## Lun 1 Mai 2023 - 14:33 | ||
Minoru Saikawa Messages : 163 Date d'inscription : 13/06/2022 Age : 18 | Suite de ce RP (Potentiel TW sur les violences psychologiques, si vraiment vous aimez pas ça, même si j'ai essayé d'être synthétique et que normalement ça finit bien) Il avait voulu courir, il avait marché. Il avait voulu fuir loin d’ici, il était resté là, à peine un étage plus bas, trop épuisé pour quitter la cour de l’institut où il s’était échoué. Il avait voulu se relever, aller s’excuser, chercher son sac, ou même rentrer chez lui, il s’était recroquevillé un peu plus, mains toujours plaquées sur son visage défiguré. Il avait voulu planter ses ongles dans ses joues, pour essayer d’arrêter la vague qui les déformait, ou au moins de concentrer la douleur autre part. Il les avaient couverts du sang que ses narines gonflées commençaient à gerber. Il avait voulu être silencieux, disparaître dans un coin de la cour et ne plus jamais être vu. Il gémissait de toutes les douleurs qui l’agressaient, pleurait à être incapable de se contenir, reniflait à s’en faire mal encore plus et pantelait à s’en étrangler. Il avait voulu réfléchir, comprendre, se remettre en question et se sortir de là. Il commençait des questions sans être capables de les formuler, leur répondait par un oui et par un non, se faisait consoler et poignarder par une foule d’émotions anonymes qui ressassaient le passé et l’avenir. Au fond du Vide, il n’avait ni jambe, ni visage, ni mot, ni pensée, ni nom. Alors même si c’était une tumeur qu’il fallait crever, ça faisait mal. |
## Lun 1 Mai 2023 - 15:16 | ||
Ipiu Raspberry Messages : 3723 Date d'inscription : 11/07/2013 Age : 29 Emploi/loisirs : Euh... Ecrire ? Humeur : Vous connaissez le syndrome de la cocotte minute ? Bah voilà. sous pression et prête à exploser ! | Normalement à cette heure-là je travaille à la bibliothèque. Ce d’autant plus que c’est les examens et qu’il y a pas mal de monde qui vient s’y enfermer en ce moment. Alors on essaie d’être en nombre pour pouvoir ramener le calme quand certains montent le volume. Sauf que hier Afya est venue me trouver dans mon bureau. C’est plutôt rare qu’elle fasse ça, on va même dire que c’était une première. On se croise souvent vu qu’elle passe une grande partie de ses après-midis à bouquiner (et qu’elle ne lit que des trucs bien chiants genre du Proust ou du Zola… QUI FAIT CA ?) Bref, je me suis demandée pourquoi elle venait, je pensais qu’elle voulait qu’on commande un livre nul de naturaliste qu’on n’avait pas encore… Sauf que non. Elle m’a demandé de la rejoindre dans la cours du lycée en début de matinée. Elle voulait absolument me montrer quelque-chose, et elle n’en a pas démordu. Comme j’ai senti que c’était hyper important pour elle, me voilà. Sauf qu’elle est pas là. Elle se fout de moi ? Outch. Ça pète dans les étages. Genre violent, il y en a un heureusement qu’il a un bon seau, parce que vu la tempête de ses sentiments, ça aurait pu finir en étoilisation en deux-deux. Ah. L’orage se rapproche à toute vitesse. Désolée Afya, mais t’avais qu’à être à l’heure. J’le vois débarquer et s’effondrer dans un coin de la cours. Je commence mon travail avant même d’arriver auprès de lui. La douleur est beaucoup trop puissante, la colère, la peur, la détresse. C’est une vraie tornade de sensation, et chacune le pique à tour de rôle. Alors par-dessus tout cela j’essaie d’instiller un sentiment de calme. Pour qu’il se retrouve au travers de la tourmente. J’me retrouve devant lui, j’ai pas grand-chose à dire. J’le connais pas. Je sors un mouchoir de mon sac et j’lui tends. « Tu saignes du nez. » Respires gamin. “- A qui la nuit fait-elle peur ? - A ceux qui attendent le jour pour voir.” ― Pierre Bottero, Ellana |
