La réponse d'Afya me tire un petit sourire compatissant - j'imagine qu'elle ne parle pas d'être prête au niveau de ses pouvoirs, mais plutôt d'être prête psychologiquement. Je suppose qu'on ne peut jamais être totalement prête pour une mission comme celle qui nous attend... Je hoche ensuite la tête quand elle me retourne la question.

"J'suis plus en forme que je l'ai été depuis longtemps physiquement, et on a une bonne cohésion avec les autres membres de mon équipe... J'dirais peut-être pas gonflée à bloc, mais j'essaye de rester confiante."

Même si cette mission est bien plus dangereuse que celles auxquelles j'ai pu prendre part et qu'on ne sait jamais ce qui peut se passer, hein... Je fronce les sourcils légèrement en jetant un coup d'oeil à la brune. En fait, peut-être qu'elle, elle sait ce qui va se passer ? Je serais presque tentée de lui demander, mais je crois que je préfère ne pas savoir, en fait.

Une fois que la jeune femme a terminé son maquille, je lui propose de le corriger pour elle - pour aller plus vite surtout. Elle ferme les yeux, je la sens tressaillir légèrement au contact du coton-tige sur sa paupière, mais elle ne bouge pas. Il ne me faut qu'une petite minute pour rectifier le tir, après quoi je lui conseille de garder les yeux fermés le temps que le produit sèche. Je crée une légère brise qui lui balaie le visage, pour accélérer le processus.

"Voilà, ça devrait être bon là... Le résultat te convient ? Tu avais besoin d'autre chose sinon ?"

Je demande avec un sourire poli. Bon, j'la mets pas à la porte, mais voilà quoi.

Gonflé à bloc, c’est bien une expression d’air, songe l’ivoirienne. Elle est cependant heureuse d’apprendre que Pandora se sent en forme. Elle sait qu’elle rentrera vivante, mais elle ne sait pas dans quel état. Les avenirs se superposent trop. Elle ne lui dira par ailleurs rien sur le sujet, car cela pourrait changer sa concentration, et nuire à sa mission. Elle a peur d’influer négativement l’avenir… C’est un poids terrible.

« Je croise les doigts. » répond-elle, car c’est au destin de décider comment les dés seront jetés.

Elle sursaute quand la bise vient lui caresser le visage. Elle n’avait pas compris pourquoi la Afya du futur sursautait avant de sentir le courant d’air sur son visage. Elle avait du forcer très fort pour ne pas ouvrir les paupières, elle aurait pu grommeler et sortir un truc du genre « tu aurais pu me prévenir ! » mais elle s’en abstient, ne souhaitant pas déclencher le courroux de l’air. Elle lui fait toujours peur quand même…

Et puis l’eau sait qu’elle n’est pas à sa place dans la chambre de Pandora, elle s’y est incrusté comme cette dernière semble le lui rappeler. Elle ne va donc pas s’éterniser, elle a déjà presque accompli ce qu’elle voulait faire, le timming est presque bon pour qu’elle ne croise pas la personne qui la contaminera.

« Non c’est nickel ! Merci de ton aide ! A charge de revanche ! »

Elle ne se fait pas prier pour quitter la chambre de l’air, mais elle sait qu’elles se retrouveront au bar un peu plus tard…

HRP : tu me dis si tu veux qu'on continue ici ou qu'on lance au bar !

Je souris quand Afya me dit qu'elle croise les doigts pour la mission. Elle est gentille en fait, j'crois que j'pourrais m'entendre pas trop mal avec elle si elle n'avait pas une dent contre Allen. Enfin, en soi ça n'empêche rien, mais j'ai du mal à passer au-dessus - j'suis un peu trop protectrice envers mes amis, autant je supporte assez bien qu'on me critique moi, mais les gens que j'aime beaucoup moins.

Une fois le maquillage terminé, la brune semble satisfaite du résultat et décide de s'en aller - tant mieux, c'est que j'ai pas toute la vie devant moi hein !

"Pas de souci. A une prochaine, et amuse-toi bien ce soir hein !"

