Mi-Mars 2023

L’air est encore frais dehors. J’ai repris du poil de la bête un peu plus. Mon temps est divisé entre le boulot, le repos, les amis, les entraînements, et mes plans nocturnes. Un rythme que j’ai bien entrepris. Je me bats encore pour avoir du bon sommeil avec mes crises, mais je survie. Mes pensées sont focus sur moi-même pour avancer parce que la vie avance quoi.

Malgré tout ce qui peut se passer. Alors aujourd’hui, c’est un temps nuageux, venteux, je suis en repos alors j’ai pris le temps de me lever tard, d’aller m’entraîner à l’arène un coup avec un ami. On s’est laissé au Village et j’ai décidé de m’arrêter prendre un café pour emporter.
La tasse de carton chaude dans les mains, je marche et traverse Terrae pour retourner vers ma chambre. Comme d’habitude, on ne change pas une équipe qui gagne, je suis dans ma tenue classique de sport, un gros manteau de cuir par dessus, le sac à dos sur une épaule. Il va pleuvoir dans pas long, je le sens dans l’air. Peut-être que si je marche un peu plus vite, j’arriverai avant que ça tombe.

J’ai plaqué mes cheveux en une queue de cheval qui se balade de gauche à route à chaque pas, je suis pleine de sueurs, bien sûr hein. Pas le must. Mais je me sens bien. Défoulée. La tête vide. Loin de tout.

J’ai remonté le chemin jusqu’à la Cour. J’ai bu la moitié de mon café noir qui me réchauffe. J’écoute avec mon casque sans fil une petite playlist simple. Je me rapproche de l’entrée quand une petite forme du coin de l’œil attire mon attention. Y a cette petite boule de poil qui me regarde, immobile. UN CHAT. MAIS IL FAIT PAS CHAUD. Alors je m’arrête et je me penche en tendant la main.

«  Pssss pssss minou minou »

Il s’approche et se frotte à mes jambes. Mais qui a perdu son chat ?? J’enlève mon casque que j’entoure mon cou et gratouille la tête du matou.

«  Qu’est ce que tu fais dans le coin hein ? »

Comme si un chat ça répondait, mais j’aime bien leur parler. Je suis une meuf à araignée mais les chats et tout… j’adore. Je continue de le gratter jusque dans le dos.

«  Il fait froid tu sais… Attends, je vais te porter à l’intérieur. T’en penses quoi ? »

Je m’accroupis et regarde les beaux yeux de ce minou. Ils sont vraiment incroyables. Je reste figée devant le minou, je l’observe un peu en me demandant si il va pas plutôt se barrer si je le touche pour le porter.

MIAOU. MIAOU. ALLEZ ERIK, FAIS MIAOU. Ok ok pas mal. Putain. Quelle idée, cet entrainement de con. Genre, vraiment. Se transformer en animal c'était pas suffisant. Nan. Faut aussi s'imprégner de son mode de vie, hein. J'ai fait mon stage de miaoutage auprès de Seph et d'Aeris. Puis j'ai eu envie de me balader, un peu. De mettre en pratique toutes les connaissances, tous les moves signature que j'ai pu apprendre. Et moi, malin, j'me suis dit que j'allais faire ça où y a des gens qui passent. Parce que pourquoi pas. C'est marrant de voir s'ils captent ou pas; que j'suis un Morphe. Ok pour l'instant personne a capté. Bon en même temps, à par quelques pstpstpst que j'ai royalement ignoré, me contentant de lécher ma patoune blanche comme neige, comme le reste de mon pelage, personne s'est approché plus que ça. J'pensais que les chats avaient plus de fans, pourtant. Enfin. La météo est peut-être pas propice. Les gens préfèrent vite se rendre d'un point A à un point B, surtout quand le ciel menace de te tomber dessus.

J'l'a remarque. Ou c'est elle, qui me remarque. Je sais pas trop. Ça fait un moment, qu'on s'est pas croisé. Genre quand je lui ai rendu ses affaires, la nuit suivante. Ni elle, ni moi, on avait tenté quoi que ce soit. C'était pas un de ces moments. Elle s'approche, et si je pouvais sourire, ou rougir, je l'aurais fait. Même à travers les yeux d'un félin, elle reste belle. Elle a encore ce côté qui m'avait plus au premier coup d'œil. Ce petit côté badass, assurée. Et le fait qu'elle soit de ceux qui prennent le temps de s'arrêter malgré la météo, alors qu'elle pourrait juste se téléporter... Je me rappelle de pourquoi je l'ai évité, presque, ces dernières semaines. Ce mélange, c'est dangereux. Elle est dangereuse. Pour moi. Pour notre promesse, qui me reste en tête. Je constate avec un plaisir non feint qu'elle ne porte plus de bandages. Dommage. Mais tant mieux. Je- Euh. J'ai sans doute un peu trop approché. Bah oui. Parce qu'elle a juste à tendre le bras pour me gratouiller le crâne. Putain. Merde. Nan mais. Erik. C'est. Gênant. À chaque fois. Putain. Et en même temps, ses caresses. Elles m'ont manqué. Mais c'est pas bien. Elle va encore dire que je triche si je me re transforme, maintenant. Cette gentillesse. Cette douceur pour un animal croisé dehors. Vraiment. Elle rentre du sport. Ça se voit, ça se sent. Moins qu'avec un odorat canin, mais ça se sent. C'est légèrement fruité. Et je distingue toujours cette odeur de lavande. Je me frotte à sa jambe. Putain. Mais. Oui, ok, C'est bien comme ça qu'il faut faire, Erik. MAIS CHAQUE CHOSE QUE TU FAIS REND ÇA PLUS GÊNANT BORDEL DE MERDE. Oh. Sa main. Dans mon dos. Me rappelle des caresses. Ces caresses. Ses caresses. Ses griffes. Et un ronronnement satisfait m'échappe. Son petit "moooooh" en réaction me fait fondre. Putain. Et voilà qu'elle s'accroupit. Et nos regards s'accrochent. Putain. Vraiment. Les souvenirs de cette nuit remontent sans que je ne puisse en contrôler le flux. Ce que j'en ai putain d'envie. De le revivre. Juste elle et moi. Sans engagement. Ma langue rappeuse lèche son index que je viens mordiller. Putain. J'ai pété un câble ça y est. Elle me fait le même effet que de l'herbe à chats. On se regarde, immobile. Qu'est ce que je branle putain. Quand elle propose de me ramener à l'intérieur, mon cerveau termine de se déconnecter. Cette gentillesse. Cette bienveillance, envers un animal. Est-ce qu'elle a seulement un défaut ? En dehors de faire promettre des trucs impossible à tenir ??? Ma tête vient s'écraser contre la paume de sa main, cherchant d'autres caresses, d'autres gratouilles. J'suis une merde c'est grave. Putain.