## Lun 1 Mai 2023 - 16:15 | ||
Minoru Saikawa Messages : 163 Date d'inscription : 13/06/2022 Age : 18 | Il était encore au fond de son vide. Encore noyé par ses propres émotions et angoisses. Encore à deux doigts de se fracasser le crâne contre un mur pour essayer de s’assommer et son pouvoir avec. Mais d’un coup, la tempête s’était calmée. Les vagues qui déformaient son visage et l’asphyxie avec. La douleur qui paraissait être prête à le broyer stagnait, pour rendre plus évidente celles des dommages qu’elle avait causé. Ce n’était pas lui qui avait trouvé quelque part la clef à ses mystères. Ça, on lui avait redonné juste assez de lucidité pour le savoir. Et l’entendre. Il redressa légèrement la tête. Pas assez pour pleinement dévoiler le champ de bataille en trêve qu’était son visage, entre les tranchées sous ses yeux et ses collines boursoufflées. Elle ne l’aurait peut-être pas reconnue, mais lui la voyait juste assez pour se rappeler : c’était la bibliothécaire. Enfin, l’une d’elles. Comme Afya, une tâche de fond dans le tunnel dont il n’avait fixé que la sortie, qui revenait pour le voir misérable, maintenant qu’il avait manqué la sortie. Et comme face à Afya, il se sentait aussi terrifié qu’en colère, d’être vu ainsi, d’être rassuré, par une énergie qui n’était même pas naturelle. Tout en lui voulait la rejeter, la faire partir loin de l’intimité qu’elle piétinait, mais la voix de la Master lui imposait une envie irrépressible de s’accrocher à elle. Il lui aurait confié sa vie sur une parole, et il la haïssait pour ça. C’était le même sortilège qui l’avait fait venir ici. Le même qui lui avait fait miroiter des espoirs, les détruisait et maintenant l’empêchait de les pleurer autant qu’il aurait dû. Alors il l’attrapa, son mouchoir. Parce qu’il n’avait pas le choix. Il essuya son visage avec, tant qu’il était calme. Et le garda, sans rien dire, plaqué sur son visage. Il était à sa merci, mais ne voulait pas la voir, ni la laisser le voir. Autant qu’il voulait se jeter dans ses bras et pleurer, comme il était certain que ce n’était pas naturel de le désirer.
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## Lun 1 Mai 2023 - 16:58 | ||
Ipiu Raspberry Messages : 3723 Date d'inscription : 11/07/2013 Age : 29 Emploi/loisirs : Euh... Ecrire ? Humeur : Vous connaissez le syndrome de la cocotte minute ? Bah voilà. sous pression et prête à exploser ! | Il va pas ouf le gamin, sons visage est labouré par des griffures que ses larmes viennent irriter. C’est pas ouf, j’l’ai pas reconnu. C’est un des habitués de la bibliothèque, pas un de ceux qu’il faut recadrer, mais plus un de ceux qu’on doit pousser dehors une fois la nuit venue. Un acharné, j’imagine qu’il s’est trop mis la pression ou un truc du genre. Ça arrive de temps en temps, à la bibliothèque j’essaie de calmer les anxiétés pour qu’ils puissent se reconcentrer… Il se planque derrière son mouchoir. Non je le récupèrerais pas on dit prêter un mouchoir, mais en vrai on sait qu’on ne le récupèrera jamais. C’est un peu comme les clopes. Est-ce que fumer une clope le calmerait ? Nan, je suis pas certaine de moi car les derniers mois sont un peu brumeux… Mais j’ai l’impression de jamais l’avoir vu cloper devant la bibliothèque. « Si tu veux me crier dessus pas de soucis, mais on va faire ça ailleurs qu’en plein milieu de la cours, un chocolat chaud ça te dit ? » Faudra un passage à l’infirmerie, et qu’il voit les psychologues, parce que le calme que je lui impose c’est juste une rustine sur sa coque. Il est en train de prendre l’eau ce gamin, et j’suis assez expérimentée dans l’truc pour savoir que le laisser écoper seul, c’est le laisser se noyer. Juste là, j’ai pas envie qu’il s’expose au monde. Genre, c’est craignos à son âge de faire ce genre de scènes. Et si les regards noirs que j’lance aux curieux en découragent certains de regarder la détresse sur son visage... Ils ne le protègent guère plus que cela. “- A qui la nuit fait-elle peur ? - A ceux qui attendent le jour pour voir.” ― Pierre Bottero, Ellana |
