---- Avant de lire ce post, merci de lire en premier lieu > L'ANNONCE DE L'EVENT <
Équipe : Nicolas, Alice, Ariana, Norah (PNJ), Lieutenant anglais (PNJ)


L’attente a duré des mois. La préparation plusieurs jours.

Pour Ariana, l’entraînement a débuté dès le lendemain de l’anniversaire de Lola. D’abord plongée dans le noir, elle a finalement cédé. C’est après avoir laissé tomber les armes face à elle-même qu’elle a accepté de prendre celles qu’on lui tendrait. Ses amis, heureusement ou pas, étaient des experts dans leur art. Elle suivait déjà les cours d’auto-défense d’Elwynn ; elle lui en avait demandé davantage, plus encore, afin d’être préparée. Même Justine lui avait appris son fameux lancer d’aiguilles, ses poisons préférés, ceux qui incapacitaient et ceux qui pouvaient tuer. Tina l’a serrée fort dans ses bras pour la rassurer, la laisser pleurer autant qu’elle le désirait.

Et aujourd’hui, le moment est venu d’agir.

Dans le silence pesant de la salle des Masters, là où tous les participants s’étaient retrouvés afin de terminer de s’équiper, Ariana termine de mettre ses genouillères, son casque, son gilet pare-balles. Elle prend l’arme qu’on lui tend. Elle vérifie que sa pochette d’aiguilles est bien accrochée. Un fusil à pompe Winchester* en bandoulière, que Nicolas lui a mis entre les mains et lui a appris à utiliser les semaines précédentes. À tous les Terraens ont été fournis un SIG Sauer, un petit pistolet compact un peu lourd, qu’elle espère ne jamais avoir à utiliser. Il paraît qu’il est fiable. Sécurisé. Silencieuse, concentrée, elle lève les yeux vers ses amis, le regard fixe, droit, rempli non plus de larmes mais de détermination et de peur mêlées, le cœur en morceaux mais plein d’un espoir qu’elle refuse de lâcher.
(* fusil à pompe qui envoie des grains de gros sel, ça pénètre mais ne traverse pas comme du métal. ça fait bobo et ça pique, portée en cône)

Doucement, elle s’approche d’Aylan, et le serre fort contre elle. On la ramènera. On les ramènera. C’est ce qu’elle aimerait dire, mais les mots sont bloqués dans sa gorge. Puis elle prend la main de Nicolas, celle d’Alice. En face, Norah attrape les mains de ses deux amis. Elle sourit sans les yeux, rassurante mais concentrée.


Huit heures sonnent. Il est une heure du matin en Namibie.

Les premières équipes se téléportent, puis c’est leur tour. Ils arrivent d’abord à l’extérieur du camp, mettent leurs lunettes à vision nocturne. L’air est doux, il doit faire une vingtaine de degrés, ici. Elle inspire. Le temps que tout le monde arrivent, puis que les téléporteurs récupèrent et que leurs alliés anglais se mettent en place, ils peuvent observer à loisir la base. Plusieurs périmètres de défense, des tours métalliques, des mitrailleuses. On peut deviner les grillages barbelés derrière des sacs de sable, comme sur les photos envoyées par les anglais. Des tentes. Et un bâtiment cubique, plus loin.

Les anglais commencent leur tir de couverture, à l’opposée du camp. Cela devrait leur faire gagner du temps, faire suffisamment diversion pour attirer les ennemis vers les défenses externes. Ils attendent le signal pour y aller.

Lorsqu’ils s’apprêtent à se saisir de la main de Mitsuki, qui doit les téléporter à l’intérieur du camp, une première explosion a lieu à l’une de ses périphéries. Le sol tremble une première fois. Puis une seconde, plus lointainement ; un jet de flammes sort du bunker, des cris commencent à fuser. Les yeux d’Ariana s’ouvrent grands sous les lunettes, elle sert plus fort la main de Nicolas et Alice, un tremblement au fond du cœur.

—Ca vient de chez vous ? entend-elle quelqu’un demander aux anglais dans leur oreillette.
—Je croyais que ça venait chez vous ? répond le Lieutenant anglais qui accompagnera leur équipe.
—Merde.

Nicolas étend sa Greffe sur eux ; c’est toujours bizarre, surtout au début. Heureusement, ils se sont entraînés. Ils se téléportent. Dans le camp, c’est déjà le chaos. L’entrée du bunker est en flammes, aussi Ariana se précipite vers lui pour tenter de l’éteindre avec son eau, Norah à ses côtés afin de réduire l’oxygène autour des flammes et dégager la fumée toxique au maximum.

Elle ne sait pas où est Lola, et pourtant ses yeux ne font que la chercher. Nicolas et Alice doivent sonder les lieux à la recherche de son énergie, de ses pensées ; Ariana, elle, comme dans un rêve cauchemardesque, attend les ordres, concentrée sur les deux seules choses qui comptent à l’instant : survivre et ramener sa fille disparue à la maison.

Nicolas était dans un état d'esprit inexplicable. ...Donc on va prendre notre temps et diviser ça en des paragraphes aussi lisibles que possible pour tout le monde. Moi compris.

Commençons par l'attente. Les quelques mois entre le moment où Aylan leur a donné des informations sur le Centre et la décision de lancer une opération ne veut pas dire qu'il est resté oisif. Nicolas avait cette position étrange d'être un Master qui avait une certaine expérience des assauts et des armes, mais des connaissances bien loin d'égaler celles des professionnels ; il servait de "consultant qui va t'expliquer les choses avec des descriptions de ce que tu connais du quotidien pour pas que tu sois perdu". Quand ils ont été mis en lien avec les forces spéciales britannique pour organiser le sauvetage, il a surtout écouté, pris par une angoisse à chaque fois qu'ils parlaient de tout ce que les terraens devaient accomplir et affronter dans cette attaque qui devait être aussi rapide que possible. Devant l'échelle gargantuesque de la tâche, il ne pouvait pas s'empêcher de penser à Aria, ou même tout ceux qui n'ont jamais vraiment eu une arme entre les mains. Il regardait Alice du coin de l’œil, sachant parfaitement qu'elle savait... Ils se rassuraient l'un l'autre comme ça.

Après, il y a eu la décision. Dès qu'ils ont prévu une date pour le lancement, les anglais ont proposé aux terraens qui seraient sur le terrain de pouvoir s'entraîner au tir. Nicolas y est allé pour prendre en mains les armes à feu britannique qu'il n'a pas eu l'occasion de manipuler dans sa petite campagne française. Il a contrôlé l'élan de nostalgie et d'excitation une fois une arme dans la main, une fois qu'il a visé, une fois qu'il a senti la force du recul dans ses bras... Par contre, face à ses performances et son "expérience", on l'a autorisé à emporter un Glock 17 et il n'a pas pu s'empêcher de lâcher un rire bref. C'était ce qu'il connaissait le mieux... Il allait pouvoir le modifier pour tirer en auto avec. En complément de l'arme d'épaule qu'on lui avait cédé, il savait qu'il allait pouvoir être létal s'il le fallait... avec ou sans pouvoir. Ça le rassurait et moi, ça me plaisait énormément.

