Bon, je sais que c'est pas bien... Mais demander aux infirmières ça équivaut à un non direct, alors... Je m'approchai de Matthew, quittant ma chaise. Je grimaçai lorsque les aiguilles plantées dans sa peau le tirèrent parce que le pied soutenant les deux poches était trop en retrait. Je regardai furtivement son bras, et relevai les yeux vers lui.

-Tu penses pas qu'on pourrait les retirer nous même ? Pour sortir après, je peux nous téléporter...

Je secouai doucement la tête, me rendant compte que je donnais l'impression d'avoir un esprit vachement rebelle pour le coup. Bon, ok, y'a pire, mais quand même ! (Oui, je sais, c'est carrément pas rebelle en fait, mais ça va ! Je désobéis que très rarement au règlement en général...)

-Parce qu'en fait, je doute que les infirmières te laissent sortir si facilement...

Je baissai les yeux sur sa tenue de malade en pleine phase de rétablissement, et laissai un petit sourire taquin étirer mes lèvres.

-Cela dit, sortir comme ça... Tu vas attraper froid et en plus, comment dire ? t'auras pas vraiment la classe quoi...

Je regardai autour de moi, à la recherche d'un placard. Ils avaient bien mis ses fringues quelque part, non ? Même si ils étaient tachés de sang...

- Je pourrais tenir quelques temps avec ça, mais pas toute la nuit.

J'avais grimacé lorsqu'il avait avec précision retiré le fil qui le rattachai au pied amovible. On aurait dit qu'il avait fait ça toute sa vie... Vraiment, je vous jure ! Ca montrait clairement toute l'expérience qu'il avait !
Bon, d'accord, j'en rajoute un peu, mais honnêtement, il devait avoir déjà testé de se retirer tout ça tout seul pour procéder comme ça là, moi je sais que si j'avais été à sa place, j'aurais tiré comme une andouille, et je me serais sans doute arraché le bras ! J'aurais d'ailleurs même pas pensé à me mettre un bandage pour empêcher le sang de couler, j'aurais simplement abandonné l'idée de sortir et j'aurais appelé une infirmière ! Bon, peut-être pas... Je me serais enfuie en fuge et... BREF ! En même temps, regardez, c'est plus simple pour un mec de se mettre torse nu que pour une fille ! Un peu d'honnêteté bon sang !

- J'ai pas vraiment la classe, mais au moins je risque pas de mourir de froid. On peut aller dans un endroit isolé, de toute manière j'ai pas vraiment envie d'être entouré d'une foule.

Bon, d'accord, je l'avais regardé se changer, ou plutôt s'habiller, vu qu'il n'avait rien retiré. Déception ? Bah étant donné que je ne m'étais attendue à rien... J'veux dire, contrairement à certaines personnes, et je ne vise personne, BIEN SUR, je ne suis pas perverse, moi !
Je finis par sourire et hocher la tête.

-Mince, j'avais prévu de nous téléporter là où il y a plein de gens le soir, comme au restaurant ou au bar... Tu es sûr que tu veux aller dans un coin isolé ?

Je tirai la langue avec un air taquin et enfantin avant de me rapprocher de lui. Enfin, plus sérieusement, il allait attraper froid... Cela dit, où aller ? Peut-être déjà dans la cour, ce serait pas mal ? Enfin, comme on est à hôpital, on est au village alors... Au parc ? Raaah, sacré dilemme ! Okok, c'est moi qui me pose des problèmes toute seule...
Je manquai de lui tendre la main, mais je me dis que c'était peut-être un peu trop... Bizarre.
Alors je posai simplement ma main sur son épaule.

-Destination ?

J'attendis sa réponse, et nous y téléportai.

HRP : Mais non, c'est bien, t'inquiète !

Le parc. Une fois arrivé, Matthew s'éloigna de moi pour aller directement s'asseoir sur un banc. Je le regardai faire et esquissai un petit sourire. Son attitude était totalement différente de celle que j'avais pris l'habitude de voir chez lui. Même son visage affichait une expression différente. Il était beaucoup moins... Agressif ou mesquin dans ce qu'il disait.
Profitant du léger silence qui s'était installé, je fixai mon attention sur un écureuil au loin qui courait pour remonter vite fait sur son arbre.

