- HEIN MAIS-

Senri eut globalement la même réaction que Nana, il était un peu trop vieux pour "ah beurk degueu bouuuh", mais il avait pensé ça très fort. La remarque de Nana le fit grincer des dents à son tour.

- Bah, p'tet, mais chu sûr ton gamin, c'est à moi qu'il demandera de lui apprendre la téléportation.

Bon, il était aussi tout à fait hors de propos d'avoir un jour une descendance pour Senri, mais, qu'un seul sujet triste à la fois.

Et celui du jour c'était les conséquence du centre.

Senri se posa par terre en tailleur, après les mots d'Aaron, il sortit plusieurs de ses carnets et commença à piocher dedans. Il en récupéra un et commençant à la feuilleter.

- Moi ça va. Après, des fois je me réveille en pleine nuit, comme si j'avais couru super longtemps et je tremble comme si j'avais froid, mais en fait j'ai chaud, parce que je transpire plus que quand on s'entraîne quoi... Des fois c'est parce que j'ai rêvé du centre, mais des fois c'est juste comme ça.

Il finit par ouvrir le carnet 14 - Sensitif, qui était le dernier. Il montra un espèce de schéma représentant Senri (au vu de la quantité de muscle en tout cas, ça devait l'être), avec une espèce de gribouillage au niveau du ventre.

- Mais depuis le centre, j'arrive à utiliser mon pouvoir de sensitif, du coup je me suis entraîné quand il se passe ça... et regardez ça, le premier stade, où j'ai super peur je crois, pis là (il tourna une page), c'est quand je me concentre, je répand le nuage dans tout mon corps pour le rendre moins fort, (il en tourne une autre) et là, je pense à une souvenir qui m'inspire une autre émotion comme le monstre le biceps sur ma tête. (Il tourna une dernière page) Et là, je répand l'émotion 2 sur l'émotion 1 , qui est la peur.

S'en suivait tout une batterie de notes divers et varié sur un même sujet ; "la peur".

- J'ai pas mal réfléchi et en fait, le centre ça m'a fait trop peur. Du coup, j'ai repensé à toutes les fois où j'avais peur. Et, ça m'a permis de découvrir que en fait, la peur c'est mon moteur de sensitif ! Genre, j'ai peur de faire mal quand je frappe quelque chose, j'ai eu peur quand j'ai fais le dôme électrique, et puis aussi, quand la fille de l'avatar et l'avatar s’engueulait alors j'étais au milieu.

Il se gratta un peu la tête.

- Enfin, bref, ce que je voulais dire, c'est que la peur ça me permet de déclencher mon pouvoir quand je me réveille la nuit, et du coup, je met tous les sentiment négatif, je visualise genre, une boule de papier qu'on froisse. Et hop, je la fais taire avec mon pouvoir.

Il prit une dernière pause.

- Du coup ouais, ça va. Depuis le centre, je suis pu du tout triste.

Pffftt la provoc’ ça marche tellement bien avec ces deux-là, j’adore. C’est tellement satisfaisant de les voir réagir comme des enfants, alors je leur envoie un sourire goguenard. Evidemment que je sais qu’ils finiront pas ensemble (quoique, sur un malentendu tout peut arriver, mais j’serais étonné quand même) CELA ETANT c’est vraiment rigolo sur le principe. Juste sur le principe.

Alors je les laisse se chamailler gentiment et leur fais signe de se rassembler — je fais vite fait un aller-retour dans la cuisine pour rapporter ENFIN son chocolat chaud à Senri, yeeesss il a pas cramé héhé — et on peut se POSER.

—Tiens (fais gaffe c’est chaud). Montre ?

Je me penche par-dessus le carnet de Senri et… j’suis désolé de l’avouer, mais j’ai pas bité une phrase de ce qu’il voulait dire. Il parle trop et c’est pas clair, j’suis obligé de faire des devinettes dans ma tête pour comprendre. De son côté, Nana s’est tue et je pose gentiment ma main sur son bras pour la faire revenir avec nous. Et lui montrer que je suis là.