Je me retrouve donc finalement seule et termine de me préparer en vitesse. J'attrape ma veste et mon sac avant de sortir, direction le bar. Bon, j'avais prévu d'arriver tôt pour me choper une bonne table, mais avec tout ça, elles sont toutes occupées maintenant, c'est malin !

Je me dirige donc vers le comptoir, fais coucou à Luna et commande une bière avant de m'asseoir sur un tabouret. Je scanne la salle du regard en sirotant mon verre, y'a pas mal de monde, je devrais trouver quelqu'un avec qui passer la soirée sans trop de mal... Je manque d'avaler ma gorgée de travers en reconnaissant la robe bariolée d'Afya, assise seule à une table - ça n'a pas l'air de super bien se passer pour elle, son plan de "rencontrer du monde". Mais ça va là, j'ai déjà fait ma BA du jour, j'vais pas en plus lui tenir la main pour qu'elle aille parler à des gens. Au lieu de quoi, je me tourne vers mon voisin de comptoir pour engager la conversation - il n'aurait pas été mon premier choix mais eh, j'ai peur que la brune me capte si j'me lève de mon tabouret !

Une fois la porte refermée Afya retourne dans son antre, elle sait que l’art du timing demande énormément de précision. Elle a conscience qu’agir avec précipitation est dangereux, mais elle n’a pas beaucoup de temps pour préparer la suite de la soirée, il lui faut se saisir de son sac, de son paquet de cigarettes, et de patience. Tout est millimétré. Elle doit donc faire attention, elle doit prendre le bus avant Pandora, sinon cette dernière fera exprès de suivre une direction différente, ce qui pourrait-on croire la préserverait du rhume qui l’attend… Mais l’exposerait à une gastro fulgurante. L’ivoirienne déteste de plus en plus la saison hivernale.

Ensuite, il faut qu’elle attende la bonne temporalité pour entrer dans le bar et se placer à la table qu’elle veut, pour que les personnes s’assoient au bon endroit et que lorsqu’elle entre, Pandora s’éloigne du contaminant. Elle est dans un jeu d’échec contre le destin.

L’ivoirienne a passé plus d’une semaine pour élaborer cette soirée, et tout autant pour comprendre que Pandora était la clef du rhume d’Ariana. Elle s’était épuisée sur cette tâche, mais c’était sa manière à elle de déstresser. Elle ne pouvait pas agir sur la réelle raison de ses craintes, elle n’avait aucune emprise sur ce pan du futur qui lui étaient inaccessible, elle n’avait pas assez de pouvoirs pour le percer. Elle se rabattait donc sur ce qui lui était accessible, certain, et même si c’était difficile, elle y arriverait.

L’ivoirienne sait quand Pandora entre dans le bar, elle sait aussi avec qui elle parle. Téo, un certain feu… Petit con s’il en est, mais certainement pas le plus dangereux du lot, et certainement pas contaminant. Un peu lourd par contre.

« Aurais-tu un pansement? Parce que je me suis blessé en tombant sur ton charme! » Qu’il lui sort.

Afya par contre doit continuer son travail d’infiltration, elle doit empêcher le contaminant de se rendre auprès de Pandora, c’est pour cela qu’elle se lève brusquement pour aller écraser les pieds d’une fille qui n’a rien trouvé de mieux que de porter des ballerines confortables… Ballerines qui ne font pas le poids contre les escarpins que lesquelles elle n’est pas certaine de savoir marcher… Elle met en place les pièces de l’échéquier…

[HRP : HAHAHA Téo le Feu relou, est-ce une coïncidence   ]


Je regrette quasi immédiatement d'avoir engagé la conversation avec mon voisin de comptoir. Non mais, j'en ai entendu des phrases d'accroche de merde, mais alors celle-là... En plus, d'où il a besoin de balancer des inepties pareilles pour essayer d'attirer mon attention, c'est moi qui l'ai abordé de mon plein gré ! Je suis un peu coincée, je n'ai pas trop envie de changer de place et attirer l'attention de quelqu'un d'autre (ou quelqu'une plutôt). Je supporte donc la conversation de ce cher Téo pendant une quinzaine de minutes - le temps de terminer ma bière quoi - avant de m'excuser pour aller aux toilettes. Oui, j'ai totalement l'intention de revenir et m'asseoir ailleurs mdr.