## Lun 1 Mai 2023 - 17:57 | ||
Minoru Saikawa Messages : 163 Date d'inscription : 13/06/2022 Age : 18 | Ses mots faisaient mal. « Je voulais pas… » Si, il voulait le crier dessus. Il ne savait pas comment elle l’avait deviné, mais il se sentait atrocement misérable d’avoir laissé échappé ce qu’il ne s’avouait même pas à lui-même. Elle était bien venue l’enfoncer un peu plus, malgré le calme qu’elle avait artificiellement instauré. La panique qu’elle lui avait enlevé, il voulait la lui reprendre, pour se l’infliger à lui-même. Pour ne pas être conscient d’à quel point il était horrible. Pour ne pas se dire qu’il ne méritait aucune compassion. « Oui.. » Mais il y avait cette foutue aura. Et peut-être, une légère conscience que si on ne le tirait pas de là, il y resterait, et qu’il serait enseveli sous la foule une fois les examens finis. Il avait besoin d’une béquille pour aller là où il pourrait vraiment être seul, et il n’y avait qu’un Master, fut-il en fauteuil roulant, pour lui imposer le courage de l’accepter. Sans rien lui dire de plus ni la regarder, il tenta, très lentement, de se redresser. Son corps était comme une vieille machine : lourd de fatigue, huileux de sueur et sur le point de se disloquer. Ses mains, avec le mouchoir, glissèrent lentement pour quitter son visage, encore protégé par un filet de cheveux qui le recouvrait jusqu’aux cernes, puis se posèrent contre le sol froid. Ses genoux s’écartèrent, tombèrent, puis s’ouvrirent petit à petit, quand il prit appui sur le mur pour avoir au moins l’air debout. La sensation était si désagréable qu’elle lui en donnait envie de vomir. Ou de hurler pour de bon. Alors il remit le mouchoir sur le visage : il n'y avait plus rien à y sécher, mais encore tout à cacher. Et comme ça, la suivit aveuglément. Où qu'ils aillent, la misère n'était pas moins pénible au soleil. |
## Lun 1 Mai 2023 - 18:41 | ||
Ipiu Raspberry Messages : 3723 Date d'inscription : 11/07/2013 Age : 29 Emploi/loisirs : Euh... Ecrire ? Humeur : Vous connaissez le syndrome de la cocotte minute ? Bah voilà. sous pression et prête à exploser ! | Il ne finit pas sa phrase, il sait qu’elle est fausse autant que moi. Très sincèrement, il peut me crier dessus, je ne me sentirais pas visée pour autant. Il ne me connait pas assez pour savoir où viser juste d’une part… Et il ne me connait pas assez pour que je sois autre-chose qu’un paratonnerre dans sa tempête. Capable de le décharger de sa colère, de la conduire ailleurs sans s’en trouver blesser. Il est pas en grande forme le coco. Il a rien graillé depuis quand ? Si j’avais su, j’aurais pris un cristal téléporteur, mais je n’ai qu’un cristal titan que m’a donné Nathanaël pour les urgences. Genre, ouvrir un pot de cornichons. Ou tout autre travail de force que mes muscles atrophiés ne sauraient plus faire. Si retourner à l’intérieur de l’institut serait le plus compatible avec son état de fatigue, je ne suis pas certaine que ce soit la meilleure des idées de l’exposer à ce qu’il fuit, là de suite. Aller dans Tokyo me semble pas une bonne idée pour autant… et pour aller chez moi il faudrait retraverser l’institut. Non. On va faire autrement. « Si tu te sens pas de marcher, tu peux t’appuyer sur les manches de mon fauteuil. » Même si je déteste ça, il peut s'en servir comme d'un déambulateur. Je l’entraine dans les cuisines, derrière la cafétéria. Leur porte est ouverte, pourtant il ne doit plus y avoir les cuistos… L’heure du déjeuner est passée et celle du repas de midi n’arrivera pas avant un moment. Personne ne dira rien j’en suis certaine. Arrivés dans la cuisine je lui montre une chaise qui n’a rien à foutre là. « Tiens, attends que je trouve de quoi préparer le chocolat. Tu peux crier maintenant s’tuv. » Sur un coin de paillasse, juste là où mon regard se pose se trouve une casserole, deux tasses, une brique de lait et une tablette de chocolat. Va falloir que j’parle à Afya. Les coïncidences ça va un moment. “- A qui la nuit fait-elle peur ? - A ceux qui attendent le jour pour voir.” ― Pierre Bottero, Ellana |
