool. Elle est déterminée de travailler à cette heure là.

J’ai repris le train de la vie en me réinstaurant un nouveau quotidien mais, là je bloque. Je fais une liste mentale rapide des endroits que je fréquente le plus. Peut-être qu’on s’est parlé pendant une soirée sans qu’on se revoit ? Quand je suis bourrée j’oublie de récupérer les numéros des gens que je trouve sympa ou pour du plus-plus.

«Je- Merci !  »

C’est bien de commencer par un peu de politesse quand même hein. Je lui offre un petit sourire une fois un peu plus proche.

«Oui, son nom c’est Afya ! Une amie m’a dit qu’elle serait dans ce coin-ci ! Est-ce que tu l’aurais vu ? »

Je ne comptais pas dire ‘’bonjour je suis là pour de la beuh’’, au Japon le cannabis est interdit donc ça ne me tente pas de cramer cette pauvre Afya et que cette femme de ménage court au bureau d’Hideko pour balancer l’information. Elle m’en voudrait avant même de me rencontrer…

«Je m’excuse, est-ce qu’on se connaît de quelque part ? »

La stupéfaction aurait pu changer de visage, elle le fait d’ailleurs une demie seconde avant que cette pensée ne traverse l’esprit de l’eau : Nana doit être défoncée. C’est assez évident, sinon elle ne poserait pas ce genre de questions. Comment le lui faire remarquer avec tact ? Elle ne sait pas trop, alors elle commence à imagi-voir les différents scénarios. Se moquer ne semble pas avisé, se faire passer pour quelqu’un d’autre non plus… Ce n’est pas lui rendre service. Le temps qu’elle explore ces avenirs, la blonde continue…

« C’est moi que tu cherches… »

La bienveillance et la simplicité étaient la réponse la plus logique, et celle qui somme toute convenait le mieux à l’eau qui avait encore pas mal de travail. Les autres les engageaient sur des chemins si ce n’est obscurs, mais bien alambiqués et assez longs. Un temps que l’ivoirienne n’a pas à disposition, si elle ne nettoie pas tout maintenant, cela sera resali avant qu’elle n’ai eu le temps de nettoyer le sol.

C’est pas si évident de suivre un autre avenir en même temps que le présent est en train d’arriver. Ça embrouille un peu les neurones. Ou du moins, ça embrouille encore plus sa perception du temps. Est-ce que la question qu’elle vient de lui poser est la même que celle qu’elle croit avoir entendu. Peut-être pas.

« J’ai ton herbe, t’inquiètes. »

Non clairement pas. Ce n’est la réponse à aucune de ses questions, mais est-ce que vous pouvez être certains avec certainitude de la réalité que est la plus réelle ? Celle qu’a vécu Nana, ou celle qu’a vu Afya ?

J’en tombes des nues, je suis tombée nez à nez avec la personne que je cherchais. La coïncidence est folle. ‘Fin déjà à la base pour réussir à trouver un dealer, c’est relou, ça change tout le temps de numéro de téléphone et d’emplacement, et sur le lieu de rendez vous t’es jamais sûr avec qui tu vas te retrouver. Afya semble me connaître vraiment. Ça me déstabilise. Qui es-tu ?

« Ah bah j’ai de la chance d’être tombée sur toi direct alors ! »

Je lui offre un large sourire.
Elle répond à tout sauf à ma question principale. Elle ne perd pas le nord et me rassure qu’elle a mon herbe. Alors. À moins que je ne sois somnambule et que je vais voir les dealers dans mon sommeil, c’est ma première transaction avec elle.
Je me gratte l’arrière de la tête, perdue. De base, je ne connais pas vraiment les Eau. Pas parce que je ne les aime pas, mais juste parce que… bah juste qu’on accroche pas d’habitude. Je ne sais pas. Puis j’en croise pas tant que ça avec qui je parle. Ils sont posés dans leurs coins.

