Je hoche la tête à sa question. Evidemment que je l'aiderais. Ce serait un juste retour des choses. Et puis, de ce que j'ai retenu du tableau de l'évolution des différentes affinités en salle des Masters...

-De toute façon, normalement, quand je serai télépathe, tu seras Téléporteur. Les pouvoirs semblent s'inverser entre les gens. En ce moment je suis Invisible, ce qui signifie... Que les Invisibles sont Téléporteurs ? Tu me suis ? Si toi tu es Marionnettiste en ce moment, alors ça veut dire que les Marionnettistes sont Télépathes...

Après cette lourde réflexion, je souris délicatement en l'entendant reprendre la parole, me proposant d'aller avec lui me balader dans des musées la nuit. Les musées et moi, au vue des activités passées de mon père, c'était une assez drôle d'histoire. Ce qui est assez amusant, car finalement, je ne suis pas plus passionnée par l'art que ça. C'est l'envie de posséder ces tableaux ou ces sculptures, plus que le plaisir à les regarder, qui me prend le plus souvent.

-Si tu veux, oui. Peut-être que si on va dans un musée d'histoire naturelle, les statues et squelettes de dinosaures vont prendre vie comme dans les films !

Je souris doucement, avant d'afficher une moue un peu désolée.

-Ca a l'air d'être rigolo, mais je n'ai pas trop le coeur à ça malheureusement, je suis désolée Angie. Je n'ai pas trop envie de faire des blagues aux autres en ce moment...

Tu ouvres des grands yeux étonnés, maintenant qu’elle le dit c’est vrai qu’à chaque changement de pouvoir tu as pu parler avec quelqu’un de l’affinité que tu avais prise et l’ aider en retour. Genre c’est la lumière. c’est magique. C’est trop ouf. MAIS BIEN SÛR ! EUREKA !

« MAIS OUI ! »

Bon petit élan de compréhension, grosse joie quand la lumière se fait à tous les étages. Genre c’est jouissif. Maintenant tu sais. C’est trop bien. La vie est belle.

La Nuit au musée est un des films que t’as le plus aimé, parce que il est trop bien déjà, ensuite il est déjanté et pour finir rencontrer des personnages historiques c’est beaucoup trop la classe quand même.

Tu comprends trop ce qu’elle veut dire, mais tu essayais de trouver un truc pour lui changer les idées…

« Hm. Oui. J’comprends... »

Ouai alors faudrait embrayer et changer de sujet de conversation, ce serait quand même une bonne idée.

« Tu veux un câlin ? »

Sa proposition me prit suffisamment de court pour que je bloque quelques secondes ma respiration. Je le fixe un petit moment sans rien dire, alors que mes yeux s'humidifient presque instantanément à sa proposition.

L'espace d'un instant, j'ai juste l'impression de me trouver sur un nuage. Tout se dématérialise autour de moi. Les questions habituelles comme "Je te fais tant de peine que ça ?" n'arrivent même pas jusqu'à mon cerveau, et je me contente de fixer Charlie-Ange avec un air contrit. Je me retiens un peu trop de pleurer je crois.

Et je finis alors par hocher la tête. Parce que je crois qu'il n'y a que de ça dont j'ai besoin. De contact humain, d'amis, et de présence. Les mots sont encore trop lourds.

Alors tu la prends dans tes bras, tout doucement, parce qu’elle est précieuse et qu’à voir le chagrin dans ses yeux tu as un peu peur de la casser. T’aurais pu tergiverser, trouver cinquante choses idiotes à dire. Tu les as gardé en réserve et sans doute qu’elles ressortiront un jour. Plus tard. T’as pas vécu ce qu’elle a vécu, mais t’as peut-être un peu compris que parfois vaut mieux proposer franco ce dont tout le monde a besoin plutôt que de tourner autour du pot. Alors t’as refermé tes bras autour d’elle et tu l’as attirée contre ton torse pour lui caresser les cheveux doucement.

C’est pas qu’elle te fait pitié, c’est que tu l’aimes assez pour essayer de lui donner ce dont elle a besoin sans vraiment réfléchir. Si elle veut se changer les idées tu es là, et si elle veut juste un ami pour la prendre dans ses bras tu es là aussi.

Par contre t’es clairement pas l’ami qui sait quoi dire dans ce genre de situations. Alors tu préfères juste rien dire et caresser sa tête. Elle te dira bien ce dont elle a besoin .

Il ne faut qu'une demie seconde pour que je me retrouve dans les bras d'Angie. Je cale ma joue contre son torse, agrippe son t-shirt entre mes doigts, laissant enfin aller mes larmes. Ses caresses dans mes cheveux ne viennent pas à bout de mes sanglots, mais je crois que pour une fois, ça me fait du bien, d'évacuer, et d'avoir quelqu'un qui soit là pour me réconforter.