Ce chat est adorable. Il se frotte et demande de l’affection vraiment ça me fait sourire. J’ai un peu de mal à comprendre ce qu’il fait là mais il est vraiment affectueux. Enfin il/elle j’ai pas regardé mais c’est un chat quoi. Donc je le papouille un peu. Il a un pelage et des yeux vraiment beaux. En tout cas, il semble m’apprécier.

«  Peut-être que t’es un chat d’hiver , rigolais-je. »

Bah, je continue un peu mon monologue parce que… parce que ?

«  Désolé petit minou je sors d’entraînement alors… »

J’ai transpiré quoi.

«  J’aimerais bien être un chat parfois. La vie est plus simple, sans stresse, sans besoins particuliers à part vivre… Tu dois avoir une belle hm… enfin… t’es tout mignon en tout cas. »

Je regarde à nouveau les alentours tandis que ma main reste en contact avec le matou. Son poil est doux. C’est adorable. Pourquoi il est aussi mignon comme ça. D’habitude les chats, bon, tu les caresses un coup après il se casse mais celui-là, il est sociable. Les bourrasques de vent se font un peu plus présentes, je sens une goutte qui me tombe sur la main. Je soupire.

«  Bon, mieux vaut se mettre à l’abri au moins à l’entrée… Pas que ça me dérange la pluie mais ce serait dommage que tu sois tout trempé, allez, viens. »

Je pars en tendant les bras pour envelopper de mes bras le petit, lui parlant sur un ton doux. Il ronronne, il est tout chaud, ça me fait sourire encore plus.

«  Good job, allez je te dépose dans pas long. »

Je m’avance vers l’entrée couvert, mon pouce caressant le félin doucement. Il est vachement docile dis donc… Arrivés sous l’entrée, je le dépose délicatement par terre, lui frottant encore une fois le dos. Je me relève, croisant les bras sur ma poitrine.

«  C’est quand même mieux ici hein ? Enfin, ce serait moi, là tout de suite je me laisserai sous la pluie. Mais un petit matou comme ça c’est mieux de rester au sec. T’es une belle compagnie dis donc ! »

Si on me prend pour une folle parce que je parle a un chat, bah écoute…

Nan mais toute cette attention qu'elle apporte à un petit chat et comment elle est gentille et douce et attentionnée, elle parle, ce small talk un peu mignon où elle se justifie en me grattouillant encore un peu plus. Mon cœur se pince quand elle dit que ça doit être chouette d'être un chat. L'envie de la prendre dans mes bras grandit. Fort. À la place, je lui donne quelques coups de tête affectueux pendant que sa main se perd dans ma fourrure. Je sens une goutte s'écraser pas loin de ma patte, et les bras de Nana m'enserrent. Je suis tout petit, tout léger, tout mignons et mon coeur se gonfle de tous ces sentiments inavouables. De tous ces sentiments tout court. Je vois bien qu'elle nous met à l'abri, à regret. Qu'elle souhaiterait rester un peu sous la pluie. Ses caresses, pendant qu'elle me tient dans ses bras... Les mêmes mains qui m'ont rendu accro à cette douceur, à cette intimité. Pourquoi je suis un putain de chat. C'est putain de trop gênant. Moi je voulais juste m'entraîner. M'amuser. Et je me retrouve dans les bras de cette fille. Forcément. CETTE FILLE. Juste parce qu'elle est gentille. Et bienveillante. Comment est-ce que je peux lutter, moi ? Au naturel, sans savoir que je suis là. Elle fait battre mon coeur plus fort. On est au sec. Dehors, le ciel craque et se fend d'un éclair, au loin. Elle veut être sous la pluie ?? Je me tortille dans tous les sens pour me libérer de son étreinte et, une fois retombé sur mes pattes, je frotte ma tête contre ton tibia en ronronnant. Puis je me rapproche de la porte et parviens à me faufiler dehors juste avant qu'elle ne se referme.

"Miaaaaww-"

Je miaule derrière la porte en verre transparent, invitant l'Etoile à me suivre. J'veux vivre cette averse avec toi sous la pluie, Nana. Cet orage. Moi aussi j'aime bien être dehors par ce temps.

"Miaaaaaaaaaww-"

Putain nan j'peux pas faire ça. Oui mais il faut. Au moment où elle ouvre la porte, je me transforme. En moi. En robe de chambre. Putain. C'est vrai ça j'ai eu la flemme de m'habiller. OK Y A R TOUT VA BIEN.

"Hey salut. Ça te dit de se balader sous la pluie ? "

J'dois l'embrasser ou pas ? Puis 'fin elle est pas conne elle sait que c'était moi le chat de toute façon. Mais du coup j'dois l'embrasser ? Putain c'est si gênant genre. Même sans cette horrible situation là, où elle vient de me prendre dans ses bras. J'sais pas si je dois ????

L’orage se rapproche. L’atmosphère me fait lever les poils de bras, mon électricité réagit un peu sous la peau, ça fait du bien. Le petit minou me tient compagnie jusqu’à ce qu’il se glisse derrière la porte. Mais, je viens de te rentrer ! Une petite moue se dessine sur mes lèvres.

«  Où tu vas ! »

Il me regarde derrière la porte, il veut que je le suive- OH. Est-ce que ce serait pas une maman qui a une portée pas loin et qu’elle doit protéger ?? Merde. Je peux pas laisser ça. OK, O.K je suis demandée. Je soupire un peu. Je m’avance et ouvre la porte.

«  Qu’est-ce que tu veux petit ch-»

Le chat… le… chat… se change… je. Hhhhhhhhh. ERIK ?! Le chat. J’ai pris, Erik dans mes bras, je l’ai papouillé je… J’ai un coup de stresse. Je ne l’ai pas vu depuis notre rencontre… J’avais repensé à lui parce que la rose, je l’ai gardé jusqu’au bout. Je la laisse faner sur mon meuble, dans un verre d’eau.  Mon visage se crispe de surprise.

« …. »

J’essaye de process cet instant. Ce mec est un Morphe. Je suis con. J’ai pas capté. C’est vraiment des tricheurs. Je comprends mieux pourquoi ce chat était sociable… pas étonnant. O-M-G. Il me propose d’aller marcher… sous la pluie… je sais pas ce que je fais. Je suis gelée sur place, à ne pas savoir ce que je dois dire ou faire. J’hésite. Je sais pas. Je m’avance ? Je lui serre la main ? Je- Euh. Je vois son sourire, ses yeux, ce visage que j’ai envie de prendre dans mes mains. J’ai gardé la bouche un peu ouverte.

