Nombreuses sont les choses de ce monde que nous savons devoir se réaliser un jour et qui, pourtant, ne cessent de nous prendre au dépourvu. Prenons la mort par exemple. Nous savons tous qu'elle va nous emporter un jour, puisque c'est la raison-même pour laquelle nous sommes nés. Et pourtant, lorsque ce jour arrive enfin, on a toujours l'impression de ne pas être prêt. Et ce n'est pas comme si on n'avait pas eu toute notre vie pour nous y préparer. Mais on continue à la redouter, à croire que, peut-être, elle ne nous emmènera pas.

Alors, quand Hideko a demandé une réunion en urgence en salle des Masters, je n'ai jamais envisagé que cela puisse être en rapport avec Ys et Akira.

Akira avait été retrouvé. Tomoe, qui n'avait cessé depuis trois ans de les chercher, avait enfin mis la main sur l'un d'eux. Sous la table, mes jambes tremblaient. Je n'arrivais toujours pas à savoir comment réagir. Une énorme partie de moi était en colère. L'autre se disait tout simplement que cette histoire ne la concernait plus.

Et pourtant, quand Hideko demanda quels étaient les Masters volontaires pour assurer la récupération du Feu, je me portais volontaire. Peut-être avais-je des choses à régler. Peut-être était-ce sous le coup de l'émotion ; comme on ne sait pas comment accueillir la mort, peut-on savoir comment accueillir des personnes que l'on pensait mortes ?
Mais non. En fait, je savais que ce n'était pas ça. Je ne savais pas encore ce que c'était, mais j'avais senti dans ma voix, à ce moment-là, toute la portée de ma détermination. Mon calme certain et mon intransigeance m'interpelaient. Depuis quand avais-je mis tant de distance entre Ys et moi ? Car bien sûr que si nous retrouvions Akira, ce n'était plus qu'une question de temps avant que nous mettions la main sur Ys.

La mission serait lancée le lendemain matin. Nous avions la nuit pour nous préparer. Aoi s'était portée volontaire, elle aussi. Nous serions ensemble pour cette mission - ce qui n'était pas plus mal d'avoir un guérisseur sur place.

C'est après une nuit sans rêve que je me réveillais, prête à affronter cette réalité qui me laissait toujours autant indifférente. Quel serait l'état dans lequel nous les retrouverions ? La priorité restait Akira pour le moment, mais s'ils avaient été séparé, c'est bien que quelque chose avait dû se passer.

Après avoir ajusté ma ceinture autour de mes hanches, je glissai mes dagues à l'intérieur et formai un dernier cristal d'électricité que je fourrais dans ma sacoche. Trois cristaux d'électricité, un cristal de téléportation si le besoin se faisait sentir. Akira allait-il être réticent ? Bah, il n'aurait pas le choix de toute façon. Et dès qu'il serait de retour ici, j'étais déjà prête pour partir à la recherche d'Ys. Il fallait que cette histoire se termine, enfin. J'enfilai ma veste en cuir noir.


Tomoe nous expliqua ses dernières visions. Elle précisa la présence de deux enfants, aux côtés d'Akira. Après nous avoir équipé d'oreillettes afin de demander des renforts en cas de danger, Keitaro s'approcha de moi. Je lui souris sereinement, prête à prendre mes marques dans la vision de Tomoe. Il approcha sa main qu'il déposa sur le sommet de mon crâne, et en fit de même avec Tomoe, me dévoilant l'image exacte de l'endroit où je devais nous téléporter pour récupérer le Feu. Je ne m'attardais pas sur les enfants, ni sur toutes les personnes qui se trouvaient là, m'intéressant davantage à tous les détails qui composaient la vision qui m'était transmise. C'était agréable, de voir qu'après trois années de cavale à nous en faire voir de toutes les couleurs, Akira trouvait tout de même le moyen de passer du bon temps autour d'un verre.

