Mon sourire s'étire, tout doux. C'est encore difficile, mais on y arrivera. On fera en sorte que ça aille. Je serre sa main doucement, réponds à son je t'aime. Parce que c'est ce que j'ai envie qu'il retienne. Pas que je suis reconnaissante, pas que je suis parfois en colère, pas qu'on a parfois du mal à se comprendre. Mais qu'avec ou malgré tout ça, c'est lui que j'ai envie d'avoir près de lui. C'est lui ma famille. C'est lui, celui que j'aime.

Nous rions un peu à cause de sa maladresse. J'acquiesce pour les pizzas, l'embrasse sur la joue encore une fois et disparais dans l'autre pièce le temps de téléphoner. Je n'aime pas trop qu'on m'observe pendant que je suis au téléphone, ça a tendance à me rendre nerveuse et j'ai l'impression de ne plus réussir à parler.

Bien vite, nous nous retrouvons sur le canapé ; je galère un peu à trouver une place confortable mais pouvoir m'appuyer sur sa poitrine lorsqu'il vient me soulage un peu. Je ferme les yeux et souris.

—Je ne sais pas, ça dépend ; la casserole est encore vivante ou il faut qu'on la change ? je le taquine.

Bon, j'admets que je regrette un peu, mais surtout parce que j'ai faim. Sinon ce n'est pas grave. Je serais bien mal placée pour le lui reprocher, vu mon niveau de catastrophe.

Je joue du bout des doigts sur son ventre, distraite.

—Hmm... Je ne sais pas, ça peut être une bonne idée. Imagine si tu n'es pas là et que je fais tout exploser, tu dirais encore que c'est de ma faute, je ris.

Enfin, si j'étais encore vivant. On va éviter de plaisanter là-dessus, d'accord…

—Demain, c'est moi qui cuisine, souris-je. J'ai envie de faire de l'udon. Enfin, si tu veux ? Promis, je ne serai pas une catastrophe cette fois... Enfin, j'essaierai. Ca te dit on commande un extincteur, ou c'est pas la peine ?

Le temps s'étire un peu comme une grosse cuillère de miel. Translucide, doré, avec des petites bulles. Comme ces petites étincelles de joie, ces sourires doux que je chéris et que je me remémore quand je sens que je replonge dans des idées noires parfois. Je suis heureux. L'orage est passé et je suis juste bien.

J'aime bien l'enlacer comme ça sur le canapé, entourer sa taille de mes bras pendant qu'elle s'appuie contre mon torse. Je me retiens de caresser son dos parce que j'ai peur de lui faire mal avec son tatouage encore frais. Je frémis en sentant ses mains sur ma peau à travers mon t-shirt.

— La casserole survivra. Elle a un peu noirci par contre.

Je commence à avoir faim aussi par contre. Et elle m'appuie un peu sur le ventre. Je rigole doucement quand elle parle de faire exploser la cuisine quand je suis pas là. En vrai, je suis mauvaise langue. Si elle a déjà raté des trucs quand j'étais pas là, elle a jamais fait un truc dans la cuisine qui mérite des réparations.

— Oh. Je veux bien de l'udon. Et pour l'extincteur… Enfin au pire tu cuisineras quand je serais là pour limiter le risque ?

Mieux que le système automatique anti incendie, gardez votre Master Feu près de vous pendant la cuisine à risque. Je ne retiens pas un sourire amusé devant ma débilité interne.

— Peut-être que ce serait une bonne idée pour une prochaine fois quand même… Histoire que tu puisses tenter des trucs quand je suis pas là pour surveiller.

Je me moque un peu mais ça me rassurerait en fait. Je me redresse un peu en entendant la sonnette et vais chercher nos pizzas. J'ai tellement faim. Je laisse un pourboire au livreur et reviens avec les cartons que je pose sur la table basse.

— Dis moi qu'il y a un film d'action bien débile qu'on peut regarder en mangeant ça.

Même sans je la mangerais mais c'est quand même plus sympa, une pizza avec un film.

C'est doux, c'est tendre. Ca va mieux. On plaisante un peu et ça me fait sourire de pouvoir lui reparler tranquillement. On pourra toujours parler des choses importantes plus tard. Mais il ne faut pas non plus s'inquiéter, que tout devienne source d'angoisse. Profiter des moments qu'on vit ensemble, c'est aussi ce que j'aime. Parfois, vivre dans le présent et non pas dans le passé ou l'angoisse du futur est la meilleure chose que nous puissions faire.

Un rire m'échappe.

—Bon, si elle n'est pas trop abîmée... Alors tout va bien. Mais ce serait bête que ça accroche, maintenant.

Et parler de nourriture n'arrange pas mon creux. Le ventre d'Huo gronde doucement et je souris en coin, lui fais un bisou dessus.

—Hé, il faut bien que je me nourrisse quand tu es au travail ou en mission, je bougonne. Je ne cuisine pas très bien, mais je me fais à manger quand même quand tu n'es pas là, je ne vais pas quémander de la nourriture chez les voisins !

Même si j'admeeets que je fais souvent livrer, que je vais régulièrement à la cafétéria ou autre. Oops. Non mais je n'ai pas toujours le temps, d'accord ?! Je lâche un rire. Parfois, j'ai l'impression qu'il pense que je ne peux pas me débrouiller sans lui, mais c'est un peu vexant, presque.

Enfin, les pizzas arrivent. Je me redresse, comme montée sur ressort et vais chercher des serviettes pour nous essuyer les mains et des petites assiettes. Je souris largement en voyant les cartons et attrape une part.

—Hmm, sans doute, tu veux qu'on regarde ? Ou qu'on commence une nouvelle série ?

Bon, si la série est sympa, on sera obligés de la binge-watch, tu me connais, alors fais attention à ton choix mon chéri.