J’écoute attentivement Senri et recolle les morceaux. Ca me fait un peu de peine pour lui, mais ce que j’en retiens c’est qu’il est aussi dans des réactions post-traumatiques, qu’il a pas de suivi psy et qu’il essaie de remplacer la peur par d’autres émotions. C’est pas sain sur du long terme, mais je crois qu’il fait bien comme il peut.

Je souris.

—T’as bien bossé. C’est pas sain sur du long terme de supprimer ses émotions négatives par contre, ça rend très difficile de les contrôler quand elles arrivent ou de juste les supporter… Si jamais t’as besoin d’en parler à quelqu’un de neutre, Sylvia propose des séances à l’hôpital, ça aide beaucoup. Elle est vraiment cool, tu l’aimerais bien je pense.

Mon regard se glisse sur Nana.

—Toi aussi je pense, je souris. Mais c’est pas obligatoire.

Evidemment, Sylvia est la Master psy de Terrae. Heureusement qu’elle est là, en vrai. Je souffle un peu.

—Moi aussi je fais des cauchemars, et j’me réveille en sursaut. C’est pas rien ce qu’on a vécu, alors j’aimerais que vous pensiez pas que c’est bizarre, ou que vous devenez tarés. C’est normal ok ? Ca va nous prendre un peu de temps, mais c’est normal aussi si tes pouvoirs sont tout détraqués.

Doucement, je pointe la première page de Senri avec le gribouillis au niveau de son ventre. J’comprends finalement ce qu’il a voulu me dire ; que vraiment, juste, la peur le paralyse mais qu’il arrive à la dépasse avec son pouvoir de sensitif.

—Là ton cerveau a associé l’utilisation de ton pouvoir de sensitif à la peur avec ce qui nous est arrivé. Alors on va petit à petit essayer de le restimuler autrement, ok ? Pour qu’il se souvienne que c’est pas juste par la peur qu’il doit passer, que c’est pas sain ni pour lui ni pour toi. J’ai peur que ça te bouffe de l’intérieur si tu fais ça. Mais tu t'en sors très bien et t’as vachement bien compris comment tu fonctionnais, j'suis fier de toi.

Je souris à Nana.

—Tu en penses quoi ?

J’ai pas enlevé mon autre main de son bras.

—Tu as envie de nous parler un peu de comment tu vis les choses, toi ?

Des bribes des phrases de Senri parviennent jusqu'à mes neurones tandis que je me bats intérieurement pour savoir ce que je suis supposée dire. J'ai le cœur lourd, autant pour moi, que pour Senri... pour Aaron... En surface on ne semble pas souffrir mais finalement... quand on en parle, c'est profond. Ça nous a changé. La nuit  n'est plus un instant de repos, c'est un chemin difficile, rempli d'obstacles pour retrouver la paix d'esprit que nous avions, qu'on a bossé à la suite de notre Vide. Finalement, être Sensitif c'est pas si mal que ça quand j'écoute. Il a du courage d'en parler ouvertement.

Une sensation sur mon bras me fait sursauter, mon regard se focalise sur mes coéquipiers, que dis-je... mes amis. Han, Sylvia. J'ai déjà entendu parler de cette Master. Ses séances sont apparemment très aidantes. Je ne sais pas si j'ai envie de me faire aider tout de suite. Je ne sais rien en vrai. J'avale difficilement ma salive en écoutant Aaron. Il dit ça avec tellement de... je sais pas si je peux dire maturité mais- Qu'est-ce que j'essaye de dire, c'est un des meilleurs Masters de Terrae. Lui aussi est très courageux.

J'écoute ses explications envers Senri. Ses mots font du sens. Je crois?

