Si elle pouvait me libérer de la douleur... j'ai un souffle bref, un rire. :

-Eh, ça va, je ne souffre pas tant que ça ! J'ai conn-...

Nope. Stop. Il faut pas que je finisse cette phrase, je sais comment ça va finir. "C'est pas parce que tu as connu pire que c'est la norme", je sais, il sait, on sait ! On n'a juste pas trouver de phrase pour expliquer que sa tolérance est loin, loiiiin au-dessus de cette "norme" et que, même si la plus infime forme de souffrance devrait être intolérable, ça ne le dérange pas. De là à dire qu'il est masochiste il n'y a qu'un pas... :

-Ne dis pas ça. concluais-je en évitant la "phrase maudite". Même si j'étais Sensitif là, je me laisserai sentir la douleur. C'est important, un bon indicateur qu'on guérit aussi.

Et je ris à nouveau quand elle dit qu'elle a le droit de s'inquiéter. C'est vrai, mais est-ce que ça en vaut la peine vu que je peux encore marcher, respirer ?... Par contre je refuse pas son invitation de me reposer un peu. Je suis plus rassuré ici que tout seul dans ma chambre, ça aide. :

-Qu'est-ce que je fais là ? Hm ? je demande sans attendre de réponse, frottant ma truffe contre le drap d'hôpital. Je me repose ! Je suis pas en train de faire un tennis !

Je l'observe pendant qu'elle respire calmement. Elle tousse un peu... Ma patte énorme vient se poser sur l'une de ses mains. Elle a l'air songeuse, je me demande à quoi elle pense. ...Et elle blague en demandant si elle allait gagner un prix à péter la machine. J'éclate de rire. :

-Pwahah ! Oui, un bon shot de tranquillisant à mon avis ! La dose de cheval. De quoi dormir comme une brique !

Je plisse des yeux subtilement. Ne termine pas ta phrase, ça me ferait de la peine. Même si tu ne peux plus le sentir de ma part, et je pense qu'il le sait que ce n'est pas une bonne idée. Un léger soupir m'échappe, je me doute bien qu'il a connu pire. Mais ce n'est pas une raison pour forcément se permettre de ressentir encore de la douleur. Enfin. Disons que ça nous rappelle qu'on est en vie, c'est très bien, mais on a nos limites et on devrait se permettre de se reposer en temps voulu quand c'est demandé par notre corps. Je n'ai pas besoin d'ouvrir la bouche pour que Nicolas le mentionne. Ça me fait sourire.

« T'es plus Sensitif mais t'as réussi à capter à quoi je pensais... T'es sûr que t'es pas un peu Télépathe? »

Un léger rire, doux, m'échappe. Allez, on le prend sans prise de tête, ce n'est clairement pas le moment hm? On est bien trop épuisés pour aller se crêper le chignon à se répéter sans cesse au final des phrases bateaux du ''toi'' ''non toi'' ''NON toi'', etc... Un nouveau rire s'échappe face à la petite blagounette de tennis. Évidement qu'on est pas en train de faire Rolland Garos hein.

Je me concentre sur ma respiration, sa patte m'apporte également un certain apaisement et donc, je me permets de blaguer à mon tour sur ce beep-beep qui me saoule. On peut pas me le débrancher s'il vous plait? J'en ai marre entre ça et la perfusion sérieux... Putain l'hôpital.

«  J'vais pas te mentir que j'ai déjà la dose de cheval là-dedans haha, dis-je en pointant du menton ma perf. »

Ouais bon j'en rigole mais en vrai, ça m'insupporte. Je sais que je n'ai pas tant le choix. Si j'avais le choix, je préférerais qu'on ne soit pas dans une chambre d'hôpital. Non. On serait mieux dans une clairière, à regarder le ciel et à attendre la magie de la guérison hein. Loin de toutes ces odeurs d'antiseptiques. Et de la bonne bouffe aussi. Il serait en loup, ouais, je pense que je me serais permise de profiter de la douceur de la fourrure en laissant ma tête contre son abdomen, et j'aurais dormi LONGTEMPS. Mais bon- Un ange passe.

«  Ça aurait été cool de pouvoir sortir... je veux pas rester ici Nico, dis-je en tournant ma main sous sa patte pour qu'elle soit dans ma paume. »

Seule. Non. Je me sens comme une enfant dont la mère a oublié sa gamine dans une soirée et qu'elle ne passe la récupérer que le lendemain, alors elle se réveille seule, dans cette grande maison remplie de gens qu'elle connaît pas, elle est perdue- bref. Puis finalement... un soupir extérieur de notre conversation.

«Prêt pour ta prise de sang Nicolas? »

Prise d'une petite panique, je m'adresse à l'infirmière.

«   Vous pouvez lui faire ici pendant qu'on discute s'il vous plaît? »

Comme beaucoup de mes amis, Nana n'apprécie pas vraiment que je prononce la phrase maudite. Ça se voit à son visage, au plissement léger de ses paupières, à la façon dont elle sourit quand je me rattrape de justesse. Elle me demande si je suis pas Télépathe et AHAH heureusement non, j'ose pas y penser. Elle rit, tout doucement, et je sais ce qu'elle ressent, fatiguée et décidée à ne pas en parler plus, comme elle veut pas parler de son étoilisation. Un peu comme moi en vrai, elle veut juste savoir que les autres vont bien, qu'on est vivant... et les conséquences de cette mission seront discutées plus tard. Je le sais, c'est tout.  :

-Pas besoin de pouvoirs. La plupart du temps je lis tes yeux.

Il y a une lassitude chez elle, quand elle mentionne sa perfusion. Je ne dis rien, je l'observe pendant un long moment de silence... Et au bout d'un moment, elle me confirme ce que j'arrive à lire. En tenant ma patte, elle souffle qu'elle ne veut pas être ici. C'est bien normal, y'a pas grand monde qui aime l'hôpital, moi compris. Être statique, enfermé, la douleur, le doute, l'attente... C'est un bon moyen de baigner dans ses pensées, les faire tourner en rond, se torturer à l'infini. Je serre un peu ses doigts, et puis au moment où je veux lui répondre, le soupir de l'infirmière me fait tressaillir de la tête au pied.