Et puis les dernières préparations. Nicolas n'a jamais eu l'occasion d'avoir autant de matériel de protection sur lui, c'était un peu étrange. Alors il préfère rester attentif aux autres, assurant une dernière fois à Aria que ses cartouches de gros sel dans son fusil ne tueront pas mais feront très mal, aidant Norah à correctement placer son gilet pare-balles, notifiant de vive voix à Alice qu'il se sentait bien et la laissant sans souci vérifier d'un regard le fond de ses pensées. Nicolas était toujours lui-même, il allait ramener un bout de la meute à la maison. Cette fois, il avait juste un SA80 dans les mains, un Glock dans un holster à sa hanche droite, un couteau de combat à lame fixe dans son étui sur la hanche gauche, ses rangers lacées et fermement sanglées, les poches de son pantalon militaire accueillant des munitions,... Même pour Terrae, c'était un bien étrange lundi.

C'est la première fois qu'il va utiliser sa Greffe dans un contexte pareil aussi... Il s'est entraîné pour qu'elle reste stable avec le plus de personnes possibles. Pour Aria, il a même veillé à ce qu'elle puisse choisir ce qu'elle veut montrer. Nicolas peut envahir et forcer un partage émotionnel dans la Meute mais ici, il ne le fera pas. Il faut rester concentré. Voir à travers les yeux des autres étaient surtout un moyen de prendre des décisions de groupe plus rapidement que s'ils devaient s'expliquer oralement. Il prend le temps de poser sa grande main sur le crâne d'Aylan. Ce qu'Aria a pu lui insuffler dans un câlin, Nicolas le lui envoie avec un regard et un sourire. Et un battement de paupière plus tard, ils ne sont plus chez eux.

A peine débarqué que tout le bordel d'émotions que Nicolas avait engrangé au cours de ses derniers mois se calme brutalement ; rien n'a disparu, mais tout s'est atténué pour laisser la place à sa concentration. Ses lunettes de vision nocturne sur le nez, il inspectait les environs tout en tendant l'oreille. Sa langue glissait sur ses dents, espérant que tout se déroule comme prévu, saisi d'une faim qui lui avait un peu manqué, admettait-il mentalement, mais parfaitement muselée par l'importance de cette opération. Et juste avant que Mitsu ne les téléporte un peu plus près, le sol tremble d'une manière qu'il connaît bien ; quelque chose a explosé au creux de la terre... et l'instant qui a suivi, une autre explosion apparut à la surface, enflammant le ciel. Il se tourne automatiquement vers le Lieutenant qui les accompagne et comprend que ça ne vient pas de Terrae, ça ne vient pas des Forces Spéciales... ça venait de l'intérieur. Nicolas sent la main d'Aria le serrer un peu plus, il y répond d'une douce pression tout en activant sa Greffe.

Sa Greffe s'affiche sur ses traits, le poils du Loup marquant sont regard noir, tombant dans son cou, jusqu'à ses épaules cachées sous ses protections. Il unit, connecte son équipe. Il peut voir, à travers les yeux de ses alliés, les flammes qui s'élèvent dans le ciel noir avant que Mitsu les rapproche au cœur du chaos. Aria et Norah s'en occupe de leur côté de gérer les flammes et la fumée envahissant l'entrée du bunker tandis que Nicolas se tient aux côtés d'Alice... Il les couvre en compagnie du Lieutenant, ses sens scannant la surface pour sentir arriver l'ennemi avant même de le voir, tandis que la Télépathe sonde le bunker.

Pour Alice ce n'était pas qu'une mission, c'était une épreuve. A la hauteur de ce que sa Masterisation récente lui avait fait subir, elle savait déjà qu'elle devrait face à des responsabilités immenses : les voilà arrivées bien assez vite.

Aylan avait raconté sa condition au Centre, et celles et ceux qui y demeuraient encore. Toute nouvelle qu'elle était, Alice n'avait pas pu se résoudre à ne rien faire. Elle détestait de tout son être toute la violence qu'elle allait vivre. Elle le savait. Mais elle n'arrivait pas à laisser partir Aria et Nico sans venir alors qu'elle savait être un soutien immense dans leur mission, et un avantage avec sa Greffe. Elle savait aussi qu'elle ne devait pas être un poid pour tout le reste.

Pendant les mois d'entraînements qui suivirent, Alice avait appris à tirer, se protéger, trop de mots qui sonnent comme la guerre et la mort, trop de mouvements qui servent à sauver sa vie. L'armée britannique la répugnait, comme tout armée. Mais elle avait écouté, elle avait retenu, comme la bonne élève qu'elle avait toujours été. Dès qu'elle avait un doute sur sa présence, elle tournait la tête vers le visage d'Aria et de Nico, et tout redevenait clair. Elle savait pourquoi elle le faisait. Elle s'était d'autant plus entrainé pour partager tout avec Nicolas, elle avait petit à petit montré à Ariana ce que ça faisait et était capable de l'entendre elle en particulier si nécessaire. Elle avait également cherché les limites et les possibilités de sa Greffe beaucoup plus vite que prévu.

La première fois au tir, elle avait vomi et quitté la salle. Adé l'avait retrouvé en pleurs. Elle savait que sa Lune n'approuvait que très peu sa participation, mais elle était d'accord sur l'aide qu'elle pouvait donner. Alice avait vite compris que la crainte de perdre Aria, Nico ou elle-même était la raison principale de la réticence d'Adé. Mais elle ne leur offrait que soutien, comme elle pouvait. Alice était allée trouver Elwynn pour discuter de cette peur des armes. Elwynn lui avait donné sa vision, elle lui avait beaucoup raconté, et c'est finalement Roman qui lui avait donné son conseil. Personne ne l'oblige à tirer, il y a beaucoup d'autres ressources. Savoir tirer ne veut pas dire qu'on va le faire.

Alice veillait beaucoup sur le moral de ses compagnons, mais pour une fois, c'était dans sa tête qu'elle veillait beaucoup. Elle avait peu parlé de ses craintes à Nicolas, elle n'avait pas besoin, il le savait. Elle avait été claire avec Aria, et avait surtout parlé de sa détermination à ramener les enfants à Terrae. Elle avait engloutie son dégout, sa peur, et l'anxiété que ça lui donnait. Elle écoutait les derniers cours le dos bien droit, ses cheveux longs attachés bien haut, le sourire rangé au fond de son coeur. Il y avait d'autres priorités.

Le jour du départ cependant, elle avait serré très fort Adé avant de rejoindre les autres. Et ce jour-là, elle souriait. Elle était confiante, calme. Elle adresse un sourire à tous les participants de la mission, puis se penche vers Aylan et lui caresse la joue. Elle l'attire doucement dans ses bras et lui souffle qu'il est très courageux. Puis attrape la main d'Aria et lui sourit, au milieu de tout ce matériel lourd, les mêmes armes qu'Aria fixées partout sur son petit corps. Elle vérifie une dernière fois Nico, lui envoie son calme, et puis Terrae disparait.

Elle n'a pas le temps de se demander si tout va bien, il faut bouger. Les sons, l'environnement, la lumière de la nuit, les odeurs, tout est nouveau. Elle se plonge dans ce qu'elle connait de mieux : le sol, y trouves les contours du centre, les délimitations, très peu de vie végétale. Et puis avant la seconde téléportation, ça explose dans le sol, ça tremble. Ca n'est pas prévu, ça. Elle le sait, elle connait le plan par coeur. La Terre ne doit pas trembler. Les mots du Lieutenant et l'état de Nicolas le lui confirme : quelque chose ne va pas. Elle serre la main d'Aria, tourne la tête vers elle avec un expression déterminée. Elles y vont ensembles, ils y vont tous ensemble. La sensation familière de la Greffe de Nico la recouvre, elle lui ouvre ses pensées en plus de ses sensations entières.

