Je n'aurais pas pensé ressentir une telle intensité au courant de cette mission. Bien que nous avions travaillé dur nos informations pour pouvoir s'infiltrer, les émotions alourdissaient mon estomac. Nous étions sur cette plage, la nuit, à attendre un bateau qui est supposé de revenir le lendemain matin. Si on devait me demander mon nom, je répondrai tout simplement Zaynab dont sa signification enrobe l'image de la beauté et des fleurs. Quelque chose comme ça. Je m'appelle Zaynab. Impossible de se présenter sans un nom dans le cas où on arrive à tisser ne serait-ce qu'un petit lien avec quelqu'un ici. On s'échange le peu d'infos qu'on arrive à sortir ou qu'on tente de déduire.

Avec Senri, ou Shango plutôt, nous avons rejoins notre grand-père Abdu (Aaron) après quelques tentatives de contact. On ne peut pas en vouloir à ces gens de ne pas vouloir parler à d'autres étrangers quand ils perdent leurs proches pour essayer de survivre. J'esquisse un sourire en voyant le vieil homme, le cœur un peu plus léger qu'on soit réunie tous les trois. Un dernier regard vers la mer désormais aussi noir que le ciel puis on part. À l'intonation d'Aaron mon dos se crispe, un ennemi? Un animal? Genre une gazelle? Je serre les poings et la mâchoire, prudente.

Je me fige en voyant une jeune fille qui sort du buisson. C'est peut-être une rescap- non. Elle connait Terrae et semble nous avoir reconnu. Je me gratte l'arrière du crâne sans savoir ce que je devrais faire. Puis ma concentration quitte cette inconnue pour écouter Tomoe et mon estomac est devenu un peu plus lourd par l'histoire sombre qu'elle prononce. Est-ce que c'est vraiment une bonne idée de dévoiler notre couverture? Je ne reconnais pas cette personne, ni ce prénom. Anna. Mais Senri semble la connaître. Senri. SENRI TU CRIES. Je me glisse derrière lui avant de lui claquer l'arrière du crâne (la paume de ma main claque suffisament fort son crâne chauve pour qu'un bruit assez fort résonne) tout en parlant entre mes dents, la mâchoire encore serrée.

« P'tain parle pas aussi fort le son ça peut résonner dans les grands espaces comme ça. »

C'est pas le moment de le chopper par le colback, mais vraiment, j'en suis pas loin. Ou alors lui enfoncer le visage dans le sable.
On sait pas ce qui peut se passer, ce qui peut arriver, j'ai trop regardé des films d'espionnage et Destination Finale pour avoir mes côtés paranos. Je soupire, fort. Notre Master interagit avec elle, il semble la connaître aussi, alors j'en profite pour demander à Senri :

«C'est qui? Est-ce qu'on peut lui faire confiance?»

Et surtout, est-ce que ça ne mettrait pas notre plan en péril?

La jeune adolescente arqua un sourcil alors qu'un enfant dégarni lui hurlait dessus à propos d'un bras de fer. Il fit ensuite une roulade et lui demanda ce qu'elle faisait là parce que c'était visiblement super dangereux. Elle haussa une épaule, jouant la désintéressée, alors qu'elle percevait les pensées des deux autres personnes qui l'accompagnaient. Ah ben tiens, celui-là pensait qu'elle était sa mère. Pff, elle est encore mieux que sa mère, il ne se rend vraiment compte de rien. Sauf que sa question sur le fait que sa mère soit justement au courant ou non de sa présence ici l'agaça un peu. Elle haussa de nouveau une épaule, l'air de dire "Je m'en fiche" et reporta cette fois-ci son attention sur la jeune adolescente qui avait fait taire "Senri". Est-ce que c'était vraiment lui ? Oui, non, aucun doute. D'abord la roulade (en vrai ça c'était trop classe quand même), mais aussi l'énorme "Senri !!!!" que les deux autres avaient crié dans leurs têtes au moment où il avait pris la parole. C'était lui sans aucun doute. Bon, avec une autre apparence... Elle aimait un peu moins. Elle préférait la tête qu'il avait la première fois qu'elle l'a rencontré.

Recevoir la consigne de continuer à discuter par télépathie la dérangea, parce qu'elle n'aimait pas vraiment l'autorité, mais elle y trouva son parti en comprenant que cela lui permettrait de montrer qu'elle était vraiment incroyable avec tous ses pouvoirs. Aussi décida-t-elle de participer au jeu.

"C'est parce que j'ai entendu Papa et Maman parler de personnes disparues que je suis venue ici. Je me suis dit que je pourrais bien faire quelque chose pour eux. Hé, moi aussi je peux être aussi... "héroïque" que Terrae !"

Oui, bon, vu leur accoutrement, c'était une drôle d'équipe terraenne qui lui faisait face... Mais elle prenait quand même.
Elle croisa ses bras sur sa poitrine.

"Le bateau est déjà passé tout à l'heure. Ils emmènent les migrants qui acceptent de venir avec eux pour échapper à toute l'horreur qu'ils viennent de vivre. Mais c'est pas le seul moyen. Tout à l'heure, avant que vous arriviez, quand ils étaient tous en train d'arriver en courant, éparpillés dans tous les sens, j'ai capté une conversation entre deux adolescents. L'un des deux n'était clairement pas avec tous ces gens au début... Il sortait de nulle part, et il a tendu une main vers l'adolescent au visage bouleversé. J'ai pas eu le temps d'aller tout écouter, ça s'est passé trop vite, et ils se sont téléportés tous les deux. Je crois que c'est de lui que les deux hommes parlaient tout à l'heure, celui qui a disparu."

Elle se tourna cette fois-ci vers la jeune fille et arqua un sourcil en lui transmettant ses pensées.

"J'ai déjà dit que j'étais Anna, pourquoi tu demandes si on peut me faire confiance ? Tu peux me parler à moi directement hein..."

Est-ce qu'elle est vexée ? Oui. Elle aurait préféré être accueillie comme une héroïne, plutôt que par toute cette suspicion. M'enfin, elle fera avec.

Elle posa ensuite son regard sur apparemment-Senri.

"En tout cas c'est cool de te voir. J'avoue que j'aurais été déçue si tu n'avais pas fait partie des téméraires de Terrae à participer de cette enquête."

Elle joue la pudique. Clairement, dans le fond, elle est hyper heureuse de le retrouver et de le revoir, son petit coeur s'est mis à battre un peu plus vite quand elle a commencé à comprendre que c'était lui.

Les remontrance d'Aaron arrachèrent un frisson à Senri qui réalisa l'erreur qu'il venait de commettre. Il se figea d'horreur, avant qu'une GROSSE TARTE ne le fasse faire un pas en avant. Il pesta en direction de Nana et lui chuchota quelques mots.

- Comme le bruit de la claque sur mon crâne ??

Il se redressa en se frottant le crâne et se tourna vers son équipe.

- Je suis désolé, ça ne se reproduira plus.

