Mais genre zéro pudeur, je vois bien où elle veut entrainer mes pensées et c’est juste un nope. Les visions de Nathanaël en sous vêtement et moins, c’est pour moi et pas pour elle. Je force mon esprit à l’entrainer vers le dernier épisode de Pipoudou. Niveau sexy, on repassera, le petit hamster rose à la teub qui se balance au vent et à la voix de Oui-oui, ne m’évoque rien d’autres que des rires. Et non, merci de ne pas demander comment j’ai découvert.

Et p’t’être qu’elle arrêtera de suivre les préceptes d’Athéna. Putain. La Datura, c’est vraiment merdique, genre ça pourrait foutre en l’air tout mon traitement… Bon c’pas urgent, urgent. Par contre elle douille sa mère. L’ALOEVERA. PENSE A L’ALOEVERA. ET JE M’APPELLE IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU !

Bon, le moove de me suspendre selon la tradition chrétienne dans les airs je ne suis pas fan du tout. Genre. DU TOUT. Déjà parce que je me demande quelle est la culotte que j’ai mise aujourd’hui… J’crois que c’est celles avec les pikachus, si c’est elle ça va, ça passe. Si s’en est une avec des fruits ou des légumes suggestifs (non pas de questions sur ça non plus merci), là ça craint. Bon au pire. Osef.

Je suis toujours protégée par mon armure magnétique, et à priori pour l’instant elle ne tente pas de me couper en deux, ce qui est plutôt urbain de sa part.

« Hey, c’est quand même un peu drôle de se dire que tu m’as soulevée ! »

Bonjour, maintenant j’en ai marre de la flemme, alors un peu d’amusement, d’humour et un soupçon de rigolade. C’est quand même un peu sympa si elle rigole tout plein. Et j’aime bien me sentir drôle.

La surprise de sa vie quand elle apprend qu'Alice va être Masterisée, elle aussi. Alice !! Master ! Bon ça paraît être une évidence que ça n'allait pas tarder, vu le passage de Nicolas l'an dernier, mais quand même. La poitrine d'Aria se gonfle de joie alors qu'elle mange son petit déjeuner — à toute vitesse, d'ailleurs, elle manque presque de s'étouffer. Elle n'a pas dormi de la nuit, qu'elle a passé à se tourner et retourner dans son lit, et imaginer tous les scénarios possibles pour cette Masterisation. Faut dire qu'Aria a toujours été plutôt excitée quand il s'agissait des Masterisations de ses copains (et tout le monde sait que la moitié de Terrae entre dans cette catégorie). Elle a passé la moitié de la soirée à préparer ses banderoles, et le lendemain matin à rassembler des bonbecs, le porte-voix (faut vraiment que vous le lui enleviez hein) recouvert de stickers rose et des lance confettis (bio-dégradables, elle respecte la nature, elle !! avec un peu de chance, l'entièreté du sol de l'arène serait recouvert de fleurs d'ici 15 jours gnarkgnarkgnark).

Tout ça pour dire qu'elle s'agite en même temps que ses super copains, banderole en main, porte voix dans l'autre, sautillant sur place. Hyper drôle comme défi, ça change !!!

Enfin, sautiller et beugler dans le porte-voix, ça c'est au début. Après, il a l'air de se passer des trucs, mais alors franchement quoi, c'est un mystère. Un peu blasée, Aria se penche sur la rambarde avec ses jumelles (et manque de tomber) en gonflant les joues. S'enfoncer dans la Terre c'est classe, vraiment, mais alors là…

—J'avoue, il se passe quoi là ?!! Je vois rien !!! Salut Asb !! salue-t-elle son ami sans quitter des yeux le centre de l'arène.

Puis elle tourne la tête en captant la petite voix. Wait. C'est qui ce mioche en très très gros plan ? Ah, enlever les jumelles… Ouais c'est mieux comme ça. Encore un gosse avec les yeux chelous, super…

Elle reste cependant attentive quand son meilleur copain fait le résumé. Comment il arrive à savoir tout ça ?!! Ca la dépasse, travailler avec l'énergie et les auras, tout ça, c'est pas trop son truc. On se souvient de sa période désastreuse en tant que sensitive, hein. Ariana s'affale alors contre la rambarde et pose sa joue contre son bras. Elle ne doute pas qu'Alice puisse réussir haut la main ce défi, mais c'est vrai qu'elle aimerait pouvoiur en voir plus, scrogneugneuh. Ca a l'air de chauffer sec pour elle cela étant. Elle inspire, observe, fronce les sourcils et reprend ses jumelles… Et puis d'un coup ça explose !! Aria sursaute dans un cri et se penche à nouveau en avant (décidément…) avant de reprendre son mégaphone pour envoyer des encouragements à Alice qui a l'air un peu blessée… Heureusement que les autres s'occupent du garçon, sinon elle lui aurait déjà dit de se taire et encourager Alice plutôt omg !!!!