## Lun 1 Mai 2023 - 19:25 | ||
Minoru Saikawa Messages : 163 Date d'inscription : 13/06/2022 Age : 18 | Il ne l’avait pas fait. Il avait avancé lentement, marqué une pause en s’appuyant contre un mur, même trébuché un moment, mais il avait refusé de prendre appui sur ses manches. Pas tant par un respect dont il ignorait en réalité la nature que par fierté mal placée, pour garder une distance dont il avait trop besoin. Il serait faible mais ne s’abandonnerait pas à la faiblesse - au moins le temps du trajet. Sa résistance persista jusqu’à la chaise vacante. La douleur qu’il avait comprimé se rappela à lui. Les sanglots aussi. Il cacha ce qu’il put, masqua à nouveau son visage et retint le bruit. Puis se résolut à lui répondre. Ce serait dur à articuler. « Je… peux pas… » Il voulait. Plus qu’il n’avait jamais voulu. Mais ça restait coincé. Bloqué par une terreur, la dernière qui arrivait encore à l’inhiber, qui l’obligeait à hurler dans sa tête, à s’en vriller les oreilles et la conscience, sans jamais s’apaiser. Une partie de lui voulait tout faire sauter, quitte à totalement oublier qui il était et tout ce qu’il avait appris, quitte à renaître seulement après avoir tout explosé. Une autre voulait s’y accrocher comme à sa dernière part de fierté, et se convainquait que s’il faisait ça, il n’arriverait peut-être pas à se le pardonner, ni à regarder qui que ce soit en face. « Qu’est-ce… que je devrais… faire… » Il ne savait pas comment elle avait pu lire en lui une fois. Mais si elle arrivait à le faire une seconde fois… Même si c’était pour les mauvaises raisons et pour de faux espoirs, il ne pouvait totalement retenir cette main qui se tendait vers elle. |
## Lun 1 Mai 2023 - 19:51 | ||
Ipiu Raspberry Messages : 3723 Date d'inscription : 11/07/2013 Age : 29 Emploi/loisirs : Euh... Ecrire ? Humeur : Vous connaissez le syndrome de la cocotte minute ? Bah voilà. sous pression et prête à exploser ! | « D’accord. » Il ne peut pas crier ok. Il est clairement envahi par pleins de choses, c’est le dawa dans sa tête. Enfin, dans ses sentiments, la fierté se mêle aux larmes. Il a mal, il n’est pas à la hauteur de ses exigences. Les siennes ? J’en sais rien, il y a clairement une contradiction en lui. Tout s’entrechoque, c’est envahissant. J’infuse du calme en lui pour qu’il ne s’y perde pas, mais je me demande si je ne devrais pas simplement augmenter sa colère pour l’aider à exploser… J’le connais pas assez pour prendre cette décision. J’allume le feu de la gazinière en créant une étincelle électrique, vide le lait et casse la tablette de chocolat en morceaux avant de la faire tomber dans la casserole où il commence à chauffer. Comment je remue ? « Déjà tu respires, ensuite je te connais pas, je suis pas ta mère, donc j’ai aucune idée de ce que tu dois faires…» C’est trop haut pour moi… Il n’y a pas de fouet à disposition, par contre sur l’angle où se trouvait la casserole se trouve encore une espèce de gélule en plastique blanc, en plastique ? Non. Il s’agit d’un aimant. SAMER. C’est ce qu’on utilise pour faire des expériences en chimie. Ok. Je déteste être manipulée. Je vais la démolir. Je plonge l’aimant dans la casserole frémissante et commence à le faire tourner avec mon pouvoir. « Mais tu vas commencer par boire ce chocolat chaud, puis tu vas m’raconter ce qui t’arrive, je te donnerais des conseils de merde et tu feras tout le contraire si tu veux t'en sortir. » “- A qui la nuit fait-elle peur ? - A ceux qui attendent le jour pour voir.” ― Pierre Bottero, Ellana |
## Lun 1 Mai 2023 - 20:51 | ||
Minoru Saikawa Messages : 163 Date d'inscription : 13/06/2022 Age : 18 | Elle ne pouvait pas prendre la décision à sa place. Alors à quoi servait-elle ? Comme sa psychologue, elle allait l’écouter en hochant la tête, lui dire qu’il n’avait pas à angoisser autant pour de telles choses parce qu’il allait y arriver, et lui dire qu’il y allait probablement y avoir un rattrapage ? Puis elle le renverrait chez lui avec pansement sur le nez et la fausse impression qu’il irait mieux, alors que rien du tout n’allait ? Il était contraint d’être calme. Mais s’il avait seulement eu