- Dis-moi, tu accompagne toujours ainsi les garçons qui t'ont blessée?

Je tournai la tête vers Matthew, surprise d'entendre sa voix. Vu le silence qui régnait dans le parc... Il était parfaitement désert ! En même temps, il devait presque être 22h, non ? Plus peut-être...
Je ne répondis pas à la question de Matthew tout de suite, et il enchaîna en disant que c'était risqué. Un petit sourire étira mes lèvres.

-C'est peut-être pas très cool à entendre, mais je doute quand même que tu puisses me faire quelque chose vu l'état dans lequel tu te trouves actuellement.

Reportant mon regard que j'avais laissé plané dans le vide sur lui, je penchai doucement la tête sur le côté.

-Cela dit, je ne fais pas toujours ça non, mais les circonstances sont légèrement différentes d'habitude. Là c'est... Particulier, je trouve ! ponctuai-je d'un petit rire.

Je passai une main dans mes cheveux. Ils avaient vraiment poussé depuis que j'étais à Terrae... En même temps, ça allait bientôt faire un an. Et dans quelques semaines à peine, j'allais déjà avoir 18 ans ! Dur dur de grandir... On ne peut pas rester toute sa vie un enfant ?
Je pris un élastique que j'avais l'habitude de garder au poignet et j'attachai mes cheveux en une queue de cheval haute. Un courant d'air souleva mes vêtements et je frissonnai. Avec tout cet air qui s'engouffrait sous le tissu, j'allais choppé la crève moi !

-Et puis, tu aurais préféré que je te laisse seul ? demandai-je en croisant les bras sur ma poitrine, frottant mes épaules pour tenter de me réchauffer.

Son intention à mon égard me troubla. A vrai dire, j'avais un peu envie de rentrer maintenant. Je rêvais d'un chocolat chaud, dans mon lit, à lire un vieux conte que maman m'aurait déjà raconté. Mais en même temps, je n'avais pas envie de le laisser là... Et j'avais envie d'essayer, peut-être en vain, d'approfondir un minimum notre "nouvelle amitié" (?). Je détestais ne pas savoir ce qu'était vraiment une personne pour moi. C'était tellement plus simple de dire "T'es mon ami !" "T'es mon ennemi !" "T'es mon petit-ami !" "T'es mon père !" (ou frère, mère, ...) C'était tellement plus simple ! Et pourtant... Aucune de ces exclamations ne s'applique dans le cas de Matthew. Je ne peux pas dire "Je t'adore !" ou "je te déteste !" ou "je t'aime !". Je ne peux rien lui dire... Pourtant, je doute ne rien ressentir pour lui, car je ne suis pas indifférence, je le sais... Mais c'est un sentiment encore indéfini pour moi, je n'arrive pas à le cerner, et ne pas savoir ce que je pense au fond de lui, en plus de m'intriguer un minimum... Ca m'agace.
Remarquant que je ne lui avais alors pas répondu, j'ouvris la bouche pour le faire quand il enchaîna :

-Oh, m-...
- Je me demande si je vais avoir droit à la visite de cette tendre directrice.

Je fermai ma bouche et restai silencieuse, observant son visage.

- Ca promet...

J'attendis encore un peu, pensant qu'il allait rajouter quelque chose, mais je m'étais trompée. Ses explications s'arrêtaient là... Est-ce que je devais alors lui demander pourquoi il ne voulait pas la voir...? Hmm.
En même temps, je ne savais pas si elle allait être mise au courant. Ou alors si elle allait réagir d'une certaine manière vis à vis de ce qu'il avait essayé de faire. Je soupirai doucement.

-Tu ne l'aimes pas ?