Il se sentait vraiment coupable. Et un peu honteux. Cela dit heureux, sont les simples d'esprit, il se concentra vite sur autre chose. Notamment la discussion entre son mentor et son amie aux multiples pouvoirs. C'était un particulier d'entendre les réponses directement dans la tête mais, Anna avait visiblement pu observer pas mal de choses. C'était trop fort !!! La réponse qu'elle donna finalement à Nana arracha un petit ricanement à Senri, avant de quand même répondre.

- Bien sûr qu'on peut lui faire confiance ! On est amis !!

Il bomba le torse quand son amie s'adressa justement à lui.

- Moi aussi, j'suis content de t'revoir !! Même si ça aurait été mieux que ce soit pas dans une mission aussi dangereuse. Mais on va pouvoir s'entraider, c'est bien !!

Malgré le fait qu'elle soit une enfant, Senri avait un souvenir encore assez nette du potentiel magique d'Anna, donc, il ne se faisait pas trop de soucis. Et de toute façon, c'était bien ce qu'elle avait vu qui était le plus préoccupant. Il se tourna vers son groupe.

- Ca pourrait pas être Tim ? Vous vous souvenez, le gamin téléporteur qu'on a affronté. S'ils se sont enfui avec Nako ils ont p'tet rejoins cette scientifique. En tout cas, ils ont pas l'air de choper des gens isolés de leur famille. Quand le téléporteur à rejoint l'ado, tu as vu s'ils étaient plutôt à l'écart ?

Senri commencé à avoir une ébauche d'hypothèse mais il préférait garder ça pour lui pour le moment. Il se sentait encore un peu coupable de sa bêtise et ne voulait pas davantage ralentir le groupe avec de mauvaises idées.

Merci Nana de partager mon outrage et de lui coller la claque qui me démangeait la main. Enfin, vous savez ce qu’on dit : les émotions qu’on partage se multiplient, et il se trouve que la première phrase de la petite Avatar numéro deux me donne encore plus envie de me facepalm. Et en même temps. Elle est choupi, elle me rappelle un peu Lottie quand elle a une idée en tête. SAUF QUE JUSTEMENT C’EST PAS L’ENDROIT POUR UNE ENFANT, ANNA.

Hm. Soyons attentifs un peu. Je remercie Senri d’un hochement de tête, posant ma main sur sa tête un instant. A la fois pour lui rappeler que voilà je l’aime quand même mais que la deuxième elle va partir super vite s’il crie comme ça une seconde fois. Les infos qu’elle nous donne sont assez précises, et précieuses. Elle a l’air de bien être qui elle prétend, et sa télépathie fluide me rassure. Mais je scanne quand même l'endroit avec mon pouvoir sensitif et à la recherche d'énergie magique, au cas où.

—Merci pour tes informations, Anna… Nana, c’est la fille de l’Avatar, je réponds platement, en bloquant temporairement l’accès à mes pensées, mais en espérant que Tomoe l'entende pour............... qu'elle cafte à Hideko, quoi. Elle est de notre côté, et elle est aussi très puissante.

Parce que je sais que Nana était présente au courant des années où Aëlita s’est déchaînée sur Terrae. Elle a blessé des gens, en a tué d’autres. Donc de notre côté, je crois. Je ne suis pas certain, évidemment, mais on dirait qu’on n’a pas le choix. Surtout qu’elle a l’air de kiffer Senri puissance mille — quel enfer — donc… bonjour les emmerdes. J’ai envie de me pincer l’arête du nez, mais je me contente de poser les poings contre les hanches. Hm, Tim… Bonne question.

—Oui, c’est possible, je concède à Senri. Il a pu les téléporter sur le bateau. Est-ce que ces visages te disent quelque chose, Anna ?

Je rabaisse mes barrières et visualise bien fort le contour du visage de Tim et Nako, à l'intention d'Anna. Ils sont inoubliables, l’horreur de ce qu’on a traversé ce jour-là reste encore très présente.

Puis je m’humecte les lèvres. Bon……….. comment dire. Pourquoi Senri part du principe qu’elle va nous aider mdr ????? ELLE A DIX ANS MAX ?? NEUF ? HUIT ? Bordel.

—Ecoute. Je te fais parfaitement confiance pour te défendre, t'as l'air vraiment super forte. Mais tu penses pas que c’est dangereux de te rapprocher du Centre ? Imagine s’ils t’enlèvent.

Vous me direz, sa mère irait décimer le Centre et ce serait plus du tout notre problème. Jusqu’au moment où elle viendrait nous buter nous parce qu’on a échoué à protéger son bébé.

………. J’ai peur d’où cette mission nous emmène, mdr.

(Oui je suis plus du tout concentré sur notre enquête, là.)

Cette arrogance. Je hausse un sourcil en réponse à la jeune fille qui, pardon, prend mal le fait que JE ne la connais pas et que je veux juste être sûre qu'on est en sécurité ??? On a pas élevé les cochons ensemble à ce que je sache. Puis c'est pas parce que tu me dis ton prénom que je vais te faire confiance??? Non mais d'où elle sort et- la mission. Nana la mission. On est pas là pour s'embrouiller-

« T'étais en train de parler avec Aaron j'allais pas te couper???? »

Je- non ok. C'est rien. On oublie, on reste cool et sympa. La mission. La. Mission.
Je jette un petit regard noir vers Senri. Puis, je me fige aux mots d'Aaron, me renvoyant à des images du passé qui m'ont terrifié longtemps. L'Avatar. Je me souviens encore de cet instant, à ma première étoilisation, après tout un bazar, elle était apparue, profitant de nos faiblesses pour empirer la situation, ça aurait pu aller loin, très loin, mais on en est sortis tous vivants. Et elle avait eu une fille... qui l'aurait cru. Je ne l'apprends que bien des années plus tard, mais que dire... merde. Ce qui veut dire que- ELLE EST JEUNE NON????? GENRE UNE ENFANT?
Une ombre est passée sur mon visage et je ne réponds à Aaron que d'un simple hochement de tête, le poing serré. Ce n’est pas le moment d'y penser. Vraiment pas. Mais si Aaron me dit qu'elle est de notre côté... malgré mes suspicions, je prends sur moi pour croire le Master, mais avec un goût amer en bouche.

Senri me ramène sur Terre et je laisse tout derrière moi pour me concentrer. Il n'a pas tort. Et Aaron dévoile à Anna des images, les visages des enfants que nous avions croisés auparavant. Je passe une main délicatement dans mes cheveux avant de croiser les bras contre ma poitrine, bougeant mon pied droit mécaniquement dans le sable pour tracer un huit.

« Senri a une piste. Ils ont été ''éduqués'' -commençais-je en mimant des guillemets avec mes doigts- par la personne qu'on recherche. C'est une possibilité si après ce qui s'est passé la dernière fois ils ont été emmenés ailleurs et des jeunes qui viennent chercher des jeunes, ça serait plus facile qu'un adulte. Si c'est Tim... Ça nous permettrait déjà de confirmer que Maman est dans le coin. Le bateau ne revient pas avant demain matin... qu'est-ce qu'on est mieux de faire en attendant?»