la possibilité de ne pas l’être, il n’aurait peut-être suffi que de ça, pour qu’une impulsion lui montre qu’il pouvait crier. Cette colère étant étouffée, il regarda silencieusement la blonde, ou plutôt regarda ce qu’elle faisait sans croiser directement son regard. « Je dois vraiment… le raconter ? » Il avait essayé. Les fois où on lui avait forcé la main. On lui avait fait parler de sa famille, de ses amis, de ses loisirs. On lui avait fait écrire ses joies et ses peurs. C’était douloureux, éprouvant, et souvent, ça n’éraflait que la surface, car c’était la seule qu’il pouvait formuler, sans perdre ses mots ou les retenir. Mais plus que ça, il était étonné de la demande de son interlocutrice. Autant qu'il lui en voulait d’avoir demandé. « Vous ne pouvez pas le lire vous-même ? » Elle était apparue Master, s’était révélée Tonnerre à l’instant et, puisqu’il ne les avait pas téléportés, il voulait en déduire qu’elle avait le même pouvoir que Karen. Et qu’elle l’avait utilisé au moins une fois. Quitte à être entrée de force dans son intimité, elle pouvait lui épargner une confession qu’il risquait d’avorter. Et surtout… « Et me dire ce qui m’arrive… car je ne sais rien. » Ça semblait banal à dire. Facile, aussi. Pourtant, il se doutait qu’il lui avait bien fallu un état de fatigue extrême, le calme apposé sur ses blessures, la confiance qu’il accordait malgré lui et la quasi-certitude qu’il était déjà percé à jour, pour oser dire lâcher qu’il était totalement perdu. Et même, pour poursuivre la discussion alors qu’il avait autant envie de l’envoyer paître que de lui sourire et de lui dire que tout allait bien. |
## Lun 1 Mai 2023 - 21:44 | ||
Ipiu Raspberry Messages : 3723 Date d'inscription : 11/07/2013 Age : 29 Emploi/loisirs : Euh... Ecrire ? Humeur : Vous connaissez le syndrome de la cocotte minute ? Bah voilà. sous pression et prête à exploser ! | « Non, t’es pas obligé de parler. J’suis une inconnue dont tu peux te carrer de l’avis et des conseils. » Juste j’pourrais pas te donner de conseils nuls si tu m’expliques pas la situation. Et mon avis pour l’instant il est pas terrible. T’as éclaté sous la pression des examens, j’vais pas dire qu’on a jamais vu ça… Mais franchement, on s’en balance des résultats à trois examens minables. Il définiront jamais ce dont tu es capable ou pas. Ils allègeront juste le poids des portes que tu auras à passer, mais ils les feront pas disparaitre. Enfin. Après j’imagine qu’au vu du bordel dans ses sentiments, s’il arrive à s’exprimer rien que là ça l’aidera à tout remettre à sa place là où il faut, comme il faut. Genre, moi j’ai pas les compétences de l’aider du tout, j’peux juste l’aider à percer l’abcès. Le lait se teinte de chocolat, alors je retire la casserole du feu avec des gestes précautionneux et en activant le cristal titan de Nath… C’est lourd cette merde. Je fais couleur le liquide dans les deux tasses. J’en prends une fais faire un demi tour à mon fauteuil et la tend au gamin. « Désolée, j’suis pas télépathe. » je soupire, tout l’monde nous confond toujours. Genre, non. En fait j’veux même pas imaginer la merde que ce serait d’être télépathe. Enfin, j’l’ai été brièvement et c’est juste HORRIBLE. Les gens ont des pensées CHELOUES. « Par contre, j’suis sensitive et tu fais une crise d’angoisse, donc j’essaie de limiter la casse pour que tu puisses faire le tri par toi-même. » “- A qui la nuit fait-elle peur ? - A ceux qui attendent le jour pour voir.” ― Pierre Bottero, Ellana |