Euuuh what ? ...HEIN ? Tu m'expliques comment elle est rentrée sans que tu la remarques ?! Avec ton ouïe et ton odorat de loup ?! BEH JE EUH JE SAIS PAS ?! Attend elle veut quoi là ?! Prise de sang. AH PUTAIN.

J'ai pas le temps de trop réagir jusqu'à ce que Nana demande si je peux la faire ici. L'infirmière hausse un sourcil dans ma direction ; ça veut dire que c'est à moi de choisir. Je hoche la tête pendant que l'infirmière récupère son matériel. De mon côté, je me lève, je prends une inspiration pour me concentrer et je deviens cette chimère étrange, mi-homme mi-loup. Quand l'infirmière revient, elle grimace... Je sais ce qu'elle a besoin que je fasse, elle est pas vétérinaire hein. J'aurais voulu que ce ne soit pas devant Nana mais je ne pouvais pas la laisser non plus.

Machinalement, je tiens mon pantalon d'une main, je serre les dents... et je laisse la place au corps de Nicolas. Certes c'est plus facile d'être Loup en ce moment, mais ce n'est pas la seule raison. Le pelage c'est bien pratique vous savez, je peux y cacher beaucoup de choses.

Le corps de Nicolas tangue un peu et s'arque en avant tandis que les poils noirs disparaissent au fur et à mesure jusqu'à dévoiler entièrement sa peau. Les brûlures de feu et de glace sont soignées, l'épiderme a subi des dégâts minimes grâce à Chris et les Guérisseurs ont bien travaillé, il ne reste que des rougeurs, légèrement suintantes qui cicatriseront sans laisser de traces. Il y a des énormes bleus, violacés et jaunissant sur les bords le long de son dos, aux niveaux des côtes... Sur son visage, il a la trace d'un impact, la peau a été refermée récemment. Tout son torse présente ce même genre de séquelles, débris de roches soufflés par la bombe droit dans sa direction. Ses jambes tremblent, il doit alors s'appuyer au lit de Nana pour de pas que ça se remarque... ...Il ne la regarde plus.

Dès que le processus de transformation est terminé, l'infirmière s'avance pour vite faire la prise de sang... Nicolas vrille son regard sur l'aiguille qui perce sa peau ; ça l'aide à se concentrer. Les tubes s'enchainent, Nicolas ne compte pas. Il sait qu'il y en a assez pour les médecins, afin qu'ils surveillent son état de santé, mais aussi pour Misao et lui, et qu'ils étudient de plus près comment fonctionnent ces injections du Centre. Une fois que c'est fait, l'infirmière retire l'aiguille et Nicolas tousse, fort, longtemps alors que son corps redevient loup petit à petit. L'infirmière n'a pas perdu de temps, elle est allée lui chercher un verre d'eau et un mouchoir vite tâché de glaires grisâtres. Elle tapote son épaule tandis qu'il retrouve son souffle. :

-Si à un moment ça ne va vraiment pas, je te rappelle qu'il y a de l'oxygène dans ta chambre.

Il ne répond pas. Moi non plus. Je laisse mon regard gris s'éloigner vers le néant et l'infirmière se doute que je ne vais rien ajouter, alors elle s'en va.

Vite. Quelque chose à dire. N'importe quoi. :

-Eh beh vivement qu'on sorte ouais...

...T'es sérieux là ? Ouais bon j'ai pas mieux, déso pas déso.

HRP : J'écoutais Undisclosed Desires de Muse et je me suis THAT'S MY MOMENT TO ANSWER-

Suis-je tant que ça un livre ouvert face à Nico? Enfin. Fan de Scarface je connais très bien la phrase ''The eyes, Chico. They never lie.'' C'est le reflet de l'âme non? Je sais pas. Je sais que mes iris dorés sont l'une des parties que je préfère le plus sur ma personne alors...

« Tu dois en voir des choses passés alors haha, t'es fort, c'est fou. »

Je sens sa patte se refermer un peu autour de mes doigts pendant que je parle de ma peine à être coincée ici. Faut pas se mentir, depuis mes débuts à Terrae, j'ai une carte d'abonnement à l'hosto. Mais pas pour du aussi grave... enfin.. je ne me rappelle plus. Mais clairement, ce retour de mission était insupportable à rester dans une chambre ici. Je ne suis pas confortable dans ce lit, dans cette pièce.

Mes yeux font du ping-pong entre l'infirmière et Nicolas, ayant l'espoir que ce soit accordé. Si elle dit non, je fais quoi? Je pleure? Je crie? Je suis pas une enfant, je me serais sûrement tu, comme une grande fille. J'aurais crispé la mâchoire pour me retenir de dire une connerie. Il acquiesce finalement. Je lâche un léger soupir de soulagement. J'observe le processus, ce corps qui se transforme complètement pour passer d'un giga loup, à Nico l'humain. Je me remémore ce qu'il m'a dit plus tôt. Ça doit être douloureux pour lui de se transformer et de subir les douleurs qu'il tentait de taire un peu par sa forme de bête. Son pantalon devient trop grand car son corps finit par atteindre sa taille normale. Mes yeux tombent sur son dos jaunit par ces énormes plaques... Il avait dû en baver en mission...

C'était la mission principale après tout... Nous à côté... pfff... Pas qu'on avait rien fait à côté mais ce n'était clairement pas la même ambiance... ils étaient bien plus au front que nous. Bon, je tente d'éviter de me rappeler tout de suite que j'ai buté un gamin aussi. Mais là. Je ne suis pas Sensitive, je ne peux pas comprendre ce que ressent Nico sur l'instant. L'infirmière fait son travail et je ne peux m'empêcher d'observer, silencieuse. Je me triture les doigts, c'est un tic.

Le moment terminé, lorsque l'infirmière finit par quitter, il y a ce silence un peu pesant. Il retrouve sa forme progressivement, je le vois par le pelage qui revient, la taille de son corps qui se modifie.  Devrais-je dire quelque chose pour le rassurer? Ce moment m'a paru des siècles. Il reste de dos, statique. Sa voix résonne sur le moment. Un sourire pincé sur les lèvres, je me dis, fais chier, je suis une loque je veux m'avancer pour lui dire un truc qui- Je sais pas enfin un truc pour l'aider ou... Je prends une grande inspiration, une TRÈS grande, parce que là...

