Bito m'expliqua la situation et prétendit que c'était un accident. Comme quoi il était avec une amie et s'était retrouvé dans les vestiaires par accident. J'avais envie de le croire, mais voilà que le doute revenait à la charge... Après tout, moi aussi il m'arrivait d'être tellement dans la lune que je me retrouvais à des endroits sans me souvenir avoir pris ce chemin, mais ça ne signifiait pas que cette histoire était forcément vraie. Et si j'étais en train de me faire mener par le bout du nez ?

Je ne l'avais jamais vécu, toutefois j'avais entendu des récits de manipulation similaires. M'étais-je voilée la face ? Peut-être qu'il n'était pas ce qu'il prétendait être... J'ignorais quoi lui répondre. Il reprit alors parole et je fus surprise par ses mots. S'il avait réellement voulu tenter de me faire croire à un mensonge, il n'aurait probablement pas dit ça. Par contre, ce « un gars comme moi » piqua ma curiosité. Qu'avait-il fait d'autre ?

Je ne sus pas pourquoi sur le coup, mais je me sentis profondément blessée. La confusion était normale vu la situation, cependant je ne voyais pas pourquoi j'avais soudainement envie de pleurer.

— Tu... je... commençais-je alors qu'il se tournait dans l'autre sens.

Ma voix craqua et au final, je me stoppai, car je ne savais même pas ce que je comptais dire au départ. J'étais trop confuse ! Je ne pouvais pas rester au milieu de l'arcade, je sentais mes yeux qui se remplissaient de larmes. Je ne pouvais pas non plus me diriger vers la sortie, car c'était également là où Bito allait. Je me rendis donc d'un pas rapide aux toilettes pour m'y enfermer. Il fallait croire que c'était à mon tour. Cool cool cool cool cool.

*Calme-toi Elfie, pourquoi t'es dans cet état..?*

Je me regardai dans le miroir, j'avais une sale tête. Je me mis à réfléchir à ce qui venait de se passer, à essayer de comprendre pourquoi mon cœur me faisait mal.

« Ça risque de niquer sa réputation... »

Ah. AH. Je comprenais maintenant. Ma réputation... ma réputation ! Cela faisait des années que j'avais décidé d'arrêter de m'en soucier et pourtant, seulement quelques mois que j'avais commencé à faire de vrais efforts pour atteindre ce but. D'arrêter de me soucier de ce que les gens pensaient de moi. J'avais prétendu, je m'étais fait croire que c'était le cas, toutefois c'était totalement faux ! Mais là, depuis mon étoilisation, j'avais réellement fait des progrès.

« J'peux pas réparer les conneries que j'ai faite avant. »

Ah oui, il y avait ça aussi. J'avais tellement de regrets, pas étonnant que j'avais eu un pincement au cœur quand il m'avait sorti ça. Ensuite, il y avait la cerise sur le gâteau : le fait que je ne savais plus trop quoi penser du jeune homme. Est-ce que cette relation était vouée à l'échec depuis le début ? J'avais eu espoir... Qu'enfin peut-être je pourrais être proche de quelqu'un comme ça. Que je pourrais me permettre d'être proche de quelqu'un comme ça.

Il était drôle, imprévisible, on avait pleins de points en commun... Il était... beau... J'aurais aimé en apprendre plus. Mais c'était déjà la fin, huh ? Ma vie amoureuse était vraiment sans espoir... Je me laissai glisser sur le plancher en pleurant silencieusement. J'étais lasse de toute cette tristesse.

Je pris à plusieurs reprises du papier de toilette pour essuyer mon visage et me moucher. Je fixais un point sur le mur, le regard vide. Pendant un moment, un seul mot se répéta en boucle dans ma tête : « Pourquoi pourquoi pourquoi ». Je réussis à calmer le flot de mes larmes et je me concentrai sur ma respiration. Quand je pleurais et que je parvenais à m'arrêter, cela ne signifiait jamais que c'était fini. Je pouvais recommencer plusieurs fois de suite. Heureusement, grâce à ma psy, j'avais maintenant quelques techniques pour m'aider avec ça.

