HRP : Hahaha mais euuuuh T_T J’avais juste peur de paraître embêtante ;o; ~ T’inquiète je m’amuse de fou j’adore RP avec toi ;w;

Bon, finalement peut-être que ce n’était pas une mouche qui faisait des allers-retours. Au vu de la réaction soudaine de Nicolas ce n’était clairement PAS le cas. Fermement mais tout en subtilité, il s’occupa de faire un transfert de mon énergie jusqu’au sol. Dès lors qu’il m’adressa la parole, mon dos se raidissait sur le champ, obéissant à sa demande. Je semblais avoir un peu trop accumulé mon électricité. Un mini combat entre deux voix intérieures venait de se lancer pendant que le Master continuait son processus. Dans le coin bleu du ring on a celle qui tente de me rassurer que c’est normal les erreurs, dans le coin rouge on a celle qui me hurle dessus, me traitant d’incompétente.
Le combat fut écourté lorsqu’une chaleur agréable me sortit de mon état pensif. Elle s’étendait sur ma joue, faisant picoter ma blessure. Grâce à la main de Nicolas et le genre de cristal qu’il tenait du bord de ses lèvres, je pouvais sentir que ma peau venait de se régénérer subitement. Je passais mes doigts sur l’endroit en question, ne sentant qu’une nouvelle peau, la douleur avait disparu.
Nicolas m’adresse à nouveau la parole, le stresse raidissant à nouveau mes muscles dorsaux. Je restais attentive à sa question rhétorique sur la douleur, plaçant ses mains sous les miennes. Je n’ai pas le temps d’ouvrir la bouche qu’il m’explique le bon fonctionnement du corps humain. Le pire c’est que je savais ces informations, mais je gardais cette mauvaise habitude de me pousser à bout, ne prenant jamais soin de ce que je ressentais. Ce côté un peu soldat que j’avais gardé… Le regard du jeune Master se posa sur le mien pour me mettre en garde sur les risques de pousser le bouchon trop loin si on n’écoute pas les cris d’alertes du corps. En gros, si je continuais sur ce chemin je risquais de tout perdre. Est-ce que ça veut dire que je vais devoir reprogrammer tout mon cerveau pour amener plus de maturité dans ma pratique et ne pas se la jouer comme un bélier qui ne fait que foncer ? Arnaud va avoir du travail avec moi, faut que je le note pour notre prochaine session.

-Fais une pause. Explique-moi ce qu'il se passe un peu au fond de toi. Si tu veux pas partager ce que tu ressens, explique-moi ce qu'il y a autour de nous. Si tu préfères de ne pas parler, pose-moi des questions. Seulement quand tu es plus calme, recommence. Cette fois, je te tiendrais.

Un petit soupir s’échappa face à la douceur de ces mots. Je ne savais même pas par où commencer. Je me permettais de sortir une nouvelle clope de mon paquet, retirant mes mains au dessus de celles de Nicolas dont j'effleurais sans faire exprès au passage. Je l'allumais rapidement, tendant par la même occasion mon paquet à Nicolas pour lui en proposer une. La première bouffée apaisait mon corps et tout autant mon dos qui s’arrondissait progressivement et laissait tomber la raideur. Gardant ma cigarette au bout des lèvres j’en profitais pour utiliser un des élastiques à mon poignet pour transformer mes cheveux en un petit chignon non coiffé. Mon regard se posa sur le sol pendant que je me mis à raconter un peu entre deux bouffées.

« J’ai perdu complètement qui je suis. Je me suis tellement laissér tomber au fond du trou que le peu de confiance à me reconstruire part vite en morceaux… ‘fin je sais pas… Et puis je garde ce vieux mécanisme de garder un masque émotionnel sur le visage comme si j’avais jamais rien eut et de toujours me pousser jusqu'aux extrêmes… Je crois que j’aurais besoin d’un bon whiskey pour t’expliquer tout le bordel. Mon absence forcée de Terrae m’a complètement détruite. »

Mon cœur s’alourdissait de plus en plus à chaque mot. Mes séances chez le psy’ avait ouvert une porte qui me facilitait à partager ce que je ressens avec les gens mais cela provoquait en même ce sentiment d’égoïsme parce que je parlais de moi, ce petit message dans le crâne qui dit que je n’ai pas le droit de parler de moi mais que je ne peux pas m’empêcher de faire. BREF. Je me laissais tomber sur le sol, observant le ciel caché en parti par le feuillage.

« Est-ce que ça t’est déjà arrivé de vouloir juste cesser d’exister de cette planète ? Demandais-je en reprenant une bouffée. »

C'est parti en négatif rapidement là... Dans la catégorie sur-partage d’info je pense que je venais de gagner le gros lot. L’aura apaisante du Master aidait un peu plus à faciliter la sortie de mes mots qui d’habitude aimait bien rester dans le fond de ma gorge.

« Enfin… bref. J’adorerai en apprendre sur toi Nicolas, tu piques ma curiosité, quelle est ton histoire ? »

Nana se calme et n'a pas peur quand il la touche, ce qui facilite grandement tout le processus. Elle est crispée et quand il lui propose de parler pour expliquer ce qu'il se passe, elle pousse un gros soupir. Elle reprend son paquet de cigarettes, se sert avant de le tendre vers lui. Il en prend une, ça fait bien longtemps qu'il n'a pas fumé d'indus' -depuis que Jérémy a arrêté d'acheter des clopes en fait- et il la remercie à mi-voix. Il l'allume encore une fois d'un claquement de doigt, laissant le temps à Nana de se coiffer avant qu'elle ne s'ouvre. Elle parle d'être au fond du trou, de ne pas réussir à remonter, de masques,... d'avoir besoin de boire pour mieux expliquer au final. Nicolas a un sourire peiné. Il y a un étrange écho à sa propre histoire... Il n'est pas étonné, il se demande juste quelles expériences ont pu lui faire ressentir ces choses si familières. Il y a aussi cette amertume en fond, qu'il connaît aussi, quand on a pas envie de parler de ce qui fait mal, quand on ne veut pas embêter les autres avec son histoire.

Après ça, elle se laisse tomber en arrière, et pose une question... qui le fait légèrement rire. Non, alors, n'importe qui le connaissant sait qu'il est très loin de se moquer. Puisqu'elle a été longtemps en arrière-plan, dans sa tête, jusqu'à son passage Master en vérité. S'il doit absolument mettre des mots sur son Vide, il comprend mieux pourquoi cette question ne l'a jamais quitté. Alors il s'est décalé un peu pour pouvoir s'allonger à côté de Nana, alors qu'elle essayait de rediriger la conversation vers lui plutôt que d'affronter un peu plus son histoire... Il la comprend, il prend une longue taffe de tabac avant de souffler, d'observer le ciel et de reprendre sans perdre le sourire une seule fois. :

-J'ai grandi dans un village de campagne en France, là où les gens ont vraiment pas l'habitude de voir des "étrangers", et ma famille venait pas de là. Mon père s'est suicidé et ma mère a fait une longue et profonde dépression, j'étais le seul à pouvoir gagner de l'argent. J'étais petit, j'ai fait... des choses pas très légales et dangereuses. J'avais pas le droit d'avoir des émotions, à l'époque, autre que la colère pour me forcer à avancer. Je mettais des masques pour mieux plaire aux autres, pour mieux survivre.

