Marcher sur la berge rappelle à mon corps à quel point j'ai pu le maltraiter ce soir, mais rien ne me fera plus de bien que de serrer la jolie Téléporteuse dans mes bras. Je m'approche d'elle, devinant son sourire dans l'obscurité alors que je me sèche sommairement. Mes mais se posent sur sa peau encore perlée de l'eau du Lac et, alors que je ramène son corps chaud contre le mien, je puise dans mes dernières forces pour demander à l'eau de glisser jusqu'au sol pour la sécher.

Nos lèvres se rencontrent et, comme une nouvelle première fois, nos sentiments l'un pour l'autre s'embrassent, se heurtent, se redécouvrent au fil de notre baiser. Un baiser doux, tendre et sincère, avec cette pointe de passion qui ne nous quitte plus. Mon front contre celui de la blonde, un sourire m'échappe.

"J'ai la plus jolie muse possible, j'essaie de lui rendre hommage, c'est tout-"

Elle se hisse sur la pointe des pieds pour embrasser mon front et mon cœur loupe un battement alors que j'éclate de rire aux mots qui suivent ce contact beaucoup trop adorable et mignon.

"Comment ça tu AURAIS DÛ gagner ? Fallait juste être meilleure tu sais- mes mains s'égarent un peu plus bas que ses hanches alors que je lui pince les fesses d'un air moqueur -Ouais ouais incline toi ouais- Et bien sûr que je m'entraîne toujours avec Aria, j'ai encore tellement de choses à apprendre d'elle ! Puis on arrive au moment marrant où j'peux rivaliser sur certaines choses, c'est plus amusant pour elle que juste me donner des conseils ou m'enseigner des trucs, et j'lui doit bien ça ! "

Mes mains remontent pour serrer Nana contre moi alors que nos lèvres se joignent à nouveau. Je t'aime tellement putain. On vient de se taper dessus, de faire trempette, et pourtant j'ai l'impression que ça fait depuis le début de la soirée que ta beauté me laisse sans voix, que j'suis ébloui par ton sourire, hypnotisé par ta voix.

"Nana..."

Son prénom m'échappe, dans un souffle, avant que je presse mes lèvres plus fort contre les siennes, ma main glissant sur sa joue, caressant sa peau si chaude, si douce. Reprenant notre souffle, l'un contre l'autre, on est interrompus par la chienne qui semble toute aussi affamée que nous, nous faisant éclater de rire. Je viens la gratouiller entre les oreilles, me penchant légèrement, mais pas trop, gardant ma petite amie contre moi au maximum.

"C'est le mot diner ou le mot dessert qui t'as réveillé, hein ma belle ? "

Je reporte mon attention vers la Tonnerre, déposant un baiser sur sa joue.

"Je crois bien que je meurs de faim, moi aussi. Et comme j'pourrais jamais être rassasié de toi, autant manger un morceau, j'suis d'accord. La question c'est plus "est-ce que tu veux manger dans le noir, ou prendre une douche et manger tranquillement, au chaud, tout propre, devant un film, sous un plaid, avec ton amoureux ? " "

Je souris à nouveau et vole un dernier baiser à la jolie blonde avant de ranger vite fait mes affaires.

"Désolé de t'avoir faire apporter tout ça pour rien mon coeur- On sera quand même mieux à la maison tu penses pas ? Ou chez toi ? C'est bien aussi, chez toi. On sera tranquille ! Mais ma douche est mieux... Sacré dilemme..."

Je souris encore et encore. J'suis heureux, de partager ce moment avec toi. Et ça me fait sourire de manière incontrôlée. Je t'aime si fort...

