Après avoir passé de longues semaines dans ma chambre, j’avais suivi les conseils d’Hideko pour consulter un psy. Je passais des jours entiers à dormir. Les dernières années avaient été rudes autant pour mon corps que mon mental. J’avais tenté d’appeler Maxime pour lui dire que j’étais rentrée mais la ligne était coupée. Je devais dealer avec ma colère envers moi-même et envers son abandon. Au final, qui était le fautif ? Maxime qui est parti de son plein gré et m’a laissé en arrière ou moi-même car c’était ma décision de le suivre en pensant que je pouvais le sauver d’une menace invisible ? Les séances avec Docteur Arnaud Matsumoto m’aidaient progressivement à me remettre sur un chemin plus lumineux. Elles consistaient principalement à vider mes pensées et mes insécurités tout en cherchant des solutions. J’aimais l’idée de me comparer en tant que patiente à un Rubick’s Cube qui essaye de s’uniformiser de nouveau avec l’aide supplémentaire du Doc. La plupart du temps je ne faisais que parler pendant une heure sans que Arnaud ne cligne d’un œil ou bien il répondait à mes questions par des questions, typique. J’étais à l’aise dans ce ‘’safe-space’’, c’était un petit bureau sombre qui était illuminé d’une petite lampe sur la table, séparant l’espace entre nos deux fauteuils. L’obscurité de la pièce était agréable, c’est une belle bulle séparée du monde.
Cinquième séance, Arnaud tentait de comprendre comment je pouvais rire de ma misérabilité alors que je lui contais une partie difficile de mon aventure.

« C’est automatique comme un genre de mécanisme j’sais pas… » Répondais-je en haussant les épaules.

Il gribouillait sur son carnet quelques notes avant de le fermer aussitôt.

« Bon notre temps est écoulé pour aujourd’hui mais je te revois la semaine prochaine Nana. Essaye de faire les exercices que je t’ai conseillé, prend des notes et on s’en reparle, même jour et même heure. »

Je le remerciais tout en me levant, le cœur plus léger. Petite poignée de main et je quittais la pièce. La lumière de la salle d’attente me brûlait les yeux pendant de longues secondes, aveuglée, mes pieds rentraient de plein fouet dans quelque chose. Je trébuchais comme un vieux sac à patates sur le sol, mon crâne faisait un bisou au carrelage froid. J’avais encore beaucoup de chemin avant de retrouver toute ma stabilité physique hein…
La vue un peu floutée, je tournais de panique la tête pour voir une silhouette assise. Merde alors je m’étais pris les pieds de quelqu’un. Je ne distinguais pas son visage sur le coup.

« Oh pardon je suis vraiment désolée je ne t’avais pas vu ! Est-ce que ça va ? »

Je me relevais rapidement tout en frottant mes yeux. J’avais fait une belle bourde. Avec toute mon anxiété depuis que j’étais à Terrae je tentais de rester incognito car j’avais peur de me faire rejeter à cause de mon absence… J’avais perdu tout le mental de fer que j’avais développé depuis mon adolescence. Arnaud avait même employé le mot dépression.

« Qu’est-ce que t’es pathétique sérieux… » Pensais-je.

Ma vision s’accommodait enfin à la lumière de la pièce, me laissant voir le visage de la pauvre personne que j’avais dérangé. Son visage me semblait familier mais mon cerveau avait encore quelques lacunes à reconnecter certains fragments de mon passé. Je ne savais pas si je pouvais me permettre de demander à cet homme qui il était… Quoi que l’un de mes exercices demandés par Arnaud était d’avoir quelques interactions sociales… Merde je ne pensais pas que ce serait immédiat. Grande inspiration, c'est parti !

« Ton... visage me dit quelque chose.... est-ce qu’on s’est déjà rencontré ? »

Je n’arrivais pas à replacer son visage sur un nom mais j’étais sûre de l’avoir déjà rencontré par le passé. Je me rappelais certains noms mais sans pouvoir raccorder les visages ou vice-versa… Je m’étais absentée trop longtemps. Il me semble que mon cerveau n’est pas toujours en accord de m’aider à retracer le passé. S’il me disait son nom peut-être que je saurais savoir qui est cet inconnu et je pourrais m'excuser plus proprement.

Et c'est parti pour un nouveau rendez-vous chez le psy. Franchement, c'est devenu tellement habituel que maintenant je me demande toujours ce que je vais bien pouvoir raconter. Sauf que cette fois, je sais. Oh, je sais clairement de quoi je vais parler, juste parce que j'ai besoin d'évacuer TOUT CE STRESS QUE M'A FOUTU PANDORA EN M'ENVOYANT FAIRE UN MASSAGE AUPRES D'ALYONA. NAN MAIS POURQUOI ELLE A FAIT CA, ON ME LE RAPPELLE ?!

Assis dans la salle d'attente en attendant mon tour, je gardais les yeux rivés sur mon téléphone à scroller comme un addict. Faudrait-il que je réduise le temps que je passe sur ce type d'écran ? Oui, clairement. Vais-je le faire ? Ecoutez, on n'en a pas encore parlé avec le psy, donc il doit pas juger ça si grave que ça.

J'attendais donc calmement mon tour quand quelqu'un percuta mes jambes et s'étala de tout son long sur le carrelage froid de l'hôpital. C'est son crâne qui vient de faire ce bruit sourd en percutant le sol ? Nan mais c'est son crâne ou pas ?! PARCE QUE LA ELLE VIENT DE RELEVER LA TETE EN ME DEMANDANT SI JE VAIS BIEN ALORS QU'ELLE VA SE TAPER UN TRAUMA CRANIEN EN FAIT ?! POURQUOI ELLE ME DEMANDE SI JE VAIS BIEN ?!

Non : POURQUOI FAUT-IL QUE CA M'ARRIVE A MOI ?! LA CONSCIENCE ? VOUS CONNAISSEZ ?! Vas-y j'en ai trop marre d'être moi et d'attirer les malheurs en fait.

Alors qu'elle se redressait tant bien que mal, et que je n'avais d'ailleurs pas bougé, les yeux simplement écarquillés, la fixant en quête de la moindre trace de sang qui pourrait s'écouler du sommet de son crâne, je l'écoutais essayer de me remettre. MAIS T'AS PAS COMPRIS QU'ON S'EN FOUT DE MOI LA EN FAIT ?!

Oooook j'avoue que sa tête me semble pas inconnue. Mais j'ai un peu l'impression que la dernière fois que je l'ai vue elle ressemblait pas à ça. J'ai aussi l'impression que ça fait vraiment, vraiment longtemps que j'ai pas vu ce visage. Et j'ai AUSSI l'impression que ma petite période d'alcoolique so dark ne m'aide pas à la replacer.

-Ca va ta tête ?

Ouais, on a vu mieux comme réponse à ce type de question.