Allez, allez, allez !!! Elle y est presque, là, c'est s- MAIS POURQUOI IL BEUGLE L'AUTRE OMG (se dit Aria avec son mégaphone encore collé à la bouche).

SUSPENDUE DANS LES AIRS OHLALA !!! MAIS TROP CLASSE !!! Aria secoue le bras d'Elwynn avec enthousiasme et lance des regards à ses autres copains. Adé, ta meuf est badass.

—Mais comme elle DÉCHIRE !!!!

Bon vas-y là, achève-là !! Euh, mince c'est pas ça le défi, c'est vrai…
Pauvre Chantal quand même. Euh, Ipiu.
Donne toi à fond pour survivre hein ok ?!!

J'étais en train de faire l'inventaire, vérifiant les dates de péremptions des médicaments de base qu'on avait à l'infirmerie. Je suis déconnectée, un peu, depuis la mort de Roda... mais quand je travaille, je sens plus mon statut d'Étoile, mon chagrin, mes questions... Je suis juste présente. Ce qu'est une plaie, mais je suis trop occupée pour y penser. J'étais du matin aujourd'hui, accompagnée d'une autre collègue... Midi était passé et elle se préparait à la pause déjeuner, moi je voulais terminer ce tableau Excel maudit. :

-Chrys ? Tu ne vas pas voir la Masterisation à l'Arène ?

-Il y en a une aujourd'hui ? Je ne savais même pas...

Je marmonne, sans trop y penser plus. J'aime pas les combats, même quand... ...Senri m'a invitée à voir la dernière en date, je n'avais pas osé y aller. Pourtant ma collègue insiste. :

-Je croyais que tu étais amie avec Alice ?

-...Alice. je marque une pause, ne réalisant pas tout de suite avant de me lever d'un coup. OH BON SANG ALICE ?? Comme... Alice Borges ?!

Elle sourit pour toute réponse... et je panique, mains sur mes tempes. :

-Mais j'ai pas fini de-...

-Chrys, va la voir. Tu finiras demain.

Faut pas me le dire deux fois. J'ai pris mon manteau, j'ai couru vers la porte... avant de faire demi-tour et prendre mon sac que j'avais failli oublier, tout en remerciant ma collègue à chaque pas.

J'ai tellement peur des combats de base, imaginez-moi en train de visualiser un combat de Masters... Ça me terrifie. Mais c'est Alice. C'est ma sœur. Elle a été là pour moi. Je veux être là pour elle.

Je crois que mes pouvoirs m'ont aidée, à mi-chemin, poussée par les vents je courrais tellement vite que j'avais l'impression que tout était flou autour de moi. Jusqu'à l'Arène... cette arène où je n'ai jamais osé mettre un pied, j'y entre comme si c'était chez moi. J'arrive en haut des gradins et je vois que ça a déjà commencé... qu'Alice sort de son cocon de terre et maintient une femme que je ne connais pas... je vois à son expression, même si elle paraît toujours si calme, qu'elle lutte. Elle combat à l'intérieur. Je me précipite en avant, descendant les marches à toute vitesse. Mes hanches percutent la rembarde si fort que je manque de basculer en avant... Je crois qu'un spectateur me rattrape à temps, mais je l'ignore pour mettre mes mains autour de ma bouche et hurler aussi fort que je le peux, à m'en faire mal. :

-VAS-Y ALIIIIIIIIIICE !!!!

Je comprends pas tout ce qui se passe mais ce n'est pas important... Je me souviens de ses mots... quand Lag était encore vivant, pas tout à fait mort... :

-TOUT IRA BIEN ! TU PEUX COMPTER SUR MOI ALORS... COMPTE SUR TOI !