«  Mais tu… euh… un chat, vraiment ? Tu voulais m’amadouer secrètement hein ? »

Je bug. Fort. Mais je finis par sourire, sans oser bouger. C’est, malaisant. J’ai pas dit Salut. Je suis une boloss.

«  Je- oui- on peut aller… marcher. Mais, tu veux peut-être, te changer avant ? »

Il est en robe de chambre. ‘Fin. Peut-être pas pratique sous la pluie. Et qu’est ce que je fais… je comprends pas ce que je dis. Je parle sans réfléchir. Je sais pas. Je fous quoi. On s’est pas recontactés depuis… par peur ? Par… euh… occupation peut-être. De voir son visage soudainement devant moi… ça me fait ravoir des flashs. Bien sûr que je veux marcher sous la pluie, si t’es avec moi, je le veux encore plus. Bon. Je suis degueulasse de ma séance mais- MAIS QU’EST CE QUE JE RACONTE MOI. Il est de bonne compagnie, c’est tout. Haha… ha….h.

"Ouais. J'suis un chat depuis le début. Miaou miaou. J'ai ressenti un Vide quand mon maître a oublié de changer ma litière pendant 4 jours. Et depuis je suis Morphe-"

J'souris, mais je sais toujours pas si j'dois l'embrasser. Ou même si je peux le faire. J'fais un pas vers la jeune femme, hésitant, avant d'écarter les bras et de la serrer vigoureusement, comme une pote ou je sais pas. J'fais pas de câlins moi d'habitude. Genre j'reçois ceux d'Aria c'est déjà pas mal de réussir à rester debout quand la petite tornade rousse me saute dessus par surprise.

"J- Nan j'voulais pas t'amadouer ou quoi- J'm'entraînais. 'fin. Comme toi sauf que j'le fais en robe de chambre, ouais. J'attendais l'orage. C'est mes entraînement préférés, j'te montrerais quand ça va commencer à tomber ! "

Je recule d'un pas.

"-scuse moi. J'ai paniqué. Genre j'allais me transformer pour te saluer et tu m'a gratouillé entre les oreilles, j'ai paniqué. J'voulais juste faire une p'tite farce, t'sais. Du coup j'pensais enterrer ce secret dans ma tombe. Mais j'sais pas. T'étais toute gentille et tout, puis t'as dit que tu aimais la pluie et tout. Et comme moi aussi 'fin. J'me suis dit qu'on pouvait en profiter ensemble-"

Voilà. Je sais pas pourquoi je parle autant. Pourquoi j'ai besoin de me justifier. J'aurais très bien pu ne rien dire du tout et faire comme si de rien n'était, et je rougis, bien comme il faut. Mon cœur loupe un battement quand elle hoche la tête, et ma main se glisse par réflexe dans la sienne, l'entrainant à ma suite sous les premières gouttes fines qui commencent à tomber.

'"Oh t'inquiètes ! J'peux faire sèche-linge. En plus j'ai un boxer à ma taille, cette fois."

J'souris, et lâche sa main. Pourquoi j'ai pris sa main ? Genre. C'était si naturel. Je sais pas. J'me gratte l'arrière du crâne.

"Est-ce que euh- Est ce que tu veux que j'porte ton sac ? J'veux dire, j'ai passé ma matinée à regarder les gens passer. T'as l'air de t'être dépensée -"

Je ricane un peu.

«  J’ai presque envie de te croire. »

On se sourit. Puis ses bras viennent s’enrouler autour de moi pour me saluer chaleureusement, comme une vieille amie. Mécaniquement je l’entoure le temps que ça dure. Sa carrure contre la mienne fait carburer mon cerveau d’images, de réconfort. Ouais. C’est mieux que de se serrer la main hein. Son odeur remplit mon nez, je ferme les yeux, profitant un peu. Je pourrais déposer mes lèvres juste là- NON.

«  Rien de mieux qu’un temps orageux je te comprends, hâte de voir ça ! »

Il se décolle, et j’ai cette petite voix dans ma tête qui crie. J’ai un sourire amusé sur les lèvres en écoutant son histoire. Roulant des yeux. T’as surtout voulu profiter hein. Enfin, vu comment les animaux sont en trans quand on leur gratte la tête… Comment j’ai pu ne pas reconnaître que c’était lui alors que c’était les mêmes YEUX. Le même bleu. Comment oublier ça… j’éclate de rire.

« T’es un mec à papouille j’ai capté haha. Ton chat est très convaincant, j’avoue que je me suis fait avoir. Ce serait avec plaisir pour une marche Erik, dis-je en hochant la tête. » 

Son nom n’avait pas quitté mes lèvres depuis… depuis la dernière fois. Il se prononce avec douceur, dans un ton calme. Cette pluie me donne envie de rester dehors. C’est la deuxième fois que je me fais charmer. Enfin- BREF. Une fois en humain, une fois en chat. La joie d’un Morphe.

De sentir les gouttes perler mon visage, laisser la nature et l’eau me rappeler un peu ma place sur cette Terre. Bien qu’un autre type d’Eau à l’air de- hein ?
On s’avance sous la pluie et mes doigts se retrouvent unis à ceux d’Erik. Comme si, ça devait se faire ainsi. Le contact de sa paume chaude contre la mien me donne un coup d’électricité dans la nuque. Je ne m’en rends pas compte sur le champ. Parce que c’est plutôt quand il quitte ma main que je me rends compte de- POURQUOI ON FAIT ÇA ? Je crispe un peu des doigts comme si ma main voulait le rattraper, main que je place dans ma poche.

« Hey ça va en vrai il était pas si petit… enfin… C’est mieux ca que je te passe un de mes boxers à moi quand même ??? »

Je soupire.

« Oh c’est gentil ça va il est pas trop lourd ! »

Je parle tout en retirant mon casque pour le mettre dans mon sac avant de le replacer sur une épaule. Je lui jette un coup d’œil, il est toujours aussi… aussi… hm. Le vocabulaire me manque. Ou plutôt, je me contrains à ne pas m’emporter. La douceur des gouttes qui se déposent doucement sur moi me détend et j’ai du mal à m’empêcher de le regarder…

«  Où est-ce que t’aimerais aller ? Je pense que la pluie va durer un moment alors… »

Ce qui nous permettra de passer un long moment ensemble… Je dis ça en tapotant son épaule. Je- réflexe ? Je sais pas. J’ai l’impression qu’à chaque contact, je me prends des coups de jus tandis que l’orage gronde un peu plus fort. Quelles étaient les chances de se croiser ainsi ?

