Ca faisait longtemps que je ne m'étais pas entraînée seule, mais ça faisait encore plus longtemps que je ne m'étais pas entraînée avec Roman. Le hic, c'est qu'il est occupé et qu'il ne peut pas me rejoindre là tout de suite. Alors en attendant, quitte à avoir réservé le gymnase, je m'y retrouve toute seule. En fin d'après-midi, la nuit est déjà tombée et je frappe mon sac. Ca résonne, même avec les quelques tapis que j'ai mis en place pour éviter de perdre du temps quand Roman arrivera. Je sautille sur place, frappe, bondit, envoie mes jambes percuter le sac. Je me concentre sur la fluidité de mes mouvements, ma rapidité, la force à l'impact, exécute quelques enchaînements. En imaginant un être humain de taille moyenne face à moi, je l'attaque, d'abord de façon non létale, puis mes coups se font plus durs, plus rudes, plus impitoyables. Je sais que je repartirai en mission, que mon objectif restera le même : ne pas tuer. Mais sauver la vie de mes compagnons est primordial, et je sais que parfois, je n'aurai pas le choix. Alors je m'entraîne, à blesser, à mettre KO, et à tuer. Encore, comme depuis toujours. Et puis au milieu des coups qui résonnent, je finis par entendre la porte se refermer. Pas fort, discrète. Je termine mon enchaînement et me retourne, reprenant tranquillement mon souffle que je n'ai en vérité presque pas perdu.

M'attendant à trouver Roman, ma posture était tout à fait ouverte, mon visage neutre mais prêt à accueillir de la joie. A la place, mon corps ralenti, je m'immobilise, croise les bras. Je n'ai pas beaucoup changée physiquement depuis la dernière fois qu'on s'est vus, si ce n'est que mes cheveux sont un peu plus longs, tout aussi roux que les siens. Mon corps reste en forme, visible dans mon leggings et ma brassière. Pas de nouveau tatouages. Ce qui a changé, c'est l'anneau blanc que je porte à mon bras, sous mes deux cercles noirs tatoués. Mes yeux perçants ne lâchent pas la silhouette qui vient de franchir les portes du gymnase.

Ah tiens. Un revenant.

Comme il a déjà pu le vivre, j'envoie à Ys mon ton le plus neutre, presque froid mais pas tout à fait, une indifférence sèche. Je ne m'attendais pas à le croiser, je n'ai fait aucun effort pour même après avoir appris son retour. Pourtant, je ne le chasse pas immédiatement. En fait, la raison est simple : j'en ai rien à foutre de lui.

Ys est bien la dernière personne que je pensais croiser, d'autant plus que je pensais avoir le gymnase uniquement pour Roman et moi à cette heure-ci. J'espère que Ro' va arriver plus en retard que prévu. Ys me détaille avant de baisser la tête. Ah tiens, c'est nouveau ça. Il est estropié, son corps a bien changé, il semble bien plus lent, plus faible, plus abîmé qu'avant. Ca fait presque peine à voir. Il prend ses affaires et se dirige vers l'autre côté du gymnase, m'assurant qu'il va pas marcher sur mes plates bandes.

Je claque ma langue contre mon palais, et lâche en soupirant à moitié, sourcils froncés. Je ne suis pas énervée, j'ai juste l'air blasée.

C'est pas la question tu vas forcément marcher sur mes plates bandes si t'es ici Ys. Mais tu vas non plus aller t'entraîner ailleurs.

Je replace les bandages autour de ma main droite avec un geste qui démontre mon habitude, tout en m'approchant de lui. Je lève la tête et croise son regard. Le sien me semble fatigué et fuyant, un regard que je ne lui connais pas. Le mien est toujours aussi déterminé. Peut-être même plus qu'avant, plus serein, plus stable.

Alors j'imagine que t'es gêné et que ça doit pas être évident de venir dire bonjour aux vieux potes mais c'est la moindre des choses non, quand on se croise. T'as rien à me dire ?

Je me retiens de m'énerver un coup quand je vois qu'il commence à partir alors que je lui dis de rester. Il veut fuir, je le vois, et ça m'énerve, je trouve ça injuste qu'il fuit. Je trouve ça injuste pour tous ceux qu'il a fait souffrir qu'il fuit. Il a pas le droit, c'est lâche, et ça m'énerve. Je m'approche de lui et malgré tout je lui laisse la chance de me parler. J'aurai pu le congédier, l'ignorer, faire comme s'il n'existait pas, mais je ne suis pas d'accord. Moi aussi, j'ai droit à des explications, aux siennes. J'ai droit à des excuses. Et je veux qu'il le fasse correctement.