Mon corps va pas m'aimer. Saoulée d'être une momie. Je pompe le peu d'énergie qui me traîne dans les membres pour  décoller mon dos du lit et me pencher vers Nico, déposant ma main sur son dos pour caresser légèrement en signe de compassion. Je grimace et serre les dents parce que ça fait un mal de chien. Mon dos a pris cher quand la Air m'a balancé contre le mur pendant la mission... Ça tire, mais je veux faire l'effort. Juste un petit instant.

« Ça va aller hein... T'sais quoi...Dis-je, un peu essoufflée.»

Oui? Il sait quoi hein?

« Mais quand on va sortir... Toi et moi, on va aller se faire une méga bouffe, hm? Dehors ou si Jérém' veut faire le cuistot... Hm?»

La nourriture ça réconforte, OK?

« Y m'font bouffer que des glaçons en ce moment comme si j'étais un pingouin s'te plait. »

Rien de mieux que de l'humour nul, ça détend toujours un peu l'ambiance non? Hein? Rigole Nico. Je SAIS que c'est nul, mais si ça peut le faire sourire un peu, j'en serais contente.

HRP : Eh ben puisque c'est ainsi je vais changer d'ambiance et répondre avec Thoughts of a Dying Atheist si, si, ça a du sens


J'ai pas bougé. Je sais pas pourquoi je bouge pas... J'ai pas honte d'être blessé, tout le monde l'est. Sortir d'une mission pareil sans rien ce serait bizarre même... Parce que j'ai pas envie d'inquiéter Nana ? Ça va de soi mais je sais que c'est inévitable. J'ai des amis qui s'inquiètent même quand il n'y a vraiment rien, c'est dire !... Bon ça c'est un peu de ma faute aussi, à cause de 2017 ça... Forcément ça inquiète les gens quand je répète que ça va. Pourquoi je ne bouge pas alors ? Je sais même pas si je me planque. Si c'est ça est-ce que c'est mon instinct ? Celui qui me dit de jamais exposer mes points faibles ? Est-ce que c'est par lassitude ? Devoir expliquer en boucle que c'est VRAIMENT pas aussi terrible que ce que ça en a l'air, que VRAIMENT je peux le supporter, que VRAIMENT ça va ! Ça va je vous dis.

Je sursaute quand je sens une main dans mon dos. Je me dis que c'est impossible que ce soit Nana, je suis trop loin et elle est sous perf', impossible elle bouge. Et dans l'instant qui suit, je sais bien que ça ne peut qu'être elle. Je pivote pile au moment où elle me dit que ça va. Je fronce les sourcils. :

-C'est toi la Télépathe en fait...

Oui, rien qu'avec son petit "ça va aller hein", elle m'a coupé dans mon élan, mes réflexions et un peu de ma colère... Un peu seulement, parce qu'il faut pas déconner. Je m'active dès que je retrouve le sens des priorités. :

-Non mais non d'abord non oh ! Ne me- Tu vas te- BON.

C'est pas moi le poète hein. C'est Nicolas qui fait des pavés lyriques avec ses sensations et ses émotions, qui vomit tout son savoir scientifique dans des exposés à rallonge,... Moi, je parle peu. J'vais à l'essentiel. Hmhm. Oui et bon, aussi, des fois, j'arrive plus à parler... Alors j'agis. Parce que j'ai peur, je suis constamment terrifié. J'ai peur que Nana se fasse mal à se forcer de se redresser, j'ai peur que mon silence ait été mal interprété, j'ai peur qu'on ne me croit pas assez solide pour protéger ma Meute, j'ai peur de ne pas l'être parfois, j'ai peur de pas être un bon fils, un bon frère, un bon ami, un bon partenaire, j'ai peur et c'est tout. Comment je peux me jeter devant le feu ennemi, ne pas penser un seul instant à la mort et être terrifié par tout le reste ?...

...Je sais pas. Donc oui, j'agis. Au lieu de rester immobile, bouger. Si ce n'est pas pour moi, pour elle.

Je l'attrape d'une patte, j'évite qu'elle replonge dans le creux du lit mais je maintiens son dos au cas au elle veut s'appuyer. Je ne lui demande pas son avis, et je devrais peut-être, mais j'ai l'impression que si je prends pas les choses en main, je vais rester statique. Je suis massif mais toujours souple, je glisse derrière Nana et je la repose contre moi. Je la laisse se servir de moi comme oreiller et je n'accepte aucune plainte ; une fois installée, je pose un de mes bras contre son ventre, comme si je l'empêchais de s'enfuir... comme si elle avait les capacités de s'enfuir... Je prends une profonde inspiration, lentement pour éviter de tousser, et il y a un grondement sourd dans mon expiration, un roulement lourd qui fait trembler mon torse et que Nana doit sentir. Et je ferme les yeux... :

-Jérém' nous doit une blanquette, t'inquiètes que je vais tellement le soûler avec ça qu'il va en faire très vite.

C'est normal ça ? C'est normal, fais pas chier. Tu veux le contrôle ? Tu veux te balader avec tes blessures à la vue de tous ? Tu veux cracher tes poumons à chaque fois que tu tousses ? ...Non. Alors c'est normal. Arrête d'avoir peur. Arrête d'avoir mal. Relève-toi et marche jusqu'à la prochaine mort. Et garde-la de ceux que tu aimes. Et garde-la. :

-J'te ramènerai le velouté de carotte du self. C'est pas fameux mais c'est le truc le moins dégueu ici.

HRP : Bon bah – Sunburn de Muse huhuhuhuhuhuhu

Le silence de Nicolas m'avait fait peur. C'est pour cela que je m'étais relevée malgré la douleur. Je ne pouvais pas le laisser seul, au coin de mon lit, ainsi. Il devait être loin dans ses pensées car ma main l'avait surpris. Enfin, moi-même je suis surprise d'avoir réussi à bouger autant. Mais je voulais pas qu'il soit seul dans sa bulle, pas en ce moment. Je lui ai caressé le dos en douceur pour l'aider à se détendre. Puis je lui offre un sourire quand il me traite de Télépathe.