Il prend une pause pour tirer une nouvelle taffe. :

-Et je suis devenu Sensitif. Voir des émotions positives me rendait presque malade, mais j'ai eu du soutien... même si je ne comprenais pas pourquoi. Je comprenais tellement pas pourquoi que, le jour où mon crush a dit qu'il m'aimait, j'ai cru que je le manipulais avec mes pouvoirs. Je me suis considéré comme un monstre, ce moment m'a brisé.

Il soulève son pendentif, le cristal Guérisseur tournoyant au-dessus de son torse. :

-Je me suis laissé souffrir, j'ai pris des drogues et j'ai bu beaucoup... J'avais des relations avec n'importe qui tant que ça me faisait oublier ce que je ressentais. J'ai failli réellement mourir. Et il m'a sauvé la vie... ce crush que j'avais laissé tomber juste parce que j'avais peur de moi. J'ai appris à écouter autre chose que ma souffrance. C'est mon petit ami aujourd'hui.

Il repose sa main, sourit en regardant le ciel. :

-J'ai jamais vraiment voulu mourir. Juste disparaître, que les gens m'oublient. Arrêter de souffrir sans faire souffrir d'autres personnes autour de moi, tu vois ? Et j'ai compris que ça n'arriverait pas. Pas ici en tout cas. Même quand tu disparais, les gens t'attendent. Amis, connaissances,... Que tu le veuilles ou non tu as laissé une trace de ton passage. Et c'est bien. On ne le dit pas souvent, mais c'est bien. Vivre.

La vie est tellement bordélique, chaotique, ce petit bien qu'il a trouvé lui paraissait énorme maintenant. C'est ce qui lui permet d'apprécier chaque seconde de ciel bleu qu'il voit, chaque présence comme celle de Nana à cet instant, et maintenant qu'il est Master, de tenter de le rendre. :

-Curiosité satisfaite ?

Eh, on sait pas, Nicolas à l'impression d'être très mauvais à raconter les histoires.

Allongée à mes côtés, j'écoute l'histoire de Nicolas avec beaucoup d'attention. Mon cœur se remplit d'empathie face à chaque détail. Il avait l'air d'avoir vécu tant de choses difficiles qui ne lui avait pas permis de connaître autres choses que la colère pendant longtemps. Étonnamment il m'avait raconté tout cela, le sourire aux lèvres. À croire qu'il était allé de l'avant depuis et c'est une bonne chose pour lui. Lorsque l'on peut parler du passé sans forcément se sentir déchirée de l'intérieur, c'est là qu'on sait qu'on avance. Je ne pouvais pas comprendre vraiment ce qu'il avait vécu mais clairement il avait l'air d'en avoir bavé un peu trop, d'avoir connu des choses qu'ils n'auraient pas dû dès son jeune âge... À croire que ce sont souvent les bonnes personnes qui doivent passer par les chemins les plus sombres dans le but pouvoir s'illuminer ensuite.

« Je m'attendais pas à autant mais oui je peux dire que je le suis quand même, dis-je en terminant ma cigarette avec un léger sourire. »

J'en pris immédiatement une autre que j'allumais de ce pas. À ce moment, l'atmosphère avait complètement changé pour moi. Dès lors qu'une personne s'ouvre autant sur sa vie, tout devient plus doux par l'installation d'une confiance à s'ouvrir mais moins ensoleillé par les détails de l'histoire, c'est confortable comme l'apparition d'une bulle invisible.

« C'est incroyablement triste tout de ce qui t'es arrivé vraiment... J'peux pas imaginer tout ce que tu as du enduré... J'ai pas les mots, vraiment désolé d'apprendre tout ça. Vous devez être très heureux avec ton petit ami maintenant ! Je comprends ton point de vue sur la vie, après un aussi long parcours et une aussi belle remontée, y a pas de raison pour ne pas aimer la vie au final, on se sent heureux d'être sur Terre.»

Je pris une légère pause pour tirer sur ma nouvelle clope. Je n'étais pas très bonne pour rassurer ou dire avec des mots mon empathie mais j'espérais que Nicolas le ressente bien à l'aide de son pouvoir.

« C'est drôle comme coïncidence que tu sois français, je le suis à moitié par mon père qui l'était. Ma mère a insisté pour que mon nom soit japonais pour l'honneur de la famille mais j'étais beaucoup plus liée à mon père qui est décédé quand j'étais ado. Après leur divorce je l'ai suivi en France avant que le Vide s'installe dû à sa mort et que je me retrouve ici... »

L'image souriante de mon père me fit un petit pincement au cœur sur l'instant.

« Enfin bref. Après oui, vivre c'est bien mais quand on a l'impression d'avoir tout détruit et perdu il est difficile de vouloir continuer je trouve... J'ai perdu un gros bout de ma vie qui a fait que j'ai perdu tout ce que j'avais construit ici. Quand j'étais arrivée à Terrae j'étais une boule de nerf qui se bagarrait constamment puis avec les rencontres je me suis adoucie un peu et mon cousin Maxime a débarqué ici, j'étais heureuse d'avoir de la famille. Et ce trou du cul   a disparu subitement en laissant quoi selon toi? Juste un vieux numéro de téléphone sur un bout de papier. Je pensais faire bien en quittant subitement Terrae de façon discrète pour aller à sa poursuite en pensant que sa vie était en danger. »

Nouvelle pause pour tirer à nouveau, j'en profite pour croiser les jambes.

« Pendant tellement longtemps j'ai vagabondé comme une clodo partout en Asie pour le chercher. Il avait toujours une avance sur moi pour qu'au final il m'appelle pour me dire de rentrer à la maison et qu'il se débrouille... Genre il pouvait pas me le dire avant de partir ?! Complètement détruite je me suis laissée tomber, j'ai airé en laissant mon humanité derrière, dévorée par la boisson. Mais un soir, mon électricité a ressurgi et j'ai ressenti ce besoin de rentrer ici... à Terrae. De toute façon j'avais nulle part où aller, je dormais comme une clodo partout. Et Hideko a eut la gentillesse de me reprendre du coup. Je te fais un giga résumé mais vraiment quelle bêtise de ma part d'être partie putain... J'ai perdu l'amour de ma vie à qui je n'ai même pas dit que je partais et qui bien sûr bah il a refait sa vie tu vois, j'ai perdu mes amis qui ont pour beaucoup eux-même disparus, j'ai pratiquement personne... Par ma faute, comme une merde. Je te dis pas le nombre de fois que je regardais l'océan et que je me disais que tout simplement je pouvais me jeter à l'eau et me laisser couler, personne ne le saurait. J'étais misérable, j'ai vécu des choses merdiques jusqu'au bout.»

Au final, je m'étais laissée à m'ouvrir envers Nicolas. Moi qui faisait toujours attention, ça venait de glisser tout seul. Tout en racontant mes déboires d'une voix qui se mit à trembler et à se briser en plein milieu de mes phrases, mon rythme cardiaque augmentait, laissant la peine prendre le dessus. Une larme se faufila pour glisser sur ma tempe jusqu'à mon oreille.