-Tomoe, essaie d'orienter ta vision vers les toilettes dans l'angle s'il te plaît. Je ne peux pas me téléporter à la vue de tous.

Et s'exécutant, je fus bien transportée dans les toilettes du bar. Fixant longuement, bien que mentalement, la porte d'entrée d'un des cabinets, je gardais mes yeux fermés pour imprimer cette image dans mon cerveau, bloquant le lieu d'arrivée de notre téléportation.

Lorsque je rouvris mes yeux, imprégnés d'or, Keitaro retira sa main et Tomoe posa son regard doux sur moi.

-Ok, je suis prête, dis-je à l'intention d'Aoi.

Je fouillai dans mes poches et tendis mon cristal de téléportation à la Master Air.

-Sait-on jamais, soufflai-je.

Et lorsque je fus sûre qu'elle soit prête elle aussi, je nous téléportai dans les toilettes du bar où se trouvait Akira.

Après les missions difficiles du Centre, tout était retombé. Cependant, plusieurs mois après, il fallait se rendre à l’évidence — les choses bougeaient. Une nouvelle réunion Masters en urgence ; nous nous y sommes rendus avec Huo, et j’ai attendu avec gravité les prochaines nouvelles. Une attaque ? Des nouvelles des autres enfants à sauver ?

Mais non ; ils ont retrouvé Akira. Mitsuki s’est portée volontaire pour le ramener, et j’ai répondu que je l’accompagnerai, sans hésitation, mais aussi implacable. Parce que je ne la laisserai pas partir seule là-bas, pas après ses blessures de la dernière fois — et surtout pas seule face à Ys, si tant est que nous le retrouvions.

Nous avons mis au point notre stratégie, rassemblé le matériel. J’ai emmené mon court sabre, que je cacherai dessous ma veste en cuir. Cheveux attachés, rangers solides mais légères. Trois cristaux de fuérison, un d’Air ; je donnerai un cristal de Guérisseur à Mitsuki lorsque nous nous retrouvons, après une nuit courte. J’ai pu embrassé Huo et Fai avant de partir, et je lis dans les yeux de mon mari qu’il ne veut pas que j’y aille. Mais j’irai. Ca ira. Au besoin, nous demanderons des renforts. Cette mission n’est pas comme l’opération d’envergure du Centre… qui, malgré tout, nous laisse encore à tous des séquelles. La peur au ventre. Mais qu’importe, il faut que nous y allions. Ce n’est pas pour Ys ni pour Akira que je le fais, mais bien pour Mitsuki.

Dans chacune de mes deux poches, je glisse les menottes anti-pouvoirs qu’on nous a confié. Au cas où nous n’arriverions pas à les téléporter immédiatement, l’objectif sera de les neutraliser. Pendant ce temps, Mitsuki échange avec Keitaro et Tomoe afin de préciser l’endroit de la téléportation ; je la laisse se concentrer sans l’interrompre, vérifiant que la bandoulière de mon sabre est solidement attachée dans mon dos. Lorsque mon amie se tourne vers moi, je lui envoie un sourire franc mais sérieux… et lui tends mon cristal guérisseur en retour, mutine. Je le place dans sa main et récupère celui qu’elle m’a confié.

—Ca va aller. N’hésite pas à l’utiliser, ou dis-le moi si tu as besoin de moi. Je suis là.

Pour te guérir ou te prendre la main, n'importe quand.

Nos mains se joignent, et Mitsuki nous téléporte dans une cabine de toilettes vides. Je lui jette un regard et pousse la porte, avançant jusqu’à la sortie sous les regards intrigués des filles peu habillées qui discutent en se remaquillant devant le miroir. Nous avançons à pas maîtrisés vers le bar, où on nous a indiqué la présence d’Akira. Je repère ses cheveux de loin et, souplement, passe entre les mecs bourrés pour le rejoindre. Main glissée dans la poche, j’attrape les menottes et lui en passe un bracelet d’un geste sec pendant que je m’installe à côté de lui, sans le regarder. Le bracelet claque. J’appuie sur ses épaules avec la pression de l’air pour le coller à son siège, l’empêcher de bouger. Puis lui jette un regard, et lui souris froidement, gardant ma main sur le bracelet afin que personne d’autre ne le remarque.