Ah- Putain mon tour.
J'ouvre légèrement la bouche, espérant que les premiers mots soient bons. Je croise mes bras sur ma poitrine, dans une recherche désespérée de savoir quoi dire. Quoi partager. J'hésite. Je partage ces symptômes. Je ne dors pas correctement, je crie dans mon sommeil. Je pleure parce que je me réveille seule, qu'il n'y a personne pour me serrer dans ses bras et me dire que tout ira bien. Parce que je revois ce visage qui devient sans vie.

« J'ai failli me jeter du toit. »

Senri avait accueillit son chocolat chaud avec les deux mains et un petit "ouais !". Néanmoins, cette réaction enfantine ne put s'imposer davantage. La tasse était resté entre ses deux mains, sur la table. Le jeune garçon (que la narration devrait se décider à appeler jeune homme, mais bon quand ça prends ses chocolats chaud en disant "ouais" excusez moi mais comment le faire grandir), acquiesçait aux paroles d'Aaron.

Il nota le nom : "Silvia (neutre) peut m'aider pvoir sensitif (emoji muscle, emoji muscle". Alors qu'il était occupé à remplir ses petits biceps, il releva la tête quand Aaron déclara faire des cauchemars aussi. Senri acquiesça. Il n'avait plus trouvé ça bizarre depuis sa mission aux Etats-Unis. Etant donné ce qu'il y avait vécu et ce qui s'en était suivi, mais à ce moment-là, Kaiko était arrivée.

Et, le centre avait été une autre paire de manche, aussi, Senri acquiesça-t-il au parole de son mentor. Le torse gonflé.

- Merci m'sieur !! C'est grâce à vous que j'ai pu comprendre qu'il fonctionne comme moi j'fonctionne !!

Il n'était pas compliqué de voir que Senri continuait d'être dans le déni et réduire au silence les émotions négatives. Depuis le début de la conversation, son pouvoir de sensitif participé à lui faire garder son bonne humeur. Sauf que ce même pouvoir capta également, le trouble de Nana. Senri tourna la tête vers elle, en buvant une gorgée de chocolat.

Et le pouvoir de sensitif montra ces limites pour la première fois.

Senri s'était arrêté dans son mouvement, les yeux écarquillés. C'est là qu'il réalisa le poids des paroles d'Aaron, à taire ses émotions, à enfouir les cauchemars, Senri s'était créer un petit cocon, une carapace où, même après le centre tout allait bien. Après tout, les entraînement avaient continués, il s'était davantage lié d'amitié avec Nana. Mais sans pour autant réaliser son mal être, et quand bien même il avait vécu la même chose, il les avait empêcher de partager leur peines.

Il reposa sa tasse, et leva la main, hésitant un peu, il resta comme une espèce de teubé avec la main en l'air, sans savoir s'il devait tapoter le bras de son amie, lui toucher l'épaule ou quoique ce soit d'autre.

Finalement, il se serra le poing, et le posa doucement contre l'épaule de Nana (hyper bizarre, le type).

- J'suis désolé de pas avoir vu pendant les entraînements et tout... Et je...

Il jeta un regard vers Aaron, parce que, l'adolescent n'avait aucune idée de quoi dire dans ce genre de cas.

Nana reste silencieuse et immobile durant un moment… Je l’observe sans rien ajouter dans un premier temps, me concentrant sur Senri et son enthousiasme. Sur sa manière un peu confuse de nous décrire son trauma, aussi. Je lui souris et acquiesce à ses paroles, content qu’il arrive à avancer, mais un peu inquiet qu’il ne comprenne pas tout ce que je lui dis, notamment sur son pouvoir sensitif. Il n’a pas trop l’air d’assimiler l’information, mais bon ; à un moment donné, il va sûrement se péter la gueule… et je serai là pour ramasser les morceaux, mais j’aimerais éviter que ça arrive, si possible. Parce qu’il a beau se ramasser de toutes les manières possibles, il est trop solide, ou trop borné, je sais pas encore. Il se fait mal continuellement… Enfin.