-Parce que tu viens quand même de te fracasser le crâne contre le sol.

Eeeet le petit Allen se relève enfin, pour faire un truc qui lui ressemble pas : c'est-à-dire poser une main sur son crâne pour voir clairement si elle a pas de sang caché dans ses cheveux qui coule. OUI BAH LES DRAMES CA ME CONNAIT JE LES ATTIRE, ALORS SI JE POUVAIS POUR UNE FOIS REAGIR CORRECTEMENT CE SERAIT SYMPA.

-J'ai l'impression qu'on se connait aussi mais là j't'avoue qu'il y a peut-être plus important que me replacer.

Est-ce qu'elle saigne ? Je sais pas, j'ai pas retiré ma main, je sais pas pourquoi je la laisse planté là. PUTAIN MAIS CA VA ETRE BIENTOT MON TOUR NON MAIS JE PEUX PAS Y ALLER J'AI UNE BLESSEE GRAVE EN FACE DE MOI.

-Ca va ta tête ?

«Euh…»

À part quelques étoiles filantes dans les airs autour de la tête de l’inconnu, je pouvais tenir sur mes deux pieds. Oui ? Je crois ? J’sais pas, combien font 10 + 2 ? 12. Il semble que j’arrive à rester logique dans mon bla bla…

-Parce que tu viens quand même de te fracasser le crâne contre le sol.

Merci de me rappeler la belle bourde que je viens de faire Sherlock. Ouais, non, ce n’était pas le moment de faire ma mijaurée alors que je viens de me manger le sol. Je ne pensais pas qu’avoir le cœur léger faisait ne plus sentir ses pieds jusqu’à se ratatiner. Ne sachant pas quoi répondre, un petit signe de tête devrait être suffisant pour dire « oui oui merci ». J’avais ce sentiment d’avoir un petit ange sur l’épaule qui hurle dans le creux de mon oreille : Cours Forest !!!
Menton en haut, menton en bas, petit sourire, hop, réglé. Oh, des nouvelles étoiles.
Je me suis mise à le scruter un peu plus, les mécanismes de mes méninges essayaient de s’aligner pour me dire un nom, mais c’était chou blanc. Il se leva pour déposer sa main sur mon crâne. Arnaud, tu es juste derrière la porte, sache que tu voulais que j’aie des interactions, en voici en voilà ! Mes pommettes rougissairent légèrement, je n’ai plus du tout l’habitude du contact "tactile" humain… À part mon retour, dans le bureau de la directrice, où ce fut supportable, mais c’est autre chose.

-J'ai l'impression qu'on se connait aussi mais là j't'avoue qu'il y a peut-être plus important que me replacer.

Il n’avait pas tort. J’étais déjà assez poussée dans mon anxiété sociale et je ne me voyais pas insister pour avoir ne serait-ce qu’un nom. Je lâchais un petit soupir mentalement, fatiguée de ne plus avoir la force que j’avais avant. Oui oui Arnaud m’a affirmé que je pouvais retrouver mon caractère mais qu’est-ce que c’était long à travailler… Bref.
Sa main était toujours posée sur mon crâne, attendant que j’ouvre la bouche pour dire quelque chose et juste ne pas hocher la tête comme une bimbo de plateau télé. Les minutes suivantes étaient silencieuses, cherchant des mots existants à sortir.

«Je crois ? »

C’est super intelligent ça, 0.5/10 pour l’effort…

«À part les quelques poussières brillantes qui te tournent autour je pense que ça va ? Qu’est-ce que c’est poussiéreux ici… Non ? »

Je tapotais mon visage à la recherche de blessures ou à la recherche de… quelque chose ? Mal à l’aise de ma bourde, le réflexe de me gratter le front fit son apparition. D’habitude au bout de quelques secondes j’arrête mais ça avait réveillé des picotements, pile sur une espèce de petite colline autour d’une plaie qui se formait sur le haut. Je ne pouvais pas m’empêcher de GRATTER et de GRATTER, oubliant que j’avais une main inconnue posée sur le dessus de ma tête. Comme un enfant avec la varicelle, mes ongles effectuaient leur travail. Jusqu’à ce que je me prenne un coup d’électricité… par moi-même, un petit « TIC » résonnant dans la pièce.

«Putain !»

Il m’arrivait de me prendre des coups de jus à cause de la perte de contrôle de mes pouvoirs, pas besoin d’hiver et de pull en laine pour m’en chopper. J’étais en train de passer pour la siphonnée du coin non ?

«Je sais que mes cheveux sont doux mais vas-tu laisser ta main ici pour les admirer ?» Demandais-je avec un petit sourire en coin.

Un liquide chaud se mit à couler jusqu’à ma joue. Les picotements de la plaie avaient tourné en forte chaleur.

«Je pense que j’ai besoin d’un pansement.»

Le "je crois ?" vous croyez que c'est pour quoi ? C'est pour mon "Ca va ta tête ?" de tout à l'heure quand j'étais encore calme et que j'avais PAS ENCORE CAPTE QU'ELLE POUVAIT ETRE EN PLEIN TRAUMATISME CRANIEN EN FAIT ?! ET ELLE ME REPOND QU'ELLE CROIT ??? ELLE CROIT QUE CA VA ????? JUSTE CROIRE CA VA PAS ME RASSURER EN FAIT.

Je l'écoutais parler sans bouger alors qu'elle reprenait la parole. De la poussière ? Autour de moi ? OH MON DIEU. MAIS NON MAIS CA VA PAS DU TOUT. Nan en fait je sais pas, je sais pas du tout ce que ça fait quand on a un traumatisme crânien, je sais juste que dans tous les cas, quand on se cogne la tête on a des lucioles qui volent un peu partout pendant un certain temps. Enfin, des lucioles, de la poussière, je sais pas, vous appelez ça comme vous voulez hein. On doit s'inquiéter ou pas ? Je panique. Le psy va bientôt arriver et venir me chercher non ?! IL EST QUELLE HEURE ?!

Je fus rappelé à la réalité quand une étincelle s'échappa de sa propre main, me faisant sursauter, et je retirai immédiatement ma main suite à sa réflexion, parce que oui, visiblement, j'avais décidé de lui céder ma main en guise de chapeau. Du sang coula sur sa joue et lol mdr heureusement que j'suis pas phobique parce que c'est dégueu quand même. Sauf que le fait qu'elle ait du sang et qu'elle ait une bosse, bizarrement, j'ai l'impression de la replacer encore mieux dans mes souvenirs. PUTAIN MAIS LA DERNIERE FOIS QUE JE L'AI VUE ELLE ETAIT A L'HÔPITAL EN FAIT. BORDEL. C'EST QUOI SON NOM.

-Adam.

Je sursautai une nouvelle fois. Parce qu'en fait, je crois que je pense trop là, et je parle pas assez. La situation m'échappe complètement. Sauf que c'est pas mon prénom que le psy vient d'appeler là non ?