« Je trouve ça tellement dur de retrouver une raison de respirer dans ce monde, alors que je me répète que je vais juste finir par vivre et crever seule que j'ai gâché la vie dont j'avais toujours rêvé avant de quitter... J'étais tellement forte alors que là je suis juste une loque... Continuais-je sans pouvoir empêcher d'autres larmes de sortir. »

Je finissais par écraser ma clope à côté de moi, utilisant ensuite mes deux mains pour essuyer mon visage mouillée.
Je dois paraître vraiment pathétique non? Pensais-je fortement.
Je laissais mon regard posé sur les nuages, regardant leur avancée progressive au travers de ce ciel bleu. Je venais de sortir beaucoup plus que ce que je pensais. Je voulais sortir un synopsis et me voilà que j'avais sorti carrément thèse, synthèse et anti-thèse ou peu importe l'ordre du truc.  Est-ce que j'avais rendu l'atmosphère lourd? Je sais pas, j'avais peur que oui. Nicolas devait être la seconde personne depuis mon retour envers qui je m'ouvrais ainsi... Je me répète mais sûrement la douceur de son aura devait impacter mon ressenti et cette espèce de confiance rapide que je prenais envers lui. Je me raclais la gorge pour tenter de me reprendre un peu de mes larmes.

« Et encore ça c'est l'épilogue, le prologue ce sera pour une prochaine fois ! Puis j'adorerai continuer à en apprendre plus sur toi ou même juste discuter si on se revoit après ce moment entraînement si ça te dit ! J'ai l'impression que je peux apprendre tellement de choses avec toi sur tout, bien que t'as l'air plus jeune que moi haha ! M'exclamais-je avec un rire nerveux.»

Nana ne s'attendait pas à autant et Nicolas rit légèrement... C'est que c'était difficile de commencer pas un bout et d'en omettre d'autres. Aussi, ça ne le gênait pas autant qu'avant... Même quand on lui demandait avant il ne disait pas tout, ou il amenuisait. Ça veut pas dire qu'il n'allait pas épargner Nana des détails les plus sanglants parce qu'il est à l'aise, ça veut juste dire que s'élancer dans ce sujet ne le peinait plus. Par contre, oui, il prendra toujours des pincettes parce qu'il a peur de blesser quelqu'un ou de mettre mal à l'aise... c'qu'est dommage quand on ne l'est plus soi-même. Alors il n'ajoute rien, content d'avoir réussi à satisfaire la curiosité de Nana qui s'ouvre un peu, en allumant une autre cigarette. Il souffle doucement alors qu'elle s'excuse. :

-Ne t'excuse pas, et tu n'as pas à trouver de mots pour ça, il n'y en a pas. Je sais que ça te touche sincèrement, c'est suffisant. Ça s'est passé et je ne peux pas le renier, ça fait du bien de savoir que ça t'émeut. Ça me rappelle que, même si ça fait parti de moi, ce n'était pas normal, ça fait parti de ce qui m'encourage à avancer, changer, aller mieux.

Il y a une pause paisible où tout est en suspens. Le vent s'est levé et la brise emmène les senteurs des bois, l'humidité du lac qui n'est pas loin. A cette période même la lumière à comme une odeur, un son léger qui fait flotter tout ce qu'elle trouve d'aérien. Quand Nana tire une nouvelle taffe, ça fait virevolter une drôle dance funèbre au milieu de la sonate vivante.

Elle raconte alors son histoire. Sa mère japonaise et son père français, décédé lui aussi, quand elle était adolescente, de qui elle se sentait bien plus proche... Un divorce, une mort, un déménagement en France... Un sacré perte de repère à cet âge quand parfois il suffit de bien moins pour que le Vide s'installe... Elle avait réussi à construire quelque chose à Terrae, malgré sa colère. Elle avait  un petit copain, des amis, et surtout ce cousin qui est parti... Comme un nouvel abandon, pas étonnant qu'elle ait tenté de le rattraper. Mais il l'a laissée loin derrière, sans toit, sans pouvoirs, sans plus de liens... Plus que l'alcool. Nicolas sait combien on n'a l'impression qu'il ne nous reste plus que ça, combien creuser sa tombe avec est satisfaisant. Elle a pu revenir, c'est déjà une immense preuve de force mentale... mais elle est détruite à l'intérieur, il le sent... Sa souffrance enfle, un monstre qui prend de plus en plus de place à chaque inspiration, qui étouffe la sienne. Une blessure purulente sous la peau qui gonfle, et qui gonfle, et pourtant n'éclate pas. ...Pour le moment.

Quand elle a commencé à pleurer, Nicolas s'est redressé, allongé sur le côté, appuyé sur un coude pour la regarder. Elle se sent mal, elle se sent faible, elle se sent brisée. Elle a toutes les chances de son côté mais ses émotions l'empêchent de grimper plus haut hors du trou, même si elle voit la lumière au bout... Elle essuie ses larmes en essayant de ravaler sa douleur, de passer à autre chose en parlant de l'entraînement ou de lui,... Il lui sourit encore et toujours, plus timidement mais toujours présent. :

-Je ne pense pas que tu ais détruit quoi que ce soit... Je pense que les choses changent. Tu es partie oui, et tes amis ont fait leurs vies, certains sont partis et d'autres sont venus... Ton ex a évolué aussi de son côté, il a trouvé autre chose. Ton cousin a été cherché ailleurs je ne sais quoi... Je suis plus agacé par le fait qu'il t'ait laissée à la rue que par le reste franchement... Mais tu as survécu et tu est revenue. Tout bouge, même toi. Tu n'es plus la même personne que lorsque tu étais ado et bagarreuse comme tu dis, tu n'es plus la jeune femme qui vit pleinement avec ses pouvoirs, tu n'es plus la sans-abris qui erre... et demain encore, et dans quelques années, tu auras trouvé autre chose aussi, je le sais.

Il s'assoit. Rien n'est vraiment immobile, même les arbres, même les lacs, même les montagnes. Chaque vie a son lot d'épreuves. Parfois, on se dit que c'est plus facile d'abandonner et de s'arrêter ; la ligne d'arrivée, c'est la mort de toute façon, autant écourter la course. Mais ce n'est pas ça... Vivre. Ce n'est pas courir après la ligne. C'est profiter du chemin en passant chaque saut d'obstacle, à son rythme. Nicolas fait plusieurs petites boules électriques lumineuses et les envoie valser autour d'eux, comme des lucioles. Il envoie de quoi apaiser le chagrin, la solitude et les blessures dans une vague d'émotions calmes... De la paix en lumière. :

-Quand on reviendra s'entraîner ici, le lieu aura changé. Pas forcément de manière visible, mais il sera différent dans tes yeux. Et une autre fois, tu reviendras, et les saisons auront passé, et il changera à nouveau. Et nous aussi.

Il se tourne vers elle avec un grand sourire qui dévoile ses canines, les lumières tourbillonnant dans son soudain mouvement. :

-Et puis j'te raconterai comment j'ai survécu à une attaque de trois chiens !... Ou quelque chose de plus léger... Euh, j’essaierai de trouver quelque chose de joyeux aussi.

