Bito m'assura que je n'avais rien à craindre quant au secret de ma technique. Bon, il allait un peu loin pour aller jusqu'à dire qu'il ne le dévoilerait pas même sous la torture hahah. Je n'y tenais pas tant que ça ! De toute façon, les probabilités qu'il se fasse torturer pour ça étaient très minces. Même se faire torturer tout court, ce n'était pas vraiment courant. Oh non, mon cerveau commençait à s'imaginer des trucs.

Heureusement, Bito était une distraction sur pattes. Il alluma un tapis roulant et bondit dessus, se mettant à courir... en faisant des éclairs avec ses pieds. Ok mais ça ne signifiait pas que... ça accélérerait sa course... Ah bah si. PARDOOOOON ?! Wow, mon estime venait d'en prendre un coup. Aïe. « C'est tout con ton truc » ? PAS BESOIN D'EN RAJOUTER HUMPH !

Puis, le karma le rattrapa et le tapis le balança vers l'arrière. HAHA, il n'avait réussi à tenir que quelques secondes. Je me plaçai près de lui et me penchai pour le regarder.

— Normalement je te demanderais si ça va, mais tu l'as un peu mérité celle-là, m'exclamai-je, le sourcil levé.

J'étais légèrement irritée par son commentaire. J'avais accepté gentiment de lui montrer ma technique et lui il s'en était moqué !

— ... ça va ?

Je ne pus pas m'empêcher de lui poser la question au final.

— Quoi ? Mais nooon, j'ai pas souri, répondis-je avec un ton sarcastique.

Bito se releva suite à une roulade et me fit part de son illumination. M'enfin, pas tout de suite, il ne fit d'abord que déclarer avoir compris ce qui manquait à ma technique. Vraiment ? Il laissa planer un court silence avant de poursuivre alors que je montais sur un tapis roulant pour courir en même temps. Selon lui, les jambes n'arrivaient pas à suivre les pieds, ayant pour conséquence qu'on ne pouvait pas garder une vitesse consistante pendant une longue période de temps. Pas bête. Mais même si on générait des éclairs avec les jambes, ceux-ci n'auraient aucun contact avec le sol, alors ça ne causerait pas d'accélération...

J'écarquillai les yeux à son idée. Faire circuler des éclairs dans les muscles des jambes ?! Et les fesses ?!! Alors ça, je n'y avais jamais pensé. Je réfléchis un instant, tentant de rassembler mes pensées.

— Hum... Je n'ai jamais pensé à faire de l'électricité à l'intérieur du corps. Par contre, même si je n'y connais pas grand-chose à ce sujet, ça me semble dangereux non ? Comment le corps réagirait à la présence d'électricité dans les muscles ?

Scientifiquement parlant, j'étais nulle. Toutefois, mon instinct me disait que ce n'était pas naturel d'avoir de l'électricité dans un corps humain. Quoi que, il y avait bien un truc qui s'appelait des électrons. Mes cours de science me semblaient bien loin et mon cerveau n'avait retenu que peu d'informations... Parce que ça ne m'intéressait pas spécialement. Et c'était compliqué.

— Je n'ai pas très envie de m'électrocuter de l'intérieur. J'veux pas me faire griller !

Ça faisait carrément peur en fait.

Ah ouais, ça me disait quelque chose ce qu'il racontait. Il fallait croire que je ne dormais pas quand ça avait été expliqué (parce que oui, je dormais parfois à l'école pendant mes cours de science. Et de mathématiques). Par dormir j'entends mentalement et parfois aussi physiquement. Comme la deuxième option était plus voyante, les profs ne me laissaient pas faire bien longtemps. Pour en revenir à nos moutons, je me demandais à quel point l'intensité devait être basse.

— Faible comment ? Une étincelle ? demandais-je tout en produisant la plus petite étincelle que je pouvais du bout du doigt.

50 000 volts ? Oula ! Ça avait dû être douloureux. Il ajouta que certains sportifs utilisaient l'électrostimulation. EH..! J'eus un léger soubresaut quand il toucha mon bras, ce qui faillit me faire tomber sur le tapis roulant, mais je me repris bien vite.

— Hé ! Bon d'accord, donc il faudrait faire circuler de l'électricité dans les jambes. Maintenant que j'y pense... J'ai déjà fait circuler de l'électricité dans mon corps, mais c'était temporaire, juste le temps qu'elle ressorte. Mais là, il faudrait que je la maintienne à l'intérieur, c'est différent. Je la fais circuler comment ? Je lui fais prendre quel chemin ?

Genre, je la faisais tourner en rond ou ? Hum...

Je réfléchissais... Comme si des connaissances que je n'avais pas pourraient surgir dans mon cerveau tout d'un coup. Bito était plus calé en sciences que moi. Il se mit à masser ses paupières, comme si ça allait l'aider à se concentrer. Peut-être que si, en fait : son visage s'était soudainement illuminé. J'écarquillai les yeux à ses mots. Du yo-yo? J'attendis qu'il élabore car là, je ne comprenais pas.

J'écoutai son explication avec attention. L'électricité cherche toujours à rejoindre le sol... Ça semblait faire du sens considérant les éclairs et touça. Donc, en gros je devais faire monter l'électricité dans mes muscles, mais je n'avais pas besoin de la rediriger vers le bas puisqu'elle allait descendre par elle-même. Ensuite, je devais avoir le bon timing pour la faire remonter avant qu'elle sorte par le bas de mon corps.

Je hochai la tête. Ça sonnait simple mais la théorie sans la pratique, ce n'est rien. Bito s'éloigna alors et dit le total opposé de ce qu'il pensait.