Quand j’interroge finalement Nana sur ce qu’elle a vécu de son côté, j’avoue que je m’attendais pas à une réponse aussi… brutale. Je cligne des yeux et sens un frisson remonter le long de mon corps, et mon estomac se tordre. Mais j’inspire pour contenir et gérer, au moins ne pas laisser trop voir mon trouble aux deux jeunes. Pourtant, j’ai un goût amer sur la langue. Y a un truc qui se fissure un Senri quand elle dit ça, et je pose ma tasse lentement. J’acquiesce vers Senri, à nouveau. Pour qu’il comprenne qu’il a bien réagi. Et je pose ma main sur celle de Nana. Puis l’autre main sur le bras de Senri.

—T’es courageuse de nous en parler. Je suis content que tu l’aies pas fait.

J’inspire un peu, c’est très serré dans ma gorge.

—Si t’as besoin d’un câlin, tu me dis.

Je la regarde dans les yeux.

—T’as rien fait de mal. Je sais que tout ça est dur, mais on va aller de l’avant, avec du temps.

Peut-être que c’était trop tôt, ou trop violent.

—T’as envie de nous en parler ?

Super.

Entourée de mes coéquipiers que je considère comme ma famille, je venais de lâcher comme une bombe ma tentative. J'ai cette arrière goût de javel qui prend place sur mon palais, je me déçois d'avoir gâché un moment qui était encourageant, à l'enfoncer dans la terre si profondément pour que ça ne voit plus la lumière.
Au contact de Senri, mes bras tombent mollement sur mes jambes, prenant une grande inspiration. Envers sa famille, on peut tout dire. C'est déjà lancé.

« Nan Senri, bro, t'excuse pas... T'as pas besoin vraiment, OK ? Juste qu'on soit ensemble ça me donne de la force. Puis il m'en faut si je veux te battre en entrainement. Dis-je en donnant un petit check du poing contre le sien, un vieux sourire en coin. »

La douceur de mon partenaire et de mon mentor fait battre mon cœur un peu plus fort, surtout lorsque je sens la main d'Aaron sur la mienne.

«Aaron...Toutes les nuits je revois le Feu en fait puis 'fin... en vrai ton appel m'a vraiment sauvé la vie pourtant j'arrive pas à me défaire de ma culpabilité. Mais j'ai quand même espoir qu'on avance tous ensemble... »

C'est un peu décousue, mais j'ai espoir d'être comprise dans mon bredouillage.

« Et vraiment, je le dis, je vous aime si fort et je suis heureuse qu'on soit rentrés ensemble, dis-je les yeux humides. Je pense qu'un câlin de groupe ce serait pas de refus. »

Le regard d'Aaron le rassura un petit peu. Puis, la réaction de Nana à son inquiétude, troubla autant qu'elle le rassura. Senri esquissa un sourire franc, quoiqu'un peu crispé, comme d'habitude, à la pique de sa binôme de BAGARRE.

- Ouais. Je te donne d'la force, j'en ai trop moi.

Il avait un peu bafouillé cette phrase. Entre de la fierté, de l'attention, de l'inquiétude et plein d'autre chose.

Quand Nana s'adrassa à Aaron et lui parla de ses cauchemars. Senri sentit ses muscles se tendre de compassion. Sa gorge se serra envoyant les larmes au coin des yeux de Nana. Il souffla du nez pour chasser les siennes avant de répondre, un air faussement fier sur le visage.

- Bon, ok le câlin, mais euh, juste parce que c'est vous, hein. Et vous le dites pas, hein.

Ça va, ils savent que ton Shojo préféré c'est "Le garçon d'à côté", que tu as un stocker du bisou de "Saotome Girl" dans ton carnet de muscu et que en vrai, les cupcakes a la rose, tu détestes pas. Ta street cred elle est dead.

