HRP:

Tout avait été préparé pour que cette journée soit parfaite, pourtant, Jérémy n'avait plus aucun contrôle sur elle à partir du moment où ses bruyants témoins, Aria et Nicolas, sont venus le réveiller... et il n'a jamais eu autant de joie à ne plus avoir les rênes de quoi que ce soit, même s'il s'agissait de la journée d'Elwynn et Jérémy.

Terrae entière avait été invitée. Oui, tous. N'avaient plus qu'à venir ceux qui le souhaitaient, il y avait de la place -enfin, de place assise dans la petite église de campagne peut-être pas, mais de place assise pour manger et danser, c'était sûr. Les gens venaient quand ils le voulaient, puisqu'il ne fallait pas non plus laisser Terrae sans surveillance, certains ne passeraient que le soir, mais pour ceux dont la présence était indispensable, ils avaient loué une auberge pour trois jours et deux nuits. Enfin, une auberge... Une ancienne ferme qui a été retapée et qui sert aujourd'hui de AirBnB pour les touristes qui aiment se perdre ici, en grand nombre. La belle terrasse en bois ne pouvait pas cacher les vestiges de l'ancienne ferme, de la terre boueuse au hangar tenant à peine debout. Mais il y a des centaines de fleurs autour d'eux, lilas, jonquilles et primevères. Les avantages d'un mariage printanier, l'odeur de la nature surpasse celles des usines alentours. Profiter de ce petit déjeuner en famille, avant de partir à la mairie, émouvait déjà Jérémy. L'une de ses mains tenait celle d'Elwynn, caressant sa peau, tandis que l'autre avait amené sa tasse de thé à ses lèvres, sans y boire, pour cacher son sourire en voyant Aaron et Nicolas qui s'inquiétaient d'un détail -qui lui échappait totalement, et ce n'était pas grave- avant que Lou ne vienne à leur rescousse, Adélaïde et Lottie en train de discuter très sérieusement de la qualité des croissants -pourquoi ? il n'en sait rien mais ça avait l'air de les animer- ainsi que Misao, plus discret, peut-être déjà fatigué par l'animation matinale alors que la journée ne faisait que commencer, mais présent.

Autour d'eux il y avait d'autres personnes ; certains prenaient aussi leur petit déjeuner, d'autres qui préparaient déjà les événements de l'après-midi. La salle des fêtes étant un peu loin, et pour éviter les allers-retours en téléportation, Jacky avait fourni son plus beau camion. Matériels, costumes, tout ce qui avait été ramené de Terrae était embarqué par les bons soins de son vieil ami qui avait salué Elwynn d'un "Nous deux la Jacqueline, ça vous souhaide la boune vien !"... Ce qui en Bourbonnais veut dire que sa femme et lui leur offraient des vœux de bonheur. Jacky qui, d'ailleurs, avait été visiblement surpris par l'apparence de certains terraens, les fixant peut-être un peu trop longtemps, mais il n'avait rien dit à part : "Roh te savère mon chetit, les mourets ça s'goule pas sus du michon." ce qui... est difficilement traduisible même pour lui donc on va juste dire qu'il s'en fout des personnalités hautes en couleur de Terrae... il est même plutôt content de voir de nouvelles têtes -surtout Kaiko qui s'est empressée de commenter la beauté de son camion après y avoir transporté des caisses de boissons.

A peine Jérémy avait fini de manger qu'on lui rappela qu'ils devaient être à l'heure à la mairie. Il embrassa Elwynn avant de se lever et suivit Aria qui se déplaçait en sautillant, retenant difficilement sa joie. Pas de costume pour la mairie, ils y allaient comme ils voulaient mais Jérémy souhaitait se faire un minimum beau pour Elwynn. Alors c'est un classique pantalon-chemise bleu foncé ce matin. Rien d'extravagant à part pour les deux Chevrolet Bel Air rouge scintillantes -pour les témoins et la famille- et la Rolls Royce Silver Cloud III blanche -pour les futurs mariés- qui viennent les chercher à l'heure prévue. Traverser le village en décapotable leur donne l'occasion d'observer les badauds qui les jugent du regard... et pour Nicolas, de leur faire des doigts dès qu'il en reconnaît certains. L'arrivée à la mairie est remarquée par les passants, les squatteurs de la terrasse du bar le plus proche. Il y a des yeux partout, mais Jérémy ne regarde qu'Elwynn, sa famille et ses amis. Ils sont accueillis par monsieur le Maire en personne, qui les attendait en haut des marches de l'Hôtel de Ville. Un homme aussi grand que Jérémy, d'une cinquantaine d'année mais bien portant, n'ayant que ses cheveux grisonnants pour trahir son âge. Un Maire tout neuf donc, seulement depuis 2020, qui a déjà fait beaucoup plus en trois ans que la foule de maires élus ces vingt dernières années. Le premier qui n'a pas fermé les yeux sur les violences que vivent les jeunes. Il salue tout le monde sobrement, les invite à entrer à l'intérieur et le suivre jusque dans la salle du Conseil Municipale à l'étage.

La grande pièce a été débarrassée du bureau ovale pour l'occasion, mais au bout, celui de bois massif et sombre est toujours présent. Ici, ça sent le bois et le XIXème siècle. Les murs ont gardé la peinture jaune pâle où les symboles du village ont été ajouté à mesure de sont évolution au fil du temps : les plus anciennes aux plus récentes, on trouve des représentations du marteau et de l'enclume des forgerons, des pioches et des lampes des mineurs, une copie de La Liberté guidant le Peuple couvrant tout un pan de mur,  des libellules à cause des fossiles qui ont été retrouvé dans les mines, des portraits de gens... moyennement célèbres étant né ici, donnant leur nom à certaines ruelles et quelques bâtiments,... et d'autres libellules, une multitude, un peu partout, qu'on s'attendrait presque à les voir s'envoler. Monsieur le Maire s'installe au bureau, se dit ravi de pouvoir officier l'union d'un "enfant du pays". Il laisse les gens s'installer à leur guise, informel, reprend un peu de sérieux lorsqu'il doit lire obligatoirement les différents articles de la loi française. Il demande "Monsieur Williams, voulez-vous prendre Elwynn ici présente pour épouse ?"... :

-Oui, je le veux. répondit-il la gorge serrée.

...et pose la même question à Madame Evrard dont la réponse fait trembler Jérémy tout entier. :

-Moi, Jérémy, déclare te prendre toi, Elwynn, pour légitime épouse, à partir de ce jour devant nos familles et amis, je fais la promesse solennelle de t'aimer, de t'être fidèle, de te chérir pour le meilleur et pour le pire, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la santé comme dans la maladie, dans la joie comme dans la tristesse, jusqu'à ce que la mort nous sépare.

Il bat déjà des paupières. Non. Il ne peut pas pleurer maintenant ! Il lève brièvement la tête avant d'écouter Elwynn, un sourire amoureux sur le visage avant que monsieur le Maire déclare. :

-En vertu des pouvoirs qui me sont conférés par la loi, je vous déclare maintenant unis par les liens du mariage. ...Vous pouvez vous embrasser.

C'était un petit baiser étonnamment, Jérémy est plus prude devant un Maire qu'un curé, notons. Mais ça ne l'empêche pas de s'emparer de sa femme pour la garder dans ses bras avant qu'on ne lui rappelle, au bout d'un moment, qu'il faut signer les papiers, s'ils veulent changer leur nom. Nicolas et Aria d'un côté signent pour Jérémy, Misao et Adélaïde de l'autre pour Elwynn... Jérémy veut tout lire, ça prend donc un temps fou, mais bizarrement personne ne se montre impatient. Parce qu'il se débarrasse d'un nom qui ne lui va plus ? Parce qu'il en offre un et en reçoit un avec autant de révérence ?... Il ne sait pas vraiment. Mais quand il signe enfin le dernier bout de papier, il sent la main d'Aria dans son dos, Elwynn contre lui et le regard de Nicolas penché sur le bureau. Il entend des reniflements, le bruit d'un appareil photo -celui d'Aaron forcément, puisque Huo est invité à prendre des photos le reste de la journée, ils lui ont épargné le matin. Il souffle, se redresse et monsieur le Maire leur sourit. :

-Monsieur et Madame Evrard-Williams, je vous offre à tous les deux, au nom de toutes les personnes présentes et en mon nom personnel, nos plus sincères vœux de bonheur. Et que cette journée reste mémorable pour vous deux, profitez-en !



-En fait, techniquement, dit Nicolas en se penchant vers Elwynn, le pâté aux pommes de terre, c'est pas bourbonnais. C'est creusois.

Justine lâche un long souffle, parfaitement choquée ; le pâté de patates, chez eux, c'est sacré. D'ailleurs aux mots de son frère, Jérémy se redresse, tendu comme un arc, spatule à la main puisqu'il distribue les dites part de pâtés. :

-COMMENT OSES-TU ?! Le pâté, c'est bourbonnais ! Les creusois sont des voleurs ! Ils savent même pas faire la recette correctement et après ça vient dire qu'ils ont l'originale !

-Comment tu peux être sûr que c'est pas l'inverse, Môôôssieur Evrard ?

-Je suis sûr parce que je le dis. Là.

Et pendant que Jérémy continue de servir en marmonnant de manière presque théâtrale, exagérément outré qu'il en faut du toupet et de l'ingratitude pour avoir vécu en Auvergne toute une vie et dire ce genre d'ineptie, il y a des rires autour de certaines tables.

Le repas est simple, pas trop lourd, sous la belle lumière d'avril. Il est animé par les conversations et une certaine agitation de ce qui les attend l'après-midi... A la fin, Jérémy passe autant de temps que possible à couvrir Elwynn de baisers ; elle doit mettre sa robe, se coiffer, se maquiller, alors il ne pourra la retrouver qu'à l'autel de l'église. Il faudra les trois garçons d'honneur pour le tirer en arrière et le convaincre d'aller lui aussi mettre son costume. Le meilleur argument étant celui d'Asbjorn "Être en retard à son mariage, c'est cool uniquement quand t'es la mariée, pas le mari."... Jérémy soupire et observe les costumes accrochés dans la penderie. Aria avait vraiment tout donné, même pour les costumes des garçons d'honneur : un pantalon et une veste grise simple, qui couvrent la chemise et le veston brodé dont la couleur rappelle le blanc du costume de Jérémy. Jérémy qui d'ailleurs, resta un moment circonspect devant le choix de lui faire une redingote. Et puis il l'enfila, et ouvrit grand les yeux, surpris.

A Aria, il avait laissé que peu d'instructions... Juste une liste. La liste de toutes les belles choses qu'Elwynn lui a dit. "Ça te va bien aussi tes cheveux, comme ça, j’aime bien, c’est tout.", "Tu m’auras pas chaton blond !", "Et t’es super mignon quand tu souris comme ça.", "Toi, t'es un ange qui s'est planté de route et qui tente comme il peut de revenir chez lui.", "J'suis fière de qui tu es, Chatteur.", "J'pourrai te faire des tresses la prochaine fois", "Jérémy, je t'aime. Je t'aime, j'suis fière de toi, j'suis fière d'être à tes côtés, j'suis tellement heureuse.", "Baka.", "Je laisserai personne te faire du mal. T'entends. Personne.", "Chaton, moi j't'aime ok. J'te trouve super fort. Et super mignon aussi.", "J't'ai déjà dit que t'es magnifique ?", "J'ai jamais aimé autre chose plus fort que toi."... "Jérém'. Tu veux on s'marie ?"... entre autres... et en se regardant dans le miroir une fois habillé et coiffé... Il le voit. Tout ce qu'il a entendu de la bouche de sa femme, il le voit... Il est dans un costume blanc, taillé, aux fines broderies sur ses épaules et en haut de son dos, des plumes d'or qui s'étalent. Il a des véritables plumes blanches dans ses cheveux d'ailleurs, en couronne, réunissant ses cheveux tressés dans une queue de cheval pour dégager son visage. Il a une aura dans sa redingote, "comme un ange" résonne en lui la voix d'Elwynn... Un ange massif dont la veste le force à se tenir droit, brillant de gloire... Il se tourne vers ses garçons d'honneur, un index pointant son reflet méconnaissable. ...Nicolas dégaina les mouchoirs bien avant l'arrivée de la première larme.