HRP : Désolé j'étais en plein déménagement PFIOUH LÀ  

J’écoutais attentivement chaque parole de Nicolas suite à mon monologue sans fin, le visage encore légèrement mouillé. Ses mots résonnaient dans mon esprit, bien sûr qu’ils faisaient du sens. La vie ne devrait pas s’arrêter à une seule chose, si on s’arrête, le monde lui ne s’arrête pas. Il a été prouvé que les humains sont addictes à la négativité, à ce qui fait mal, à croire qu’on est tous masochistes sur les bords. Un peu comme une première piqure de drogue dure, on cherche à s’enfouir et à continuer de le faire pour retrouver et garder la toute première sensation vécue. Il faut ramper pour quitter l’ombre et retourner à la lumière. Il est parfois plus facile d’accepter les paroles sombres de notre cerveau que les paroles que nous devrions suivre soit les plus positives et surtout les plus raisonnables. C’est un clash permanent de titans. Je voulais vraiment croire Nicolas, au fond je le sais que c’est totalement véridique et qu’il me faudrait du temps pour absorber et pouvoir repenser de cette manière. La personne que nous sommes aujourd’hui ne sera pas celle de demain.

« Il faut aller de l’avant, c’est sûr… J’ai du gros boulot hein… soupirais-je. »

Lorsqu’il s’asseyait, Nicolas se mit à créer des boules électriques ressemblant à des petites lucioles tournant autour de nous dans ce moment de calme soudain. Je restais allongée mais m’installa sur mes coudes pour mieux observer, les yeux brillants par cette beauté. Le souffle du vent caressait doucement mes pommettes. Ayant l’attention facilement détournable dans ce genre de situation, le poids mental de mon fardeau s’allégeait ne serait-ce qu’un instant devant cette danse lumineuse. Je pouvais entendre dans mon esprit le doux début de la musique du Lac des Cygnes, Act 2 : No 10 de Tchaikovsky. Pourrais-je un jour voler aussi librement que ces petites beautés ?
Je revenais sur Terre lorsque Nicolas continuait de s’adresser à moi. J’étais surprise lorsqu’il mentionna de revenir s’entraîner. Cela me faisait penser à mon père sur le moment, à cette idée que quelqu’un voyait du potentiel et souhaitait m’aider à m’accomplir. J’acquiesçais d’un mouvement de tête sur la notion de changement qu’il mentionnait de nouveau. Je repensais à son histoire, à toute cette sagesse qu’il avait dû accumuler. Il faut parfois passer par de longues et dures épreuves pour avoir de meilleures connaissances de la réalité et savoir comment aller de l’avant pour son bien-être. J’acquérais un grand respect pour le jeune Master.

« J’ai hâte d’entendre tout ça ! » Répondis-je en souriant légèrement à Nicolas.

Je m’asseyais à mon tour tout en jetant un nouveau coup d’œil sur les lumières qui continuait leur danse.

« Mais… c’est sérieux tu souhaiterais vraiment qu’on revienne s’entraîner ? Je me sens super honorée là ça me touche. Si c’est le cas va falloir que tu m’apprennes ce tour des lucioles ! »

Je commençais à avoir une envie INTENSE de les attraper et de les enfermer dans mes mains un instant comme des flocons de neige en plein hiver.
Nicolas avait eu bien raison de prendre une pause, cette longue discussion accompagnée de son tour de magie semblait aider à un certain allègement. Une douleur ne part pas tout de suite lorsqu’un pansement est arraché mais le processus de guérison fera son boulot. C’était une véritable discussion à cœurs ouverts, chose rare.

« Hey question tu… euh… non attend ça sort pas correctement. Pourquoi tu t’entraînais dans l’eau tout à l’heure ? Déjà un endroit humide c’est dangereux mais dans l’eau carrément c’est un autre niveau de dangerosité non ? »

HRP : T'inquiètes pas ! J'espère que ça s'est bien passé et que tu t'installes tranquille !


Nana dit qu'elle a du boulot. Peut-être c'est vrai, mais faut pas cracher dans la soupe. Elle est à Terrae, à nouveau, elle peut reprendre de l'élan. C'est dur de pas retomber, souvent le moindre petit caillou sur la route, un bref trébuchement et on doit recommencer et recommencer. C'est pas pour rien que Nicolas est toujours suivi à l'hôpital, même s'il est loin le risque de rechute dans la drogue. Mais il n'est pas inexistant. Et ça lui fait du bien, alors il continue. Et il traverse les cailloux sans se presser... Nana peut le faire aussi. :

-Du boulot peut-être, mais ça vaaa tu peux prendre ton rythme... Le premier qui te pousse au cul, tu m'dis, je l'défonce au pire.

Oui il est cap'. Pariez là-dessus.

Il laisse d'ailleurs du temps à Nana pour apprécier les lucioles électriques, apprécier le calme ambiant. C'est encore un truc qu'on prive aux gens ça d'ailleurs, le temps. Peut-être que s'il n'existait pas, on supprimerait du même coup une grosse partie du stress que le monde s'impose [note de Néo : cette phrase vous a été présentée par un chronophobe]. Il baigne un peu dedans ce calme qu'il veut inspirer, sourire aux lèvres, yeux presque clos mais toujours attentif aux réactions de Nana. Elle sourit quand il parle vaguement de "l'anecdote" des chiens, avant de s'asseoir elle aussi, surprise qu'il veuille bien revenir. Bien sûr qu'il va revenir ! Déjà pour être sûre qu'elle ne se fasse pas trop mal, ensuite par curiosité. Nana avait un gros potentiel et il voulait le voir grandir. :

-Bien sûr je suis sérieux ! Et oui je peux t'apprendre pour les lucioles aussi, pas de soucis !

Si ça l'intéresse plus de faire des lucioles que des formes plus détaillées, y'a moyen que l'un l'aide à mieux travailler l'autre.

Il était persuadé qu'elle allait s'enfuir après ça. C'est ce qu'il aurait fait lui, mais non. Elle semble vraiment intriguée par les lucioles. Et la question qui vient en deux temps n'a rien à voir avec ce à quoi il s'attendait. Il rit. :

-Ahahah ! Oui ! Très dangereux même. Si on fait pas attention, on peut s'électrocuter ou faire du mal à la faune aquatique, et ça peut importe le niveau. Mais j'ai des amies Eaux. Parfois, on s'entraîne juste à faire des choses jolies, pas à faire mal ou se faire mal. Du coup je connais bien mon énergie dans cet élément.

Il lève sa main et plie son doigt. Une luciole électrique s'y pose. :

-Même en étant Sensitif je me sentais pas mal... isolé, on va dire. Je m'infligeais ça tout seul mais, ça jouait dans ma façon de manipuler mes pouvoirs. Et j'ai vu mes amis faire des choses incroyables avec leurs pouvoirs... Et ON a fait des trucs incroyables ensemble ! Maintenant que je suis Master, j'ai des techniques qui me demande beaucoup de contrôle l'air de rien... Être dans l'Eau me permet de les utiliser avec parcimonie. Avec la Terre, je peux tout lâcher. Avec l'Air, je dois m'adapter à un autre rythme que le mien. Avec le Feu, je dois briser ce rythme. ...Enfin c'est comme ça que je le vois après c'est tout à chacun.