« Tu lis dans mes yeux, mais moi je lis dans tes mouvements t'sais. »

Je pense que, bien que notre relation d'amitié datait de moins d'un an, on avait passé assez de temps ensemble pour se connaître de cette manière. Puis je sais que, oh c'est un Master Tonnerre, il a comme nous tous un giga tourbillon dans le crâne qui s'arrête pas. Oui oui oui. Il se dépatouille dans ses mots, le retour du mode Nico est revenu rapidement. Je glousse face à son bégaiement.

« Une phrase à la fois Nico, riais-je.»

Trop de flow dans sa tête, faut se canaliser un peu. Même si je sais qu'il ne connait pas cette définition, c'est pas un Tonnerre pour rien hein. Je continue de m'occuper de son dos quand il se décide à bouger. Une de ses pattes se pose contre mon dos. Dans un petit soupir de soulagement, je laisse mes muscles se relâchés un peu. Ça fait du bien de ne plus avoir à forcer sur l'instant et surtout de ne plus être allongée. Dormir c'est cool mais c'est trop. Je peux même pas sortir fumer. Nicolas décide de rechanger, je grimace le temps que je me suis retrouvée installée confortablement contre sa grande carrure de loup. Ma respiration s'est coupée un peu par la douleur mais je finis par lâcher un très long soupir encore, heureuse d'être bien mise.

La sensation de son bras autour de moi me fait me sentir comme à la maison. Je me permets de me relaxer complètement, que mon corps ne s'inquiète pas. Mon rythme cardiaque devient lent, lent parce que je suis complètement molle. Je me permets de sortir un bras pour le déposer sur le sien, en signe de ''Je suis là''. Son grondement fait vibrer ma colonne vertébrale sur le moment. Ce moment de repos, de douceur, peut-il durer longtemps? Je veux rester comme ça. De ce contact, cette chaleur qui fait du bien. Depuis que je suis jeune, me faire aider n'a jamais été mon truc, je voulais garder mon indépendance. Mais suite à ma rencontre avec Nico, j'ai appris à baisser un peu mes gardes, seulement en sa présence. Hein? Pourquoi? Il a ce côté apaisant... bon... ce côté aussi protecteur dont je me suis permise de m'habituer. Peut-être parce qu'il a vu ma faiblesse dès le début... Je me suis permise de le laisser entrer dans ma bulle. Pourtant, c'est moi la plus vieille mais... pffff.

L'énonciation de la blanquette me donne faim, j'imagine déjà la tête de Jérémy, exaspéré et prêt à nous envoyer ses couteaux trop aiguisés dans le visage si on le laisse pas cuisiner tranquillement et surtout si on arrête pas de gueuler dans le salon.

« Han oui c'est vrai! J'ai trop hâte. Il cuisine tellement bien sérieux, va falloir qu'il en fasse très vite mais surtout BEAUCOUP hein. »

Un petit rire m'échappe. Je sais, il sait, on se sait, nous le savons.

« Ce s'ra mieux que des glaçons. Ils veulent pas trop me laisser manger encore mais... Dès qu'ils me laisseront un peu tranquille, je serais ravie de boire du velouté pas ouf. »

Mieux que de la flotte? Absolument. Après. Vu mon épuisement actuelle, c'est clair que de mastiquer, ça me saoulerait.

« Je sais que ça va être bizarre à dire comme ça mais... t'es très doux.Et confortable.  »

NAN- Mais c'est bizarre à dire parce que- Il est doux comme une peluche le mec c'est pas ma faute.

« Et donc ce côté Morphe... C'est définitif? Genre... Tu ne seras plus jamais... Sensitif? »

HRP : Puisque c'est comme ça je mets le jumeau maléfique de Sunburn... Darkshines  


Non mais d'accord. C'est mérité. Je lis dans ses yeux, elle lit mes mouvements. Ça doit l'amuser puisqu'à ce commentaire, mes paupières se plissent brièvement, mon oreille gauche s'agite, j'expire un souffle qui gronde malgré moi, ma langue claque contre mon palais... C'est vrai que j'en dis des choses, pas souvent à voix haute, c'est tout -sauf quand Nicolas s'en mêle, certes. Donc oui bon forcément quand j'en fais ça cafouille, surtout quand je suis stressé, inquiet, pressé,... J'ai pas envie qu'elle se fasse mal ok ? Fallait aller vite sans la brusquer, comme elle est toute cassée. Je ne me détend complétement que lorsque j'entends son soupir, et je sens sa main se poser sur mon bras. Le contact me pince le cœur... Je sais que j'ai forcé la main du personnel médical en sortant de ma chambre, mais techniquement j'ai pas encore droit au visite... et je devrais être allongé... Ça me rappelle cruellement de ne pas avoir eu l'occasion de serrer mon équipe dans mes bras, pas encore...

Nana, heureusement, préfère parler bouffe et, toujours les yeux fermés, je souris. :

-Le connaissant, si je dis que tu viens, il va en profiter pour en faire pour tout le monde. Enfin ça dépendra de s'il y a encore des restes à la maison... On s'est fait une grosse bouffe avant de partir en mission, il voudra pas gâcher.

Le frangin a pas compris qu'il n'y a aucun risque que ça arrive tant que je vivais dans cette maison, eheh. Souci, Nana n'a pas encore le droit de manger. Zut. Je n'y avais pas pensé. J'y réfléchis ; est-ce que je prends le risque de lui ramener au moins une petite compote ?... Franchement, c'est rien de la compote, un fruit mixé dans l'estomac c'est pas sensé te foutre à l'envers nan ?... Ouais nan j'ai un souvenir de Jérémy qui m'engueule parce que j'ai mangé un truc qui fallait pas, disant que j'étais pas foutu d'être normal jusque dans mes boyaux... Moui. J'étais en train de conclure, dans ma tête, qu'il valait mieux pour Nana que je demande aux infirmières quand et quoi elle pouvait manger, qu'elle me dit que je suis doux. Et confortable. ...Pourquoi t'insistes ? Ça va de soi. Whatev'... :

-Ouais le confort on me le dit souvent... Je sers souvent d'oreiller et de radiateur à ma petite sœur, mes potes,... Le doux, c'est à cause des poils. Une plaie à laver, j'ai bouché la plomberie de la douche dans ma chambre.