«  Alors, euh, c’est quoi les sortes que tu as ?  »

Parce que, bien sûr, je ne sais même pas ce qu’elle vend. Elle me parle comme si j’étais une habituée dans un bar avec la fameuse punchline ‘’ je vous sers l’habituel ?’’. Je sais pas, je me fais peut-être des films. IL EST TROP TÔT POUR RÉFLÉCHIR AUTANT.

Bref bref, j’attends de voir ce qu’elle me propose parce que… ça fait un bail que j’ai pas fumé et je veux pas non plus abusé dans les doses, même si je sais que ça va finir comme ça. J’apprécie de me caler dans mon lit avec un joint et une petite fonce-dalle qui suit. Ça me permet de me détendre et de pouvoir dormir un peu parce que j’ai encore le sommeil agité de temps en temps.

En même temps, la chance se provoque. Elle savait qu’elle aurait un client aujourd’hui, sans quoi elle ne se serait pas déplacée avec de la marchandise. Afya est là tous les matins, tous les matins elle récure, et pourtant tous les matins elle n’emporte pas de drogue. Elle sait quels matins il y aura quelqu’un pour elle. Elle faisait déjà partie du paysage depuis longtemps avant de se mettre à dealer. Elle est la dame qui nettoie tôt le matin, ceux qui la connaissent la saluent de loin, certains s’arrêtent et échangent un peu avec elle. Rien n’a changé depuis qu’elle deale, les couloirs sont toujours aussi propres, mais elle, elle a plus d’argent à envoyer à sa mère et sa sœur.

Elle ne prend pas de risque, si elle ne se trouve pas à l’endroit où elle devrait se trouver à midi dans ses visions du matin, elle remonte sa journée pour être certaine de ne pas avoir eu de problème avec son second travail. En théorie, c’est la combine idéale, un voyant à peu de chances de se faire prendre… Mais un voyant qui se perd dans le temps…

« L’habituelle, quoi qu’il parait que la barrette est moins chargée que les dernières fois. »

Enfin, si elle en croie les retours qu’elle voit dans ses visions et qui n’ont pas encore eu lieu. Elle peut se tromper, cela-dit. Est-ce les retours de cette fournée ou de la prochaine ? Sait-elle, croit-elle savoir ? Toujours se même dilemme.

Dés ::

«L’habituelle,murmurais-je»

L’arrière de mon crâne me gratte à nouveau.  J’avoue que je suis gênée de ne pas comprendre la conversation, peut-être ferais-je mieux de juste ne pas chercher midi à quatorze heures. À quel point on peut se connaître sans que je ne me rends compte sérieux, QU’EST-CE QUE JE FAIS.

«Ah oui ? Bah écoute je t’en redirai des nouvelles à ce sujet !»

Je lui décoche un petit sourire. Il est sûrement mieux que je me la joue cool au lieu de la meuf chiante qui va reposer sa question 10 fois. Afya semble un peu dans la Lune. Je me demande si elle est Morphe ou Voyante. Quoi que, peut-être qu’elle est Voyante et j’ai l’impression de faire face à l’oracle dans Matrix qui attendait l’élu avant même de le connaître pour lui parler ! ‘Fin… Je sais pas, je dis ça comme ça.

Mais bon, avant d’acheter n’importe quoi, faut que j’essaye de trouver le type d’herbe qu’elle a.

«Ça fait longtemps que j’en ai pas acheté, tu distribues plutôt indica, sativa ou hybride ? 'Fin t'sais j'ai été à l'hôpital un petit moment donc bon... »

Histoire d’avoir une petite idée quand même. J’ai tendance à mal réagir sur certaines sortes donc… mieux vaut ne pas trop prendre de risques.
En tout cas, elle me semble super sympa comme meuf. Je ne suis pas étonnée qu’on ait cliqué quelque part ! Ouais parfois il en faut peu pour apprécier quelqu’un hein. Au pire s’il y a trahison ça finit en bagarre et on en parle plus.