Les invités sont partis avant les mariés, ils sont les premiers à entrer dans l'église, à part les quelques personnes qui doivent remonter l'allée. Traditionnellement, les familles et les amis des mariés ne se mélangent pas, mais le Père Jules, qui a distribué les livrets qui contiennent le déroulé de la cérémonie et les paroles des prières pour ceux qui veulent chanter, a insisté pour que chacun s'assoit où ils le souhaitent, exception du premier rang où les places ont été réservées à la tribu Williams, la Cool Patrol et Hélène parquée d'un Laurent bougon mais qui ferme bien sa gueule. Traditionnellement -habituez-vous à ce mot, il va revenir souvent-, le marié doit entrer avec sa mère. ...Jérémy a une pensée pour Virginie en offrant son bras à Louisa. Est-ce qu'elle le voit ? Est-ce qu'elle est là avec lui pour partager ce moment ? Est-ce qu'elle est fière, triste, en colère ?... Il pose sa main sur celle de sa mère, celle présente à ses côtés pour ce grand jour et il déglutit, un peu apeuré soudain devant le bâtiment saint. Louisa le rassure d'un sourire ému. Oui, elle doit être heureuse... Il inspire profondément et remonte l'allée. Il a l'impression qu'il va s'envoler à chaque pas qu'il fait, et c'est uniquement la poigne de Lou qu'il l'encourage à ne pas s'effondrer. Il embrasse son front devant l'autel, la remercie d'être là, dans l'accent anglais qu'il a hérité d'elle, avec le "Mom" le plus doux qu'il ait jamais prononcé.

Après lui, ce sont garçons et demoiselles d'honneur qui entre par paire. Nicolas est avec Aria, évidemment, ils voyaient mal séparer les deux amis. Alice est au bras d'Asbjorn et pour finir, Adélaïde avec Misao. Jérémy avait tenté que les deux femmes entrent ensemble, mais certaines traditions sont plus difficiles à contourner, même pour le Père Jules qui a fait de son mieux. C'est la raison pour laquelle Asbjorn est du côté de Jérémy, bien que ce soit Elwynn qui l'ait choisi -et qui a été immédiatement approuvé. Et puis c'est Lottie qui rentre, un peu intimidée d'abord, avant de sourire à Jérémy et de remonter l'allée avec son panier de pétales de roses rouges qu'elle envoie en s'appliquant. ...Jérémy a fondu ; elle a une version enfantine de la robe des demoiselles d'honneur ; un mélange de gris et de rouge. On dirait une petite princesse. Il ne peut pas s'empêcher d'aller la voir pour lui dire qu'elle s'est très bien débrouillée, qu'il était très content et qu'elle était belle comme un cœur, avant qu'Aaron ne vienne la récupérer.

Puis, la musique change, Jérémy retourne vite à sa place et fixe l'entrée de l'église. Il ne sait plus s'il a peur, s'il est impatient, s'il est heureux... Tout se mélange et tout se perd. Il voit d'abord Roman, parce qu'il est immense au milieu des gens qui se sont levés pour accueillir la mariée. Et à son bras, il y a Elwynn. Tout le corps de Jérémy tangue, comme s'il avait pris un coup au thorax... C'est une main -Misao ? Nicolas ? il ne sait pas- à plat dans son dos qui l'a retenu. Elwynn n'a pas de voile... Bien sûr qu'elle n'a pas de voile, pourquoi elle se cacherait ? Elle a un bijou étrange dans les cheveux, une forme de couronne triomphale sans laurier qui soulève ses cheveux sauvages et tressés en arrière, qui s'élève en avant comme deux cornes... Et sa robe est rouge. Un Bordeaux sanguin éclatants au milieu de l'église, brodé d'arabesques noires. Ses manches sont ouvertes, dévoilant ses bras et tombent jusqu'au sol dans un drapé donnant l'impression qu'elle est une guerrière celte, revenant de guerre, glorieuse et parfaite. Plus elle se rapproche et plus Jérémy n'arrive plus à penser. Plus il découvre des détails sur le corset, plus il la regarde dans les yeux, plus il se dit que c'est impossible d'être aussi heureux... Roman lui offre les mains d'Elwynn mais il ne le voit même plus, il n'entend même pas le Père Jules commencer le début des célébrations... Jérémy a déjà envie de pleurer et son sourire ne s'efface plus. :

-Bonjour à toutes, bonjour à tous. Je suis ravi de vous accueillir aujourd'hui dans cette petite église, sous le regard de notre Seigneur. Nous sommes ici réunis pour fêter Jérémy et Elwynn et les unir par le lien sacré du mariage.

Le mariage civil est fondamental. C'est lui qui donne au couple son statut marital devant la loi. C'est lui, qui définit les droits et les devoirs des époux. Toutefois, à aucun moment, ce contrat civil ne fait référence à l'amour. Ce sentiment profond, ce lien qui est à la base même du mariage. C'est donc, pour parler d'amour que nous sommes ici réunis. Le mariage catholique est un sacrement, j’officie en tant que prêtre devant vous aujourd’hui. Mais surtout, j'interviens pour donner vie à la célébration de l’amour de Jérémy et Elwynn. Ils sont heureux que vous soyez là, famille, amis, proches, afin de partager leur bonheur.

Nous prendrons également le temps, d'accorder une pensée émue à celles qui nous ont quittées, Virginie et Nina, qui auraient été heureuses et fières de nos jeunes mariés en ce jour. Merci. souffle-t-il avant de laisser planer un silence.

Vous connaissez sans doute l’histoire de Jérémy et Elwynn. Une histoire pleine de luttes, et de passions, qu’il est impossible de résumer dans la maison du Seigneur malheureusement… Comme le feu et l’eau, deux contraires qui s’attirent inexorablement, font grandir l’autre, font changer les choses. Deux forces inébranlables qui s’écoutent, qui apprennent et qui, sous votre regard et celui du Seigneur, bien plus que de n’en former qu’une, choisissent la main dans la main de partir dans la même direction. Car Elwynn ne disparaît pas en prenant Jérémy pour époux, car Jérémy ne disparaît pas en prenant Elwynn pour épouse. L’eau et le feu, si différent, s’accordent et c’est d’autant plus beau.

Maintenant, prions.

C'est aujourd'hui.

C'est le premier truc que j'me dis en ouvrant les yeux. J'suis pas dans mon lit. Ouais, on est à l'auberge. Jérémy respire tranquillement à côté de moi, il dort encore. Je tourne doucement la tête pour le regarder. Il a l'air tout paisible. J'l'observe longtemps en souriant. Il va pas se réveiller. Il doit être tôt, mais j'vais jamais me rendormir. Je m'extirpe du lit tranquillement, sans un bruit, par habitude. J'attrape des vêtements simples, jogg, t-shirt ample. J'avais calé ça dans un coin de mon sac. J'avais peut-être un peu anticipé que j'allais pas dormir longtemps. J'enfile tout ça, quitte la chambre comme une ombre. J'entends rien, j'dois vraiment être la première. Y a des voix dans certaines chambres, doit y avoir des premiers réveils, les discussions du matin. T'façon Lottie va pas tarder à avoir faim. Je quitte l'auberge, et je me mets en marche, je commence à courir. J'ai pas mis d'écouteurs cette fois, j'veux entendre les sons de cet endroit. D'aujourd'hui. Je vais m'aventurer dans le petit bois. J'ai pas l'intention d'y rester longtemps, j'ai prévenu personne et j'veux pas que les gens pètent un câble ce matin. Mais moi non plus, j'veux pas péter un câble, alors je cours. Les gars, aujourd'hui j'me marie. J'suis giga sûre de moi. Mais la vache, on a passé du temps dessus, surtout Jérém', mais tous les trucs autour qu'il pouvait pas gérer, et toutes les décisions on les a prises ensemble. Et tout ça pour une petite journée quoi.

J'fais mon tour. J'croise personne. Tant mieux. Quand je rentre, y a déjà Lottie debout avec Lou, Alice et Adé qui préparent à manger pour tout le monde. Je leur souris, elles m'apaisent, toutes. Je signale que j'vais prendre une douche, ma soeur me raille gentiment. Je lui fais un doigt et file. Et puis tout s'enchaine, tout le monde se réveille tranquillement, on se pose avec Jérém' pour petit déjeuner. Ca bouge dans tous les sens. Et sa main dans la mienne me rassure un peu, j'ai pas trop l'habitude que tout un remue-ménage soit spécialement pour moi. J'aime pas plus que ça être le centre de l'attention. Alors j'suis là avec mon café, j'essaie juste de voir si tout le monde va bien, surtout Misao, mais j'crois que ça va, y a Alice qui va le voir de temps en temps, elle se met à côté de lui en souriant et lui parle peu, juste ce qu'il faut. Et puis c'est l'moment. On va décoller pour la mairie. On va se préparer une dernière fois, j'me maquille à peine, juste du mascara histoire de dire, mais ça m'donne le courage, comme si juste ce p'tit coup de noir sur les cils, c'était une tenue entière, un mood de "Ok, aujourd'hui j'signe des papiers importants" tu vois. J'enfile une robe blanche simple, printemps, pas extravagante, juste ce qu'il faut.

L'extravagance c'est la gueule des voitures dans lesquelles on y va. J'ai jamais compris le délire, mais Roman est mort de rire, alors j'me dis que ça peut qu'aller bien pas vrai ? Puis voir la tête des gens et Nicolas leur faire des doigts sur le trajets me tire des éclats de rire réguliers. Et ouais bitches. Terrae is coming. Une fois qu'on arrive à la mairie, j'me rends compte d'un réflexe chelou qui revient, parce que je connais pas bien l'endroit : je compte ma famille. Je compte pour vérifier que tout le monde est là, je vérifie tous les visages. C'est pas moi qui parle le plus, j'suis même assez discrète, j'me planque dans l'ombre de Jérémy pour m'assurer que tout se déroule bien et en sortir si besoin. Comme si on était en mission. Roman me capte, il me tire une tronche, je lui tire la langue, et me concentre sur le Maire qui nous accueille. Je lâche pas la main de Jérémy, on arrive dans la salle. Et là j'me dis que j'espère que le gars va aller vite parce que sinon Lottie va s'faire chier, déjà que la journée va être longue pour elle.

Il parle, il va assez vite et ça, c'est top. Et puis c'est à Jérémy de dire s'il veut que je sois son épouse, et il dit oui, et j'le savais, mais ça fait un p'tit truc j'vais vous mentir. Mon sourire s'étire doucement, et puis la question arrive à moi. Je réponds calmement, simplement, comme si c'était facile. Ca l'est, c'est évident.

Oui. Je le veux aussi.

C'est bon. J'l'ai dit. Et comme à chaque fois qu'un truc doit sortir, une fois dehors, tout devient simple. Je plonge mes yeux dans ceux, tout humides, de Jérémy. Je l'écoute, en souriant. Je me retiens de rire parce que j'ai autant envie d'essuyer ses larmes que de les voir.

Moi, Elwynn, déclare te prendre toi, Jérémy, pour légitime époux, à partir de ce jour devant nos familles et amis, je fais la promesse solennelle de t'aimer, de t'être fidèle, de te chérir pour le meilleur et pour le pire, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la santé comme dans la maladie, dans la joie comme dans la tristesse, jusqu'à ce que la mort nous sépare.

Quand on m'a dit que j'devais dire c'te dernière phrase, j'ai eu envie de l'envoyer chier. La mort. Oh, ça aurait pas été la première fois. Mais si elle me permet d'avoir une vie suffisament longue pour qu'elle soit plus paisible que perturbée, pour qu'elle soit belle et remplie d'amour, alors j'peux l'accueillir à ce moment-là. Mais en attendant, qu'elle reste bien où elle est.