-Heu...?
-Oh, Allen, vous êtes là ? C'est pour une urgence ? Notre rendez-vous c'est bien la semaine prochaine ?

Que.

-La semaine. Prochaine ?

MAIS POURQUOI JE SUIS ICI EN FAIT. J'AURAIS PU ETRE AILLEURS ET PAS PROVOQUER LA MORT D'UNE PERSONNE.

-Allez-y, entrez Adam. On se voit la semaine prochaine Allen, portez-vous bien.

Et il rentre dans son cabinet. Et je suis là alors que je devrais pas être là. Et en face de moi elle continue à saigner et elle a besoin d'un pansement ET JE REAGIS TOUJOURS PAS.

-Oui alors du coup on va t'emmener pour que tu aies un pansement. Ca doit se trouver facilement à Terrae ça non ?

Est-ce qu'Aoi est là ? Oui, c'est ma première réaction. SAUF QU'EN FAIT ELLE S'OCCUPE PAS DES PLAIES TOUTE SIMPLE, ELLE EST JUSTE CHIRURGIENNE EN FAIT.

-Mais putain !!!! Nana, c'est ça !!!! m'exclamai-je d'un coup alors que je commençais à marcher vers l'accueil pour demander de l'aide.

Je m'arrêtai net et me tournai vers elle, tapant du poing dans ma paume de main.

-C'est Nana ton prénom !!!! Mais t'es revenu à Terrae ?! Depuis quand ?! Comment ça se fait ?!

Je me demandais bien comment j'avais fait pour me mettre dans un pétrin pareil. La douce descente du sang chatouillait ma joue. Bof j'étais mieux de juste l'essuyer du revers de la main. Fait. Tant pis mon jean sera mon mouchoir de la journée je n'en ai plus sur moi. Cela n'empêcha pas une nouvelle petite rivière de sortir m'enfin bon, au moins ça ne me chatouillait plus, pour le moment.

-Adam.

Le jeune homme sursauta face à un des psychologues qui sortait sa tête de l'encadrement de la porte. Je fis un petit bond face à son petit saut. Était-ce son nom? Ça ne me disait rien. Cependant lorsqu'il énonça le prénom Allen et qu'il n'avait rendez-vous avec lui que la semaine prochaine, le lien se fit tout de suite dans mon crâne comme un petit coup d'électricité dans une vieille machine qui se remet en marche. BIEN SÛR. Comment avais-je pu oublié mon super poto. J'étais sous le choc du taux d'échec de ma mémoire sérieux. J'aurais mieux fait d'avoir une puce dans le crâne comme ces gens dans Black Mirror.
Pendant que je m'échappais cérébralement dans un récapitulatif Netflix improvisé, Allen m'assurait que ça devait être simple de trouver un pansement à Terrae. Il me semble non? Sinon peut-être que les petites poussières pourraient nous répondre! Elles se mettent toujours sur des coins de meubles donc c'est sûr qu'elles savent quelque chose.
Il se mit à s'avancer vers l'accueil, me laissant sur place.

« Attends, il me semble que-... Commençais-je.

-Mais putain, Nana c'est ça !!!! S'exclama-t-il subitement en se retournant vers moi.»

Mon cerveau fit un erreur 404 avant que je me rende compte que OUI il se souvenait de moi. J'étais heureuse de voir qu'on me reconnaissait et surtout pas d'une façon catastrophique comme Bito pendant son interview à l'entrée. Ah... Mon petit ange de l'anxiété tombait des nues face à cette bonne nouvelle.

-C'est Nana ton prénom !!!! Mais t'es revenu à Terrae ?! Depuis quand ?! Comment ça se fait ?!

« Mais oui c'est moi!!! Oh mon dieu ALLEN, comment j'ai fais pour pas retrouver ton nom, merde alors! Rigolais-je. »

Si j'avais un peu plus d'équilibre et moins de peur sociale, je me serais avancée direct pour lui faire un super câlin de retrouvailles. De toutes les personnes dont il fallait que je tombe (littéralement) dessus, j'étais tombée sur lui, ça refesait ma journée.

« Ça fait d'jà quelques mois que j'suis revenue! C'est une longue histoire mais... »

À part Arnaud et Hideko, personne n'était au courant de la raison de mon départ ou de mon retour. Devrais-je lui raconter? Ou allait-il me hair face à mon égoisme? Non... Ce n'est pas ma faute, j'ai voulu faire une bonne chose mais ça m'a mené à ma perte. J'ai tout perdu mais je fais de mon mieux pour essayer de récupérer des moments de ma vie. Reste positive.

« -En fait j'ai-... »

Mes yeux voulaient se remplir de petites larmes, non sérieux c'était pas le moment de devenir un blob émotionnel. Mes poumons s'allourdissaient pendant que je cherchais de l'air dans la pièce. Nana RESPIRE.
Inspire. Expire. Inspire. Expire. Laisse l'oxygène voyager avec toi. Laisse tes narines faire leur travail.

« Je peux te faire un résumé digne d'un film Hollywoodien sur le chemin de notre aventure du pansement si t'es prêt à entendre l'histoire la plus stupide sur Terre,  riais-je en frottant mes yeux.»

Je rééssuyais ma nouvelle rivière de sang, la faisant voyager de ma main jusqu'à mon jean, mes neurones me faisaient comprendre une chose : flemme de réfléchir. La colline frontale commençait à démanger de nouveau. Fallait que je m'empêche d'y toucher comme un enfant qui avait la varicelle.  

« Et toi alors qu'est-ce que tu deviens? Je me rappelais pas que t'allais voir un doc'. »

Je continuais à poser mes questions sans me rendre compte au début que la dame de l'accueil s'était penchée sur son bureau, fixant Allen et moi d'un air étrange.

Je fixais Nana, un peu dérouté de la voir ici. Elle était partie, j'avais jamais vraiment bien su pourquoi, mais j'avais présumé qu'elle avait dû avoir des obligations. Ou bien que l'état dans lequel je l'avais vue la dernière fois l'avait poussé à quitter Terrae pour des raisons évidentes de sécurité. Mais nan, après des années, elle se trouvait là, devant moi. Et j'étais presque convaincu qu'elle avait ses pouvoirs.

Elle me replaça aussi, et je hochai légèrement la tête avec un mince sourire, encore trop déboussolé pour réagir naturellement. Ses yeux commencèrent alors à briller et je sentis mon estomac se tordre. Nan mais nan. C'est un refus. Omg. Nan tu pleures pas. Tu vas pas pleurer ? C'EST LE TRAUMATISME CRANIEN ?! JE SAVAIS QU'IL Y AVAIT UN TRUC. POURQUOI CA ME TOMBE ENCORE DESSUS.