—Je te laisse boire une dernière gorgée, ensuite nous récupérons les enfants et nous partons. Ce bracelet bloque ta magie, donc ne tente rien de stupide.

Après l'explosion de la base de Karasu, Akira a usé une dernière fois du cristal d'Ys. Lui et les deux enfants rescapés ont rejoint la ville. Le cristal d'Ys est ensuite devenu poussière et dès lors Akira sut qu'il ne lui restait pas beaucoup de temps avant d'être retrouvé par Terrae.

Le blond a d'abord soigné ses blessures comme il le pouvait, certaines n'ont pas fini de cicatriser. Malgré son état, il a tout de même effectué quelques boulots sans contrats, payés cash pour se nourrir, lui et les enfants, les habillés et les faire dormir dans une chambre... miteuse certes, mais avec un lit où ils peuvent se reposer.

l'intro qui sert à rien:

C'est après cette petite péripétie que ce cher Akira se retrouve dans le bar, celui qui est au rez-de-chaussée de son appartement. Il compte les quelques sous qui lui reste pour se payer une bière et profite de ce moment de tranquillité - Il sait que ça ne va pas durer.

Il boit sagement quand soudain, l'énergie de Masters se fait ressentir. Il pose doucement son verre et soupire : "Il était temps."

Loin d'apprécier le sort qui l'attend, Akira sait qu'il n'aurait pas pu tenir longtemps dans cette situation. Il faut que les gosses aient une vraie maison, mangent à leur faim, vivent aisément...
Sans se retourner, ni montrer un quelconque signe de réaction, Akira sent cette aura pesante s'approcher, l'acculer... et les mots de la Master lui siffler dans les oreilles. Il regarde cette main se poser sur son poignet et sent son pouvoir complètement bloqué.

— J'vois que vous êtes bien équipés. Lâche-t-il nonchalamment. Tu sais la dernière qui m'a foutu les menottes, elle m'a taillé une pipe juste après.

Avait-on vraiment besoin d'entendre cette anecdote ?

Il boit son ultime gorgée de bière et fait un innocent demi-tour sur son tabouret. Il croise le regard d'Aoi, une Master qu'il ne connait que de nom. Puis il voit Mitsuki, celle à qui il a le plus de choses à dire.
Mais il n'empêche que le blond affiche un air bien déçu. Il cherche un autre Master, il aurait aimé voir Athéna, son fantasme du moment.

— Normalement les Totally Spies ça marche par trois, non ?

Mes yeux vagabondaient dans la salle, vérifiant que nous n'attirions pas l'attention outre-mesure. Je croisais quelques regards, dubitatifs quand aux tenues que nous portions et qui ne collaient pas vraiment au lieu, mais l'éclat dans mes prunelles leur indiqua gentiment de détourner leur attention de là.

Je tournai la tête vers Akira. Un soupir s'échappa de mes lèvres face à sa remarque vaseuse, et je haussai ensuite les épaules quand il souligna l'absence d'un troisième Master.

-Désolée, deux c'est suffisant pour te ramener à Terrae, pas besoin de plus.

Je me levai de la chaise sur laquelle je m'étais assise pour leur faire face, et glissai mes mains dans les poches de ma veste.

-On sort d'ici. Tu nous emmènes là où les enfants sont et ensuite on part pour Terrae.

Vu l'attitude qu'il avait eu en nous sentant, puis en nous voyant arriver, je doutais qu'il résiste réellement à nos demandes.