C'est bon. On est mariés. C'est pas fini JE SAIS mais on est mariés. Tout ça pour ça ahahaha. On s'embrasse, Jérémy est tout timide, alors j'me mets à rire dans ses bras. On nous rappelle que y a des affaires à régler. Signer, et oui. Nos témoins viennent avec nous, on lit, Jérémy surtout, je parcours juste. Je deviens sérieuse, et puis je lis nos noms, le nôtre maintenant. Je recule un peu de la feuille. Mon regard vient immédiatement chercher ceux d'Adé et Misao. Ils sourient, même Adé. Je soupire doucement. Qu'est-ce que je fous, quelle idée putain ? Je lis un encouragement dans les yeux d'Adé, un peu plus goguenard du côté de Misao, et j'attrape ce foutu stylo. Je signe le papier avant de le reposer. Observer un peu cette signature, encore une fois "Evrard Williams". Et puis Jérémy. Pendant que le Maire nous souhaite ses voeux, nos regards se croisent, j'ai un rictus bref l'air de dire "Mec on est des fous pourquoi on fait ça ???" avant de me remettre à rire. Ouais on est des oufs, mais la vie de moi on arrive avec notre armée de fous bisounours. Et personne va rien faire.


Et puis on sort, on rigole, on se prend dans les bras, y a des larmes et des rires, finalement la routine quoi. Ca change rien, à part qu'on est tous heureux j'crois. On retourne à l'auberge, faut manger, puis se changer. Moi, j'm'en foutais un peu à la base, d'être bien habillée pour l'église. J'ai été convaincue quand on a dit qu'on irait faire la fête vite après. Alors tant qu'à y être, autant tout donner. Mais j'voulais un truc stylé. J'voulais pas une robe classique. Avant d'aller l'enfiler, on mange, et évidemment, Nico et Jérém' s'embrouillent. Evidemment, ils s'embrouillent pour la merde. Et évidemment, Justine soupire, Aria et Asb rigolent, Adé les ignore et Alice sourit dans son coin. Moi, je reste debout, mon assiette à la main, laissant les places assises. Je suis dans un coin de la terrasse, pour voir tout le monde, sans trop m'en mêler. Comme d'hab. Je regarde Jérémy servir, prendre la place malgré lui, faut bien dire qu'il est Feu. Enfin, l'autre Feu de la pièce traine pas loin de moi, j'sais qu'il est heureux d'être mon témoin mais de là à passer 2 jours avec tous les hyperactifs qui m'entourent j'suis moins sûre. Quand Jérémy vient vers moi, j'lui rappelle gentiment qu'il va falloir qu'on aille se préparer. Et que je suis pas la seule à devoir être coiffée. Mais il résiste pas et moi non plus à une foule de bisous, et je ris, dents découvertes, alors que tout le monde nous répète qu'il faut qu'on y aille. Asb finit par le convaincre de filer, je suis les filles en étant bien persuadée que si je décide de décaler mon mariage, j'paierai juste le prêtre un autre jour il va pas m'emmerder oh.

On va se préparer avec les filles. Elles m'aident à enfiler ma robe, finalement pas si compliquée que ça à enfiler. Les voilages se posent comme prévu sur mes bras. C'est pas la première fois que je l'essaie, mais c'est la première fois que je vais être coiffée en même temps. Je tresse mes cheveux moi-même, c'est Alice qui vient fixer la couronne pendant qu'Aria me maquille. Je les félicitent environ 15 fois. Parce que cette robe. J'savais ce que Jérém' avait demandé. Moi, j'ai demandé une robe pour moi, et cette nouvelle vie. Cette nouvelle vie de nous. Le rouge, c'est ma couleur, et la sienne. C'est ma colère et la sienne, c'est mes cheveux et son élément, c'est notre force. Le noir, c'est moi, l'intensité, le calme, l'eau profonde, la part de sombre. Le doré, c'est lui. Un détail, important. C'est la lumière, la douceur, ses yeux et son éclat. On voit les cercles à mes bras. J'ai longtemps, longtemps hésité à me morpher pour le jour J. A effacer les cicatrices. A enlever un peu tout ça pour paraître mieux. Et puis c'est Roman qui m'a dit "Meuf, toi, paraître ? C'était une autre époque." et il a raison. C'était une autre époque. J'ai pas besoin d'effacer tout ça. C'est comme ça, c'est tout. Ca m'empêchera de rien. Alors une fois un maquillage léger mais millimétré par ma maquilleuse préférée, on décolle, elles d'abord, moi en suivant.

Mon seul regret, vraiment, avec ces traditions de merde, c'est que j'vais rater l'entrée de ceux que j'aime. Ils en profiteront sans moi. L'autre désavantage, c'est que tout le monde va me regarder. J'en ai déjà fait des entrées fracassantes, où tout le monde me regarde. Mais ça aussi, c'était une autre vie. J'ai un noeud au ventre, les mains pas sereines, pas encore moites non plus. Bordel. Quand je sors de la voiture, je me rappelle qu'il faut pas que me morde les lèvres, mes ongles sont déjà enfoncés dans mes paumes. Et puis en dehors de l'église, y en a qu'un seul qui m'attend. Et si j'avais eu des craintes sur comment ça s'était passé avant, toutes s'envolent immédiatement : Roman pleure toutes les larmes de son corps en me voyant. Toutes. S'il se permet de pleurer, c'est que tout va bien. Je ris, un peu consternée.

Ro', c'est pas maintenant qu'il faut pleurer...
Oooooh ta gueule viens dans mes bras putain...

Sa voix est larmoyante elle aussi, et il m'attire dans ses immenses bras. Je ris de plus belle, pose ma joue contre lui, jusqu'à ce qu'il me libère. Je lève les mains jusqu'à son visage, essuie doucement les litres d'eau sur ses joues.

Je t'ai connue belle, mais comme ça, jamais.
Et depuis quand tu t'permets de me dire que j'suis belle sans que je t'y autorise ?
Depuis quand j'attends ton autorisation pour quoique ce soit Princesse ?
Ta gueule.
Ta gueule.

Je sais que c'est pas le mieux, insulter ses potes. Mais là, avec tout ce stress, ça me rassure plus que jamais. Je m'accroche à son bras, respire un coup. Il attend gentiment que je sois prête, et puis, on y va. Juste avant de passer la porte, il me souffle.

Merci pour cette entrée avec moi.

Quel gros con. Ca m'arrache un sourire. Ouais, celle-là non plus j'la ferai pas sans lui. On rentre dans l'église, tout le monde est debout, j'avais oublié j'm'y attendais pas, je serre plus fort le bras de Roman qui tremble pas. On s'avance tranquille. Mes yeux parcourent l'assemblée. Tout le monde est beau. Tout le monde. Et j'suis heureuse de voir tout le monde. Je souris un peu. Et puis enfin je vois Jérém'. La. Vache. J'ai déjà dit que c'était le plus beau de tout Terrae ? Le meilleur coup aussi non parce que autant le rappeler t'sais. Ouais, même dans l'église, j'en ai : rien à foutre.

Il est incroyable dans cette tenue. Juste, incroyable. Je le lâche pas du regard, y a Misao ET Nicolas le retiennent, moi j'reste aggripée à Ro' jusqu'à ce qu'il lie nos mains. J'ai une soudaine envie de me tourner vers tout le monde en disant "Hey guyyyyyyyyyys LOOK ITS MY HUSBAND DUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUDE" mais on va se retenir on est pas encore bourrée.

Les larmes dans les yeux de Jérémy se devinent aussi fort que ça se voit que j'ai un nez. Le prêtre commence à parler, mais je le lâche pas du regard non plus, et je souffle.

Don't cry now Chatteur.

Attends-moi, j'arrive dans pas longtemps. J'écoute un peu le prêtre, je fais l'effort, j'ai promis. Vient la minute de silence. Ma gorge se serre. J'aurai aimé que Nina le rencontre. J'aurai aimé qu'elle soit là. C'est la seule qui manque à l'appel dans la courte liste des gens qui me sont chers. Tous les autre sont là, à quelques mètres à peine. Tous et toutes. Je me dis aussi que pour Jérémy, c'est fort. C'est sa maman. Il voulait avoir une famille comme elle. J'aurai aimé qu'elle soit là, elle aussi. Lorsque le prêtre reprend, je souffle de nouveau, comme une élève indisciplinée. Ce que je suis finalement.

Elle est si fière de toi, c'est sûr.

Aucun doute dans ma voix. Je lui souris. Là tu peux pleurer Chatteur. Pendant qu'on prie t'façon, t'as quoi à faire d'autre hein ? En attendant j'le lâche pas du regard. On est plusieurs à pas baisser la tête ou les yeux, on est plusieurs à pas prier, parce que c'est pas notre truc. Mais j'serai patiente parce que Jérémy aura sûrement des choses à lui dire à son dieu, alors j'attendrai.

Jérémy sourit et lève les yeux au ciel quand Elwynn lui dit de ne pas pleurer maintenant. Oui. C'est vrai qu'il risque de le faire plus tard de toute manière. Plusieurs fois ? Aussi. En tout cas ça va arriver et il faut éviter la déshydratation. Il la regarde tout le long du discours, fait glisser son pouce sur le dos de la mains de sa femme au moment où le prêtre fait mention de Virginie et Nina. Il lui soufflerai bien que si cette dernière était là, elle se ferait remarquer de toutes les manières possibles mais qu'elle aurait été là pour elle, du peu qu'il sait, qu'il a compris... Elle doit le lire dans ses yeux. Une première prière pour le Seigneur est annoncée ensuite, comme pour attirer son attention sur la petite église paumée et la grande célébration qui s'y déroule. Jérémy doit lâcher Elwynn malheureusement, des mains, du regard, lancer son premier "Amen" avant d'attendre que le Père Jules lui tende une version de poche de la Bible.

Il la connaît, pas par cœur, mais fut un temps, il l'a bien connue. Il sait exactement où aller pour trouver le texte qu'il a choisi, un passage des textes qui lui fait penser à Elwynn, à eux, à ce que ce jour veut dire pour lui... C'est pas obligatoire, mais... Traditionnellement. Voilà. :

-Frères, parmi les dons de Dieu, vous chercherez à obtenir ce qu'il y a de meilleur. Eh bien je vais vous indiquer une voie supérieure à toutes les autres. J'aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, si je n'ai pas la charité, s'il me manque l'amour, je ne suis qu'un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J'aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères, et toute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu'à transporter les montagnes, s'il me manque l'amour, je ne suis rien. J'aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j'aurais beau me faire brûler vif, s'il me manque l'amour, cela ne me sert à rien.

L'amour prend patience, l'amour rend service, l'amour ne jalouse pas, il ne se vante pas, ne se gonfle pas d'orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne s'emporte pas, il n'entretient pas de rancune, il ne se réjouit pas de ce qui est mal mais il trouve la joie dans ce qui est vrai, il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L'amour ne passera jamais.

Pour ceux qui ont connu Jérémy d'avant, Jérémy pleins d'orgueil et de certitudes, Jérémy à qui il manquait tant, pourtant la base,... ça doit faire quelque chose.

Ensuite, l'église entière doit chanter... Soit bien peu de monde car les textes sont difficilement traduisibles parfois et j'ai pas envie de calculer le pourcentage de français ou d'à peine francophone dans la salle. :

-Ainsi tu me vois, Seigneur,
Comme une nuit d’hiver, sans étoile et sans vie
Mais la nuit la plus froide peut faire naître le jour,
Des jours de paix, des jours d’amour. dit le Père entre chaque refrain.

Notons que, contrairement à la plupart des ecclésiastiques, il fait l'effort de mettre du ton dans sa voix, ne pas la rendre monotone. Surtout sur sa lecture du passage de l'Évangile et la traduction qu'il en fait. Le bonhomme, il veut que même les non-cathos vivent un bon moment : s'ils ne croient pas, qu'ils profitent au moins de l'histoire, du conte.