Et il me dit que si, il a bien des choses à me dire. J'vais pour lui répondre, du tac mais son corps bouge. J'ai un réflexe, un léger recul, prête à le frapper. C'est un ouf ou quoi il s'est cru chez mémé ?? Mais son bras ne pars pas vers mon corps, alors je m'arrête, et il vient m'enlacer. Je roule des yeux et l'enlace d'un seul bras moi aussi, celui où il n'en a plus. Je tapote légèrement son dos, non mais qu'est-ce qu'on m'a foutu un délinquant pareil putain... Je me rends compte que ce que je lui ai dit a dû taper juste, et qu'il doit pas avoir beaucoup de câlin de la part des anciens. Bah ouais. T'as bien merdé en même temps. Mais alors, bien, bien merdé. Il finit par s'écarter, et commence par s'excuser. Mon nez se fronce et je réponds, sur le même ton calme mais presque sec, sans être antipathique non plus.

J'aimerais bien te dire que c'est réciproque. Et t'excuses pas de ça. C'était facile de te retenir si tu voulais pas le faire, donc soit tu le fais pas, soit tu t'excuses pas. T'as d'autres trucs à te faire pardonner alors évite d'en rajouter.

Je croise les bras. Il souligne que je lui ai manqué. Mes sourcils se froncent.

Fais en sorte que je puisse te répondre, la prochaine que tu me le diras. T'as pensé à moi quand t'étais pas là ?

C'est une vraie question. Est-ce qu'il a pensé à autre chose qu'à sa vengeance, qu'à sa colère quand il était en mission ? Est-ce qu'il a pensé à autre chose qu'être un héros pour Terrae, un martyr, le type qui devait se taper le sale boulot ? Il a pensé deux secondes à ceux qu'il a laissé derrière ? La question est sincère, mais il peut s'estimer heureux. Je lui parle. Je lui laisse l'opportunité de me répondre. De me dire ce qu'il a à me dire. J'suis peut-être sèche, peut-être très très honnête et ça peut heurter. Mais au moins, je lui hurle pas dessus. J'le tape pas. Mais t'as intérêt à être digne de ça si tu veux avoir une chance, une maigre chance, qu'on soit de nouveau pote Ys. T'as. Putain d'intérêt à me répondre.

La réponse d'Ys ne se fait pas attendre après ma première question, pourtant ironique. Son non est on ne peut plus sincère. Donc il n'y a vraiment pas pensé. Il s'est forcé à ne pas penser à nous. Mes sourcils se lèvent en une interrogation à laquelle il répond bien vite. Et finit par m'avouer qu'on est sa faiblesse. Je pouffe avant d'éclater de rire. Un rire jaune, aussi tranchant que des dagues. NON MAIS QU'EST-CE QUI FAUT PAS ENTENDRE PUTAIN ! J'ai envie de lui gueuler dessus de pas se foutre de ma gueule, mais je me reprends, calme mon rire, avant de lancer, venimeuse.

Comment tu peux affirmer t'être battu pour nous si tu pensais même pas à nous, si tu nous considères comme ta faiblesse ? Comment tu peux avoir autant de fierté pour partir seul protéger un groupe bien plus puissant avec toi que sans, et nous balancer qu'on est ta putain de faiblesse ? On devrait être ta plus grande force baka.

Je fronce le nez.

Tous ceux qui sont partis en mission pour leurs proches ces dernières années ont plus de courage que toi. Tu es lâche et intrépide.

Je souffle. J'ai parlé fort, un peu haussé le ton. Je ferme les yeux un instant, et souffle de nouveau, en râlant.

Alright. C'est pas plus mal que tu commences à devenir courageux maintenant.

Sous-entendu : répondre à mes questions, c'est courageux. Ok. Je lui laisse ça. Il accepte de répondre à toutes mes questions. La colère et le mépris que je viens de lui envoyer retombe doucement. Je fixe ses yeux, et peu à peu, mon regard devient moins dur.

Ca te fait quoi de revenir ?

La première question sera donc comment il se sent. Si ça, c'est pas une question de pote je sais pas ce que c'est. C'est pas un piège hein, je me doute qu'il se sent mal. Mais je lui laisse la place de le dire, sans le juger ou me moquer de lui. Avant d'enchaîner calmement.