Je l'écoutai en silence, lissant par habitude la couverture qui reposait sur mes genoux. Je relevai cependant le regard vers lui, l'air ahurie, lorsqu'il déclara... Qu'il lui avait donné un coup lors de son initiation. J'avais mal entendu ?! Je me doutais que certains élèves pouvaient ne pas aimer la directrice, c'est comme ça dans tous les lycées et il arrive souvent que je fasse partie de ce genre d'élève d'ailleurs, mais là... Il pétait tous les scores ! Je n'avais jamais entendu parler d'un truc comme ça, et je devais bien avouer que j'étais terriblement choquée. Peut-être aussi certainement à cause de l'éducation qu'on nous inculque au Japon, ça change un peu notre manière de voir les choses, mais quand même... En Angleterre ils frappent les directeurs et les directrices qu'ils aiment pas comme ça ?!
C'était peut-être pas étonnant alors qu'elle le déteste... Mais pourquoi est-ce qu'il lui avait porté ce coup...? J'avais énormément de mal à suivre son histoire ! Reportant mon regard sur mes doigts qui caressaient la couverture, je me laissai aller à mes pensées.

-Mais qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu lui portes ce coup ? C'est... Bizarre, comme façon de dire bonjour...

Je secouai la tête, cessant de me l'imaginer en train de lui foncer dessus en poussant un cri de guerre. Je doutais que ça se soit passé comme ça... Soupirant, je décidai finalement de hausser les épaules.

-Tu as vraiment un comportement que je n'arriverais jamais à comprendre... Tu es tellement différent de toutes les autres personnes que j'ai rencontré ! Déjà que je suis nulle pour comprendre les autres, mais alors là, c'est le pompom !

Je tournai la tête vers lui. Malgré tout, je notai un détail... J'avais posé une question peut-être déplacée... Et il m'avait répondu, avec un sourire en prime. Ca... Changeait de d'habitude.

Il semblait s'être plongé loin dans ses pensées. Personnellement, j'aimais et je détestais ces moments, lorsque ça m'arrivait. D'une part, je repensais à tellement de choses que ça avait souvent le don de me faire sourire, d'autant plus que parfois, j'étais tellement dans mes pensées que j'en oubliais les gens qui m'entouraient. C'était ça que j'aimais le moins, je pense. Le fait que je me déconnecte totalement de la réalité au point d'en oublier mon entourage. Mais enfin, ça ne semblait pas être le cas de Matthew, car il reprit bien vite la parole.
Silencieuse, je l'écoutai, relevant le regard vers lui. Avec un sourire, je remarquai que... Vraiment, pour une fois, il s'ouvrait vraiment à moi sans que je n'ai vraiment à aller le chercher. Et parler de ce genre de chose le mettait relativement moins mal à l'aise... Peut-être que l'échange qu'on avait eu tout à l'heure à l'hôpital avait vraiment changé quelque chose entre nous ? J'osais l'espérer. Mais en même temps, je savais qu'il était inutile d'y croire parfaitement. Dans le pire des cas... Je serais déterminé lorsque je le croiserais la prochaine fois, si prochaine fois il y avait. Son attitude à mon égard à ce moment là prouvera si oui ou non... Il ne me déteste plus !
Lorsqu'il parla de son père, mes pensées se focalisèrent immédiatement sur Eriol. Je l'avais connu son père. Je l'avais connu... Et j'avais vécu avec lui plus que son propre fils, alors que je n'étais que la meilleure amie d'Allen, son autre fils. Est-ce que c'était normal, ça ? Malheureusement, non. Et ça m'attristait vraiment pour lui. Je le comprenais parce que je sais que j'aurais refusé que mon propre père aille vivre avec une autre fille en m'abandonnant. Peut-être pas pour les mêmes raisons, je pensais peut-être comme ça parce que j'aimais énormément mon père et que penser à une vie sans lui était impossible... Lui, au contraire, n'aimait pas son père pour ça. Mais à ma manière, je le comprenais. J'en aurais voulu à mon père s'il était parti...
Une idée sembla naître dans mon esprit... Et s'il en voulait à son père d'être parti et de l'avoir abandonné... Parce qu'à la base il l'aimait ? Ce qui expliquerait alors pourquoi ensuite il en serait venu à le détester...
Ouais, bof, en fait. Faut que j'arrête de la jouer philosophe !
Je finis par lever les yeux vers les étoiles. Un faible sourire éclaira mon visage. "Mitsuki". "Jolie Lune"... Je reportai mon regard sur Matthew.