Akira avait changé. Alors que nous marchions vers la sortie du bar, je m'attardais un instant sur son allure. Il n'avait pas maigri, n'avait pas non plus perdu en muscles ; mais il semblait plus vieux. Plus marqué par le temps. Trois ans s'étaient écoulés après tout.

Une fois dehors, et éloignés des éventuels fumeurs, je me tournai vers le Feu.

-Par où faut-il aller ?

La réplique d’Akira me tire un sourire froid, mais posé. Je le regarde et le laisse boire sa gorgée d’alcool, tranquillement, avant de laisser mon pouvoir de Guérisseuse s’insinuer en lui. Pour qu’il sente cette énergie, et prenne en compte la menace réelle.

—Encore une phrase de ce genre, et tu n’arriveras plus à la lever pour le prochain mois.

Mes yeux sont dans les siens, je souris toujours. Il me suffirait d’un rien pour l’anesthésier magiquement. Il ne sait pas que je peux le faire, mais je le peux. Ce serait dommage pour lui, je ne sais pas à quel point cela peut provoquer des séquelles, de pousser mon pouvoir à ce point.

Dans tous les cas, nous voilà vite debout. Mitsuki a répondu l’essentiel, alors j’ai accepté de relâcher la pression de l’air de ses épaules, pour qu’il puisse nous suivre. Ou plutôt nous guider. Cette fois, c’est à moi de lancer des regards sombres aux personnes interloquées qui nous fixent. Vraiment, je n’ai pas le temps, qu’ils ne nous fassent pas chier.

S’il fait mine de résister, je poserai simplement ma main sur son épaule, et le bloquerai sur place. Et s’il nous la fout à l’envers, il risque effectivement de ne plus pouvoir bander pendant un moment. Mais après trois ans de cavale, il fallait bien qu’il essaie de montrer qu’il est un homme, un vrai, avec une bite, une vraie. Ce genre d’hommes est tout bonnement pathétique.

De mon côté, je reste silencieuse et scanne les énergies alentours pour tenter de reconnaître et identifier celle des enfants, mais aussi déceler la présence éventuelle d’ennemis. Dans quelques minutes, nous seront de retour à Terrae.

Akira n'oppose aucune résistance. De toute façon, il ne fait pas le poids face à deux Masters.

Aoi est bien plus agressive qu'elle n'en a l'air et Mitsuki reste en retrait. Elle laisse laisse sa collègue jouer son rôle de mauvais flic.

— Détend-toi, sans pouvoirs j'risque pas d'me tirer. Souffle Akira.

Le poids sur les épaules d'Akira s'allège, signe qu'il peut enfin se lever. Il s'exécute, tout en poussant un petit gémissement plaintif et en appuyant légèrement sur ses lombaires pour se tenir droit.

— Paye ta séance chez le kiné... Râle-t-il.

Et tandis que le trio s'apprête à partir dans le plus grand des silences, un mec bien éméché l'ouvre :

— Tu finis pas ton verre ?

Lui c'est Cloclo, le pilier de bar. La légende dit qu'il était là avant le bar et que le bâtiment s'est construit autour de lui.

— Non, vas-y mec, tu peux le finir. J'ai quelques "affaires" à régler. Rétorque Akira en montrant du regard les drôles de dames qui l'accompagne.

— Ha mon gars. A force de tremper le cookie, on en récolte les raisins secs.

Akira reste perplexe face à cette remarque. Il ne sait pas ce qui est le plus choquant : l'approche philosophique foireuse de Cloclo, ou bien le fait qu'il mange des cookies aux raisins secs...

Akira ne sait pas quoi lui répondre, si ce n'est : " Heu... d'accord ? "

Bref, le vieil homme salue le blond en levant son verre - une façon de dire adieu à un vieux frère.

— C'est juste à coté, suivez moi.

Ils n'ont qu'un bout de chemin à faire, l'appartement se trouvant dans le même immeuble, ils leur suffit de prendre le prochain coin de rue.