L'intérieur est pire que l'extérieur : ça ressent la non-vie, et malgré les flammes le sentiment persiste. Aria et Norah s'occupent des flammes immédiatement, Alice s'en éloigne à peine, proche de Nicolas. Elle regarde le couloir, jusqu'au bout, étend ses pensées. Le brouhaha l'envahie, elle commene à trier, elle doit entendre les bonnes informations. Mieux : les bonnes personnes. Ses yeux virent au brun et des centaines de racines plongent dans le sol depuis ses pieds. Elle le sait, il faut que l'environnement deviennent le sien. Elle cherche par où ça tremble, où il y a des gens, le plus d'informations possibles mais surtout les enfants. Sans parler, elle fait passer l'information à ses compagnons. Elle ne sait pas pourquoi mais ça bouge beaucoup. Trop.

Vous pouvez sauter jusqu’aux trois étoiles si vous ne voulez lire que ce qui a trait au déroulé de la mission. Promis, la suite sera plus courte. Herm.


__–Le choix de l’officier qui accompagnerait les Terraens sur le terrain pour récupérer les enfants n’avait pas été une mince affaire, pour le commandement britannique.
__–Il fallait quelqu’un qui soit, d’une part, absolument impeccable dans ses états de service et sur qui ne devait poser absolument aucune suspicion de lien avec le Centre. D’autre part, il ne fallait pas seulement quelqu’un qui soit un excellent combattant, mais qui se démarquerait aussi par son esprit d’équipe, son calme, sa tolérance et qui disposait d’une pointe d’originalité et d’excentricité. C’est que cette mission allait être, sans aucun doutes, une des plus étranges que l’Armée britannique aurait jamais livré dans son histoire.
__–Le cahier des charges était particulier, unique pour une autre raison : il était rempli de contradictions. La personne choisie devait à la fois être un excellent officier, meneur d’hommes, connaissant son métier par cœur, mais aussi accepter de ne pas prendre la place de chef de l’opération et de ne jamais mettre son égo dans l’équation. Il fallait un spécialiste de la violence, qui respecterait les sensibilités particulières et les émotions de ses compagnons d’arme. Un expert de son domaine, mais qui serait capable de s’adapter immédiatement aux étrangetés et pouvoirs magiques qui allaient être conjurées sur le théâtre d’opération.
__–Le choix final s’était porté sur le lieutenant Nathan Lawrence du 22e régiment du Special Air Service, trente-six ans, père de deux enfants.

__–Les séances d’entraînement avec les quatre Terraens qui lui avaient été assignés furent des expériences très enrichissantes pour lui et ne firent qu’accroître le profond respect qu’il avait pour ses compagnons d’arme.
__–Nicolas, celui avec qui il était le plus évident qu’il s’entendît, était un excellent élément. Ne rechignait pas à utiliser la force létale, savait manier ses armes avec un certain talent. Son passif plutôt criminel que militaire étonna quelque peu Nathan au début, lui qui ne connaissait ce type de combattant que parce qu’il en avait déjà tué… Il savait toutefois se battre en groupe, faire face avec calme et détermination à tout type de situation, gérait très bien le stress. Il était en outre rigolard et agréable de conversation comme de compagnie. Nathan aurait aimé combattre à ses côtés plus souvent ; ou mieux, prendre une bière avec lui.
__–Norah était un élément qu’il apprécia aussi beaucoup. Elle lui rappelait à bien des égards sa petite sœur. Son enthousiasme communicatif, son attention et sa science dans son domaine était particulièrement rassurantes pour Nathan. Sans aucun doute, il lui aurait confié sa vie et celle d’autres personnes.
__–Alice était une personnalité fort singulière. Très douce, certes, mais aussi d’une solidité à toute épreuve. Nathan avait lu un flyer de présentation adressé aux novices et comprenait très bien ce que signifiait être Terre quand il la regardait. Elle était le pilier du groupe et un de ses principaux atouts, grâce à sa télépathie. Les opportunités que ce pouvoir ouvrait l’avaient fasciné : un radar à ennemis et alliés intégré à une personne, un rêve. Son aversion pour la violence et tout le monde que Nathan représentait, avait en outre forcé celui-ci à tâcher de se montrer le plus digne possible de son respect. Il était déjà d’un naturel très compréhensif et à l’écoute ; il redoublait encore d’efforts en sa compagnie.

__–Enfin, il y avait Ariana. De ce qu’il avait compris, ses pouvoirs magiques n’étaient pas aussi étendus que les autres. Elle était la plus petite. La plus naïve, peut-être. Celle qui donnait le moins l’impression d’être à sa place. Nicolas était aux antipodes d’un militaire mais savait tuer, Norah était presque trop douce et gentille mais avait un enthousiasme à tout épreuve et une compétence de médecin hors pair, Alice était particulièrement non-violente mais un roc sur qui tout le monde pouvait se reposer. Ariana n’était rien de tout cela.
__–Elle était plus encore.
__–Le dernier jour de leur entraînement, devant ses trois compagnons, il leur avait dit : « Ce n’est pas à moi de prendre la décision, mais si jamais mon avis a quelque poids en la matière, je ne vois pas de meilleure chef pour cette mission que Vicente. » Et il n’y avait nul besoin de la télépathie d’Alice pour savoir à quel point il le pensait.
__–L’explication comme quoi c’était sa fille qu’on allait chercher était bien insuffisante. Peut-être que quelque esprit maternel avait été le germe de sa détermination, mais celle-ci était devenue bien plus que cela. De ce qui lui avait semblé, et on pouvait faire confiance à Nathan pour juger cette qualité, elle était celle qui comprenait et surtout ressentait le plus les enjeux de l’opération. Peu importe la situation, elle serait la dernière à abandonner. Son entraînement préalable, les efforts qu’elle mettait, étaient sans commune mesure avec ceux de tous les autres membres, lui y compris.
__–Nathan appréciait Nicolas, avait confiance en Norah, respectait Alice, mais envers Ariana, il n’avait pas moins que de l’admiration.