Hum. Anna arqua un sourcil. Un mélange de fierté et d'attente. Fierté d'être acceptée par Senri-qui-ressemble-pas-à-Senri pour faire partie de leur équipe, dans l'attente de voir le comportement des deux autres changer à son égard. Mais quand elle voyait comment Senri-pas-vraiment-Senri se comportait avec eux... Elle voyait bien qu'ils n'allaient visiblement pas changer d'avis sur elle.

Elle roula des yeux quand la jeune femme s'adressa à elle. Ouais, allez, des excuses pour justifier sa méfiance absolument pas légitime. Alors que celui qui répondait visiblement au nom d'Aaron s'adressait à la fille qu'on appellera "Méfiance", elle fut attirée par les souvenirs qui semblaient se rejouer dans son esprit. Elle fronça les sourcils, cédant à la tentation, et entr'aperçut sa mère dans une situation... Pour le moins inappropriée. Elle frissonna en croisant ce regard dans ces yeux froids et éteints de vie. Elle savait que son séjour à Terrae n'avait pas été joyeux. Elle ignorait encore qu'elle avait fait autant de mal autour d'elle. S'il y avait bien quelqu'un qu'elle n'avait encore jamais pu sonder, son niveau de puissance ne parvenant pas à surpasser le sien, c'était bien sa mère.

Elle revint à elle et choisit d'ignorer ses images qu'elle venait de voir. C'était sûr qu'elle allait se vexer... Et puis, elle voulait encore croire qu'il y avait une explication aux agissements de sa mère, ce jour-là. C'était peut-être trop douloureux pour sa petite âme d'enfant d'accepter cette violence de la part de sa propre mère. Elle croisa alors les bras sur sa poitrine alors que l'équipe semblait se concerter, sans elle visiblement.

Le vieux s'adressa à elle et elle décida de reporter son attention sur lui sans se soucier davantage de la fille. Elle hocha la tête en comprenant qu'il voulait lui transmettre l'image des personnes qu'ils semblaient rechercher. Elle se focalisa sur lui, ignorant les pensées des autres, et activa son pouvoir de Voyant en plus de celui de Télépathe pour visualiser totalement la scène que l'homme souhaitait lui partager. Et bien ! Ils en avaient vécu des choses, tous les trois ensemble. C'était peut-être pour ça que Senri-pas-Senri acquiesçait à ce qu'ils disaient sans se révolter.

Elle grimaça toutefois en découvrant la violence de la scène. Elle se concentra ensuite pour enregistrer l'image des deux autres adolescents qu'ils affrontaient. Lorsqu'elle sortit du souvenir, elle ancra son regard dans celui de l'adulte. Elle utilisa son pouvoir de Voyance pour essayer de remonter la demie-scène à laquelle elle avait failli participer avant que les deux adolescents ne se volatisent, cherchant à faire correspondre des visages. Elle se mordit légèrement la lèvre inférieure pour rester concentrée sur sa tâche. Ca faisait beaucoup de violence à emmagasiner d'un coup en si peu de temps...

Lorsqu'elle revint à elle, "Méfiance" s'adressait à elle. Elle tourna le regard vers elle, choisissant consciemment d'éviter le sujet que tentait désespérément d'aborder l'adulte "Aaron".

-Le visage correspond. C'est bien ce "Tim" qui est venu chercher l'adolescent tout à l'heure.

Vu que tout le monde s'était mis à parler, elle ne voyait pas pourquoi elle devrait arrêter de le faire. Oh, elle aurait aussi pu essayer de tous les connecter en télépathie, mais elle était fatiguée après tout ce qu'elle venait de faire, et puis ils lui avaient transmis des images clairement pas agréables à vivre, alors elle n'allait pas faire trop d'efforts pour eux maintenant, elle avait fait sa part.

Faisant la moue, elle finit toutefois par détourner le regard avant de marmonner dans sa barbe, à l'intention de "Méfiance".

-J'suis désolée pour c'que Maman t'a fait.

Scrogneugneu elle était étouffée par une culpabilité qui l'agaçait grandement. Parce qu'elle était pas responsable de sa mère. Mais elle était bien responsable d'avoir fouillé dans son intimité. Et en grandissant, elle commençait à comprendre petit à petit où se situait la frontière. Alors même si elle aimait éperdument espionner les gens à leur insu, elle savait aussi que parfois, certaines choses ne devaient pas lui être autorisées... Ah, la bonne conscience de son père la rattrape toujours.

-Moi je vais aller dormir avec Senri pendant que vous cherchez quoi faire en attendant le bateau, lança-t-elle ensuite pour détourner l'attention.

[Perception d'Aaron : Rien à signaler pour le moment.]


Récap des équipements emportés par chacun :

Aaron-Abdu:

Senri-Shango:

Nana-Zaynab:

Alors que la discussion devenait de plus en plus complexe, Senri fronçait de plus en plus les sourcils. Pas seulement parce qu'il était inquiet de cette situation, mais aussi parce qu'il ne saisissait pas tout. Son regard passé d'Aaron, à Nana, à Anna. Les deux semblaient bien s'entendre à se lancer des piques comme ça !

À la phrase d'Aaron a propos du centre et de la présence d'Anna, Senri se décida à prendre la parole.

- Je pense que c'est mieux si on y va tous ensemble. Nos cristaux sont pas infini, Anna peut nous aider à conserver nos transformation. Et puis, je peux largement protéger une personne de plus !!

Il gonfla un peu le torse. Mais avec sa nouvelle apparence, c'était bien moins pertinent que sous sa véritable forme.

La confirmation qu'il s'agissait bien de Tim, arracha une grimace à Senri, mais en même temps un petit sentiment de satisfaction le traversa à l'idée d'un match retour contre ce dernier et Nako. Il était devenu encore plus fort qu'avant et in était bien déterminé à me montrer.

Quand Anna s'excusa auprès de Nana, il arqua un sourcil. Qu'avait-il bien pu se passer entre Terrae et l'Avatar ?

Cette question passa rapidement à la trappe suite au détournement d'attention d'Anna. Il frappa son poing dans sa paume, comme s'il venait d'avoir une illumination.

- Bonne idée ! On a besoin de repos, mais on peut pas dormir sur nos deux oreilles ! On peut faire des roulements de duo pour monter la garde !

Il se tourna vers Nana et posa sa main sur son épaule

- Je te confie Aaron !! Tu le protège hein ??

Quand Senri proposa qu'Anna vienne avec nous, j'ai jeté mon regard vers Aaron, incertaine, le visage serré. Il la connaissait plus que moi et s'il pouvait lui faire confiance en décidant qu'elle vienne avec nous, j'accepterais. Bon, après c'est l'enfant de l'Avatar je n'aimerais pas me refaire la casser la gueule par elle parce qu'on a emmené la petite avec nous. Cependant, elle pourrait nous aider, j'imagine.

Puis ma mâchoire se crispe légèrement en écoutant la confirmation d'Anna au sujet de Tim, mais je continue malgré tout de bouger mon pied dans le sable. Merde. C'est une bonne chose, dans un sens, que ce soit bien lui. Peut-être que ce serait notre chance pour le sauver cette fois-ci et lui éviter de s'enfuir à nouveau comme la dernière fois. On était proches la dernière fois. Vraiment proches.