__–Masterisation ? Alice ? Arène ?
__–Est-ce que ça fait de moi une mauvaise personne si la première chose qui m’est venue en tête, c’est d’aller y vendre des consos ?
__–Vu le soleil qu’il fait aujourd’hui, pas tellement en vrai.
__–Non après comprenez-moi bien, Alice je l’aime bien c’est pas la question – qui ne l’aime pas – mais voir un combat de master… c’est une occasion unique à ne pas manquer et… euh… oui bon d’accord je n’ai strictement aucune excuse pour ne pas y aller. Y’a aucun client en plus, tout le monde est parti voir ça. J’ai même donné un jour de congé à Kaiko et Katsuyo en prévision.
__–Donc ben. Me voilà. Dans l’arène. Avec un énorme étal portatif couvert de boissons diversement alcoolisées. (Y’a pas à dire, c’est pratique pour ça d’être titanide, j’ai facile de quoi désaltérer tous ceux qui sont présents.)
__–Entre deux ventes, j’en profite pour regarder le combat. Pour le moment il ne se passe pas grand-chose, ou plutôt, tout se passe sous terre. C’est pas plus mal, les gens peuvent ainsi se concentrer sur autre chose, comme ce qu’ils veulent consommer. Heh, j’avais déjà prévu d’offrir une tournée à Alice la prochaine fois qu’elle passerait, elle aura droit à deux vu les bénéfices qu’elle me fait engranger.
__–Un attroupement se forme autour de ce que je reconnais être Nicolas, Elwynn puis Ariana. Je m’approche et là, ça pète de partout. Ah bah, ce que ça peut faire une Étoile au maximum de sa puissance. Croyez bien que mon cerveau fonctionne à tout allure et prend des notes. Nicolas doit savoir ce qui se passe dans leurs esprits à toutes les deux, moi j’arrive à comprendre ce qu’elle fait avec ses pouvoirs de Terre. C’est très, très impressionnant là aussi. Maîtrise, puissance, finesse, petits ajustements, subtilité, coopération totale entre terre et plantes. Je suis encore très loin d’être à ce niveau.
__–Ah ben d’ailleurs Nico était en train de commenter quand… ouh, ça doit faire mal ça, ah ah ah.
__–« Qui veut boire quoi par ici ? Bière, Nico ? Elle est fraîche, tu pourras la caler sur ton nez. »
__–Ouais j’ai bien fait les choses. Une bonbonne de gaz sur le dos, un mini-frigo qui occupe un bon tiers de mon étal et un prix un peu plus cher que les boissons à températures ambiantes. C’est un peu lourd, j’atteins les limites de mes pouvoirs, mais tout est bien équilibré, je peux porter ce fatras encore un petit moment.
__–« Salut Aria, jus de tomate pour toi ? »
__–Rapport au fait qu’elle a littéralement rougi quand on s’est vues la première fois, m’voyez. Toujours là pour être gênante.

Nico nous explique ce qui se passe et DAMN c'est chaud. J'savais qu'Alice s'entrainait souvent avec lui mais au point qu'il arrive à gérer autant pour choper les infos et bosser sur les auras, c'est un ouf. Et Alice aussi. Elle a l'air de se débrouiller. Tout le monde à la surface attend un peu et semble déçu. Moi j'trouve ça dingue. Genre. La terre pour elle, c'est comme la surface de l'eau, elle y plonge, c'est chez elle. Insane. Aria se sert plus du haut-parleur, et ce Aylan m'assaille de question. Je baisse les yeux vers lui et lui répond pendant l'acalmie aussi tranquillement que possible.

J'm'appelle Elwynn. Tu peux m'appeler El' si tu préfères. Alice c'est une copine à moi, on s'entraine ensemble et on fait des clubs aussi. J'suis persuadée qu'elle va gagner, pas toi ? Ouais, Télépathe. Moi j'suis Eau Morphe. Toi t'es quoi ? Chantal elle est Tonnerre Sensitive. Et je sais pas pourquoi Alice l'a choisie, tu devrais lui demander toi quand elle aura fini.

J'aime bien les gosses avec de l'énergie, ils sont marrants. Comme Lottie quand elle se prend des coups de déter là. Je salue Asb en le checkant, tout le monde est là pour Alice et c'est génial.

Et puis ça explose. Ca surprend tout le monde, Aylan me vrille les tympans, Aria ausis mais Aria j'm'y attendais. Y a aussi euh... Chrys ? J'crois ? Une meuf qu'Alice a dans le coeur en tout cas, elle hurle à tout faire trembler. J'allais gueuler à mon tour mais y a Luna qui débarque avec des gigas bières et elle propose à tout le monde sauf à moi.

Ah ouais et tu proposes pas aux fidèles ? Bah su-...

Je bloque, fronce les sourcils. What... Alice ??? WHAT MAIS. Ok. Je me tourne, me colle à Aria pour gueuler dans le haut-parleur avec elle.

ALORS CHANTAL ON FAIT MOINS LA MALINE OU QUOI !!! HEIN CHANTAL !!

Alice se bat un moment pour forcer les pensées de Chantal, mais elle voit bien qu'elle refuse en bloc. Elle répugne aussi à fouiller dans ces pensées et ces souvenirs-là, mais elle doit la déstabiliser, entrer dans sa tête plus loin encore. Chantal résiste, alors même qu'elle se base sur des souvenirs qu'elle a vu chez Nathanaël, ce qui la révulse d'autant plus. Mais Chantal bloque. Pendant qu'elle bloque, elle se glisse sur les côtés, cherche d'autres ouvertures sans la brusquer pour gagner du temps. Elle sait qu'elle ne peut pas faire ça éternellement. Et son bras la brûle. Chantal doit le sentir parce qu'elle pense très fort à de l'aloe vera avant de marteler son nom, qu'Alice s'efforce d'entre-couper avec des Chantal. Elle ne pourra pas prendre le temps de faire de l'huile de millepertuis en pseudo-combat, ni utiliser la calendula, elle opte pour l'option que lui propose Chantal.

Merci Chantal.