Alors que je me lève de mon tabouret, j'entends un cri aigu résonner derrière moi et me tourne pour voir ce qui se passe. Une jeune femme vient de se faire écrabouiller le pied... Par Afya ? Je fronce les sourcils, c'est pas le genre de truc qu'une Voyante est sensée pouvoir éviter facilement, ça ? C'est bizarre. Ou alors c'est sa technique pour engager la conversation avec des inconnu(e)s, ce qui est encore plus bizarre. Mais je n'ai pas envie de m'en mêler, aussi je me contente de me diriger vers les WC.

Revenant quelques minutes plus tard, je scanne la salle du regard pour me trouver une autre place où m'asseoir - le mec là-bas à la table près de l'entrée. Il est tout seul, et il est pas mal. Remettant mes cheveux en place, je traverse la pièce, affichant mon sourire le plus charmeur pour aller l'aborder.

"Hey salut, la place est libre ?"

Évidemment que oui - un BG ne vient pas seul au bar dans l'espoir de le rester, eh ! Je m'installe donc sur la chaise en face de lui et commence à discuter, ne prêtant pas attention à ce qui se passe derrière moi.

HRP : j'avais pas mis de H pour laisser le bénéfice du doute...

L’ivoirienne doit se confondre en excuses, et cela lui permet de discuter un bon moment avec le petit groupe. Elle leur explique ne pas porter régulièrement ce genre de chaussures… Pour ainsi dire, jamais. La fille à qui elle a écrasé les pieds rigole, elle comprend, elle-même a décidé de ne plus en porter car elle ne s’y sent plus à l’aise. La discussion s’enchaine tranquillement. Afya se sentirait presque coupable, mais elle n’a pas ce luxe. La mission est la mission.

Des amis de la fille avec laquelle elle parle viennent se joindre à la conversation. Elle se retrouve rapidement en infériorité, mais elle sait qu’elle tient ainsi le contaminent loin de Pandora. Elle prend donc sur elle pour garder une discussion plaisante, alors qu’intérieurement elle a envie de se barrer loin : il y a trop de monde, trop de bruit, trop de… trop.

Elle suit de loin les déplacements de Pandora, cette dernière est safe. Avec un garçon… Ok il lui brisera peut-être le cœur, mais bon, il va pas lui refiler de rhume ce soir. Elle peut fuir.

« Il y a des fumeurs ici ? » elle demande.

Elle a tenu autant qu’elle pouvait, mais il lui faut une voie de retrait qui ne mette pas toute l’opération en échec. Une fille se joint à elle, et elles sortent alors que l’autre partie du groupe retourne boire un verre. Mais quoi voilà ? Ne serait-ce pas ? Mais si, c’est bien lui ! Voilà que Téo rejoint leur petit groupe pour leur demander du feu.

« J’comptais t’en demander justement, t’es feu non ? » répond l‘livoirienne.

Le pauvre gars est dans le désarroi le plus total. Essayant de réaligner les astres. Il a de la chance, il n’a pas été assez important dans la vie d’Ariana pour que l’ivoirienne le démolisse proprement.

Le brun avec qui je discute à présent - Mario, un italien - m'offre un verre rapidement après que je me sois installée. Il est plutôt drôle et surtout plutôt beau gosse, parfait pour une soirée comme celle-ci où j'ai juste envie de me changer les idées. Si j'en crois le pied qui remonte doucement le long de mon mollet sous la table, je pense qu'il n'est clairement pas contre l'idée de prolonger cette soirée dans sa chambre ou la mienne - mais pas tout de suite, j'ai envie de boire avant.

"Tu fumes ? J'irais bien m'en griller une et prendre un peu l'air avant le prochain verre."

Je propose après avoir terminé ma bière. C'est toujours une bonne opportunité de se rapprocher physiquement, d'aller faire un tour dehors. J'ai déjà la tête un peu légère après ces deux verres, il faut croire que j'ai perdu ma descente légendaire ces derniers mois sans boire - ce qui n'est pas un mal hein, je sortais un peu trop quand même.