Il s'est tourné vers elle, lui faisant signe de sa main libre d'en lever une des siennes. Délicatement, il lui passe la luciole qu'il maîtrise. :

-Là. Ce que tu sens c'est mon énergie, elle te fera pas mal.

HRP : Ouiii ça y est tout est en place je suis ÉPUISÉE mes nuits vont se transformer en coma ! C’est gentil de demander :3

Mes yeux pétillèrent un peu plus quand Nicolas confirma qu’il était sérieux et qu’il m’apprendrait à faire les lucioles. Je le remerciais tout en tapotant mes mains entre elles. J’étais partie pour avoir un coach d’enfer mais surtout, un nouvel ami. Je lui répondis avec un grand sourire.
Je fus impressionnée pendant ses explications. Il arrivait à avoir un grand contrôle sur ses pouvoirs et le fait qu’il avait travaillé avec ses amis des autres éléments avaient beaucoup aidé. Il est vrai que mélanger deux éléments comme ça devait créer quelque chose de merveilleux. Je sais pas, exemple, une tornade avec des éclairs dedans ? Ou du feu électrique ? Ouais je me crois un peu dans Fairy Tail mais je suis sûre que ce serait possible. Bon ça la Terre je n’en parle même pas c’est le meilleur. Je me souviens d’avoir détruit le mur de la maison hantée étant plus jeune à coup d’impulsions électriques, le mur de briques et de terre n’avait pas tenu longtemps. C’est vrai qu’on se focus beaucoup sur nos propres pouvoirs mais parfois le travail d’équipe peut faire des merveilles ! Déjà le peu que j’avais aperçu au lac c’était incroyable alors je n’imagine pas quand il est à pleine capacité ou en combat.
Je suivais ses instructions lorsqu’il me fit signe de lever une de mes mains. Il dirigeait doucement la luciole qui s’était déposé sur son doigt vers moi, me rassurant qu’elle ne me fera pas mal. Mes yeux s’agrandissaient un peu plus d’excitation. Je tendais le bout de mon index, légèrement méfiante, vers la petite boule de lumière qui, timidement, s’y installa. La chaleur contenue par la luciole émanait dans toute ma main, il y avait une puissance grandiose, je pouvais clairement le sentir. Fascinée, je rapprochais mon visage de cette beauté, je crois que mes yeux n’étaient pas loin de loucher tellement j’étais captivée.

« Ah ouais… C’est… impressionnant et intense comme énergie ! »

Je pris une légère pause, profitant de cette chaleur réconfortante qui donnait envie d’en être enveloppée complètement.

« Il faut bien connaître l’élément et l’énergie pour avoir un très bon contrôle et pouvoir faire de belles manipulations. Le combo de deux éléments ça doit être merveilleux à voir. Mais les éclairs que tu faisais sur l’eau vraiment, je n’ai jamais rien vu de tel, c’est quelque chose clairement ! »

Au final, la luciole décida de s’envoler pour retrouver ses confrères. Sa chaleur et sa puissance quittant également ma main. Difficile de la quitter des yeux, j’aurais voulu lui demander de rester mais il ne faut jamais forcer la présence de quelqu’un ou de quelque chose. J’étais heureuse d’avoir été en contact direct avec pour un petit instant. Mon enfant intérieur était baigné d'un bonheur total.

« Après, c’est mon avis, mais avoir des pouvoirs c’est un travail en continu, rien n’est vraiment acquis à 100% donc il y a de l’adaptation comme tu disais avec les autres éléments, et je pense qu’il y en a aussi avec nos propres pouvoirs, notre corps s’y adapte en tout temps et notre esprit doit s’y faire doucement. T’as une belle énergie Nicolas, j’l’ai clairement senti. Est-ce que parfois ce n’est pas trop difficile de tout le temps ressentir les émotions des autres ? Il me semble aussi de souvenirs que vous pouvez influencer les sentiments des gens non ? »

Elle fait un commentaire sur l'intensité de son énergie et Nicolas rit doucement pour cacher sa timidité. En soi rien de bien impressionnant... Être Master facilitait beaucoup de choses, il pouvait mettre beaucoup d'énergie dans pleins de lucioles maintenant, quand Étoile il devait équilibrer les flux de chacune pour être sûr de les contrôler correctement. Nana fait justement la remarque juste après, à propos de la combinaison de plusieurs pouvoirs. Nicolas hoche la tête. :

-Faire des arcs aussi grands dans l'eau, ça reste assez récent pour moi. C'est un travail que je fais depuis deux ans je dirais ?... J'étais encore Étoile, je m'entrainais avec la glace que mes amies produisaient. Aujourd'hui je le fais à l'état liquide et ça m'aide pour contrôler mes éclairs noirs.

Nicolas regarde la luciole s'envoler du doigt de Nana, tourbillonner autour d'eux avant de rejoindre les autres en crachotant des petits éclairs contents. Elle a fait ses propres conclusions de toutes ces histoires et il est heureux qu'elle y trouve quelque chose de positif ; les pouvoirs ça peut être du travail oui, un travail sans fin donc ça ne sert à rien de courir après une ligne d'arrivée inexistante. Et encore une fois elle complimente son énergie, il masse sa nuque. :

-Merci c'est gentil... mais fais gaffe je vais finir par prendre le melon !

Aucun risque, mais fallait bien faire disparaître sa gêne avec de l'humour. Par chance, Nana enchaîne avec une question à sa portée. :

-Oui c'est ça, sentir et contrôler les émotions et si on est doué, on peut aussi atténuer ou amplifier la douleur. Faut voir les émotions comme un signal électrique dans le corps qu'on peut capter et induire et ça créé ensuite certaines réactions chimiques. Au début c'était dur pour moi. J'ai grandi dans un environnement assez dur et pour moins ressentir de culpabilité, je m'imaginais que les autres n'avaient pas d'émotions. Et puis j'ai dû l'accepter, surtout quand j'ai commencé à avoir des amis. Mais je me sentais responsable de leur détresse, de leur tristesse,... Je prenais tout sur moi et, même quand je ne manipulais personne, j'avais la sensation de le faire ; les gens ne m'aimaient pas dans ma tête, ils avaient l'illusion de m'aimer parce que je les aimais et mes pouvoirs s'activaient sans que je le veuille.

Il prend une pause en poussant un gros soupir. :

-C'était faux, bien sûr, mais comme jusque là je pensais que les émotions positives c'était une légende, forcément je bitais rien de ce qu'il se passait ahah ! J'ai fait pas mal de bêtises après ça... jusqu'au jour où j'ai failli me foutre en l'air. J'étais Étoile mais tellement défoncé à l'intérieur j'avais à peine la puissance d'un Initié !... Du coup ça m'a fait réaliser qu'on tenait réellement à moi, j'inventais rien... J'étais juste un gamin paumé et très... très seul.