La plante pousse directement sous la couche d'argile, s'écrase sur son bras, sans qu'elle fasse trop d'effort. La douleur ne va pas s'en aller comme ça, mais elle continuer, ne jamais s'arrêter. Elle essaie de calmer tout son corps et son esprit, de se concentrer de nouveau sur la Master et continuer de s'insinuer dans les barrières déjà franchies, tout en martelant des Chantal. L'avantage avec elle, c'est qu'elle en a vite marre et qu'on ne s'ennuie jamais. La preuve en est qu'Alice reçoit de plein fouet la vague d'amusement. Elle éclate de rire. Entend au loin ses amis qui lui crie des encouragements.

Eh, on peut s'amuser non ?

Continuant son chemin lent et fastidieux dans l'esprit de Chantal, Alice la prive de la brève vague qu'elle envoie, nourrit par l'amusement et le rire, à tous les spectateurs.

Merci à tous, criez-lui Chantal ! Chantal, ça lui va bien non ?

Personne n'a précisé dans les règles qu'avoir des amis aidants était interdit. Elle se reconcentre sur Chantal, lève la tête vers elle en lui souriant. Elle plonge un coup, cherche dans ses propres souvenirs, creuse dans toutes ses ressources. Ipiu est résistante, elle ne pourra la convaincre qu'en allant loin. Si les souvenirs intimes ne fonctionne pas, il faudrait la troubler encore plus. Elle creuse doucement, se fait repousser, continue, et martelle en face, se cogne à ses barrières pour l'épuiser comme elle s'épuise à le faire. Elle finit par répondre à sa blague.

J'espère que ça te gène pas trop, contente qu'on puisse déjà en rigoler Henrietta... Chantal.

__–Elwynn qui répondait à son bombardement de questions par un autre ?

Aparté :

__–Quelqu’un avec un mégaphone qui voulait jouer à qui crie le plus fort ?
__–Chrys dans l’assistance ? (De quoi lui faire penser quelque chose comme « CHRYS TROP COOL ’FAUT QUE JE LUI EN PARLE APRÈS », mais il ne pouvait pas hurler tout ce qui lui passait par la tête.)
__–Une nana qui ramène à boire ?

__–Ce n’était pas un combat. C’était le paradis.

__–Ses excuses à l’attention de Nicolas à peine finies, Aylan s’échappa de ses jambes et se concentra quelques instants. Il y avait beaucoup, énormément de choses qui accaparaient son attention, trop de signaux de partout, d’excitation, de cris, de gens. Étant tout à fait l’inverse d’agoraphobe, il devait se concentrer pour ne pas être emporté par l’énergie de la foule. Pas tout de suite. Il y avait plus important à faire.
__–Quoi donc ? Hé bien, Luna avait proposé des boissons.
__–Mais devoir payer ? Ne soyez pas obscène.
__–Aylan généra un léger courant d’air, un discret souffle, une infime brise circulaire, autour d’une cannette de coca. Juste assez pour la faire trembler, pour pouvoir la visualiser. Et en contrôler la force. Faire décoller la cannette.
__–Ah, un peu trop fort. Au lieu d’être délicatement surélevée, elle fut projetée comme un missile, puis perdit de l’altitude. Aylan la poursuivit, dépassa un rang de siège, sauta… atterrit d’un bond sur la rambarde séparant les spectateurs de l’arène, attrapa sa boisson… et se rendit compte de sa position. Juste devant tout l’attroupement concentré autour de Nicolas. Qui le regardait autant lui que le combat qui se déroulait en arrière-plan.
__–Uh uh.
__–Aylan sourit.
__–Et Alice qui donnait des indications. Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
__–« HÉ LES GENS ! VENEZ ON L’ENCOURAGE ! CHANTAL ! CHANTAL ! CHANTAL ! CHANTAAAAAAAAAL ! »
__–Bien sûr, alors qu’il hurlait cela, il agitait son bras en rythme, ayant déjà oublié qu’il avait une boisson sous pression dans la main. Une surprise pour plus tard.

Il avait dû être le plus surpris dans la foule quand Alice explosa, littéralement… Parce que ça avait été si soudain qu’il n’avait même pas eu le temps de percevoir son idée. C’était la limite de leur lien, probablement, mais ça le rassurait énormément quelque part. L’instant suivant, il avait été complétement assourdi et sonné d’un coup de poing au pif du gamin, Aylan, sur ses genoux. Un Sonore sur ses genoux, il l’avait cherché. Pourtant il a juste vérifié qu’il n’avait rien de trop cassé, a souri au petit avant de lui tapoter le dos. :

-C’est rien. Va l’encourager…

Et il s’est pas fait prier. Non sans avoir tenté de piquer un soda à Luna… Luna qui OOOH LUNA EST LA ! Avec de la bière ! Oh fuck, il y a autant d’action dans l’arène que dans les gradins, il est un peu perdu sur le coup. Ça ne l’empêche pas de sortir son porte-monnaie. :

-Tu me connais trop bien, merci ma belle. Je paye pour le p’tit aussi.

Tout ça sans rien rater de l’explosion, de l’éclat de rire d’Alice et de son appel au public d’encourager Chantal… Sa bière en main, il jette un regard à Adélaïde qui est totalement concentrée sur son âme sœur… Elle doit être tellement fière.