« Si Tim est dans les parages, ça veut dire que Nako aussi, j'imagine... De leurs comportements de la dernière fois, ils semblaient proches, ce qui veut dire qu'ils doivent être souvent en duo lors de leur mission. »

Je baisse à nouveau le regard vers le sol. Cette fois-ci, je trace une étoile à répétition. Qui sait à quel point ils devaient être plus forts désormais ces deux-là... Nous avions réussi à les maîtriser avant l'incident du feu, mais en un an, les choses changent, les gens aussi, que ce soit eux, ou nous. Malgré les allures de cassos qu'on pouvait me donner à Terrae, je me suis entraînée tous les jours pour moi, mais surtout pour être plus forte pour une journée comme celle-ci et- elle me parle. Dans sa barbe. Mais elle me parle.

Je me stoppe complètement et regarde Anna, qui vient de s'excuser. Une légère pression apparaît dans ma cage thoracique par la surprise. Elle avait regardé. Elle avait vu. C'est en observant son regard que la lumière dans mon esprit s'est rallumée sur l'instant. C'est une enfant. Et ce qu'elle vient de dire, c'est important. Mes épaules se décrispent et je laisse mes bras tomber mollement. Ce n'était pas le moment de laisser le passé me bouffer. Je n'étais pas sûre quoi répondre, elle n'était pas la responsable de sa mère. Mon regard s'est adouci malgré la pointe d'ombre persistante dans mon iris, je lui ai offert un léger sourire en coin. J'ai chuchoté dans mon esprit, très gentiment : ''C'est gentil, Anna, merci.''

Finalement, j'ai soufflé lourdement par la suite parce que- DORMIR AVEC SENRI?
Tu veux aller en prison, Senri? Hein? Hein? HEIN?
Je plaisante, je plaisante, promis. Ça ne m'empêche pas de lever un sourcil, mais c'est une bonne idée de faire des tours de garde pour se reposer. Je donne un petit coup de main contre les phalanges de Senri en signe d'approbation.

« C'est vrai qu'un peu de repos ne fera pas de mal si on doit attendre le prochain bateau, j'offre un sourire un peu plus large et un pouce en l'air à Senri. Ouais, je m'occupe de grand-papa t'inquiètes, tu peux compter sur moi!  Le premier qui lui touche ses dents, je lui fais manger le sol.»

OK, je rigole un peu intérieurement d'avoir dit ça, mais c'est véridique hein. Doucement, je passe une main sur ma nuque avant de me tourner vers Aaron.

« Qu'est-ce que tu en penses? Franchement je ne suis pas fatiguée du tout, si tu as besoin de repos grand-papi, je suis là pour toi. »

—Senri, c’est non.

Mais bon j’crois que ma voix s’est perdue dans le bordel ambiant vu que c’est passé à la trappe et que tout le monde a quand même décidé que c’était ok de l’emmener lol.

La petite (déso, elle a moins de 10 ans, donc elle est petite, même si elle essaie de se donner une allure de grande) semble méfiante au possible, mais elle collabore ; je ne peux que lui en être reconnaissant. Reconnaissant, mais surtout inquiet. J’acquiesce alors, un peu perdu dans mes pensées, quand Anna me confirme que c’est bien Tim… ahhhhhhhh super.

—Merci Anna. Ca doit être ça, oui.

Et en plus ils sont complices d’enlèvements maintenant. Cette fois, hors de question de les laisser être des instruments plus longtemps entre les mains du Centre, ils méritent mieux que cette vie-là. Je sens la colère qui bouillonne au fond de mon coeur qui se réactive, mais elle est tranquille, maîtrisée. Je ne me laisse pas le choix aujourd’hui, pas quand je suis entouré de mes deux élèves et d’une enfant. Je peux me permettre aucune erreur, et surtout aucune perte.

Mais il faut que je pense à la promesse que j’ai faite à Senri de pas tout gérer moi, de leur faire confiance. Mais c’est dur, actuellement, de leur faire confiance alors qu’ils s’avancent autant sur le sujet, qu’ils prennent une décision sans qu’on se consulte (j’te regarde Senri, et je te retiens) et surtout qu’ils voient pas le problème à ce qu’une enfant nous accompagne sur un bateau potentiellement truffé de pièges et de gens qui vont vouloir la tuer, peut-être la réduire en cobaye comme ça a déjà été fait. J’repense à l’histoire d’Aëlita, la maman-même de cette fille, qui a été emprisonnée par les scientifiques et maltraitée il y a une vingtaine d’années. Moi, à l’époque. Mitsuki, elle aussi. Ce tatouage qu’on a reçu — mais que j’ai effacé, pour oublier. Et Ys, au Centre, plus récemment, l’état dans lequel il a été retrouvé.

Je sais qu’elle peut lire dans ma tête, et j’espère qu’elle le fait. Qu’elle sache dans quoi elle met les pieds. Parce qu’elle a beau être puissante, sa mère l’était aussi ; mais entre leurs mains, on finit toujours impuissants. Je ne laisserai pas ça arriver parce que personne n’est foutu de réfléchir dans cette équipe.

Je n’ai rien dit quand elle s’est excusée auprès de Nana, c’est pas mes oignons. Je sais le carnage qu’Aëlita a causé à Terrae, et je sais aussi qu’elle était confuse et ne savait pas comment s’en sortir. Ca n’est pas “rien”, ça n’est pas “pas grave”, mais c’est passé aujourd’hui, et Anna n’est pas responsable.

En revanche.

Je darde mon regard sur Senri, les traits durcis. “Je te le confie”, mais ferme ta gueule Senri. Je suis à deux doigts de vous ramener tous les trois à Terrae. Je jette un regard en biais à Nana ensuite, clairement pas amusé par le trait d’humour au vu de la gravité de la situation que je suis visiblement le seul à prendre en compte.

—C’est gentil, mais je n’ai pas besoin de repos. Tous les deux, j’aimerais que vous redescendiez un peu. Il ne me semble pas qu’une décision ait été prise concernant Anna, vous vous avancez beaucoup trop là. Vous ne pouvez pas décider aussi légèrement si elle nous accompagne ou non. Elle n’a même pas encore dix ans et tu veux l’envoyer dans une zone de guerre ?

T’es con à quel point en fait ? Je jette un regard plus calme vers Anna, mais je suis pris dans mon conflit intérieur. J’ai des images de cette gamine et de Lottie en train de se faire torturer qui se superposent dans ma tête, ça me terrifie. Et que ces deux benêts prennent pas ça en compte, ça me déçoit juste de leur part. On peut pas juste dire “oui ok”. Ca peut pas marcher comme ça.

—Ce n’est pas contre toi Anna, je sais que tu peux te rendre utile. Mais tu es très jeune et j’ai peur que tu sois blessée, alors j’ai besoin qu’on s’organise pour que ça se passe au mieux. Je vais passer un coup de fil. Restez tranquilles, et restez ensemble.