__–Arriva le moment du départ.
__–Les proches de l’équipe leur dirent au revoir. Des jeunes, des enfants. Toute une immense et étrange famille. Lui avait appelé sa femme et ses deux filles la veille, comme il en avait l’habitude. Entendre leur voix l’aidait toujours à bien dormir.
__–(La réaction d’Aylan aux au revoir, après les premiers astérisques de séparation.)
__–Juste avant la téléportation, comme il en avait l’habitude, Nathan adressa à son équipe un dernier commentaire :
__–« Compagnons, ces quelques jours passés en votre présence furent un privilège, combattre à vos côté est un honneur. Je n’échangerais pas cinquante forces spéciales contre vous trois. »
__–Zap.
__–Nathan se félicita de n’avoir eu qu’une nausée passagère lors de la téléportation. Sa première fois à l’entraînement avait été bien moins glorieuse.
__–La seconde téléportation allait être amorcée, quand une explosion retentit.
__–Ça, ce n’était pas prévu.
__–« Je croyais que ça venait de chez vous ? »
__–Merde en effet.
__–Que serait une mission sans un imprévu, après tout.
__–Nicolas activa son étrange magie, ce qui désorienta Nathan pendant un court instant, comme à chaque fois. Il retira le cran de sécurité de son Kriss Vector, affirma sa prise sur son large bouclier balistique.
__–Et ils furent sur le terrain. Suite à l’explosion, l’armée anglaise avait, depuis les alentours du camp, commencé des tirs de suppression, pour forcer les défenseurs de la base à se précipiter vers le mur de défense et à dégarnir les environs du bunker. L’explosion avait quelque peu contredit ce plan originel. Quelques tirs neutralisèrent des soldats qui se dirigeaient dans leur direction, d’autres furent envoyés vers son équipe, mais parés par son bouclier. Derrière lui, les Terraens s’occupaient des flammes, de reconnaître l’environnement.
__–Encore deux personnes abattues avec l’aide de Nicolas et ce fut bon.
__–« Extérieur nettoyé, Williams couvrez-moi, j’entre ! Vicente, Borges, Norah à la suite, Williams, arrière-garde ! Retirez les lunettes, mettez les masques. »
__–Comme à l’entraînement. La colonne pénétra la cage d’escalier et l’ascenseur. Appeler celui-ci n’allait pas être d’un grand secours.
__–À l’intérieur, les quelques personnes qui avaient eu le malheur d’être dans l’escalier au moment où l’explosion avait retenti avaient été grillées vives. Il y avait encore une considérable fumée et odeur de mort – d’où les masques à gaz – et si quelques lampes avaient éclatées, le système électrique semblait encore en état.
__–La descente fut, mis à part le spectacle macabre, la visée diminuée et la nécessité de s’arrêter périodiquement pour bloquer les flammes, plutôt tranquille.
__–« Well, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais cette explosion aura eu l’avantage de faciliter notre progression. »
__–Nathan aurait aimé passer plusieurs semaines à entraîner les Terraens uniquement à descendre un escalier. En vérité, une vie aurait été insuffisante pour réussir cela sans la moindre perte.
__–Ils arrivèrent en bas. À partir de là, le bunker était en étoile : six petits couloirs partait de la pièce de l’escalier, qui menaient à des séries de pièces. L’un de ces couloirs était visiblement effondré. La boule de feu générée par l’énorme explosion avait ensuite envahi le reste de la structure, jusqu’à s’échapper par l’entrée à la surface en une impressionnante gerbe.
__–« Vicente, vous avez le commandement. »

Son ventre se tord lorsqu’elle voit les premières personnes tomber à terre à travers l’étrange Greffe de son meilleur ami. Elle aurait pu penser “les premiers ennemis”, mais avant d’être des ennemis, ils étaient surtout des humains. Ses yeux la piquent, elle respire lentement et fort, comme sa psy le lui a appris, tâchant de se souvenir que ce sont des soldats, des ennemis, qu’ils font du mal à d’autres gens, à des enfants. Mais ils sont aussi humains.

Elle n’a plus les mains de ses amis dans les siennes, mais elle peut contrôler l’eau. L’eau c’est son élément, l’eau c’est elle. Ca la calme, l’assure, lui permet de reprendre contact avec cette réalité difficile, tout en se concentrant sur ce qu’elle doit faire. Sur ce déferlement de violence et de rage autour d’elle, elle tâche de ne se concentrer que sur une tâche à la fois.

C’est difficile, lorsqu’on peut voir de tous les côtés, ressentir les pouvoirs des autres, sans même parler. Sans doute ce que doivent ressentir les Sensitifs et les Télépathes en tout temps, cela lui rappelle des moments difficiles et désagréables, mais plus forcément aussi négatifs avec le recul. Elle a appris. Il faut qu’elle mette ces connaissances à profit, à présent.

Aucune raison que ça se passe mal : ils se sont entraînés très dur. Et plus que tout, elle leur fait confiance. Elle s’en remet à eux, pleinement et entièrement, comme jamais elle ne l’aurait pensé possible, mais comme elle le fait pourtant à chaque fois. Malgré ces flammes qui dévastent tout, l’absence d’informations sur l’emplacement de sa fille, ou de celui des autres enfants. Elle noie sa crainte au fond d’elle, suivant ce qu’elle perçoit de la part de ses amis, qui vibrent à l’unisson.

D’un geste tremblant, elle ajuste son masque à gaz, comme le Lieutenant le leur a conseillé, après avoir retiré ses lunettes. C’est vrai que les flammes sont suffisantes pour éclairer. La gorge nouée, Ariana avance juste derrière lui, ses mains prêtes à cracher de l’eau et de la glace, son esprit prêt à bondir sous la forme d’un prédateur enragé. Norah continue à évacuer la fumée vers l’extérieur, cela permettra aux équipes suivantes de progresser plus facilement dans les souterrains. Elle acquiesce lentement, la gorge nouée. Puis inspire. Les escaliers semblent interminables, jusqu’à l’arrivée dans une salle en étoile, menant à divers couloirs dont toutes les portes sont fermées. Longuement, elle observe le couloir effondré, puis lance un regard terrifié à l’anglais… Commandement de quoi mdr, si on part du principe que c’est elle qui prend les décisions tout le monde est dans la merde là.



Il faudrait qu’on sache vers où aller. Nico, Alice ? Vous sentez la présence de personnes avec des pouvoirs dans le bunker ? Ou de Lola ?
… Et d’ennemis ?

Pendant ce temps, Norah prend progressivement la parole pour le poste de commandement et transmettre les premières informations :

—Le feu est éteint à l’entrée, les autres équipes peuvent passer derrière nous et descendre avec des masques à gaz. On est arrivés en bas du bunker, quelque chose a bien explosé là-dessous. Une seule partie des souterrains est effondrée.

La Master demande si le reste de la structure a été touchée pendant qu’on envoie les informations nécessaires à Ariana pour continuer à avancer. Elle a un coup au cœur et une vague nausée. Là-bas : des personnes avec des pouvoirs, et sûrement des personnes armées. Inspiration. Elle effleure l’étui des aiguilles, son regard s’affermit.

Elle a une idée, mais elle a besoin d’une couverture. Nico réagit instantanément : à l’intérieur du couloir visé, il fait s’éteindre la lumière d’une pensée. La sensation du contrôle de l’électricité est presque aussi étrange que celle de la terre d’Alice, ou de l’air de Norah.

Ils entrouvrent la porte d’un des couloirs, le deuxième en partant de celui qui s’est effondré. Le Lieutenant est devant avec son bouclier balistique, il attend le bon moment pour avancer ; pas de lumière dans le couloir, c'est bon. Inspiration, concentration ; Ariana se transforme en cafard, tâchant de transformer avec le nombreux matériel qu’elle transporte, puis avance en rampant sur ses toutes petites pattes qui cliquètent contre les murs. Sa vision nocturne lui permet de constater la taille du couloir — immense au vu de sa petite taille, mais Norah lui assure qu’il ne fait que cinq mètres au plus. Elle parvient jusqu’à la petite meurtrière qu’elle a repérée dans le mur, d’où dépasse le canon d’une arme ; elle vole et saute dessus, congèle ledit canon, puis fait de même sur la majorité des armes des soldats présents dans la salle.

Puis elle s’envole au milieu des ennemis — maintenant, ce sont un peu des ennemis — et se retransforme en plein vol pour laisser partir tout autour de son corps une vague de projectiles glacés, destinée à les renverser, et peut-être aussi un peu les transpercer. Trois sont touchés, les deux autres étaient trop loin ; ça commence à tirer au moment où elle retouche le sol, vive, et qu’elle se retransforme pour s’enfuir en arrière, déjà essoufflée.