« J'essaye de faire plus attention depuis que tu m'as fais la remarque, mais [...] »

Je ne savais pas trop dans quel sens interpréter cette phrase. Avant, il pensait que c'était correct de... de... comment dire... manquer de respect aux femmes ? Ou peut-être que c'était juste un imbécile ? Deux opinions contraires s'opposaient en moi. L'une pensait que je ne devrais pas m'impliquer avec quelqu'un comme ça et l'autre pensait que tout le monde pouvait changer, s'améliorer, et que je devrais avoir foi en lui. Me faire mon propre opinion.

Par contre, vu qu'il me plaisait, que je voyais plus en lui de bons côtés que de mauvais, je craignais de ne pas être en mesure de réfléchir correctement. Si je continuais à me rapprocher de lui et que je me rendais compte plus tard que c'était un enfoiré, ça me ferait encore plus souffrir que maintenant.

M'enfin, là il était parti, il ne pouvait peut-être pas supporter mes reproches. Quoi qu'il y avait aussi le sujet de la réputation. Avait-il dit ça pour me faire sentir mal ? Ou pas du tout en fait ? C'était possible que d'apprendre que j'avais un certain degré de popularité sur les réseaux sociaux l'avait intimidé... C'était plausible, je me serais sûrement senti pareil à sa place. J'avais tendance à m'inquiéter de ne pas être à la hauteur.

J'eus alors une idée. J'avais cruellement besoin d'un avis extérieur, du coup je décidai d'écrire à Mitsuki. Elle semblait le connaître au bar, du coup je lui demandai son opinion de lui. Je ne doutai pas un instant pouvoir me fier à son jugement. Elle me répondit après un court instant : « Bito est génial, je suis contente qu'il soit revenu à Terrae, c'est un type super cool ! ».

Je souris en lisant ça, rassurée. Après environ une dizaine de minutes passées aux toilettes, mon téléphone vibra dans mon sac. Je le sortis et vis que Bito m'avait écrit. Hein, comment savait-il que j'étais au petit coin ?!

Il était revenu.

Ah, son troisième message confirma une de mes théories. Je commençai à écrire pour lui répondre, mais je reçus un nouveau message avant d'avoir terminé. Je le relus trois fois, le temps de vérifier que j'avais bien lu et aussi de l'analyser. Joueur 2 ?! Est-ce que ça voulait dire ce que je pensais que ça voulait dire ? Ou il voulait juste que je revienne jouer dans l'arcade en fait ?

Humph. Ça serait un peu bizarre de le formuler comme ça au lieu de « Tu veux bien qu'on continue à jouer ? ». Mais je ne cernais pas encore très bien le caractère de Bito. S'il était en train de sous-entendre qu'il aimerait que je sois sa petite amie... Euh bah, le timing pourrait définitivement être MIEUX.

« Oui, c'était con. Ok ouais j'ai pas mal de fans, mais c'est juste parce que la mode est une de mes passions et que je produis du contenu... Je n'en parle pas vraiment entre autres parce que je ne veux pas que les gens autour de moi changent d'attitude » envoyai-je.

Pour ce qui était de la dernière partie de son message, je décidai de ne pas relever ça pour le moment...

Mes yeux avaient arrêté de se remplir de larmes, yé. Je reçus une réponse quelques secondes plus tard. Au moins, Bito s'était rapidement rendu compte que c'était stupide de penser qu'il ne pouvait pas se tenir avec moi juste à cause de ma petite célébrité. La dernière phrase me laissa perplexe. Quelqu'un qu'il aimait ? WAIIIIT, je devais le prendre comment ? C'était un aimer aimer ou un aimer casual ? Mon rythme cardiaque augmenta un peu, ne sachant pas quoi répondre. Je n'en étais pas là moi, pas encore.

Attendait-il une réponse, en fait ? Avec ce qu'il m'avait écrit un moment plus tôt en plus, je me le demandais. Il ne m'avait pas posé de question directe mais...  Peut-être que je devais lui revenir là-dessus. Mais est-ce que cela accomplirait vraiment quoi que ce soit ? Ce n'était pas comme si j'étais prête à me mettre en couple, du coup je devrais le rejeter. Bon... Je décidai de m'exprimer sur le sujet uniquemment s'il me questionnait de façon explicite. Sinon, je craignais de lui faire mal pour rien.