Alors il se lève, plaçant Aylan à sa place, et puisqu’il n’a pas les capacités d’un Sonore pour se faire entendre, se pose juste à côté d’Aria à la rambarde. Il ne lui prend pas le mégaphone des mains -c’est son outil d’encouragement ultime de la Cool Patrol eh- mais il colle sa joue contre la sienne et, lui aussi, se met à hurler. :

-TATA CHANTAL ! J’TE PROMETS DE PLUS RENDRE MES LIVRES EN RETARD ! VAS-Y CHANTAL !

Est-ce qu’utiliser ses potes (QUI EN THEORIE SONT AUSSI LES MIENS CETTE BANDE DE RACLURE DE BIDETS !) pour faire du forcing de pensée, est-ce que c’est legit ? Non. Si. Clairement, c’est le super pouvoir d’Alice, rallier tout le monde à sa cause. C’est pour ça qu’il nous la faut chez les masters. Elle pourrait vraiment rassembler (et p’t’être foutre Hideko à la retraite. Ok je vais un peu loin, et faudrait que je me concentre sur ce qu’elle fait. J’avoue que l’idée de juste répondre « oui c’est moi » et de la laisser gagner est tentante, mais je sais aussi qu’ils le sauront. Sa victoire doit être réelle et totale, sinon elle n’a aucun sens.

ET JE M’APPELLE IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! Chantal, IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! Chantal, IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU ! IPIU !

Je sens qu’elle creuse plus profondément, ne s’attaque plus à celle que je suis, mais à la façon dont je le suis devenue. C’est malin, et d’une certaine manière plus simple, en attaquant les bases, on peut faire s’écrouler la construction. C’est smart, mais ça manque encore un peu d’effet de pyrotechnie. Pour faire bon genre je lui envoie quelques boules lumineuses (mais surtout électriques, ce ne sont pas des grosses charges, juste de quoi la chatouiller un peu et la déconcentrer si elle ne les évite pas, mais elles brillent bien. Faut qu’elle ait la classe, mais pas qu’elle se fasse mal.

Je sais qu’elle répugne à ce qu’elle est en train de faire, j’imagine que je devrais exploiter ce sentiment… Je réfléchis juste à comment bien le faire. Être master c’est parfois faire des trucs qui nous répugnent pour le bien de tout le monde. Non. C’est même simplement être adulte. Je la laisse entrée un peu, lache du lest sur certains points, et l’entraine vers certains souvenirs violents du temps où j’étais Henrietta, les accompagne d’un sentiment de dégout profond, et les soupoudre d’un grand désintérêt. A quoi bon continuer le combat si c’est pour ça ?

Je sais qu’elle peut dépasser cette barrière… Mais je ne suis pas certaine qu’elle en ait envie.

Il n'est pas certain qu'Alice entende les pensées de son amie la concernant, ou alors elle les enterre très bien pour l'instant, elle aurait trop gênée d'y penser trop longtemps. Elle se concentre sur ses charges, son souffle, ses forces qui commencent à lui faire comprendre qu'il va falloir y aller. Elle ne peut pas gagner sans se dépasser. Elle a déjà la sensation de dépasser ses limites, mais elle peut aller plus loin. Elle doit aller plus loin. Elle se félicite à nouveau d'avoir choisi Chantal.

La Master passe à l'attaque à son tour, et c'est bien fair play après l'idée d'Alice. Elle croise le regard de la Tonnerre, sourit, un peu fatiguée, mais c'est le jeu. Elle prépare ses esquives et ses défenses, espérant que les charges ne soit pas trop violente. Et puis elle sent que Chantal résiste moins, la laisse entrer. Elle est surprise, se méfie, se raccroche un peu à ses attaques frontales et les racines qu'elle a lancé sur les côtés. Chantal fait comme elle : accepter la proposition de l'autre, et l'y amener loin.

Très loin. Pas là où Alice aimerait être. Elle avait déjà vu, mais la violence des souvenirs la frappe de plein fouet, et la vague de dégoût lui donne un haut-le-coeur violent, elle pose sa main sur sa bouche, se retient de vomir. Elle coupe le contact visuel, monte des barrières pour la première fois. Pourquoi se battre si c'est pour souffrir autant. Quel intérêt. Elle est tentée de se retirer des pensées d'Ipiu, de relâcher la pression.

Adélaïde, Chrys, Nicolas, Ariana, Elwynn, Asb, tous ses amis sont en train de hurler à tue-tête pour l'aider. Elle se secoue un peu, frappe son bras pour réveiller un peu la douleur, s'accrocher à son corps. Elle ne peut pas relâcher maintenant. Elle lève la tête et... Elle avait oublié les boules électriques. Elle cligne des yeux, le temps de réfléchir. Elle se plante dans le souvenir le plus violent d'Henrietta, serre les dents, durcit son regard.