Ce qui est bien quand on est eau et voyante de surcroit, c’est que lorsqu’on ne connait pas la réponse à une question il suffit de chercher la réponse dans son futur. En effet, si l’on suit le futur où l’on recherche la réponse, elle apparait. Il n’est alors plus nécessaire de le vivre… Mais on perd en présent ce que l’on gagne en visions.

Peut-être aussi, aurait-elle pu fouiller dans son passé, les fois où Tiago avait essayé de lui en apprendre plus sur ce qu’elle vendait… Mais bien évidement, cela n’avait alors eu aucun intérêt pour l’ivoirienne qui savait qu’elle aurait accès aux informations quand elle en aurait besoin.

Elle apprend donc qu’elle apprendra que la sentiva est une herbe aux forts effets psychostimulants alors que l’indica est plutôt relaxante. L’hybride resta un compromis entre les deux. Evidement, elle n’aura rien trouvé à ce sujet dans un dictionnaire, mais se serait renseigné sur le web. Ce qui était intéressant, c’est que ses consommateurs en connaissaient souvent deux à trois fois plus que ce qu’elle pouvait trouver… Les écrits étant souvent des millénaires en retard sur les pratiques.

Elle en profite pour regarder l’avenir de la blonde. Si elle devait finir à l’hôpital à nouveau pour avoir consommer de la drogue, ce ne serait pas cocasse mais dramatique. La voyante préfère l’éviter. Non seulement car ce serait délétère pour la jeune femme, mais également car ce serait délétère pour ses affaires.

« C’est de l’indica, tu n’y feras pas de réaction allergique, je viens de vérifier. »

‘’Je viens de vérifier’’. Mes yeux font un aller-retour de gauche à droite, où ça t’as vérifié ? Elle a un dossier médical à mon nom dans sa tête ? Bah techniquement, ça me confirme surtout qu’elle est Voyante. Purée, elle doit voir des choses de fou, ça fait peur.

«Je vais t’en prendre alors s’il te plait !»

Ça aurait été de la sativa, je ne l’aurais pas pris car ce n’est pas la sorte qu’il me fallait en ce moment. La Indica me permettrait au moins d’avoir des nuits de sommeil un peu plus longue et surtout de forcer mon cerveau à se reposer aussi.

Je suis consommatrice mais pas à l’extrême de toute façon, je compte en fumer occasionnellement. Quand j’étais ado, ouais j’en fumais tous les jours, mais ce n’était vraiment pas la solution. Ça me donnait des trous de mémoire constamment et ça a duré sur des années.

J’aime bien la beuh mais quand même hein. Si j’en fume tous les jours je risque de ne plus faire grand chose de mes journées… Je ne vois pas un psy toutes les semaines depuis mon retour à Terrae pour retomber à nouveau dans un cercle vicieux qui va me refaire tomber en dépression. On va finir par me foutre dehors sinon.

D’ailleurs… Elle a bien dit ‘’réaction allergique’’ ?!

«Mais euh- T’as vu quelque part que je pouvais être allergique à la beuh ??»

Oui je panique un peu. Je ne sais pas ce qu’elle a pu voir en vérifiant et ce serait bien que je le sache si jamais il doit m’arriver un truc hein.
Ça fait vraiment peur les Voyants.

L’ivoirienne n’avait jusqu’alors pas cherché cette information, elle avait juste vérifié qu’elle ne ferait pas de réaction allergique à ce qu’elle lui vendait. De même manière qu’elle vérifiait toujours que personne ne faisait d’overdose. C’était en partie pour cela qu’elle avait accepté ce travail. Elle était capable de savoir si les consommateurs se mettaient en danger avec les doses qu’elle leur procurait. En danger immédiat s’entend. Elle ne voulait plus que personne n’ait à ressentir la peur, la colère, le désespoir, qu’elle avait eut en trouvant Baxter inanimé. Elle n’était malheureusement pas la seule dealeuse du coin.

« Attends, je regarde. »

Son regard se perd quelques minutes dans le vague. Elle procède par élimination, regarder l’entièreté de la vie de la jeune femme serait bien trop long. Elle avance en marche rapide, essaie de recouper ses passages pour acheter de l’herbe avec ceux de l’hôpital, croisant des destinés et des lieux. C’est complexe et ça prend du temps. De l’énergie également.