Je leur parle même plus avant de me barrer mdr, ils m’ont saoulé. Même si je me poste plus loin, je les garde dans mon champ de vision. Ca m’évitera de voir  je reprends contact avec Tomoe. Je me souvenais pas que je pouvais être aussi tendu, aha.

—Désolé Tomoe, il y a un contretemps. Tu as entendu ? Il faut qu’on décide quoi faire, je ne prendrai pas cette décision seul. Passe-moi Hideko si elle est dans le coin.

Ouais j’suis pas marrant, je sais. J’ai grandi, il semblerait.

Elle avait beau jouer les adolescentes, Anna restait une enfant. Et bien qu'elle fasse tout pour le nier en bloc, son visage la trahissait à chaque fois en affichant beaucoup trop les émotions qui la traversaient.

Aussi, ce fut d'abord un large sourire qui éclaira son visage alors que Senri-pas-trop-Senri l'acceptait dans leur équipe. Puis elle fit la moue et détourna le regard quand elle entendit les pensées que "Méfiance" lui adressaient directement. Elle fronça les sourcils en reposant ensuite immédiatement son regard sur la Tonnerre alors qu'elle contestait sans détour sa merveilleuse idée de dormir avec Senri-pas-trop-Senri. ET POURQUOI NON ?! Et elle parle de prison en plus, toujours les grands mots. C'est clair, c'est une adulte elle aussi.

Mais ses pensées furent vite envahies par celles du Master qui revisionnait dans son esprit des images dont elle se serait bien passé. Son regard s'assombrit et elle baissa le regard en se mordillant la lèvre, agacée. Quand il prit la parole, ce fut encore pire. Comme d'habitude, elle était trop jeune. Comme d'habitude, on ne pouvait pas prendre le risque qu'elle soit blessée. Comme d'habitude, elle ne pouvait pas participer aux "missions". La seule chose qu'elle ait pu faire jusqu'à présent ayant été d'être elle-même le sujet principal d'une mission... Ce qui l'avait amenée à rencontrer Senri.

Elle sentit ses yeux s'embuer de larmes de frustration et elle serra ses petits poings alors que "Aaron" s'éloignait pour "passer un coup de fil". Elle n'en avait rien à faire de ce qu'il lui disait. Elle partirait avec eux, un point c'est tout. Pourquoi les adultes devaient-ils toujours la considérer comme une incapable ? Elle était forte. Elle se fichait des images qu'elle avait vues -ou plutôt les niait- elle était plus forte que tous ces losers qui s'étaient déjà fait capturer par ces bandits. Ca ne lui arriverait jamais.

Et tandis qu'elle ruminait, elle finit par se braquer et croiser les bras sur sa poitrine pour se laisser tomber en tailleur sur le sol, ne voulant même plus parler à ses futurs camarades de mission.

Tomoe appuya sur un bouton devant elle et passa en canal de conversation privée avec Aaron. Elle hocha la tête, par automatisme.

-Dès que je vous ai entendu parler avec Anna, j'ai contacté Hideko. Elle est là, je te la passe.

La jolie blonde adressa un sourire à la directrice avant de lui tendre son oreillette, n'ayant pas réussi à en programmer une nouvelle pour lui permettre de rejoindre leur réseau. Elle s'enfonça ensuite dans son siège et écouta d'une oreille attentive les directives de la Master fondatrice.

-C'est moi Aaron. Tomoe m'a transmis ce que tu venais de dire à Anna, concernant tes préoccupations. Je suis d'accord avec toi, elle ne peut pas venir avec vous...
-Ouais... Sauf que si je lui dis non, il y a des chances qu'elle nous passe sous le nez.
-Tu as raison...

Hideko marqua une pause. Elle soupira. Anna avait un tempérament difficile, ce qui n'était pas sans lui rappeler son propre fils. Alors qu'elle réfléchissait à une solution, le Master Sensitif reprit la parole.

-Écoute, faut qu'on trouve une solution. J'ai pas pu m'empêcher de penser en boucle à tout ce qu'on a déjà vécu avec les scientifiques et le Centre, je pense qu'elle l'a vu... ok c'est pas cool, mais j'espère qu'elle l'a vu. Et que ça la fera changer d'avis. Mais faut en priorité qu'on appelle ses parents, ils doivent être morts de trouille. Tu sais comment les joindre ?
-Je vais essayer de contacter sa mère au plus vite. Je peux aussi parler à Anna, mais avant, comment tu sens ton équipe ?

Aaron ne répondit pas tout de suite, ce qui fit froncer les sourcils d'Hideko.

-Je sais pas... Senri est trop enthousiaste à l'idée qu'elle nous accompagne, ils ont perdu leur cerveau à la seconde où Anna a révélé des infos sur les gamins qu'on a croisé l'an dernier au Centre. Nana est pas à l'aise. Je pense qu'ils peuvent se reconcentrer, mais je débrieferai avec eux après qu'on ait pris une décision.
-S'il y a le moindre problème, tu sais que nous restons en permanence sous écoute, et à ta demande, nous vous évacuerons immédiatement. Je me fie à ton jugement. En revanche, si nous vous évacuons, je ne sais pas encore quand nous pourrons renvoyer une équipe sur place sans que ce soit suspect, d'autant qu'il faudra prévoir un temps de préparation pour cette autre équipe.
-T'inquiète. On va gérer.
-Est-ce que tu pourrais donner ton oreillette à Anna s'il te plaît ? Je vais essayer de lui parler.
-Ouais je vais faire ça. Mais tu veux pas essayer de contacter Aëlita avant ? Je serais plus à l'aise.

Hideko se pinça les lèvres. Contacter Aëlita était toujours compliqué. La ligne "directe" n'était pas si directe que ça, et le peu d'échanges qu'elles parvenaient à avoir se faisaient souvent sur plusieurs jours. Et si elle n'était pas disponible tout de suite... Avaient-ils vraiment le temps d'attendre ?

-Je vais lui indiquer que sa fille est là-bas, mais je ne suis pas sûre de parvenir à la joindre directement. C'est toujours compliqué d'entrer en communication avec elle... Et il faudrait vraiment que nous parvenions à la dissuader de venir avec vous avant que vous n'alliez trop loin dans votre mission.

Tomoe releva la tête en direction d'Hideko et lui offrit l'un de ses jolis sourires rassurants dont elle seule avait le secret.

-Je peux essayer de lui parler, si vous voulez bien.

La Master Feu se tourna vers elle.

-Tomoe propose de lui parler.

La directrice entendit le Master Sensitif grommeler avant de répondre.

-Ok... oui, ok. Je peux lui passer Tomoe. Écoute, si j'arrive pas la dissuader, je prendrai la responsabilité auprès d'Aelita, toi elle risquerait de juste te buter. Peut-être que c'est mieux si c'est pas toi qui entre en contact avec elle, finalement.
-T'as sûrement raison. Faisons comme ça. Je redonne l'oreillette à Tomoe. Et si besoin, je reste dans les parages, avec Tomoe.
-Ça marche, merci.