Il secoue la tête. :

-Tout ça pour dire que, on ressent pas forcément touuuut le temps les émotions des autres. On apprend très vite à avoir une espèce de barrière mentale, comme les Télépathes. Parfois, quand l'émotion est très forte ou rapide, elle passe les mailles du filet. Ça peut aussi arriver quand on est plus sensible à celle-ci. Moi par exemple, je suis très sensible à la colère, sous plusieurs formes... C'est comme entendre une mélodie familière au milieu d'une symphonie. Ça veut pas dire que ça me met en colère hein. Je le capte comme une onde radio disons !


HRP : Il se passe pas grand chose, Nico parle beaucoup... Hésite pas à me dire si tu as besoin de plus !

HRP : Pas de soucis t'inquiète je vais amener un peu de mouvement! J'espère que ma transition est pas trop brut! Laisse moi savoir sinon !

Nicolas me permettait d'en apprendre plus sur l'autre côté des Tonnerre soit les Solaire. Il me semble qu'il était le premier Solaire à m'expliquer clairement leurs principes. J'espérais secrètement réussir un jour à avoir cette maîtrise de l'électricité et surtout pouvoir produire ces éclairs noirs. Il avait travaillé dur pour arriver où il en était, on a jamais rien sans rien. Ma tète hochait à chaque phrase, signe de bonne compréhension de ses pensées, un sourire de compassion aux lèvres.

«Ça n'a pas dû être facile pour toi j'imagine avec tout ça... »

Tout ceci me faisait comprendre la puissance que Nicolas, et les Tonnerre Solaire, pouvait ressentir à travers les émotions de quelqu'un surtout la colère tel qu'il expliquait. Clairement, il ne fallait jamais oublier que certaines épreuves rudes nous sont transmises afin d'apprendre les bonnes choses au final. Un long chemin à traverser pour atteindre la lumière au bout du tunnel. J'en avais beaucoup d'enfoui, est-ce que cela signifie que depuis le début de notre rencontre, il sentirait cette boîte que je tente de cacher au fond de mon cœur ? Gênée, je préfère me retenir de poser cette question sur le coup. Il avait dit que ce n'était pas tout le temps mais si c'était l'émotion qu'il captait le plus, c'était probable.

« Le plus important c'est que tu ailles mieux désormais, t'es Master et tu es loin de ses pensées difficiles! Dis-je en regardant Nicolas. »

Quelques fourmis dans les jambes, je me levais pour m'étirer de tous mes membres, observant à nouveau les lucioles tournoyantes.

« Ce type de pouvoir ne me semble pas évident car il doit y avoir sûrement ce sentiment de rentrer dans l'intimité des gens aussi et tu dois dealer avec dans le but de pouvoir apprendre et contrôler tes pouvoirs ensuite. Il faut une force mentale importante, maintenant tout est dans de bonnes conditions pour toi! »

Énième cigarette d'allumée, je me retournais vers Nicolas.

« J'passe du coq à l'âne mais, tu permettrais qu'on réessaie ensemble de faire une boule d'énergie? »

Je me raclais la gorge doucement avant de reprendre.

« Ouais bon t'as dû sentir fortement que euh... bah le tremplin que j'utilise souvent c'est les fortes émotions négatives, je me sens impuissante sans elle et je crois que si notre journée se termine sans un conseil là dessus ce serait dommage. Enfin, euh, si ça te dit quoi. »

De tout son monologue, Nana conclut par une phrase qu'est pas fausse... mais pas suffisante. Il hausse les épaules avec un sourire. :

-Ouaiiis... On peut le voir comme ça. L'ironie d'avoir des pouvoirs qui ne m'allaient certainement pas quand je suis arrivé. Mais j'ai eu aussi beaucoup de chance. Et du soutien. Ça m'a sorti de l'enfer où je vivais... et de mon enfer personnel.

En tirer le positif, c'était une nécessité et pas que. Moi, je sais exactement ce qu'il serait devenu sans Terrae... et au final, oui, c'est une chance qu'il en soit là aujourd'hui. Une chance incroyable qui fait qu'il a bien sûr accepté de devenir Master, pour l'offrir à d'autres. Nana se relève en lui disant qu'il est bien loin de tout ça maintenant. Il retient sa grimace, préférant écouter la suite. Il y a une raison pour laquelle les Télépathes et les Sensitifs sont souvent comparés, et c'est ce qu'elle décrit parfaitement. Tout le monde a des secrets et ça fait peur que quelqu'un puisse lire au-delà de vos mots, au-delà des expressions du visage. Il y a une limite bien sûr, Nicolas peut voir que Nana est gênée ; il peut deviner pourquoi, mais il ne saura pas vraiment si elle ne le dit pas.

Alors quand elle lui propose un autre exercice, et après un petit raclage de gorge, précise pourquoi, Nicolas sourit. Elle est maligne ; elle a assimilé ce qu'il lui a raconté pour essayer de corriger cette façon de faire, d'utiliser ses émotions négatives pour réveiller sa puissance... qu'elle devine pas efficace sur le long terme, puisqu'elle veut essayer quelque chose de nouveau. Il se lève à son tour pour se rapprocher d'elle, les mains dans les poches. :

-Nana je vais pas te mentir... Je l'ai vu avant même de le sentir.

Sa tête fait un infime mouvement en direction de l'arbre abîmé par les coups avant de reprendre. :

-Ce... tremplin... ce serait hypocrite de ma part de te dire de ne jamais l'utiliser... Je ne suis pas si "loin de ces pensées difficiles" comme tu dis, elles font partie de moi, de mon histoire. Par contre, oui, j'peux essayer de te dire comment l'utiliser sainement. Alors on va essayer comme ça.

Il pose doucement sa main sur l'épaule de Nana, sans l'emprisonner dans sa poigne. Juste, posée. Si elle fait un seul mouvement pour se retirer, elle peut se libérer. :

-Je vais te guider au fur et à mesure... Essaie d'abord par toi-même mais ne t'inquiètes pas ok ?...

Les lucioles toujours présentes, qui jusque là vaquaient ça et là, viennent les entourer dans un cocon de lumière.

La révélation de Nicolas d'avoir perçu ma négativité ne me surprenait pas, mais je ne pus m'empêcher de me gratter l'arrière de la tête, un sourire gêné en coin.

« C'était sûr, dis-je entre mes dents. »

J'écoute ce qu'il insinue par la suite, qu'il existe une façon plus saine d'utiliser cette technique sans se faire du mal. C'est un Master, c'est son rayon et vu l'historique, il devait s'y connaître. Il me semble rare quelqu'un qui n'a pas de partie d'ombre à l'intérieur, bien que petite ou endormie. Tout un chacun, c'est présent. Malheureusement, certains sont plus souvent en contact avec que d'autres en fonction de son vécu. À Terrae, il me semble impossible que quelqu'un n'y ai pas goûté, sinon le Vide n'aurait jamais eut lieu. La violence d'un choc tellement grand qu'il nous détruit de l'intérieur et peut nous faire basculer de l'autre côté. Bref, je m'égarais tandis qu'un petit poids s'installa sur mon épaule. Mes yeux se déposent sur la main de Nicolas qui était prêt à me guider, me demandant d'essayer sans crainte, avant d'observer la migration des lucioles qui se mirent à nous entourer dans un petit cocon lumineux. La lumière combinée de toutes ces petites bêtes donnait cette idée d'être dans une pièce à part, coupée du monde.