Les pommettes rougissantes, les mots d’Erik font l’effet d’un tremblement de terre en mon être et nos sourires se font grands, très grands. Heureux d’être ensemble, tout simplement. On n’a pas besoin de plus pour se sentir bien. Chaque enlacement et chaque baiser garde la même passion que le jour 1 tout rose et pailleté d’un début de relation. Son rire résonne dans mes oreilles si harmonieusement. Les gens adorent les vidéos d’ASMR en tout genre sur Youtube ou TikTok, mon ASMR préféré, c’est mon petit-ami. Peu importe ce qu’il fait. Ne serait-ce qu’une respiration. Un simple rire. Un soupir de désir. Mon nom entre ses lèvres. Bref. Beaucoup de choses. Et je me retrouve à glousser comme une collégienne qui découvre Twilight.

« Dis pas de bêtise voyons, je vais me transformer en tomate. Je n’sais pas ce que je ferais sans toi, mon étoile favorite. »

Je lance une petite provocation dans mes phrases, ma mauvaise foi n’est plus très présente mais l’envie de taquiner Erik est plus forte que moi car c’est un plaisir d’observer chacune de ses réactions. Une grimace vient tordre les traits de mon visage face aux pincements de mon derrière. Oui, c’est une zone sensible OK ?

« Pffff, t’inquiète pas que je me rattraperai la prochaine fois, répondis-je d’un air malicieux en tapotant mes doigts sur sa peau. Mais tant mieux que tu t’entraînes encore avec, maintenant que tu es Étoile c’est sûr que c’est plus praticable que de simplement avoir de la théorie ! Tu vas devenir très puissant et je n’ai aucun doute que si tu souhaites devenir Master un jour, t’en seras capable vu comment tu peux te discipliner. J’suis sûre qu’Aria est une prof fantastique ! »

De ce que j’ai déjà pu constater aujourd’hui de notre entraînement, je suis sûre qu’il sera de plus en plus brillant avec ses pouvoirs. Ma main droit remonte pour s’installer dans sa nuque, à la base de ses cheveux, lors d’un nouveau baiser où l’on s’enlace si fort l’un contre l’autre sans être capable de se lâcher. Notre alchimie dépasse toutes les frontières et il est facile de sentir dans notre contact que nos cœurs battent au même rythme, dans une valse amoureuse qui ne se finit jamais.

Mon nom soufflé par ses lèvres fait battre mon cœur plus fort, ne retirant pas la rougeur de mon visage, ni les tremblements de désir qui me font bouillonner. Je ne pensais pas que ce serait possible d’aimer à un point où c’est addictif, aussi essentiel que l’oxygène qu’on respire à chaque instant. C’est plus puissant que n’importe quel pouvoir de Master. Bordel Erik, ça me déstabilise tellement mais je n’échangerai ça pour rien au monde. Je t’aime. Je t’aime. Je t’aime. J’en oublie qu’on a failli se neutraliser plusieurs fois pendant nos rounds de combat. Merde alors. Mes doigts serrent un peu plus leur emprise dans sa nuque pour garder Erik toujours plus proche de moi.

Essoufflés, on prend un instant pour récupérer de l’air puis Tifa vient nous saluer joyeusement. J’observe le Morphe gratouiller sa tête et un léger rire m’échappe. C’est sûr qu’elle doit avoir faim depuis le temps qu’on est dehors... J’enroule mes bras autour du cou d’Erik et acquiesse d’un mouvement de tête.

« C’est un très bon programme ça ! Et évidemment, comme t’as gagné, tu peux choisir le film qui te tente ! »

Mon nez se frotte doucement au sien et après un dernier baiser on vient ramasser les affaires pour rentrer. Cette dernière marche sera pénible mais une fois au chaud à l’intérieur, ce sera une belle récompense de pouvoir se doucher et s’installer confortablement dans les bras du blondinet.

« Ah mais non t’excuse pas, en vrai t’as raison, on fera un pique-nique extérieur une autre fois, commençais-je à dire dans un bâillement. J’ai tellement la flemme de marcher mais je n’ai plus d’énergie pour TP p’tain… »

Je m’avance et viens récupérer la main d’Erik dans la mienne.