— Merci pour la confiance, babe.

... Est-ce que je venais vraiment de dire « babe » ? Non mais ça me surprenait un peu, considérant le fait que je trouvais ce mot plutôt moche. Ce devait être les nerfs. Une minute, était-ce une bonne idée d'essayer ça maintenant, au gym ? La fille à côté me dévisageait un peu, l'air de se demander si elle ferait mieux de, elle aussi, prendre de la distance.

— Tu sais quoi Bito ? J'essaierai ça à un autre moment. Et à l'extérieur.

Je descendis donc du tapis roulant et attrapa sa main.

— Bon, tu voulais qu'on aille dans le coin muscu, allons-y !

Comme il n'y avait plus aucun danger, Bito s'avança devant l'inconnu qu'il avait prévu d'utiliser pour se protéger. Il s'exclama que les muscles de ce dernier l'avait motivé. Alors que je l'entraînais en direction des machines de musculation, main dans la main, je me permis un petit coup d'oeil vers l'homme. Il semblait être content de s'être fait complimenté. Même si cela fut très court, il remarqua mon regard posé sur lui. Je tournai la tête aussitôt, réalisant que je n'avais pas été subtile sur ce coup-là. C'était la faute du commentaire de Bito hein ! J'avais été curieuse.

Le japonais proposa qu'on fasse des répétitions de développé-couché tout en augmentant le poids petit à petit. Il précisa que ce n'était pas grave si je ne parvenais pas à soulever les poids les plus élevés.

— Je suis pas sûre à 100% pour 50 kg, mais je pense pouvoir y arriver.

Puis, il fut temps de s'échauffer. Il se mit à faire des pompes et je l'imitai.

— Yeaaah les pompes, mon exercice favori ! m'exclamai-je avec un ton sarcastique.

Ça me rappelait de mauvais souvenirs. À l'école, c'était vraiment la honte quand je pouvais à peine à faire cinq. Désormais, j'en faisais de temps en temps, et évidemment j'étais capable d'en faire beaucoup plus.

De la sueur commença à perler sur mon front. Puis, lorsque je sentis que je n'en pouvais plus, je me laissai tomber sur le tapis.

— Délivrance...

C'était fou à quel point un tapis aussi mince pouvait être autant confortable après avoir fait des pompes. Je me redressai et fit des étirements classiques, moins demandants que des pompes mais tout aussi pertinents. Je me dirigeai ensuite vers mon sac pour boire de l'eau, puis pivotai vers mon petit ami.

— Prêt ? Tu veux commencer ?

Ouais, Bito avait raison. J'avais fait un peu trop de pompes. Si bien que je restai une bonne minute affalée sur le tapis.

— Je vais bien, je vais bien... pfffiouu...

Je finis par me lever alors qu'il se dirigeait vers le banc de développé-couché. Je bus de l'eau puis vint me positionner derrière le japonais pour l'observer. Puis, on échangea de place à chaque série. Je n'eus aucun problème pour 20 kg et 30 kg. Pour les prochains, j'eus plus de difficulté. Surtout 50 kg. Après trois répétitions, je demandai à Bito d'attraper la barre, car je n'étais pas certaine de pouvoir en faire davantage. Je n'allais pas risquer ma sécurité juste pour frimer ! Même si j'aimais bien ça, frimer. Et j'étais peut-être — un peu — compétitive.

À la presse, ma performance battit celle de Bito. Ah oui, c'était bon sur mon ego, ça. Il fallait dire que j'entraînais mes jambes plus que tout le reste. Ça portait ses fruits ! Nous continuâmes notre séance avec divers exercices pendant près d'une heure. Ensuite vint le temps de prendre une douche.

Une fois sortis du gym, je pris la main de Bito et nous nous dirigeâmes vers le restaurant le plus près qui vendait des crêpes. On se posa à une table et je me mis à feuilleter le menu.

— Je sais pas pourquoi je regarde le menu, je vais sûrement prendre la même chose que d'habitude, hahah.

Parfois j'avais du mal à expérimenter de nouveaux trucs, surtout quand ça concernait de la nourriture et que je savais qu'une des options était un choix sûr et délicieux.

— Essayer une nouvelle saveur ou pas... Telle est la question...

Je levai les yeux vers lui, curieuse.

— Tu prends quoi toi ? dis-je en retirant mon élastique pour faire retomber ma chevelure. Sache que ton choix affectera mon opinion de toi, ajoutai-je en plaisantant.

Il avait semblé distrait un moment. Oh mais je savais exactement pourquoi hahah. Il était tout le temps ébloui quand mes cheveux étaient attachés et que soudainement j'enlevais mon élastique pour les laisser tomber.

Il revint alors à la réalité, réalisant que je lui avais posé une question. Ah oui, j'approuvais totalement ces deux saveurs ! Ce fut alors à son tour de me questionner et il menaça de se désabonner de mon Instagram.

— Kou-wa ?! m'exclamai-je, faussement offensée.

Je replongeai mon regard dans le menu. Aaah, c'était difficile ! Je dûs alors lui faire un aveu.

— Bon, je suis pas bien bien originale sur ce coup, mais moi aussi je prends choco-banane presque tout le temps ! C'est trop bon...

Je réfléchissais fort. Que faire ? Quel était le bon choix ? La serveuse vint alors vers notre table pour prendre nos commandes. Après que Bito eut terminé de lui parler, elle pivota vers moi.

— Euh... Je vais prendre... la choco-banane. Avec un grand verre de lait d'avoine s'il vous plaît. Merci.

J'avais succombé.