Je sais aussi que c'est moi qui ai rejeté tous les autres soutiens que l'on m'a proposé, moi qui me suis enfermée dans ma bulle. Je sais que je suis en partie responsable de ma situation, mais là tout de suite, j'ai juste envie d'oublier, et de profiter de la chaleur de ses bras.

Alors je reste là à pleurer de longues minutes, sans parvenir à me décoller de lui, sans même me sentir coupable pour Ys, parce qu'après tout il n'est pas là, et que là, c'est de ça que j'ai besoin.

Et lorsque mes sanglots se calment enfin, je reste dans ses bras, lui volant encore quelques instants de cette étreinte, décidant d'oublier à quel point je me suis montrée si peu accueillante depuis qu'il est arrivé ici. J'essuie maladroitement mes joues à l'aide de mes mains, constatant évidemment que ses vêtements sont mouillés aussi maintenant, mais j reste là. Et, faiblement, je finis enfin par articuler :

-Merci, Angie. Et désolée.

Si elle trouve tes vêtements humides t’es très loin de pouvoir participer à un concours tee-shirt mouillés. Malheureusem… Oui on se recentre. Du coup elle a pleuré un bon moment, ça t’a un peu paru une éternité parce que tu ne savais pas trop quoi faire pour la réconforter. Alors t’avais juste été là, sans rien dire à caresser ses cheveux et son dos, parce que c’était un peu tout ce que tu pouvais faire et t’avais attendu que les vannes se ferment.

T’avais un peu pensé que Ys était un connard et qu’ça aurait du être à lui de la prendre dans ses bras, que ça aurait sans doute mieux marché si ça avait été lui. Tu n’en dirais rien. Elle se libère de ton étreinte et tu ne la retiens pas. Elle te remercie, t’as envie de dire qu’il ne faut pas, elle te dit qu’elle est désolée, tu as encore envie de dire qu’il ne faut pas… Seulement tu peux pas dire tout ça alors tu changes de sujet :

« Tu travailles sur de nouveaux projets ? »

Un petit sourire, toujours un peu triste mais pourtant également soulagé, se dessine sur mes lèvres. Je frotte mes yeux une dernière fois à l'aide de mes paumes de main et hausse une épaule, ne sachant que dire. Je finis par secouer négativement la tête.

-Rien de nouveau depuis quelques temps.

Je renifle un peu péniblement avant de tirer un mouchoir de la boîte posée sur la table basse et de me moucher. Je le roule ensuite en boule dans ma main.

-Au début de l'Eclipse, j'ai développé un bracelet qui permet de bloquer les pouvoirs du porteur ; seulement ceux du porteur, en utilisant la poudre d'un de ses cristaux. Mais je ne l'ai toujours pas soumis à Hideko, parce que quelque part j'ai peur qu'elle me dise simplement d'abandonner le projet, que ce serait trop dangereux si ça tombait dans les mains de certaines personnes. Alors j'ai rien réussi à faire d'autre depuis...

Je m'autorisai un petit sourire. Nous ne parlerions pas de ce qui s'était passé, mais ce n'était pas grave. Parfois, il suffit juste d'évacuer un peu.

-Tu continues à peindre ?

Tu réfléchis à un truc, parce que son projet est pas nul du tout. Tu comprends qu’elle ait peur que ça tombe dans les mauvaises mains, mais ça doit pouvoir s’empêcher ça ? Genre, c’est obvious qu’il faut jamais que ça tombe entre les mains des feux, par contre sur leur poignet… Une pensée pour l’autre branquignole de Tiago. Oui c’est à toi que l’on pense mec.

« Hm, dans les films il y aurait des clefs de cryptage et une activation individuelle programmée je crois ? J’en sais rien, je t’avoue mais ça serait pas possible d’avoir un truc magique que seul un master défini pourrait activer pendant un laps de temps défini ? »

Oui ça me semble être un bon compromis, si le truc peut tomber entre toutes les mains il vaudrait mieux qu’elles ne puissent pas toutes l’utiliser.

« Je pense que c’est une super invention, on a tous eu des périodes où on aurait préféré se débarrasser de nos pouvoirs. »

Clairement quand tu étais titan tu en as tellement bavé. Sans Zola tu n’aurais pas bougé pendant un mois.

