Lorsque le brun émit sa plaisanterie, la lèvre de Senri s’arqua, tordant son visage dans une moue d’interrogation avec un soupçon d’énervement. Les yeux écarquillés, les dents visibles, un râle interrogatif rocailleux émana des lèvres du garçon. Il se décrispa quand l’auteur de la plaisanterie expliqua celle-ci. Pour tout dire, Senri se sentait presque honteux. Il murmura des excuses inaudibles et enfonça un peu sa tête entre ses épaules.

Senri cherchait également à fuir le regard de son interlocuteur qui, depuis quelque temps déjà, ne voulait pas le lâcher. Le gros de la colère de l’adolescent était passé, il n’avait plus autant envie de recourir à la violence, surtout après avoir autant pris sur lui. Mais il n’avait aucune autre idée des réactions à avoir dans ce genre de situation. Pour ne rien arranger, la situation n’aidait pas vraiment à supporter ce genre de regard, les deux baigneurs n’avaient pour ainsi dire, rien sur le corps. Et Senri était mine de rien, assez pudique.

Pour chasser ces pensées qui tendaient vers des choses de plus en plus obscures, Senri prit sur lui et se concentra sur le jeune homme, affrontant son regard et écoutant ses dires avec attention. Les réponses du brun rendaient le chauve perplexe. Il expliquait à la fois l’évolution de sa personne et de ses ambitions puis, parler de la « bonté » de l’institut. Senri resta un moment silencieux avant de se mettre à toiser le ciel.

-J’ai une drôle d’impression. Qu’on nous donne des pouvoirs comme ça, juste parce que « on les mérite », c’est bizarre. J’veux dire, y a des raisons de se méfier non ?

Vers la fin de sa phrase, il avait recommencé à regarder son camarade de baignade. Son calme rappelait au novice le premier émissaire de Terrae qu’il avait rencontré. La personne en face de lui semblait avoir une certaine confiance en l’institut. C’était du moins l’impression qu’avait Senri, qui n’avait, par ailleurs, pas l’habitude de garder ses questions et pensées pour lui.

-Tu fais confiance à la directrice et aux gens de l’Institut, du coup ? T’as pas peur qu’ils finissent par te demander quelque chose, une faveur ou ce genre de truc ?

Bien qu’il avait envie de regarder autre part, Senri s’efforçait de ne pas le faire. Son visage se pliait en une expression inquiète bien malgré lui et ses sourcils froncés. Il n’était pas sûr de la pertinence de ses questions, ni de si son interlocuteur comprendrait bien le sens de ces dernières.

Le ton didactique du brun fit apparaître une veine de colère sur le visage de Senri. La façon qu’il avait de se placer comme supérieur revenait au galop. Le chauve grinça des dents à la mention du mot « apprendre ». Senri ne pensait pas avoir quoique ce soit à apprendre. Bien que les réponses que lui fournissait son interlocuteur s’assimiler à de l’apprentissage. Cela dit, Senri ne voyait pas ça de cet œil. Il n’eut pas le temps de s’énerver, car, quand l’initié reprit la parole, il cloua Senri sur place.

Les yeux écarquillés et la bouche entrouverte, le novice avait été pris de cours par la question. Il était du genre à réagir à se genre de question par le déni et les menaces, mais là, la situation et la surprise qu’avait créé la question l’avait empêché de réagir comme à son habitude. Ce qui permit à son interlocuteur d’expliciter son propos. Senri n’osa pas le couper, se contentant d’écouter avec attention.

Il eut un rictus quand il parla d’amis et de zone de confort, des souvenirs liés à la raison de sa présence à Terrae ressurgissant. Il se sentait dépaysé, c’était certain et apeuré d’une certaine façon. Pourtant, les explications de son interlocuteur réussirent, ne serait-ce qu’un peu à chasser ce sentiment.

-Hum, t’as l’air de croire en c’te directrice. Ce que tu as dit c’est… Rassurant.

Senri avait parlé pendant la pause que le brun avait laissée. Lorsqu’il reprit l’ambiance parut soudainement plus lourde à Senri. Comme si quelque chose avait changé. La mention de la solitude n’arrangeait rien au caractère déprimant de la situation. Le visage de Senri s’assombrit un peu plus. Après un court silence, il reporta son regard sur son camarade de baignade.

-C’est sympa de m’avoir dit ça, même si on n'a pas commencé du bon pied.

Il détourna le regard en se grattant légèrement la tête.

-Du coup, merci… Euh… Ton nom, c’est quoi, au fait ?

Avec tout ça, il avait totalement omis les présentations rituelles à chaque nouvelle rencontre.

La remarque sur le fait qu’ils aient évité une confrontation arracha à Senri une grimace. Un sentiment de honte commençait à poindre dans son ventre. Chose dont il n’avait pas l’habitude dans ce genre de situation. Il avait recours à la violence de manière naturelle et ne culpabilisait pas d’avoir cédé à ses envies. Pourtant, les choses avaient changé depuis l’incident avec l’équipe de volley. C’était en discutant avec cet Arash que Senri avait réellement pu prendre conscience de ce sentiment.