Et puis je perds mon sourire... pas par tristesse nan, parce que je me concentre. Je fais le tri de ce que je sais, de ce que Nicolas compte faire, puis je me perds dans nos explications, si loin que je finis par marmonner sur la fin. :

-J'ai pas encore les informations autour de ces injections et tout ce qui a été récupéré au cours des missions. J'aimerais au moins avoir les comptes-rendus mais...ergh, on m'a "demandé" de me reposer. Si je peux travailler dessus rapidement, je pourrais aider à l'analyse de mes prises de sang et savoir, justement, si c'est définitif... J'espère pas parce que franchement j'ai pas les moyens de m'acheter autant de bouteilles de shampoing. Enfin si j'ai les moyens mais je préfère pas dépenser mes sous là-dedans quoi... Si c'est définitif, je suis sûr qu'on peut trouver un moyen de changer ça avec Misao-sensei. Avec ce que l'on sait de nos pouvoirs, plus cette arme, on pourrait peut-être trouver quelque chose pour l'utiliser à bon escient. Si on comprend son fonctionnement, peut-être même créer quelque chose qui peut aider Terrae à l'avenir... Je ne sais pas encore quoi, mais il faudra que je discute de ça à la prochaine réunion Master... pas sûr que mon point de vue soit compris, il y a encore beaucoup de personnes qui apprécient moyennement les scientifiques, à cause de ce qui est arrivé dans le passé,... Je pense qu'on me fait confiance mais j'ai pas envie de réveiller des traumas chez les collègues... Non il faut pas que je m'inquiète pour ça maintenant, il va falloir que j'étudie ce qui a été ramené d'abord, puis analyser les échantillons,... le reste sera décidé plus tard...

HRP : TROP DÉSO MAIS L'INSTRUMENTAL DE VERONA M'A INSPIRÉ-

Je pouffe de rire à l'énonciation des restes.

« Je crois pas qu'il connaisse vraiment ton appétit pour dire ça alors haha. »

Jérémy est très soucieux et je le comprends, s'il y a des restes il ne faut surtout pas gâcher! Le gâchis, c'est mal OK c'est une honte pour les fans de nourriture. Cependant, parlant du cas de Nico, on sait qu'il n'y a pas besoin de le dire. Nos bouffes de l'extrême ont prouvé bien des choses. Ce serait super de pouvoir se faire un grand repas chez les Williams, c'est toujours la bonne ambiance chez eux quand je passe et je pourrais en profiter pour connaître d'avantage le restant de la famille que je croise peu soit Lottie et Lou. Après être confortablement installée contre la grande carrure de Nico, j'exprime la douceur de mon confort. Un léger sourire se fend en coin.

«  Je ne suis pas étonnée, t'es une peluche vivante! Haha oh non la douche j'imagine... Déjà je galère avec mes propres cheveux alors les poils... Encore heureux ce n'est pas une baignoire, t'imagine sinon?  »

Ça donnerait un bain mais pas d'eau... un bain de fourrure qui remonterait à la surface au fur et à mesure... Puis ça doit lui coûter cher en savon.
Je sais que ma prochaine question n'est pas facile, je la pose par curiosité et pour savoir ce qu'il en pense là-dessus... Ça ne doit pas être facile pour lui présentement. Je repense à son tattoo de Greffe en haut de son dos quand il faisait sa prise de sang... Encore une Greffe, ça se contrôle j'imagine mais là... Je veux juste savoir ce qu'il en sait et pouvoir le rassurer un peu s'il est inquiet, un changement si soudain, pas évident.

Attentivement, j'écoute son explication. Enfin... J'essaye parce que la chaleur de son pelage, ce cocon doux me donne sommeil. Je réponds par des brefs ''hm hm'' autant que je peux pendant ses phrases. Je retiens un peu qu'il n'a pas plus d'infos encore. Mes onomatopées sont de moins en moins présentes tandis que mes paupières commencent à peser. Je tente de garder les yeux grands ouverts mais ma fatigue prend le dessus. Au clignement de trop, mes yeux ne font pas le retour, me plongeant en peu de temps dans un sommeil profond. La voix de Nicolas étant de plus en plus un simple murmure qui s'éteint. Je me suis éteinte comme un vieux Windows, le bruit inclus.

***

Un long moment plus tard, ma conscience se rallume et j'ouvre difficilement les paupières. Merde je me suis endormie comme un vieux machin. Il est vrai que je ne tiens pas toute une journée sans faire de nombreuses siestes. Je suis encore à l'hôpital car j'entends ma machine qui beep encore. Ma vue est un peu floue, j'ai l'impression de sortir d'une giga gueule de bois, mais mon corps est toujours dans un confort, à moitié endormi. Qu'est-ce que j'étais en train de faire? Dans un hosto y a pas grand chose je parlais avec Nico et- OH NICO NON il me parlait et je me suis endormie en plein milieu, la honte. Je me bats contre mes paupières pour qu'elles se soulèvent encore plus, clignant des yeux pour tenter d'avoir un focus. Je sens toujours ce poids qui m'entoure, sûrement la patte de Nico qui- HM?

Je distingue quelque chose qui m'entoure mais, ce n'est plus poilu... C'EST- Un bras humain? Après dix milles battements de cils, je regarde attentivement pour voir mon bras poser sur le bras de Nicolas, son bras... genre son vrai genre... Humain! Je fronce les sourcils, les yeux encore plissés par la fatigue et tourne d'un geste mou la tête sur le côté pour observer le visage du Master. Son vrai visage, ses traits adoucis par le sommeil. Un léger sourire étend mes lèvres. C'est agréable de le voir se reposer, la douleur endormie pour un instant. Étrange qu'il ne soit plus en loup, je ne suis pas sûre de comprendre comment ça fonctionne alors je laisse tomber. Ma main bouge légèrement sur son bras pour rappeler à son inconscient ma présence tout en l'observant. Ne le dérangeons pas  ses cheveux, si je lui fais peur et qu'il sursaute, on va s'entrechoquer le crâne, on va éviter. C'est tentant, mais je reste tranquille.  Bien qu'il ne soit plus dans sa forme animale, il me semble que je n'ai jamais été aussi bien depuis un moment dans cette position, cet instant. Et pourtant, 'fin ouais j'ai encore la tête dans le coton mais bon.
Puis, lorsqu'il ouvre finalement un peu les yeux :

«  'Morning sunshine,  gloussais-je dans un chuchotement. »

--enfin si j'ai le temps... Bref pour répondre à ta question, je ne sais pas si c'est définitif mais si ça l'est, je vais faire en sorte que ça ne le soit pas. ... ...Nana ?