Mario accepte et nous sortons rapidement après. Il en profite pour passer un bras autour de mes épaules "parce qu'il fait frais ce soir", ouais ouais. Mais j'vais pas m'en plaindre hein. Je sors mon paquet de cigarettes et en passe une à mon partenaire alors qu'il me tient la porte ouverte, et tombe presque nez-à-nez avec Afya une fois dehors.

"Oh ben, tu fumes toi ?!"

Ca m'a échappé. Je n'avais pas vu qu'elle était sortie, et je suis tellement surprise de la voir avec une clope à la main que l'exclamation est sortie toute seule. C'est malin, maintenant je dois sourire poliment et rester là pour échanger quelques mots avec elle quand même, avant de pouvoir me trouver un coin sombre avec Mario. Eh merde, Téo est là aussi, et ça commence déjà à s'échanger des regards de mâle dominant. Su-per.

Après un rire, qui lui permet de s’en sortir assez dignement, le feu allume la cigarette de l’eau. Elle n’est pas mauvaise, loin de là, elle propose même une cigarette au jeune homme.

« C’était une belle tentative d’approche ! » reconnait-elle amusée.

L’homme ne sait pas vraiment sur quel pied danser, est-ce qu’elle tente de le remettre à sa place ou est-ce qu’elle entre dans son jeu ? Sans doute rien de cela, si l’on demande l’avis de l’ivoirienne. Elle fait juste la conversation pour qu’il ne fuit pas, elle a besoin de lui. Elle discute avec la fille sortie fumer avec elle et l’inclue dans la conversation, sans pour autant lui laisser de réelle ouverture. Il est hors de question qu’il se sent assez à l’aise pour poser une de ses paluches sur elle.

Elle se retrouve soudainement face à Pandora, un peu étonnée. Elle allait la saluer, mais cette dernière prend la parole en premier.

« Ouaip, tu en veux une ? »

Elle néglige bien entendu l’affrontement des regards entre les deux jeunes hommes. Téo ne semble pas avoir reconnu Pandora, elle imagine que c’est une bonne chose. Ils matent chacun la chasse de l’autre, et Téo l’emporte visiblement car il a deux jeunes filles dans ses filets.

« J’vous laisse moi ! » lance la demoiselle, une terre qui ne souhaite pas rentrer dans les enchères de ce concours de bite. Elle regarde Afya et Pandora « vous v’nez ?
- Non, j’vais en fumer encore une avec Pandora du coup ! »

Une fois dehors, je me retrouve nez-à-nez avec Afya et retiens de justesse une grimace alors que je lui adresse la parole sans vraiment l'avoir voulu. C'est malin, je ne peux plus vraiment faire demi-tour sans passer pour la plus grosse malpolie de Terrae maintenant ! J'agite la cigarette que je tiens déjà en main, sortie de mon paquet alors que je me dirigeais vers la sortie du bar quelques instants plus tôt.

"J'ai déjà ce qu'il faut, mais merci !"

Mario sort son briquet et m'allume ma cigarette, avant que Téo-le-Feu-qui-se-la-pète n'ait le temps de faire le bellâtre avec ses flammes. Y'a de la testostérone dans l'air, et visiblement la copine d'Afya n'apprécie pas trop cette nouvelle tension qui règne, vu qu'elle retourne à l'intérieur rapidement après. Malheureusement, la brune ne la suit pas et reste avec nous - enfin, peut-être que c'est "heureusement" plutôt, je n'ai carrément pas envie de me retrouver seule entre les deux mecs en fait. Je reste d'ailleurs un peu dans l'ombre, histoire que Téo ne me reconnaisse pas - ou alors il a capté mais il s'en fout, j'sais pas trop.

"Hum, tu passes une bonne soirée, ça va ? T'as rencontré du monde ?"

Je tourne la tête vers l'ivoirienne en posant cette question. C'était le but de sa soirée, non ? J'espère que oui et qu'elle ira les retrouver rapidement après cette cigarette ! Je sens le bras de Mario agripper mes épaules plus fermement, et je me cale un peu plus contre lui. Quelle impatience, c'est bon là, sois poli.