«  Je te fais confiance. »

J'avais pas le choix de tenter de lâcher prise sur cette idée, de combattre ces mécanismes et de prouver un peu que je ne gâchais pas le temps d'Arnaud dans l'avancement de nos sessions. De toute façon j'avais déjà conscience que pour reprendre ce qui a été perdu fallait repasser par ces étapes.
Je me permettais de tendre le bras, laissant la vague de lucioles effleurée la peau de ma main. La chaleur accumulée rendait l'espace doux, réconfortant. Les paupières se fermant progressivement, je prenais de grandes inspirations. Le cocon donnait le sentiment d'être protégés du monde extérieur ne serait-ce qu'un instant. Le tronc abîmé était peu visible.
Frottage de mains, mon imagination et ma conscience se mirent à travailler ensemble pour laisser cette image d'une électricité parcourant chaque partie de mon corps.

Je connais la théorie, je connais mon énergie, je n'ai qu'à la laisser se fluidifier.

Frotte, frotte, une petite vague de chaleur commence à couvrir chaque membre. Un petit grésillement se laisse entendre en continu. La concentration se menait à bien pour le moment, il était important de s'échauffer avant d'entreprendre quoi que ce soit, surtout en tant qu'Initiée. Dès lors que je percevais un genre de chatouille sur le haut de crâne, soit le signal que l'électricité était bien présente, j'écartais doucement les mains, toujours les yeux fermées. Je ne sentais pas de petits arcs se former, je fronçais les sourcils. L'image soudaine de Maxime me surprit, l'impression de le voir face à moi me piquait le cœur. Petit salopard, tu vas venir me pourrir jusqu'ici putain... Mes mains se mirent à se crisper tandis que la colère faisait très doucement son ascension. Nicolas avait toujours sa main sur mon épaule, heureusement, j'arrivais encore à la sentir un peu malgré tout, ça permettait de garder un peu les pieds sur terre.

«  Nico... Je... J'sais pas si j'peux restreindre ce qui est en train de monter... J'me sens bouffée de l'intérieur. Chuchotais-je. »

Nana lui fait confiance, alors il hoche la tête, bien conscient du poids des mots et la laisse se concentrer, la main chaude toujours sur son épaule. Il sent... Elle se calme, puis s'anime, frôlant les lucioles autour d'eux. Elle frotte ses mains, cherche. Le flux de son énergie est irrégulier, normal pour une Initiée mais elle tente, de toutes ses forces, de la renforcer et des arcs apparaissent. Ce début est très prometteur ; pour Nicolas, ça veut dire qu'elle est capable de maîtriser ses pouvoirs sans se forcer à souffrir. Aller au-delà, améliorer, c'est autre chose. Et puis quelque chose a soudain fait son entrée, bruyant, éclatant... A en faire souffrir le moindre nerf par son intensité. Il inspire pourtant calmement, il connaît très bien cette sensation, il identifie immédiatement l'émotion. S'il n'est pas capable de savoir d'où Nana la puise pour le moment, ce n'est pas très important. Il analyse le tout sans rien modifier : cette ferveur chaude qui détruit plus qu'elle ne créé, ce mouvement crispé du corps et toute cette énergie électrique qui était sur le point de lui échapper.

Et elle le sent aussi, elle sait que si elle continue, elle ne le maîtrisera plus. :

-C'est bien. Tu le vois. Tu le sais. murmure-t-il encourageant, avant de se pencher un peu vers elle, son front posé dans ses cheveux. Garde tes yeux fermés. Ne t'occupes pas de tes arc pour le moment... Tu es en sécurité. Cette émotion qui te bouffe. Trouve un contraire dans tes souvenirs.

Quand Nicolas avait envie de tuer, le Loup se souvient de la première fois qu'il a tenu sa petite sœur Charlotte dans ses bras. Quand Nicolas avait faim, le Loup se souvient des repas en famille dans la maison Williams. Quand Nicolas se sentait seul, le Loup se souvient de ses amis. Même si lorsqu'il a tenu Charlotte, il y a aussi la douleur d'être parti, même si pendant les repas, il y a l'évidence qu'il a toujours eu du mal à manger à sa faim, même si dans les moments de fête entre potes, il y avait encore cette souffrance quelque part... Trouver dans le pire ce qu'on peut trouver de meilleur. Et doucement se permettre de ressentir les deux.

Le souvenir de son côté le plus sombre appelait la lumière, et inversement.

Sa main s'accroche à l'épaule de Nana sans forcer, son pouce voyageant sur le tissu de ses vêtements pour rappeler sa présence en évitant de la mettre mal à l'aise. Il garde son regard fixe sur l'arc qui tente de se stabiliser, sans le modifier, juste présent au cas où ce serait trop dangereux... et dans le même temps sa voix reste grave et douce. :

-Tu te souviens d'un jour où tu souriais tellement que tu avais mal aux joues ? Un moment si pur qu'il est ancré en toi aussi fort que ta colère ?... Même s'il est triste après, concentre-toi sur ce moment intense de joie. Revis-le. Sans jamais oublier qu'il y en aura d'autres... Pas avec les mêmes personnes peut-être. Pas avec la même force. Mais cette émotion est la tienne aussi, peu importe ce qui a suivi.

Il desserre sa prise et fait glisser sa main de l'épaule au poignet de Nana en la survolant presque. Il est complétement penché vers elle pour qu'elle n'oublie pas sa présence. :

-Et quand tu trouves cette joie. Montre-moi sa forme. Doucement, tu as le droit de prendre ton temps.

Ma projection continuait de faire face à Maxime au sein de cette scène mentale absurde.


Sa silhouette était inerte, seul un sourire à moitié crispé parcourait son visage, ses cheveux verdâtres avaient perdu leur éclat.


Le fil de la douleur et celui de la colère s'entremêlaient de plus en plus dans l'optique de se transformer en une énorme pelote, prête à m'écraser.

L'interruption de la scène par le rappel de la présence ainsi que la douce voix de Nicolas adoucissaient l'atmosphère sur l'instant. Un contraire dans ces souvenirs... Un moment émotionnel positif qui pouvait annuler l'obscurité... Il fallait trouver un moyen de contrecarrer la négativité et de décrisper les mains. Je tentais de faire défiler des moments qui furent positif.
Alors que, telle sur une tablette, je glisse les souvenirs de gauche à droite, rien ne me paraît sur le moment assez fort pour être utilisé. Il fallait que je me grouille avant que la pelote se termine.

« J'sais pas...  marmonnais-je aux dernières instructions du Master. »

La présence physique du Master autour de moi me réconfortait sur l'instant et éclaircissait un peu plus les pensées qui se faisaient un petit pogo.
T'es pas seule, te laisse pas faire et bouge toi les fesses un peu.
CHERCHE, on te demande pas non plus de trouver un bœuf en plein centre ville d'une mégalopole.