Grooooooooos rire nerveux face à l'annonce de sa vie digne d'un film hollywoodien, je commence à paniquer face à tout ce sang qui coule sur son front, elle m'annonce qu'elle se souvenait pas que j'allais voir un psy (lol), et la dame de l'accueil vient de m'interpeler. JE PANIQUE CA Y EST, C'EST OFFICIEL. NON JUSTE AVANT C'ETAIT PAS DE LA VRAIE PANIQUE, J'VOUS JURE.

-Je l'ai pas frappée je vous jure !!!!!!

Oui, ok, ça porte à confusion. NAN MAIS ELLE ALLAIT PLEURER, ELLE SAIGNE, ET ELLE A QUAND MEME PAS L'AIR EPAISSE OK, MOI J'SUIS SUR QUE LA MEUF DE L'ACCUEIL A PENSE A CA DIRECT.

J'attrapai le poignet de Nana pour l'entraîner avec moi et nous pointer devant la secrétaire.

-Il faut qu'on la soigne, elle vient de tomber. Sur le carrelage. Faites quelque chose !
-Je... Vais voir si une infirmière est disponible.

Et elle s'éloigna. OK TU ME REGARDES PAS COMME SI J'ETAIS CINGLE LA PROCHAINE FOIS S'IL TE PLAIT.

-Désolé...?

Je me tournai vers Nana, maladroit.

-Tu. Heu. Tu saignes encore...

Nan mais j'arrive même plus à articuler maintenant. Et j'lui ai même pas répondu, mais limite je l'ai ignoré, comment j'suis le pire.

-Je deviens... Je... Ouais, j'sais pas, j'suis en étude de sociologie haha.

Je bafouille mais c'est de pire en pire.

-Tu te sens comment ? On pourra discuter après promis mais là faut soigner ton truc.

Je m'excuse j'ai été un peu malade dernièrement mais je suis plus en que forme que jaja maintenant! 8-) J'espère que ma réponse te plaira et ne sera pas trop chiante hahaha

Allen se mis à paniquer face à la dame de l'accueil qui continuait de nous fixer. Il affirmait qu'il ne m'avait pas frapper. Est-ce que je ressemblais tant que ça à une victime? Quoi qu'en vrai au vu de la tête que je devais avoir et le sang qui continuait à fluctuer, n'importe qui se serait poser des questions.
Il m'entraîna par le poignet vers la dame rapidement.

-Il faut qu'on la soigne, elle vient de tomber. Sur le carrelage. Faites quelque chose !

-Je... Vais voir si une infirmière est disponible.

Elle s'éloigna pour aller chercher de l'aide, son air dépité envers Allen confirmait ma théorie qu'elle pensait que j'étais un genre de femme battue ou je sais pas quoi. Je me sentais un peu mal de lui infliger une image comme ça alors qu'il faisait juste sa life. Quand la vieille peau se décidra à revenir je vais lui dire trois-quatres mots elle va m'entendre! Il me fit remarquer que je saignais encore.

« Ah merde attend »

Je rééssuyais de nouveau du revers de ma main, mon tee-shirt était en train de passer de vert pâle à rouge-marron des prés. Je devais avoir l'air conne sérieux, est-ce qu'un jour je vais réussir à avoir une retrouvaille N.O.R.M.A.L.E sur ce campus? Pauvre Allen essayait de me parler  mais avait l'air vraiment perdu.

« Sociologie?! Mais c'est trop bien ça, du coup t'étudie les sociétés et leurs mouvements c'est grave cool! »

J'espérais qu'il se détente un peu ou alors il avait raison de s'inquiéter et c'était moi la gogole de service qui s'inquiétait pas de son état? Quoi que j'avais arrêté de prendre soin de moi depuis longtemps, j'avais pensé une nuit en Thaïlande à en finir avec la vie mais j'avais trop bu pour réussir quoi que ce soit...

-Tu te sens comment ? On pourra discuter après promis mais là faut soigner ton truc.

C'est la question à un million ça comment je me sens. Émotionnellement je suis une éponge ratattinée, physiquement je dirais que je suis sur une échelle de violet sur 10. Non attend ça marche pas, de 15 sur bleu. Eh... Bon j'avais encore envie de gratter ma plaie et mon sang a l'air de vouloir jouer au jeu Floor is Lava sur mon visage, je connais mon nom? Nana. Ok bon point. Je suis... Franco-Japonaise, ok. J'ai perdu mon père jeune, ok. Bon la mémoire semble rester cohérente mais ma réflexion est pas toute connectée y me semble. Je savais pas comment décrire à Allen ce que je ressentais physiquement. Mon coup sur la caboche avait fermé avec un cadenas à moitié rouillé mon dictionnaire de mots à cet instant.

«Euh...»

Ok on recommence. Comment je me sens? 23 sur pitagore. 1,2,3,4,5,28. Putain faites votre travail les neurones c'est pas le moment de balancer comme ça un coup intelligence un coup rien, on est pas un interrupteur que Jacqouille des Visiteurs s'amuse avec là.

« Ouais carrément on ira se prendre un café si tu veux! »

Bravo, c'est bien j'ai pas répondu à côté mais manque un bout là.

« Bah... ça me gratte, dis-je en pointant du doigt ma plaie. Je vois encore quelques poussières brillantes qui se balade au dessus de ton crâne et j'ai un arrière goût de javel dans la bouche. Rajoutais-je en faisant des petits bruits de bouche comme un goûteur de vin.»

Je laissais paraître un sourire réconfortant à Allen pour tenter de le déstresser un peu mais je pense pas que ma réponse était vraiment rassurante pour lui. Je savais pas quoi faire pour qu'il se sente pas coupable après tout je m'étais rattatinée parce que j'avais pas vu ses pieds. Merde alors, je fais quoi??

-Bon, j'ai Sandra qui va venir pour vous dans quelques minutes. Mademoiselle allez vous asseoir dans le coin là bas, quant à vous jeune homme, la sécurité veut vous poser quelques questions.

Quelle peau de vache.

« Non mais c'est une blague il a rien fait je suis tombée toute seule c'est quoi ce bordel?

- Je vais vous demander de vous calmez, est-ce que vous le connaissez au moins?

- Bah oui c'est mon ami!! Vous le touchez pas sinon je vous jure que ça va mal aller!! »

Je tapais du poing sur le comptoir, regardant la secrétaire dans le blanc des yeux. Je refusais qu'Allen soit dans les problèmes pour un truc aussi bête.

« Vous savez quoi, si c'est comme ça que vous traitez vos patients je m'en vais... Je vous donne une note de 2 sur orange. Viens Allen on s'en va ! »

HRP : T'inquiète c'est niquel xD

Je. Heu.

Je hochai un peu maladroitement la tête alors que je continuais à zieuter du côté de la fille de l'accueil qui était partie chercher du renfort. Oui oui c'est un peu ça oui. Enfin je sais pas. Je perds tous mes moyens, je peux clairement pas lui répondre normalement là alors que je contrôle absolument rien à cette situation omfg.