-J'aurais un peu de mal à décrire Eriol. Je... Les premiers souvenirs que j'ai de lui remontent de la période où il était déjà père. J'imagine que comme tout homme il a changé en ayant des enfants... Après, c'était plus... Allen, que je voyais, et pas son... Votre père à tous les deux. Lorsqu'ils venaient à la maison, je ne restais jamais longtemps dans le salon.

Je repensais cependant aux quelques sautes d'humeur qu'il avait déjà pu avoir, mais aussi à la manière qu'avait Yureka, la maman d'Allen, d'en parler. Un petit sourire se peignit sur mon visage et je baissai la tête sur mes mains que j'emmêlai nerveusement sur mes genoux.

-Mais malgré tout, je crois savoir qu'il avait lui aussi ce genre d'attitude parfois...

Je trouvais ce sujet extrêmement délicat. J'avais peur de dire quelque chose de déplacé, comme j'avais peur d'énerver Matthew ou de détruire le minuscule lien qui semblait s'être créé entre nous. En plus, y repenser me faisait repenser à ses réveillons de Noël, ces Nouvels Ans, ces anniversaires, tous ces moments passés ensemble... Savoir que je ne vivrais plus jamais quelque chose comme ça avait tendance à me rendre un tantinet nostalgique.

-Désolée, peut-être que tu n'avais pas besoin de mon avis.

Je fixai l'air presque choqué qu'arborait Matthew, mal à l'aise. Aurais-je oublié de préciser... Que j'habitais juste en face de chez Allen, et que nos parents, par conséquent, étaient très proches ? Je connaissais son père, oui... Mais était-ce juste ? Je n'aurais pas dû... Je n'étais pas dans le droit de le connaître mieux que lui. Et pourtant...
Me mordillant la lèvre, je l'observai d'un oeil gêné avant de hocher timidement la tête.

-Je... Allen habitait juste en face de chez moi. Ses parents sont les meilleurs amis des miens, du moins, il me semble que Maman et Papa connaissaient beaucoup moins Eriol, mais étaient malgré tout proches de Yureka, sa... Sa femme.

J'hésitai sur les derniers mots, ne me sentant pas à ma place. C'était tellement délicat de parler de tout ça ! Je n'avais pas la moindre idée des réactions que pouvais avoir Matthew... Et c'était terriblement décontenançant.

-J'ai autant grandi dans leur maison que dans la mienne, Allen et moi étions toujours ensemble. Maman et Papa m'ont déjà raconté que lorsque j'étais vraiment toute petite, à peine plus de 1 an voire moins, je ne me souviens plus très bien, Eriol était parti et avait laissé Yureka. Et puis il est revenu et... Enfin, j'imagine que tu sais la suite.

Je fuyais instinctivement le regard d'Eriol, ne me sentant pas capable de faire face à ses interrogations, ou encore ses déceptions, ses colères, ses... Enfin, ses sentiments, en général. Tous ses sentiments qui auraient pu passer dans son regard.
Je fixai mes mains que j'entremêlais sur mes genoux.

-Si je ne me trompe pas... Papa, Maman, Eriol et Yureka étaient tous les quatre à Terrae... A l'Ancienne Terrae avant qu'elle ne disparaisse. Depuis ce temps-là, ils ne se sont jamais quittés. Et j'ose espérer... Qu'encore maintenant, ils sont ensemble. Là où ils ont disparus...

Je sentis mon coeur se serrer. En plus d'être mal à l'aise vis à vis de Matthew, je venais de remettre en question la possibilité que Maman et Papa (Eriol et Yureka aussi) puissent être encore en vie. Et ça... Cette possibilité pourtant implicite, rien qu'y penser je me sentais mal.
Je me rendis compte au moment où je sentis un goût de fer dans ma bouche que je m'étais mordue les lèvres à sang. Je portai un doigt sur ma lèvre intérieure et soupirai en apercevant le point rouge humide qui s'y était dessiné. Passant discrètement ma langue sur mes lèvres, je décidai d'avaler le sang jusqu'à ce que ça cesse de couler. Pas tellement le choix, étant donné que je n'avais pas vraiment de mouchoirs sur moi... Il faut faire avec les moyens du bord !

