Hiver 2024.

Après de longs mois à suivre leur trace à distance, Tomoe les tient. Une ouverture, durant quelques heures ; une seule possibilité, sinon, il faudra encore patienter des mois avant de retrouver leurs traces. Même sa Greffe, réputée jusqu’ici inarrêtable, trouve ses limites face aux trésors d’ingéniosité du Centre. Mais ce n’est pas grave, avec patience, elle a su tisser son fil.

La mission a été ordonnée : dans l’après-midi avant le départ, Hideko avait convoqué Nikkou et Ariana, qui s’était portée volontaire pour la continuité de cette mission. Par la suite, ils avaient monté l’équipe qui irait chercher les adolescents. Départ : Terrae milieu de soirée ; Arrivée : Fairbanks, Alaska, au milieu de la nuit. Une équipe de renforts serait prévue à Terrae, pour le cas où cela se passerait mal. Ils ont subi suffisamment de pertes lors de l’opération Thémis…

Dans l’après-midi, il a fallu se dépêcher de rassembler des vêtements suffisamment chauds pour un pays plus frais que le leur ; après tout, c’est le milieu de l’hiver, et il fait bien -15° en pleine nuit. Pour le reste de l’équipement, c’est gilet pare-balles obligatoire, vêtements d’hiver, gants, lunettes de ski, lampes frontales, armes au choix, bracelet anti-brouilleur, charges explosives. La dernière nouveauté, c’est un bracelet à cristaux.

On leur expose la situation en fin d’après-midi : les adolescents sont envoyés en petite équipe de dotés encadrés d’espions sur le terrain. Tomoe n’a pas de donnée exacte, mais il semblerait qu’ils soient à la recherche d’un plan ou d’un prototype d’ingénierie… Les vêtements sont confiés à la petite équipe, et on les libère pour la soirée.

Mais toutes ces informations, si facilement accessibles, mettent la puce à l’oreille de Tomoe : les enfants sont des appâts, le Centre leur tend certainement un piège.. Une nouvelle vision le lui confirme. Les quatre Terraens rassemblés dans le la salle des Masters, on leur repose la question : êtes-vous bien certains de vouloir partir malgré le risque ?

C’est un oui.

—Alors soyez extrêmement prudents, ajoute Tomoe, le coeur serré.

Elle envoie un regard anxieux d’abord à l’équipe, puis à Hideko, qui s’est déjà éloignée pour reprendre sa discussion houleuse avec son contact des USA. Nikkou lui renvoie un pouce en l’air, souriant, puis se tourne vers ses compagnons d’aventure, à qui il tend les mains.

—Pour vos cristaux téléporteurs, s’il y a un brouilleur il faudra les mettre en commun pour revenir ici. Vous le perdez pas, vous l’utilisez pas à un autre moment. S’il faut fuir, vous fuyez à deux, capiche ?

Nikkou, Erik, Pandora et Ariana se téléportent donc pour l’Alaska.



À proximité de Fairbanks, Alaska, Etats-Unis d'Amérique ; vers 2h du matin.

Les silhouettes emmitouflées atterrissent pieds dans la neige, au coeur d’une zone industrielle. La nuit est bien avancée, il est environ deux heures du matin. La lumière orange des lampadaires se réverbère sur la neige épaisse, mais déjà piétinée par les allées et venues de la journée. Nikkou se frotte les mains et lance un sourire à son équipe, ajustant ses lunettes sur ses yeux.

—Woah putain, ça caille !!
—Nikkou.
—Désolé. Tu nous guides ?

Il jette un oeil aux alentours, et fait signe à son équipe de le suivre. Leurs pas les guide dans les rues étrangement silencieuses de cette zone industrielle… jusqu’à ce qu’il sente. Tout un pan du secteur électrique s’est coupé.

—Putain, ils sont déjà là. Allez l’équipe, on se bouge.

Il se met à courir, leur intimant de le suivre en silence, sa lampe frontale toujours éteinte, jusqu’à arriver au secteur touché.

—C’est ce bâtiment.

Nikkou acquiesce, comme si sa collègue Voyante pouvait le voir — c’est le cas. Le bâtiment est un entrepôt industriel classique, rectangulaire, avec de hauts murs bétonnés et une porte coulissante sécurisée.


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Équipement en + fournis par les Masters :

petite liste:

MAP : https://zupimages.net/up/23/50/tuck.jpg
La petite équipe arrive par le coin inférieur droit de la carte, comme indiqué par la flèche orange. (bon ok les moto-neiges sont pas à l'échelle c'est pas graaave)

Si vous souhaitez fouiller des zones, vous pouvez me les indiquer en pv ou alors je vous répondrai dans le post PNJ suivant en fonction. Pensez à vérifier qu’il n’y a pas d’ennemis alentours quand vous changez de zone, ils peuvent vous surprendre

On l’avait enfin appelée… Elle n’y croyait plus. Elle a bien cru que son coeur allait sortir par ses lèvres tant il battait fort. Comme Hideko et Nikkou étaient à la recherche d’autres collègues, ils ont parcouru ensemble la liste ; ils se sont mis d’accord ensemble sur une équipe composée de Morphes et d’une Sonore, Erik et Pandora, qu’ils n’ont pas tardé à prévenir. Enfin, Ariana s’est proposée d’appeler son ami et collègue, pour épargner un peu de travail aux Masters déjà inquiets ; cela a permis à Nikkou d’entamer quelques téléportations pour rassembler le matériel, et à Hideko de contacter Pandora.

—Ils ont retrouvé les amis de Lola… Dis, tu veux venir en mission avec moi ? Hihi non, c’est Nikkou qui a proposé. Bon, d'accord, j'ai un peu insisté quand même.

Ce n’est pas qu’elle a peur, mais elle a besoin d’une main rassurante. Nikkou serait sur la mission, Alice et Nicolas sont appelés sur d’autres tâches. Mais cela ne l’empêche pas de les serrer dans les bras avant son départ, de serrer Tina encore plus fort, encore plus douloureusement. Et de sourire, et d’enfiler ses vêtements. Les sous-pulls thermiques, puis les couches nécessaires. Le gilet pare-balles. Elle s’attache finalement les cheveux, bien serrés pour qu’ils ne se détachent pas lors de la mission. Et puis, elle appelle Aylan sur le chemin. Lola ne serait pas joignable aussi rapidement, elle a déjà essayé dans l’après-midi ; elle a sûrement encore oublié son téléphone dans sa chambre, où elle n’était pas non plus... Aylan décroche, justement.

—Tu es où ? Ah, chez Miguel, ok ; Lola est avec toi ? Je l’ai cherchée toute la soirée… Ah ! Super alors, je vous rejoins. Non, bouge pas. A tout de suite.

Veste accrochée au bras, lunettes de ski sur la tête, elle va toquer à la porte du Feu… Mais Aylan sort déjà.

—On a des nouvelles de Liz et Brad, on vous les ramène. Par contre, je suis déjà en retard… je dois y aller.