Rapidement, cette sensation s’estompa pour laisser place à de l’admiration et à un soupçon de jalousie. De ce qu’avait compris Senri, la directrice apparaissait comme quelqu’un de vraiment fort. Et Arash semblait être proche d’elle.

-Elle a l’air géniale comme « mentor ». J’espère que je rencontrerais quelqu’un comme ça aussi !

Il avait dit ça d’un ton relativement enjoué, avec quelques étoiles dans les yeux. Bien qu’il ne soit pas du genre à chercher une quelconque figure de supériorité qui pourrait lui apprendre quelque chose, cette discussion lui avait donné des frissons. Il commençait à avoir conscience du type de personne qu’il pourrait rencontrer par ici. Reconsidérant ainsi l’idée d’un mentor.

Lorsqu’Arash reprit la parole, il perdit bien vite Senri avec son discours philosophique et riche en interprétation. Le chauve avait du mal à concevoir ce qu’il disait. Il resta un instant figé, à la fois interloqué et à la recherche d’une réponse. Il finit par secouer la tête de gauche à droite.

-J’vois un peu c’que tu veux dire. Genre, c’est comme avoir peur d’un coup, ça motive à parer.

C’était beaucoup plus simple pour Senri de comprendre les choses en les mettant dans un contexte avec lequel il était familier, ici, en l’occurrence, la boxe. Après ces mots, Senri se leva et s’étira. Le bain et la discussion avaient été agréables, mais n’avaient que trop duré. Pour tout dire, il commençait à avoir un début de migraine à force de réfléchir autant. Avant de sortir néanmoins, il se figea devant les marches, jetant un regard à Arash.

-Au fait, mon nom, c’est Senri Yamada. Vu que ton ancienneté, je te considérerais comme digne d’être mon aîné à partir de maintenant !

Il se tourna subitement vers le brun, collant ses bras contre son corps et courbant son dos respectueusement.

-Alors quand j’aurais mes pouvoirs et que j’aurais trouvé un semblant de place, accepte de te battre contre moi !

Il avait fermé les yeux en parlant, c’était plus facile pour lui de dire une telle chose en fermant les yeux.

La réponse d’Arash déconcerta grandement Senri. Il avait écarquillé les yeux et sa bouche s’était entrouverte d’elle-même. L’adolescent ne s’était vraiment pas attendu à un refus de la part de celui avec qui il discutait depuis quelque temps déjà. D’ordinaire, une situation comme celle-ci aurait inspiré à Senri une colère certaine et il aurait été insolent voir insultant avec celui qui aurait refusé un combat avec lui. Le traitant de faible, de pleutre et d’un tas d’autre sobriquets du même genre.

Pourtant, les explications d’Arash se frayèrent un chemin dans le cerveau plein de fantasmes shonesque de Senri. Finalement, il se contenta simplement d’acquiescer, alors qu’il était encore en train de décortiquer les propos d’Arash, d’essayer de saisir tout le sens de ces derniers. Le regard troublé du jeune chauve passa un instant sur le brun.

-Je… Je vais réfléchir à tout ça.

Et à ces mots, il marcha jusqu’à la sortie des bains. D’un pas lent, peu assuré. Il avait une impression étrange, perdu dans ses pensées, il n’avait qu’assez peu conscience de ses mouvements. Il se sécha et se rhabilla sans y faire attention. Il dut se déshabiller à nouveau, ayant enfilé sa veste à la place de son pantalon. Voir Terrae comme une famille ou un équivalent était assez troublant pour le jeune garçon. C’était un tout, une communauté à protéger ? Bien qu’Arash apparaissait à Senri comme quelqu’un de vantard et de prétentieux, ses dernières paroles faisait douter Senri de son opinion sur le feu. D’innombrables questions l’envahissaient et il ne savait même pas comment y réagir.

Toujours perdu dans ses pensées, il marcha jusqu’à la sortie. Ce n’est que lorsque l’une des employées des thermes le remercia de son passage en lui disant qu’elle espérait qu’il ait passé un bon moment dans les bains privé qu’il revint à la réalité. Il se figea. D’un regard, il aperçut les prix. Lorsqu’il avait payé sa place, il avait été trop fatigué pour faire attention au tarif qu’il prenait. Il avait pris le plus cher !

Déglutissant à l’idée de son compte en banque qui s’était vidé aussi vite qu’il était arrivé à Terrae, il se tourna vers la jeune dame et se courba respectueusement devant elle.

-Merci de votre accueil. Je reviendrais avec un cv.

Le bain, la honte et les mots d’Arash l’avaient suffisamment apaisé pour qu’il choisisse de prendre ses responsabilités. Même si pour le moment, il allait enfouir sa tête dans son oreiller et espérer que son compte se réalimente tout seul.

[HRP : Et voilà ma conclusion au rp \o/ Je ne sais pas si tu veux ajouter quelques chose avant qu'on demande son verrouillage \o/ Ce fut un plaisir de lire Arash bolosser Senri verbalement xDD]