C’est difficile, la conversation qu’on a, là ; mais c’est important qu’on l’ait, après tout ce qu’on a vécu ensemble. J’aurais aimé pouvoir les protéger plus, les empêcher de voir ces choses si difficiles et sanglantes. Et les voir ensemble, là, moi, c’est ça qui me donne de la force. Parce que je sais qu’un jour je pourrai arrêter de partir en mission, que ce sera à eux de veiller sur les plus jeunes, qu’ils seront aptes à gérer seuls tous les deux. Mais d’abord, faut le temps de se remettre… Senri me fait sourire.

Doucement, je serre les doigts de la Téléporteuse entre les miens. C’est fou comme parfois la vie ne tient qu’à un fil, hein. A une coïncidence près. J’acquiesce lentement, pour ne pas forcer sur ma tête encore un peu lourde.

—Bien sûr. Petit à petit.

Puis n’arrive pas à contenir un rire.

—Promis, on le dira pas.

Et j’ouvre les bras pour attirer Nana contre moi, puis tirer Senri dans le câlin. Les yeux fermés, j’sens mes yeux qui me piquent un peu, mais je refuse de pleurer, faut pas qu’ils voient à quel point ça m’atteint. Faut que je sois fort pour eux, au moins. J’aurais aimé qu’ils vivent jamais ça.

Puis quand Nana semble être repue de son câlin, je me recule et souris.

—Quand je serai plus en forme, on reprendra les entraînements ensemble si vous voulez ? En attendant, ménagez-vous, sinon vous allez vous épuiser.

Mon sourire en coin est un peu plus grand face à la phrase de Senri qui me fait rire de l’intérieur parce qu’elle est pleine de bonne volonté et de bonne intention. C’est pas mon bro pour rien, dans le sérieux, je sais que je peux toujours compter sur lui.
Les quelques mots d’Aaron me réchauffent un peu le cœur autant que la sensation de ses doigts qui entourent les miens. J’ai vraiment envie de lâcher une larme mais je me contiens. Je considère notre trio comme une famille et j’y tiens si fort.
Puis un rire s’échappe un tout petit peu d’entre mes lèvres avec l’acception du câlin de Senri.

« C’est promis. »

Je m’avance pour me laisser m’effondrer mollement dans les bras d’Aaron avec Senri qui se joint, ma cage thoracique est si chaude par le soulagement que ça me procure de pouvoir les sentir contre moi. On se laisse un bon moment ainsi, rempli d’amour. Ça fait du bien de pouvoir s’ouvrir à ceux qu’on aime. Juste un peu. Ça me prendra le temps qu’il faut pour revenir sur mes pieds mais qu’est-ce que je suis heureuse de les avoir dans ma vie tous les deux. Mes respirations sont profondes mais tranquilles. On s’enlace tous les trois et c’est incroyable putain, on est en vie, ensemble. Lorsqu’on rompt l’étreint, d’un léger passage du doigt j’enlève l’humidité qui prône au coin de mes yeux. Aaron sourit et je le mime. Un peu plus légère dans mon cœur.

« Oh oui ce serait trop génial !! On se laisse un petit temps puis on ira se faire un rendez-vous entraînement ! Comme ça, la prochaine fois qu’on va casser des mâchoires, on sera encore plus fort contre le Centre ! Puis je vais m’inscrire au club de self-defense comme Senri y est comme ça on pourra s’entraîner encore plus, dans les limites bien sûr. Hein Senri ??? »

‘’Bien sûr’’… WINK WINK.

Senri était un petit crispé par cette étreinte. Maintenant qu'Aaron et Nana étaient si proches, il avait l'impression qu'ils étaient tout fragile. La faute à leur musculature sèche - oui même Aaron, il faut arrêter de dire que c'est un gringalet puisqu'en réalité il est quand même un peu bâti il faut dire - qui les rendaient moins imposant que Senri avec ses muscles surdimensionnés - imaginez un muscle avec des muscles puis étendait cela sur l'ensemble d'un corps et vous avez Senri. Il passa néanmoins ses bras autour d'eux, et au comble du malaise et du je-sais-pas-quoi-faire, leur tapota l'épaule.