Viens un moment que Jérémy redoute un peu ; le sacrement, puisqu'il commence avec un mot des témoins. C'est Nicolas qui s'avance, sortant une feuille de sa poche sans l'ouvrir, la gardant dans sa main. Il l'a dû la relire tant de fois qu'il la connaît par cœur, se dit Jérémy... pourtant... Nicolas sourit et parle comme s'il improvisait. :

-Nous. Alice et Asbjorn, vos amis. Misao et Aria vos meilleurs amis. Adélaïde, la sœur d'Elwynn. Et moi, Nicolas, le frère de Jérémy. Sommes ici aujourd'hui pour célébrer votre union. Devant le maire, devant Dieu,... devant le monde entier. Et... C'est un honneur. C'est votre journée, certes, mais c'est un cadeau que vous offrez aussi. Nous savons votre amour et vous voulez le partagez. C'est-... il inspire... Plus qu'une joie. Tellement plus et vous le savez. Vous nous faites confiance aujourd'hui alors sachez que demain, vous pourrez toujours le faire. Vous pouvez compter sur nous. Soyez heureux. Peu importe où, peu importe devant qui. Nous vous le souhaitons. Tous ensemble.

Jérémy doit desserrer la mâchoire pour avoir un sourire... et éventuellement donner un coup de coude à Nico qui est ému lui aussi -non mais sans déconner, si lui ne pleure pas encore, hors de question le frérot le fait uesh.

C'est suivi d'une autre prière... La parole de Dieu. Le Père Jules a pris le temps que tout le monde souffle un peu avant de balancer tranquille que Dieu est le Père tout-puissant, le Créateur et tout ça parce que la foule en a besoin... Ce qui est terrible pour Jérémy quelque part. Lui qui a longtemps été un dévot, il n'a qu'une envie : que tout se termine, qu'ils aillent faire la fête et qu'ils mangent, qu'ils dansent,... A en oublier la Parole de son Dieu... quand sa déesse se tient près de lui, même Lui ne compte pas. Il ne compte plus. C'est bien le moment de s'en rendre compte, DEVANT L'AUTEL, salaud. :

-Avec Jérémy et Elwynn, nous avons écouté la parole de Dieu, qui révèle la grandeur de l’amour humain et du mariage. Le mariage suppose que les époux s’engagent l’un envers l’autre librement et sans contrainte, qu’ils se promettent amour mutuel et respect pour toute leur vie. Jérémy et Elwynn, est-ce bien ainsi que vous voulez vivre dans le mariage ?

OH BORDEL C'EST LE MOMENT ! Jérémy a les mains moites -c'est rare. :

-Oui.

-Devant tous ceux qui sont ici réunis, en présence de Dieu et de l’Eglise, donnez-vous la main et échangez vos consentements.

Jérémy pivote pour enfin faire de nouveau face à sa femme. Léger moment de panique. Il fouille ses poches, trouve ses vœux. Marmonne en cherchant son texte, tremblant. Il ne voit rien, c'est tout flou. :

-Euh... il y a un long silence avant qu'il n'abandonne totalement le bout de papier pour regarder Elwynn dans les yeux. Elwynn, je t'aime. Je veux être égoïste. Pas l'égoïste que j'ai été pendant longtemps, un égoïste pour toi. Je veux être là pour te rendre heureuse, pour t'entendre rire. Je veux être à tes côtés quand tu pleures, quand tu es en colère. Je veux te voir danser le matin, t'entraîner le jour et rentrer te doucher à la maison le soir. Je veux tout ces petits bonheurs pour te le rendre en plus énorme. Te faire venir dans une église une fois pour que tu m'acceptes dans ta vie pour toujours. Le regard de Dieu, de Terrae, de tous les autres,... finalement... ça pèse pas lourd devant tes yeux. Je veux être ton ange pour te dire que j'ai trouvé ma maison. Tes yeux. Ce sont tes yeux. Elwynn... Aimerais-tu être ma femme ?

Jérémy est sage mais ses yeux n'en disent pas moins. Il s'amuse de ce que je lui glisse, et puis me regarde intensément quand Nina et Virginie arrivent dans le discours. On aimerait tous les deux qu'elles soient là. On sait tous les deux qu'elles seraient heureuses et fières. Et cette certitude, juste entre lui et moi, elle est significative de tellement plus. J'entends Roman qui renifle, me retient de rire et puis j'écoute Jérémy.

J'ai toujours pensé que les textes religieux c'est full bullshit. J'vais être franche, je n'en connais aucun non plus, mais je pense vraiment que c'est rempli de conneries. La force de Jérémy, pour moi, c'est de voir que pour lui ça l'est pas, et d'arriver à y croire entièrement. Je sais comme c'est important pour lui, et j'ai aucun mal à croire qu'il y trouve vraiment de quoi lui faire du bien. Alors pour ça, j'écoute, je le lâche pas du regard. Et ce qu'il en dit, au final, c'est pas plus vide ou con que ce que je peux dire moi-même quand je parle de ce que je ressens. Est-ce que je viens de comparer ce que je peux dire à un texte sacré ? Est-ce que finalement le but c'est pas de trouver son compte dans ces textes et au final c'est le but, que mes mots s'y retrouvent ? Hm.

J'en ai rien à foutre il est trop beau et cute à lire son texte. Jusqu'à ce que le texte parle de lui. De Jérémy-du-con. Ouah, back to the old times hein ? Mes lèvres se pincent. Ouais ça a pas commencé tout rose parce que tout ça, tout ce qu'il dit, c'était pas évident. Ni pour lui, ni pour moi. Ca fait sens, ça résonne dans la petite église, sûrement dans la tête de nombreuses personnes ici. Jérémy a été un bon gros fils de chien. Et moi la pire connasse de la Terre. A croire que les comédies romantiques ont raison. Les p'tites vieilles sauveront la Terre et l'amour c'est la réponse.

De ce fait, j'ai hâte d'être une petite vielle avec lui. Y a un moment on doit chanter, autant vous dire que j'me fais toute petite et que je tourne le dos à tout le monde, je cherche le regard de Misao. Aled mec, j'ai signé pour ça mais aled quand même. Je lui fais un sourire en coin, sa tête a au moins le mérite de me faire rire.

On arrive au moment où les témoins peuvent parler. Je ne m'attends à rien. Je suis juste heureuse qu'ils soient tous là. C'est Nicolas qui vient en premier, avec sa nonchalance habituelle. Je lui adresse un grand sourire, il a l'air à l'aise, je suis très sereine. Je sens bien que Jérémy l'est bien moins que moi. Il donne leur prénom à tous, et ça me serre le coeur. C'est un bout de tous ceux qui seront liés à moi maintenant. Encore plus qu'avant. Les mots de Nicolas sont simples. Rapides, brefs, concis. A sa manière, il a réussit à concilier les mots de tous nos amis, de nos familles. Et l'important : la confiance. Mes lèvres se tordent un peu, retenant des larmes. Ah, c'est mon tour. Je souffle du nez, heureuse, clignant vite des yeux pour pas que ça coule. J'apprécie qu'il ait dit aussi devant n'importe qui. Dieu on te voit, Nico te pète la gueule avec moi, sheh, j'espère que t'as une bonne mutuelle.

Puis le Père reparle, et je sais que j'ai dit oui pour ça je le sais je SAIS mais c'est long, je cherche Lottie du regard, j'espère qu'elle s'impatiente pas trop la pauvre, promis après on ira faire la fête. Je croise le regarde de la petite, et lui glisse un clin d'oeil complice, un peu secret, comme si personne d'autre qu'elle ne pouvait me voir. La caresse des pensées d'Alice touche les miennes : Lottie est entre de bonnes mains.

Le prêtre s'adresse à nous de nouveau, disant qu'en gros on s'aime comme on veut. Devant qui on veut. Et. Encore. Heureux. Bah ouais, on a changé avec Jérém', mais tout le monde le sait. On nous impose rien en ce qui concerne notre couple.

Oui.

Je sens que Jérémy panique. Etrangement, je suis beaucoup plus calme que juste avant d'arriver. Il est là. Alors pourquoi j'aurai peur de quoique ce soit ? Je vois qu'il panique, je le vois dans son regard qui croise le mien, ses mains qui tremblent, son papier tout froissé. Je tends doucement ma main vers les siennes, et la pose contre. Tout va bien. Je suis là. Il finit par abandonner le papier.

Et ça fonctionne bien parce que je me prends ses mots de plein fouet. J'en ai essuyé des colères, des pleurs, des craintes. Des chocs, des insultes, des annonces tragiques. Mais y a jamais rien qui a été plus violent que les mots d'amour avec moi. Et les siens c'est des lames. Ceux-là me font l'effet d'une lance.

Et pourtant, ça n'a jamais été aussi réconfortant de l'entendre. Mon sourire s'agrandit doucement, pour finir par laisser entrevoir mes dents, et une petite larme dans un coin de l'oeil. J'ai rarement autant voulu quelque chose.

Oui, évidemment.

C'est à moi. Ahaha. J'y ai pensé. A préparer un truc. Je savais que ça allait arriver. Tout ce que j'ai écris, j'ai jamais réussi à apprécier. Alors j'ai rien. Je prends une grande respiration. Bloque. Je cherche dans son regard, dans ses yeux à lui. Et puis je souris, et recommence à respirer.

J'imagine que mes voeux changeront pas de d'habitude. J'ai jamais aimé quelqu'un d'autre que toi comme ça. Je veux continuer de grandir et de vivre avec toi. Et je veux qu'on soit heureux ensemble, peu m'importe le reste. Je veux qu'on soit bien ensemble, et avec ceux et celles qu'on aime. Je veux que tu sois ma famille.

Mon rire est bien humide et j'attrape ses mains. Faut qu'un truc me retienne.

Alors je te redemande : tu veux bien m'épouser ?

Ils se tiennent les mains, Jérémy s'accroche presque en vrai, comme s'il avait peur de couler, peur de voir Elwynn s'enflammer. Non, ce n'est pas de la peur... C'est de la vérité. Il a toujours cru en ce qu'elle disait, chaque mot d'Elwynn est absolu dans son âme ; qu'elle le traite de connard ou de p'tit ange. Absolu. Et il veut réellement tout donner pour elle, croire en lui aussi fort qu'elle croit en lui. Croire en eux. Le mot "famille" dans le discours de sa femme le détruit, en bien. Y'a le dernier pilier de ces peines qui disparaît d'un coup de poing avec une force magistrale, rasant définitivement la place pour enfin construire quelque chose... S'il pouvait s'étoiliser à nouveau, ce serait peut-être à ce moment. Elwynn l'attrape et il fait de même dans le même mouvement. Ne pas s'effondrer maintenant. Il renifle et pleure, cette fois sans retenue, avant de répondre avec un sourire éclatant. :

-Oui ! Évidemment !

Pour ceux que ça intéresse, le Père Jules a failli louper le moment où il devait reprendre la cérémonie parce qu'il observait sagement les mariés avec une main sur les lèvres, genre "regardez-moi comme ils sont choupis... OH C'EST A MON TOUR".

C'est Charlotte qui ramène les alliances. Qui ne sont pas des bagues. C'est Nicolas qui réceptionne sa petite sœur et la boîte qu'elle tient. Le prêtre bénit brièvement les bijoux à l'intérieur avant qu'elle ne soit enfin montrée aux mariés et- OH. Ok. Ce sont bien des anneaux à mettre au niveau des bras, comme Elwynn et lui l'avaient demandé. Ils ne sont pas fermés, pour que le bijou s'adapte autant en-dessous qu'au-dessus des vêtements. Le plus large des deux est fait d'or et il accueille deux bandes noires à l'intérieur, rappelant le tatouage d'Elwynn... Le deuxième est plus fin, pas forcément féminin puisqu'il reste assez épais même s'il l'est moins que l'autre. On dirait de l'or blanc tressé... Le bijou d'un guerrier archange tombé du paradis. Quand Jérémy s'en empare pour le placer au bras droit d'Elwynn, il tremble un peu, n'a jamais eu autant envie d'être délicat et de retenir chacun de ses gestes pour en rêver jusqu'à la fin des temps.

