Il garda le silence un petit instant, et je ne fis aucun bruit, attendant sa réponse. Je savais que la première question n'était qu'une question rhétorique ; après la manière dont il me l'avait décrite, comment pourrait-elle ne pas lui manquer ? Mais j'aurais voulu savoir si il y avait certaines choses particulières qui lui faisait penser à sa mère. C'était peut-être idiot, futile, mais j'avais envie de savoir... Et je fus rassurée, en entendant sa réponse, qu'il ne me parle pas de "corde qui lui aurait rappelé la fin de sa mère". Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais dans le fond, j'avais presque prié pour que sa réponse soit... comme celle qu'il m'avait fournie. Pour que ce qui lui rappelle sa mère soit des objets, des détails, des choses qui le font sourire, et pas l'inverse. J'imagine bien que lorsqu'il entend parler de suicide, ou autre... Ca lui fait penser à la mort de sa mère. Mais en dehors de ça, je voulais que les souvenirs triomphants soient des souvenirs joyeux, beaux, qui le feraient sourire même si après il se rendrait compte que malgré tout, elle n'est plus là.
Lorsqu'il déclara qu'à chaque fois qu'il se retrouvait face à la dure réalité, face à l'absence réelle de sa mère, ça le rendait triste, je ne sais pas pourquoi, mais je m'arrêtai, je le tirai gentiment et je le pris dans mes bras. Je crus qu'il pleurerait, mais son ton avait juste été triste, comme si ces mots étaient difficilement sortis de sa gorge, restant coincés dedans, bien qu'en sortant il se soit rendu compte que ça le soulageait. Comme si l'extériorisation de cette peine l'avait aidée en même temps qu'elle avait agrandi sa douleur. J'avais donc pensé qu'il pleurerait, mais il n'en fit rien. Pourtant, je continuai à le serrer délicatement, sans serrer fort pour ne pas lui faire mal au bras. C'était assez étrange d'enlacer quelqu'un emballé dans une couverture... Mais d'une certaine manière, après que j'ai pu réalisé ce que j'avais fait, je me sentis un tout petit peu mieux que si j'avais directement été contre son corps. La proximité, malgré tout, ce n'était pas mon fort.

-Mais malgré tout, je suis sûre qu'elle reste toujours là, à tes côtés, à voir ta progression. Je suis sûre qu'à chaque pas que tu fais en avant, elle sourit, et est heureuse de te voir avancer. Peut-être que tu te dis qu'il est trop tard, mais on dit pourtant "mieux vaut tard que jamais", non ? Je suis certaine que lorsque tu auras été au bout du chemin, que tu ne pourras plus progresser, lorsque tu fermeras les yeux pour passer une nuit durement méritée, elle sera là, et cette fois, elle te prendra dans ses bras, tu sentiras sa chaleur, tu croiseras son regard avant en permanence paniqué maintenant doux et rassuré, elle sera fière de toi, elle t'offrira son plus joli sourire... Je suis sûre que jusqu'à ce que tu atteignes la ligne d'arrivée, elle gardera ses yeux fixés sur toi, et enfin, quand tu franchiras cette fameuse ligne, elle te montrera, vraiment, une bonne fois pour toute, qu'elle ne t'a jamais quittée, et qu'elle sera toujours là pour toi.

Je m'éloignai doucement de lui, et lui affichai un visage d'enfant contrariée.

-Et même si tu n'es pas d'accord, je m'en fiche, j’espérerais, je prierais, je croirais fort à tout ça, juste pour toi !

Je laissai un sourire reprendre d'assaut mon visage.

-Parce que je sais que ça arrivera ! Ta maman avait l'air trop parfaite pour d'abandonner comme ça ! Elle a forcément laissé quelque chose derrière elle, pour toi. J'en suis persuadée !

J'écarquillai les yeux, un peu surprise en me retrouvant une nouvelle fois contre lui, avant de sourire doucement, sentant quelque chose de chaud couler sur mon épaule. Des larmes.
Pour une fois, je ne me sentis pas aussi mal que lorsqu'on me prenait au dépourvu et que d'un coup, je me retrouvais dans les bras de quelqu'un. Je n'étais, bien sûr, par parfaitement à l'aise, mais je sais que dans d'autres circonstances, j'aurais pu me sentir bien plus mal. Là, j'étais... Presque bien.
Il s'éloigna pourtant, et essuya ses larmes qui persistaient à couler le long de ses joues. C'est à cet instant que je réalisai qu'en réalité, Matthew était l'une des personnes que je m'attendais le moins à voir pleurer à Terrae. Et que ce soir, c'était maintenant la personne que j'avais rencontré qui avait le plus pleuré... Je continuai à l'observer, tandis qu'il levait les yeux vers les étoiles, leur lumière se reflétant dans ses yeux bleus. Il reporta son regard vers moi, et je vis l'un des plus beaux sourires que je pourrais un jour voir sur son visage.