Nicolas ne tire qu'en qu'à d'extrême nécessité, pour économiser des munitions ; à la surface, pour protéger son équipe, il utilise surtout des éclairs qui fusent droit sur les cibles. Malheureusement, il n'a pas le choix et doit le faire. Il doit en abattre deux plus rapides que les autres au Glock... ...Dans le souffle suivant, le lieutenant parle. Il n'a pas fini sa phrase que Nicolas a déjà échangé les lunettes de vision nocturne pour le masque à gaz. L'officier n'a pas besoin de parler pour communiquer mais il le sait, Nicolas ne le lui rappelle pas... Le soldat à l'habitude de devoir communiquer avec ses collègues de vive-voix -d'ailleurs se faire appeler Williams quand son père n'est pas là c'est presque drôle. Bref, comme à l'entrainement, Nicolas se place de manière à être le dernier à entrer dans le bunker, ses sens scannant toujours les environs au cas où même s'ils viennent de nettoyer la zone.

Une fois à l'intérieur, Nicolas n'a qu'une seule pensée. Hm. Ça sent le méchoui. Et puis seulement il comprend que ce n'est pas parce que des petits rigolos ont lancé un barbecue dans le bunker avant leur arrivée... Juste que l'explosion en a surpris dans les couloirs, les grillant instantanément... Et il venait de penser ça, peut-être un peu fort. Toujours en couvrant leurs arrières, marchant à reculons, il grimace. Oups. Désolé. Sinon oui, il est sérieux à ce moment de la mission hein. Concentré et tout, promis juré.

A l'idée de prendre le commandement, évidemment Aria n'est pas chaude. Nicolas ne dit rien, en vérité n'importe qui ici pourrait, Aria comprise même si elle ne s'en sent pas capable. Ça aurait été idéal qu'elle soit Master... Donc il ne met aucune pression sur son amie, il l'écoute simplement. Ils sont une équipe avec la capacité de communiquer tout aussi rapidement que s'ils n'avaient qu'un seul cerveau. D'ailleurs, dans le souffle qui suit, Alice répond à la question d'Aria en lui transmettant ce qu'elle perçoit ; il y a du mouvement. Beaucoup de mouvements. C'en est presque étrange puisqu'il n'y a quasiment rien du côté de Nicolas... Alice de son côté pointe ses sens dans une direction précise ; il y a d'autres personnes avec des pouvoirs... et il y a aussi beaucoup d'ennemis. Aria a une idée qu'elle n'a pas besoin de formuler. Nicolas a posé sa main à plat contre le mur le plus proche, couvrant sa paume de suie, vérifiant brièvement l'état du circuit électrique du bâtiment -ce serait dommage de tout faire sauter-, l'autre tenant toujours en joue son arme de poing, le regard scannant le couloir... et il a éteint la lumière.

Ils n'ont même pas besoin de tous remettre leurs lunettes de vision nocturne : Aria est devenue un cafard et ils peuvent voir à travers ses yeux -ce sont des yeux ? appendices oculaires ? gneh ?-, elle a infiltré l'ennemi, planté trois gars sur cinq avec des pics de glace avant de se transformer à nouveau et se barrer, tranquille. Essoufflée mais tranquille. Et tant qu'à faire, pour aider Aria à fuir, histoire d'aveugler un petit peu les deux derniers qui restent et les empêcher de contre-attaquer tout de suite, Nicolas prévient qu'il va rallumer la lumière et y mettre un poil plus de jus, juste pour augmenter l'intensité de l'éclat sans faire sauter les ampoules.

Qui a besoin d'une grenade-flash de nos jours quand on peut emporter un Tonnerre dans l'équipe hm ?

Quand on est Télépathe, le concept, c'est qu'on n'entend pas les morts. Le désavantage, c'est quand vos camarades font plus attention aux odeurs que vous, qui êtes dans votre tête, et comprennent plus vite que vous... Qui êtes aussi dans leur tête. Alice fronce simplement le nez à l'idée de voir des cadavres. Mais il le faut bien, il va falloir descendre. Alice pose son masque sur son visage, l'ajuste rapidement, avec des gestes précis et efficaces. Elle suit le mouvement, emboite le pas d'Ariana, et pendant la descente, Alice fait suivre ses racines, moins loin, moins énergivore, juste naturellement, l'extension de son corps, en plus de sonder les escaliers. Ils sont seuls, tout le monde est mort. Ses yeux évitent les images, et elle bloque celles des autres dans sa tête. Elle rappelle rapidement à Nicolas qu'elle compte sur lui pour bloquer son dégoût s'il devient handicapant. Elle s'y était préparée, entraînée, elle ne pouvait pas se laisser emporter par son aversion dans une situation critique.

Une fois en bas, dans le ventre du bunker, elle sent son élément autour d'elle, plus proche que la normale, qui les entoure complètement. Quelle drôle de sensation, elle n'est ni directement à son coeur, mais pas seulement au-dessus. Ariana doute. Alice lui envoie un sourire, dans tous les sens qu'elle peut lui envoyer. Elle demande où sont les gens qu'ils cherchent. Alice tourne la tête, et plonge son esprit dans les couloirs. Là où grouillent le plus de pensées viennent d'un couloir en particulier. Elle s'en approche légèrement et sonde plus loin, plus profond. Elle voit Aylan, pas trop loin de la surface d'un esprit. Des pouvoirs, aussi, mais pas forcément ceux de l'individu qu'elle a trouvé. Elle renvoie l'information rapidement, et les informe qu'elle va continuer de creusant en s'approchant, tenter une approche si elle confirme qu'il s'agit d'un enfant.

Ariana émet une idée, elle se met en place comme s'ils n'étaient qu'un, qu'une seule personne agissait. Elle suit Ariana grâce à la Greffe de Nicolas, voit à travers elle, ressent l'eau qu'elle jette au corps des soldats. Nicolas va rallumer la lumière, Alice ferme les yeux, et envoie ses racines dans la pièce rapidement, sans se soucier de détruire le sol. Elle les dirige vers les pensées qu'elle entend plus clairement, et qu'elle laisse voir au groupe : ils sont surpris, ils ont peur, mal, ils sont désorientés, et la lumière les a surpris, mais ils sont déterminés. Les racines s'enroulent autour des pieds de ceux qui n'ont pas été touchés, nombreuses et adhésives. Elle laisse la main aux autres, continue de fouiller pour trouver plus vite ceux qui se cachent derrière, chercher qui a pensé à Aylan, quels pouvoirs ils vont trouver au bout de ce couloir.

__–L’efficacité de ses coéquipiers en situation réelle était telle qu’il l’espérait.
__–« Bon boulot. »
__–Nathan avança jusqu’au couloir suivant. En passant, alors qu’il était au niveau de la première meurtrière, il passa son regard par le trou. Alice et Ariana avaient fait du très bon boulot. Plus personne dans cette salle ne pourrait plus toucher à son arme. Dès qu’il apparut au croisement, depuis l’extrémité de l’autre couloir, une autre meurtrière libérait un torrent de balles. Toujours derrière son épais bouclier, Nathan fit dépasser son canon et tira quelques balles sur le trou. Pas de quoi toucher un ennemi, mais de quoi les déconcentrer et donner une ouverture aux Terraens pour une autre de leurs offensives magiques.
__–« À vous. »
__–Certes, cela ne servait absolument à rien grâce à Nicolas, mais la force de l’habitude.