C'est juste après que le Père Jules les encourage à s'embrasser. Jérémy perd un peu de neurones encore, tressaille sur place avant de, limite, se précipiter sur sa femme. Le baiser qu'il lui donne là n'a rien à voir avec celui timide à la mairie... Il la tient, contre lui, caresse ses cheveux, et s'ils s'éloignent un peu, il la rattrape à chaque fois. S'il y a des applaudissements, il ne sont pas aussi forts que les éclats de son cœur tout contre elle.

...Vous croyez que c'est fini ? AH ! Non.

Le prêtre attend que le calme revienne, sourire aux lèvres, avant de reprendre avec la "bénédiction nuptiale"... Ouais... Les cathos sont chelous. Mais celui-là est cool, restons gentils. Car au lieu de faire des grandes métaphores sur l'éducation chrétienne que le couple "devrait" offrir à leurs potentielles progénitures, il les encourage à offrir un foyer où n'importe quel enfant s'y sentirait en sécurité. :

-...y compris celui et celle que vous avez été. ajoute doucement le Père, juste pour eux, en les regardant avec émotion, avant de reprendre cette fois plus fort. Que leur amour, semblable à ton amour, Seigneur, devienne une source de réconfort, qu’il les garde attentifs aux appels de leur prochain, et que leur foyer soit ouvert aux autres. En s’appuyant sur leur amour, avec la force de l’Esprit, qu’ils prennent une part active à la construction d’un monde plus juste et fraternel. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

Tout le monde chante de nouveau, pour "participer" au bonheur des mariés. Une chanson encore une fois choisie par Jérémy, la chanson préférée de Virginie. :

Leurs mains sont une amarre,
Malgré les vents et les tempêtes de leur vie ;
Leurs mains deviennent un phare
Pour reconnaître et pour reprendre le chemin dans notre nuit.

Merci à ceux qui aiment,
Puisque c'est eux qui nous font vivre et espérer !
Leur vie, en un poème,
Chante qu'il faut aimer pour vivre
Et qu'il faut vivre pour aimer.

Oui y'a le thème de l'eau et un peu du feu tout du long de la chanson, il n'y a aucune subtilité dans ce choix... On s'en fout j'ai pas le temps d'expliquer.

PARCE QUE C'EST PAS FINIII ! Y'a la prière des époux, qu'ils lisent ensemble ou chacun leur tour... Et puis la prière universelle, dite par les témoins et chantée par le reste de la salle... Et puis l'eucharistie... Alors l'eucharistie pour les païens, c'est la célébration du sacrifice de Jésus... ............J'AI MIS SIX MOIS A PLANIFIER CE MARIAGE VOUS ALLEZ SUBIR CHAQUE ETAPE. Hm. Alors. Le prêtre prie, c'est v'là long, le texte fait dix kilomètres, blablabla... Brève prière aux défunts -déso les filles encore une fois j'ai pas le temps-, saupoudré d'un Notre Père. Oui c'est bientôt fini, vous l'aurez votre fête BON SANG ! Mais avant, distrib' d'hosties, spoiler alert : c'est pas bon on dirait du carton MAIS les mariés ont droit de goûter au vin et pas vous CHEH. Petite prière de clôture. C'est long.

Le Père Jules offre sa dernière bénédiction aux mariés. Il tend à chacun un sac de tulle dans lequel se trouve un chapelet... Un chapelet tout simple, en bois... Rien à voir avec celui que possède Jérémy, avec les perles de verre... Dernière prière, dernier Amen avant de signer les registres de la paroisse de la Sainte-Famille parce que oui... les catholiques ont des livrets de famille qu'ils doivent tenir à jour je ne déconne pas... et pendant ce temps de chaos où témoins et mariés doivent signer plusieurs exemplaires du même papier, les invités peuvent former la haie d'honneur, jeter des fleurs au passage des mariés sortant de l'église pour enfin aller faire la fête... là. VOUS ÊTES CONTENTS ?!




La salle des fêtes du village est... étrange. Elle a toujours été là, dans les souvenirs de ceux qui ont grandi là. Elle accueille des fêtes certes, mais aussi des concerts, des spectacles... même de gens connus s'ils aiment s'y perdre !... Vous connaissez Fred Blondin ?... Ah... Bon disons moyennement connus. Enfin bref, cette salle est immense pour un trou paumé. Cinq cent places assises dans une pièce octogonale. Des coulisses, une cuisine toute équipée, un bar du côté de l'entrée public, une double-porte pour l'entrée des techniciens... Clairement l'endroit le plus logique du coin... A ceci près que si on sort on a une vu imprenable sur les bois. Oui. Les bois où Jérémy, Nicolas et Justine ont grandi. Le nid de drogués et de petits gangs de gamins autrefois, même si les choses ont changé. L'orée accueille aujourd'hui tout un petit havre de paix pour ce jour spécial.

Tout le monde y arrive en voiture de collection grâce à Jacky, ou en téléportation pour ceux qui voulaient/pouvaient pas assister à la cérémonie. Il y a, dès leur arrivée, un petit groupe du coin qui joue de la musique pour animer le vin d'honneur. Dans l'entrée de la salle, il y a des jeux, le bar donc, un coin pour les enfants avec un stand de sucreries et des jeux pour tous les âges -oui même les grands s'ils veulent duh. A côté du livre d'or que les invités peuvent remplir à leur guise, il y a un atelier de couronnes de fleurs et, un peu plus loin au calme, un endroit avec des tapis, canapés et luminaires pour les timides, les introvertis où simplement ceux qui veulent un instant de répit avant le dîner, puisque les mariés vont partir dans les bois faire quelques photos avec Huo pour immortaliser ce moment...

Donc oui. ENFIN. Open bar pour vous cette fois. Si personne ne poste après ça cette fois j'vous jure j'pète un plomb.

Le matin (c'est pas important mais c'est marrant):

Les différentes cérémonies ont été fortes en émotions, de deux manières bien différentes. Le nom des mariés pour le premier, très administratif mais lourd de sens. La célébration de l'amour pour le second, et merci au Père Jules d'avoir fait son maximum pour vraiment diluer l'aspect ultra-religieux d'un mariage catholique. Nicolas s'est même surpris à sourire, dans une église oui, comme quoi les miracles... Après, il déclarera peut-être qu'il s'est laissé bercé par la joie ambiante, l'amour qui irradiait d'Elwynn et Jérémy presque littéralement d'ailleurs, pour un Sensitif en tout cas...

Peu importe, tout au long de la journée, il reçoit des comptes-rendus par sms de Rat et Cynthia. Rat surtout pour rappeler que malgré tout, leur sécurité est assurée par la partie du gang encore active... Cynthia, qui n'avait pas voulu voir la cérémonie, racontait tout de même chaque étape de sa préparation pour saluer les mariés à la fête. Nicolas était complétement perdu dans ses explications dès qu'elle lui a demandé si "la couleur lavande en robe, ça abuse pas trop ?... j'en ai une rouge mais j'ai pas envie de faire de l'ombre à la mariée, enfin tu sais !"... Et de fait, non, Nicolas ne savait pas. Mais comme il aime l'odeur de la lavande, la couleur doit pas être dégueu.

Bref, après s'être acquitté de sa tâche de témoin, il devait maintenant faire sa tâche de frère honteux de la famille... et aller voir Luna au bar de la salle des fêtes pour une coupette de n'importe quel alcool, à ce point il s'en fout. :

-Quelque chose te tracasse.

Nicolas sursaute légèrement avant de jeter un œil sur Justine qui semble être apparue de nulle part, elle aussi avec un verre à la main. Elle avait une robe noire, les reflets donnaient l'impression qu'elle portait une peau de reptile... Vipère donc. :

-J'essaie juste de me détendre. ment-il. C'est difficile quand la journée n'est pas encore fini et y'a encore mille trucs de prévus qui doivent pas partir en vrille.

Elle le regarde de biais, sourit, lui signale que s'il la cherche, elle va rester avec Aria, lui présenter Rat s'il se décide à venir profiter de la fête. Nicolas plisse ses paupières en serrant la mâchoire mais se décide à ne rien dire... Il finit son verre à la place, sous les sons de violons et d'accordéons de la petite bande de musiciens et retourne au bar. :

-Luna ! La même stp, j'dois checker des trucs après.

__–« Pourquoi… pourquoi est-ce que je fais le trajet avec vous, p’tits morpions ? »
__–S’il me répond « pour économiser un post », je saurai que ça aura été le joint de trop.
__–« Euh bah chaipas, par hasard ? »
__–Ok ça va, la réalité ne s’est pas encore effondrée.
__–Nan mais sinon, il est classe, le p’tit Aylan, dans son caftan, là. Lola aussi, elle se démerde, niveau tenue, même si c’est moins formel. Moi, euh… Disons que ça va, je suis présentable. Si vous voulez, quand j’ai reçu le carton d’invitation, je suis allée pleurer dans les jupes de Pandora en mode « au secouuuurs j’ai rien à me mettre » et résultat, un costard. Avec un fut hein, vous me verrez jamais en robe ou en jupe, certainement pas. Du coup, ça plus ma dégaine et ma carrure, il me manque qu’un brassard jaune et ça y est, je passe pour quelqu’un de la sécurité plutôt qu’un convive, mais bon, hein, hé. Heureusement qu’il y a ma canne pour qu’on puisse pas confondre. Et l’orchidée dans mes cheveux. Et celle dans ma poche de torse. Ouais, ok, peut-être que c’est juste moi qui angoisse un peu et me fais des films, en fait.
__–Le patelin est… Euh… Ouais non c’est moche comme coin. Genre, même pour mes standards de Brésilienne habituée à l’architecture de littéralement le Tiers-monde, c’est moche. Heureusement qu’il y a les copains. Tout le demi-millier. On a fait exploser la population de la commune, là.
__–Par contre, leur pâté de campagne, je vais chialer, c’est trop bon ça bordel. Ah ouais, je comprends que les Français soient du genre à lancer des guerres civiles pour savoir qui a inventé quelle tartinade.

__–Je saute jusqu’à l’arrivée à l’église, soit le moment où je suis mon prof d’arabe et sa go (’faudra qu’on discute un de ces quatre, c’est quand-même la fille d’Ariana, une titanide et donc ma voisine) pour trouver une place. Et bon bah je vais me mettre à côté d’eux, c’pas grave. Déjà, pas mécontente d’avoir une place assise.
__–Sinon, ce sera ma première fois à un mariage. (Aylan non, c’pas possible, il a tout vécu ce p’tit con.) Du coup y’a la procession des parents, des mariés et garçons et demoiselles d’honneurs et, pouah, ils ont rien fait à moitié. Par contre, c’est pas censé être blanc, une robe de mariée ? Je crois. Après, me faites pas dire ce que j’ai pas dit, le rouge ça lui va carrément mieux comme couleur à Elwynn, pfiouh. Même Aylan siffle à côté de moi et lance un « Wouaaaah ils sont trop jolis ! » à voix haute, au cas où y’en a qui auraient pas l’info.
__–Et bref. On s’tait et on apprécie. Ça fait un truc de voir des potes se marier, quand-même. À les voir tous les deux, ça me rappelle un film de Tarantino, mais j’vais rien dire.
__–Ils échangent leurs vœux. Ça fait « aaawn » dans la salle. Je regarde à côté de moi. Aylan, qui a pas lâché Lola depuis le début, lui serre la main un peu plus. Est-ce qu’il s’y voit ? Il est un peu jeune pour ça, mais… Je peux comprendre. Quelque part.

__–Et putaiiiiin mais c’est vrai qu’il est catho Jérémy. (Oui, non, le fait qu’on soit dans une église ça m’avait pas mis la puce à l’oreille.) Nan mais du coup, quand il a commencé à me parler de Dieu et tous ces trucs, pendant quelques instants, j’ai cru qu’il déconnait plein tubes. Ah puis bordeeeel il faut chanteeeeer. Heureusement que j’ai deux francophones à côté de moi, je vais me caler sur eux, ce sera plus sûr. Je vais rien biter à ce que je vais lire, mais c’est pas vraiment ça l’important, je crois.
__–…
__–Par contre, c’est moi où il remplace « Dieu » par « Allah » ? Huh.