— Il va me manquer ce Cloclo. Dit-Akira, pour faire la discussion, mais cela ne semble pas faire son effet.

Akira tire la tronche devant le professionnalisme de ces dames. Ils entrent donc dans l'immeuble délabré. Un rat passe, des sacs poubelles dans l'entrée, des murs tagués, un ascenseur qui sent la pisse... Charmant n'est-ce pas ?

Ils passent un ennuyeux moment dans l'ascenseur. Il y a ce plan où l'on voit le trio de face, Akira l'air blasé au milieu de son escorte féminine et la musique d'ascenseur interminable.

Akira une nouvelle fois de faire la causette. Son regard s'arrête un instant sur Mitsuki.

— Ha en fait, j'ai un cadeau pour toi. Lâche-t-il tandis que sa main vient fouiller dans la poche intérieur de sa veste.

Il s'interrompt lorsqu'il sent le regard d'Aoi se braquer sur lui.

— Calme toi, j'vais pas sortir un flingue.

Il sort un vieux paquet de cigarette - La marque préférée d'Ys - et le tend à Mistuki.

— C'est tout c'qui reste de ton mec.

J'ignorais l'homme qui était venu parler à Akira alors que nous sortions du bar. J'ignorais ses remarques et ses tentatives pour ouvrir une discussion, aussi vide soit-elle. J'ignorais l'état délabré de l'immeuble, les odeurs et l'abominable ascenseur miteux que nous allions prendre pour rejoindre l'appartement -ou plutôt le squat- où se trouvaient les enfants.

Akira reprit la parole.

Mes yeux se fixèrent quelques instants sur le paquet de cigarettes qu'il venait de me tendre, attendant probablement que je le prenne. Je restais un instant silencieuse, sans savoir quoi penser de cette information.

Pourquoi est-ce que je ne ressentais rien ?

... Non, je ne ressentais pas rien. Je ne savais pas quoi ressentir. Mes yeux se levèrent vers le blond et je sondai un instant son regard. Il mentait. Si Ys était mort, je l'aurais senti. Je l'aurais senti, non ? A Terrae, on ressent toujours tout. Avec nos pouvoirs, on est un peu tous liés, certains plus que d'autres. Je l'aurais senti, non...?

-Pourquoi est-ce que tu dis que c'est la seule chose qu'il reste de lui ?

Je marquai une pause.

J'étais partagée entre bien trop de sentiments à la fois. La colère. La peur. L'appréhension, plutôt. La tristesse ? Le soulagement...? Que s'était-il véritablement passé durant ces trois longues années ?

-Ys n'est plus mon mec, conclus-je simplement, alors que les portes de l'ascenseur s'ouvraient enfin.

Je n'avais aucune idée de ce qu'ils avaient vécu et enduré ces dernières années. Mais s'il y avait bien une chose que je savais, c'était ça : Ys n'était plus mon "mec".

-Tu peux le ranger, je ne fume pas.

Je fis un pas dans le couloir, et me tournai vers Aoi et Akira, attendant qu'il nous indique la bonne porte.

Cet homme est pathétique. Me détendre ? Ca ne risque pas, pas tant qu’il ne sera pas rentré à Terrae et mis définitivement hors d’état de nuire — c’est à dire avec un blocage suffisant de ses pouvoirs et potentiellement une peine de prison pour songer un peu à ses crimes. À moins qu’on le laisse encore courir, qu’il soit libre de batifoler dans Terrae, au milieu d’ados en souffrance… mais si c’est ce qui arrive sans jugement, croyez-moi qu’Hideko va me voir taper du poing sur son bureau. Faudrait voir à pas trop se foutre de notre gueule, quand même.