Longuement après une exploration difficile, je me rendais compte que j'avais oublié un élément important qui m'avait tant apporté cette force de vivre. Avant de tout quitter, j'étais chanteuse dans l'ancien bar de Terrae. Les mélodies me rendaient heureuse, loin de toute réalité, le grand bonheur de pouvoir vivre par la musique. Une image de cette ancienne Nana me faisait sourire légèrement. La sensation de pouvoir divertir le public sans avoir le cœur au bord des lèvres. Comment avais-je pu oublier une telle chose? On ne pouvait pas rêver mieux comme emploi.. BREF je ne devais pas perdre ma concentration. Je tentais de coller cette image devant Maxime qui devait encore faire le piquet quelque part au coin de mon esprit.


Un picotement aux bouts de mes doigts me fait grimacer un peu.

«  J'pense que j'en ai un mais... Merde et si c'est pas assez fort?  »

Petit soupir et fronçage de sourcils BONJOUR. Sa forme... Comment tu veux que je forme ce machin?

L'ancienne scène du bar de Terrae se forma sous mes pieds, me présentant à un public joyeux et applaudissant, j'attrape le micro et laisse mon cœur s'ouvrir. Pendant ce temps, dans la réalité, la chaleur de l'électricité s'entoure autour de ma cage thoracique, je le sens. Les mots résonnent dans la pièce, le guitariste donne tout son maximum, créant un jeu avec le batteur de « Je te bats quand tu veux à la meilleure instru' ». J'sais que ma crapule de cousin se tient au fond de la pièce, son sourire crispé reste. Je répète en boucle les paroles de Nico, permettant à l'image d'une de ses lucioles de faire un petit passage dans la scène.  Je fixe la petite bête lumineuse, tentant de calmer les mœurs et de faire fuir la pelote de colère et de douleur.

Fin de la chanson, applaudissement de la salle, Maxime a disparu, fin de scène.

Baisser de rideau temporaire pour le public, et sur ma douleur au final. C'est sûr qu'elle reviendra mais pour le moment, cela semblait faire effet, le bonheur de la scène, plus que réaliste, agissait. Tout au long du processus, j'avais continué de sentir la présence de Nicolas qui me permettait de garder une certaine légèreté et la force d'un encouragement. Je n'étais pas sûre de cette stabilité mais pour le moment c'était là.

Mes doigts se détendent progressivement au fur et à mesure qu'en même temps une pression se fasse dans les paumes de mes mains. Il me semblait que quelque chose se formait, une boule? Une vague ? L'énergie se fluidifiait tranquillement.

« Tu... euh...tu vois quelque chose? »

Petit raclage de gorge.

«  Je t'avoue que j'ose pas regarder... Dis moi pas que ça va imploser hein? »

Si la balance ne s'est pas effectuée, on est foutus non ?

Il sent sa recherche frénétique, une légère panique dans ce qu'elle marmonne mais une détermination implacable. Nicolas ne lui répond pas, la laisse trouver sa voie, surveillant les arcs électriques qui se déforment et partent dans tous les sens... Et puis quelque chose d'autre vint faire son apparition... Nicolas pencha la tête sur le côté et reconnu le mouvement des éclairs qui faisaient tout pour s'ordonner, chaque crépitement ayant presque un son particulier, sur des rangées d'arcs formant comme une partition dans les airs. ...De la musique ? Quelque chose en lien avec en tout cas, qui avait fait naître une lueur de joie au milieu du champs de bataille de la colère. Colère qui revint, colère qui lutte toujours pour être au premier plan. Nana demande si ce souvenir sera suffisant. :

-Ce n'est pas sa force qui compte là, c'est son intensité... Comme un courant électrique, tu as les ampères pour mesurer le volume de ton flux, le volt pour la pression de tout ce flux. C'est le premier sur lequel tu dois te concentrer. Ce que tu as trouvé n'a pas besoin d'être fort, il doit être intense...

Quelque chose qui emplit tout le corps, tout l'esprit. Et c'est exactement ce qui se passe pour Nana. La colère a disparu et le bonheur a enflé, enflé, encore enflé faisant réagir son cœur. L'électricité autour d'eux continuait de crachotter mais de manière plus équilibrée, dans un sens bien particulier jusqu'à se stabiliser lentement. Une boule de lumière se forma dans les mains de Nana, d'abord sans forme... Nicolas ne put s'empêcher de sourire. Pour lui, elle avait déjà réussi. Après le chaos, tout était calme.

Pourtant, il la laissa continuer... Les doigts de Nana s'étaient détendus. Son énergie était stable... et elle lui demanda s'il voyait quelque chose. Surpris, il se décala pour voir son visage et ses yeux fermés. Il rit d'un coup, brièvement, la lâchant au passage. :

-Pourquoi ça exploserait ? Tu as géré toute seule jusque là, j'ai rien eu besoin de faire.

Peut-être qu'elle en doutera mais c'était la vérité. Il n'a eu ni à modifier ses émotions, ni à trafiquer son électricité pour éviter qu'ils se fassent mal. :

-Fais-toi confiance et regarde.

Ce serait dommage qu'elle rate son chef d'œuvre.


HRP : Eyo o/ ! J'avais eu une idée pour ce qu'elle avait réussi à former -une note de musique, oui, je me suis pas foulé et c'est paaas trop compliqué pour son niveau- mais j'ai pensé que ce serait mieux de te laisser le choix. HMNGNH câlin et chouquette !

Nicolas est confiant, confirmant qu'il n'avait eut besoin de faire quoi que ce soit pendant tout le long. Il voulait que je regarde. Est-ce que tu te moques de moi parce que ma forme ressemble à un blob peut-être hein?

Je pris une grande inspiration avant d'ouvrir doucement les yeux pour me retrouver face à une forme familière entre mes mains.

« Attends mais c'est... »

Au creux de mes mains, une note de musique s'était formée. L'électricité la faisait briller de mille feux tandis qu'elle tournoyait doucement sur elle-même. Mes yeux s'écarquillaient face à cette petite beauté, sur cette création qui au final était la mienne.

« Mais t'es un génie Nico! »

Ce fut un long combat interne, ça définissait un peu l'expression ''faire face à ses démons''.
Inerte, mais avec un sourire victorieux, la chaleur de la note de musique remplissait mes mains et mon cœur de bonnes ondes. J'avais levé un voile important sur une passion qui s'était éteinte il y a bien longtemps. Peut-être je devrais me renseigner pour reprendre la scène, et quelques cours de musique en passant. Il était peut-être bon de transformer cette nostalgie.
L'énergie semblait être stable, mais je n'osais pas bouger. Et si j'ai envie d'éternuer ou de me gratter le nez je fais quoi? Bon vas-y, je me lance quand même.
Je tourne la tête vers Nicolas, le sourire un peu plus grand.

« T'imagine pas comment j'suis reconnaissante... J't'ai déjà dit merci 500 fois mais je le refais pour la 501e fois, merci tellement. Je suis en train de reconnecter beaucoup de choses à l'intérieur de mon petit crâne de piaf. »

Je tends les bras vers le jeune Master :

« Est-ce que tu veux le prendre dans tes mains? »


HRP : Ayoooo! Grave bonne idée en vrai j'étais pas encore sûre de ce que je pouvais lui faire faire vu son niveau itout en plus, bien joué \o/ ~ Coeur sur toi héhé ~