Si elle s’est trouvée relativement efficace, et que les encouragements du Lieutenant se révélaient rassurants pour Ariana, elle ne pouvait pas s’empêcher de penser aux cris de douleur qu’elle a provoqués, l’estomac proche des lèvres. Alice aussi les a attaqués, concentrée ; Nicolas, efficace, couvre leurs méfaits et leur donne un avantage tactique. Ses amis se veulent rassurants, surtout Alice, comme toujours. Heureusement qu’elle est là. Elle a sa reconnaissance pleine et entière, pas seulement parce qu’elle la sort du pétrin, mais surtout parce qu’elle prend le temps d’être là pour elle dans un moment où, objectivement, ils ne devraient peut-être pas avoir beaucoup de temps pour penser.

Donc ne pensons pas. Ariana est habituellement l’experte dans ce domaine, quand il s’agit de laisser son instinct la guider — pas toujours le meilleur instinct de survie, en revanche, mais qu’importe ; aujourd’hui plus que jamais elle n’est pas seule. Ils ne peuvent pas être plus ensemble qu’en cet instant.

Dans cette salle, les soldats sont à terre, ou en tout cas incapables de les attaquer encore. Grâce à Norah, il y a de moins en moins de fumée, mais ça tire depuis l’intersection, où s’est posté le Lieutenant avec son bouclier. Comme les autres sont occupés de ce côté-ci, le temps de parvenir à la salle qu’ils viennent de vider, on lui soumet l’idée de bloquer la porte afin d’éviter que de nouveaux soldats y rentrent pour les canarder, de rester sécuriser la porte ou simplement de continuer son rôle d’éclaireur. Un dialogue mental s’installe entre Ariana et son meilleur ami ; il faut qu’elle conserve au maximum son énergie. S’il ne faisait pas déjà aussi chaud, elle ne se serait probablement pas posé la question non plus, mais il la fait douter, créer un mur de glace à ce stade est un peu prématuré. Ils viennent seulement d’entrer, et il reste de nombreuses portes à explorer. Est-ce qu’Alice pourra refermer l’entrée derrière elle ? Sinon, elle s’en occupera elle-même, mais il faudra qu’elle se retransforme… Et elle a besoin de reprendre son souffle avant de refaire un truc utile.

De son côté, elle avance sous sa forme insectoïde dans le couloir, au bout duquel elle peut apercevoir le fameux bouclier, encore plus énorme de sa petite taille. Elle glisse sous la porte à sa droite, la salle qui leur permettrait d’avancer vers le fond, a priori… Cinq soldats, tout aussi armés ; l’un d’eux tire par la meurtrière vers le bouclier, comme tout à l’heure. Elle fait un tour d’horizon de la pièce, se met dans un coin pour permettre à ses alliés de voir le plus d’éléments possibles. La porte. L’autre porte qui permet de sortir de la salle. S’il y a des pièges. Comment ils sont armés.

Ils tiennent la porte menant vers le couloir en joue ; ce qui n’est ni pratique, ni idéal pour son équipe, mais pas vraiment étonnant ; honnêtement elle aurait fait de même. Ou alors c’est le Lieutenant qui a pensé ça, elle ne sait plus trop, à force.

Alors elle fait ce qu’elle peut, discrètement, tranquillement ; comme une petite fourmi insignifiante aidant à construire des tunnels : elle fait apparaître un peu d’eau près de leurs pieds agités, petit à petit, et pendant ce temps va se poster dans un coin du mur, à quelques centimètres de hauteur, tout près d’eux pour ne pas être repérée. Difficile sous la forme d’un insecte, mais elle pourra sûrement réussir à geler une partie de l’eau si on le lui demande et leur faire perdre l’équilibre. Voire les coller au sol, mais elle devra sans doute se retransformer le cas échéant. Ou sinon, elle pourra toujours essayer de la faire léviter jusqu’à leur peau pour les connecter au sol et créer un terrain conducteur pour Nicolas — si tant est qu’il parvient à les viser de là où il est. Elle leur laisse le choix sur la question.

Dès qu'Alice lui rappelle qu'elle compte sur lui, il hoche mécaniquement la tête. Elle ne le voit pas, mais il sait qu'elle le sent et qu'elle peut lui faire confiance. Il a certes la délicatesse d'un tractopelle mais c'est un tractopelle qui veut pas mettre ses amis mal à l'aise, bien sûr qu'il allait faire en sorte de l'aider autant qu'elle le souhaite. De même pour Aria et Norah, mais il attendait leur signal pour ça. Et concernant LieuteNathan... beh... non il gère. C'est un pro. Pro qui les félicite pour leur efficacité. Ils s'avancent donc jusqu'à la deuxième meurtrière et une salve de balles les accueille. C'est pas très poli. L'idée de bloquer la porte avec de la glace est bonne, mais Aria est Étoile. Un Master peut aussi se fatiguer, c'est pas la question, mais elle devait d'autant plus faire attention à son énergie. Il s'est inquiété et rapidement, une autre idée a remplacé celle-là.

De l'autre côté, sous sa forme de cafard, Aria leur offre un visuel qui ajoute des précisions aux perceptions d'Alice. C'était parfait... Pour Nicolas au moins. Il attendit qu'Aria étale suffisamment l'eau au sol, atteigne la peau de toutes les cibles et que Lieutenant lui offre une brève ouverture. Nicolas quitta son poste, une seconde, le temps de décaler légèrement Norah, tendre son bras au-delà d'Alice, viser la meurtrière. Il claqua ses doigts et pointa son index dans la direction qu'il souhaitait. Un éclair blanc fendit l'espace, s'accrocha à la surface de l'eau de l'autre côté pour s'y étaler et dévorer la chair connectée au liquide. L'électricité parcourut les corps ennemis, les faisant tressauter sur place, tendus comme des cordes d'arbalètes avant de s'effondrer. ...Nicolas se replaça en bout de file, scannant de nouveau l'espace derrière eux pour couvrir leurs arrières. Personne.

Nicolas prend le temps de vérifier comment ses équipiers se sentent. Un moment de flottement où il peut s'attarder un peu mentalement. Rassurer ceux qui ont besoin, dans une vague de chaleur après avoir vu autant de... gens tomber. Ils sont là, ils ont une mission, ils avancent.

Le Lieutenant est clairement ravi de leur intervention. Ca devait lui changer, il n'avait qu'à suivre le mouvement, toutes les informations arrivaient bien plus vite qu'à la normale, de façon bien plus claire et précise. Leur rapidité d'action en était d'autant plus efficace, et saisir les ennemis au sens propre comme au figuré se révélait bref. Alice le savait déjà, mais elle touchait du doigt ce qu'être Master, l'équivalent d'un demi-dieu quasiment, voulait dire.

Tout en faisant très attention à l'énergie de chacun, notamment Aria, qu'elle était très heureuse d'avoir à ses côtés aussi, elle suit le groupe et traverse la première pièce. Ils sont attendus de nouveau dans le couloir qui suit. La discussion pour fermer la porte se clot assez vite lorsque les limites d'Ariana en terme d'énergie sont évoquées. La Terre se tourne vers la porte derrière eux, laisse ses racines dans la pièce qu'elle bloque d'un immense mur de granit solide qui se forme tranquilement. Pas besoin de se presser et de mal faire, de gaspiller de l'énergie : il leur faudrait du temps pour détruire l'épaisseur qu'elle venait de poser. Il ne lui en faudrait presque pas pour le faire disparaitre en rebroussant chemin. Les bruits des tirs ne se font pas attendre, et c'est Aria qui part en premier cette fois aussi. Ils ne la repèrent pas, toute petite qu'elle est, si dangereuse. Elle n'avait jamais eu besoin des aiguilles de Justine : elle était l'aiguille. Le bras de Nicolas passe au-dessus d'elle sans qu'elle bouge d'un milimètre, elle attend tranquillement son tour. Nicolas les touche tous, et Alice se concentre sur Ariana, lui envoie des pensées réconfortantes, signifie sa présence encore plus fort. C'était dur, c'était violent, mais il fallait avancer.