Au moins, ils avaient acceptés de ne rien en dire.

Au terme de cette étreinte, Aaron fit une promesse qui arracha un large sourire à Senri. Il répondit avec autant d'enthousiasme que Nana.

- OH TROP BIEN !!! On pourra faire des attaques coordonnés et tout !! Regardez, j'ai fais des schém- QUOI TU VIENS AU CLUB DE BAGARRE TROP BIEN ON VA TROP S'AMUSER JE SAIS JAMAIS AVEC QUI ME METTRE PARCE QUE OBJECTIVEMENT JE PENSE QUE JE SUIS LE PLUS FORT LA BAS, SAUF PEUT ETRE ELWYNN MAIS C'EST LA PROF C'EST BIZARRE DE SE METTRE AVEC QUAND MÊME EN PLUS ELLE EST TROP AGILE !!

C'était assez impressionnant de pouvoir parler aussi fort, et de manière aussi continue, d'ailleurs.

- Oups, pardon, monsieur j'ai crié.

Il avait chuchoté cette dernière phrase. Un peu penaud, mais toujours survolté. De petites étincelles dansaient sur ses épaules pour manifester sa joie.

Ahlala ils sont chou mes bébous, là. (Leur dites pas que j’ai dit ça.) Je m’éloigne et souris… avant de grincer des dents parce que Senri s’est de nouveau pas retenu de gueuler. Enfin, il s’est pas retenu mais il s’est repris tout seul, alors je lui lance un regard mi blasé mi reconnaissant. (J’ai juste l’air fatigué, ouais.) C’est dur de les suivre tous les deux en même temps, par contre, aha. J’ébouriffe les cheveux inexistants de Senri, laissant son énergie électrique me picoter la main.

—"Dans les limites" ouais ouais mon cul. Vous avez intérêt à vous ménager un peu, et surtout à apprendre à contrôler votre flux d’énergie un peu mieux que ça, je les tacle. Montre tes schémas Senri ?

Evidemment qu’Elwynn est la plus forte au club, hé. (J’fais aucun favoritisme.)

—Si vous voulez, j’aurai aussi un exercice à vous donner, justement pour vous apprendre à canaliser un haut voltage. Vous avez pas besoin de moi pour ça, et pitié je veux pas être dans le coin quand vous le faites, mais j’aimerais vraiment que vous soyez super prudents, sinon je vous dégomme. Et pas à faire maintenant hein, ou alors juste vous allez dehors ok.

Je tends une paume vers le haut et de mon autre main, j’indique comme la forme d’une sphère.

—C’est une variante du tic tac boum : vous créez une sphère, vous augmentez doucement et progressivement le voltage, vous le maintenez et vous vous passez la sphère à votre partenaire, qui doit aussi maintenir la sphère, puis augmenter le voltage, et redonner la sphère à son voisin. Enfin vous voyez le bail, l’idée c’est juste de vous apprendre à stabiliser les flux électriques. La sphère, j’veux qu’elle soit maintenue à au moins un mètre de vous. Et celui dont la sphère explose a perdu, évidemment. D'ici à notre prochain entraînement, je veux voir vos progrès avec cet exercice, ça vous branche ?

J’sais qu’ils vont la garder dans les mains cette bande de cassos, si je les vois faire je leur jette une chaussure à la gueule, j’sais pas.

Je m'extasie avec Senri après une longue et belle étreinte qui me réchauffe le cœur.

« OUI OH LALA, comme ça on pourra devenir encore plus fort!! Ça va être rigolo je vais m'y inscrire dès que je peux et je viendrai tout le temps!!! On va travailler fort Aaron promis!! Trop la honte de se foirer, on veut rendre fier notre Sensei omg.»