Elle lui fait un câlin, croise le regard figé de la petite Terre. Celui du Feu, qu’elle n’arrive pas à décrypter. Elle sourit encore.

—Bon, allez, à toute !

Et elle leur fait un signe de la victoire en partant, le coeur un peu paniqué.

—Attends ! Att— Maman attends !

Aria se retourne, cligne des yeux. Ca tambourine fort, là, alors que les boucles rousses de plus en plus longues passent par la porte.

—Tu…

…

—On parlera après, c’est promis. On te les ramène. Et j’ai même emmené ton cristal !

Mais elle est toujours en retard, alors elle doit partir. Elle embrasse son front, Lola l’enlace fort, trop fort, mais ça l’ancre, et ça lui donne du courage. Elle sait pourquoi elle le fait, c’est pas pour elle, là ; c’est pour eux, parce que les voir morts d’inquiétude, ça suffit, maintenant.

Et puis elle part, en la laissant là. Mais pas toute seule. Jamais toute seule, pas ici.

Quand elle voit Erik, elle le serre aussi fort dans ses bras que possible. Elle prend la main de Pandora et la presse, lui sourit, essaie de se faire rassurante malgré les larmes au coin de ses yeux.

L’injection ne lui fait presque rien, elle a trop l’habitude, avec son diabète. On les prépare, elle choisit ses cristaux, les place dans la fente d’un des bracelets qu’on leur a prêté : celui d’Alice, un télépathe ; un invisible ; un téléporteur, tout petit, mais terriblement chargé. Le cristal que Lola lui a donné, un jour, pend contre sa poitrine, sous toutes les couches de vêtements, rassurant et solide comme la titanide qui lui a donné sa force.

Elle tient fort la main d’Erik. Tient fort la main de Pandora. Sourit, et respire, pour s’ancrer.




L’air est brûlant tant il est froid ; la neige craque sous leur pas, comme si elle avait encore gelé en surface. Elle est bien contente d’avoir des bottes à crampons, pour lui éviter de s’étaler au sol, mais elles sont lourdes à ses pieds. Elle aurait peut-être dû refaire un peu plus de sport intensivement, hein. Elle met ses lunettes sur son nez pour pouvoir voir quelque chose dans le vent froid, plutôt que de pleurer bêtement à chaque fois qu’une vague d’air ne les fouette. Heureusement, elle parvient à réguler un peu la température de son corps, mais elle fait doucement pour ne pas s’épuiser, et suit Nikkou sans rien dire. Il leur indique un bâtiment, allumant quelques étincelles discrètes pour qu’ils puissent voir où ils marchent ; en arrivant, ils aperçoivent trois moto-neige… Ariana leur fait signe et s’en rapproche, à pas de loup ; le sol s’est comme soulevé, faisant s’effondrer une partie de la barrière visant à protéger l’entreprise d’une intrusion. Bah vu le trou que ça fait, c’est raté.

—Il y a aussi un Terre, grimace-t-elle.
—Je n’ai pas plus d’informations sur lui, ajoute Tomoe.

Aria lance un regard à ses camarades, en attente de leur feu vert.

—On peut se transformer et commencer à avancer discrètement, propose-t-elle à ses camarades, parlant évidemment d'elle et Erik.

À leur top, elle se transforme en tout petit renard des neiges. Discrétion, vision nocturne et ouïe fine, ça devrait pouvoir leur donner un avantage. Pour le moment, il n’y a personne dans la cour.


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Liste des cristaux :
Autour du cou :
- cristal Titan, Initié, 1 utilisation (Lola)

Dans le bracelet (3 emplacements) :
- cristal Télépathe, Master, 5 utilisations (Alice)
- cristal Invisible, Master, 3 utilisations
- cristal Téléporteur, Master, 1 utilisation

C'est franchement marrant la vie. J'étais tranquillement en train de vivre ma meilleure vie, en train d'essayer de choper du stuff pour mon Evoker sur WoW, quand Aria m'avait appelé, me demandant de la remplacer en urgence au boulot. Ni une ni deux, j'avais tout plaqué pour foncer au café. Et c'est pas que quelques minutes, ou heures, plus tard, je sais plus je BOSSAIS en fait, que la Morphe me rappelle.

"J'arrive. retirant prestement mon tablier avant de le balancer en boule derrière la caisse, je gueule ALARME INCENDIE TOUT LE MONDE DEHORS ALLEZ ALLEZ !!! "

Le temps que tout le monde sorte (ce qui fut rapide, je sais être convainquant), Je fais la liste de tout ce dont j'ai besoin. Les trois quarts du matos seront directement dans la salle de briefing, j'assume. Puis j'ai pas eu tant de détails, alors je chope mon sac de sport, déjà plein de tout mon matériel. Et oui, j'en ai un ici, un chez moi, et un chez Nana. Au cas où. J'ai l'impression d'être d'astreinte depuis plusieurs jours, déjà. Pourtant ça ne m'a pas empêché de fermer l'œil. Je ferme la boutique à double tour, après avoir envoyé un message à Baxter comme quoi ni Ariana, ni moi ne serions là demain, et qu'il était pas obligé d'ouvrir. J'envoie ensuite un SMS à Ipiu pour lui dire que je découche ce soir, contrairement à ce qui était prévu. Puis enfin, en chemin pour l'Institut, j'appelle Nana. Elle dort. Putain. 'chier.

"Merde."

Mon visage, déjà fermé, s'assombrit un peu plus. Est-ce que j'ai le temps ? Je sais qu'elle m'en voudra, si je viens pas la voir. Putain d'horaires de merde. Chaque seconde compte peut-être déjà. Je grommèle entre mes dents.

"Sa mère la pute putain merde."

Genre vraiment en plus d'aller risquer ma vie, y a un monde où j'suis obligé de dormir par terre en rentrant ? Je réessaierais plus tard. Rangeant mon téléphone, j'allonge ma foulée. On pourra pas me reprocher de pas m'être échauffé, au moins.




Quand j'arrive à l'Institut, je croise le regard de Nikkou. Il ressemble à celui de la dernière fois qu'on est parti ensemble. Il cherche à se concentrer, lui aussi. J'hoche sobrement la tête, ne pouvant m'empêcher d'esquisser un sourire. C'est Nikkou qui a proposé ma candidature ? Je reprends ma pokerface en rentrant dans le bâtiment, me dirigeant vers la salle qui nous est dédiée. Saluant tout le monde, je me dirige directement vers Tomoe, en quête de détails, même succins, au moins pour savoir comment m'habiller. L'Alaska, vraiment ? En plein hiver ? Sa mère la pute. Je comprends mieux qu'ils prennent deux Eaux, du coup. Il doit neiger de zinzin actuellement. Et faire froid de ouf. C'est l'heure de quitter mon magnifique pull de Noël pour quelque chose de plus... fonctionnel, dirons nous.