«  Enfin, Terrae c’est grand alors y a de l’espace ! On peut toujours aller jusqu’aux espaces verts ou rester dans la cour, je sais pas ? »

"Comment ça j'suis un mec à papouilles ???? J'te retourne le compliment wesh si tu veux hein. Même si c'est pas le même genre de papouilles. 'fin t'as capté-"

Vraiment genre en 15 secondes j'ai ramené le sujet de conversation sur notre nuit. Putain. Sur CETTE nuit. Mais je préfères qu'elle pense que je rougis à cause de mes propos. Plutôt qu'elle sache que le simple fait d'entendre mon prénom sortir de sa bouche me fait rougir.

"Trop chouette, suis moi ! "

J'attrape sa main, pour l'entrainer à ma suite et quand je me rends compte de ça, je la lâche. Bordel. Autant lui rouler une pelle, à ce rythme là. Putain. Mais j'ai trop envie de me promener avec elle pour gâcher cette opportunité. Genre. Sinon on va juste s'envoyer en l'air et ça sera bien, super, génial. Mais ça sera pas un moment tous les deux sous la pluie.. J'fais mon gentleman à proposer de porter le sac de la demoiselle, mais elle refuse, et j'insiste pas. C'est pas comme si, si il le gênait vraiment, elle pouvait pas faire un aller-retour en un claquement de doigt pour le ranger.

"Ouais nan t'as raison, la prochaine fois j'laisse quelques trucs à moi chez toi, comme ça- ME REGARDE PAS COMME ÇA NANA JE RIGOLE OMG---"

Bon ok je l'ai pensé pour de vrai. Mais je l'ai dit sur le ton de la blague hein. Eh. Oh. J'ai bien conscience que ça serait franchement un coup brutal porté à notre promesse. Ou pas, en vrai. Genre c'est juste pratique et- Et non. Genre après c'est quoi ? La brosse à dent ?

"Mmmmh. Ça va être une bonne pluie oui, on va s'amuser ! J'ai hâte hehehe-"

Je réfléchis à ses idées, me grattant le menton. Mmmh.

"Ok alors je sais pas pour toi, mais moi, la pluie, je l'aime quand elle tombe sur le bitume. Sur le goudron. J'aime le bruit. J'aime l'odeur. Par contre, quand le beau temps reviens, une balade en forêt, y a rien de mieux pour le nez. Mais du coup, peut-être qu'on peut juste rester dans le coin pour l'instant ? Ou alors on peut se diriger vers le village tranquillement, pour pouvoir observer les arcs-en-ciel depuis le Lac quand ça se terminera ?? "

J'aime vraiment trop la pluie. La pluie c'est trop bien, la pluie c'est la vie. Et j'aime premier degré regarder les arcs-en-ciel.

"Tiens y a un banc ici, sinon. Même si j'avoue avoir un faible pour les arcs-en-ciel-"

Je souris, et une fois de plus, mes doigts cherchent les siens, sans succès. Fichues poches. On avait pas ce soucis, la dernière fois. J'enfonce mes paluches dans mes propres poches, du coup. Ma robe de chambre rouge, dénouée, laisse deviner un boxer tout ce qu'il y a de plus classique, et un maillot de baseball. J'agite doucement les bras de haut en bas pour laisser le vent s'engouffrer dans mon dos, donnant du volume à la robe de chambre, le sourire aux lèvres.

«  Y a papouille et papouille tu sais, répondis-je du tac au tac »

Juste… pourquoi ? Peu importe la définition de papouille, je l’accepte. De sa part. J’en ai gardé la trace dans ma nuque pendant un moment, ayant eut quelques ricanements de mes collègues dont j’ai vite ignoré. On fait mine de passer à autre chose finalement. On s’est compris. Fortement. Alors bon, on s’avance dans la pluie. Y a ce moment étrange de nos doigts qui se terminent vite. Moment que je tente d’éviter de penser. Que je cache dans le fond de mes poches.

Je finis par rougir et écarquiller les yeux avant de pouffer de rire.

«  Hahaha faudrait passer plus souvent pour ça- HAHAHHAHAHA .»

Je- NON ???? J’ai paniqué. Malaise. Enfin. Pas que ça me dérangerait. Enfin. Je sais pas. Euh. J’assume pas, on va vite changer. Non parce que… c’est pas que je le pense pas au contraire… mais c’est qu’il est difficile de se laisser après… je me revois contre la porte la dernière fois… ce pincement qui a duré un moment en le voyant quitter ma chambre. Je secoue la tête avant de lui sourire.

«  Oui et je le sens que l’orage va nous offrir un beau spectacle ! »

Je le laisse réfléchir, en vrai, je m’en fous d’où on va. Je m’en fous parce que tant qu’on peut passer un bon moment ensemble, ça me va. On a ce point commun d’aimer la pluie qui tombe sur le bitume. Ça me fait sourire. D’habitude les gens n’aiment pas cette odeur qui est lourde pour les narines. Faut croire qu’Erik a l’odorat fort.

«  Je pense qu’on devrait en voir un bel arc-en-ciel, c’est un bon spot ici! »

Je devrais m’asseoir. Mais, je fixe Erik. J’observe chaque détail de la tête aux pieds. Son sourire… J’ai cette lueur dans le regard qui parait quand je le vois, quand j’ai ce sentiment brûlant que mes lèvres veulent venir se coller. Je me les pince en pensant que ça puisse canaliser quelque chose. Ce qu’il porte là-dessous… je me délecte de pouvoir le percevoir. Ça me rend… hm. Je dépose mon sac sous le banc avant qu’on s’y installe. Les perles de pluies commencent à humidifier mes cheveux. J’enlève mon élastique pour les  laisser un peu respirer. La sensation des cheveux mouillés, quand c’est attachés je hais ça mais libérés… c’est mieux. On est assis proche sur le banc. J’ai pas le choix de sortir mes mains de mes poches que je trifouille machinalement en observant le ciel et les éclairs qui fendent le ciel avant de me retourner vers Erik.

«  Et sinon… comment tu vas ? Ton épaule tout ça ? »

Je me racle brièvement la gorge.

« ‘fin, quoi de neuf ? »

Bon ça va, 1 mois sans se voir… c’est rien. Même si ça a paru une éternité.

C'est vrai qu'il y a papouille et papouille. Moi j'parlais du genre de papouille qui t'ont marqué, l'autre fois. Littéralement. Puis le moment de malaise, où je parle de laisser des affaires chez elle et sa réaction est à peut-près la même que la mienne. Pour les mêmes raisons ? Je sais pas. Sans doute. Probablement. Ou pas. Ce moment où tu regrettes cette putain d'Eclipse, où tu aurais pu savoir si tu pouvais lui rouler un patin. On se contentera de juste changer rapidement de sujet, les joues roses tous les deux.