- Je n'arriverais jamais à te remercier assez pour ce que tu m'as offert cette nuit.

Je me sentis légèrement rougir face à ça. Je ne m'y attendais pas... Et à la manière dont il me fixait, au sourire qu'il affichait, je voyais bien qu'il était... Vraiment, vraiment, vraiment sincère ! Je n'avais pas l'habitude de répondre à ce genre de chose. Alors, affichant un sourire embarrassé, je secouai la tête négativement.

-Je n'y suis pas pour grand chose, tu sais... Enfin, j'veux dire... Tout le monde aurait été capable de faire ça !

L'effet magique du moment se dissipant petit à petit, je sentis un courant d'air passer sous mes vêtements, me faisant frissonner.

-On rentre ? demandai-je dans un sourire.

HRP : Merci ^o^ J'aime beaucoup le tien aussi *3* Matthew qui sourit, c'est tout de même incroyable :P

Je lui souris, rassurée de ne pas l'entendre repartir sur un des sujets précédents, dont certains qui auraient pu me mettre mal à l'aise. Ne prenant pas non plus la peine de lui demander s'il était prêt à être téléporté, je posai ma main sur son épaule. Je fermai les yeux quelques instants, m'imaginant sa chambre d'hôpital, et nous y téléportai. Je sentis que nous étions arrivé lorsqu'un flot de chaleur engloba mon corps encore gelé. Un large sourire barra mon visage tandis que je rouvrais les yeux, lâchant Matthew.

-J'espère que tu n'as pas perdu trop de sang, tout de même... On s'en fiche que j'ai pu avoir froid, le blessé entre nous deux, c'est quand même toi !

Je lui adressai un petit sourire. Bon, j'étais certes bien heureuse d'être maintenant au chaud, mais j'étais sincère : le plus important c'était lui et sa santé. Que j'attrape un rhume ou pas, ce n'est pas forcément très grave... Alors que lui se vide de tout son sang, ben c'est un peu grave, si !

-Tu crois que quelqu'un a remarqué que tu étais parti ? demandai-je en m'approchai de la porte pour regarder à travers le store, cherchant à voir si ils semblaient paniqués par la disparition d'un patient... Ou non.

Suivant le demi-ordre de Matthew, je m'assis. Comme il me l'avait dit, Matthew appela une infirmière. Je ne sais pas comment elle réagit lorsqu'elle le vit, mais une chose est sûre, une fois qu'elle fût dans la chambre, elle se précipita vers lui, le força à retourner dans son lit avant de lui remettre ses perfusions, le sermonnant sans arrêt, si bien qu'elle avait commencé à se répéter, tournant en rond. Lorsqu'elle repartit, elle sembla ne même pas avoir fait attention à ma présence. Son pas hyperactif de femme qui s'emporte pour un rien résonna dans le couloir jusqu'à ce que je reporte mon attention que Matthew qui me déclara en rigolant qu'apparemment, j'étais littéralement sauve étant donné qu'elle ne semblait pas m'avoir vu. Je souris, perdant peu à peu mon regard un peu choquée par cette infirmière stressée. Je hochai finalement la tête.

-Il semblerait, oui ! En même temps, même si elle m'avait accusé, elle n'aurait eu aucune preuves, et aucun témoin, alors...

Je souris, puis me levai finalement de ma chaise pour me rapprocher du lit de Matthew. Il faisait vraiment nuit dehors, et j'étais persuadée que minuit était passé.

-Je vais te laisser du coup, maintenant... Malgré tout, j'ai aussi passé une bonne soirée, alors merci !

Je lui souris, et lui adressai un petit signe de la main, un peu hésitante dans mes gestes, ne sachant pas réellement comment lui dire au revoir.

-Bonne nuit Matthew ! A la prochaine ?

Un dernier sourire, et je fis volte face pour sortir de la chambre. Allez, direction ma propre chambre...