Après m'être renseigné sur la météo, je décide de faire au plus simple. Un t-shirt manche longues thermique, ainsi qu'un pantalon du même type. Un gilet pare-balles, sous une énorme veste militaire aux tons blancs, gris et noirs et, une nouvelle fois, le pantalon assorti. Une paire de gants fins vient compléter mon attirail. Sans doute que j'aurais froid. Mais je pourrais me mouvoir plus simplement. Je pourrais plus facilement ressentir la source d'eau infinie qui m'entourera. Et ça fera toujours moins de choses à transformer en cas de métamorphose. Deux armes de poings viennent se glisser dans les holsters qui se croise sur ma poitrine, une léthale, l'autre équipée de projectiles anesthésiants. On sait jamais, si les enfants refusent de coopérer.  Un couteau imposant dans un fourreau, attaché à ma cuisse, rejoins par le stylo contenant les doses d'antidote à l'anti-magie. Je viens sangler une go-pro sur le harnais où sont fixés les pistolets. Puis on me file deux bracelets. L'un avec des cristaux. L'autre avec un dispositif anti brouilleur de pouvoirs.

"On peut ouvrir la fenêtre ?"

Pas de réponse. C'est à peine si on prête attention à moi, tant ça court dans tous les sens. Je crève de chaud maintenant ptdr. Je me colle à une fenêtre et, discrètement, je l'entrouvre, prenant bien soin de rester dans l'ouverture pour ne pas rafraîchir trop la pièce. Pandora entre finalement en trombe et je souris, hochant la tête pour la saluer. Elle couvrait nos arrières, en Namibie. J'ai confiance en elle, même si on se connait peu. On devait partir avec eux, la dernière fois... Ça ne se reproduira pas. On partira ensemble. Intacts. Aria n'est pas encore là, et j'en profite pour rappeler Nana. Elle répond, la voix enrouée de sommeil, le ton blagueur

"Oui bonjour monsieur. Non je suis pas intéressé mon compte formation se porte à merveille-"

Je souris.

"Je pars en mission dans pas longtemps. Je voulais te voir."

Je me perds pas en explications compliquées. Aussitôt, elle reprend son sérieux.

"J'arr----ve"

Son téléphone a coupé la moitié du mot, pendant sa téléportation. Les ondes aiment pas trop ça en général. Dans le même mouvement, je ferme la fenêtre et quitte la pièce. Elle est déjà au bout du couloir, en pyjama. Mon sourire s'agrandit encore alors que je raccroche, pendant qu'elle court vers moi qui l'attend, bras écartés. Ses mains encore chaude à cause de la couverture se posent sur mes joues fraîches, alors que je la serre contre moi et que nos lèvres se joignent une première fois.

"J'ai pas trop le temps, Aria va revenir d'une seconde à l'autre et on va passer au brief. Je vais en Alaska. On va récupérer les copains d'Aylan et de Lola."

Sans lui laisser le temps de répondre, je viens l'embrasser à nouveau.

"Je pars avec Aria, Nikkou et Pandora. Et je reviendrais avec eux, et les gosses. Je prends soin d'eux. Ils prennent soin de moi. Courage pour le boulot, ce soir. Avec un peu de chance je serais revenu avant le début de ton shift."


Cette fois, c'est elle qui m'embrasse, alors je la serre un peu plus fort.

"Fais attention à toi."

"Je t'aime."

"Fais attention à toi, j'ai dit."

"Promis."

"Je t'aime."

Je la serre encore, toujours plus contre moi, l'embrassant une dernière fois, lui tenant la main jusqu'à l'entrée de la salle, là où elle ne peux plus me suivre. Pourquoi c'est si dur, de me reconcentrer. Bordel. Je lâche sa main, passant la mienne sur sa joue avant de tourner les talons, la tête haute. Il faut pas en faire des tonnes. Je serais bientôt de retour. Ça sert à rien de se prendre dans les bras en chialant-

C'est donc Aria qui arrive la dernière. Nikkou était revenu avec du matériel supplémentaire entre temps. Quand je croise les yeux perlés de larmes de mon amie, je me lève aussitôt pour l'enlacer, et la serrer aussi fort qu'elle le fait. C'est bref, mais le temps presse et, pendant qu'elle salue la Sonore et qu'on commence le briefing, qui s'avère être relativement bref, j'hoche la tête quand on me propose l'injection. Vérifiant une dernière fois mes armes, validant les cristaux que j'emporte avec moi, je relève le bas de mon t-shirt pour la piqûre. À partir de maintenant, le chrono commence. On est prêts. Tous. Malgré la dernière mise en garde de Tomoe, aucun de nous quatre ne baisse les bras.

Est-ce qu'ils savent qu'on sait, et est-ce qu'on peut s'attendre à savoir qu'ils savent qu'on sait ? On verra bien. Mais c'est la chance qu'on attendait, depuis des mois. Une dernière consigne du Master Téléporteur, et on est partis, main dans la main.






Mes rangers crissent sous mes pas, alors qu'on se met à courir. Très vite, on arrive près de l'entrée improvisée par nos cibles. Un Terre. Putain. Ça facilite pas la tâche. On espérait que les enfants, Bradley et Lisbet, soient les seuls dotés. 'chier.

"Bonne idée. Deux secondes."

Je me tourne vers Nikkou, désignant les motoneiges.

"Il y a une alarme là-dessus ? Tu peux la désactiver s'il te plaît ? "

Nikkou me donne son feu vert, et j'entreprends de dévisser le bouchon des réservoirs, pour les remplir d'eau, avant de tout remettre en place. Par ce temps, ça devrait pas tarder à geler, les privant de leur moyen de locomotion.

"Je suis prêt. Aria, je te suis. On part vers la gauche ? "

Dans tous les cas, je prendrais une forme semblable à la sienne. Elle a l'air d'avoir une idée en tête, après tout. Quelque chose de pas trop gros et nocturne ? Je mise sur un rongeur voilà.



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Liste des cristaux dans le bracelet :

- cristal Télépathe, Master, 3 utilisations
- cristal Invisible, Master, 3 utilisations
- cristal Téléporteur, Master, 1 utilisation

Quand j'ai vu le nom d'Hideko s'afficher sur l'écran de mon portable, j'ai compris tout de suite. Il y a longtemps que j'ai inscrit mon nom sur la liste des volontaires pour partir en mission, et cette fois, ça y est. J'assiste au briefing en fin d'après-midi, où j'apprends que Nikkou, Aria, Erik et moi sommes envoyés en Alaska, le soir-même, avec pour ordre de mission de ramener Bradley et Lisbeth, les deux derniers gamins de la bande d'Aylan. La pression que je ressens sur mes épaules est terrible, mais je me contente de hocher la tête aux diverses informations reçues, puis on nous remet tout l'équipement nécessaire avant de nous renvoyer chez nous pour quelques heures. Le temps de se préparer, de dire au revoir.