-J'étudie... Les sociétés oui. Et certains impacts de certaines décisions, les réactions des gens... Enfin bref, un peu tout ça.

Est-ce que ça intéresse quelqu'un ? NON PERSONNE ALORS REVIENS LA DAME DE L'ACCUEIL PARCE QUE JE PANIQUE.

Enfin. Non, reviens pas en fait, si c'est pour me dire ça. JE T'AI DIT QUE JE L'AVAIS PAS TOUCHEE OMG POURQUOI TU M'ACCUSES DIRECT ?!

Mais bon, comme j'suis un bon citoyen, je vais laisser les gens de la sécurité me poser des questions et-

Et pourquoi Nana elle s'énerve ?

Pourquoi elle crie ?!

OMG MAIS PERSONNE NE MET UNE NOTE DE 2 SUR ORANGE C'EST PAS UNE NOTE CA C'EST JUSTE UN CHIFFRE ET UNE COULEUR EN FAIT.

Alors qu'elle s'éloignait furieusement après avoir littéralement tapé du poing sur la table, j'essayai de courir derrière elle pour la rattraper et lui choper le poignet, histoire de la faire s'arrêter dans sa course avant qu'elle sorte de l'hôpital.

-Nana, sans rire, faut que tu te soignes là. Parce que si ça se trouve c'est un grave que ce qu'on pense et t'a besoin de points de suture. Et puis t'inquiète pas, ils vont rien me faire hein, si ça se trouve c'est juste des questions pour savoir comment c'est arrivé !

Ouais, bon, ça j'y crois moyen, l'infirmière aurait juste pu le demander tranquillement, mais EN FAIT NANA ELLE VIENT DE DONNER UNE NOTE DE 2 SUR ORANGE ALORS JE M'EN FOUS, ELLE SE FAUT AUSCULTER.

Je la tirai légèrement, gentiment, pour l'inciter à revenir avec moi.

-Allez, viens, on ira boire un coup tous les deux ensemble après, mais pour le moment il y a plus urgent, d'accord ?

Et du coup, la dernière fois que j'ai vu Nana, c'était à l'hôpital, c'est ça ? Bien, bien.

J'suis prêt pour votre interrogatoire les copains.

Prête à dégager de cet endroit, je n’en revenais pas du traitement de leurs patients, je viens TOUTES les semaines pratiquement et l’autre m’a toujours souri (quand elle était de bonne humeur) et maintenant Allen allait être dans les problèmes. Quelle imbécilité. Il m’attrapa par le poignet pour m’empêcher de continuer mon départ en trombe.

-Nana, sans rire, faut que tu te soignes là. Parce que si ça se trouve c'est un grave que ce qu'on pense et t'a besoin de points de suture. Et puis t'inquiète pas, ils vont rien me faire hein, si ça se trouve c'est juste des questions pour savoir comment c'est arrivé !

J'ai pas confiance... C'était trop bizarre. Au vu de la situation je ne pense pas qu’ils veuillent juste poser des questions… Imagine il se retrouve en prison pour quelque chose qu’il n’a pas fait ? Ah non non non non… Je ne peux pas le mettre dans un tel cafouillage. Ma tête commençait à me démanger un peu trop là en plus mais je crois que si je me mets à gratter ça va aller jusqu’à l’os. Tout ça pour une chute digne d’un dessin animé.

-Allez, viens, on ira boire un coup tous les deux ensemble après, mais pour le moment il y a plus urgent, d'accord ? Me demanda-t-il en me tirant légèrement dans sa direction.

À l’intérieur j’avais déjà hâte d’aller boire un coup avec Allen, j'allais même lui payer toutes les tournées qu'il voulait sérieusement, je l'avais entraîné dans une histoire sans dessus ni dessous. Pour le moment je me devais de me défendre contre la situation dans laquelle je nous avais embarqué. Les sourcils froncés et les joues gonflées, je regardais dans la direction de la secrétaire qui nous observait d’un air ébahi.

« Ce qui est urgent à traiter c’est la façon POURRIE dont on est traités ici… »

Je perds la boule un peu là non ? Je me mettais à tirer la langue à la vieille peau de vache qui était surprise de ma réaction. J’aurais dû la menacer un peu plus fort ça l’aurait calmé, n’est-ce pas mes chères poussières ? Vous êtes un peu plus brillantes que tout à l’heure hein… Un grand gardien de sécurité arriva en même temps qu’une infirmière qui devenait toute blanche à l’instant qu’elle posa ses yeux sur moi. (Je me demande si elle n’était pas à deux doigts de faire le signe de la croix et de prier le ciel face à mon tee-shirt imbibé de sang)

« Jeune homme, suivez-moi, s’exclama le grand mec

-Mademoiselle il faut immédiatement vous recoudre, allons dans la salle numéro 7.»

La jeune infirmière s’avança rapidement vers moi pour tenter de m’emporter par les épaules vers la salle mais je donnais une petite claque sur ses mains, refusant qu’elle me touche. Non mais c’est quoi ces manières ! Je posais ma main sur celle d’Allen qui avait continué de me tenir le poignet alors que l’infirmière commençait à me faire un sermon pour que je bouge.

« Pars pas Allen s’te plait... »

J’avais la sensation de faire les même yeux que le Chat Botté. Est-ce que je suis moi-même un personnage de dessin animé sérieux ? Un genre de Matrix dont je vais me retrouver à prendre une pilule pour sortir d’ici ? Je commençais à avoir un peu la tête qui tourne, tout doucement la mesure du temps et l’espace digne des grands scientifiques ne me paraissait plus cohérent.

« Bon ça suffit maintenant vous allez nous suivre tout de suite ! »

Le grand bonhomme venait de parler tout en s’approchant de nous à la vitesse de la lumière.

« STOP. Si vous voulez lui parler et que je me soigne, on va TOUS aller dans la même pièce ok ? Je vous fais pas confiance et je veux pas que vous l’enfermez je sais pas où là ! »

J’avais serré un peu plus fort ma pression sur la main d’Allen tandis qu’un silence de mort venait de s’installer. Je vais finir par me faire enfermer dans un hôpital de fou-fou si je continue mon tintouin…  Fallait que je me calme et ma conscience le savait mais il me semble que mon lobe frontal n’était pas de cet avis. Je voulais juste pas que l'un de mes seuls vrais amis s'en aille. Cette situation me semblait familière, est-ce que ce n'est pas justement à l'hôpital la dernière fois que j'ai vu Allen avant mon départ du campus ?