"Perso j'ai déjà eu mon spectacle préféré de la journée, j'pense vraiment pas qu'un peu de tonnerre puisse rivaliser avec celle qui m'a prise pour un chat- C'était adorable okay ? "

Cette envie de la taquiner. D'y glisser un compliment. Ça me fait peur. Vraiment. Genre. Il y a quelques semaines. Quelques mois. Jamais j'aurais osé. Avec une autre fille, jamais j'aurais osé. Qu'est-ce que tu me fais, Nana ? Je ne sais pas ce que je ressens. Ce que c'est. C'est chaud. Ça l'était aussi, avec Abe. Pourtant, c'était. 'fin. Pourquoi je pense à Abe. Est-ce que quelque part, dans mon crâne. Y a un truc qui compare mon ex et la jolie blonde aux yeux dorés ? Genre. J'ai eu quelques aventures, déjà. Une petite demi-douzaine. Et jamais j'ai comparé ce que je vivais avec ces filles à ma seule histoire d'amour. Qu'en était même pas vraiment une. Je m'égare.

"Ok go sur ce banc alors ! "

J'suis plein d'entrain. On va vraiment passer un bon moment, c'est sûr ! Jusqu'à ce qu'il faille se dire au revoir, encore. Putain. J'appréhende déjà ce moment. Vraiment ? Putain. La première fois, c'était difficile, okay, avec l'euphorie du moment et tout. Mais là. Juste elle m'a porté dans ses bras en me faisant des papouilles, y a pas mort d'homme non plus. 'fin. Putain. Je m'assieds, les mains toujours dans les poches, le dos contre le dossier. Je lève le nez, alors qu'elle s'assied à son tour. Instantanément, j'ai envie de passer mon bras derrière elle, et j'ai même pas le temps d'y réfléchir que, déjà, je me décale de quelques centimètres.

"J'ai terminé la rééducation ça doit faire un peu plus de deux semaines. J'peux nager à nouveau, c'est cool. J'ai pas perdu en motricité en plus, j'ai vraiment eu du bol ! Et toi ? J'suis content de voir que t'es plus une momie. 'fin. Ça va quoi. Et toi ? "

Vraiment, j'sais pas quoi dire moi, j'suis pas doué pour raconter ma vie en fait. Entre le boulot, les entrainements et le sport j'ai pas trop de trucs nouveaux ou fous qui se produisent. J'veux dire. La dernière chose marquante dans ma vie. C'était tes ongles, Nana. Sur ma peau. Enfin. Faire la conversation n'a jamais été mon fort. Vraiment pas. Mais, des souvenirs de notre nuit. De CETTE nuit putain Erik tu déconnes. Je disais. Des souvenirs de cette nuit, on avait pas besoin de parler, pour se sentir bien, et passer un bon moment. Je me rapproche encore de quelques centimètres, son épaule presque contre la mienne. L'air est chargé. De tension, celle avant de craquer. Comme nos corps. Prêts à craquer. À s'étreindre. Le ciel gronde, et je lève le nez. Je m'en était pas rendu compte, mais nos regards s'étaient captés, et ne s'étaient pas quittés pendant quelques longues secondes.

"Ah. Ça va être à moi hehe-"

Quand je joue à ce petit jeu. Ce que je fais depuis pas longtemps, faut le savoir. Mais quand je joue à ce petit jeu. J'ai trois techniques différentes. La première, c'est de "simplement" dévier les gouttes. Autant dire que là, vu ce qui va tomber. C'est mort. Surtout que j'ai une plus grande zone à couvrir. La seconde technique, c'est de faire une sorte de sarcophage d'eau. Ou de tente. Une membrane qui dévie les gouttes, les guidant vers le sol. Le soucis, c'est que, pour regarder dehors, ça met un vieux filtre dégueulasse, et je maitrise pas encore assez bien pour y faire des trous pour les yeux. La troisième, du coup, cette que je vais utiliser. C'est la moins efficace et la plus précaire, mais on est deux. C'est la technique deux du pauvre. C'est de faire une sorte de parapluie aquatique. Qui, contrairement à la tente, accumule l'eau au dessus de ma tête au lieu de la laisser glisser vers le sol. Une sorte de Genki Dama. Un nouvel éclair. Puis le tonnerre. Je me concentre, prévoyant assez large pour nous deux. Le soucis de cette technique, c'est que plus ça dure, plus c'est dur. Contrairement aux deux précédentes, elle demande un effort qui va crescendo, quand les autres sont beaucoup plus linéaires. Au pire j'en ferais un deuxième après avoir balancé le premier. J'sais pas. J'improvise. Comme depuis qu'une meuf canon m'a prise dans ses bras t'sais.

"En vrai. J'envisage d'acheter un parapluie."

Toujours rougissante. Bah. En même temps, ce qu’il me dit, ça me touche. C’est toi qui rajoute une lumière à ma journée Erik. Enfin. Juste. Bah juste contente de le voir, y a rien de mal là dedans..

«  Eh oh, je sais que vous êtes des Morphes mais je me suis pas dit tout de suite que c’était pas un vrai animal… Pardon mais ton chat… c’est lui qui était trop adorable OK ? »

Son pelage, ses yeux, et surtout le ronronnement… oui j’étais faible devant le félin. Mon sourire s’élargit. Il y a cette impression de s’être quitté seulement la veille… cette arrière goût familier qui ne semble pas nous avoir quitté. En tout cas, on se décide à se mettre sur le banc tandis que la météo s’empire doucement. Erik s’installe puis à mon tour. Je m’assois… normalement. Enfin à une distance qui me semble correct. Pour dehors en tout cas. Je préférerai me mettre plus proche, déposer ma main sur son épaule, effleurer son bras… Ça m’attire.

«  C’est génial je suis super contente pour toi ! Ça aurait été dommage que ça t’affaiblisses pour la nage. »

Je marque une pause, réfléchissant à ce que je pouvais bien raconter. Enfin. Pas tant de choses je dirais. Il a remarqué vite que je portais plus mes bandes. C’est une excuse de moins pour le garder plus longtemps avec moi désormais. Ce qui s’en est suivi après notre rencontre Erik, ce n’est rien d’aussi exceptionnelle que ce qu’on a vécu ensemble cette nuit là… cette journée… ce moment que nous avions ensemble où tout nous était permis. Juste un instant. Où nos corps parlaient à notre place.