Elle ouvre la paume de ses mains, se laisse engloutir par la terre rapidement, comme un ascenseur très rapide, se déplace déplaçant la terre autour d'elle très rapidement pour ressortir plus loin. Elle ressort à l'autre bout de l'Arène. Elle est toujours là, dans ce souvenir qui n'a pas besoin qu'on la titille plus pour la faire vomir cette fois-ci.

Quelle idée tu as d'avoir une vie pareille Chantal.

Elle s'essuie la bouche du poignée, essaie de retrouver son souffle. Elle tord le souvenir, efface le prénom Henrietta, le remplace par Chantal. Essuie la sueur de son front. Elle lève les yeux vers elle de nouveau. Fatiguée, en sueur, la bouche pâteuse, le bras qui la lance, elle n'a pas encore mal à la tête : il n'est pas encore temps d'arrêter.

Tu crois pas qu'il est temps de s'arrêter, Toumaï ? Chantal ? Tu crois pas Chantal ?

Elle a déjà vomi, mais ce qu'elle fait la répugne d'autant plus. Elle va loin, très loin. Sortir un prénom qui pourrait être sensible. Affirmer qu'elle sait. Affirmer qu'elle peut continuer. Elle creuse, attrape des souvenirs douloureux qui lui donnent envie de pleurer, où les gens l'appellent Chantal, des gens qui n'existent plus, n'ont jamais existé, qui ne lui importait pas, ou peut-être qu'ils lui importaient, Alice les sort.

T'es pas fatiguée Chantal ? Parce que moi j'suis crevée, Chantal.

Elle ouvre toutes les vannes de sa fatigue, réfrène le reste, garde sa détermination pour elle autant qu'elle le peut. Elle se penche du côté des racines de ce qu'elle pense là, tout de suite. Les voix de ceux qu'elle connait, qui lui crie des encouragements au doux noms de Chantal, se mêlent doucement aux voix de celles et ceux qui ne sont plus.

__–Ah ah, Elwynn.
__–« J’allais y venir, tu veux qu— Ouah ! »
__–J’ai eu à peu près la même réaction que tout le monde. Et déjà on m’assaille de commandes, un instant mes loulous, je sors mon téléphone… le cale là… appuie sur enregistrer… voiiiilà c’est bon je suis à vous. Non mais, rendez-vous compte. Alice fait des trucs avec mon pouvoir que je ne pensais même pas possible, en fait. Je vais étudier ses mouvements et tenter de les reproduire comme quand j’étais gamine devant les films de Jackie Chan.
__–Du coup, j’encaisse Nico… et le petit ? Quel petit ? Ce petit qui est un peu trop proche du bord pour que Nico ne l’attrape pas pour le mettre sous son bras au calme ? Ben quoi ce petit ? Est-ce que ça a quelque chose à avoir avec la cannette qu’il agite dans sa petite pogne ? Huh, soit. Je l’ai même pas vu faire, il est fort. Ou je suis trop teubée pour l’avoir remarqué, ça fonctionne aussi.
__–Par contre ils en envoient des décibels ici punaise, ça fait pas du bien aux oreilles. Heureusement que je suis un peu derrière tout le monde. Et puis, quand il y a trop de bruit pour que ce soit supportable, il faut en rajouter, c’est connu :
__–« CHANTAL ! CHANTAL ! CHANTAL ! CHANTAL ! »
__–N’empêche, hurler, écouter les commandes des gens et me concentrer sur le combat, c’est chaud de tout faire en même temps. Surtout qu’Alice envoie du très très gros spectacle. Je ne savais même pas qu’on pouvait faire ça avec la terre, genre y nager dedans comme elle le fait. Moi qui ai une petite idée de ce qu’implique le déplacement de cet élément, ça me rend ouf je vous jure. J’essaie d’imaginer comment elle s’y prend et ça me fait comprendre l’écart juste dingue de niveau entre nous deux. Surtout qu’en plus, elle livre le combat sur le plan mental, maintient Ipiu – pardon, Chantal – en l’air, pare ses attaques… ’faudra très sérieusement que je pense à reprendre l’entraînement avec elle si elle accepte, on s’était déjà vu il y a une paye pour cette raison, ça vaudrait le coup de reprendre. Elle aurait deux-trois trucs à m’apprendre sur comment être aussi multi-tâches, déjà. Perso’ j’arrive pas à faire plus de deux trucs en même temps avec ma magie.

On pourrait s'arrêter là, je sais qu'un des deux prénoms que tu as utilisé n'est pas le mien, mais je ne sais plus lequel. Alors j'ai envie de rejeter les deux, et ça fait mal. Ne plus reconnaitre la seule chose que mes parents m'ont laissé, la confondre avec... Non. Alice, tu n'aurais pas changé cette chose importante, je ne sais pas si ça te rend prévisible mais ça te rend toi. Même ici, même alors que ton avenir est en jeu, tu sais les limites que tu ne veux pas franchir.