La première étape, et sans doute la plus douloureuse aussi, c'est d'aller voir Misao. Il me serre fort contre lui, et je me blottis dans ses bras, trouvant un peu de force dans sa chaleur et son odeur si réconfortantes. Il m'explique pour la énième fois comment me servir du sérum anti-pouvoirs - c'est plus facile que de parler de toutes ces choses qu'on aimerait se dire sans y parvenir. Le coeur serré, je retourne ensuite chez moi, où Allen m'aide à enfiler tout mon équipement - sous-vêtements thermiques, gilet pare-balles, combinaison de ski noire, bottes à crampons, gants, cache-cou et cache-oreilles. Je fixe la GoPro à la poche de ma combinaison (sur la tête, elle risque de me gêner) ; un pistolet anesthésiant dans un holster autour de la taille, un couteau de chasse à la cuisse, un plus petit dans une botte, et bien sûr, le stylo contenant le sérum, que je place dans le holster également. Autour de mon cou, caché sous les vêtements pour ne pas le perdre, le petit Cristal Téléporteur - dans le bracelet, un Cristal Soigneur d'Aoi, un Invisible de Misao et un Sonore. Avant d'enfiler le masque de ski sur mon front, j'enlace doucement Allen. J'ai envie de lui dire que je l'aime, et qu'il est le meilleur ami que j'ai jamais eu ; mais ça sonnerait un peu trop comme des adieux, alors je décide que je lui dirai en rentrant. Parce que je vais rentrer.

Puis je rejoins les autres. Je serre la main d'Aria, souris à Erik - quelle façon fracassante de faire connaissance, hein. Une dernière chance de se rétracter, que personne ne saisit, puis on se fait injecter le sérum préventif. Et finalement, on se donne les mains et c'est le moment du départ.


Il fait froid, sur place, mais rien d'inattendu. Je rentre la tête dans les épaules, décidant de ne pas gaspiller ma magie à créer une brise tiède - tant que je sens mes doigts et mes orteils, c'est bon. Je grimace quand Nikkou nous informe qu'ils sont déjà là, on accélère le pas pour rejoindre le bâtiment, aussi silencieusement que possible - ce qui est grandement facilité par la neige, qui calfeutre les sons autour de nous.

Trois motos-neige sont abandonnées près de la grille ; qui elle, s'est affaissée suite à un glissement de terrain. Mauvaise nouvelle pour nous, un doté de plus que ce qui était espéré... J'observe la manœuvre d'Erik, qui remplit les réservoirs d'eau - c'est plutôt malin, je lui souris en levant un pouce en l'air. Les deux Morphes se transforment ensuite et proposent de partir à gauche. Je me tourne vers Nikkou.

"Tu prends à droite et moi au-dessus ?"

Et quand il acquiesce, je décolle - restant à une certaine distance du bâtiment plutôt que de longer les murs, pour avoir une vue plus globale.


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Cristaux
Autour du cou :
- Cristal Téléporteur, Master, 1 utilisation

Dans le bracelet (3 emplacements) :
- cristal Soigneur, Master, 5 utilisations (Aoi)
- cristal Invisible, Etoile, 3 utilisations (Misao)
- cristal Sonore, Master, 3 utilisations

Tomoe n’a pas beaucoup d’information sur le Terre. Elle essaie de se concentrer dessus ; elle perçoit un adolescent qui accompagne une petite silhouette, et une autre plus longue… Elle perçoit d’autres silhouettes tapies dans l’ombre… C’est drôle, car elle peut le voir dans le présent, mais ni dans le passé, ni dans le futur. Comme si quelque chose était bloqué. La gorge bloquée, ça ne lui dit rien qui vaille. Elle continue à fouiller, aussi loin que sa magie lui permette.


Les Terraens se séparent dans la neige ; Nikkou, après avoir éteint l’alarme des motoneiges et fait un pouce en l’air à Erik, puis à Pandora pour acquiescer, part faire le tour, usant de sa téléportation pour aller plus vite et checker les caméras tout autour. Il pourrait les faire redémarrer, mais le système n’a pas sauté ; il a été coupé.

—Les caméras sont HS aussi, le courant a été coupé dans tout le quartier. Ils ont peut-être des renforts, indique Nikkou. Ou alors un très bon Tonnerre. Pas de traces de ce côté. Ni de porte, ou de fenêtre à ma hauteur.

Ca veut dire qu’il ne pourra pas se téléporter à l’intérieur.


Les deux Morphes peuvent trouver des traces de plusieurs pas dans la neige, passant sur ce qui semble être un parking. Celui-ci est encore partiellement déneigé, et la couche de neige est moins épaisse sur des rectangles de la taille d’un véhicule…

Ariana furète jusqu’au pied d’un escalier qui mène à une porte sécurisée, passant à côté de larges baies vitrées. Elle ne peut voir que sa silhouette claire se découper sur le reflet de la vitre, ainsi que quelques lueurs lointaines à l'intérieur...

Erik pourra déceler quatre, peut-être cinq paires de traces dans la neige. C’est un peu flou, car d’autres proviennent aussi du portail, et il ne fait pas assez clair. Heureusement, la lumière de la lune, haute dans le ciel, leur offre davantage de visibilité.


Pandora, de son côté, s’élève dans la nuit claire ; en montant, elle peut apercevoir les larges baies vitrées qui donnent sur un premier étage, à l’intérieur… rien de très visible ; néanmoins, elle peut apercevoir de la lumière équivalente à une lampe torche. Et en montant davantage, une trappe sur le toit, qui luit sous la lumière de la lune.

Ariana sourit à son camarade Eau, qui a eu une idée géniale, et lui donne une petite tape dans le dos quand il repasse à côté d’elle. Elle replace correctement ses cache-oreilles, retenant un long frisson glacé, et acquiesce, à la fois vers Erik et Pandora. Elle se transforme silencieusement, laissant son corps prendre la forme allongée puis touffue d’un renard des neiges. Vivement, elle s’élance dans la neige, en ne laissant que très peu de traces, s’enfonçant à peine. Son odorat l’amène à suivre les traces désorganisées depuis les motoneiges, mais elle ne trouve rien de bien intéressant. En revanche, son regard est attiré par un reflet sur sa droite, et elle sursaute.

C’est son reflet, pâle et épais, dans l’une des grandes baies vitrées. Elle se relève sur ses deux pattes arrière pour prendre de la hauteur et zyeuter dedans en collant son nez contre la vitre froide ; elle perçoit la forme d’un gros meuble, et, par une plus petite ouverture, des lumières qui bougent… Trop lointaines cependant. Elle souffle du nez un peu brutalement, et quand Nikkou revient à leurs côtés, au coin du bâtiment, s’écarte de la baie vitrée pour se glisser à côté de lui. Elle se retransforme.

—Rien de très informatif de mon côté, mais ça bouge à l’intérieur.
—Pandora ?

Ariana en profite pour se glisser près de la porte, d'abord pour écouter, et surtout pour voir si elle est ouverte.

Le museau près du sol, j'avance le plus silencieusement possible. Je pensais qu'Aria se changerait en lapin ou un truc du style mais j'avais eu tout faux, et en vrai, c'était une bien meilleure idée, l'animal qu'elle avait choisit. Je l'ai imité et, au signal du Master, on s'était mis à progresser discrètement.