__–(N.d.a : Karen est venue, mais a utilisé le prétexte qu’il n’y avait pas la place pour refuser de mettre les pieds dans une église catholique.)

__–’fin bref. Go gérer le bar, en fait. Évidemment qu’on a pensé à moi pour cette partie, j’ai bien sûr demandé à ce qu’on prenne des photos pour les mettre sur mon mur, à Terrae. Alors, hors de question de se foutre de la gueule du monde : c’est moi qui paye. Enfin. C’est la boîte. Mais c’est moi qui paye. Nicolas est venu me voir en mode nooon mais laisse-moi au moins te défrayer, j’ai plein de pognon, tellement que je sais pas quoi en fouuuutre, je lui ai dit, mon gars, écoute, Jérémy et Elwynn ce sont mes potes, t’es mon pote, alors voilà mon RIB.
__–Oui non ’faut pas déconner, à un moment. J’veux bien faire aucun profit, ça normal, mais m’endetter bof.
__–Ariana passe me voir – meuf t’es tellement belle, j’ai encore plus envie de toi c’est chaud, heureusement que je sais rester un minimum professionnelle –, me fait hésiter…
__–« Un truc pas trop alcoolisé parce que la teuf fait que commencer mais bien réjouissant, genre un cocktail, ça t’irait ? Au fait, ta fille est passée un peu avant, elle m’a demandé un jus de tomate, je pensais pas qu’à cet âge on pouvait y mettre autant de tabasco. »
__–Aylan m’a demandé un sirop de canne. Le truc que j’utilise pour les mojitos. Donc vraiment de l’eau au sucre. Ça lui ressemble, y’a pas de doutes. Et quitte à parler de couples, j’ai servi des diabolos à l’autre en formation, celui de Minoru et Karen, là. Après tout, on est en France, Justine m’a longuement expliqué le concept, du coup j’en propose.

L’organisation leur a pris un temps fou, mais heureusement, Ariana peut compter sur, non pas une surconsommation de caféine comme Nicolas, son traitement qui l’aide à se canaliser. C’est donc énergique, ferme et enjouée qu’elle a peaufiné les derniers détails, afin que ses meilleurs amis puissent avoir le plus beau mariage de leur VIE. (Bon, elle dit pas qu’il y en aura un deuxième mais vous avez COMPRIS NON ???) Il se peut qu’elle n’ait pas énormément bénéficié de la joie d’un sommeil réparateur non plus, tant elle est excitée et heureuse. Et qu’elle était à la bourre pour finir les broderies sur le costume de Jérémy hihihiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii. Mais tout a été fini dans les temps, avant de partir, et le mariage à la mairie s’est même parfaitement déroulé. Elle a pleuré toutes les larmes de son petit corps, et a été contrainte d’utiliser sa magie pour éviter que ça ne nique complètement son maquillage. Et puis il fallait être forte et faire des pouces en l’air à Jérémy et Elwynn (surtout Jérémy en fait) quand ils se tournaient dans sa direction. Nicolas et Aria ne sont pas les témoins du mariés, mais plutôt son soutien émotionnel. (Matez la gueule du soutien émotionnel, un sensitif en PLS dans sa tête et une eau qui fait que chialer, bravo hein.) En sortant, elle fait éclater des tas de feux d’artifice de glace partout autour, qui réfractent la lumière en de nombreux petits arcs-en-ciel.

Et puis, il fallait être particulièrement attentive à TOUT. Un truc de travers ? Aria est là. Tendre des mouchoirs ? Aria est là. Manger ? Aria est là. Retourner vérifier le costume du marié et faire une retouche de dernière minute, parce qu’elle est aussi stressée que le marié ? ARIA EST LÀ AUSSI. Elle est déjà fatiguée, mais jamais trop pour distribuer des câlins à ses amis nouvelles mariés.

L’arrivée à l’église, le lendemain, lui fait quelque chose… mais la cérémonie est belle, le Père Jules plutôt sympa.

Jérémy magnifique dans son costume, et elle est soulagée comme jamais quand elle le voit debout, perdu mais brillant, tout doux dans son blanc pur, Louisa qui l’a quitté à peine quelques instants plus tôt pour aller s’installer, toute douce et souriante. Sa poitrine se gonfle de fierté et de joie à le voir ainsi. Elle serre un peu plus le bras de Nicolas, lui sourit plus fort, sourit à Jérémy. On aurait pu penser qu’elle aurait la même énergie que celle qu’elle utilise au quotidien, mais dans une église, elle n’est de toute manière jamais vraiment elle même — mélange de souvenirs et de révérence, mais aussi de crainte. Elle s’avance jusqu’à sa place dans sa robe gris et rouge, un grand noeud dans les mêmes teintes dans ses cheveux tressés.

Quand Elwynn rentre, elle pleure encore. Parce qu’elle est sublime, merveilleuse. Cette fois, c’est un autre type de fierté qui l’anime — celle de la transgression, ce rouge écarlate et ce maquillage sombre, la couronne telles deux cornes. Elle se souvient de leurs rires pendant qu’Alice et elle préparaient Elwynn pour cette entrée, de leur joie lorsque la mariée s’est observée dans le miroir. De leurs étreintes de bonheur. Tout ça guérit quelque chose en elle, encore une fois. Ils vivront tous leur vie comme ils le veulent, et plus personne ne pourra jamais les forcer. C’est ça qu’Elwynn lui renvoie, alors qu’elle entre au bras de Roman. C’est sa liberté, et par extension la leur. Aria sourit très fort, mais elle pleure aussi en continu, comme un torrent qu’elle n’ose cette fois pas retenir. Sa limite à elle, c’est d’utiliser sa magie dans une église.

Elle a beaucoup révisé les textes pour réussir à les chanter. Elle réveille sa voix, comme à la chorale il y a longtemps, plus pour Jérémy que pour elle-même.

Et bientôt, tout le monde chiale, c’est beau, la cérémonie se finit… ils peuvent applaudir dehors et crier leur joie, et entamer leur route jusqu’à l’endroit où se tient le vin d’honneur. (Ca va, le bled est petit, c’est pas très loin. Aria se sent obligée de faire COUCOU à tous les gens qui croisent leur route, l’air de dire “REGARDEZ ON EST LES CHELOUS DE TERRAE OUI C’EST NOUS”. Et je peux vous dire qu’ils font du BRUIT.)

Lola, qui est toujours avec Aylan, ne semble pas trop ennuyée, et surtout ne s’est pas encore carapatée ; BIEN.

Comme les mariés ont disparu pour la séance photo, Ariana s’est surtout arrangée pour les tenir hydratés. Non parce qu’on dirait pas, mais des mariés, ça se fait tellement agresser de partout qu’ils ont pas le temps de boire ; donc Aria fait juste apparaître de l’eau dans de grands verres qu’elle leur tend quand elle sent qu’ils sont au bout de leur vie. Et elle fait garde du corps aussi (chient de garde nan ?), genre “non mais c’est les photos là OH REGARDEZ LUNA SERT A BOIRE, ALLEZ BOIRE” foutez-leur la paix, là, j’sais pas. Elle attend donc à distance, le temps que les photos se fassent.

Quand elle sent qu’elle commence à avoir besoin de s’hydrater aussi, elle bazarde les deux verres à Misao, qui a le malheur de se trouver à côté. Non et puis il est là à rien faire, il peut bien prendre le relai, hein !

—Tiens, cadeau : quand ils ont soif, tu les fais boire !! C’est important de s’hydrater !
—… Quel verre était à qui ? Et avec quelle eau ?

…

—…
—…
—Improvise, t’es intelligent, tu trouveras une solution ! Au pire, ils vont passer la journée à se rouler des pelles, c’est pas grave s'ils mélangent les verres ! conclut Aria en lui donnant une petite tape dans le dos, avant de partir en trottinant vers le buffet.

Ptdr si Jérémy l’apprend, elle va prendre cher. (… Non c’est bon, Misao semble aller dans la même direction qu’elle pour chercher de nouveaux verres, il a l’air dépité le pauvre. Roh les psychorigides, là.)

OH, NICOLAS !!! Elle arrive et lui donne un coup de hanche. En plus, Justine est à côté !! Sa robe lui va tellement bien, bon sang. Elle avait l’air sur le point de repartir, alors Aria lui fait signe de se re-rapprocher.

—YOUHOU ! Un verre pour moi aussi Luna ! Euh, mets-moi ce que tu veux. Je prends une petite pause, j’ai laissé la mission d’hydrater les mariés à Misao, ça devrait être dans ses cordes !

Aria lance un grand sourire heureux à Tina et lui fait un bisou sur la joue, sautillant presque. Elle lui avait promis de lui faire rencontrer son meilleur ami s’il daignait se pointer, alors voilà, évidemment qu’elle serait là pour le rendez-vous ! ENFIN PAS LE RENDEZ-VOUS MAIS LE EUH Alice lis pas ses pensées stp elle va se sentir obligée de se justifier.

—Ta robe te va trop bieeeeen ohlala. Tu as ce qu’il te faut ? Ah oui.

Bah oui. Elle a un son verre. Aria se tourne ensuite vers son meilleur ami, sans se départir de son sourire, et lui attrape de nouveau le bras, comme pour attirer son attention. Evidemment qu’elle l’a entendu quand elle est arrivée. Puis elle le connait par cœur, il est pensif depuis la veille.

—Tout va bien ?

Ca veut dire : “on en parle plus tard, et c’est pas une question.”

TW : On parle de "relations non-consenties" et de "violences" en les banalisant à fond avant d'en rire parfois. C'est malheureusement leur moyen de dépasser leurs traumas, à cette bande de tarés donc-... J'vais censurer des mots parfois, soyez pas surpris, j'aimerais que le plus grand nombre puisse lire le rp pour y participer.
Also, j'ai oublié de mettre la cicatrice de Greg à sa lèvre, my bad et flemme de changer.

Il ne sait vraiment pas pourquoi il a été "invité" à ce mariage. Grégoire se dit d'abord que ça doit être une nouvelle originalité de Loup, un moyen pour lui de le faire chier. Encore. Il ne pouvait pas se terrer au Japon sagement, non, il fallait qu'il étale devant tout le monde à quel point il est heureux. Et puis il y a réfléchi, longuement, et a trouvé plus probable que Vipère ait insisté pour qu'il vienne, qu'ils se revoient enfin. ...Que cette idée vienne du marié ? Voyons. Impossible. Grégoire avait fait en sorte de pouvoir l'éviter toute sa vie, il est quasiment sûr que cette brute ne se souvient même pas qu'ils ont été dans la même classe. Pour Grégoire, le secret de son nom de code était plus vital que tout ; il avait encore une famille, des petits frères à protéger, une fois rentré à la maison. Donc oui, c'était évident, l'inviter au mariage de l'ancien Chasseur était forcément une lubie de l'un de ses collègues. :

-Et celle-là alors ? Est-ce qu'elle fait... "salope" ?

Soyez sincères:

Il décale son regard de la fenêtre pour le poser sur Cynthia. Cynthia n'avait pas été invitée, mais elle, elle s'est invitée toute seule. Elle considérait que la moindre des choses pour avoir aidé son vi*leur à préparer son mariage, c'est de pouvoir goûter aux petits fours et se bourrer au champagne. Il la regarde de haut en bas. Une robe lavande, droite, longue mais qui laisse voir le côté de sa jambe gauche et au décolleté... eh bien... au décolleté qu'elle assume aujourd'hui. :

-Très salope. Parfait. lâche-t-il d'un ton neutre.

Satisfaite, ils peuvent enfin partir. C'est qu'avec cet énième détour, ils ont perdu quelques minutes, alors au lieu d'être sur place en avance, ils y arrivent un peu après toute la troupe d'énergumènes.