HRP : Je suis désolééée pour le retard, j'ai eu un sacré mois de Mai mdrrr

La réaction disproportionnée de Nana commençait presque à me mettre mal à l'aise. Oh, après, je ne dis pas qu'elle était vraiment disproportionnée. Concrètement, j'suis le plus mal placé pour jauger ça, étant donné que mon seuil de tolérance s'élève à peu près à 0 sur une échelle de 0 à 10. Nan mais ça c'est juste le fait d'avoir oublié ce que c'était de traîner avec une Tonnerre. En tant que bon Air, perso, moins je me fais remarquer, mieux je me porte, clairement. Du coup, autant vous dire que je suis au summum du malaise là, surtout quand elle est à deux doigts de faire un pied de nez à l'infirmière qui dit qu'elle va s'occuper d'elle. Ah bah, elle était pas à deux doigts de le faire. Mdr. Alors que j'allais marmonner un "Nana stp", un vigile se présenta accompagné d'une infirmière qui pâlit en observant Nana. JE SAVAIS QUE C'ETAIT HYPER GRAVE CE QU'ELLE AVAIT PTN POURQUOI JE BLESSE TOUJOURS TOUT LE MONDE AUTOUR DE MOI.

Tout s'enchaîna ensuite un peu vite pour mon cerveau pas formaté pour un sou à gérer les interactions sociales, et l'infirmière tenta d'emmener Nana. Puis Nana fondit sur moi, resserrant sa prise sur ma main. Puis le vigile essaya d'intervenir. Puis elle hurla qu'on devait tous se retrouver dans la même pièce si c'était comme ça. Est-ce que ça se voit que j'suis en train de me liquéfier sur place ? Lol.

Un rapide échange entre le vigile et l'infirmière, et ils hochèrent la tête. Ouais ouais, on a bien compris que c'était URGENT DE SOIGNER NANA ET QUE DU COUP TANT PIS POUR LES REGLES.

Je baissai la tête comme un coupable et suivis le trio jusqu'à la salle 7. Wallah en plus Nana me lâche pas la main SI CA SE TROUVE ILS VONT PENSER QUE JE L'AI CONDITIONNEE VOUS IMAGINEZ ?!

L'infirmière demanda à Nana de s'installer sur le siège-lit de consultation que je sais pas comment ça s'appelle, et elle m'invita à m'asseoir d'un geste du menton sur une chaise à côté du bureau. Un interne arriva après l'appel de l'infirmière, équipé du kit de suture, et je baissai les yeux sur mes mains qui se tortillaient sur mes genoux agités. OMG ARRETE DE BOUGER COMME UN COUPABLE TOI TU VAS ME CRAMER.

Le vigile vint s'asseoir en face de moi et j'avalai ma salive difficilement. Mdr j'suis si à l'aise ça me fume.

-Est-ce que vous pourriez m'expliquer ce qu'il s'est passé s'il vous plaît ?

Mdr alors oui bien sûûûûr

-Nan mais je vous promets que c'était pas volontaire !!! J'attendais mon rendez-vous pour le psy, et figurez-vous qu'en plus j'en avais pas vraiment un, parce que j'suis un boulet et que j'me suis trompé de semaine ! Et en attendant, j'étais tranquillement sur mon téléphone à... traîner, comme d'habitude quoi ! Et tout d'un coup, Nana a débarqué, elle sortait de là justement ET JE VOUS PROMETS QUE C'ETAIT PAS VOLONTAIRE DE LA FAIRE TOMBER OK elle s'est juste pris dans mes pieds et elle est tombée et j'ai commencé à paniquer direct en voyant le sang couler du sommet de son crâne, et elle a pas voulu se faire soigner tout de suite, et je PANIQUAIS je vous assure, et du coup après elle a accepté mais elle a disjoncté et OH GOD NO OFFENSE NANA PROMIS JE T'ACCUSE PAS ok j'arrête de parler.

Et je respire aussi. Putain mais c'est HORRIBLE CETTE SITUATION.

-Désolé de vous prendre de votre temps comme ça. Je peux sortir si vous voulez hein.

Il soupira, et je sentis mon monde s'effondrer. PITIE S'IL TE PLAIT JE PEUX SORTIR TRANQUILLEMENT PAS BESOIN DE ME PLAQUER AU SOL, TU ES TROP MUSCLE POUR MOI TU VAS CASSER TOUS LES OS DE MON CORPS.

-Vous inquiétez pas, on suit simplement le protocole... Attendez ici que votre amie soit correctement soignée, je reviens.

QUOI TU REVIENS TU VAS FAIRE QUOI OMG MAIS NANA DEPECHE TOI DE TE FAIRE RECOUDRE ET ON S'EN VA J'IRAI PLUS JAMAIS CHEZ LE PSY PROMIS J'ARRETE D'ETRE GENANT ET DE RESPIRER MEME.

HRP : Pas de souciiiiis tant que tu as survécu à ton mois de Mai c’est le plus important x)) Bientôt les vacances d’été !!
HRP 2 : Qu’est-ce que j’ai RIGOLÉ en lisant ton post XD

Après ma crise ridicule et le long silence de mort dans la pièce, ma condition avait été acceptée et nous allions tous en direction de l’une des salles. Salle 7. VICTOIRE.
Je peux dire bye-bye à ma crédibilité. Je fais une commotion cérébrale pour dégénérer comme ça ou bien ?
Arrivant dans la pièce, lorsque l’infirmière me fit signe d’aller m’asseoir, je tenais encore la main d’Allen. MAIS. Je l’avais pas lâché depuis toute à l’heure ? Non mais attend il va jamais vouloir me revoir après tout ce foutoir c’est pas possible. Je la lâchais rapidement pour m’installer sur l’un des lits, laissant donc Allen dans un coin avec le vigile. Pendant qu’il se faisait interroger, l’infirmière se pencha vers moi avec une petite lampe.

« Inspirez, Expirez. »

Elle m’aveuglait atrocement avec sa petite lumière de merde.

« Bon les signes vitaux ont l’air d’aller quand même, le choc crânien vous a assez secoué pour perturber la section cognitive de vos émotions d’où vos… réactions.

-Ah.

- Je vais juste vous demander d’avaler ces calmants pour vous détendre et enlever les douleurs s’il vous plait avant qu’on commence. »

J’acquiesçais d’un signe de tête tout en acceptant les deux comprimés blancs que j’avalais d’une traite à l’aide d’un peu d’eau que l’infirmière me tendit. Ça se voyait qu’elle en avait déjà marre de sa journée, elle n’était pas très souriante mais faisait de son mieux pour ne pas être trop désagréable non plus.
En attendant que ça fasse un peu effet elle essuyait progressivement le sang qui avait coulé le long de mon visage, me soufflant que ce n’était pas du propre comme bobo. Ouais bon ça va on a compris merci. Je ne pense pas que d’habitude du carrelage ça puisse aussi faire mal. Je voyais du coin de l’œil Allen qui s’agitait devant le mec de la sécurité pour tenter de prouver qu’il n’était pas fautif. Le pauvre sérieux, première fois qu’on se recroise et je le mets dans le pétrin comme ça.