"D'ailleurs - Mario, j'te présente Afya, c'est... Euh, une pote."

Une pote mdr. Une vague connaissance plutôt ouais - mais j'peux pas décemment dire ça à haute voix, donc voilà.

Certes, le sens de l’observation lui avait manqué, mais en même temps, pouvait-on lui repprocher sa politesse ? Sans doute que non. Pandora se fait allumer par son compagnon alors qu’Afya demande d’un sourire au sien d’allumer sa nouvelle cigarette. Téo ne se fait pas prier pour montrer l’étendu de ses talents. L’ivoirienne le remercie, sans l’encourager pour autant à continuer à jouer avec le feu.

« Oui, plutôt chouette, il y a Téo qui a beaucoup de… d’imagination, et le sens de la formulation ? »

C’est ainsi qu’elle décrit le plaisir que lui fait Téo à sortir des disquettes toutes plus drôles les unes que les autres.

« Et un groupe de filles plutôt chouettes… »

Dont elle doit se repasser la conversation pour se rappeler des noms. C’est tellement utile d’être voyante parfois… Elle a pu apprécier la soirée car elle peut danser, mais en réalité elle a déjà croisé beaucoup trop de monde pour la semaine à venir.

« Enchantée Mario, j’imagine que tu es le cavalier de Pandora ? »

C’est dans ce genre d’instant que tout dérape, un feu n’est pas tonnerre, et pourtant la lumière se fait dans la tête de Téo quand il entend le prénom de l’air. C’est presque magique ce genre d’instant, tout se passe dans le regard… Pourtant dans la pénombre l’ivoirienne ne comprend qu’il est en train de se passer quelque-chose d’important, quelque-chose qui peut faire basculer la soirée en un claquement de doigts.

« Pandora, genre comme Pandora qui est jamais revenue des chiottes ? J’pensais que t’étais tombée dans le trou putain ! »

Une fois nos cigarettes allumées, j'entame poliment la conversation avec Afya - même si je n'en ai pas spécialement très envie, mais bon, j'me sens un peu obligée là. J'esquisse un sourire en coin à sa remarque ; c'est une assez jolie façon de dire que le Feu a vraiment des pick-up line de merde... D'ailleurs, je me demande s'il espère quoi que ce soit de la jeune femme, elle n'a clairement pas l'air intéressée par plus qu'un peu de discussion.

"Tant mieux, tant mieux, c'est cool alors si tu passes une bonne soirée !"

Je ne sais pas vraiment quoi lui dire d'autre, aussi je tire sur ma clope avant de lui présenter Mario, encore une fois par souci de politesse. Il lui adresse un léger signe de tête, visiblement pas très intéressé de faire la conversation. Je glisse une œillade vers lui, et remarque que Téo et lui se jaugent vachement, quand même. D'ailleurs, je ne lui ai même pas demandé son affinité, mais ça ne m'étonnerait pas qu'il soit Feu aussi, le Mario... Son bras toujours autour de mes épaules, il répond sans aucune hésitation à Afya.

"C'est ça oui, on passe la soirée ensemble."

J'apprécie moyennement la façon dont il marque son territoire sans même me demander mon avis - même si j'avais effectivement l'intention de terminer la soirée avec lui, mais j'aime pas qu'on parle pour moi, merci. Mais je n'ai pas le temps de réagir, que d'un coup, Téo tilte. Donc, il s'en foutait pas du tout, il ne m'avait juste pas reconnue. Hahahaha génial.

"Ah ouais, désolée, j'te retrouvais plus en sortant des toilettes donc j'me suis assise ailleurs !"

L'excuse la plus foireuse du monde, bonsoir. Bon, il est temps de terminer la clope et de décamper rapidos là, non ?

L’ivoirienne se doute que la réponse empressée de Mario agace Pandora. Elle ne change pour autant pas d’attitude et regarde la suite de la scène se dérouler comme lors de ses visions : en spectatrice. Téo semble faire la lumière sur la situation, c’était sans doute l’effet qu’elle espérait.