## Lun 1 Mai 2023 - 22:17 | ||
Minoru Saikawa Messages : 163 Date d'inscription : 13/06/2022 Age : 18 | Il attrapa doucement sa tasse à une main — pour en laisser une le protéger — et la posa à côté de lui, sans vraiment y toucher. Il n’avait pas eu la force de la décliner, mais l’idée même d’avaler quelque chose lui retournait l’estomac. Elle ne pouvait rien faire pour lui. Seulement le maintenir dans cet état bizarre, où il pouvait vaguement parler et se sentir en sécurité, et où il était pourtant tellement dans le flou qu’il se sentait complètement déconnecté de lui-même. Un état de reconnaissance et d’agressivité avec lequel il n’arrivait ni à se blesser ni à évoluer. « Et si… » Et si, même si on limite la casse, même si je ne crie pas… « Je… n’arrive pas à faire le tri ? » Ou si, même si on arrive à savoir de quoi on souffre, et même qu’on arrive à dire qu’on ne devrait pas avoir mal… « Et si même en y arrivant, ça ne sert à rien ? » Même s’il n’avait aucune idée de ce qui lui arrivait présentement et qu’il ne savait pas poser les mots dessus, il savait quel était le problème, au fond. Il savait qu’il avait peur de l’échec à s’en rendre malade, et même que c’était cette peur qui pouvait le saboter. Mais savoir tout ça n’avait rien arrangé à sa situation. Les attentes des autres restaient les mêmes, l’angoisse aussi. Il en était peut-être même venu à avoir peur d’avoir peur, et à se sentir aussi misérable qu’impuissant quand elle se manifestait. De tout ce qu'elle lui avait promis, cette lucidité naissante ne lui avait rien donné. « Vous ne pourriez pas tout supprimer ? » S’il ne ressentait plus rien, de la peur de l’échec à l’incertitude, il pourrait retourner faire ses examens et les réussir, si — comme tout le monde semblait le dire — ce n’était qu’une question de crainte. Au mieux, il réussirait enfin scolairement. Au pire, il leur prouverait qu’ils avaient tort et qu’il avait raison de craindre l’échec. Elle pouvait au moins faire ça, non ? |
## Mar 2 Mai 2023 - 9:19 | ||
Ipiu Raspberry Messages : 3723 Date d'inscription : 11/07/2013 Age : 29 Emploi/loisirs : Euh... Ecrire ? Humeur : Vous connaissez le syndrome de la cocotte minute ? Bah voilà. sous pression et prête à exploser ! | Bah t’iras voir un psy tu te feras aider, comme tout l’monde. Ok, non c’est un peu brut de décoffrage, et même moi je sais qu’on dit pas ça. Seulement, t’sais quoi, j’sais pas c’qui se passe quand on réussit pas à avancer par soi-même. Ah si. J’ai une petite idée. Tu te mettras à picoler, et à baiser à droite à gauche pour oublier. Si l’occasion se présente, rappelles-toi qu’il y a des préservatifs à l’infirmerie. Non ça non plus ça ne se dit pas. « Tu deviendras un adulte rasoir quand même, t’inquiètes pas, le temps ça enlève du suspens à ta vie, tu découvres toujours si tu as fait le bon au l’mauvais choix à postériori. » Ok, c’était peut-être pas le truc le plus fair, mais à côté de tout le reste franchement. Ça va. J’ai limité la casse. Par contre lui, la casse elle est profonde. On en a tous rêvé d’effacer nos sentiments, mais malheureusement on peut pas tous être sensitifs. Ou heureusement, j’en sais rien. Allez demander à un voyant. « On rediscutera d’effacer tes sentiments quand tu les comprendras. » Parce qu’en théorie je peux, mais je ne citerais pas toutes les œuvres science-fiction qui nous apprennent qu’effacer les sentiments c’est pas une bonne idée sur du long terme. Genre, tout l’monde devient un robot et veut détruire l’humanité si sentimentale et illogique… J’pourrais tellement jouer un méchant Marvel si j’voulais. « Par contre commences par boire un peu de chocolat, j’insiste. » Même si t’as la gorge nouée et qu’rien n’passe depuis des semaines. Allez gamin, ne me force pas à te donner la béqué. “- A qui la nuit fait-elle peur ? - A ceux qui attendent le jour pour voir.” ― Pierre Bottero, Ellana |
## Mar 2 Mai 2023 - 20:17 | ||
Minoru Saikawa Messages : 163 Date d'inscription : 13/06/2022 Age : 18 | — D’accord. Il n’avait plus envie de parler. Ou pas dans les prochaines minutes. Alors autant faire ce quelle disait. Et puis, sa colère commençait à s’épuiser, à mesure qu’il reprenait assez consistance pour se dire qu’elle était mal placée. Il attrapa doucement, cette fois avec ses deux mains, la tasse encore chaude. Il n’aurait jamais pensé boire du lait un jour d’examen, au risque de mal le digérer dans un moment critique, mais il n’y avait ni examen ni, plus curieusement, de risque d’indigestion : où que la