Ouais bah t’avais qu’à mieux regarder en sortant du bureau et QUI A DES JAMBES AUSSI LONGUES COMME ÇA AUSSI, HEIN ALLEN ?! Sortait ma petite voix interne.

Après 50 lingettes mouillées et quelques linges secs pour essuyer le restant elle se mit à coudre le haut de mon front, l’ancien volcan sanguin n’était plus en activité. Les calmants faisaient leur travail, je me retrouvais aussi calme qu’un enfant hyperactif après son médicament pour la concentration. L’infirmière s’amusait donc à me recoudre petit à petit, C’EST PAS AGRÉABLE, mais j’étais assez détendu pour ne pas pouvoir réagir sur le moment. L’aiguille dans ma peau à chaque coup PIQUAIT ATROCEMENT.
Après de longues minutes de torture suture, j’eus droit à tout le bla bla de comment je devais me comporter dans les prochaines semaines pour que ça guérisse bien et bla bla bla les fils allaient partir d’eux même au bout d’un moment pendant que la peau va se refermer etc… Bon au moins c’était fait, j’avais besoin d’un café, ou d’une bière. Elle me donna un tee-shirt propre afin d’enlever celui qui était tâché d’hémoglobines. Elle me fit aller deux secondes dans un petit placard à balais, hop hop, changement fait j’en ressortais et jeta le vieux machin à la poubelle. J’avais retrouvé une bonne partie de mes esprits, après un énième bla bla je remerciais l’infirmière de sa patience, et des calmants qu’elle me prescrira pour les prochaines semaines et m’excusait du dérangement. Je m’approchais d’Allen tout en me grattant l’arrière de la tête…

« Euh… Bah c’est bon du coup je pense qu’on peut partir. J’espère tu m’en veux pas hein… »

HRP : MDR tu imagines pas la gymnastique que c'est quand je passe de Mitsu à Allen en RP.

Je restais un long moment sans rien faire sur ma chaise, n'osant qu'à peine relever la tête pour regarder l'infirmière SUTURER NANA EN FAIT. C'est dégueulasse, jamais je pourrais faire ce métier-là, mais clairement heureusement que j'ai pas été guérisseur en fait ! J'aurais jamais utilisé mes pouvoirs et ça aurait frustré tout le monde ! Pas que je les utilise plus, clairement, mais les Sonores, personne sait vraiment à quoi ils servent, alors au moins personne peut me reprocher de ne pas essayer d'être utile à la communauté. Vous me citerez un seul Sonore qui utilise ses pouvoirs pour la communauté. La seule utilisation visible de ce pouvoir, c'est celle qu'en font les Masters quand ils appellent les élèves dans tout l'Institut pour aller passer l'initiation. Donc, voilà, pas mon rôle.

Je continuais à torturer mes mains et mes doigts sur mes genoux, en proie à l'incertitude. Puis l'infirmière annonça que c'était apparemment terminé, et sans qu'il n'y ait eu le moindre retour de vigile, Nana me tomba dessus pour m'annoncer qu'on pouvait partir.

-Sympa le t-shirt blanc, soulignai-je.

Cet humour dans un hôpital, Allen tu es vraiment le meilleur.

-Bon bah merci, bonne journée tout le monde, à une prochaine ! bafouillai-je rapidement en levant une main d'au revoir, et en sortant de la pièce rabaissant très vite mon regard pour fixer mes pieds.

Non, tant qu'on n'aura pas quitté cet hôpital, je ne regarderai pas ailleurs. JE VEUX PAS QUE QUELQU'UN D'AUTRE SE PRENNE DANS MES PIEDS D'ACCORD.

-Faut que tu passes à la pharmacie prendre des trucs ou c'est pas la peine ? demandai-je à Nana en me tournant vers elle, après avoir ENFIN fait un pas dehors.

Truc de ouf, même quand j'ai ma séance chez le psy, je passe pas autant de temps à l'intérieur de ce bâtiment. C'est terrifiant de bosser ici en fait.
Nan mais c'est cool, je sais déjà toutes les choses dont j'ai prévu de parler à mon prochain rendez-vous.

-Tu veux faire quelque chose en particulier ?

Est-ce que j'aurais pas oublié de lui répondre à un moment ou à un autre ? Probablement, mais quand elle est revenue vers moi, j'ai juste entendu des marmonnements et j'ai rien compris, parce que j'étais trop occupé à faire l'autiste sur ma chaise.

HRP : HAHA à ce point? XD J'ai jamais eut l'occasion de RP avec Mitsu mais j'imagine que la différence de caractère doit être grande pour que tu dises ça? x)


Une dernière excuse du tintamarre causé, ''merci bonne journée'' et c'était bye. Ce fut une longue aventure, tout ça parce que j'avais pas vu des pieds, non mais on est où là?? Je restais silencieuse aux côtés d'Allen pendant que nous traversions rapidement les couloirs pour sortir.  Son empressement faisait que je me retrouvais un peu en arrière au final. Je sentis dans le haut du dos le regard de la secrétaire de tout à l'heure. L'accueil pour les prochaines consultations serait drôle. Je me sentais moins... collante et moins lourde. Bon oui les médocs que je venais de prendre aidaient mais la lucidité avait surtout repris le dessus. Ce qui voulait dire que mon cerveau était en train de me faire comprendre que je venais de me taper la GIGA honte. Ce genre de moments où tu veux juste passer pour la meuf cool et au final tu finis par être la folle aux chats ou je sais pas quoi.
Une fois dehors, je pris une grande inspiration. C'était agréable de pouvoir avoir de l'air qui ne sentait pas le désinfecté et les produits chimiques.  Le soleil m'éblouissait pendant une longue seconde. Je m'allumais rapidement une clope, je profitais des rayons et de la chaleur tout en soufflant ma fumée. Allen m'interpella finalement au sujet de la pharmacie.

« Hein, quoi? Dis-je en me frottant les yeux d'une main. »

Il enchaîna en me demandant si je voulais faire un truc en particulier. Étonnamment, il semblait quand même vouloir passer du temps en ma compagnie? La surprise défila sur mon regard. J'effleurais doucement le gros pansement que l'infirmière s'était décidé à mettre sur la plaie pour que j'évite de toucher aux fils ou qu'ils s'accrochent quand je m'habille. Je terminais rapidement ma clope pour répondre.

« Euh en particulier non mais je pense que je t'en dois une pour tout l'embarras que j'ai causé... Dis-moi si y a un truc qui te tente, je t'invite! »

Ouais bon plan. Je tenais à me rattraper pour tout le foutoir. Je me rendais compte subitement qu'à part souligner le vieux tee-shirt qu'on m'avait remis je n'avais pas reçu de réponse d'Allen quand on était encore dans la salle. Est-ce que je pouvais me permettre de le relancer? Oh bah pourquoi pas hein, faut s'alléger la conscience dans la vie.