« Tu dois être sacrément bourrée parce que j’ai pas bougé d’un iota pendant plus de trente minutes à t’attendre, j’suis même allée faire un tour dans les chiottes et j’ai demandé à une meuf de vérifier qu’il y avait personne d’évanouis dans un coin. »

Non, il ne connecte pas comme il faudrait. C’est un feu pas un tonnerre, normal qu’il soit mal cablé. Voilà que Mario répond à la place de Pandora, cherchant à apaiser la situation et à asseoir sa domination sur la terre conquise.

« Ah, j’comprends la loose, mais c’est vrai qu’il y a pas mal de monde là dedans, on est vite désorienté, puis comme j’étais seul à ma table elle a pu s’y poser le temps de reprendre ses esprits… Mon charme a fait le reste, hein princesse ? »

Parfois Afya regrette de ne pas avoir de popcorn, bien qu’elle ne saisisse pas l’intérêt de ce met, elle a bien compris que les occidentaux en raffolaient pour observer ce genre de situations. Elle ne sait pas qui est le plus agacé par l’intervention de l’italien, Pandora ou Téo… Il voulait bien faire, mais vous savez ce qu’on dit : l’enfer est pavé de bonnes intensions.

J'esquisse une légère grimace à la réponse de Théo, alors qu'il s'emporte un peu - ok, j'avoue, j'me sens un tout petit peu coupable vu que le mec s'est fait du souci au point d'envoyer quelqu'un vérifier dans les chiottes que j'allais bien... J'aurais juste pu lui dire que j'avais quelqu'un d'autre à retrouver, ou lui donner une excuse bidon pour m'éclipser sans le faire comme une lâche, quoi. J'avais juste envie de passer une bonne soirée, mais là clairement c'est en train de virer au malaise, c'est génial.

"Haha, ouais, désolée, j'ai un peu trop bu je crois..."

Pas du tout ; j'ai juste, quoi, 2 ou 3 verres dans le gosier, à peine suffisant pour avoir la tête un peu plus légère - et clairement pas assez pour gérer cette situation ridicule. Et pour couronner le tout, voilà que Mario surenchérit. En vrai, son intervention aurait été plutôt correcte, s'il s'était abstenu de cette dernière phrase. "Mon charme a fait le reste" ptdr oui clairement, j'crois qu'il est Feu. Et d'où il m'appelle Princesse, bientôt ça va être Peach ou Daisy, c'est ça ? Je préfère l'ignorer complètement et continue à l'attention de Théo.

"Non mais de toute façon, je ne t'ai rien promis hein, on a juste bu un verre ensemble, c'est tout ! Tu sais ce que c'est, en soirée... On papillonne, on parle à plein de monde, tout ça... Regarde, t'as vu, t'y gagnes au change, tu as rencontré Afya !"

Je me tourne vers la brune avec un large sourire (très fake) - oui, désolée meuf, j'te jette un peu dans la fosse aux lions, on va dire qu'on est quitte pour le service rendu plus tôt avec ce fameux liner hein...

"D'ailleurs, on va vous laisser hein, vu qu'on a fini notre clope... Profitez bien de la soirée !"

Et je tire Mario par le bras pour le forcer à me suivre à l'intérieur. En vrai, j'ai juste envie de me casser et rentrer là - mais je n'ai pas envie de passer la nuit seule, et malheureusement je n'ai pas encore assez bu pour pouvoir pleinement apprécier la compagnie du beau brun. Si seulement il avait fermé sa gueule, ça aurait pu passer vu qu'il est mignon, mais là il m'a saoulée donc... Ben j'ai besoin de me saouler encore plus pour oublier ce petit accroc.

"T'es gentil mais la prochaine fois, évite de parler à ma place s'te plaît... Et j'vais prendre un rhum double, merci."

Ouais, allez, paye-moi à boire plutôt.

L’ivoirienne pose ses yeux clairs sur Pandora, c’est un coup bas. Elle soupire. Elle ne se sent plus redevable pour le trait d’eyeliner. Les calculs se font dans l’esprit de Téo. Rapidement. Pandora ou Afya ? A-t-il vraiment gagné au change ? L’homme décorporise l’une et l’autre rapidement. Entendez par là qu’il regarde leur corps à la manière dont il les dévisagerait, à ceci près qu’un corps n’est pas un visage et que la sensation qui en ressort est encore plus désagréable. La blonde bat en retraite de la plus honteuse des  façons, laissant le devoir à Afya de faire l’éducation du feu.