« En ce moment pas trop, j’avais pas des mains tout le temps… Et j’ai plus envie de sculpture en ce moment ? Tu t’es déjà amusée avec de l’argile? »

Mon sourire s'étire doucement sur mes lèvres quand Charlie-Ange me complimente pour mon invention. Je hoche timidement la tête en guise de remerciements, bien que mes pensées sombres ne me permettent pas d'accepter encore totalement ses compliments. Mais quelque part, il n'a pas tort dans les questions qu'il propose, et... Et peut-être que malgré tout, mon cerveau se remet un peu à fonctionner.

-Peut-être deux cristaux alors... Celui du Master référent, qui agirait sur celui de celui dont il faut bloquer les pouvoirs ? Ca permettrait d'augmenter la sécurité. Ce n'est pas une mauvaise idée. J'y réfléchirai. Merci Angie.

Je l'écoute ensuite m'expliquer que peindre n'a pas forcément été facile, avec tous les changements de pouvoir, et je ne peux qu’acquiescer. Je secoue toutefois négativement la tête quand il me demande si j'ai déjà manipulé de l'argile.

-Jamais. Mes mains sont surtout habituée à bidouiller, je ne suis pas une grande artiste haha... Mais j'aimerais bien que tu me montres ce que tu as fait. J'ai toujours aimé voir tes créations.

Même si certaines m'ont parfois été retirées trop vite... Mon coeur se serre à ce souvenir, et je détourne le visage.

Tu n’avais pas tout compris à ce qu’elle avait dit. Elle réfléchissait en inventrice, tu réfléchissais en impie. C’était bien plus simple pour toi d’imaginer des solutions car tu ne savais pas si elles étaient réalistes. Alors bien évidement, tu ne te limitais pas.

« Bien sûr, je te montrerais quand tu voudras ! »

Bon c’est peut-être un peu le bordel dans ta chambre actuellement...

« Quand tu seras terre je te montrerais comment on fait, ça sera l’occasion d’essayer parce que c’est encore plus chouette de travailler l’argile quand on est terre c’est... »

Doux, chaud, sensuel ?

« Encore plus agréable. »

Cette osmose avec ton élément quand tu crées c’est peut-être ce qui te manque le plus de ton pouvoir originel. Tu aimais sentir la terre vivante entre tes mains, c’était autrement satisfaisant de la faire prendre forme quand tu pouvais jouer de ton esprit pour la modeler. Cela te manquait un peu, mais tu retrouvais pour l’instant la joie simple de la sensation. Toi qui aimait travailler avec les textures et les épaisseurs c’était particulier, mais cela te ressemblait. Tu avais un art qui pouvait être très organique ?

Je croise le regard de mon ami et je souris. Même s'il ne le dit pas forcément, je sens que son affinité d'origine lui manque. C'est vrai que maintenant que j'y pense, il est Terre. Manipuler certaines textures, en tant qu'artiste, doit être encore plus agréable lorsqu'on a cette affinité, j'imagine. C'est en tout cas ce que j'en déduis quand il me dit qu'il me montrera quand je serai Terre à mon tour. J'ai hâte, et si peur en même temps. C'est la seule affinité que je n'ai pas encore touché. La seule qui reste un réel mystère pour moi... Et si je n'y voyais pas ce qu'Angie lui trouve ? Ce serait force possible. Après tout, lui n'a peut-être pas vu ce que je vois dans l'électricité... Et ce serait bien compréhensible. Nous sommes dans deux mondes différentes.

Un petit sourire étire mes lèvres, et je souffle :

-Je te ferai un cristal, quand je serai Terre.

C'est bien la moindre des choses, après ce qu'il vient de se passer.

-Enfin, j'essayerai ! Je te garantis rien. J'espère que j'y arriverai ! plaisantai-je doucement, sans y mettre, à regret, autant d'énergie qu'à l'accoutumée.

« OOOOOOOOOOOh ! Ce serait trop biiiiiiiiiien ! Et j’essaierais de te faire un cristal de téléporteur? »

Pour le coup toi, tu risques d’avoir du mal mais tu le feras pour Mitsuki parce que c’est juste une super personne et que tu veux lui faire plaisir. Bon tu seras sans doute pas le mieux placé mais au moins toi tu seras là. Pas comme l’autre roux-blaireau… Parce que pour faire des conneries il n’est pas le dernier, et clairement c’est dommage elle aurait eu besoin de lui et pas de toi… Mais bon il faut savoir mesure garder.

Le reste de l’aprem est plutôt chill, vous parlez de tout et surtout de n’importe quoi. Ça se passe plutôt bien et ça fait du bien, p’t’être parce que t’essaie d’être celui dont elle a besoin et pas celui que tu voudrais être. Parfois c’est bien de s’oublier pour aider les gens que l’on aime… Par contre tu devras la quitter quand il deviendra évident que la courante te rattrape.