Pourquoi t'as pas répondu ? Pourquoi t'as blessé Athéna et Ipiu ? Pourquoi t'as pas essayé de discuter quand Terrae t'en a laissé l'opportunité ?

Je sais pertinamment que je suis pas agréable. Je sais aussi que j'ai le droit de pas prendre de pincettes. D'être en colère. Fort. Je sais qu'il fait un effort pour rester. Parce que c'est pas agréable de se prendre ça. Mais j'espère que ça fera son chemin dans sa tête. C'est pas des reproches en l'air juste parce que je suis énervée. Je le pense vraiment. Tu veux faire avancer les choses, tu veux te battre pour les tiens ? Fais-le vraiment pour eux pas pour ta gueule merde.

Il baisse la tête, subi, patiente pour que j'arrête de lui cracher mon venin à la figure. Mais on sait tous les deux que ça sera pas la dernière fois. Et puis je me calme un peu. J'essaie de faire un pas vers lui. Le deuxième en vérité, j'aurai pu ignorer sa présence, et ne pas lui adresser la parole. Putain tu t'es ramolie ma vieille, t'es bien trop gentille. Non c'est faux, j'ai toujours été comme ça. Je gère juste mieux ma colère. Y a quelques années il se serait pris un poing dans la gueule. C'est pas mieux.

Sa première réponse me satisfait, je hoche la tête simplement. D'accord. J'entends. Je m'en doutais mais je préfère ça que "Je voulais pas te faire du mal", là mon pauvre t'aurais pris. Mais non. Ca, ça va.

La suite...

Pas beaucoup mieux. Mais ok, abandonnée.

Il parle ensuite d'Athéna, expliquant qu'il devait l'arrêter, parce qu'elle est trop puissante. Je retiens un rire.

T'étais pas obligé de l'arrêter. T'aurais pu causer. C'était pas la plus locace des Masters mais quand même. Et ouais, elle est puissante, comme tous les Masters Ys. Ironique qu'elle ait pu dire la même chose non ?

Et puis Ys me sort le grand jeu du héros. Terrae est trop pacifiste. Ok. On peut en discuter. Ok. Mais alors "fallait que je leur prenne ce qu'ils m'ont pris" on est où là.

T'as choisi Ys, il fallait rien du tout, personne t'a forcé. J'entends que Terrae n'agisse pas assez vite, assez bien. J'entends. Je suis la première à penser qu'enfin, ces dernières années, on agit. Fort. Mais on essaie de faire bien. On a certes des pouvoirs et on est plusieurs à savoir aller sur le terrain mais on est avant tout un institut pour aider des gens en difficulté. Les conséquences d'envoyer des gens trop vite sans préparation sur le terrain sont trop grandes. Partir tête baissée c'est complètement con et contreproductif.

En le disant, je me demande comment il y a pas pensé. Et je juge, fort.

Et toi t'entraine le type le moins stable de l'Institut avec toi pour assouvir ta soif de vengeance personnelle. Mais ok. Ok. On est pas assez offensifs.

J'écarte un bras, balaie l'air comme pour lui désigner Terrae aujourd'hui.

Alors, t'en penses quoi ? Ca fait quoi de revenir après tous ces changements ? T'es fier, regarde tous les Masters partent en mission même ceux qui sont les plus sensibles, même ceux à qui t'a pété la gueule, oh et puis tes potes que t'as descendu aussi. Ceux qui tu pensais faible. Tous. Partent. T'en penses quoi ?

Ouais ça m'saoule, ça me pète les couilles de savoir comment il a pu parler à Aria, à Akihiko, comment il a insulté ses anciens proches alors qu'aujourd'hui ils vont se battre pour Terrae. Qu'on y va.

Ys me rétorque que je devrais revoir mon jugement. Oh putain j'vais m'vénère j'vais le monter en l'air. A quel moment il a cru il pouvait se permettre ça ? Y a une partie de moi qui a envie de juste lui fermer sa gueule et une autre qui tempère. Ys accepte de me parler aussi pour pouvoir m'expliquer. Donc faut écouter la réponse. Je ne dis rien, ne rétorque rien, je n'ai même pas l'air agacée, je l'écoute. Et sa réponse ne me satisfait pas. Enfin non, il a juste pas compris ce que je voulais dire.