Master ait trouvé sa casserole de lait, la brique semblait en effet indiquer une faible teneur en lactose. Il en avala donc une gorgée. Après ça et quelques silences, il essaya à nouveau d’éviter le sujet, de chercher des solutions qui ne résoudraient rien. Plusieurs minutes à tourner en rond autour d’un paratonnerre qui ne pouvait que lui rappeler ce qu’il savait déjà et absorber une agressivité qui menaçait d’exploser sans jamais le faire. Une fois qu’il se fut épuisé lui-même, et ait sans trop en avoir conscience repris des forces, les choses commencèrent à avancer. Un tout petit peu. Au détour d’une phrase, il avait commencé à la regarder dans les yeux, puis le moment d’après, il le faisait presque naturellement. Naturelle, la situation n’aurait pourtant pas pu moins l’être. — Je dois travailler pour réussir, alors je travaille… Mais les résultats ne sont pas assez bien, alors j’essaie de faire encore mieux… Et… Dans cette confession qu’il n’aurait même pas envisagé de faire à Karen, il y avait sûrement une part qui restait artificielle. Imposée par le calme, la panique, la confiance et cette entrevue forcée. — Même si les résultats sont bien, ils ne le seront pas assez… Enfin.. Avant… j’avais des cours du soir et des professeurs particuliers…. je travaillais bien plus qu'ici et bien mieux... et ce n’était pas assez pour avoir le lycée que je voulais… Il n’était pas encore tout à fait d’accord avec, mais à lutter contre si longtemps, il n’avait rien trouvé d’autre que plus de frustration et de vide. Alors il avait commencé à parler un petit peu, et même à laisser sur le côté — sans totalement la défaire — la crainte que le soulagement qu’il ressentirait serait plus douloureux que le silence. — Alors maintenant c’est sûr, je n’aurai pas une bonne université… Et je vais rater ma vie. Parce que moi je n'ai que ça. — Quand on me dit que je dois y penser moins… ou ne pas avoir peur parce que c’est sûr que je réussirai… Un peu d’eau tomba dans sa tasse. — Ça m’énerve… ça ne règle rien… Et je ne peux le dire à personne, parce que personne ne comprend ici. — Mais… Pardon… Il ne comprenait toujours pas pourquoi Afya lui avait dit tout ça, et pensait encore égoïstement qu’elle avait été déplacée et intrusive. Et pourtant, plus la colère redescendait, plus il se haïssait de lui avoir dit. Il était bien loin d’être aussi adulte qu’elle, que la Master et tous ceux qui ne la comprenaient pas. Pire, tous ses pas qui semblaient l’y mener paraissaient se retourner contre lui. Les mauvais choix, il n’avait fait que ça, et venir à Terrae en était peut-être un. |
## Mar 2 Mai 2023 - 23:10 | ||
Ipiu Raspberry Messages : 3723 Date d'inscription : 11/07/2013 Age : 29 Emploi/loisirs : Euh... Ecrire ? Humeur : Vous connaissez le syndrome de la cocotte minute ? Bah voilà. sous pression et prête à exploser ! | Il gamberge dans sa tête, fait plusieurs fois le tour de son monde. Sa colère se tarit, laissant la terre aride du Vide. C’est fou, on est tous comme ça en arrivant, mais comme on fonctionne pas tous pareil. Chez certains ça se voit moins. Il court dans son bocal et épuise peu à peu ses velléités. Son regard se pose finalement sur moi alors que je me concentre pour boire ma propre tasse de chocolat chaud sans finir avec une moustache disgracieuse. Il bosse. Il s’épuise. Il bosse mais il prend aucun plaisir à ce qu’il fait. Il court à nouveau, revit le marathon des cours particuliers prolongeant les journées scolaires déjà surchargées, les nuits s’écourtant pour une énième révision. La fatigue s’accumulant, les montagnes de connaissances devenaient infranchissables. Alors, au détour d’un examen il chutait. Se relevait sans cesse et visait un sommet encore plus éloigné. Ça doit être épuisant, de s’encorder jour après jours sous les hourras des spectateurs, se tuant pour leur plaisir. Pour rentrer dans le moule que les autres ont défini comme étant le notre. Est-ce qu’il a la moindre idée de qui il est ? « On s’en bat les steaks de la fac. C’est pas en allant dans une bonne université que l’on devient une bonne personne tu sais ? » Le seul intérêt de la fac c’est les soirées étudiantes où l’alcool est à un tarif imbattable. Si tu y vas pour être malheureux, franchement autant ne pas y aller. “- A qui la nuit fait-elle peur ? - A ceux qui attendent le jour pour voir.” ― Pierre Bottero, Ellana |