Enfin, je décide de l’ignorer et lui lance régulièrement des regards d’avertissement… jusqu’à ce qu’un vieil ivrogne lui adresse la parole. Woah mais ils ont décidé de tous m’énerver aujourd’hui, en fait ? Nous nous éloignons, et lorsque le type pose sa bière sur le comptoir, celle-ci se renverse malencontreusement sur lui.

Une fois dehors, nous nous faisons guider par Akira jusqu’à un immeuble miteux et, une fois dans l’ascenseur, l’ambiance est de plus en plus lourde. Jusqu’à ce qu’Akira commence à fouiller dans sa veste (oui j’ai failli le défoncer) et sort un paquet de cigarettes.

…

Mon souffle s’est arrêté un instant, je fixe le paquet puis Mitsuki sans rien dire, en attente de sa réaction. Je suis glacée, tant par ces mots que par la manière désinvolte de l’annoncer. Et surtout ce ton… presque de provocation. Malgré la réponse neutre de Mitsuki, qui m’étonne et me fait serrer le coeur dans le même mouvement, je suis tentée, cette fois, de mettre ma menace précédente à exécution. Finalement, la colère monte en moi brusquement. J’empoigne Akira par l’arrière de son haut, au niveau de sa nuque, et le pousse vers l’avant sans le lâcher. C’est une nouvelle menace. Et s’il ne ferme pas sa gueule je vais vraiment perdre mon calme. Il n’a pas à faire subir ça à mon amie, pas après avoir attisé la colère de Ys. Pas après être parti avec lui pendant trois ans.

—Bon, accélère un peu.

Ma voix est plus acide qu’agressive, mais en même temps je n’ai pas à retirer à Mitsuki son droit de savoir.

— Pourquoi est-ce que tu dis que c'est la seule chose qu'il reste de lui ? Demande Mitsuki.

Akira se donne l'air de réfléchir en regardant le plafond. Il sait déjà ce qu'il répondre, il prend juste un malin plaisir à la faire patienter.

— J'sais pas, surement parce qu'il s'est fait péter avec toute une base et que j'ressentais plus du tout son énergie après.

Mitsuki encaisse... ou bien elle le fait paraitre. Akira ne discerne aucune émotion sur le son visage, pourtant les Tonnerres sont très expressifs d'habitude.

Il lève un sourcil lorsqu'elle affirme n'avoir plus aucune attache avec Ys. Il range donc son paquet de cigarette, comme elle le lui a demandé.

— Je vois... en trois ans t'es passée à autre chose. J'aurais fais pareil à ta place. Répond-t-il de manière désinvolte.

Et c'est après cela, une fois au bon étage, qu'Aoi se met à presser ce cher Akira pour qu'il avance.
Il est sorti de l'ascenseur poussé par elle. Ça marche au début, mais le Feu se braque et Aoi n'arrivera pas à le pousser plus loin.
Akira se retourne et chasse la main d'Aoi qui le tient. Il lui lance alors un regard mauvais et parle d'une voix plus grave.

— Tu commences à m'casser les couilles toi. Tu veux quoi, une raison de me cogner ? J'vais t'en donner une bonne, tu vas voir.

Akira fait un pas en avant vers la Master Air, la tension monte et il se montre plus menaçant. Quand soudain, une porte s'ouvre derrière le grand blond. C'est une adolescente, cheveux décolorés, la peau pâle, quelques pensements et bandages apparents. Derrière elle, un garçon plus craintif, qui laisse dépasser sa tête de l'encadrement de la porte.

Les ados:

L'adolescente regarde le trio silencieusement, désintéressée... et comme tout autre personne ayant ressentit le Vide, elle entend l'appel des Masters.

— C'est donc elles ? Lâche-t-elle d'une voix monocorde.

Les jeunes gens savent déjà pourquoi Aoi et Mitsuki sont là. Akira leur a déjà parlé des Masters et de Terrae.

— Ouais, des Masters... des gens charmants, tu verras. Dit Akira avec une pointe d'ironie.