J'attrape une part et mange avec beaucoup de plaisir. Ahh, la soirée bien sympathique.

J'ai faim maintenant, parler de casserole et de repas et haaaa. J'ai le ventre qui gargouille voilà. Je frémis un peu quand elle profite de sa position pour embrasser mon ventre. Oui. Non. J'ai dit que j'avais faim, mais pas de ça ma chérie. Fin pas ce soir.

Je joue un peu avec ses cheveux en étirant un sourire amusé. Je sais qu'elle ment. Elle se fait pas à manger à tous les repas sinon les réserves descendraient plus vite que ça quand je suis pas là. Mais j'sais qu'elle a fondamentalement pas le temps de cuisiner en fait. Fin je vois bien avec tout le boulot qu'elle a. C'est bientôt la période de révision et tout ça.

— Bah, si t'as envie d'aller squatter chez Aaron pour profiter de sa cuisine, c'est pas moi qui va t'en empêcher.

Je rigole un peu. Ce mec cuisine trop bien si vous le saviez pas. J'suis jaloux, c'est tellement une maman. Enfin quand il a pas la flemme. Encore qu'apparemment c'est souvent les garçons qui cuisinent aussi. Ce qui est cool. A leur âge je le faisais pas.

— Alors, si on commence une nouvelle série je veux qu'on teste la Casa de Papel. Ca fait des semaines que les gens parlent que de ça.

Et vu que c'est du Netflix elle sera pas trop longue avec un peu de chance. Au pire, on se met un film ? Je me cale avec une part de pizza dans une main en cherchant la zapette de la télé de l'autre. Oh bonheur. J'avais la dalle.

— Finon ch'penchais… Avale, crétin. J'pensais à un film d'espionnage ? Un truc pas trop prise de tête ?

Au pire on regarde ce qu'il nous propose dans les suggestions ? C'est bien les suggestions. Je commence à zapper un peu en cherchant une idée.

Haussement de sourcils un peu surpris. Hmmm, comment dire... Ce n'est pas que je n'apprécie pas Aaron, mais on n'est pas spécifiquement amis ? Enfin, si, mais pas au point d'arriver à l'improviste en lui demandant si je peux me joindre au repas. C'est certes déjà arrivé une ou deux fois, mais c'est lui qui l'avait proposé… Généralement, c'est plutôt par chez Mitsuki que je vais ; ou sinon je négocie avec Allen pour qu'il m'aide en cuisine quand je suis vraiment désespérée et qu'on en a assez de la cafétéria. Mais Aaron, quand même... Ce n'est pas moi qui suis copain comme cochon avec lui, hmmm.

—Eh bien, j'espère~ Tu n'aurais pas trop ton mot à dire là-dessus, je m'amuse en donnant une petite tape de l'index sur son nez. Je mange avec Mitsuki et Allen, parfois. Enfin, séparément, je continue en fronçant les sourcils.

Ils ne se reparlent toujours pas, et quelque part, ça m'inquiète un peu. Même si je suis heureuse qu'Allen soit avec Ariana — il a l'air heureux avec elle, malgré son inquiétude vis à vis de ses blessures — parfois j'ai peur qu'il se retrouve seul. Et pareil pour Mitsuki... Même si elle se fait des amis facilement, j'ai l'impression qu'elle a du mal à approfondir sa relation avec eux. Enfin... Ne pensons pas à des choses désagréables, pas vrai ?

Je me rends compte que j'ai seulement à demi écouté Huo, et j'essaie de rembobiner. Oh !

—Oh, oui, viens, on peut mettre ça ! C'était sur ma liste !

J'attrape une part de pizza à mon tour et pouffe de rire, avant de secouer la tête et lui faire un bisou sur la joue, puis commencer à manger tranquillement.

—Non, mets la Casa de Papel, c'est une bonne idée.

Ce qu'on finit par lancer, du coup. Pas bonne idée, vraiment pas bonne idée.
La série est bien. Trop bien. J'insiste pour qu'on remette un épisode à chaque fois, sans comprendre comment j'ai fini par me mettre à demi accroupie au bord du canapé, très concentrée sur l'écran, à commenter les choix stupides ou au contraire absolument géniaux des personnages.

Bon, cela étant, on a quasiment fini la première saison et il est très tard. MASI c'était une bonne soirée de rentabilisée, non ?

Je souris en manquant de rouler un peu des yeux. Est-ce qu'un jour je m'habituerais à ses amis ? J'en suis pas sur. Encore que Mitsu, à petits doses ça va. Elle est quand même assez sympa, rigolote et tout. J'ai juste du mal à rester en sa présence longtemps parce que les gens hyperactifs ont tendance à m'épuiser. Et Allen… On va pas en parler, hein.

Après je vois bien que dernièrement, Aoi se fait du soucis pour eux. Ariana a morflé avec ce qu'il s'est passé dans la forêt et Allen a pas du bien le vivre j'imagine. Et Mitsu… J'suppose que c'est pas forcément facile entre ce qu'il s'est passé avec Allen vu qu'ils se reparlent toujours pas et son mec Master qui enchaine les missions.

Finalement je lance la série en me calant contre elle avec ma pizza. On a bien choisi. Ca s'enchaine beaucoup trop bien et j'adore la voir aussi captivée par ce qu'on regarde. Faut dire que c'est bien foutu. Finalement on se binge watch toute la première saison et on va se coucher super tard.

La soirée a été longue. Plus que je pensais qu'elle le serait mais ça m'a fait du bien. Je me sens mieux quand on va dormir. Mais j'ai réalisé quelque chose d'important aujourd'hui. Et je compte pas le laisser dans un coin. Je dois plus travailler sur moi. Elle le mérite. Et peut-être que moi aussi.