« Sacré dilemme effectivement mais je propose qu’on profite de ta super douche, puis tu habites un peu plus proche que moi. Si jamais tu veux ensuite chiller chez moi on ira sinon on se calera tranquillement chez toi, c’est pas mal non ? Ou ce que tu préfères si t’es plus confo à venir chez moi directement ou à juste rester chez toi. Ipiu est là ce soir ? »

On commence à s’avancer sur le chemin de terre tout en longeant le lac et c’est la lumière de la lune qui se laisse se refléter sur la surface du lac. Nos silhouettes sont dans l’obscurité mais la chaleur de nos mains reliées me fait vibrer. Quelques bâillements m’échappent sans que je puisse le contrôler et merde alors, j’aurais dû garder un cran d’énergie pour nous ramener. Je pose mon regard sur mon amoureux, un large sourire aux lèvres, heureuse de simplement de pouvoir le regarder.

« Je t’aime Erik. »

"La plus jolie petite tomate du monde-"

Je pouffe alors que l'étreinte se prolonge et qu'on se laisse aller aux caresses, aux papouilles et aux baisers, seuls au milieu des ténèbres, seuls sous les étoiles quand le cristal de la Tonnerre s'éteint finalement. J'éclate de rire quand Nana parle de moi en futur Master :

"5 ans en tant qu'Initié, tu penses bien que j'en ai encore au moins le double en tant qu'Etoile ! Le premier Master quarantenaire, ça sera moi ! L'avantage c'est qu'en tant que Morphe je pourrais cacher ma calvitie ! Mais Aria est la meilleure prof que j'ai jamais eu, c'est vrai. J'pensais pas que ça serait possible, mais si. Son enthousiasme, ses explications parfois mystiques qui te forcent à comprendre par toi même, et quand tu y arrives tu le sais, parce que le mystique l'est soudainement beaucoup moins... Ça conviendrait pas à tout le monde, j'avoue. Mais j'pouvais pas rêver mieux-"

Tifa vient nous sortir de notre bulle et on partage un peu de cet instant avec elle, lui gratouillant affectueusement le crâne en lui disant des mots doux. Ma boule de poils préférée olala.

"T'es sûre pour le film ? Tu dois déjà faire la vaisselle, j'considère avoir déjà été récompensé- Et en vrai, Tifa a la dalle, faut qu'on passe à la maison. On peut en profiter pour se doucher ouais ! Par contre je crois qu'Onee-chan est à la maison avec Nath, ce soir, j'voudrais pas les embêter. Et qu'ils nous embêtent. J'vais juste leur envoyer un SMS dire qu'on passe déposer le chien et qu'on squatte la douche avant de sortir, ça te va ? Comme ça on crash chez toi et on se régale de ce que tu as préparé avec amour-"

La main de la jolie Téléporteuse se glisse dans la mienne et je souris, sourire encore plus grand quand elle baille. T'es si adorable mon coeur. T'as vraiment tout donné, hein ? Ma jambe tire et je me rappelle que moi aussi, j'ai tout donné. Que c'est juste la présence de ma petite amie qui m'empêche de m'effondrer de fatigue. Je crois que le choix du film n'a pas vraiment d'importance, au final. Parce qu'on risque de pas voir grand chose de plus que le début, avant de s'endormir.

Perdu dans mes pensées, c'est la voix de Nana qui me rappelle la réalité. Pour me la faire quitter presque aussitôt alors que ses mots m'emplissent de joie. Pivoine, je tourne la tête vers la jolie blonde et croise son regard alors qu'elle me fixe, les yeux brillants. Ma main se resserre sur la sienne quand je m'arrête, lâchant mon sac pour prendre sa deuxième main pour l'attirer contre moi et la serrer doucement contre mon torse, lui embrassant le sommet du crâne alors que mon nez s'emplit de l'odeur de ses cheveux. Définitivement, le film sert à rien. Si on s'endort pas direct, y a beaucoup mieux à faire que regarder le film...