J'ai pas dit qu'il allait te suivre bêtement, j'ai dit qu'il était pas stable. Akira c'est le genre de gars qui a besoin d'aide et d'un environnement stable pour évoluer et s'épanouir. Et t'as choisi ce gars là pour l'amener vivre je sais pas quelles horreurs. C'est ça que je te reproche Ys.

J'ai un léger sourire ironique.

Puis tu m'excuseras mais c'est pas parce que tu t'occupes pas du sale boulot que t'aide pas. Et j'sais très bien de quoi je parle.

Ouais, je sais même plutôt bien. Et justement. Je sais que je suis surveillée, je me suis pris une remontrance, et honnêtement : c'était logique. Normal. Et je sais que j'essaierai d'être meilleure. On est Terrae, on m'a naturellement laissée une chance, on m'a même pas punie, on m'a juste fait réfléchir, c'est le concept de ce putain d'endroit, s'il a même pas confiance en nous alors on fait quoi ? J'suis énervée, j'suis super énervée et ça sert à rien.

Mais j'suis énervée parce que j'ai perdu un pote, que j'ai pu penser qu'il était mort, que j'en ai eu rien à foutre, mais que le voir là, ça m'émeut pas autant que ça devrait, mais ça m'émeut quand même. Sinon, je serai pas aussi énervée.

Ok.

Sa dernière phrase m'envoie dans une spirale désagréable. J'ai envie de le secouer, pour retrouver un Ys pas entièrement con et rongé par la vengeance, envie de lui en coller une pour le principe aussi. Mais au lieu de ça je choisis le reste. Je claque la langue contre mon palais.

J'me gênerai pas tiens.

Mais tu mérites pas ça. Non, tu mérites de t'en bouffer les doigts jusqu'aux derniers. De nous avoir fait subir tout ça... de même pas avoir pensé à nous alors qu'on y a pensé, nous. Gros con de merde.

Je fais deux pas vers lui, bloque ses mouvements s'il en a pour se défendre, et à mon tour, le tire vers moi, enroule un bras dans son dos, main derrière sa tête. Je cale mon menton sur son épaule sans bras.

T'sais quoi ça m'rassure t'as pas changé au moins sur deux points, t'es toujours aussi con et tu prends même pas des nouvelles des potes.

T'as pas fini de te prendre des balles perdues et je serai pas l'épaule sur laquelle tu vas pleurer Ys, c'est hors de question. Mais j'serai là quand t'auras l'audace de faire face à ta connerie. Et j'serai là pour te voir progresser, avancer. La question maintenant c'est est-ce que toi, tu vas y faire face ? Est-ce que tu nous feras face ? Est-ce que tu vas nous faire confiane, enfin ?

Converger durant des heures sur Akira ne changea rien. Ils ont tous deux leurs propres opinions. Là où El' perçoit le blond comme une personne pas stable et dangereuse, Ys y a trouvé quelqu'un de compréhensif et un soutien dans sa quête.
En revanche, la seconde remarque de la rouquine marque un point. Ce à quoi Ys donne un léger mouvement de tête. Il connait suffisamment la jeune femme pour savoir dans quels beaux draps elle avait tendance aussi à se mettre.
Et probablement qu'il est plus sein dans son cas de ne plus se salir autant les mains, comme il fut un temps.

Au vue de la tournure des échanges, y mettre un therme d'une manière ou d'une autre ne serait pas plus mal. Qu'importe la solution. Ce à quoi Ys lui propose de lui en coller une, au moins ça la soulagera, un peu. Quant à lui, il ne branchera pas. Il connait sa position, il ne la connait que trop bien.
Cependant, à l'instant où El' fait un pas en avant, Ys respire profondément, prêt à accueillir la sentence. Mais alors qu'il s'attend à recevoir une bonne correction, parce qu'il le sait, elle frappe fort, au lieu de cela, c'est avec surprise qu'il sent un bras se glisser dans son dos. Puis une main derrière la nuque. Et enfin le menton de la jeune femme se posait sur son épaule.

Il ne bouge plus. Pétrifié. Est-ce qu'il se passe ce qu'il se passe réellement???
Non, non. Il n'est pas en plein rêve. El' est bel et bien en train de l'enlacer.
La situation est compliquée. El' est compliquée. Une femme, c'est compliquée.
Mais une chose est sûre, il était à mille lieux d'imaginer un tel comportement.
Les paroles de son amie lui parviennent, le sortant de ses songes et instinctivement, il entoure son amie de son seul bras valide.

"Au risque d'être toujours aussi con, si je comprend bien, on est toujours potes?"