En bon antisocial, il évite la foule tout en la scannant pour y voir des visages familiers. Rapidement, il trouve Vipère. Malheureusement, elle semble un peu entourée... et il y a Loup, aussi. Cynthia le lâche après avoir suivi son regard, elle trottine vers Loup sans pourvoir vraiment courir dans ses talons aiguilles pour le serrer directement dans ses bras, poussant sans vergogne une autre jeune femme qui le tenait. :

-Loup ! Alors tout s'est bien passé à la cérémonie ? J'ai viré l'ancien joueur d'orgue, c'était une calamité. Et Vipère ! Contente de-... elle examine brièvement sa robe. Contente de te voir ! Et... Oh, mademoiselle enchantée, continue-t-elle en se tournant vers une jeune femme qu'il ne connaît pas [Aria], l'examinant avec bien plus d'insistance avant de reprendre, je m'appelle Cynthia, je suis la plus vieille meilleure amie de L-Nicolas. Nicolas. répète-t-elle en tapotant son bras. Et ce machin là, c'est Grégoire ! Aller, dis bonjour Grégoire.

-Bonjour. souffle-t-il, le regard éteint.

-C'est bien. Excusez-moi mais maintenant que c'est fait. Je vais me chercher un verre parce que. Je. Le. Mérite. Ne bougez pas.

Et sur ce, elle l'abandonne dans un mouvement princier de sa chevelure blonde. Grégoire est déjà fatigué. Il n'a rien besoin de dire, Nicolas lui met directement son verre à moitié vide dans la main. Lui aussi ne semble pas plus déterminé que ça à empêcher Cynthia de dire ou faire n'importe quoi. :

-Merci...

-Reprenons plus... lentement. tente Justine, ignorant elle aussi l'ancienne "Reine" du collège. Grégoire. Je te présente Ariana, elle m'a beaucoup aidée pour mon adaptation à Terrae. Aria. Je te présente mon meilleur ami.

Grégoire l'examine, plus par habitude que par réelle envie de scanner la petite femme. Contrairement à Cynthia, ce n'est pas un moyen de "savoir ce qu'elle vaut"... C'est ça façon de faire connaissance : il repère ses mains et c'est qu'elle les travaux manuels, c'est potentiellement une artiste plus qu'une combattante bien qu'elle possède une bonne carrure, elle sait donc bien se défendre... comme la majorité des fameux "membres de Terrae" donc... Il fait une légère révérence, abaissant à peine les épaules dans un geste délicat et mesuré, mais sans présenter sa main, sans faire la bise à la française... :

-Je vois que ça a fonctionné. J'ai même pas eu droit à un baiser de retrouvaille.

-Tu en veux vraiment un, raton ?

-Me touche pas, sale clebs.

C'est dit rapidement, mais avec le sourire. Justine lève les yeux au ciel. :

-Les garçons sont toujours comme ça...

-C'est que d'l'amour, que d'l'amour... Bon c'est pas tout mais moi je dois vraiment y aller, profitez-en pour raconter des anecdotes sur moi dans mon dos.

Et Nicolas part -oui, sans avoir répondu à la question d'Aria, ayant profité du chaos comme le sale gosse qu'il est-, faisant un grand geste théâtral, tel une diva quittant la scène et récitant son monologue finale. Grégoire le regarde, sans émotion sur le visage. Bien sûr qu'il part... c'est un lâcheur. Il ignore sa pensée, se tourne vers Ariana avec un semblant de sourire. Faire semblant d'avoir de la conversation, étape un. :

-Justine me parle beaucoup de toi. Tu... es Morphe aussi, c'est bien ça ?

Précisons, faire la conversation avec des gens qui ont des putains de pouvoirs magiques.

Ca faisait longtemps que j'avais pas passé une journée entière à retenir des larmes et pas y arriver. Et pourtant, qu'est-ce que j'ai pleuré. C'est pas tous les jours qu'on marie sa meilleure amie, la personne qui n'est pas de votre famille seulement parce qu'elle ne partage pas le même sang. J'ai aidé comme j'ai pu les préparatifs, mais j'étais surtout impressioné de l'organisation. Il faut que dire que c'est bien rodé. Tout le monde a su très vite où était sa place, chacun savait quoi faire, à qui demander, comment les aider à avancer. A part discuter avec elle un bon moment sur l'apparence de son alliance, et accepter mon rôle en pleurant évidemment, j'ai plus soutenu moralement qu'aidé réellement.

Et pourtant, c'est moi qui l'ai attendue devant l'église, elle qui jurait allègrement que jamais de la vie elle y foutrait les pieds. "Mais y a que les vieux cons qui changent pas d'avis. J'déteste cette institution mais c'est pas la question." qu'elle a répondu. De toute façon, on l'arrête pas quand elle a décidé. Et qu'elle est belle. Fière, gonflée de joie, sa robe pleine d'orgueil et de défi, fidèle à elle-même. Elle tire un trait sur sa vie d'avant, elle l'a dit, elle le voulait, et se marie en pourpre, couleur sang, pour bien affirmer à la vie d'après qu'elle a pas fini d'en découdre et qu'à la fin elle va gagner. Elle est née vainqueuse.

Je pleure beaucoup, trouve du réconfort du côté des copaines assis dans les rangs. Et puis on fête, on lance des fleurs, on crie on applaudit les mariés. Et on va faire la fête. Enfin, d'abord on va attendre les mariés, qui prennent les photos comme il se doit, avant de vraiment faire la fête. Le village est triste et laid, il est fade. Je me dis qu'un jour il faudra que je discute avec Jérémy de sa vie ici, mais je me doute qu'il a pas envie d'en parler. Personne aurait envie de parler d'une vie ici. Je tiens compagnie à Misao quand je le vois tout seul protéger le cocon des mariés.

Hey. Dis-donc vous faites ça bien les témoins.

Je regarde le verre qu'il tient si jamais Elwynn et Jérémy ont besoin, avant de pointer la salle du doigt.

Tu veux que je te ramène un truc ?

Ariana s’inquiète… Elle le voit à ses yeux, à sa posture, à sa manière de sourire comme elle sourit parfois. Et puis parce qu’il n’est pas tout à fait pareil… Mais bon, elle n’a pas le temps de s’appesantir, parce qu’une ESPECE DE CONNASSE la pousse pour faire un câlin à Nicolas.

…

Pardonnez-la, ça lui a échappé, c’était un moment de déconcentration, elle était focalisée sur son meilleur ami qui ne va pas bien, et bon, voilà, se faire pousser, ça arrive, tout ça, ahahha. Elle parle beaucoup (pas que ça la dérange habituellement, mais là, oui), aussi Ariana lui lance un regard poli tout en se plaçant près de Tina, mains dans le dos, pour pouvoir se serrer les doigts entre eux très fort et s’empêcher de l’interrompre. Mais elle n’est pas très intéressée par la jolie blonde qui est arrivée, elle lance plutôt un regard vers le grand jeune homme à côté… Elle le reconnaît immédiatement, frappée par la ressemblance avec les photographies que Tina lui avait montrées. Si Aria avait la mâchoire un peu contractée, son visage se détend progressivement à sa vue. Il est tout apprêté, très calme, presque effacé. Un peu comme le lui a décrit Tina ; c’est comme si elle le connaissait déjà, alors elle lui sourit… avant d’être interrompue par la fameuse… Cynthia. Il lui en a un peu parlé, Nicolas, dans le passé. Peut-être que sa première impression d’elle était fausse ? C’est pas gentil de porter un jugement comme ça…

Cynthia la fixe, la détaille, comme si elle scannait ses tâches de rousseur, ses vêtements, sa posture. La plus vieille meilleure amie de Nicolas…………………… ah oui d’accord. Ariana comprend tout de suite quel genre de fille elle est : du genre à tout étaler devant elle pour montrer l’ascendant qu’elle a sur les autres. Elle a l’impression qu’elle leur parle comme à des chiens, et ça l’insupporte déjà. Si elle avait trop fixé Tina avec son air de jugement, ça aurait peut-être fini par l’énerver davantage.

—Enchantée aussi ! Et effectivement, Tina et Nirolas m’ont beaucoup parlé de toi ! ajoute-t-elle à l’attention de Grégoire, ignorant l’information de Cynthia sur le fait qu’elle mérite un verre alors qu’elle est là depuis deux répliques à tout casser, mais du coup Cynthia parle en partie en même temps qu’elle avant de partir.

Bah super. Comme Nicolas tend un verre à Grégoire (en faisant la gueule, remarque-t-elle ; elle lui lance un regard en biais), elle va plutôt réceptionner celui que Luna lui a fait au bar. Tina en a déjà un, donc ça va. Elle se concentre plutôt sur elle, échange un regard, sourit, plus apaisée. Elle effleure son bras gentiment, parce qu’elle voit bien qu’elle est gonflée, elle aussi.

—Grégo- Grégori- (Elle pince les lèvres, un peu honteuse, en sentant ses joues chauffer. Contente de ne pas avoir essayé tant que Cynthia était dans le coin. Elle n’aurait sûrement pas réussi à prononcer son prénom non plus.) Je suis très contente d’enfin te rencontrer !

Il l’observe longtemps, et elle incline la tête, lui sourit. Nicolas fait un peu ça aussi, mais son regard est moins fixe. … Ca lui rappelle un peu comment Lola ou Tina regardent les gens. Et comme il fait une révérence, elle en fait une en tenant un pan de sa robe, rieuse. Avant que les garçons ne se chamaillent… Daaaaw c’est mignon, ils font semblant de se détester.

—Ah je vois… répond Aria à Tina, pouffant de rire derrière son verre… avant de lui tendre, pour trinquer.

Et Nicolas s’esquive.

—Hein ??? Mais non reste un p-

Il part. Aria le regarde partir, un peu figée, et sent sa prise se raffermir sur son verre en même temps qu’elle sent son coeur se compresser. Il se passe vraiment quelque chose, alors. Ce n’est que quand Grégoire reprend la parole qu’elle se rend compte qu’elle n’a pas bougé.

—Ah ?! Euh oui, oui je suis Morphe, c’est ça ! Regarde !

Et Aria change sa couleur de cheveux en blond platine, arbore un grand sourire, et laisse ses cheveux se retransformer.

—Tadaaa ! On peut changer de forme humaine et prendre la forme d’animaux, c’est vraiment cool ! En tout cas, je suis contente que tu sois venu à la fête, je sais que ça peut être un peu bizarre…

Elle glisse un regard vers Cynthia et……. décide qu’elle n’a vraiment pas envie de parler d’elle. Mais du coup, elle ne sait pas quoi dire, c’était trop de chaos d’un coup.

—Tu veux pas prendre un verre qui a pas déjà été entamé …? Bon après Nirolas a pas la rage mais bon.

Ptdr aled.

Franchement, cette journée était étrange mais pas forcément mauvaise pour Justine. Retourner au village sans son titre de Vipère mais ayant toujours un peu de son pouvoir -pas celui de Morphe, on s'entend-, voir le Chasseur pleurer et devenir Jérémy au point de changer son nom pour avoir celui de celle qu'il aime, la beauté provocatrice d'Elwynn,  mariée en rouge dans une église, et pourtant simple, bourrés de symboles qui n'ont de sens que pour elle... Non oui franchement, c'était une belle journée. Aussi belle qu'Ariana dans sa robe de témoin. Oh les autres témoins l'étaient aussi, elle s'est surprise à imaginer Nicolas en marié durant la cérémonie,... mais il y a sans doute plus de photos d'Aria dans son téléphone qu'autre chose maintenant. Une belle journée même si le Loup a l'air pensif... pas malade, sinon elle s'inquiéterait bien plus, non, juste pensif... comme lointain. Une plus belle journée encore à l'arrivée de son meilleur ami...

Qui s'écroule à l'arrivée de la Reine.

Justine n'aime pas cette femme. Elle utilise des gens qu'elle "aime" comme si ils lui appartenaient... Enfin des gens. Des hommes, comme par hasard. Cynthia se plaint constamment de sa beauté pour finalement en user comme une arme... Elle attire la pitié et la gentillesse auprès des garçons pour mieux manipuler... Elle a peut-être été sincère dans son amitié avec Loup pendant une époque, mais Vipère sait qu'elle en attendait bien plus. Toujours plus. Et qu'elle a usé de ce lien jusqu'à la moelle pour ensuite user Amadéus. C'est comme ça que ça marche ici, après tout. Et en quelques mots et regards, elle a su qu'elle n'avait pas changé... Ça aurait pu s'arrêter à cette simple constatation si elle n'avait pas clairement jugé du regard Ariana. Son sang s'est glacé mais elle s'est rappelé qu'elle était au mariage de Jérémy, qu'elle ne voulait pas y faire des vagues alors... Un avertissement pour le moment... avant qu'elle ne crache véritablementv son venin.