Elle dort. Et puis du sommeil du juste. Bien. Je souffle du nez, renfrogné. Ok je sais que je suis chiant mais merde d'habitude je parle pas beaucoup, je pilote pas souvent ! Je la regarde, posée contre moi... et je me traite de débile. Elle est fatiguée, on est tous fatigué. Elle est sous perf', cassée... Et ouais elle est posée sur une peluche géante et chauffante tu m'étonnes elle déconnecte au bout d'un moment. On devrait faire pareil, Nicolas. Déconnecter. Comme si c'était possible. Je sais, je sais... J'ai un autre soupir, plus doux. Je décale une mèche blonde du front de Nana. Vous saviez que les gens ont une odeur différente quand ils ont un rêve ou un cauchemar ? Je ne le perçois que légèrement sous ma forme humaine ; c'est comme un voile par-dessus l'odeur naturelle des gens qui me sont proches. Maintenant je suis Loup, et j'ai Nana directement contre moi. Elle sent le chaud de la forêt en été, l'humidité après un orage s'évaporant lentement du sol, là où le soleil brûle à travers la cime des arbres. Elle sent l'atmosphère lourde, caniculaire et glaçant. ...Intéressant. Et maintenant qu'elle dort, cette odeur est plus... comment dire... ...J'observe son visage. Tranquille.

...Est-ce que j'ai déjà été tranquille ?


Ses yeux aveugles sont fermés. Il ne dit rien. Mon univers bien silencieux alors qu'il y en a des choses à dire. J'ai utilisé son cristal Guérisseur en mission, encore. Dans une mission avec Aria, encore. Pour une blessure à la jambe, encore. J'y vois une belle métaphore, il est toujours là pour m'aider à me relever... Mais j'ai l'impression que quelque chose ne va pas. C'était peut-être la fois de trop. Non. La fois juste avant la fois de trop. Mais je ne sais pas quoi lui dire. Je ne suis plus vraiment suicidaire... Je me suis encore jeté en avant désespérément pour mon équipe, pour Aria. C'était mon travail, c'est la personne que je suis. J'avais pas pour projet de mourir, ni de subir autant. Peut-être qu'il avait peur, peut-être qu'il était en colère. Je ne peux pas le savoir. Je ne peux pas sentir.

Je suis penché en avant, forme humaine pour qu'il puisse voir mes blessures. Il a une main qui survole ma peau brûlée, me soignant au fur et à mesure. Je tousse dans mon masque à oxygène, des glaires noires s'étalant à l'intérieur. Je grimace à chaque convulsion, ma toux faisant naître une douleur vive dans mon dos. ...Il ne parle pas, les yeux fermés, l'air fatigué, et au bout d'un moment il s'éloigne, se lave les mains avec une lingette. Je reprends naturellement cette forme de loup plus solide, plus épaisse, atténuant la douleur de manière significative, mes poumons plus larges moins congestionnés. J'attrape son bras sans le capturer... J'aimerais lui demander un nouveau cristal, parce qu'il me manque. Je n'ai plus mes pouvoirs, je n'ai pas le droit de sortir, je n'ai plus son cristal... Pourtant...

...je n'ai rien dit. Je ne lui ai pas demandé. On s'est souri, il est sorti.


-Hmgnhmmh...

C'est mon bras qu'on tient. Comment ça ? Danger ?! Non, cette odeur-... C'est Nana. Nana ! On s'est endormi. Café. Non, j'ai encore envie de chaud. Froid. Vapeur. Pluie. Forêt. Ciel. Nana. Café ? Dodo.

Ma main libre cherche celle de Nana, j'attrape ses doigts. Ah ! Oui. Je dormais, donc je suis humain à nouveau. Un délire avec ma conscience, mon estime de moi, ne vous inquiétez pas. Ça fera bien cogiter mon psy. J'entrouvre une paupière, Nana me regarde. Ah shit. Je souris et referme mon œil. :

-'m'not Sunshine...

J'veux dormir. J'ai pas envie de partir. :

-'s'barely mornin'...

J'veux rester avec Nana encore un peu. :

-...'Morning love.

J'ai envie de sombrer à nouveau dans le sommeil mais y'a un con qu'est en train d'hurler dans ma tête. Hm. Osef.


HRP : NOW YOU WILL SUFFER WITH MEEEE

HRP : EH BAH CA PART SUR FEELING GOOD DE MUSE, VOILÀÀÀÀÀÀÀ (Je connaissais pas cette reprise, elle est INCROYABLE-)

Un... mot... Euh.. un son plutôt dirais-je s'échappe de Nico. En voilà un qui est pas matinal. Enfin ''matinal'', difficile au réveil. J'ai aucune idée de la longueur de cette sieste. J'arque un sourcil. Me semble que quelqu'un aurait besoin d'une boisson pour se réveiller. Je baille légèrement derrière ma main libre. Je laisse mes doigts se balader sur son bras, c'est moi, je suis là. Ouais, on essaye d'être rassurante un peu. Quand on est dans un sommeil profond, parfois il faut un temps avant qu'on se rende compte de la réalité. J'ai déjà sursauté une fois en entrouvrant les yeux et en pensant que mon rideau de chambre c'était quelqu'un... Oui... Alors... Bon- j'y vais doucement.

J'ai un sursaut quand ses doigts viennent s'accrocher aux miens. J'y jette un œil, les paupières un peu plus ouvertes par la surprise. (BEEP-BEEP, ouais je t'entends...) Eh-  Mais- IL ME VOIT LÀ. Je penche la tête sur le côté, il sourit, oooooooK. Ça l'amuse. Je souffle du nez dans un léger rire. Je referme ma main autour de la sienne, il a de la poigne. Pourquoi je fais ça...  J'ai pas d'excuse. Je crois qu'on est rendu vraiment confortables l'un envers l'autre... je crois? Est-ce qu'on est vraiment en état pour se poser la question? Je remets ma tête droite, toujours adossée contre lui, pendant qu'il continue de marmonner dans sa barbe. Barely Mornin?