Parce que oui, ses amis lui ont manqué. Terrae lui a manqué. Mais sa place ici risque d'être compliquée à retrouver, et ça, tout dépend de ses amis.
Cependant, il ne peut renier qu'avoir El' si près de lui n'est pas inconfortable. Il aimerait pouvoir se relâcher, lui avouer que ça fait mal, qu'il se sent extrêmement seul. Malheureusement il s'en empêche car il ne peut pas. Il n'en a pas le droit. Il est interdit de se plaindre, il doit affronter la dure réalité des choses, de ses choix. C'est aussi ça, prendre ses responsabilités.

"Dis moi, y a quelque chose qui m'interpelle depuis que je t'ai revu..." Reprend-t 'il en se détachant doucement de son amie."C'est pas une bague ordinaire que tu as, à l'annuaire?"

Revoir ses amis après autant d'années, c'est aussi les remarquer et les détailler dans le moindre détails. Et bien qu'il connaisse déjà sa réponse, un regret jaillit déjà. Celui de n'avoir pas été présent dans des évènements aussi importants que celui là.

Hrp : Si jamais, Elwynn n'a pas de bague au doigt, c'est l'anneau à son bras sous ses tatouages qui fait office d'alliance ! Mais j'le transforme dans mon post si tu veux <3


Je vois qu'il encaisse ce que je dis mais qu'on s'accorde sur un point : il peut pas innocenter Akira devant moi si facilement. La faute n'est pas la même, mais elle existe. On s'embrouille, on s'embrouille peut-être même plus fort que toutes les autres fois et pourtant y en a eu ma parole. Mais là ça fait mal, parce que je suis en colère pour de vrai, qu'il se le prend en pleine poire. Mais frère c'est comme si tu m'avais trahie. Je sais qu'il réagirait pas mieux dans l'autre sens mais c'est trop dur d'être sage et de juste lui pardonner.

Et on s'embrouillera aussi à l'avenir, parce que je me connais, je le connais. Mais il est vivant. Et malgré toute ma colère, tout mon ressenti, bah il est là. Et ça me rassure un peu. Parce qu'il fera moins de merde déjà, on va pas se mentir, mais parce que j'ai déjà vécu un deuil l'année dernière, si on pouvait éviter d'en vivre d'autres.

J'sais pas. A toi de me le prouver. On verra avec le temps j'imagine.

Faudra faire tes preuves bro. Mais j'suis prête à les voir. C'est ça que ça veut dire. Je me recule à sa phrase, le lâche, et pose une main sur ma hanche, la tête sur le côté.

Oh, ça, ouais, c'est nouveau.

Je pose mon regard sur l'anneau gris en or à mon bras, sous les deux cercle tatoués. Mon regard s'adoucit instantanément, comme si la personne à qui ça me liait était là.

C'est mon alliance. On s'est mariés avec Jérémy cette année.

Alors que mes yeux quittent l'anneau, ils deviennent plus tristes, plus neutres, moins tendres. Je croise son regard de nouveau, n'ajoute rien. J'attends de voir s'il a des questions. C'est une des façons qu'il aura de rattraper ce qu'il a raté. Ce qu'on l'a empêché de gâcher. Il était pas là à notre mariage. Il était pas là pour tous les événements qui font de moi une Elwynn capable de ne pas le frapper, de ne pas m'énerver outre mesure. Capable d'envisager un pardon, et d'être toujours aussi dure et solide quant à mes opinions.

HRP> Ce boulet x'D Pardon poulet! C'est que j'étais tellement choking :O

Il n'a pas de besoin d'explications qu'il saisit très bien où son amie veut en venir. Il ne manquera pas cette fois sa chance de reprendre là où il s'en était arrêter. Perdre un proche de plus lui laisse un goût amère. Mais qu'elle puisse lui laisser une chance est un véritable soulagement, surtout quand on connait El' et son sens de la justice.
Se détachant de cette dernière, il l'observe tandis qu'elle présente donc ce fameux tatouage en guise d'alliance. L'imagination de cette dernière lui tire un léger sourire. Elle n'a jamais manqué dans l'originalité. Mais dire qu'elle soit mariée avec Jerem est il choquant? Il peut?
Non en vrai, il faudra du temps au Master déchus pour s'habituer à cette nouvelle.

Evidemment il ne s'agirait en rien à une déception. C'est une véritable surprise, il n'imaginait pas son amie se marier un jour. Comme lui, il avait manqué de le faire. Mais en vain...