« A priori non, mais méfie toi des crevettes à noël 2025. Elles te feront pas du bien. Je suis pas allée plus loin par contre, ça me demanderait trop d'énergie et de toute manière il y a trop d'aléas à Terrae pour que ce soit rentable. »

Elle avait recroisé les données passage à l’hôpital et achat d’herbe. Faisant ressortir les instants où sa destiné croisait celles de certains lieux de manière rapprochée. Elle n’avait eu qu’à remonter les heures précédent l’hospitalisation et celles suivant pour comprendre que ce n’était pas la drogue le problème. Elle s’était demandé si elle devait lui dire, mais après tout, elle pouvait lui épargner une belle intoxication alimentaire. Alors autant le faire.

J’observe Afya se perdre dans l’espace temps pendant un petit instant. Je me crispe un peu du dos, faite qu’elle ne me dise pas que je vais mourir d’une dose d’ici un an, je vais hurler. Et puis j’ai vu Men in Black avec le petit gars qui voit dans le temps… Il n’est jamais sûr de ce qui va lui arriver car il voit trop de possibilités… J’imagine que c’est ce qu’Afya vit. Ça doit rendre parano un peu non ?

Je sursaute quand elle me parle… de crevettes… en 2025. En sachant que j’ai une mémoire un peu déraillée… j’ai intérêt à me laisser une note sur mon téléphone. Chose que je fais immédiatement, j’inscris dans mon calendrier le jour de Noël 2025 ‘’ne pas manger de crevettes’’. Comme ça, je risque pas d’être malade sur les toilettes toute la nuit. Imaginez je suis en date cette journée là… LA HONTE. Je veux pas faire partie des gens qui font des rendez-vous et coince les toilettes de leur bien-aimé chez eux.

«Oh bah écoute c’est noté hein merci de me l’avoir dit ! Toute façon les fruits de mers c’est pas trop mon dada ! ‘Fin… J’en mange quelques fois par an c’est tout.»

Ouais, c’est pas mon truc favori.

«Mais comment tu fais pour pas te perdre dans tes visions ? Ça doit être fou de voir autant de choses d’un coup ou genre des trucs que tu veux pas !! Moi j'aurais tout le temps peur j'crois. »

Déjà de gérer la téléportation et de pas atterrir n'importe où, c'est déjà bien.

« Tu sais, les visions c’est comme l’attention, tu ne la portes que sur ce qui t’intéresse. Si tu n’as pas envie d’entendre que ta voisine est en train de piler son atiéké, tu peux faire abstraction. C’est pareil pour les visions, je ne suis que les chemins qui m’intéressent. Je n’ai pas besoin de tout voir, je sélectionne en fonction de mes besoins. Là le besoin était de savoir si tu ferais une overdose ou non, alors j’ai juste suivi ta route et l’ai croisée avec celle de nos rencontres et celles de l’hôpital. Ce n’était pas bien compliqué. »

Il faut dire que l’ivoirienne est devenue très forte dans l’art des recoupements d’avenir. Elle a initialement développé cet art pour pouvoir savoir si Allen se retrouvait quelqu’un… Et l’en empêcher. Bien entendu. Elle regardait l’avenir en des points fixes et réguliers et si elle voyait quelque-chose qui ne lui plaisait pas, elle remontait la piste, tel un fin limier. Quand elle trouvait enfin le nœud du problème, elle explorait les voies annexes pour le dénouer. Le pauvre air n’avait encore retrouver personne.

C’est qu’elle avait la rancœur tenace, et même si fondamentalement Ariana ne souhaitait probablement pas qu’il fusse célibataire toute sa vie… Seulement, même maintenant Afya préférait la préserver. Elle avait d’autres chats à fouetter, et bien d’autres soucis en tête. Si elle pouvait empêcher que cette contrariété vienne alourdir la charge de son amie dans les jours à venir… Ce serait déjà ça !