Il me demandait si je voulais sortir et continuer notre rencard. Je remis mon téléphone dans mon sac et me leva pour me regarder dans le miroir. J'avais arrêté de pleurer, donc mes yeux n'étaient plus bouffis, seulement un peu rouges, mais ça ne se voyait presque pas. J'espérais qu'il ne soit pas trop observateur. Je débarrai la porte, prit une grande respiration puis l'ouvrit. Mon regard se posa sur Bito.

— Tu peux dire à l'idiot que oui, m'exclamai-je avec un petit sourire. Ah, t'es encore tout décoiffé, les Avengers t'ont poursuivi jusqu'ici ?

Je pivotai vers le jeu de zombies et vu qu'il était désormais utilisé par d'autres joueurs.

— On s'est fait chiper notre place on dirait. C'est pas grave. Alors, on joue à quoi maintenant ?

Aussitôt que j'eus terminé de parler, Bito se précipita sur moi et colla son visage au mien en s'exclamant que j'étais trop gentille. J'eus un léger rire alors que je songeais qu'il était adorable. L'épouser ?!! Je rougis jusqu'aux oreilles, il avait vraiment beaucoup d'ardeur... Puis comme quand il m'avait demandé de faire un enfant, il sembla réaliser ses paroles seulement après les avoir dites. Il ressortit le carnet de tout en l'heure sous mon regard curieux.

Il se retourna alors de nouveau vers moi et je me figeai quelques secondes. Oh non, j'avais dû mal vérifier que mon mascara était nickel ! Il voulut m'aider à l'arranger avant de comprendre ce qui avait mené à ça. Il me demanda si j'avais pleuré, hé merde merde merde. Je n'eus pas le temps de répliquer tout de suite vu qu'il m'enlaça encore, se sentant coupable.

— Quoi ? Mais non mais non, j'ai pas pleuré, pas du tout !!

Ah ouais, pas très crédible. Et pourtant, je continuai.

— J'ai bâillé, des fois quand je baîlle mes yeux coulent, ça doit être à cause de ça.

Si j'utilisais souvent cette excuse bidon ? Ouaip, carrément. J'AVAIS LA LARME À L'OEIL BEAUCOUP TROP FACILEMENT !!! Je serrai Bito contre moi et ajoutai :

— T'es pas un monstre ! Et euuuh, c'est quoi ton carnet là ?!

J'ignorais s'il croyait réellement mes dires ou s'il ne faisait que le prétendre. Au moins, on ne s'éternisait pas sur le sujet. Je n'étais pas sûre qu'il accepte de répondre à ma question, mais ça ne sembla pas le déranger. Il m'expliqua c'était une liste d'étapes. Je levai tout d'abord un sourcil en me demandant de quelles genres étapes il s'agissait, puis lâcha un petit « Oooh » à la fin de sa phrase.

Ça expliquait pourquoi il s'était exclamé être encore allé trop vite en consultant son carnet tout à l'heure. Il me le montra qu'il cochait l'étape du câlin et continua de parler avant de s'arrêter subitemment alors que mes yeux tombaient sur celle du baiser. Il tourna la tête vers moi et je crus le voir regarder mes lèvres.

J'eus de petits papillons dans le ventre et je me figeai l'espace d'un instant. Une partie de moi voulut qu'il le fasse là, maintenant, même si je me sentais pas prête. Je détournai le regard et il se recula.

— O-ouais..! J'ai compris.

La petite confirmation inutile. Mais il fallait bien que je dise un truc, pas vrai ?!

— Ça te dirait de jouer à Dance Dance Revolution ? le questionnai-je en pointant les tapis de danse avec des flèches qui venaient tout juste de se libérer.

J'avais mis une robe pas trop courte justement si on jouait à ce jeu, histoire que mes mouvements ne la fassent pas trop se soulever.

J'écarquillai légèrement les yeux à la réponse rapide de Bito. On aurait dit qu'il était à bout de souffle, mais cela ne l'empêcha pas de se diriger à toute vitesse vers le jeu de danse. Je le rejoignis et le vis expirer bruyamment en arrivant.