« Ouais enfin plus de bandages ! J’ai pas mal repris mes capacités aussi alors je peux refaire mes entraînements à fond ! J’ai rejoins le club de combat dès que j’ai pu aussi. À part que j’essaye encore de dompter mon sommeil, ça va. »

Sommeil que je préférerai reperdre à tes côtés. BREF. Hein ?
Nos regards se sont accrochés un moment avant que le ciel nous fasse comprendre que le spectacle allait commencé. Je me rends compte seulement maintenant qu’il est rendu proche… son épaule… proche de la mienne. Est-ce que j’oserai… euh. Je pouffe un peu de rire tandis que j’observe Erik en pleine action. Installant cette espèce de parapluie au dessus de nos têtes pendant que la pluie s’abat subitement d’une force. Les gouttes n’étant plus fines, mais épaisses. Une vue s’offre à nous où, ici, dans cette cour, la pluie tombe fortement, tandis qu’au milieu de cette tempête, on est deux zozos sur ce banc au sec. Mais ça m’émerveille. C’est encore mieux d’observer la pluie en étant dedans, sans forcément finir en éponge trop pleine d’eau. J’observe ce qui nous protège la tête avant de rire à nouveau.

«  Me semble que t’en as pas tant besoin d’un parapluie. Tu maîtrises ton art . »

Je dis ça tandis que délicatement, nos épaules finissent par s’effleurer. Ça me surprend mais sans un sursaut. Je sais pas quoi tant lui dire de plus. Euh. Enfin. Un sujet… un sujet… enfin. Peut-être qu’on peut juste rester ici, dans le silence qui se fait combler par le bruit doux de la pluie qui s’écrase. Je suis à deux doigts de vouloir m’allonger sur le banc et de laisser ma tête sur ses jambes pour profiter de l’instant. Ou… de poser ma tête juste contre son épaule. Bizarre un peu non ? En soit, enfin, rien de dangereux. Ou… euh. On est occupés à regarder ce qui nous entoure quand du moins on ne se fixe pas mutuellement avec un sourire en coin. Je me penche pour récupérer dans mon sac mes clopes. J’en mets une entre mes lèvres que j’allume par un arc. Tandis qu’Erik observe au loin, je pose ma main très légèrement sur son coude en lui tendant la clope que je viens d’allumer.

«  Je pense que t’en a bien mérité une. »

Je suis con ou quoi ? Enfin voyons je suis pas une maman qui donne à bouffer à ses petits. Il va penser que je suis folle. Enfin. Ce n’est pas comme s’il n’avait touché mes lèvres de lui-même mais j’avoue que j’ai déconné un peu. ‘‘Juste un peu’’ MON CUL OUAIS. Rapidement j’en allume une deuxième pour moi et laisse, discrètement, tomber mon poids contre son épaule.

«  Alors du coup, pourquoi un chat ? »

Mon chat était trop adorable ?? Genre j'étais trop adorable ?? Je rougis, bien comme il faut.

"Bah euh j- merci, content qu'il t'ai plu ! "

C'est un compliment, je prends. Mais putain ce qu'il me fait chaud aux joues... On continue un peu à discuter en s'installant sur le banc :

"Ouais ça se voit, que t'es à fond en entrainement ! Regarde toi ahah ! C'est bien la dégaine de quelqu'un qu'a craché ses poumons et s'est donné à fond, je reconnais ! Et t'as rejoins le club d'Elwynn ??? Ouaaaah trop bien c'est trop cool ! J'suis désolé d'apprendre, pour ton sommeil, par contre. J'espère tu tases plus les gens, quand même ahahah- "

Ce qui sous-entendrait qu'elle dort avec d'autres gens ahahahahah. Ahhahahahahah. Normal quoi. Terrae. Pourquoi j'dis des trucs comme ça, des trucs que j'veux pas savoir ou imaginer. 'fin. NON. Non je veux pas savoir, ça me regarde pas et pourquoi j'suis jaloux en fait ? Putain de malaise de merde. Genre. On a probablement des centaines de trucs à se dire, des milliers de sujets de conversation à aborder et nan, faut que ça soit super awkward. Heureusement que le temps se gatte et que j'dois commencer à utiliser mes pouvoirs. Mes yeux s'allument de cet éclat caractéristique.

"Ouais mais. Imagine, je perds ma concentration. La douche. Mdr. Enfin. Pour l'instant y a pas tant d'eau que ça-"

Mon regard se balade entre les gouttes qui s'écrasent sur le sol en face de nous, et le visage de la Téléporteuse, qui fini par se pencher pour attraper un truc dans son sac. Ah. Bah oui. Forcément. J'comprends l'envie d'une petite clope, tout de suite. J'la regarde en coin s'en allumer une. Cette envie d'être à la place de cette cigarette. Alors. Pas à me faire griller le cul. Mais être contre ses lèvres. Putain. Je regarde au loin, par delà la cour du bâtiment, et un éclair sépare le ciel en deux, suivit d'un grondement des plus satisfaisant. La main de Nana vient se poser sur mon coude, et je tourne la tête vers elle :

"Oui ? Elle me tend la cigarette et je rougis. Oh euh. Merci ! "

Putain mais. J'ai sqduhqsdqsi Genre j'ai mérité. Genre j'ai mérité de te faire un baiser par cigarette interposée ??? Elle aurait pu juste me filer la clope éteinte, comme on faisait l'autre fois. Elle est à moitié japonaise. C'est sûr qu'elle sait ce qu'elle fait et. Pffff. J'aspire une grande bouffée de fumée. COMMENT CA J'AI MERITE UNE CLOPE ??? ET QSDDQDS. Son épaule contre la mienne. L'odeur de ses cheveux qui prend le pas sur celle de la pluie qui s'abat autour de nous. Sur l'odeur de nos cigarettes allumées. Ça m'a manqué. Son corps. Sa présence.

"Parce que c'est trop cool d'être un chat. Eheheh. Nan en vrai. C'est aussi parce que j'en côtoie régulièrement, du coup c'est vachement facile à visualiser t'sais. Puis c'est plus discret qu'un animal exotique. Genre imagine un ours ou, je sais pas, une panthère dans la cour de l'Institut. On m'aurait emmerdé mdrrrr-"

Je tire sur la cigarette, et mes yeux se perdent dans les siens. J'ai envie de lui sauter dessus. Genre. C'est aphrodisiaque, le tabac ? Depuis quand ? Ou alors j'suis trop resté un chat, et c'est le côté herbe à chat de tout à l'heure ? Ou juste elle est trop belle et j'ai trop envie de lui caler ma langue dans sa bouche ?? Putain. Résite. Ou pas. Nan si. Tranquille. L'averse commence à peine. Reste concentré, sinon tu vas finir trempé, et la demoiselle avec. Un éclair, et je tends le doigt en sa direction !