Tu sais. Beaucoup de choses. Tout. Est-ce que le défi est rempli ? J'en suis pas certaine, et je sais que tu rebutes à ce que tu es en train de faire... Réécrire une personne, un nom, ce n'est pas grand chose, et pourtant il nous définit autant que nous le définissons. Quelque-part, t'es tombée sur la mauvaise master, celle qui cherche jusqu'où tu peux aller sans te perdre. Je crois que tu as dépassé tes limites, mais je ne suis pas certaine que tu ne puisses aller plus loin.

La question qui se pose est la tienne : T'es pas fatiguée Chantal ?

Non, je ne suis pas fatiguée, ces souvenirs que tu découvres je les connais depuis longtemps. Le temps les a sans doute déformés, certains se sont amoindris, d'autres ont pris plus d'ampleur. Je peux maintenant leur faire face. Mais tu as raison, je suis fatiguée.

"On peut s'arrêter-là, mais tu leur dois un beau final non ?"

Chantal m'évoque pleins de souvenirs, et je n'arrive pas à me souvenir du prénom qu'il remplace. Le défi est rempli j'imagine. Je fatigue, je me sens lasse. Ses attaques mentales incessantes sont épuisantes. Je lui envoie une dernière salve de boules lumineuses, les chargeant assez pour qu'elles explosent au moindre contact.

Alice le sait, son amie n'est pas celle qu'on fait ployer d'un claquement de doigt. Elle est déterminée, changeante, s'adapte à tout même si elle dirait sûrement le contraire, elle est forte et encaisse beaucoup plus qu'on ne pourrait croire. Alice ne l'a pas choisie pour rien. Elle lui faisait confiance pour lui donner un défi à la hauteur d'une Masterisation, qui la mettrait en difficulté. Mais c'est une chose de le savoir, et de le vivre. Elle s'en veut terriblement de ce qu'elle est en train de faire. Mais elle le fait, elle doit remplir le défi, c'est elle qui le lui a donné.

Chantal lui assène qu'elle leur doit un beau final. Alice sourit un peu, avant de serrer les dents. Ok. Elle l'a entendue, elle sait qu'elle l'encourage depuis le début, comme tous ceux restés dans les gradins, elle les entends crier, hurler, penser. Elle les entend. Mais tant que Chantal ne sera persuadée que le défi est rempli, persuadée jusqu'à la moelle, le défi n'est pas terminé. Elle cligne des yeux, qui ne sont plus bleus mais marrons, un marron chaud.

Elle s'attaquait déjà à tous les souvenirs qu'elle trouvait, elle s'attaque à ceux qu'elle connait, revenant à sa technique de départ, mais tout en même temps. Elle se force à aller partout, les souvenirs les plus simples, les moins importants, les voix qu'elle entend là en direct, elle s'attaque à tout.

Les boules arrivent sur elle. Elle ne lâche pas l'esprit de la Master, elle va devoir redoubler d'effort. Elle ferme les yeux forts, des larmes en sortent, de grosses larmes, secouée par les souvenirs, les sensations, les images, les phrases horribles, rebutée par ce qu'elle fait, par l'étendue des possibilités qu'elle a toujours su être en elle, par la vulnérabilité qu'elle montre à son amie en prouvant, réellement, cette chose un peu tacite des Télépathes : elle sait. Beaucoup trop de choses. Elle sait.

Elle n'a aucune idée de la charge des orbes qui lui foncent dessus, mais elle ne peut pas compter sur des petites. Elle ne sait pas si elle aura la force d'y aller de front, envoyer un mur de terre et le faire sauter. Et puis elle se blesserait sûrement.

Elle fléchit les genoux. Elle n'est pas sûre de cette technique non plus. Elle se rappelle de ses entraînements multiples, notamment avec Ariana et Elwynn. Elle peut y arriver. Elle saute, et se propulse en même temps avec un morceau de terre sous ses pieds, décolle très haut, pendant qu'elle recouvre Ipiu d'une couche de roche pour la protéger. Dans le même mouvement, elle fait sortir d'immense monceau de terre qui fonce comme des pacman sur les orbes. Depuis les airs, toujours dans sa montée, elle ferme ses mains. Les pacman de terre se referme et explose bruyamment, empêchant toute conduction ailleurs qu'à l'intérieur. Elle retient sa respiration, se concentre sur tous les bouts de terre qui vont partir dans tous les sens, les immobilise et les laisse retomber au sol.

Elle respire de nouveau. Elle tombe, de plus en plus rapidement vers le sol. Elle ne s'était pas rendue compte qu'elle a avait voltigé bien au dessus de l'Arène.

Tiens c'est marrant, cette fois j'm'envoie en l'air après t'avoir soulevée.