"C'est tellement réciproque, mon cœur. T'es trop adorable p'tain-"

L'étreinte dure, dure encore avant qu'on se remette en marche vers la maison. Ce que je l'aime putain. On est bientôt arrivé quand mon téléphone vibre, Ipiu m'informant qu'ils faisaient pour l'instant rien de compromettant et qu'on pouvait passer rapido. Parfait.

"Piu m'a répondu, c'est bon. Une bonne douche mon rêve mdr-"

Je pouffe de rire tandis que je ne peux m’empêcher de sourire pendant que je l’écoute, clairement il est fier d’être un élève de sa Senpai favorite. J’ai pu voir une ou deux fois l’agilité d’Ariana et de ses pouvoirs et c’est fantastique à quel point sa maîtrise est imbattable. Leurs sessions d’entraînement doivent être très intéressantes.

« Tu seras incroyable, Erik. »

On est complètement submergés dans une vision embrumée d’amour qui oublier le monde entier à part nous. Il suffit d’un simple regard, d’un geste, pour m’emmener dans cette réalité si douce et chaleureuse. Pour tout simplement tomber dans ses bras. Tifa nous sort de là mais comment résister devant ses petits yeux brillants si adorables, je fonds. Choupette doit manger si ça se trouve on a dépassé son heure de diner.

« Merci de me rappeler que je dois me taper la vaisselle, répondis-je en roulant des yeux. On regardera ce qu’il y a en ligne et au pire on verra hein. OK faisons ça, comme ça personne ne sera déranger ! Première étape, nourrir Tifa, se doucher. Deuxième, allez à la maison pour se caler ! Si jamais je retrouve un peu d’énergie le temps qu’on se rafraichisse, je nous téléporterai pour ensuite m’affaler sur le lit je crois haha. J’espère vraiment que ça te plaira ce que j’t’ai préparé ! »

Puis, ouais, j’ai la flemme de marcher jusqu’à ma chambre OK ? Au pire je serais vraiment au bout de l’épuisement total mais si ça peut permettre de rentrer plus vite, ce serait pas mal. Présentement, je ne sais pas comment je fais pour rester debout, je suis en auto-pilote et la présence d’Erik m’empêche de m’endormir car je veux profiter de chaque instant avec lui, mais le moment où je poserai mes fesses sur le lit, ce sera fini je ne me relèverai pas.

Main dans la main, on s’avance vers sa maison dans l’obscurité de la soirée et je me remémore ma chance d’avoir Erik à mes côtés. Cette chance de pouvoir tenir la main de la personne que j’aime, qui me tendrait la main si je tombe au fond du trou, qui ensoleille mes journées, mes nuits. Je prends donc un instant pour le partager à Erik, lui dire que je l’aime avec une intention remplie d’émotion car mon cœur se réchauffe en même temps que les mots me quittent. Mon cœur loupe un battement quand il me regarde et qu’il s’arrête pour m’enlacer. Je deviens aussi pivoine que lui avant de fermer les yeux, la tête contre son torse. J’ai mal aux zygomatiques de sourire lorsqu’il m’embrasse le front et un très petit rire s’échappe dans un soufflement du nez. Les papillons éclosent dans mon ventre à chaque fois que j’entends ses sentiments, j’en implose de l’intérieur.

« Moh Erik… »

Les quelques instants passés ainsi semble durer plus longtemps. Puis finalement, on reprend notre route, la bonne nouvelle apparaît sur le téléphone d’Erik et et je suis contente d’apprendre que je vais pouvoir me doucher tranquillement, heureusement que j’ai un change dans mon sac. La trempette du lac a déjà permis de nous rincer un peu de la boue, la sueur et le sang de notre session cassage de tronche.