Je secoue la tête vigoureusement de haut en bas, ça fait du sens, un peu.

Quand elle énonce ‘’nos rencontres’’ je me rends compte du pourquoi elle dit me connaître, TOUT S’EXPLIQUE. Elle est constamment dans le Multiverse ! La moi qu’elle a dû rencontrer… C’est ‘’moi’’ moi, mais une autre moi dans un autre contexte hein !! Quelle dinguerie. Première fois que je rencontre quelqu’un qui me connaît mais que moi je ne connais pas. Ça fait très cinématique en mode ‘’Tu ne me connais pas, mais moi je te connais’’ LE CLICHÉ.

«Ahhh un peu comme quand tu zappes des chaînes télévisées ! »

Eh oui. Image très simple.

«Mais si ça se trouve tu m’as déjà vu dans le futur c’est pour ça que tu dis me connaître !! Bon je sais que tu travailles là mais… Tu veux qu’on se fume un petit joint ensemble dehors ? »

Et pourquoi pas hein ? Qui n'a pas déjà fumé avec son dealer ?

« Oui, c’est un exactement ça. »

Elle suivait la chaine d’une vie, et zappait quand cela n’avait plus d’intérêt pour elle. Elle ne regardait que les programmes intéressants. Ariana. Baxter. Boubou. Elle vérifiait souvent dans le futur qu’ils étaient présents et en bonne santé.

« Désolée, je ne fume que du tabac. »

Elle avait une moralité à toute épreuve. Sa mère lui avait inculqué quelques principes, lui édictant qu’elle devait se tenir éloignée de ces substances qui rendaient les femmes vulnérables. Elle n’en avait pas eu besoin pour être une proie, elle avait été une seconde victime. Et si elle ne portait pas le poids d’avoir laissé la porte de la bergerie ouverte, on trouverait toujours moyen de lui dire qu’elle avait appâté le loup. Elle se refusait donc à ne serait-ce que gouter à un brin de chanvre…

Elle percute, peut-être à rebours.

« Attends, on ne s’était jamais vu avant ? »

Elle qui pensait que la blonde était simplement trop défoncé pour s’en rendre compte. C’était déjà arrivé. Enfin, peut-être ? Elle n’en était pas certaine. Elle n’en serait plus jamais certaine.

Une moue de tristesse s’abbatait sur mon visage. Un dealer qui ne fume pas de beuh, c’est la première fois que j’entends ça tiens. Moi je voulais qu’on fasse copine-copine autour d’un joint ! Qu’on puisse rigoler un petit peu ! Mais bon, tant pis, je me le roulerai dans ma chambre tranquillement avant de moi-même m’enrouler dans mes couvertures. Avec un petit film drôle et pas difficile à comprendre pour avoir un bon moment comme on aime en solo.

« Oh bon, je comprends y a pas de soucis ! »

Bien que fumer de l’herbe était la normalité de beaucoup de gens, ne pas en fumer était beaucoup la normalité d’autre. Après tout cela touche notre physique donc c’est compréhensible de ne pas vouloir y toucher. Et surtout, il faut respecter cela.
L'herbe c’est la drogue la plus douce que je connaisse. Juste de passer au shit… C’est un autre niveau de psychotrope. C’est beaucoup plus intense.

Et là, pire que moi, Afya se rend compte d’une info seulement maintenant. Ah.

« Bah, j’étais gênée de le dire puisque tu n’avais pas répondu quand je te l’ai dit tout à l’heure mais… Je ne t’ai jamais vu avant aujourd’hui… »

Ouais, c’est un peu le malaise.

« M-M-Mais je te trouve super sympa ! C’est même dommage que ce soit qu’aujourd’hui qu’on se rencontre pour la première fois hein ! »

Chose qui était vraie, elle paraît sympa aux premiers abords. Je pensais pas rencontrer quelqu’un qui a des réactions encore plus à retardement que moi. C’est une première. Quoi que Senri est champion lui aussi là-dessus.