Pendant que la renarde longe le mur du bâtiment, je continue à avancer un peu plus vers le parking. Il y a des traces de pas. Certaines correspondent à ceux du Centre, c'est une certitude. Les autres, en revanche... En prêtant attention à ce qui nous entoure, je remarque les traces laissées dans la neige par des véhicules plus standards que des motoneiges. Des voitures étaient garées ici. Probablement celles des gens qui travaillent ici. Il avait neigé une bonne partie de la journée et, le soir venu, les voitures avaient laissé ces sortes de crevasses, dans la neige. Il y avait fort à parier que les traces les plus nombreuses qui partaient de la porte soit celles des employés. Ce qui nous laisse avec un peu moins d'une demie douzaine de paires de bottes, dont une plus petite que les autres. Sûrement celle de la jeune Voyante.

Du coin de l'œil, je vois le Master s'approcher d'Aria, alors je fais de même etje me transforme à mon tour.

"Je suis pas certain, pour les renforts. J'ai au moins 5 personnes qui ont emprunté le même chemin que nous. Il y a trois motos. On peut supposer qu'ils étaient deux par deux, un soldat par doté. Ce qui veut dire que soit j'ai loupé une trace de pas. Soit quelqu'un s'est pas dirigé vers cette entrée. Ce qui voudrait dire que c'est vraiment un piège."

En même temps que je parlais, j'ai sorti mon arme. Celle qui tue. Juste au cas où. On sait qu'ils savent, désormais.

"On est peut-être déjà repérés. On avait la surprise du timing, si c'est le cas alors ça va se jouer au talent. Est-ce qu'on est sûrs qu'on veut entrer par la même porte qu'eux ? Ils l'ont peut-être piégée ? Est-ce qu'on a une autre entrée possible ? "

Une fois qu'Aria et Erik sont partis de leur côté, sous forme de renards des neiges (ils sont assez mignons, je dois dire), je commence à m'élever du sol pour contourner le bâtiment par en haut. Je vois Nikkou se téléporter en faisant le tour, il a l'air d'inspecter les caméras - et nous informe d'ailleurs qu'elles sont HS. Pas vraiment une surprise, mais c'est toujours rassurant de savoir qu'elles n'ont pas été piratées par les agents du Centre, qui seraient joyeusement en train de nous observer sinon... Quant à sa remarque sur un Tonnerre de bon niveau... Il n'y a plus qu'à espérer qu'il s'agisse de Bradley, et pas d'un quatrième doté inattendu.

Arrivée au niveau du premier étage, je plisse les yeux pour scruter au travers des baies vitrées, mais il fait trop sombre pour y voir quoi que ce soit. La lumière d'une lampe torche danse au loin, sans doute dans un couloir adjacent... Je m'élève un peu plus et repère une trappe sur le toit - ça, c'est déjà plus intéressant, une échappatoire potentielle. Voire une entrée plus discrète, si la porte principale est verrouillée. Je redescends ensuite au niveau du parking et atterris souplement dans la neige, aux côtés d'Ariana qui se retransforme. Aucune information de son côté, visiblement...

"Il y a du mouvement au premier étage aussi, je crois que j'ai vu une lampe torche."

Erik arrive à son tour et nous fait part de ses déductions sur les effectifs présents à l'intérieur, suite à son observation des traces dans la neige - 3 dotés et 3 soldats, d'après lui, donc. J'esquisse une petite moue quand il parle de porte piégée ; oui, en fait, ça me semble très possible comme hypothèse...

"Il y a une trappe, sur le toit, éventuellement..."

Maintenant, rien ne nous dit qu'elle ne soit pas potentiellement piégée aussi - mais il va bien falloir faire un choix.

https://zupimages.net/up/23/50/ct6p.png Voici l’emplacement des fenêtres en bleu. Pandora a pu voir que le premier étage semble être une plateforme. Toutes les fenêtres, sauf les baies vitrées de l’accueil, sont placées en hauteur pour qu’on ne voie pas le rez-de-chaussée. J'ai oublié de la noter, mais la trappe est située au niveau de la plateforme du 1er étage.


Nikkou fronce les sourcils aux remarques d’Erik et Pandora. Donc, de la lumière visible par les fenêtres du 1er étage. Au moins cinq ennemis, peut-être six. Le sixième s’est peut-être chargé de couper le courant… ils auraient dû faire plus attention aux traces de pas dans la neige près des motos, et avec les leurs, il sera sûrement plus difficile de retracer leur route. La voix toujours basse, il reprend :

—Bonne idée la trappe. Mais il faut qu’on bloque cette porte, j’en ai pas vu d’autres. Tomoe, tu confirmes, pas d’autre porte ?
—Pas d’autre porte de sortie. Mais la trappe, peut-être, oui…
—Ah bah super, en plus ils sont pas aux normes pour la sécurité incendie, ils sont cons ou quoi ? Bref, des indications sur combien ils sont ?
—Non, je n’arrive pas à bien voir autour des trois petits, quelque chose est brouillé et fait des interférences. Ce n’est pas comme quand il y a une machine bloqueuse de pouvoirs…

Sa voix se fait inquiète. Géniaaal. Nikkou envoie un regard à ses camarades et sourit en coin. Son regard est pourtant étrangement sérieux, malgré cette lueur d’excitation qu’il ressent toujours à l’approche d’une mission particulièrement ardue.

—Bon, vous savez ce que ça veut dire : dans tous les cas, ça va être la bagarre. Tomoe, essaie de trouver des infos en scannant les alentours s’te plaît.
—Je vous recontacte.

Le Master s’étire et s’approche de la porte en projetant sa magie vers elle. Celle-ci semble verrouillée électroniquement, et les données lui indiquent qu’elle a été ouverte par ce même biais à peine quelques minutes plus tôt. Pas qu’on en doutait, hein.

—Je peux me téléporter dans le hall d’entrée pour vérifier si tout est ok et ouvrir la porte de l'intérieur ; Erik, tu restes avec moi. Pandora et Aria, ok pour passer par la trappe ? Je crois que je sens la présence des dotés de l’autre côté du bâtiment, au moins ils nous attendront pas ici.

Ils doivent probablement mener leur propre mission.


Info : si Pandora décide de checker le mécanisme de la porte, elle n’entendra rien d’étrange. En revanche, elle pourra entendre des battements de cœur ralentis, situés en 3 endroits différents dans la pièce.

Le ventre de la rouquine se noue un peu, mais elle reprend vite sa détermination en même temps qu’une inspiration. Ses camarades se montrent prudents et réfléchissent à la vitesse de l’éclair. Ariana, de son côté, accumule surtout leurs informations et tâche de les mettre en ordre dans sa tête. Elle hoche néanmoins la tête à la proposition, observant les réactions de ses amis. Donc, les dotés seraient de l’autre côté, c’est sûrement eux avec les lampes torches… Bientôt… Bientôt, ils pourront les retrouver.

—OK oui.