« Excellent ! On va essayer de faire ça rapidement pour pouvoir ENFIN se poser ! »

On arrive finalement à la maison et on salue Ipiu et Nath au passage. Je laisse Erik s’occuper de Tifa alors que je monte directement dans sa chambre. Interdiction de m’asseoir, sinon je ne me relève pas. Les bâillements s’enchainent et je me décide finalement à commencer la douche pour ne pas perdre trop de temps. L’eau bouillante me berce et, par mauvais réflexe, je ferme les yeux. Merci à la personne qui a inventé les douches. Merci. Mes muscles endoloris commencent vraiment à peser et je sens que mon esprit commence à partir dans le sommeil parce que je suis trop confortable sous l’eau. Je laisse ma tête sous le jet, une main sur le mur pour me maintenir debout. P’tain meuf reste éveillez fait un truc j’sais pas.
Finalement c’est une main fraiche dans mon dos qui me réveille, me faisant sursauter avec un petit cri. Je me retourne pour voir Erik, un sourire aux lèvres.

«P’tain tu m’as fait peur je t’ai pas entendu arrivé, promis je dormais pas ! »

J’ai déjà dit que je suis une très mauvaise menteuse quand je suis claquée ? L’adrénaline du sursaut me fait oublier un moment la fatigue. Je me retrouve à glousser devant le Morphe avant de lui voler un baiser. Après un bon décrassage avec quelques câlins mousseux, je quitte avant Erik pour le laisser se rincer une dernière fois. On a dit qu’on ne prendrait pas trop de temps alors les papouilles ce sera pour chez moi hein. Un nouveau bâillement m’échappe pendant que j’enfile des vêtements un peu plus confortables. Je suis flemmarde alors j’oublie le soutif pour ne mettre qu’un boxer, un short court et un tee-shirt noir classique en col rond. C’est un soulagement de se sentir toute propre, mais lessivée de la journée. L’interdiction de s’asseoir ou de s’allonger est toujours en vigueur car il faut encore se déplacer. Je prépare le restant de mes affaires avant de tourner en rond dans la pièce en attendant que mon amoureux soit prêt à y aller une fois qu’il sera changé. Les cheveux remis en chignon de façon random, j’offre un énième sourire à Erik sans le quitter des yeux. Parce que je ne peux pas m’en empêcher, t’es tellement parfait pour moi.

« Je crois que je serais capable de faire une ultime TP, j’pourrais pas marcher jusqu’à ma chambre… Quand t’es prêt on file mon amour. »

Si je ne mange pas prochainement, je vais vraiment m’écrouler putain. Je me fais boxer l’estomac par la faim qui vient me tordre de plus en plus. Mes cernes se creusent sous mes yeux je le sens, mes orbites me démangent et rougissent doucement par l’épuisement. Peut-être que j’aurais dû prendre un peu plus de protéines aujourd’hui. Mais j’ai hâte de pouvoir m’installer. On va pouvoir manger sur le lit, comme un pique-nique interne, ce sera parfait.

"J'ai absolument aucun doute sur le fait que ça va me plaire, t'en fais pas -"

Je souris à Nana, on se serre doucement l'un contre l'autre avant de repartir vers chez moi pour une douche bien méritée. Quand on arrive, on salue Ipiu et son copain, et pendant que j'remplis la gamelle de Tifa, Nana monte la première pour prendre sa douche. Je discute un peu avec les occupants de la cuisine, justifiant ma douleur au genou et ma fatigue à la Sensitive qui ne laisse rien passer. Heureusement que j'avais dit qu'on allait SE TAPER DESSUS quand même hein. Quelques papouilles à ma fifille, des gratouilles aux chats qui viennent dire bonjour et je monte à mon tour, lançant mon sac sur mon lit avant de retirer mes fringues et de les balancer dans le panier de linge sale.

toc toc toc

Je frappe à la porte de la salle de bain, doucement. Trop doucement, peut-être, il semblerait que le bruit de l'eau qui coule soit plus fort. N'ayant pas de réponse, je pousse la porte pour passer ma tête par l'entrebâillement. J'imagine que le fait que ça soit pas fermé est en soit une invitation en elle-même, alors j'entre. Je distingue la silhouette de ma petite amie au travers de la vitre embuée de la douche à l'italienne et je peux pas m'empêcher de sourire.