Ça fait un petit moment que j'entends parler de ce club et le fait de savoir que Senri y sera.. On va avoir des bonnes séances ensemble et la prof a l'air très cool. Mes yeux pétillent puis lorsque le Master nous propose un exercice, je l'écoute tout en me trémoussant sur place. ON COMMENCE DÉJÀ TROP BIEN. Un entraînement avec Aaron, je ne peux pas rêver mieux. Je comprends les règles et ça a l'air super cool à faire et je clapote mes mains ensemble de joie.

« Haaaan oui je vois c'est quoi! C'est une trop bonne idée! -Je me retourne vers Senri- Tu serais chaud de donner un essai tout de suite?? Ou tu veux attendre une prochaine fois? On pourrait aller le faire dans la rue ou le jardin j'sais pas t'sais. »

Senri ferma les yeux et rentra sa tête entre ses épaules quand Aaron lui ébouriffa son crâne chauve (hyper bizarre d'écrire ça). Avant d'être véritablement outré par cette remarque absolument infondée sur son contrôle de l'électricité. Cela dit, son attention fut très vite détournée quand le Master lui demanda de lui montrer ses schéma. Senri ramena les carnets vers lui et commença à les ouvrir.

- Alors !! Lui, c'est pour mon armure électrique, j'ai pas encore trouvé de nom, l'idée c'est de reprendre le principe de mon équipement que Mitsu m'a fait et d'avoir des point de charge, donc c'est les petites croix au niveau des articulation. Chaque point de charge permet de canaliser l'électricité, et d'alimenter le reste de l'armure, ça limite la perte d'énergie, mais, ça veut aussi dire que je dois faire attention au zone que je veux protéger. L'autre solution, -il tourne la page- c'est d'alimenter toute l'armure avec le même voltage, mais je peux tenir ça que pas longtemps. Et lui - il attrape un autre carnet - c'est moi qui diffuse le pouvoir de sensitif, ça part de mon crâne car "j'imagine" les émotions, pour les matérialiser et les utiliser sur les autres ou moi. Et j'en ai un autre, c'est le même, où je capte les émotion cette fois.

Son explication se termina somme toute assez rapidement, il avait encore nombre de schéma à montrer, mais il ne savait pas encore si ils étaient assez pertinent. La proposition d'Aaron d'un nouvel exercice mit des étoiles dans les yeux du boxeur.

Il se tourna vers Nana.

- Mais ouais carrément, viens, on fait maintenant, ça va être trop trop bien.

Et, ni une, ni deux, il se remit debout et gambada jusqu'à l'entrée, où il remit ses chaussures. Tout content, il se permit même une petite roulade en sortant de chez Aaron.

- EH NANA EST CE QUE ON LA FAIT GRANDIR AUSSI ??

Il commença à se concentrer, pour créer une petite sphère électrique au niveau de son crâne, il sembla comme l'attraper avec sa main. Néanmoins, la sphère restait à quelques centimètres de sa paume, comme s'ils s'agissait de deux aimants qui se repoussait. Il commença à jongler avec, tout heureux. Dès que Nana fut sortie et prête, il lui lança la sphère dessus.

- TIK TAK !!!

L’énergie de Nana me fait sourire, aussi j’acquiesce à sa volonté de s’y inscrire elle aussi. Je pense que ça pourra pas lui faire de mal si elle a envie de s’améliorer en combat rapproché. Ca me ferait pas de mal non plus, mais eh, euh, voilà, j’préfère faire exploser des cerveaux moi… Non puis ils disent qu’ils veulent me rendre fier lààààààà c’est trop chouuuuu. (Changement de sujet au poil)

—J’ai hâte de voir tes progrès ! Je suis sûr que ça te plaira comme entraînement.