Hideko tendit son oreillette à la jeune femme. Elle l'entendit tenter de rassurer Aaron tandis que ce dernier allait remettre l'oreillette à l'enfant, et écouta ensuite la Master Eau s'adresser à elle.

-Anna ? (grognement d'acquiescement) Bonjour, je m'appelle Tomoe, je suis à Terrae. J'ai entendu dire que tu étais une fille sacrément courageuse, t'as déjà énormément aidé notre équipe sur place grâce à tes informations ! Un grand merci à toi. Comme tu peux le constater, nous restons tous en contact grâce à ces oreillettes, j'ai donc entendu toute votre discussion. Je suis désolée pour cette intrusion, j'espère que tu me pardonneras. J'ai cru comprendre que tu voulais accompagner notre équipe dans leur mission, mais si tu veux bien, j'aimerais plutôt te confier une autre mission très importante également. Tu serais partante ?

La petite fille adolescente essuya son nez avec le revers de sa main et renifla avant de refermer ses bras autour de ses jambes ramenées contre elle.

-C'est quoi la mission ?

Pas qu'elle ait envie de répondre encore aux attentes de ces adultes. A tous les coups, ils allaient encore lui demander un truc super nul.

-Quand notre équipe est arrivée sur place, Aaron m'a demandé d'enquêter sur le passé de ces gens pour savoir ce qu'il s'était passé et... Je suis sûre que tu as vu les mêmes choses que moi, n'est-ce pas ? Je suis vraiment inquiète pour eux. Ils ont traversé des choses terribles et...

La jeune femme marqua une pause avant de reprendre.

-Et d'affreuses personnes veulent en tirer profit. J'aimerais, si tu l'acceptes, que tu restes sur place et que tu les protèges. Que tu sois un peu comme leur ange gardien. Notre équipe va probablement partir sur le bateau demain matin... Mais grâce à toi, on sait aussi que certaines personnes sont également enlevées par téléportation et... Et une fois que notre équipe sera partie, il n'y aura plus personne pour protéger ces pauvres personnes qui ont déjà traversé tant de choses difficiles. Si tu pouvais rester avec eux, ça me rassurerait vraiment.

Hideko regarda la blonde parler avec admiration. Comme elle aurait aimé savoir faire ça. Ca l'aurait probablement aidée dans de nombreuses situations avec son fils... Mais elle n'avait pas cette patience. La conversation entre la Voyante et l'enfant de l'Avatar continua encore un peu avant qu'Hideko ne comprenne que la petite avait rendu l'oreillette à Aaron.

-Tu n'as plus qu'à dire à Aëlita qu'Anna est là-bas. Elle restera sur place, Aëlita n'aura qu'à la récupérer.

Elle hocha la tête. Le travail d'équipe avait véritablement toute son importance, qu'importe la mission.

Anna retira donc l'oreillette de son oreille pour la rendre à "Aaron". Elle se releva.

-Je vais rester ici demain, déclara-t-elle. Je vais m'assurer qu'il n'arrive rien d'autre à ceux qui sont ici. Ce sera pas la peine de m'appeler au secours s'il vous arrive une bricole, je ne viendrai pas ! Ma mission ici est plus importante.

Elle croisa les bras sur sa poitrine, déterminée.

-De toute façon, votre mission aurait été trop facile pour moi.

Oui, bon, il fallait bien qu'elle le dise quand même. Elle s'éloigna ensuite d'un pas décidé.

-Je vais dormir, je suis fatiguée. Faites comme vous voulez. A la prochaine !

Et elle s'arrêta quelques mètres plus loin à peine, où un duvet était étendu sur le sol, à peine à l'abri des regards, derrière un buisson.


Le lendemain matin, les membres de l'équipe purent embarquer sur le bateau qui allaient les mener à leur destination mystère, là où semblaient disparaître beaucoup trop de migrants...


Récap des équipements emportés par chacun :

Aaron-Abdu:

Senri-Shango:

Nana-Zaynab:

Si l'ambiance semblait se détendre alors que Nana et Senri discuter en envoyant des piques à leur chef de mission, ce dernier parvint à la refroidir instantanément. Ashton n'aurait pas mieux fait, tant ses paroles arrachèrent un frisson à Senri. L'étoile se raidit dans un réflexe presque militariste. Le ton, mais également les paroles du maître de Senri résonnèrent en lui.

Il baissa les yeux.

- Pardon monsieur.

Il n'ajouta rien, se sentant presque trop honteux pour dire quoique ce soit. Il n'avait pas pris en compte l'âge d'Anna. Ou plutôt, il n'avait pas saisi le fait qu'elle était, avant d'être un concentré de magie, une enfant. Si, l'autorité était l'une des choses à laquelle s'opposait le plus farouchement, celle d'Aaron était différente. Il adressa un regard désolé à Nana. Avant de poser son regard sur Anna qui s'était assise par terre. Pas besoin d'être sensitif pour deviner toute la frustration d'une telle remontrance.

Senri se laissa tomber sur le sol.

- T'inquiète, il a l'air sévère, mais en vrai, il fait ça pour... Il sait ce qu'il fait. Je crois que ça vient avec, avoir beaucoup de pouvoir. Et de responsabilités. Au bout d'un moment.

C'était cocasse, Senri avait réussi à avoir suffisamment de cran pour tenir tête à l'Avatar, mais face à Aaron, il s'était écrasé immédiatement. Et peut-être que la situation était différentes. Senri releva les yeux vers Nana.

- Si Nako est là aussi, faut se méfier. Je pense ils se sont entraînés aussi.

Il marqua une pause.

- Tu penses, on peut les sauver ?

La mention des risques, d'une zone de guerre, ça commençait à travailler Senri. Comment réussir à sauver deux personnes qui ne voulaient pas l'être ? Et si, "Maman", c'était leur Aaron, à eux ? Dans n'importe quel situation, Senri ne voyait pas comment on pourrait le détourner de l'autorité d'Aaron.

Finalement, le Master revint après quelques instant, il semblait être en contact avec Terrae. Puis, il céda son oreillette à Anna. Pour discuter avec Tomoe, s'il comprenait bien. Il ne comprenait pas vraiment tout, mais visiblement, les expression d'Anna commencèrent à changer. Pour que finalement, elle se lève et leur témoigne de son changement d'avis. Terrae voulait la faire rester, là ? Senri arqua un sourcil, en jetant un regard avec Aaron.

Bon, s'il avait pris cette décision c'est qu'il devait avoir raison. En plus, Tomoe avait sûrement dû voir que c'était la meilleure décision.

Lorsque la petite Avatar déclara leur faussait compagnie, et que leur mission aurait été trop facile. Senri acquiesça avant de lui lancer quelques mots.

- Fais attention, hein ! Parce que on a toujours pas fait un bras de fer avec tes pouvoirs de titan!!

Une fois que le groupe de Terraen, fut de nouveau seul, Senri se tourna vers Aaron.

- Je suis désolé, Monsieur. J'ai perdu de vue la situation dans laquelle on était, ça ne se reproduira plus. Mais...

Il hésita un instant.