"'tain mais j'ai beau être crevé, j'ai pas besoin de mes pouvoirs pour savoir que l'eau est giga chaude. T'es Feu ou quoi j'vais commencer à me poser des questions-"

La pièce baigne dans la buée et la vapeur, des vitres aux miroirs, tout est recouvert d'un drap blanc translucide. Nana me tourne le dos, tournée vers le mitigeur de la douche, une main contre le mur. Je profite de la vue quelques secondes avant de réduire la distance entre elle et moi, passant une main dans son dos avant de venir l'embrasser sur la joue.

"Oui oui tu dormais pas, je te crois sur parole."

Tu ferras gober ça à personne mon cœur. Je tends le bras pour baisser un poil la température de l'eau qui, même si elle reste trop chaude à mon goût, a le mérite d'être SUPPORTABLE. C'est trop grave putain. J'pensais pas qu'être hot à ce point ça demandait tant de sacrifices. Des fois je me demande si ma petite amie elle a pas vendue son âme au diable pour être aussi fraîche, et qu'en échange c'est pas son âme qu'on lui a demandé, mais juste des douches à 70°C pour entretenir son corps infernal en lui rappelant la chaleur des enfers. J'sais pas. C'est juste une théorie. Mes mains entourent la Tonnerre, glissant sur son corps pendant que je l'attire toute contre moi, la peau nue de son dos en contact avec mon torse, et le la serre doucement, la couvrant de caresses en profitant de l'eau qui coule sur nous.

Ça fait un bien fou. C'est comme si l'eau chaude avait absorbé le peu d'énergie qui nous restait pour le recycler et nous donner un second souffle. Beaucoup plus longue qu'une douche ne devrait être, on a pris notre temps pour nous relaxer. Nous reposer. Profiter de la présence de l'autre, dans la limite du "il y a une Master Sensitive au rez-de-chaussée", évidemment. Nan parce que j'ai beau être éclaté, crevé de fatigue, vraiment, rien d'autre pourrait me couper l'envie d'être plus aventureux que ça avec ma petite amie. Si ce n'est le consentement, évidemment. Quand elle veut sortir pour s'habiller, je me contente de sommairement lui sécher les cheveux, faute d'énergie à gaspiller. Lui indiquant une serviette d'un geste du doigt, je tourne le bouton pour me manger une déferlante d'eau glacée dans la gueule, terminant de me sortir de cet état presque léthargique. BRRRRRrrrrrr ça pique sa mère. L'impression de me faire planter par des dizaines de couteaux ou d'aiguilles de 10cm de long. Mais ça fait tellement de bien putain. J'me sèche rapidement avec une serviette propre (et oui, c'est l'avantage d'en avoir rarement besoin) et rejoins mon amoureuse dans la chambre, enfilant un short et un maillot de baseball à peine trop grand depuis que j'ai pris du muscle.

"T'es sûre ? Ça va le faire avec le sac et tout ? Okay attends-"

Dans un ultime effort, je me change en petit chat tout blanc et me glisse dans le sac de sport de la Tonnerre, miaulant quand je suis prêt. J'sais pas si ça change grand chose mais ça fait théoriquement moins à téléporter ? J'sais pas trop comment ça marche en vrai faudrait que je me renseigne un peu plus, pour le prochain combat-