## Mer 3 Mai 2023 - 19:37 | ||
Minoru Saikawa Messages : 163 Date d'inscription : 13/06/2022 Age : 18 | Il s’en était douté. Elle ne comprend pas non plus. « Mais ça ne fait pas devenir une mauvaise personne non plus… » Il aurait pu argumenter plus longuement. Dire que ce qu’était une bonne ou une mauvaise personne était sûrement différent dans sa culture ou dans sa vision des choses, mais que pour lui, c’était avant tout être intégré à la société, avoir un bon travail et pouvoir supporter sa famille lorsque le jour viendrait. C’était aussi répondre au temps, aux efforts et aux espoirs qui avaient été investis sur lui, faire du mieux qu’il pouvait, voire au-delà de ce qu’il pouvait. C’était ça, être bon, être fier, et même être heureux. Bien sûr, il admettait qu’il était toujours possible de se hisser aux meilleures places et de répondre à toutes les attentes après un cursus de seconde zone, mais c’était statistiquement plus rare, et dire qu’il suffisait d’un peu de motivation pour entrer dans les cas limites faisait nier toute la motivation qu’avaient tous les autres, alors qu’il leur en fallait au moins autant, pour travailler comme ils le faisaient. Lui-même n’avait pas eu moins envie d’entrer dans ce lycée que celui qui avait pris sa place. Tout ça, il le savait, il l’avait appris et en avait fait une part de lui-même. Il aurait pu lui dire, ou au moins essayer de lui dire, avec les mots maladroits du moment. Mais il ne savait pas débattre, ou plutôt avait appris à ne pas le faire. À hocher la tête et à laisser parler. Surtout quand il avait déjà été si insolent. Alors il avala une gorgée de plus. L’une des dernières si il ne se resservait pas. La frustration lui avait redonné quelques forces qu’il épuiserait au prochain débordement et une fausse lucidité qui s’obscurcirait avec son champ de vision. Débattre, c’était encore trop, mais il voulait toujours parler. Peut-être. Même si c’était à quelqu’un qui ne comprenait rien et ne l’aidait pas. « Dites… E-Euh… » Petit couac : il ne savait pas vraiment quoi dire. Il s’était lancé comme ça dans une tirade, où il avait raconté toute sa vie et tous ses problèmes, et puisqu’elle n’avait eu que ça à y répondre, il ne savait pas quoi dire de plus. « Qu’est-ce que c’est, le Vide,… exactement ? » Alors il posa une question. Qui semblait mal informée sans doute, dont il n’attendait que des généralités qu’il avait déjà sûrement. Ces mots ne sortaient pas de nulle part : sa crainte de devoir quitter Terrae l’avait vite amené à se poser la question de pourquoi il y était en premier lieu, et son échec avait mécaniquement ramené le doute sous ses yeux. S’il n’était pas là pour se préparer aux meilleures universités de Tokyo, que faisait-il là qui le rendrait bon, fier et même heureux ? Qu’était ce Vide qui méritait visiblement qu’il s’y intéresse assez pour lui sacrifier ses années les plus importantes ? De tout ce qu’il avait lu et entendu, et de tous ceux à qui il avait parlé, seule peut-être la Master, qui était supposée avoir transcendé son Vide et atteint le stade final de ses pouvoirs en plus de représenter l’administration de Terrae, et qui en plus avait pu voir en lui tout ce qu’il aurait détesté montrer et dire, pourrait peut-être avoir une réponse plus convaincante que celles qu’il se figurait. Ironiquement, donc, et peu importe à quel point il essayait de ne rien en attendre, c’était plus fort que lui. Il était ridicule, faible et incapable d’avancer. Alors il voulait qu’on le guide. Et quand il voulait partir, c’était pour qu’on lui donne une raison de rester. |
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