-Enfin, pour répondre directement à ta question de tout à l'heure ; oui, j'ai connu ton père.

Je n'aurais pas du en parler. Je le savais. Mais en même temps... En même temps, il avait le droit de savoir, non ? Lui cacher aurait été pire... Non ?
Je fermai les yeux, plissai violemment les paupières, me répétant en boucle dans ma tête "ce n'est qu'un mauvais rêve, réveille-toi Mitsuki !" Mais à chaque fois que je rouvris les yeux : rien. Rien du tout... De toute façon, j'avais beau être mal à l'aise, ça ne suffisait pas pour parler de "cauchemar". C'était... Plutôt Matthew qui en vivait un.
Je l'écoutai alors parler, prenant sur moi, sachant que j'avais dans tous les cas mérité son emportement. Il avait raison d'être énervé. Et en étant à sa place... J'aurais certainement réagi de la même manière.
La couverture qui était tendue entre nous était animée de léger mouvement : Matthew commençait à trembler de rage.
J'avais envie de prendre son poing serré entre mes mains, de lui dire de se calmer, de lui faire comprendre que peut-être, malgré ses airs parfois désinvolte, malgré son absence, Eriol l'avait aimé. Mais je n'osais pas. Et en plus de ça, je n'étais moi-même pas convaincue par mes paroles. Comment pourrais-je savoir ce qu'il pensait réellement, hein ? Je ne savais même pas, avant qu'Allen m'en parle, qu'il avait un autre fils...
Cependant, je relevai d'un coup la tête lorsqu'il termina de parler. Tournant vivement la tête vers lui, je le dévisageai un instant, mes pensées se bousculant dans ma tête.

-Tu n'es pas une erreur passagère, Matthew ! Tu...

Je me mordis la lèvre, déstabilisée. Comment pouvait-il dire ça ? Comment est-ce que quelqu'un pouvais penser cela de lui-même ? Secouant la tête, je repris, avec plus de vigueur.

-Tu n'es pas un "objet" ou une "idée" ! Tu es quelqu'un, vraiment, tu es une personne, et pas le fruit de l'échec de quelqu'un. Tu ne vois, je l'imagine, peut-être que tes défauts, comme beaucoup de personnes malheureusement, mais tu as aussi tes qualités. Je refuse de t'entendre dire ne serait-ce encore une seule fois que tu es "une erreur passagère".

Tournant la tête pour regarder un écureuil qui sautait de branche en branche sur un arbre plus loin, je repris :

-Depuis qu'on a commencé à parler de ça, je me mets à ta place et je m'en veux à moi-même d'avoir... Plus connu ton père que toi. Je m'imagine la vie que tu as du vivre et je ne peux m'empêcher de me dire que ça a dû être terriblement dur. Mais quand je pense à toi, à ton enfance, à l'image que j'ai de ton passé, à la manière dont je l'imagine... Je ne me dis certainement pas que tu es une erreur ! Je me dis que tu es courageux, et fort. Parce que je sais que moi, je n'aurais jamais été capable de tenir aussi longtemps que toi. Je serais bien vite devenue un poids pour les autres, un vrai boulet, comme je l'étais déjà lorsque j'étais petite. Alors s'il te plaît, ne dis plus jamais que tu es une erreur passagère ! Eriol n'a peut-être pas assumé son rôle de père, mais ce n'est pas pour autant que tu dois te descendre !

Je reportai mon regard sur lui, ma voix reprenant un ton correct, moins emporté.

-Et je ne sais pas ce que tu as fait pour "mériter ça". J'imagine que tu n'as rien fait... Tu n'as juste eu pas de chance. Et c'est pourquoi... Je te trouve courageux. Parce que tu as su grandir avec ce désavantage. Je n'aurais jamais réussi à arriver au stade où tu es maintenant, à ta place.