« Alors nous voilà tous les deux ma belle. »

Le surnom glisse l’ivoirienne plus surement qu’une insulte. Elle n’est pas sa belle, et son comportement l’exaspère. Elle fait cependant le choix de ne pas s’énerver, elle sourit dans la nuit, et ses dents blanches se détachent de la pénombre.

« Il ne se passera rien entre nous, jamais, dans aucun des futurs imaginables. »

Comme le dirait un chanteur que j’affectionne : simple.

« Tu n’es pas intéressé par moi, ni par Pandora, t’essayes juste de te prouver quelque-chose. »

Il ponctuerait ça d’un : basique.

« Tu peux continuer, mais tu seras perçu comme très lourd par tout le monde. Ou je peux répondre à ta question. C’est toi qui vois. »

Elle voit les yeux s’écarquiller. Il ne répond pas, c’est presque étrange, de loin leurs regards entremêlés pourraient sembler amoureux. Pourtant la tension est palpable à qui prendrait la peine de se rapprocher.

« Tu ferais mieux de tenter ta chance. »

Elle n’ajoute pas un mot, il n’est pas de bon ton à Terrae de dire à quelqu’un qu’on le connait mieux qu’il ne se connait ou que son futur est limpide. Elle retourne danser, se faisant bousculer par deux personnes alcoolisées qui s’excusent en parlant du nez. Elle soupire. Elle se sent épuisée, et pourtant elle regarde rapidement l’avenir qu’elle voulait changer… Découvrant qu’il n’existe plus, elle se demande si elle doit rentrer, mais Téo est encore dehors et elle n’a pas envie d’une longue conversation. Elle regarde Pandora s’accoudée au bar, elle n’est pas une option, alors elle se lance sur la piste de danse. Les basses l’entrainant comme des battements de cœur.

De retour à l'intérieur, Mario me paye un verre à nouveau - puis deux, puis trois. Il faut croire que notre petite interruption à l'extérieur ne l'a pas refroidi plus que ça ; au contraire, il a l'air encore plus déterminé à me ramener chez lui à la fin de la soirée, en fait. Et je commence à avoir suffisamment d'alcool dans le sang pour oublier sa petite scène de mâle dominant tout à l'heure, et trouver cette idée alléchante - un grand brun musclé aux yeux noisettes et à la peau délicieusement dorée, ce serait quand même dommage de ne pas en profiter, non ? Il vient d'ailleurs se coller contre mon dos et enroule un bras autour de ma taille en me murmurant à l'oreille ;

"On rentre ?"
"Mmh ? Pas tout de suite, j'ai envie de danser d'abord... Viens, montre-moi comment tu bouges !"

S'il est frustré de mon refus, il n'en laisse rien paraître et m'entraîne sur la piste de danse. Enfin, il n'y a pas vraiment de piste, juste un endroit au milieu du bar où les tables ont été poussées hors du passage pour laisser de la place aux danseurs. Mario reste collé dans mon dos et commence à onduler doucement du bassin contre moi - ok, il a l'air de savoir ce qu'il fait, mais en même temps je n'en attendais pas moins d'un italien chaud-bouillant ! On danse pendant un moment, en se touchant sans doute un peu trop, jusqu'au moment où il me fait tourner sur moi-même et que je bouscule quelqu'un.

"Oups, pardon ! ... Encore toi ? Décidément... Je t'ai pas fait mal, ça va ?"

J'ai beau être saoule là, je suis quand même surprise de voir Afya danser au milieu de la piste - seule, en plus.

"Ahah, t'as réussi à semer l'autre looser ?"

J'hésiterais presque à m'excuser de l'avoir abandonnée avec lui, même si je n'avais aucun doute qu'elle arriverait à s'en débarrasser. Je ne la connais quasiment pas, mais elle est carrément bizarre comme fille, et elle a un don pour mettre les gens mal à l'aise. C'est un atout non négligeable pour faire fuir les relous, ça c'est clair !