« Hm, hm... »

Puis. Je retourne la tête vers Nico... Love?

Blank.

Sourire en coin.
OK, je l'ai appelé Sunshine, on se répond, normal. Mot pour mot hein? Je l'aurais appelé... Batman il aurait dit Robin!... Hein? Rien de bizarre. Il est encore plus dans le coton que moi. Il m'a pas appelé Mireille ou Vanessa ou Quentin non plus quoi. Il m'a reconnu. Enfin, de son petit œil. Il peut rester aussi longtemps qu'il le souhaite... Il a besoin de repos. Rien d'anormal dans tout ça. Je voulais juste le titiller un peu. Mon pouce, pris dans sa main, vient bouger légèrement sur le dessus.

«  Tu peux te rendormir un peu si tu veux... T'en as besoin, je suis là, chuchotais-je. »

Je viens retirer, de ma main libre, une mèche tombante dans ses cheveux puis repose ma tête correctement pour être de dos à nouveau, sa main encore dans la mienne. Sans qu'on s'en... rende compte ? On est trop claqués.

«  There's... no rush. »

Sa prise de sang a été faite... Donc tout va bien. Enfin, pas d'urgence en vue. Pour une fois qu'il peut se reposer, au lieu de s'angoisser pour le monde, de prendre soin des autres, mais pas de lui. Il a enfin un moment pour le faire.  

«  Tant que je t'écrase pas, riais-je doucement. »

Nicolas geint au fond de ma tête. On doit bouger. Il faut bouger qu'il me répète. Alors je soupire, même si l'invitation de Nana est absolument tentante. J'pourrais faire une sieste de mille jours avec elle sans déconner... :

-Naaan... J'dois bouger... Sinon... j'vais m'faire engueuler.

Par les infirmiers, sous-entendus. Mais y'en a un autre qui gueule, dans ma tête, et ça se dit moyen ça par contre lel. Nana dit qu'il n'y a rien d'urgent... tant qu'elle ne m'écrase pas. J'ai un rire. Tout bref. Vraiment apaisé. :

-T'es si légère... j'pourrais te soulever d'un bras Nana. Please.

Je frotte mes yeux pour faire fuir le sommeil et je glisse sur le côté. Petit à petit, je laisse Nana retrouver son lit, à moitié penché sur elle, les paupières luttant pour rester ouvertes. Une fois sorti du cocon, à moitié-loup à moitié-homme, je la remets droite, repose correctement la couverture sur elle. Je lutte pour me réveiller mais il est clair que c'est pas facile sans café.

Je regarde Nana, brièvement, avant de profiter du fait que j'ai encore un front pour coller le mien contre le sien. :

-J'insiste et je suis désolé, mais à la base je suis venu pour parler de ton étoilisation... Et c'est vrai qu'il y en a pour qui ça se passe très bien, mais au vu de la mission qu'on vient de vivre, j'émets des doutes. J'étais venu pour qu'on en parle tous les deux...

Et je recule, ma forme finit par redevenir ce monstre que je suis dedans au final : une bête massive et sauvage, attentionnée et douce. :

-Mais si tu ne veux pas le faire pour le moment, je comprends Nana. J'attendrai que tu me donnes ton feu vert pour lire les rapports de votre mission.

Pas très responsable de la part d'un Master, mais osef. Je veux faire ça pour elle.

C’est un doux rire qui m’échappe lorsque Nico m’énonce qu’il pourrait me soulever avec facilité. Ce qui n’est pas faux surtout avec sa carrure de loup. Malgré que j’ai fait beaucoup de renforcement musculaire mais aussi de la sécheresse donc effectivement…

« Oui bon j’ai compris hein mais j’suis pas aussi légère que le vent non plus hein haha »

On partage un moment léger ensemble, reposés de notre micro-sommeil mais avec une petite difficulté à sortir du brouillard. Je me renfonce dans mon oreiller véritable cette fois-ci quand il me laisse reprendre de la place. Nos iris se connectent et la chaleur laissée par sa présence sur le matelas m’enveloppe comme la douceur d’un siège chauffant dans une voiture. J’aperçois que progressivement Nico revient vers sa forme de loup, il y a cette espèce d’entredeux. Mes yeux sont encore bouffis mais je ne les décroche pas du Master. Nos fronts se collent alors que nos souffles se mêlent, ses mots me ramènent un peu dans la réalité actuelle malgré la douceur de son regard, de son ton. Mes paupières se ferment un instant puis je les réouvre lorsqu’une distance se remet en place entre nous… Que Nico redevient ce loup tout doux, mais gigantesque. Je sens une petite cassure en moi tandis que les doigts de ma main droite se mettent à se frotter entre eux dans une rythmique chaotique. Je comprends la bonne intention, et ça me touche. Mais sur cet instant, si je ne parle pas, il va vouloir partir. Les traits de mon visage se tirent un peu, ma gorge se serre alors que mon regard tombe sur le drap qui me couvre.

« C’est adorable Nico et je comprends hein… Je suis désolée j’étais un peu fermée à l’idée d’en parler un peu plus tôt mais on peut prendre un petit moment si tu veux… D’avoir dormi ça m’a permis de prendre de l’énergie et j’sais qu’à toi je peux en parler ouvertement. »

Ce ne serait peut-être pas si mal de lui énoncer la situation. Je suis une adulte bordel je dois prendre sur moi. En prenant le temps qu’il faut. Nico serait la première personne envers qui je me confierai sur ce qui s’est passé à ce moment-là. Seuls mes coéquipiers ont été témoins de la scène et tôt ou tard, il regardera les rapports mais peut-être qu’en fournissant ma version des faits, je sais pas… Puis il y a cette facilité de parler avec lui, mon affection pour lui est immense et peut-être qu’avant d’avoir mon rendez-vous psychologique, de parler à celui que je considère comme mon ami très proche, en parti mon mentor, ne serait pas une mauvaise chose. Je suis confuse par mes propres idées mais… Je sais qu’il ne peut pas rester trop longtemps et qu’il doit se reposer… mais j’ai un peu cette part d’égoïsme à ne pas vouloir le laisser partir. Mes doigts continuent leur danse frénétique contre le drap et finalement je regarde le grand loup de nouveau dans les yeux.