Dans un ultime effort, elle tend la main vers le sol qui s'approche, modèle son morceau sous elle pour qu'il devienne très souple. Elle. Le sol s'ouvre, la terre devient aussi molle que de l'argile, elle concentre son attention dessus, en perd dans la tête de Chantal, la terre vient à sa rencontre en s'élevant du sol, lui entoure les jambes, et ralenti sa chute. Alice atterri comme dans de l'eau, puis relâche tout. Elle tousse, se penche en avant, au cas où. Elle pose les genoux et mains à terre. Elle respire, tout est très saccadé. Des petites étoiles dansent devant ses yeux, elle tremble de tout son corps. Elle lève les yeux vers Ipiu, la libère de son armure de roche qui tombe au sol lourdement. Elle fait descendre les attaches de terre vers le sol, jusqu'à la laisser s'asseoir au sol. Le fauteuil est posé plus loin. Ses yeux redevenus bleus, mais cerclés de rouges à force de larmes, se posent sur le visage de la Master. Elle parle de partout dans sa tête. La force à l'entendre.

Ca va Chantal ?
« Ca va Chantal ? »

Aria rougit un peu quand Luna lui propose le jus de tomate, pour une raison qu'elle ne comprend pas trop -- peut-être que si elle se rendait compte qu'elle a le visage tout rouge comme lors de leur première rencontre, elle ferait le lien plus vite. Elle sourit néanmoins et accepte :

—Oh salut Luna ! Euh bah euh oui euh situveux oui un jus de tomatec'estbien... Je te dois combien ?!

Pas gênée, pas du tout. Faut dire qu'elle a l'habitude de la croiser maintenant, mais comme Luna la drague tout le temps (ou peut-être qu'elle se fait des films ????! Oui c'est sûr qu'elle se fait des films) c'est toujours super bizarre !! Elle lui tend sa monnaie, récupère la boisson et part en courant se reconcentre sur le combat... Puis plisse les yeux en voyant le gamin faire n'imp. Pff ces gens hyperactifs qui savent pas se teni-.... Alice qui parle dans leur tête ?!! Leur demande leur aide ?!! Dans un seul et même mouvement, Nico et Elwynn se penchent vers le mégaphone qu'Aria tient encore pour beugler le nom de Chantal avec elle. Et toute l'arène s'y met dans une ambiance de folie.

Les joues cette fois rouge de trop crier, Aria continue à gueuler des encouragements à Alice et des piques gentillettes à l'encontre de Chantal, sourire aux lèvres. Elle aussi est géniale, incroyable ; ça ne doit pas être facile pour elle non plus.

Et puis ça explose, Alice se propulse dans le sol, vomit... Aria grimace, compatissante, mais continue à encourager son amie. Parce qu'elle peut le faire ! Parce qu'elle le mérite ! Personne ne mérite autant qu'elle ce titre, ce combat ! C'est épuisant, ça se voit, Aria l'imagine très bien -- et pour mettre Alice dans cet état, émotionnellement, ça doit être dur... Elle aimerait poser la question à Nico mais s'accroche surtout à son bras d'un air inquiet, la petite bouteille de jus de tomate coincée contre sa poitrine, sans lâcher son mégaphone de l'autre main. Elle a les yeux qui piquent, mais elle ne détournera pas le regard -- parce qu'Alice non plus ne détourne pas le sien.

Et puis elle est dans les airs, ça explose encore, c'est grandiose : et Alice atterrit, et le suspense s'étire. Dans quelques secondes, sans aucun doute, Ariana exploserait de joie comme le reste de l'arène pour acclamer leur toute nouvelle Master.

J'avoue c'est cocasse. J'ai presque envie de rire. Seulement on ne va pas se mentir, je suis aussi pas mal claquée. Je vais éviter les dépenses d'énergie inutile. Sérieux, Hideko aurait pu prévenir que c'était tellement énergivore de faire une masterisation. Franchement, quand on l'a regardé faire, on se dit presque « ouais tranquille. » non c'est faux. On sait qu'on va en chier, pour ce que ça vaut, je suis plutôt fière qu'aucune de nous deux ne soit blessée gravement. Enfin, peut être que je parle un peu vite, parce qu'à voir la force avec laquelle elle appuie sur mon esprit, je doute un instant qu’elle ait encore la force de parer mes attaques physiques.

Heureusement je me trompe ! Elle nous donne le final magistral auquel elle peut prétendre. Ça vole dans tous les sens, ça pète dans tous les sens, en bref c'est vachement classieux. Comme un peu tout le monde dans les gradins, je la regarde les yeux pleins d'admiration, aujourd'hui elle brille de tous les feux. On n’en attendait pas moins d’elle.

Quand elle me demande si ça va, je lui réponds :

« Au poil et toi, toujours d’attaque ? »

On échange au regard, et dans le sien je lis qu'elle a gagné. Alors je percute, elle n'a pas dû m'appeler par mon prénom, je m'en suis pas rendu compte. Ca va encore nécessiter des dizaines de séances de psy ça. Fais chier.

« Félicitations ! »

Je lui souris. On sait toutes les deux, qu’elle a sa place chez les Masters… ou peut-être, que je le sais plus qu'elle, j'espère lui avoir prouvé qu’elle mérite d’entrer dans nos rangs.

« Bon, maintenant j’ai la dalle, ça te dit qu’aller grailler ? »

Parce que dans la vie il faut avoir des priorités.