Honnêtement, l’imaginaire de Senri est… enfin, il est impressionnant. J’observe avec attention ses schémas, même si je comprends pas toujours exactement ce qu’il veut faire avec ses machins là — globalement : beaucoup d’infos — par contre c’est hyper stylé. Je prends mon temps pour regarder, tourner un peu les schémas comme si ça allait m’aider à mieux les ancrer dans ma tête, mais je suis encore assez hermétique à tout processus de réflexion actuellement.

—Faudra me réexpliquer ça un jour où j’ai un cerveau, comme ça je pourrai t’écouter plus longuement, mais ça a l’air vraiment cool, t’as fait du bon boulot. Si tu veux on pourra essayer de voir comment les ajuster ensemble ? Sauf si t’as envie de le faire tout seul. En tout cas, j’aime bien le principe de l’armure. Peut-être que ça te permettrait de pas t’auto-taser.

C’est vraiment la priorité que je veux mettre sur nos prochains entraînements.

Nan mais j’apprends pas, avec eux, en fait. Pourquoi j’ai ajouté “ou alors juste vous le faites dehors” ? Evidemment qu’ils allaient directement sauter sur leurs pieds pour sortir. J’ai évidemment un sourire à leur enthousiasme, parce qu’ils sont trop adorables, mais bordeeel.

J’me sens obligé de les suivre en galérant — sauf que j’arrive pas à me mettre debout correctement tout de suite, et tout tourne autour de moi alors que je les entends beugler dans l’entrée. Oooof ça picote ça… J’me rassois sur l’accoudoir en me frottant les paupières, fatigué. On a dit qu’on devait faire doucement.

… Oui mais eux là-bas ils font pas doucement du tout, là !!! Ptn.

Je finis par réussir à les rejoindre, en m’appuyant contre l’encadrement de la porte, l’air de rien, emmitouflé dans mon gilet, tête rentrée dans les épaules pour pas caner de froid.

—Eh, on l’augmente pas de taille, ok ? L’idée c’est de se focaliser sur le voltage, pas la taille du bousin.

Surexcitée par notre envie mutuelle de faire l’exercice d'Aaron, je sautille non loin de Senri en direction de l'entrée pour remettre nos chaussures et aller dehors. J'aimerais pas être à la place du zouzou qui voudra faire son footing dans le coin au vu de notre jeu. Mes yeux pétillent à l'idée de vouloir augmenter la taille mais lorsque j'ouvris la bouche pour répondre positivement, Aaron imposa de ne changer que le voltage. Une moue se dessine sur mon visage.

« Bon OK alors la prochaine fois on bossera la taille hein??? »

Je fais craquer les jointures de mes mains, prête à réceptionner la sphère. Bien que je sois habituée dans un sens, il y a toujours cette surprise de voir l'électricité de Senri sortir de son crâne littéralement. Ça fait vraiment... paratonnerre. MAIS QU'IMPORTE. LA SPHÈRE BORDEL. Je réchauffe les paumes de mes mains avec mon énergie. Allez. Un peu comme le cliché du daron avec son fils qui jouent à la balle, je laisse l'électricité couvrir ma peau comme un gant. Je fléchis les genoux et attrape la sphère. Étant donné qu'on travaille notre énergie entre équipiers et non inconnus, il m'est plus facile de m'adapter à l'énergie de Senri. Mes yeux scintillent pendant que je transmets une dose de mon énergie afin d'augmenter le voltage sans augmenter sa taille. On est sympa, on y va mollo.

Avant de la renvoyer, je la fais danser d'une main à une autre.

« Ouais ouais... TIK TAK BERNARD (?) »

Aucune idée, je suis trop dans l'engouement du jeu. Dans un coin de ma tête, on est pleine partie de baseball avec les Cullen dans Twilight, tout va bien.

Je finis par l'envoyer en direction de mon coéquipier avant de tourner la tête vers le Master, un sourcil arqué et affichant un sourire ironique.

« Sérieusement, ''un bousin'', Aaron ? »