De toute façon elle s'en va, les laissant enfin avec Rat. Elle lui sourit mais effectivement, ne l'embrasse pas. Ce n'est pas uniquement parce qu'elle a appris à bien se comporter en société, elle- Elle n'a pas envie de l'embrasser devant Aria. Elle l'observe en souriant pendant qu'il use de TROP de politesse, comme à son habitude. :

-Tu peux m'appeler Rory. Ça fait longtemps qu'on ne m'appelle plus comme ça mais je t'y autorise.

-Tes frères t'appellent Greg maintenant ?

Visage neutre, sourire en biais. Il ne répondra pas. Ah. Il s'est passé quelque chose et il ne veut pas en parler... Décidément les garçons. Elle trinque avec Aria, parce qu'à nouveau elle se sent un peu désarmée face à leur silence... et son amie est son havre de paix. Aria aussi semble défaite par le départ de Loup -Tina attrape son bras comme pour lui dire de lui laisser du temps, que c'est peut-être pas le bon moment- mais fait tout de même une démonstration de ses pouvoirs. Rat maîtrise son mouvement de recul, trop intrigué par ce qu'il voit pour réellement se sentir menacé. :

-C'est intéressant. Je m'en serais voulu de rater une si belle rencontre.

Silence. Aria demande s'il veut changer de verre. Il le fixe un temps avant de secouer la tête et d'y boire... Nouveau silence. Cette fois, Justine rit discrètement. :

-Je savais que ça se passerait comme ça mais je ne me-

-POUAAAH ça se voit que les gens sont venus pour le bar et pas le mariage de Chasseur ahah ! Et la serveuse est vraiment lente c'est vraiment n'importe quoi. Elle doit fumer de l'herbe ou je sais pas quoi, elle en a l'air en tout cas, molle comme elle est. Bref ! Maintenant que je suis là on peut-... Han mais Loup est parti ? C'est plus intéressant de rester du coup.

Vipère expire violemment à la dernière phrase de la Reine. Il lui faut toute la volonté du monde pour ne pas lui planter une aiguille dans la gorge mais lui répondre à la place, du venin plein la bouche. :

-Alors pars.

Elle lui offre un regard alarmé en retour, Rat serre la mâchoire -il se retient de rire. :

-Vraiment Cynthia. Si notre conversation ne t'intéresse pas, pars.

Aaah l'ambiance des mariages. Tranquille, paisible, heureux... Belle journée hein ?

« Elle a raison. »

La voix d'Alice est fidèle à son habitude, douce et sans reproche. Son regard néanmoins, se pose sur l'intruse avec une froideur rare. Pas très grande malgré ses petits talons, la Master est arrivée tranquillement jusqu'au petit groupe, sans plus attirer l'attention que ça. Elle s'est simplement posée derrière Cynthia. Son regard croise celui de la jeune femme, froid malgré son sourire. A peine l'a-t-elle croisé qu'elle s'en désintéresse, comme si elle n'avait jamais existée. Ses yeux maintenant doux et attendris se posent sur sa meilleure amie.

« Je te cherchais Aria. Oh, mais tes fleurs... »

Elle s'approche d'elle avec un sourire et tend la main vers ses cheveux pour donner un coup de frais aux ornements de ses cheveux, avant de se tourner vers Justine, et d'opérer de la même façon.

« Et voilà qui est mieux. »

Elle sourit à la jeune femme avec la même douceur qu'elle réserve à ses proches, comme pour passer un coup sur la tension précédente.

« Tu t'en sors avec les photos Justine ? »

Elle attendra sa réponse avant de lever la tête vers Grégoire, et de planter son regard dans le sien, en souriant calmement.

« Bonjour Grégoire. »

Si Alice n'a pas de rôle particulier à part celui de conseillère avant le mariage, elle est demoiselle d'honneur. Elle ne s'est donné comme objectif que de profiter de la journée avec ses proches. Et elle y compte bien. Les réunions de ce genre sont facilement épuisantes pour elle, mais pour une fois, les pensées des gens autour d'elles ont été à l'émotion. Tout aussi officielle et décriée qu'elle fut, la cérémonie dans l'Eglise a été un moment assez calme et doux pour tout le monde. La petite Terre a été très émue pour ses deux amis, très heureuse de pouvoir célébrer leur amour et leurs liens, à tous, puisque c'était aussi leur souhait. Elle avait regardé longuement sa tendre Lune pendant la journée, magnifique dans sa robe, pas plus tendue que ça de sa présence au village. Elle avait hâte d'aller danser avec elle, hâte de célébrer encore, de manger aussi, le repas pour lequel on lui avait également demandé son avis pour tout le côté végétarien. Et il n'était pas question que les reliques d'un passé douloureux viennent gâcher la fête volontairement. Même lorsque ces reliques sont bien vivantes.

(Allez, un petit passage éclair hihi j'avais dit que je le ferais)

Quel bel événement. Le mariage de Jérémy et Elwynn était très émouvant, retenir ses larmes étaient difficiles et heureusement, HEUREUSEMENT j'avais des mouchoirs dans mon sac à main, à me répéter : pleure pas, pleure pas, pleure pas putain. De nombreux visages de Terrae étaient reconnaissables dans cette petite église et d'autres qui, j'imagine, étaient de la famille. Leurs habits sont incroyablement beaux, leur amour, tout simplement, c'est beau. Les émotions dans la salle dans toute cette foule étaient si intenses que c'était facile pouvoir le ressentir à son tour. Je connaissais un peu plus Jérémy qu'Elwynn. Mais j'appréciais ces deux personnes. Jérémy faisant parti de la famille Williams, je les connais plutôt bien. Elwynn était notre présidente du club d'arts matiaux et d'auto-défense, j'avais été très heureuse qu'elle m'ait accepté et j'avais eut l'occasion de discuter quelques fois avec elle pendant nos cours. Elle est vraiment sympa.

Leur union était d'une beauté à couper le souffle et la cérémonie, incroyable. Et quel bonheur de pouvoir revenir en France un peu. Clairement ce village m'était inconnu mais c'était plaisant à venir. Je m'étais pomponnée, une robe de satin classique et des talons pour avoir l'air de quelque chose. J'ai laissé ma chevelure ondulée libre, en cascade dans mon dos.

La cérémonie terminée, après quelques larmes qui ont réussi à s'échapper lorsque les cris de joies retentissaient, je me disais qu'il serait temps d'aller prendre à boire. Après avoir discuté avec quelques personnes en français (très heureuse de pouvoir parler un peu dans ma deuxième langue natale), j'ai réussi à retrouver Erik dans la foule avant de proposer de chercher à boire. Je m'étais aventurée jusqu'au bar, offrant un large sourire à Luna.

« Coucou Luna ! Je peux avoir deux verres de Chardonnay s'il te plait ? Merci !! »

En attendant, j'observe les alentours pour reconnaître au loin Ariana et Nico qui discutent avec d'autres personnes, ne souhaitant pas les déranger, lorsqu'un eye-contact se fait avec eux, je leur fais un petit signe de la main en guise de salutation et un pouce en l'air particulièrement à Ariana, articulant silencieusement ''super tenue c'est BG''. Mon attention revient sur la Terre qui me tend les verres, je la remercie avant de me faufiler de nouveau dans la foule à la recherche du Morphe, il faudrait que j'aille faire coucou à Aaron d'ailleurs il ne doit pas être loin. Ce verre va faire du bien, je reste émue de tout ce qu'il se passe ici. C'est beau putain. Oui bon, j'ai pas l'habitude d'assister à des mariages OK ?

Ariana est contente de pouvoir profiter de la présence de son amie et de la rencontre avec Grégoire, une fois que la plus vieille meilleure amie de Nicolas (ou peu importe comment elle s’est décrite) a daigné partir. Elle se sent immédiatement soulagée, et même Tina s’est un peu détendue. La rouquine soupire même de soulagement quand l’ami de Tina l’autorise à un petit surnom — et elle rit en même temps, parce que Tina a eu la même réaction le jour de leur rencontre :

—Ohhh trop bien ! Merci. Rory alors ! C’est plus simple pour moi…

Elle rougit un peu de gêne, parce qu’elle sait qu’elle a parfois du mal avec la prononciation étrangère des prénoms. Elle fait de gros efforts, mais ça la fait bégayer un peu ensuite, et parfois elle n’ose plus trop parler de peur de se ridiculiser. Elle aperçoit néanmoins, malgré son embarras, l’interaction silencieuse entre Rory et Tina. Son regard glisse de l’un à l’autre, mais elle trinque plutôt avec Tina, qui lui prend le bras, comme souvent. C’est un sourire reconnaissant que la préfète lui envoie, avant de montrer sa magie à Rory. Qui semble tout perturbé. Elle éclate de rire et lui envoie un sourire mutin.

—Aha ! J’aurais été triste que tu viennes pas non plus. Tiens, si tu as des questions, hésite pas surtout ! Au début je me suis dit que je pourrais prendre ton apparence, ou celle de Tina ou Nirolas, mais j’ai peur de faire flipper les gens du village qui passeraient dans le coin…

Pas qu’ils soient pas déjà tous au courant, certainement, mais EH.

Et puis Tina parle, et la connasse l’interrompt. Et critique Jérémy. Et Luna. Elle sent quelque chose de froid lui enserrer le coeur, alors que ça pulse encore plus fort. Tina lui répond, heureusement ; acérée et venimeuse. Et Alice arrive, radieuse. Soulagée, Aria pose sa main fraîche sur celle de Tina, glacée ; et sourit en laissant son amie Terre lui réarranger ses fleurs.

—Hiii merci. T’es trop gentille. Contente de te voir !! Adé tient compagnie à Elwynn ?

Elle serre doucement ses doigts entre les siens et la laisse s’occuper des fleurs de Tina. Qui lui vont trop bien jnsfgskjdnj. Puis, finalement, alors qu’elle salue Rory, Ariana glisse enfin son regard sur Cynthia, et entame son long, long, très long monologue :

—Tu m’étonnes que les gens sont venus pour le buffet, c’est Jérémy qui s’est occupé de quasi tout ! On a bossé ensemble au restaurant pendant plusieurs années, il cuisine vraiment très bien, tu nous en donneras des nouvelles d’ailleurs, hein, on transmettra ! On était tous super contents de pouvoir s’organiser pour participer au mariage, Alice (elle désigne son amie) s’occupait des fleurs et de la décoration avec Tina d’ailleurs, donc j’espère que tu aimes bien, elles se sont données trop du mal. Franchement c’est dommage que vous soyez pas venus pour la cérémonie, pouah qu’est-ce que c’était EMOUVANT, tout le monde a lâché sa petite larme, j’ai cru que j’allais MOURIR dans mes larmes. Oh mais, d’ailleurs, tu le sais peut-être pas, vu que tu parles plus trop à Nirolas, non ???, mais du coup je suis aussi le témoin de Mymy, ça a été compliqué de tout organiser vu le monde qui a voulu venir aha c’est FOU non ?? Heureusement que tout le monde a mis la main à la pâte, on voulait vraiment que ce moment soit parfait pour lui et Elwynn, et-… OHHHH ! (Elle fait coucou à Nana et sourit, toute heureuse, avant de lui faire “MAIS TOI AUSSI OMMMMGGGGGG” en secouant l’autre main.)

C’est bon elle va partir l’autre reloue maintenant qu’elle a vu qu’ils en avaient rien à battre d’elle ? Elle se souvient soudain de la question d’Alice à Tina, tout à l’heure.

—Oh mais c’est vrai tiens, tu as pris quoi comme photo Tina ?? J’ai pas du tout eu l’occasion d’en faire !!




(promis un jour je prends Misao pour répondre à Roman et surtout Aaron pour poster ptdr)