"OUAAAHA T'AS VU CELUI LA ??? "

«  Ouais je m’entraîne beaucoup hahaha et avec Senri surtout ! Parfois il admet pas que je le fous par terre alors que son crâne l’a touché mais en vrai, ce club est vraiment génial j’aurais adoré le connaître avant ! »

Sur le coup du tazer hein, bon je fais mine d’ignorer la question. Parce que, je sais que ça m’est arrivé de le refaire, puis il le dit sur le ton de la blague mais je pense pas que ce soit vraiment cool d’empirer la blague…? Alors je rigole juste à l’unisson avec lui, me grattant l’arrière de la tête au passage.

«  Nan ça va, on est bien. »

Bah… oui ? Genre on est bien installés quoi ! ‘Fin… il a compris, j’ai compris, on est bien sur ce banc, rien d’énorme. Putain allez, faut que je fume. J’en ai profité pour en donner une à Erik, parce que j’avais envie puis je me disais que ça lui ferait plaisir de… fumer ? Enfin, on est côte à côte, c’est agréable. Je tire sur ma cigarette tout en regardant la pluie battante. Ce moment, est, parfait. C’est encore mieux qu’une marche sous la pluie. Je sens l’aura douce d’Erik qui m’enveloppe dans une atmosphère apaisante, l’odeur de la pluie dans les narines, les poumons remplis de fumée, le cœur… euh… et le cœur qui kiffe euh… cet instant.
Puis je ricane parce que j’avoue que je préfère voir un chat plutôt qu’un ours qui pourrait m’éventrer d’un coup de patte.

«  C’est clair que c’est plus inoffensif, je t’aurais vu dans un plus gros animal je pense pas que je t’aurais ‘psss psss’ ! »

Son regard bleuté dans le mien me fait sourire. Il n’y a pas tant de distance entre nos deux visages. Ce serait si facile de s’avancer. Mais est-ce que je peux me permettre d’une telle chose ? Enfin, ok oui on s’est promis le truc mais euh… enfin… c’est trop… enfin c’est peut-être trop ???? J’ai l’impression d’avoir dessiné une limite dont je ne me rappelle pas avec quel matériel je l’ai tracé et comment je pourrais la discerner au mieux… Est-ce que c’est juste dans ma chambre que ça se passe ? Dehors, ce ne serait juste un moment amical ? Bah. C’est pas comme si je pouvais laisser mon désir prendre le dessus tout de suite sur ce banc, je suis pas tant public pour cette catégorie la. Mais… juste de le regarder me sourire…. Hhhhhh. C’est trop doux.
Un flash me fait déconnecter mon regard quand je vois l’éclair craquer le ciel, permettant un bref instant de voir tout le détail des nuages. Je tapote des mains ensemble.

«  IL ÉTAIT BIEN, T’AS VU COMMENT IL ÉTAIT LONG ? »

Obligée de crier parce que le grondement est intense, qu’il fait presque trembler la terre. Ça remplit mon cœur de joie de pouvoir y assister. Un autre éclair vient fendre, un peu plus fort tandis que la pluie continue de battre son plein. La lumière éclatante qu’il en ressort à chaque éclair rend la couleur de nos iris plus intenses. Le bleu d’Erik est encore plus beau. B.R.E.F j’ai les mains qui me grattent putain. Je les trifouille un peu plus sur mes genoux, ma clope entre deux doigts.

«  Et donc, ça te fait quoi d’être en animal ? J’imagine t’as les sens super développés tout ça ? Comment tu ressens les trucs ? Nan parce que bon, je dis ‘’teleportation’’ les gens comprennent vite mais être un Morphe ça doit être spécial. »

Je me tire une taffe, je parle mais je regarde devant moi, un peu pensif. J’essaye de faire la conversation. Bah… on pourrait rester dans le silence mais… je sais pas trop ça me rend inconfortable aujourd’hui. Contrairement à… la dernière fois où je préférai être dans le silence et le regarder, ou combler le silence par nos gloussements, des grognements dans mes oreilles… eh- OK attend je dois rajouter un truc. Je me tourne de sorte à ce que je me mette sur le côté, pliant ma jambe un peu sur le banc dont le genou va se coller à la jambe d’Erik. Je plie le bras au passage pour poser ma tête contre mon poing fermé, le coude sur le dossier:

«  Genre, est-ce que si je fais ça tout de suite, dis-je en lui grattant le haut du crâne, ça te fait le même effet que quand t’étais un minou ? »

… je viens vraiment de lui gratter le crâne ? Comme si c’était un enfant de 5 ans ???? Je finis par retirer vite ma main. Nan mais c’est innocent, bon enfant, je suis juste curieuse… mes doigts se rappellent de la sensation de ses cheveux dans ma poigne comme si c’était quelque chose d’aussi simple que respirer.
…………
En tout cas…. Puis, deux éclairs se croisent en un instant et ma bouche s’ouvre en grand.

«  T’AS VU LE CROISEMENT ????? CEST RARE CA !!! »

On est bien, ouais. Comme elle dit la dame.  J'ai rigolé quand elle m'a parlé de Senri. Vraiment, ces Tonnerres... Je ressens envers eux un mélange entre amusement et sidération. On dirait des espèces de. D'animaux. Et c'est le mec qui était en chat qui dit ça, oui.

"Ah ouais ? T'as la carrure pour soulever un grizzli pourtant ça devrait pas tant t'inquiéter hehe- par contre. Un chat. Inoffensif. Mmmhhh. J'ai des doutes. Genre les griffes ou les morsures ça arrive vite. T'as du bol que je sois un gentil chat.."

J'suis en train d'imploser okay ? J'ai aucune idée de ce que je raconte. J'suis en roues libres. Y a plus rien qui va. Je contrôle plus ce que je dis. Bientôt je contrôlerai plus ce que je fais. Enfin. C'est déjà le cas ??? Genre quand j'ai pris sa main tout à l'heure. Comme ça pour aucune raison. Autre que juste "j'avais envie" mdr. Comment ça mdr putain. Pourquoi ça fait un mois j'me suis plus senti aussi bien ? Pfffft. Sérieux... Au moins, mon cerveau en auto pilote m'empêche pas de profiter du spectacle que nous offre le ciel, et ça c'est cool. On crie comme des enfants, toute la gêne s'efface déjà, aussi vite qu'elle était arrivée.