« Ah et euh... Bah c'est que... 'Fin tu m'as pas répondu tout à l'heure quand je t'ai rejoins mais euh, j'espère que tu m'en veux pas hein, je suis un boulet. »

Et c'est là qu'il me dit oui, ah non non ce serait la cerise sur le gâteau de ma journée. Pauvre loulou je l'ai mis dans un pétrin pour rien et j'ai perdu quand même un bon petit paquet de sang. Qui l'aurait crû que le carlage pouvait être aussi meurtrier? D'ici quelques jours ça ira mieux, c'est juste que je dois rester tranquille et ne pas me mettre à aller courir un marathon.

« Ah oui j'ai oublié excuse, je peux aller à la pharmacie plus tard t'embête pas j'ai une prescription dans ma poche. Mais en tout cas clairement je pourrais dire dans le futur que je ne suis pas une moldue! J'aurais une cicatrice comme Harry donc c'est quand même la classe! Riais-je nerveusement. »

Est-ce que je venais de sortir la pire des blaguounettes pour briser la glace et m'auto-rassurer? Ouais clairement j'ai pas honte je le fais toujours quand la situation me paraît trop étrange ou tendue. Peu importe ce que Allen pourrait choisir, c'est la maison Serpentard qui invite!

HRP : Enorme. C'est presque des opposés j'pense.

Je baissai les yeux quelques secondes sur la cigarette que Nana venait d'allumer, ne m'y attendant pas franchement. En vrai, j'me souviens même plus si elle fumait avant, mais j'avoue que la voir s'en allumer une direct alors qu'on sort de l'hôpital, ça me... je sais pas ce que ça me fait. Ca me surprend j'imagine.

Je relevai le regard vers elle alors qu'elle répondait positivement à ma proposition. Enfin, nan, en fait elle a pas compris et elle me demande de répéter. Désolé, j'ai interprété trop vite sa réponse quand elle a ouvert la bouche, si ça se trouve elle a pas du tout envie de continuer l'aprem avec moi, et j'la comprendrais.

Elle reprit la parole en m'indiquant qu'elle n'avait pas vraiment d'idée en tête mais que comme elle m'en devait une, je pouvais plus ou moins demander ce que je voulais. Si ça c'est pas le pire truc qu'on peut entendre, c'est horrible. Genre c'est même pas "Ouais j'suis hyper chaude pour qu'on passe du temps ensemble et qu'on rattrape un peu ce qu'on a raté dans nos vies ces dernières années !" c'est "J't'en dois une alors ok". JE LAISSERAIS PLUS JAMAIS MES PIEDS TRAINER JE SUIS DESOLE.

Alors que je m'apprêtai à m'excuser de l'avoir entraînée là-dedans, lui proposant de simplement la raccompagner chez elle pour clore l'incident, je fus pris de court par Nana... Qui s'excusait, elle. J'arquai un sourcil, un peu déstabilisé, avant de secouer négativement la tête.

-Mais pourquoi tu t'excuses de t'être blessée en fait ? Tu fais partie des personnes qui, quand elles se font voler quelque chose, s'excusent de déranger quand elles vont porter plainte ? N'importe quoi.

Ok, donc du coup j'sais plus si je dois m'excuser ou pas. La faute retombe sur qui en fait ? On est d'accord que c'est sur moi vu que c'est à cause de moi qu'elle est tombée ? ALORS POURQUOI ELLE S'EST EXCUSEE, CA ME DESTABILISE. ET VOILA QU'ELLE SE COMPARE A HARRY POTTER ALORS QUE ok c'est trop ARRETE DE RIRE NERVEUSEMENT.

Je lui attrapai le poignet et l'entraînai derrière moi.

-On va à la pharmacie, c'est juste à côté, et ça t'évitera d'avoir à te refaire tout le trajet, sinon à tous les coups tu vas jamais y aller et prendre ce qu'on t'a demandé de prendre pour te soigner correctement. T'as beaucoup trop l'air d'être le genre de personne qui laisse couler tranquillement comme si de rien n'était en laissant le temps la guérir n'importe comment.

Je la fis marcher jusqu'à la pharmacie, avant de poursuivre :

-Et après on ira boire un verre et tout ira mieux.

Ouais, je sais pas non plus d'où me vient cette assurance d'un coup.

HRP : Au moins tu t’ennuies pas quand tu switch de persos :p

Bon j’avais peut-être merdé dans mes paroles.  J’avais ce sentiment qu’il avait peut-être mal pris ce que j’avais dit. Non fallait que j’arrête de psychoter. Ou pas ? Arnaud m’avait dit d’arrêter de tout le temps me caler des fardeaux sur les épaules ou d’éviter de trop penser pour rien. Je ne répondis pas lorsqu’Allen insinuait que c’était n’importe quoi que je m’excuse. Je me sentais faiblard de l’intérieur. C’était peut-être mieux que je ne dise rien sinon je sens que je vais repartir de plus belle à dire que je suis désolée un milliard de fois, un désolé d’être désolée… Ouais non. Faisons comme si de rien n’était hein ? OUBLIONS.
Il m’entraîna soudainement en direction de la pharmacie pour que j’aille récupérer ce que l’infirmière m’avait prescrit. Rajoutant qu’on ira boire un coup après.  Bon OK faut vraiment que je me relaxe, vas-y, choppe ton médoc on part se poser à un endroit. J’acquiesçais d’un coup de tête avec un léger sourire avant de rentrer rapidement dans le bâtiment, cette fois-ci c’était moi qui entraînais Allen, ce dernier n’ayant pas l’air de se rendre compte qu’il avait encore mon poignet dans sa main.

« Bonjour ! Comment je peux vous aider ?

-Bonjour, je viens récupérer des médicaments j’ai une prescription de l’hôpital, dis-je en tendant le papier de ma main libre.

-Parfait donnez-moi une petite minute je reviens. »

Je me retournais vers mon compatriote avec un petit sourire aux lèvres pour chuchoter :

« T’inquiète j’compte pas les recracher dans les toilettes je vais les prendre sérieusement. »

La pharmacienne revenait avec deux boîtes pour expliquer quand les prendre et comment au courant des prochaines semaines. Elle inscrivait également les instructions sur le dessus du carton en guise de mémo. Libérant mon poignet subtilement de la poigne de mon accompagnateur, je payais le tout et nous nous redirigions vers la sortie, les boîtes en main dans un petit sachet.
Une fois dehors, quittant l’espace rafraichissant de la pharmacie, je me retournais vers Allen.

« Et voilà, allons boire ce verre ! Je mangerais bien un truc aussi… Je suis sûre on va se trouver un truc sympa au village et on va pouvoir papoter ! T’as un endroit favori quelque part ? C’est la maison qui invite ! »

Ouais bon je me répète un peu mais je m’en fous. J’avais juste envie qu’on aille passer un bon moment ENFIN et oublier tout le foutoir de la journée.