Pendant l'action, même si Alice ne participe pas à l'immobilisation des troupes ennmies, elle continue de sonder, élimine les fausses pistes. Ils s'approchent de l'individu qu'elle a repéré. Elle arrive à le dinstinguer des autres. C'est une fille. Alice se laisse porter par le mouvement du groupe tant qu'il n'y a pas de danger iminent qu'elle sentirait par le biais de Nicolas, le regard dans le vague, les yeux posés sur les pensées de cette personne. Elle n'est pas encore trop intruse, elle reste en surface pour ne pas être repérée, mais elle voit, les pensées vont vite dans la tête, mais tout y est bien rangé, malgré la panique et les images qui défilent, et l'espoir d'une porte qui s'ouvre. Elle n'est pas encore sûre, elle doit se rapprocher encore.

__–Si on avait dit un jour à Nathan qu’il serait presque inutile en opération.
__–En vérité, il s’en serait félicité. Cela voulait dire que tous ses partenaires faisaient un travail formidable.
__–Par les yeux d’Ariana, il put voir leur technique à elle et Nicolas pour neutraliser toutes les personnes dans une pièce entière. Par les sens d’Alice, deviner où se trouvait leur objectif. Et par sa propre expérience, comprendre à quoi ressemblerait le reste de l’agencement du bunker. Il allait falloir s’y enfoncer et bloquer au passage toutes les autres salles, comme l’avait fait Alice, pour éviter les contre-attaques par derrière.
__–Nathan put sprinter jusqu’à la porte de la salle où était Ariana – ainsi que cinq cadavres grillés, l’ouvrit et alla se coller contre le mur de la porte du fond de la pièce. (Sans se vautrer sur le verglas.) Une autre chose simplissime dans la vie de tous les jours qui devient un défi considérable en situation de combat et à quoi Nathan avait longuement entraîné son équipe : passer une porte. Celle-ci, en bois aggloméré, ne retiendrait aucune balle tirée au travers. La manœuvre dans de cas était alors simple : personne devant la porte, de peur que quelqu’un derrière ne tire depuis derrière. On vérifie si elle n’est pas piégée et on nettoie l’intérieur, section par section, lentement, puis on entre.
__–Ou mieux, on balance quelque chose à l’intérieur qui fera le travail à sa place. En l’occurrence, Nathan put deviner au travers d’Alice que Lola n’était pas à l’intérieur. Et que, si les signaux d’ennemis étaient très nombreux, il émanait d’eux quelque chose d’étrange. Il semblait à Nathan qu’ils n’étaient pas aussi proches qu’auparavant.
__–Hm. Il aurait bien envoyé une flashbang, mais cela semblait à présent un peu risqué.
__–Il leva le doigt. Tout le monde comprit son intention de ne plus faire de bruit. Baissa lentement la poignée de la porte. L’entrouvrit un millimètre. Il reconnut, dans la demi-pénombre, une forme noire qui pendouillait.
__–« J’ai besoin d’une confirmation visuelle. C’est peut-être un piège et je veux savoir comment le désamorcer. Vicente, si vous y allez, faites très attention à vous. Norah, Williams, couverture en cas de contre-attaque. Borges, guidez-nous, je veux savoir ce qui nous attend ensuite. Et avoir un coup d’avance sur d’éventuels renforts ennemis. »
__–C’était moins des ordres que des rappels. On a beau avoir répété une procédure de passage à une autre salle tellement de fois qu’elle entre dans la mémoire musculaire, un rappel vocalisé est toujours utile. Y compris pour lui : Nathan ne savait que trop bien que c’est pile au moment où l’on est persuadé que son expérience nous dispense de répéter les actions de sécurité les plus élémentaires qu’un accident arrive.

HRP :

Dès qu'ils pénètrent dans la salle, Alice pose ses yeux sur Ariana et lui envoie tout le soutien qu'elle puisse trouver en elle. Elle évite de nouveau soignement les corps au sol, n'ayant pas envie de vérifier lesquels sont vivants ou non. Elle se place comme prévu à l'abri, loin de la porte, cherche à voir s'il y a du monde derrière : personne directement. Ils étaient un peu plus loin, près malgré tout après avoir entendu les premiers tirs, mais pas directement derrière.

Mais quelque chose n'allait pas, ils attendaient quelque chose. Nathan leur fait signe de ne plus faire de bruit, la concentration augmente. Il y a quelque chose en haut de la porte. Le lieutenant reconnait le piège. Alice profite des informations pour trier les informations. Ses yeux se posent au delà de la porte, dans le vide, elle s'enfonce dans sa tête pour entendre les pensées des ennemis. Elle finit par fermer les yeux. Il y a ce piège-ci, encore un autre dont elle fait part au groupe, et puis elle essaie de compter le nombre de personne qu'elle entend. Elle prend un peu plus de temps, puis fait sa conclusion et son bilan : 7 personnes dans la prochaine pièce, au bout du prochain couloirs. Plusieurs d'entre elles sont dotées de pouvoirs, dont la personne qui a pensé à Aylan. Toute son opération ne dure pas plus de

durée en minutes:

Elle se focalise ensuite sur la jeune. S'il s'agit de Lola, il allait falloir qu'ils le sachent rapidement. Avant d'entrer serait un plus. Elle ferme les yeux, qui tournent au brun. Elle entre dans ses pensées et cherche les informations les plus basiques et qu'elle connait, sans brusquer, sans faire bouger quoique ce soit, sans se faire repérer, elle y met toute sa concentration, puis rouvre les yeux une fois terminé :

Lola. 12 ans. Dotées de pouvoir Terre. Proche d'Aylan. Elle n'a aucune envie d'être dans la pièce.

Elle tourne son attention vers Ariana, et formule par pensée, clairement entendue par tous, mais sa question est clairement pour la commandante de l'opération.

Permission d'entrer en contact avec Lola ?

Les soldats sont neutralisés.

Ariana dit neutralisés pour ne pas penser à ces corps qui se sont effondrés, inanimés ; vivants ou pas, elle ne veut pas savoir. Elle n’imaginait pas un jour qu’elle ferait tant de dégâts, causerait tant de souffrance, même si ce n’est pas elle qui a lancé cet éclair. Elle est tout autant coupable. Son coeur ne tiendra peut-être pas le choc lors de cette mission, finalement ; car si elle s’est entraînée très dur et que sa détermination pour retrouver Lola est sans faille, il lui faut retenir absolument tout ce qu’il y a d’émotionnel en elle pour ne pas bondir à nouveau vers la prochaine porte et la franchir par le dessous sans même attendre ses coéquipiers.

