"Si on considère qu'un faux départ c'est pas de la triche, nan, c'est vrai, aucune triche pour le dossard n°7-"

Je souris de toutes mes dents. Elle me fait trop rire. Elle est trop drôle. Ma Nana. Putain. Je bloque encore là dessus hein... J'essaie de chasser cette pensée de mon esprit. Cette fin de matinée a ce quelque chose de magique, après tout, autant en profiter autant que possible. Ce moment avec Nana, c'est impossible à imiter. Impossible à reproduire. Cette complicité qu'on a, tous les deux, Nana. Qu'est ce que c'est que ça. Comment est ce que c'est possible, Nana ? Pourquoi est ce que dès qu'on se croise, ça a cette intensité. Je pense trop à ton prénom bordel. Comme si il était imprimé au fer rouge quelque par dans mon crâne. Je ricane.

"Tu pourrais tout gagner si tu voulais, j'suis vraiment pas si fort. J'aime juste moins perdre que toi hehe-"

Sa tête contre mon torse. Putain. Sa tête. Contre. Moi. Je fonds. Je craque. Comment est-ce que tu peux être si mignonne. Pourquoi. Je pourrais me satisfaire de cette vue pour le restant de mes jours. Ok non, j'ai menti. Quand tu plante ton menton entre mes pectoraux et que tu lèves les yeux vers moi. C'est cette image que je souhaite immortaliser. Ma main effleure ta joue, machinalement.

"J'aurais aimé que ça dure plus longtemps. C'était super chouette. Et c'était ton idée. Enfin. Ton envie, j'ai juste proposé de la suivre - Tous ces jeux de lumière, entre les éclairs et les arcs-en-ciel-"

Et ce joli cristal que tu m'as fait, Nana. Je l'oublie pas. En même temps. Je crois que je pourrais difficilement l'oublier, quand tes deux pupilles, fixées dans les miennes, me rappellent l'éclat qu'il avait alors que tu le façonnait pour moi, devant moi, ta tête sur mes cuisses. Ce cristal qui était la seule chose entre tes lèvres et les miennes. Les flashs lumineux qui éclairaient ton visage. Ton air concentré pendant que tu t'attelais à la tâche, un sourire mal dissimulé sur tes lèvres. Ce cristal, c'est une invitation. C'est un reminder que je serais toujours le bienvenu. Que je peux venir quand je veux. Et ça, c'était avant nos jeux dans l'eau.

"Miaou ??? - Tu me voles mes répliques en plus Nana ? "

Elle est putain d'adorable. J'ai pas d'autre mots. Enfin. Si en fait. J'en ai trop, qui veulent dire la même chose. Je suis tellement sous ton charme, Nana. Vraiment. Tu as pris tant d'importance dans mes pensées, et dans mon coeur, en si peu de temps. Après seulement quelques heures mises bout à bout. Ces moments, ils auront cette place particulière dans ma mémoire. Ces souvenirs d'instants sincères, vécus à fond, sans crainte de ce qui peut, ou pas, nous attendre. Ce lâcher prise. Cette passion qu'on attise. Qui nous dévore. Mais qu'on attise encore. Et là, tout de suite, lovée contre moi, tu es la plus belle du monde, Nana. Ton souffle sur mon torse fait s'emballer mon cœur. Tes yeux, Nana. Tes yeux sont les astres autour desquels j'ai envie de graviter, et ton sourire devient l'objectif que je me fixe à partir de maintenant. Je veux le voir. Le mériter. Le créer. Putain. Nana. Il va falloir qu'on discute sérieusement. Cette promesse, c'était quoi ? Un outil pour profiter ? Un moyen de se donner à fond sans contrainte ? Ou un bouclier, une limite entre toi et moi ? Ma main passe dans ses cheveux, aussi doucement qu'une brise de bord de mer. Je distingue à peine l'odeur de lavande. Mais je sais qu'elle est là.

"Moi qui décide ? C'est vrai que c'est fair play- Je fais semblant de réfléchir un instant. Je veux pas passer pour un mort de faim, t'sais. -J'imagine que comme j'ai trempé la moitié de tes affaires, ça ne serait que justice si j'venais avec toi pour réparer mes tords ? Histoire de m'assurer aussi que tu t'enrhume pas. Ou que si par malheur ça arrivait, que je sois au courant pour t'aider à te soigner, comme convenu tout à l'heure- J'suis quelqu'un de parole, tu peux compter sur moi - "

J'suis quelqu'un de parole, oui. Mais. Je crois que si ça continue. J'vais devoir trahir une promesse. Qui pourrait gâcher ce qu'on a. Même si ce "ce qu'on a" est un simple échappatoire face à la réalité. Même si c'est juste parce que ça fait du bien. Elle est toujours contre moi. Je passe mes bras dans son dos, la serrant contre moi.

"Toutes mes affaires sont déjà chez toi. Faut avouer qu'un chat ça a pas de supers grandes poches- Miaou- Par contre. J'vais vraiment passer pour un fétichiste de merde mais. Vise la salle de bain. Téma nos pieds plein de vase-"

Je lui souris, et mon nez vient chatouiller le bout du sien au moment où elle utilise ses pouvoirs, nous arrachant à la berge pour qu'on se retrouve chez elle. Le reste, ce qui se passe après encore quelques éclaboussures pendant qu'on se rince rapidement, c'est encore gravé dans mon corps. Tes ongles à nouveau dans mes chairs, tes lèvres brûlantes de désir. La fièvre du désir qui s'empare de nous. Je revois cette rose fanée, sur le meuble à côté de la fenêtre. Mais ce souvenir n'est rien à côté de celui de tes mimiques pendant que je te touche, ni même par rapport aux sons que tu émets. Quand ce n'est pas simplement mon nom qui t'échappe. Est-ce qu'espérer plus, c'est mal? Est ce que c'est risqué ? Chaque chose en son temps. Je veux vivre ce qu'on a à vivre. Pleinement. Sans regrets. Voir jusqu'où on peut aller sans avoir à s'attacher. Même si c'est trop tard pour ça.

Quand je rentre enfin chez moi, le soleil a déjà commencé à redescendre. Je sers doucement le cristal dans la paume de ma main droite. J'ai l'impression de sentir ton cœur battre, si je serre un peu trop fort, Nana. Je sais que c'est le mien, qui résonne dans mes oreilles. Mais c'est impossible que ton cœur ne batte pas au rythme du mien. Impossible. Comment expliquer ce qu'on vit autrement ?