- Je ne comprends pas votre décision. Même si l'emmener là-bas était dangereux, on pouvait se protéger les uns les autres. Là, elle sera seule si le Centre la repère. C'est pour ça que je pensais qu'elle viendrait avec nous.

IL se gratta l'arrière du crâne.

- Mais je me fais sans doute trop de soucis.

Et sur ces mots, il attendit qu'Aaron lui donne congé pour retourner à ses occupations. Ils allaient sûrement retourner à proximité du camps et se reposer, ils avaient un bateau à prendre.

Aaron nous ramène subitement sur Terrae, une gifle transmise par ses mots, c’est mérité, on s’est éloignés un peu de l’objectif de la mission avec l’arrivée de la jeune fille. Mon visage se décompose et je tuerai pour pouvoir fumer ma cigarette. Je me shutdown de l’intérieur à ma grande surprise, je ne peux pas en vouloir à Aaron de nous gronder, c’est harsh, mais ça me remet dans la réalité de la mission. Je n’ai pas répondu, je l’ai juste fixé tout le long, le regardant parler à la petite puis s’éloigner de nous. Je me suis sentie comme une petite fille sur l’instant, ce n’est pas la première fois qu’on se fait gronder, mais l’ambiance est toute autre et c’est à ma grande surprise que je ne peux pas réagir autrement, par peur d’envenimer, et surtout que le ton d’Aaron a été un peu plus dur que toutes les autres fois. On a oublié qu’avant tout, avant d’être notre ami, notre mentor, c’est notre Master, un chef, responsable qui a de lourdes tâches.

J’ai répondu brièvement à Senri, me laissant tomber au sol à mon tour pour me mettre en tailleur, dos à tout le monde pour fixer la noirceur des alentours :

« Il faudra être méfiants c'est sûr... Ils ont grandit entre temps. J’ai espoir qu’on puisse les sauver, je ne me pardonnerai pas de perdre un autre enfant comme avec le Feu… »

Quelques flashs traversent mon esprit avant de secouer la tête pour les laisse retomber au fond de ma mémoire. J’ai laissé Senri s’occuper d’Anna en attendant le retour du Master. Lorsqu’elle décida de nous quitter, je me suis retournée pour lui offrir un très léger sourire en coin.

« Fais attention à toi Anna tu vas super bien gérer ta mission j’en suis sûre. »

Je me suis replacée pour croiser mes bras sur mes genoux que j’ai ramené contre ma poitrine et lorsqu’Aaron est revenu, je n’ai pas dit un mot. Je n’ai pas bougé. Pas parce que je boude, ou que je l’ai mal pris, je voulais juste un peu de temps pour process et reprendre ma concentration, je ne savais pas quoi dire à Aaron dans tous les sens sur le moment. J’ai laissé la nuit m’englober comme une petite couverture. J’ai tendu l’oreille pour écouter Senri s’excuser auprès d’Aaron, on est tous inquiets, stressés par cette mission. Je comprends complètement le point de vue de ne pas l’emmener avec nous… j’aurais accepté si sa vie était en danger, mais tout est si incertain. Peut-être qu’on a voulu se détendre un peu trop sur le moment en oubliant la gravité des choses, si le Centre mettait la main sur Anna, on serait dans le jus.

La présence soudaine du Master dans mon dos me fit tourner la tête vers sa direction, déglutissant difficilement.

« Excuse-moi Aaron, la présence de la fille d’Aëlita m’a perturbé un peu trop et on s’est un peu trop ramollis, mais c’est la dernière fois. Je sais que tu as pris la bonne décision. On fera de notre mieux pour ne pas te décevoir pour cette mission. J’espère juste qu’Anna restera safe. Clairement je n’aurais pas été d’accord pour l’emmener avec nous de toute façon. Vraiment désolée pour tout à l’heure… »

C’est dit avec le cœur.
J’ai tourné la tête pour déposer mon menton contre mes bras, toujours sur mes genoux.

« On va avoir du pain sur la planche demain… Faisons de notre mieux pour se reposer et ne pas louper ce foutu bateau. »

Demain, tout ira pour le mieux, on sera ensemble, quoi qu’il en coute. Pour nous, pour Terrae, pour les enfants.

Bon. J’ai un peu abusé, peut-être. Je crois que ma tension artérielle est montée en flèche à partir du moment où ils ont commencé à sous-entendre qu’on allait faire la mission avec une enfant de 8 ou 9 ans ptdr. Je vous jure je suis pas bien. J’aurais peut-être pu m’adresser un peu autrement aux deux Tonnerres, là, mais vraiment, un problème à la fois.

La discussion avec Hideko me soulage un peu, et en même temps je me sens tendu comme un arc. C’est ça le problème avec les enfants magiques (Daisuke est pareil, hein, qu’il fasse pas genre), c’est qu’ils sont effectivement incroyables et très forts. Mais ils sont aussi dangereux pour eux-mêmes. Je crois qu’on a accidentellement créé une génération de mini monstres choupi ; c’est aussi pour ça qu’il faut être mortellement fermes quand ils déconnent. Autant dire que je suis pas très doué avec cette partie de l’histoire, hein.

Au moins, on est raccords avec la vieille. (… Réflexe.) Et Tomoe, c’est peut-être la personne la plus adéquate pour parler à la fillette. De mon côté, je suis rongé par l’angoisse à propos de ma propre équipe, ça me bouffe déjà bien assez même si je le contiens au max. Ca me dérange pas de passer pour le méchant auprès d’elle ; mais auprès d’eux, c’est pas la même chose. Alors que je me rapproche, je lance un regard à Nana et Senri ; je sais pas trop comment le définir, ce n’est pas neutre, ce n’est pas énervé non plus. Je crois que j’aimerais leur dire que je sais qu’ils font de leur mieux, mais qu’il faut réfléchir un peu plus avant de foncer. C’est pas pour rien qu’on est la team Tonnerre hein lol-

Je tends l’oreillette à Anna et lui souris. C’est sincère, en vrai. J’aimerais juste qu’elle soit en sécurité, pas ici dans la nature. Et je croise les bras en attendant, appuyé contre un arbre, lançant un regard plus rassurant à Nana et Senri, mais aussi un peu désolé. Ca va aller. Je sais pas ce que lui dit Tomoe, mais elle est trop forte, de toute manière. L’avoir de notre côté, ça me rassure toujours.

C’est dans ces moments que je me rends compte que je peux pas avoir la même posture que Nicolas avec les personnes qu’il accompagne en mission ; ou même que Nikkou et Mitsuki, au final. J’aimerais pouvoir être léger dans mon sérieux, pouvoir ne pas mettre du cadre comme un prof, mais c’est ce que j’ai appris à être. Ca va faire quinze ans que je suis à Terrae, l’institut venait d’ouvrir, et on essayait tous de le tenir à bout de bras. J’ai eu quelques années pour être con et faire de la merde, mais à côté, en salle des Masters, on a toujours dû faire front ensemble, à une époque où la terre entière voulait nous buter. Il a toujours fallu qu’on ait ce rôle fermé, peut-être un peu sec, parce qu’on avait pas le choix et qu’on ne pouvait faire confiance à personne. Et peut-être, aussi, parce qu’on a commencé tout ça beaucoup trop jeunes. Ca n’a même rien à voir avec Senri et Nana ; ça a tout à voir avec la manière dont on a dû tenir et construire cet institut ensemble. Si peu nombreux, mais ensemble, pour que Terrae ne s’écroule jamais. On avait à peine vingt ans.