Heureusement, ses amis arrivent et elle se tient près d’eux, infâme insecte, nouvelle criminelle. Elle ne croit plus en Dieu comme avant, plus depuis longtemps en tout cas, mais la crainte de l’Enfer est tellement ancrée en elle qu’il lui est impossible de ne pas se dire qu’elle y finira après sa mort, maintenant, c’est sûr. Elle a fait du mal volontairement, elle en sera marquée à jamais.
C'est comme ça.

Heureusement, Alice et Nicolas sont là. Ils la rassurent pendant que le Lieutenant analyse la situation et que les informations concernant le piège leur sont transmises.

Et puis la conscience d’Alice se projette vers le bout du couloir, plus loin, beaucoup plus loin.

Si Ariana n’était pas un insecte, elle aurait peut-être tourné de l’oeil ou eu du mal à respirer. Heureusement, un insecte ne panique pas comme un être humain. Elle se contente de chercher à se recroqueviller le plus possible, à deux doigts de fuir.

Elle a envie de vomir.

L’insecte ne bouge plus, ne pense plus, a l’impression de ne plus exister pendant quelques instants. Parce qu’à travers la magie de ses amis, Ariana peut sentir celle de Lola. Elle peut la sentir elle.

Elle ne sait pas trop à quoi elle s’attendait.

Sûrement pas à cette question de la part d’Alice, en tout cas. Oh bien sûr, elle est logique, imparable. C’est ce qu’ils devraient faire, lui parler, la prévenir, s’organiser. Evidemment qu’il faut lui parler.


NON.


Évidemment qu’il faudrait. Mais Ariana n’a jamais été rationnelle. Elle ne peut pas. Tout son corps lui hurle de faire demi tour, de vomir ses tripes, de se recroqueviller dans un coin et de mourir.

Heureusement, elle est un pauvre petit insecte. Elle ressent, mais pas aussi fort. Alors si la vague la pousse à reculer de quelques minuscules pas, à vouloir rentrer à Terrae, se mettre à l’abri, il y a autre chose qui la pousse à rester. Elle ne sait pas bien quoi — peut-être le regard de ses deux amis. Peut-être celui qu’elle imagine qu’Aylan pourrait avoir à son retour si elle échoue. Peut-être le sien, dans le miroir, une fois de retour à la maison. Ou celui de Lola…

Tout tourne un peu, durant le laps de temps qu’il lui faut pour retrouver ses esprits, se reconnecter à elle-même, arrêter de sortir de son propre corps. Ce n’est pas comme ça qu’on règle un problème.

Ariana agite ses antennes. C’est sa manière à elle de reprendre son souffle, puis de répondre comme une supplique :

Oui… oui, tu peux. Mais. Laisse-moi lui parler avant. Lui dire qui on est. Je te laisserai faire après, c’est promis. J’ai juste…

(Besoin de ça, que tu nous mettes en lien. Je ne sais pas si j’arriverai à lui parler un jour, sinon.)

Et elle ne les attend pas, elle passe sous la porte. Son petit corps passe aisément, à nouveau. Elle observe la porte, le piège ; puis le couloir, au bout duquel se trouve la même meurtrière, la même arme pointée sur eux. Elle ne peut pas se transformer ici pour retirer le dispositif au risque de se faire canarder, mais peut-être que Norah ou un des autres Masters le peuvent avec leur magie. Dites-moi ce que je peux faire...

Nathan lui dira certainement qu’elle est la commandante de l’opération, bien qu’elle ne l’ait pas souhaité ; que c’est à elle de décider. Et c’est sans doute vrai pour tous les autres.

Elle inspire au fond d’elle, et, si elle le pouvait, elle aurait les dents serrées. Ils sont irresponsables de lui donner du pouvoir décisionnel dans cette mission. Aussi irresponsables qu'elle qui vibre autant de colère que d'angoisse et de tristesse.

Dites-moi ce que je dois faire, ou j’y vais sans vous.

Nicolas offre à ses coéquipiers un petit havre de calme s'ils le souhaitent, sans leur empêcher de traiter ce qui leur arrive et ce qu'ils doivent faire pour atteindre leur but ; il suffit qu'ils se tendent vers lui, mentalement, pour baigner dans son pragmatisme, un détachement mû par l'urgence, une sérénité dans la simplicité de l'action. Ça ne retire rien du poids terrible de ces actes, ce sera réfléchi, mais plus tard. Nicolas fait la part des choses mais pas avec la froideur d'un psychopathe. Il le fait en gardant un point chaud dans son cœur, l'Antre au fond de son âme habité par les petites âmes des gens qu'il adore, Terrae, où il veut ramener ces enfants au creux de la Meute pour les protéger de tout ça. Traverser une mission aussi dangereuse et difficile émotionnellement pour ça, ça vaut le coup.

Il se concentre donc sur la suite des événements. Nicolas se met en position, vérifiant toujours s'ils n'étaient pas suivis, et il voit à travers les perceptions d'Alice deux nouveaux pièges. LieuteNathan confirme la présence d'une grenade à la porte... Et puis la petite Télépathe perçoit Lola. Elle demande à Aria la permission de-

NON.

Nicolas a un frisson qui le secoue tout entier. Il grimace comme s'il venait de se faire vriller les tympans, même si la sensation est totalement différente. Ce n'est pas l'intensité d'un Sonore qui donne un ordre, c'est fort, ferme, catégorique au point de prendre aux tripes... Un bref moment Nicolas se demande s'il ne devrait pas la soulager un peu du stress dans lequel elle se noie mais elle se débrouille ; elle prend l'équivalent cafardesque d'une inspiration, cherche sa détermination, la trouve et se montre résolue. Elle passe la porte.

Ils ont un visuel sur le second piège, une nouvelle meurtrière décorée par une mitraillette, décidément. Trop loin pour qu'il puisse en faire quelque chose, mais il est vrai que Norah peut s'en débarrasser avec ses pouvoirs. Quand à la fameuse grenade, Lieutenant peut savoir et/ou leur dire quoi faire maintenant qu'il a une bonne vue de ce qu'il se passe de l'autre côté de la porte... Uniquement si Aria reste. Sauf qu'elle veut avancer. Compréhensible maintenant qu'ils savent que Lola est bien au-devant d'eux. Nicolas a les yeux mi-clos quand il se concentre un peu plus sur sa Greffe.

La connexion est particulière. Ils sont dehors, ils sont dedans, c'est viscérale. Ils voient, ils sentent et pourraient ressentir de manière plus intense si Nicolas ouvrait toutes les barrières, liait tous les câbles, branchait chaque cordage de lumière entre eux. Un vaste réseau électrique intérieur et extérieur. Ils n'ont pas d'image d'eux-mêmes, juste une forme floue et brillante tout à chacun, comme des étoiles tapissant l'espace ; ce n'est pas Nicolas qui s'approche d'un cafard pour l'encourager, ce n'est pas le Loup qui prend Aria dans ses bras au point de couvrir son étoile de chaleur, c'est beaucoup plus simple et à la fois teeellement plus compliqué. ...Nicolas n'a pourtant pas bougé de là où il défend son équipe.

Si tu t'en vas, on va perdre le visuel. On va mettre plus de temps à te rejoindre. Il faut qu'on reste groupé.

Parce qu'Alice peut "voir" à travers la Terre, Norah plus que Nico peut "sentir" mais ils risquent de tâtonner plus qu'autre chose, rien ne peut remplacer l'efficacité des yeux, même des yeux de cafards.

Il faut qu'on mette toutes les chances de notre côté pour rejoindre et récupérer Lola, et on le fera mieux ensemble.