Mais avant de partir, il faut les laisser checker la porte. Pendant que ses camarades s’attèlent à ce nouveau problème, Ariana ferme les yeux, se concentre… et cherche l’eau dans la pièce, de l’autre côté du mur. Elle ne peut pas entendre les battements, elle… mais elle peut sentir s’il y a des gens dans la pièce via l’eau de leur corps. Elle en arrive à la même conclusion que Pandora : trois personnes, leur coeur bat… Mais ils semblent surtout au sol si elle en croit ses propres perceptions. Glissant son doigt ganté contre le gros cristal d’Alice, sur son bracelet, elle active son pouvoir télépathique pour chercher une conscience chez eux.

—Ils dorment.

Voilà qui est rassurant. Elle profite de l’activation du cristal, qui déverse toujours sa magie en elle, pour essayer de projeter sa conscience plus loin dans la pièce. Elle perçoit la lisière de la conscience de ses amis, sans s’y immiscer ; puis une, deux, tro-….

“Bonjour.”

Ariana reprend douloureusement de l’air, yeux écarquillés. La voix est très calme, encore jeune.

“Si vous entrez, je vous tue.”

Et son cœur, qui tambourine, résonne dans ses oreilles. Elle tremble, un instant.

Sur la fin de sa phrase, la voix a pris une autre intonation, celle d’un homme écrasé sous un bunker. Elle serre les dents, et ses yeux s’illuminent alors qu’elle puise dans l’énergie chaleureuse d’Alice, qui est là, qui est forte, et qui impose sa volonté à l’autre télépathe, l’empêchant de s’immiscer plus loin dans son esprit. Elle partage cet écho avec ses camarades, mâchoire serrée. Il savait déjà qu’ils étaient là. C’est un télépathe. C’est la merde.

Elle fixe Erik et Pandora. Elle sait qu’Erik a un cristal Télépathe aussi.

—Pandora, si on va sur le toit, on peut peut-être encore les prendre en tenaille. Je peux essayer de nous protéger toutes les deux des attaques télépathiques et nous dissimuler avec le cristal d’Alice, mais ça va être difficile. Faut soit qu’on arrive à le convaincre très vite, soit qu’on parvienne à le maîtriser.

Regard angoissé vers Erik et Nikkou. Elle attend leur feu vert pour se transformer en corbeau et décoller jusqu'à la trappe.

___
Désolée c'était tentant, mon côté MJ était là "si elle fait ça j'suis obligée..."
Prenez en compte qu'Aria s'envolera avec Pandora s'il est toujours décidé qu'elles montent.

Je hoche la tête quand Nikkou propose qu'on se sépare ; qu'il prenne le bas avec Erik, pendant qu'Aria et moi montons sur le toit pour passer par la trappe. Mais avant ça, je m'approche de la porte et y colle mon oreille, attentive aux sons qui pourraient me parvenir de l'intérieur. Rien d'étrange, si ce n'est...

"J'entends deux... Non, trois battements de coeur distincts, ils sont dispersés dans la pièce. Mais le rythme cardiaque est trop lent, c'est bizarre."

Aria confirme mes dires, et décide d'utiliser son Cristal Télépathe pour en apprendre un peu plus ; ils seraient endormis, donc, étrange... Des otages, peut-être ? Je me tends légèrement quand les yeux de la rouquine s'écarquillent d'un coup, et mon estomac descend d'un étage à l'annonce qu'un Télépathe est tapi à l'intérieur (un Télépathe ouvertement hostile, en plus) - le pire de tous les pouvoirs, à mon sens, ou du moins, le plus difficile à contrer et à combattre.

"Le plan me convient toujours, on peut descendre par la trappe, oui. Je pense que ce petit con a déjà dû capter qu'on va se séparer... Si tu te sens plus à l'aise de nous protéger avec ton Cristal, c'est comme tu préfères, mais ce serait peut-être plus prudent de garder des cartouches pour quand on va se retrouver face à lui ?"

Même si je ne me plaindrai pas de ne pas me prendre une décharge psychique dans le cerveau, évidemment, mais le face-à-face risque d'être bien plus corsé, quand il arrivera, si Aria a épuisé ses ressources... C'est sa décision, de toute façon, et je m'en accommoderai. La Morphe se change ensuite en corbeau, et nous décollons ensemble vers le toit.

La trappe est verrouillée, par un simple cadenas déjà rouillé et abîmé par les éléments. Aria le gèle pour le fragiliser encore davantage, et j'augmente ensuite la pression de l'Air tout autour du verrou, jusqu'à ce qu'il cède dans un petit craquement. Je n'entends rien, de l'autre côté, peu de chance que quelqu'un nous attende juste en dessous... Avant d'ouvrir la trappe, je relève les yeux vers ma coéquipière, l'air sérieux.

"Prête ?"

Et je soulève le panneau, absorbant les grincements et craquements du métal. Il fait sombre, dedans, mais la lumière de la lune éclaire une partie de ce qu'il y a en-dessous de nous. Une simple plateforme - mais plus de lampe torche, cette fois.

"Attends, avant qu'on descende... Je scanne la zone vite fait."

J'explique brièvement, avant d'envoyer une vague d'ultrasons à l'étage en-dessous, me concentrant sur l'image qui me revient, les formes qui se découpent dans mon esprit.

J'ai beau garder mon sérieux, je ne peux pas m'empêcher de sourire quand Nikkou blague sur les sorties de secours.

"Le brouillage, ça serait pas parce qu'il y a une Voyante dans le lot, tu penses, Tomoe ? "

Et si c'est une nouveauté, on improvisera.  J'suis pas un expert en physique quantique, après tout. Le sourire de Nikkou s'élargit. Ça commence. Et c'est terriblement contagieux. Nos regards restent durs, on reste concentrés. Mais on a le cœur qui bat. On se sent vivant.  Mes lèvres s'étirent encore un peu plus quand le Master propose de se séparer. Je viens poser mes mains sur les épaules de mes deux équipières, espérant leur transmettre ainsi ma motivation, ma confiance et toute la chance dont elles pourraient avoir besoin. C'est bref, comme moment, et j'y mets un terme en ponctuant d'une petite tape au même endroit.

"Tu préfères pas juste tu nous télép-"

Je suis interrompu par Pandora, puis Ariana, à propos de présences dans un état second, à l'intérieur du bâtiment. Dans la pièce en face de nous. Putain. Merde. Ils dorment. Ok. Silencieusement, je range mon arme de poing, sortant celle non-léthale. Ils ont pas l'air d'être beaucoup plus que nous, après tout. Puis s'ils n'ont pas tués les gens à l'intérieur, peut-être qu'en face ils n'ont pas d'armes léthales non plus ? Même si chaque doté est une arme léthale. Ils veulent rejoindre leurs amis, non ? Je chasse ces préoccupations de mon esprit. Aria active son cristal et bientôt, je sens tout son corps se raidir. Avant même qu'elle ne le formule, je sais ce que ça veut dire. Bordel.