"Ca te va plutôt bien. J'aurai pas pensé que tu porterai un tel symbole avec autant de classe."Tente-t'il sur un ton plaisantin.

Cependant il ne peut constater son regard qui se perd, qui s'attriste. Il le sait. Elle sait. Ils ont manqué beaucoup de chose. Trop de chose. Une pointe le brutalise dans le coeur quand il y songe. Il sait pourquoi elle lui en veut. Il le comprend. Parfois, il l'admet lui même, ça aurait été plus simple qu'il soit mort. Pour beaucoup de monde.

"Tu t'y fais? Je veux dire... ca fait quoi d'être Madame Evrard Williams?"

Reprend-t'il en tentant de détendre l'atmosphère. Il aimerait au moins connaitre son point de vue. Pourvoir se l'imaginer également.

"Vous avez fais ça en grand je suppose. Y a moyen que je puisse te voir en robe blanche? Enfin, c'était blanc hein? A moins que tu n'es fait ta El'!"

Toujours dans l'originalité.

Désolé de ne pas avoir été présent...

HRP : Ahahhaa pas de souci t'inquiète, oui ça peut surprendre quand on revient ahahah ! xD


Je le laisse regarder mon bras. Il ne doit pas savoir ce que représentent les deux premiers cercles tatoués, je ne crois pas lui en avoir déjà parlé. Il a l'air surpris, il ne le cache pas plus que ça. Ca n'est pas le premier, peut-être le dernier par contre, à être au courant de ça. Et à être surpris parce qu'il me connait et que, ouais, askip j'ai pas la gueule d'une meuf qu'on marie. Ou qui accepte de se marier.

Pour la première fois depuis le début de notre discussion, je souffle du nez, un léger rire à sa remarque, soutenue par un sourire fin. Je réponds sur le même ton railleur.

T'es pas le premier. Sans me vanter, je pense que personne me battra jamais en terme de classe sur cet accessoire.

Et je le pense vraiment. Si, éventuellement, Jérém' peut me battre. Mais bon, est-ce que ça compte vraiment ? Un moment de flottement s'installe, et il finit par le briser en me demandant presque timidement si je m'y fais. Ce que ça fait. Mes yeux dans le vague, ce même sourire doux et serein revient quand je réponds, la voix posée.

Aussi surprenant que ça puisse paraître, c'est... Juste simple. C'est facile, évident. Ca venait de moi, ça aussi ça surprend pas mal, c'est moi qui ai proposé à Jérémy. Y a presque deux ans maintenant. Mais, pour beaucoup de raisons différentes, je crois que j'avais envie de me lier à lui pour de vrai. Et en profiter pour me lier officiellement à ceux qui comptent pour moi. J'ai deal avec des angoisses que je soupçonnais pas, mais au final, tout ça c'est pour le mieux. Je suis plus qu'heureuse d'appartenir à sa famille, et lui à la mienne. C'est lui ma famille à moi. C'est le truc qui a le plus de sens pour moi.

Je cache pas l'importance que ça a pour moi, comme ça peut me rendre émue. Ni à quel point je suis fière. Fière qu'il soit mon mari. Fière de notre famille. Fière d'en être là où j'en suis. D'être sortie de qui j'étais. De choisir quelque chose de simple. Qui fait du sens. Qui fait que je vis pour de vrai. Voilà mon cheminement de ces dernières années.

Ys fait l'effort de poser des questions. Il fait l'effort de renouer. Alors je ne le raille pas, je ne me moque pas, je le laisse venir. Il prendra des tacles à chaque erreur, mais faut bien récompenser les efforts sinon ça sert à rien. Je ricane à sa question, et je lève un sourcil.

J'ai accepté de me marier à l'église pour lui, faut pas me demander de porter une robe blanche non plus, t'es un ouf toi. Tiens regarde.

Je me décale un peu et vais vers mon sac, fouiller pour choper mon sac. Tiens, Ro' aura plus de retard que prévu. Je dévérouille et cherche quelques temps entre les photos de Lottie et des petits de Ronron & Lou, des gifs d'Aria et Nico et des photos pratiques d'Adé. Je lui montre mon écran, une photo de Jérémy tout en blanc et dorés, et moi, en pourpre, et doré. On avait la même coiffure mais pas les mêmes accessoires. Jérémy a l'air d'un ange, et moi clairement l'inverse, mais j'crois que je me suis jamais vue aussi rayonnante sur une photo.