Je crois que je ne serai jamais comme Nikkou, et pourtant j’aurais aimé.

Anna semble avoir repris du poil de la bête, et je souris en coin, de mon visage de papy Abdu. Je récupère mon oreillette.

—C’est une mission importante. Fais attention à toi, on compte sur toi pour sécuriser les lieux. Tiens nous au courant si tu as besoin d’aide. On te fera savoir aussi si on a besoin de toi. … Par contre, tu avais le droit de rester dormir avec nous, hein.

Nan mais elle est partie, laisse tomber Aaron, ptdr, pourquoi tu parles en fait.

Et puis y a un silence, avant que Senri se tourne vers moi, puis Nana. AHhhhhhhhhhh au secours. Je suis gêné maintenant. Je me passe une main sur la nuque, et leur souris tour à tour. Ca me rassure un peu ce que je me dit Nana, même si au fond je sais que j’ai réagi un peu fort.

—Ecoutez… c’est réglé maintenant, par pitié vous excusez pas. Elle est plus jeune qu’elle n’en a l’air, on l’oublie vite. On a de très mauvaises relations avec sa mère, s’il lui arrive quoi que ce soit, ça se passera très mal.

Très mal style : elle va tuer des gens, à commencer par notre Originelle et le Master qui a autorisé cette folie, et, euh, bon. Voilà. Ca se passe de commentaires. Faites-moi penser de préciser à Hideko qu’il faut absolument qu’on renoue avec Aëlita si on survit à cette mission, s’il vous plaît. (On est soir 1, la mission a pas encore commencé, et je veux déjà dormir. C’est infernal.)

Senri reprend. Je l’observe sans rien dire dans un premier temps, hésitant moi aussi.

—Ils n’ont pas installé de matériel pour bloquer ses pouvoirs aux alentours, c’est bon signe. Tomoe est aussi sur le coup, je ne doute pas qu’elle la surveillera et lancera une équipe pour la protéger en cas de besoin. Ils sont aussi en train de contacter sa mère pour la prévenir de son emplacement. Elle est restée ici seule pendant un moment avant qu’on ne la trouve, alors aies confiance en ses capacités. Elle a l’air maligne.

Enfin, ça ne fait pas tout, mais ça me rassure davantage. Je n’ose pas dire à Senri que le risque, c’est que la mission finisse exactement comme l’an dernier si on se retrouve à avoir quelqu’un qu’on doit protéger au détriment de notre propre vie. On doit minimiser les dégâts en amont, et là le risque de conséquences politiques et sur nos propres vies est plus élevé que jamais. Mais il ne peut pas savoir que si Aëlita pouvait obtenir une seule raison de plus de tuer Hideko de ses mains, elle le ferait.

Minimiser la casse.

Se concentrer.

—C’est clair, je réponds à Nana, un soupir au bord des lèvres. Dormez un peu, je vais prendre le premier quart. Nana, tu seras la suivante.

Demain, ça commence.

Aucun danger ne survint pendant la nuit. Anna resta dans son coin, dormant paisiblement, retrouvant d'ailleurs son corps d'enfant pendant la nuit. Au petit matin, le bateau était là, et les Terraens purent embarquer. Au moment où vous embarquiez, Aaron sentit une énergie similaire à celle d'Anna arriver sur l'île. Il devina qu'Aëlita était arrivée. Un sentiment de gratitude fut transmis aux membres de l'équipe, avant que les énergies ne disparaissent. Aucun souci ne survint pendant la traversée.

La personne qui vous fait traverser n'a pas de pouvoirs. C'est un homme âgé d'une quarantaine d'années. Il ne semble pas dangereux.

Vous constatez que le bateau vous mène près d'une petite île inhabitée de la mer Rouge. Lorsque vous accostez, vous découvrez un pré-fabriqué de fortune installé là.

Lors de votre entrée dans le bâtiment, on vous présente les dortoirs, où se trouvent d’autres migrants, et on vous rassure en vous disant que vous avez pris la meilleure décision : votre vie ne sera plus en danger désormais. Vous avez l’impression d’être accueillis comme des rois…  

Vous avez alors droit à un quartier libre, puisque le repas sera servi dans 2h. On vous indique où se trouvent les salles de bain si vous voulez vous laver, et on vous invite à vous installer confortablement dans les dortoirs…

Vos pouvoirs et la communication avec Terrae ne sont pas bloqués.

Recommandations MJ : Je n'ai pas voulu faire un post trop long pour ne pas influencer vos actions. Vous arrivez dans un nouveau lieu où vous avez tout à explorer : je vous recommande donc de passer en speed-RP afin de dynamiser la visite des lieux. Je vous invite également à laisser Aaron poster en premier pour donner les directives à l'équipe.

Carte de la base:

Récap des équipements emportés par chacun :

Aaron-Abdu:

Senri-Shango:

Nana-Zaynab:

Le lendemain, il a fallu redonner un coup de boost à notre transformation, qui n’allait pas tarder à s’affaiblir, quand le bateau est finalement arrivé. Tout le monde se pressait sur la plage, mais on a quand même réussi à monter. Et là… Quand j’ai senti son énergie, je n’y ai pas trop cru, au départ. Ca m’a tiré un frisson terrible, comme en souvenir de ce qu’il s’est passé il y a des années ; et puis il y a eu de la reconnaissance, de la gratitude. J’ai attrapé gentiment la main de mes deux camarades pour les prévenir.

—Sa mère l’a récupérée, c’est bon.

On pourra se concentrer pleinement sur ce qui viendra. Mon visage de vieux monsieur est plus apaisé, ce matin ; j’espère qu’ils le sentent.

La traversée est tranquille, rien de spécial n’attire mon attention : pas de magie, pas de brouilleur, et Tomoe qui nous avertit régulièrement que nous sommes toujours en ligne. Jusqu’à ce qu’on arrive sur une île. Bah alors, sacrés moyens, hein… Les gens alentours sont rassurés, certains pleurent de joie d’être enfin en sécurité. Je n’ose pas imaginer ce qu’on leur fait ensuite, alors je reste sur mes gardes. Je n’aime pas trop qu’on doive se séparer, avec Nana, mais c’est peut-être ce qui nous donnera le plus d’infos.

—Eh bien, mes enfants, nous sommes enfin en sécurité, je lâche de ma voix de vieux bonhomme. Que diriez-vous de nous installer, nous rincer un peu et explorer ensuite ce charmant endroit ensemble ?

Non parce que si on commence direct à fouiner partout, ça va être super suspect. On est censé être en cavale ; un accès à une douche, ça ne se refuse pas. Et si on peut laisser traîner les oreilles… (Non et puis je rêve d’une douche, mais ça faut pas le dire.)