"Le Terre putain."

Evidement que c'est un Télépathe. Ils ont besoin de savoir ce que pense leur Voyante. Savoir si elle leur cache des informations ou pas. Ils savent que ce sont les enfants, notre cible. Qu'on cherche la même chose que l'année dernière. J'écoute la Morphe. Ouais. Ils savent qu'on sait qu'ils savent qu'on sait. Tout sourire disparaît de mon visage. Je croise le regard du Téléporteur, et je termine enfin ma phrase.

"On ouvre pas la porte. Ça sert à rien de prendre le risque. Tu nous téléporte à l'intérieur. Toi et moi. Tu pourras faire un peu de lumière ? "

Je n'évoque pas la partie la plus importante de mon plan. Nikkou le sait déjà. C'était le nom de notre mission, en Namibie. Ariana est beaucoup plus douée avec les cristaux Télépathe que moi. Qu'elle dissimule la moitié de notre équipe. Nous, on fera diversion. Le Master hoche la tête et, dans la même seconde, les filles s'envolent. En temps normal, j'aurais souligné à quel point c'était stylé, mais j'ai déjà la tête ailleurs.

"Je vais utiliser mon cristal Télépathe, moi aussi. Je nous protégerais. Du mieux que je peux. Occupe toi du Terre, si on le croise. Que je puisse me concentrer sur l'attaque et qu'on retourne vite se mettre au chaud."

Je fais rouler le bijou sur mon poignet. Rassemblant mes quelques connaissance en la matière pour construire une muraille autour de nos deux esprits. C'est frontal. Brutal. C'est ce que je maitrise le mieux de cette affinité. Aria cherche à faire glisser les pouvoirs de leur Télépathe sur elles. Moi je cherche à l'affronter. Affrontement voué à l'échec, je le sais bien, sur la longueur. La rencontre est brutale. Mes murailles sont prises d'assaut presque aussitôt. Je n'ose pas essayer de parler. Je n'ose pas essayer de dire qu'on vient en paix. Qu'on ne lui veut pas de mal. Ça pourrait être une faille qu'il pourrait exploiter pour rentrer dans mon crâne. Serrant les dents, je fais signe à Nikkou. Je suis aussi prêt que je ne l'ai jamais été. C'est maintenant.

"On est rentrés."

Mes pupilles se dilatent un peu plus. Sur ma gauche, juste derrière la porte qu'on a décidé d'ignorer, une femme, à même le sol. Je me penche pour essayer d'en apprendre plus la raison de leur état. Nikkou lui, pendant ce temps là, se dirige à droite, vers ce qui ressemble à la salle des caméras de vidéo surveillance. Peut-être qu'il réussira à choper des infos sur ce qu'il s'est passé avant que tout ne coupe.




Résumé :

Erik pose une question à Tomoe.
Erik utilise son cristal Télépathe pour les protéger, Nikkou et lui.
Ils se téléportent à l'intérieur de la pièce.
Erik essaie de comprendre pourquoi les membres de l'équipe de sécu sont endormis.
Nikkou se dirige vers la loge sécurité.

C’est gênant.

On lui avait pourtant assuré qu’il n’y aurait pas d’autre télépathe. Cela risque fortement de compliquer sa mission… Impossible pour lui de ne pas agir, sinon, elle aurait su. La mâchoire serrée, Rod colle son dos contre l’un des panneaux de l’open space. Il regarde Liz, de loin. Il sait qu’elle sait, mais l’inverse est aussi vrai. Il ne peut pas sonder à la fois ses pensées, celles des Terraens et celles de tous les agents de sécurité ; il n’a pas ce niveau de précision. Alors il fait le choix de se concentrer sur elle, parce qu’il sait qu’elle est la plus susceptible de les trahir, au détriment de leur sécurité.

Même s’il sait qu’il y en encore deux qui rôdent, et qu’il n’a pas réussi à les repérer exactement.

—Je vous laisse vous occuper de cette pièce, souffle-t-il de sa voix calme à l’un de ses équipiers, un des espions entrés devant lui, comme s’il ne s’était rien passé. Brad, remets le courant dans l’autre porte maintenant. Tu t'en sors bien.

Il se glisse ensuite le long des murs, indiquant l’endroit convoité à son partenaire de mission. Il a déjà réussi à ouvrir la première porte, celle-là ne devrait pas être plus compliquée à déverrouiller électroniquement. Après tout, ils ont coupé les alarmes.

Un autre esprit télépathe s’éveille alors, dans le hall d’accueil… Rod l’attaque directement, envoyant simplement une pression mentale pour lui faire peur, comme un étau autour de son esprit. Puisque c’est ce qu’il veut.

Au-dessus, deux autres Terraennes atterrissent ensuite sur le toit. Il ne peut pas lire aussi bien qu’il le voudrait leur esprit, mais il leur envoie le même genre d’étau.

Il connaît sa mission. Ce sera peut-être plus facile que prévu, finalement.

—On va avoir de la compagnie. Tenez-vous prêts.

Et toi, Liz, il te surveille.



[Pandora & Ariana]

La trappe du toit s’ouvre dans un grincement muet, tandis que le vent s’engouffre dans le bâtiment. Est en effet visible la plateforme menant aux bureaux, ainsi que la pénombre relative des lieux. Les ultrasons envoyés par la sonore passent et lui offre une cartographie des lieux : l’étage, qui s’étend en L inversé au-dessous d’elles ; deux escaliers, à chaque extrémité ; des salles vitrées tout le long ; et, encore au-dessous… des sortes de panneaux formant de petits box alignés. Une salle… et des gens.

Mais il n’y en a pas qu’au rez-de-chaussée ; il y en a aussi un, à la respiration sifflante, dans une des salles du premier étage, tout près de la trappe, ainsi qu’un autre au niveau des escaliers. Ce dernier semble venir dans votre direction, discret.



[Erik & Nikkou]

—Non... répond Tomoe à Erik, très hésitante. Ecoutez, je ne veux pas vous faire peur, mais ça me rappelle quand les enfants ont leur bracelet anti-pouvoirs. Pour qu'on ne puisse pas les détecter... Ca brouille une partie de ce qu'il se passe dans la pièce, je suis désolée.

Ah bah génial. Nikkou acquiesce finalement à la demande d'Erik, grave, après que les filles soient parties. Puis lui tend la main en esquissant un sourire en coin.

—Evidemment.

Il ne lui faut qu’un instant pour créer une petite sphère d’électricité dans les deux coins les plus proches de la pièce, puis pour les téléporter tous deux à l’intérieur. L’air est soudain plus tempéré, sec, mais il y flotte aussi une odeur étrange de renfermé, de métal et de désinfectant.

Le hall est dégagé, assez sobre, une borne d’accueil centrale tout ce qu’il y a de plus normal, avec du matériel pour le secrétariat, une loge pour le personnel de sécurité sur la droite de la pièce, près de la porte ouverte, et sur la gauche, un escalier menant au premier étage.