"Bah en gros. J'peux me transformer quoi. En animal. En d'autres gens, aussi. Le plus perturbant en animal, c'est le point de vue. Genre quand t'es grand, voir le monde depuis tes genoux c'est particulier t'sais. Puis, oui, la plupart des animaux ont des sens différents des nôtres. Odorat plus développé, vision différente, ouïe plus fine. Ou parfois, c'est carrément le contraire. Genre la vision d'une chauve souris, c'est nul. Par contre, ses ultrasons, c'est un coup à prendre. Pareil, voler comme un oiseau. La putain de galère, ok ?? 'fin c'est ce qu'on m'a dit, j'sais pas encore faire tout ça. Du coup je teste des trucs en attendant ma prochaine séance avec Ariana ! C'est ma mentor un peu. Elle est super pédagogue et tout c'est trop chouette d'apprendre des choses tout le temps !! Par contre j'arrive pas spécialement à communiquer avec les animaux... C'est un langage dont j'ai pas les codes. Et chaque espèce a le sien. C'est pour ça que je fais le chat. Pour comprendre un peu les félins. Parce que si le chat c'est encore mignon, imagine tu sautes que un mec t'es un tigre ou un lion ? Eheh-"

Pendant que je parlais, elle a changé de position. Accoudée au dossier, son genou contre ma cuisse, sa main d- EEEHHEHAGAJSGSBQKDGZK DANS MES CHEVEUX ???? MAIS C'EST ILLÉGAL. C'EST TROP MIGNON. Mes yeux perdent de leur éclat, et je sens la poche d'eau au dessus de moi qui vacille. Mon cœur pulse dans ma poitrine. J'ai loupé un battement. J'ai faillit tout laisser tomber. J'ai faillit m'abandonner totalement à ce contact, comme si plus rien d'autre j'avais d'intérêt. D'importance.Nana... C'est ridicule. On se connait pas. À peine. Bordel. C'est quoi cette sorcellerie. C'était déjà grisant, quand je n'étais qu'un pauvre matou à sa merci. Mais là. Elle est à deux doigts de m'arracher un ronronnement. Heureusement qu'elle en a que 5 par main. Purée... L'eau qui me coule dans le dos me ramène à la réalité. Putain. Je me concentre sur la poche au dessus de ma tête. Tout va b- OUAH TROP BEAU !

"OUE TROP OMG OUAAAAAAAAAH"

Même si là c'est pas du tout ce que je veux croiser. Mais si je me déconcentre, vraiment, ça va mal tourner. Omg. J'veux croiser mes doigts et les siens. Qu'on se tienne la main sous la pluie. J'veux que nos langues se croisent, aussi. Mais faut que je reste concentré. Ça me donne une idée omg.

"Tu sais que j'étais à rien du tout de ronronner ????? Genre vazy. Ok. Si on est mouillés, j'ai perdu. Essaie de me déconcentrer. Pas le droit aux coups en dessous de la ceinture-"

«  Je pense pas pouvoir survivre à un coup de croc d’un ours. Encore un chat bon… mais un ours. »

La dinguerie que j’ai pensé en disant ça. ‘’J’ai bien survécu à tes morsures à toi’’ MAIS NANA PUTAIN. Je soupire fort. Mon esprit me dit que de la merde putain. Alors bon on continue sur le sujet sur les Morphes et je l’écoute attentivement. Ça a l’air difficile en vrai d’être Morphe. Contrôler autant de choses à la fois, j’avoue qu’ils sont forts. Eh bien après contente qu’il ait choisi un chat. Il le gère vraiment bien. Il m’a eut. Puis bon c’est pas comme si je fréquentais tant les Eaux que ça quoi. Une bonne partie de mon temps je suis avec les autres Affinités ou Senri alors… bon… voilà quoi.

«  J’imagine la galère d’être en animal et de rien comprendre parce qu’il faut tout réapprendre haha. Par contre ça fait peur un peu que vous pouvez vous changer en d’autres personnes. Ça, ça fait vraiment X-MEN, rigolais-je. Mais tu fais très bien le chat je te le dis. »

S’ensuit la genance de ma main qui vient lui gratter le crâne. Gêne qui s’efface vite avec le ciel qui nous offre un spectacle des plus beaux, avec une belle humidité dans les airs qui va finir par me faire friser fort, qui me fait avoir la chair de poule. Du moins, est-ce la météo qui me fait cet effet ou- ouais la météo, hm hm.
Je ricane fortement quand il me dit qu’il était prêt à ronronner. Il a gardé un peu son côté félin on dirait. Cette connexion sérieux… entre nous… hhhhhh. Ok. Faut pas me lancer de défi. Mes yeux pétillent d’excitation de le relever.

«  D’accord Erik, on va voir jusqu’où tu peux tenir. »

Non… MAIS NON ACCEPTE PAS. C’est tellement dangereux… trop… que c’est tentant. Ça me déstabilise. J’ai chaud sous cette pluie froide. Jai un instant d’hésitation, j’ai peur de perdre le contrôle. Mais, en soit, est-ce que je l’ai vraiment ? JE SAIS PAS AIDEZ MOI. Je finis ma clope rapidement avant de la jeter dans une flaque d’eau à côté, laissant les dernières bouffées s’échapper de mon nez comme un taureau. Je le regarde. Putain. Faut que t’assume meuf. Y a personne autour c’est rien. C’est tranquille. Ok doucement, je viens lui déposer un petit bisou sur la joue. C’est bien. Doucement, sauf que mon visage en revenant se retrouve littéralement nez-à-nez. Je suis en sueurs. Je reste là, crispée. Il m’a lancé le défi. C’est que j’ai le droit non ? Nos souffles se mélangent tandis que c’est pas ses yeux que je regarde, c’est ses lèvres qui m’appellent. C’est fort. Trop fort. Ça me perturbe presque à en avoir la bouche pâteuse de stress tandis que je suis penchée vers lui, mes mains posant entre ma jambe et la sienne. Putain Erik… LANCE PAS DES DÉFIS COMME ÇA. Putain et- inconsciemment. J’ai brisé la distance. J’ai fermé cette espace de merde qui nous séparait tandis qu’au premier contact, mon cerveau s’éteint. Tous les sens familiers reviennent et je pars sur ce baiser langoureux, long, doux qui lui crie ce désir qui me bouffe. Mes mains finalement attrape ses joues, se décalent sur ses épaules, le long de ses bras… Je tente de ne pas penser à ses mains, perdue dans mon action, dans ce retrouvaille d’odeur et de goût qui me font ravoir ce sentiment de la dernière fois.  Putain je fous quoi- NON MAIS IL M’A DÉFIÉ ALORS JAI PAS PENSÉ À AUTRE CHOSE. CEST PAS UNE GRIMACE DE SINGE QUI VA LE FAIRE VACILLER OK ??? Putain… je m’en fous de l’air. L’orage gronde, les gouttes s’éclatent au sol tandis que mon corps ne réagit qu’à Erik. Dans cet élan de tendresse avec cette pointe de passion. Je le lâche pas. Je suis pas capable. De. Me. Décoller. Putain, regarde. Ce que tu me fais faire… putain.