« Est-ce que tu peux rester encore un peu ? Je vais t’expliquer. »

Je tenterai de mon mieux pour parler des détails, de ce qui s’est passé, de la surcharge de puissance, du Feu… Ce putain de Feu. S’il te plait Nicolas, reste.

Le bref instant où le comportement de Nana change, Nicolas a un creux dans le cœur. Lui qui a tellement haï le fait d'être Sensitif, qui a voulu s'en débarrasser dès les premiers instants, qui a dû vivre avec pour rester à Terrae, qui a conquis tellement de peur, qui a appris à vivre avec, qui lui sert tellement aujourd'hui... regrette, plus que tout, de ne pas l'être là. Il le regrette un peu constamment, certes, mais là, c'est puissant. Ça me tord un peu les entrailles et, quand Nana s'exprime enfin j'ai un soupir animal qui s'échappe. :

-Ne t'excuse pas. Tu as le droit de vouloir garder ça pour toi. Tu devrais pouvoir le garder pour toi... Mais il fallait que je te prévienne, que je risquais de tomber là-dessus un jour ou l'autre et que je te laisse l'occasion de me le dire de toi-même.

Car c'est la moindre des choses... Il n'aime pas expliquer dans le détail sa propre étoilisation après tout... et moi encore moins.

La façon dont Nana demande à s'expliquer est particulière aussi. Il se rassoit, lentement, avec ses gestes encore alourdis de sommeil mais précis ; son corps est d'un côté du lit, son bras de l'autre. Appuyé dessus, il forme une arche au-dessus de Nana. Il la fixe, la respiration lente, calme. :

-Est-ce que tu veux m'expliquer ou est-ce que tu trouves une raison pour me faire rester plus longtemps ?... Sois honnête.

Je suis sérieux.

Un simple sourire pincé finit par étirer mes lèvres en guise de réponse à sa compréhension du moment, à l’explication de ce qui finirait par arriver si je ne prenais pas un instant pour lui en parler. Bien que ce n’était pas le sujet que je voulais mettre sur la table…. Par moment, je semble oublier que c’est un Master, car ce n’est pas forcément la première image que je garde de Nicolas dans mon esprit.

Une vague de confusion traverse ma tête  au point que mon égoïsme réclame qu’il reste avec moi un peu plus longtemps dans cette pièce. Offrant une douce pause dans une journée de lourd silence. Une lumière dans l’ombre. Un coup de chaud dans une vague de froid. Peut-être que soudainement : l’univers souhaitait sûrement m’offrir un moment de confidence, quelque chose de rassurant à le voir en vie après m’être mordue les doigts à me demander s’il finirait sous un drap, six pieds sous terre. Je sais pas. Mais je finis par juste laisser mes émotions sortir les mots à ma place, lui demandant s’il pouvait rester. Clairement il voudra sûrement retourner dans sa chambre après tout, il voudra, non, il doit se reposer. Je l’ai regardé silencieusement se redresser.

Ma gorge se serre un peu plus d’elle-même par sa réaction, sa demande d’honnêteté. Mon honnêteté. Ses iris dans les miens, mon cœur loupe un battement tandis que mon dos se crispe légèrement par son flegmatisme. Je déglutis doucement, très, doucement. On n’est pas là pour faire la maline.

«  Honnêtement, Nico ? »

Je plonge un peu plus mon regard dans le sien, finissant par me redresser un micro pour me poser sur mes coudes, hésitante dans mes propos avant qu’un léger rire ne m’échappe.

«  Est-ce que les deux avec une certaine priorité ça compte ? »

Stay. Ce simple mot qui transpire de mes iris. Qu’on continue à rire, à parler, loin de la douleur qui nous pèse, juste nous. Comme toujours. Que je prenne le temps à travers mes plaies pour te raconter le calvaire, préférant que tu l’entendes de moi, plutôt que de le lire noir sur blanc. Que je puisse être présente pour toi.

«  Tu veux entendre de ma bouche ou pas ce qui s’est passé alors ? Ou ma réponse ne te satisfait pas ? Ajoutais-je avec un sourire en coin. »

Je suis immobile et je la fixe, dans toutes ses réactions. Le moindre tremblement, mouvement de pupille, le son de son souffle... Elle rit, se redresse un peu et je ne bouge pas du tout.

...Elle répond honnêtement.

Finalement, ne pas être Sensitif, c'est peut-être une bonne chose là. Si ça blesse Nicolas, j'aime mon sentiment d'incertitude face aux émotions de Nana, les certitudes face aux miennes. Je revis quelque chose qui m'a manqué je pense...

Je dois laisser le silence s'étirer trop longtemps puisqu'elle enchaîne. Mon regard s'éloigne de ses yeux dès qu'elle prononce le mot "bouche" avant d'y revenir, comme si rien ne s'était passé. Je prends le temps de réfléchir à ma réponse avant de me redresser. :

-Si.

Je me lève, je me traine jusqu'au distributeur de sopalins en soupirant... A chaque pas je me force à reprendre forme humaine... à peu près. J'ai encore le regard animal, un peu de fourrure,... Rien de complet car je dois pas me forcer et le but est uniquement de prendre moins de place dans le lit. Si je sers à nouveau d'oreiller à Nana, je vais probablement me rendormir comme une merde, et je veux l'écouter. Le sopalin, c'est au cas où j'ai une quinte de toux. J'en ai une dizaine dans une main, l'autre tient mon pantalon -oui j'y ai pensé.

Avec un gémissement d'effort, je m'installe à côté d'elle, allongé sur mon côté; J'ai fait en sorte d'éviter qu'elle bouge trop, ne pas l'écraser et pouvoir la regarder en même temps... Inconvénient, je suis tellement au bord du lit ; si elle me pousse, j'm'éclate au sol. Maintenant que j'ai pas besoin de tenir mon futal, je peux aller chercher sa main, la couvrir de la mienne lentement. Et je lui murmure comme un secret. :

-Je t'écoute.

J'ai l'air calme hein ? C'est uniquement parce que la situation me le demande en vrai, je suis un peu en panique ahah. Mais j'aurais le temps d'y penser dans ma chambre. OUAIS. Bref, ne pas trop fixer la bouche de Nana quand elle parle, noté.