Il y a effectivement trois personnes à terre : une près de la porte d’entrée, une étalée derrière la borne d’accueil, et une sur le pas de la porte de la loge.

La femme inconsciente qu’Erik examine respire lentement, comme endormie. Elle est en tout cas inconsciente.

Nikkou, de son côté, se téléporte directement près de l’homme, la quarantaine, au sol lui aussi… Il checke son pouls ; endormi. Il ne prend pas la peine de s’y intéresser davantage ; les ordinateurs de la loge sont éteints, et cela prendrait trop de temps de les rallumer. Pourtant, toujours pas d’attaque directe de leur part. Ca craint du boudin.

—Ecoutez. Dès que vous avez besoin, vous me gueulez “lumière” et je rallume la lumière partout d’un coup, chuchote Nikkou. Ca les éblouira un peu au moins.

(Bon, eux aussi, mais bon.)

—Je crois qu’il y a un générateur pas loin. Faut qu’on se grouille ou ils vont récupérer les données, grommelle-t-il.
—Il y a encore deux agents de sécurité. Le premier est à l'étage, un autre en bas. Ils seront hostiles, mais vous pourrez peut-être réussir à les convaincre.

Il se retéléporte dans le coin, entre la loge et la porte blindée déverrouillée. À l’intérieur… eh ben, ça va sûrement pas vous étonner, mais c’est un open space.

Ces Américains, franchement.
N'oublions pas qu'il y a quand même bien du mouvement au fond de la pièce. Nikkou fait un signe à Erik pour lui désigner leur présence. Ah bah ouais, il le sent bien le télépathe dans sa tête là, on dirait qu'il essaie de lui malaxer le cerveau. Ptn. L'inconfort.


___
La map : https://zupimages.net/up/23/51/ziyn.jpg


Jaune : les zones où Pandora entend actuellement des gens. Elle ne peut pas percevoir exactement la disposition au rez-de-chaussée.
Violet : l’emplacement de la trappe.
Bleu : les vitres.
Les points rouges : les cadavres >:) (j’dec roh)

Les jets résultats aux jets de dés :
- Erik protège plutôt bien Nikkou et lui-même ; ils sentiront une pression sur eux, inconfort, comme un gros mal de tête, mais ils peuvent agir.
- Pour Pandora et Aria, le mal de tête est plus imposant, mais la diversion d'Erik fait utiliser plus d'énergie à Rod. Ca ne les empêche pas d'agir non plus.
- Il parvient à lire les pensées immédiates de Liz, bien que ce soit plus difficile de rester concentré. Elle ne sent pas sa présence dans sa tête.

J'enregistre l'information que Tomoe nous transmet sans bien savoir quoi en penser ; ça me semble assez clair que les gamins (ou au moins le Terre, hein) ne portent pas de bracelet anti-pouvoirs, alors, quoi ? Une nouvelle invention bien pourrie qui va nous tomber sur la tronche ? On a eu plus d'un an pour se préparer à cette nouvelle mission, développer des protections et des armes efficaces - j'imagine qu'eux aussi, mh. Une fois la trappe ouverte, j'envoie une vague d'ultrasons pour scanner le zone en-dessous de nous rapidement, fronçant légèrement les sourcils quand les images me reviennent. Nous ne serons pas seules une fois descendues...

"La plateforme en dessous est en forme de L inversé, avec un escalier à chaque extrémité. Il y a quelqu'un dans une des pièces juste à côté de la trappe ; je crois qu'il est immobile mais il respire fort, je l'entends jusqu'ici... Et une autre personne en mouvement, en haut des escaliers de droite."

Qui nous tombera vite dessus aussi si iel continue d'avancer. Deux contre deux, on devrait pouvoir gérer ; ça risque d'être plus tendu pour Erik et Nikkou par contre. Je ne perçois pas très bien ce qui se passe au rez-de-chaussée - et les soudains maux de tête n'aident carrément pas à me concentrer. Courtoisie du Télépathe, j'imagine, super... C'est diffus et supportable, mais tout de même bien désagréable.

"Les garçons, j'vois pas grand chose à votre niveau, y'a plusieurs personnes mais je ne saurais pas dire combien... Juste qu'ils sont plutôt du côté gauche du bâtiment."

Je me tourne ensuite vers Aria.

"Qu'est-ce qu'on fait ? On neutralise les gens en haut puis on descend ? Ce serait peut-être bien de bloquer les escaliers une fois qu'on est en bas, pour éviter qu'ils se dispersent. Et les deux agents de sécurité, je peux les endormir, s'il faut."

Ca ira plus vite que d'essayer de les convaincre - et surtout, ça leur évitera de se retrouver pris entre deux feux, dans le bordel qui va suivre. Parce que je ne me fais pas d'illusions, ça va vite devenir chaud là-dedans.

Je soupire quand j'entends la voix de Tomoe dans l'oreillette. Bordel de merde. Perso quand je porte un brouilleur comme ça, je fracasse pas la tête des gens de l'intérieur avec un marteau. Fils de pute va. Ma vue se trouble un instant, pendant que je me penche au dessus du corps de l'agente de sécurité. Coupant court à mon inspection, c'est maintenant la voix de Pandora qui résonne dans ma tête. Pas littéralement, soit. Mais c'était comme si.

"À... gauche ? Ok ok ok. "

Super ça. La gauche. Par rapport à la porte. J'imagine. J'espère. Je lève le pouce en direction de Nikkou, pour lui signifier que j'ai bien retenu le déclencheur. La Sonore en rajoute alors et je rejoins le Téléporteur près de la porte ouverte, chuchotant pour répondre.

"Essaie de te concentrer sur ceux que Tomoe ne peut pas voir. C'est eux nos cibles. Ce que je comprends pas, c'est pourquoi les gardes restants ne sont pas en état d'alerte, avec des gens chez eux, pas de courant et la moitié de leur crew injoignable, avec des faisceaux de lampes torches qui balaient la zone. Mettez les hors de combat. Essayez pas de discuter avec eux. Les filles. Préparez vous à entrer. On attend votre signal, avec Nikkou."

Je coupe alors ma transmission, pour m'adresser directement au Master, sans qu'Ariana et Pandora ne puisse entendre.

"Si on entre et qu'on doit se battre, j'ai le choix entre faire feu, et du bruit avec mon arme, ou qu'on se prenne une claque dans la gueule mais que j'puisse être utile et discret. Ma main se pose sur son épaule, au cas où il veuille me téléporter alors que je continue c'est trop contraignant, ce cristal, putain."

J'suis pas certain que ça soit utile de bloquer les escaliers. Pas contre leurs dotés. C'est même plus handicapant qu'autre chose pour Aria et moi. Je suis pas sûr qu'on ai le temps, ou les moyens de faire ça discrètement. Pfffff. L'attente est longue, parce qu'elle est douloureuse. Et qu'on sait que pendant qu'on hésite sur la marche à suivre, de l'autre côté, ils avancent sur leurs objectifs. Même si on peut légitimement si nous ne sommes pas un desdits objectifs.