Je ris de l'intérieur devant cette scène et aussi en repensant à la difficulté qu'il avait éprouvé à remettre le carnet dans sa poche. Je songeai également à la proximité de nos visages un moment plus tôt et... AH ! Le jeune homme me demanda alors si on pouvait commencer avec le niveau débutant. D'habitude je jouais en normal ou difficile dépendemment de la chanson, mais il ne devait pas avoir autant joué autant que moi j'imagine.

— Oui, pas de problème !

Je m'avançai sur un des tapis et choisis mon personnage, Chordia.

— Je choisis la première chanson et tu choisiras la deuxième, ok ?

Je sélectionnai Clocks, qui était un cover du célèbre groupe Coldplay, puis partit le jeu. Je commençai à appuyer sur les flèches avec me pieds, n'en manquant aucune vu que c'était très facile. Je dansai en même temps en faisant quelques mouvements aléatoires le temps qu'une autre flèche atteigne sa zone. Ça me rappelait des souvenirs, je me rappelais avoir beaucoup dansé sur cette chanson avec ma mère quand j'avais autour de 12 ans.

Je jouais tout en regardant Bito du coin de l'oeil. Au début il ne semblait pas très à l'aise, mais au fur et à mesure que la chanson avançait, il s'améliorait déjà. Puis elle se termina et les scores s'affichèrent.

— J'ai tellement joué à ce jeu quand j'étais petite ! répondis-je à sa remarque avec un grand sourire.

Il se mit alors à survoler les différentes chansons à la recherche d'une qui pourraient l'intéresser. Son choix s'arrêta sur YMCA, ce n'était pas mon genre, toutefois celle-là était un classique et c'était toujours rigolo de l'entendre une fois de temps en temps. Je fus contente qu'il augmente la difficulté étant donné que la première avait été un peu barbante par moment. Je ris à son commentaire.

— Nope. Toi j'ai l'impression que tu aimes bien ça, les moustaches.

Je faisais bien sûr référence à son déguisement à deux balles en salle d'entraînement. La partie commença et je manquai seulement quelques flèches. En voyant Bito danser la fameuse chorégraphie du refrain, je me mis à limiter en chantant tout bas.

— It's fun to stay at the Y-M-C-A ♪ !

Je choisis ensuite la chanson Butterfly. Je me sentais trop nostalgique étant donné que j'avais tellement écouté cette chanson en boucle quand j'étais adolescente. Je mis la difficulté à normal parce que je ne voulais pas tuer Bito hein : il y avait une grosse différente entre ce niveau-là et le suivant. J'appuyais sur les flèches en chantonnant, je m'amusais beaucoup.

Soudainement, je ne sentis plus le tapis sous mes pieds. Woha, je flottais ! Ça avait parfois cet effet quand je me laissais emporter. Je me concentrai pour m'arrêter à un peu moins d'un mètre du sol. Je tentai de redescendre en vain.

— Bon euh, je pense que t'as des chances de gagner cette partie hahah ! déclarai-je.

Bito continua de jouer et me demanda pourquoi je disais qu'il avait ses chances de gagner. Je haussai un sourcil et désigna le tapis en mode « À ton avis ? ». Et comme je n'arrivais pas à revenir sur le sol, je manquais beaucoup de flèches.

La réalisation le frappa alors et s'exclama que ce ne serait pas drôle de gagner de la sorte. Je crus qu'il allait me tendre la main pour m'aider à redescendre ou un truc du genre, mais non. Il se téléporta sur mon dos ! Je fis mon possible pour nous retenir en l'air pour éviter de tomber d'un coup, pour pouvoir nous abaisser doucement.

— Tu aurais pu préven... ugh. AH !

Le vent sous nous se relâcha de manière soudaine et nous chutâmes. Heureusement, nous n'étions pas trop élevés. Je tentai d’atterrir sur mes pieds, toutefois c'était mission impossible avec le jeune homme sur mon dos. Je tombai en arrière et du coup, sur Bito. Ma tête reposa deux petites secondes sur son torse le temps que je reprenne mes esprits, puis je redressai mon dos vers l'avant et tournai la tête vers lui.

— Ça va ?!