Évidemment qu'Erik ne me croit pas. Son sarcasme me donne un sourire jusqu'aux oreilles, parce qu'on se connaît suffisamment pour voir les petites mimiques cachées ou les comportements sur certaines situations. Il y a ce ressenti que cela fait des années qu'on sait tant de choses de l'autre alors qu'on parle de quelques mois seulement. L'expression ''lire en quelqu'un comme dans un livre ouvert'' fait son sens dans notre relation. Beaucoup de choses sont encore à découvrir, bien sûr, mais on est déjà sur le bon chemin. Et c'est ce qui amplifie mon amour pour Erik à chaque jour, cette beauté d'être simplement soi-même avec l'autre, d'aimer et d'être aimée en retour sans avoir à jouer un jeu de rôle pour plaire. Juste du naturel qui relie nos cœurs par le fameux fil rouge du destin.

Le corps en feu par la forte température, les degrés retirés par Erik ne me dérange pas car ils se remplacent vite par sa présence contre la mienne. Nos mains viennent redécouvrir nos peaux dénudées tout en profitant d'un long enlacement doux et affectueux. On s'enferme de nouveau dans notre bulle et je ne suis pas loin de pouvoir m'endormir debout, relaxée contre mon amoureux sous une eau chaude qui me serre de couette.

Finalement je laisse le Morphe terminer sa douche et prépare le tout pour le départ afin de ne pas déranger plus longtemps le couple de Master. Une fois qu'il est prêt, j'hoche la tête vigoureusement pour dire ''oui t'inquiète, j'vais juste m'écrouler après mais pour un dernier effort je suis capable''. Mes yeux pétillent devant ce chat si adorable qui vient s'installer confortablement dans mon sac de sport. Nfrjghnvrujr je fonds. Oui les chats ça me touche fort OK? On le sait déjà. Je me pince les lèvres, excitée comme une gamine, pour venir grattouiller la tête d'Erik entre ses deux oreilles avant que mon index vient caresser son petit cou.

« Qu'est-ce que t'es chou comme ça. »

Je ramasse les dernières affaires et, soigneusement, je porte mon sac contenant le félin. Il est petit, c'est plus facile qu'un grand humain à téléporter. Une dernière fois. Juste une. Demain ce sera une journée sans pouvoirs pour compenser. Ça ne sera jamais plus pesant que pendant la mission mais PFIOUH, j'en peux plus. Je plisse mais ne ferme pas les yeux pour me concentrer. Ma chambre. Juste ma chambre. Simple et efficace. Mes iris clignotent tandis que je pompe dans mes réserves, ça me prend de longues minutes mais finalement j'arrive à nous transporter en un claquement de doigts. Je sens l'air pendant le déplacement me caresser le visage. Je rouvre mes paupières, soulagée d'avoir réussi. Mes jambes me faillissent de peu mais je prends le temps de déposer les affaires à terre, faisant descendre le minou par la même occasion. À peine je laisse le dernier sac toucher le sol, je me laisse tomber sur le lit pour m'asseoir brutalement sur le bord. Je soupire de fatigue et me frotte le visage au complet par la paume de ma main. Je rangerai tout demain. C'est pas important.

« J'ai vraiment atteint mes limites là. »

Je tends le bras pour ramener à mes pieds le sac-cabas contenant la nourriture. Dans un dernier effort non contrôlé je le pose derrière moi, le rebond sur le matelas renverse le sac mais pas l'intérieur des contenants. Au moins c'est sorti y a plus qu'à se servir. Puis on s'en fout du drap. Ça se change.

« Installe-toi, baillais-je, on aura pas pique-niquer dehors mais au moins on l'aura fait en intérieur! »

Une fois qu'Erik se pose, je me force pour me mettre proche de lui, le dos contre la tête de lit. Mon large sourire s'est réduit pour ne rester qu'en coin. Faut au moins que je mange quelques trucs avant de me laisser tomber dans les bras de Morphée, et de mon petit-ami.

« Serre-toi, prends ce qui te plaît! Tout est là, nourriture, vaisselle, boisson? Je crois que j'ai rien oublié... Honneur au gagnant de la journée.»