Encore une fois, les informations d'Akira m'atteignirent sans que je ne sache comment les traiter. Je le regardais ranger le paquet de cigarettes, suivant lentement des yeux sa gestuelle, avant de reporter mon attention sur le couloir que nous venions d'atteindre.

Est-ce qu'Ys était vraiment mort ? Non. J'étais persuadée que je l'aurais ressenti. Le cristal de cette bague de fiançailles qu'il m'avait offerte par le passé -un passé qui me semblait si lointain à présent- se serait terni, non ? Enfin, je n'avais pas ouvert ce tiroir depuis bien longtemps maintenant... Alors est-ce que c'était du déni ? Non. C'était encore autre chose.

Les paroles suivantes d'Akira me laissèrent indifférentes. Est-ce que c'était ça, passer à autre chose ? Pour moi, j'avais simplement arrêté de me laisser envahir par toutes ces pensées parasites qui me renvoyaient perpétuellement à lui.

Je lâchai un mince soupir alors qu'il reprenait la parole pour faire face à Aoi. J'arquai un sourcil face à sa provocation, ne comprenant pas bien ce qu'il se passait là. Finalement, avant que ça n'explose, une porte s'ouvrit sur le couloir et je distinguais une adolescente aux cheveux semblables aux miens. Je repérai rapidement une deuxième présence derrière elle, sans pourtant parvenir à voir son visage, mes yeux ne s'étant pas encore totalement habitué à la lumière vacillante des lieux.

Un léger sourire se traça sur mon visage, ce sourire de Master à toute épreuve, ce sourire automatique qu'on gagne en passant ce dernier grade, et cette voix empreinte d'assurance s'échappa de mes lèvres.

-Bonjour.

Le Vide qui les assaillait était terrible. Mais surtout, la puissance qui émanait d'eux, incertaine, dangereuse mais aussi craintive, attirait toute mon attention.

-Vous accepteriez qu'on entre à l'intérieur pour discuter avec vous ?

Je ne pouvais décemment pas les téléporter là, sans avoir pris le temps de les préparer ou de les informer de ce qui allait se passer ensuite. Et pour ça, je comptais en partie sur Aoi pour engager la conversation.

Il s’est fait péter avec toute une base… Mon sang ne fait qu’un tour à cette phrase. Je m’efforce de rester calme, ou en tout cas de ne pas réagir pour ne pas ajouter cette peine supplémentaire à Mitsuki. Mais quelle envie de le lui faire payer, à cette tête de con.

—C’est vrai qu’une Etoile est en mesure de percevoir parfaitement les énergies à distance, j’avais oublié, j’ajoute finalement, piquante, alors qu’on sort de l’ascenseur.

Mes yeux lui lancent des éclairs, et je le pousse vers l’avant sans ménagement, ce qu’il n’apprécie pas. Il se dégage… et me provoque en faisant un pas vers moi. Je lui souris, et il se prend un mur d’Air dans la gueule, qui l’empêche d’approcher plus près de moi. Je n’ai même pas besoin de me mouvoir. L’air autour de lui se compresse, comme s’il était pris entre deux plaques de verre. Comme ça, il ne pourra pas fuir. Ni nous approcher. Il n’a visiblement pas très bien compris ce qu’il se passait, ici, et c’est bien dommage pour lui. Je lui déconseillerais bien de cesser de jouer les fanfarons, car il n’est pas en position de force et nous n’avons plus besoin de lui à présent, mais l’objectif ici n’est pas de terrifier les enfants. Mais c’est un criminel de guerre, et je n’ai jamais promis à personne de le traiter avec douceur. Il a de la chance que je ne sois pas Athéna, car il aurait sûrement déjà eu mon poing dans la gueule.

Leur Vide m’atteint avant que la porte ne s’ouvre — nous sommes au bon endroit, tant mieux. Je me tourne vers eux sans jeter un seul regard à Akira, sur qui je relâche partiellement mon emprise. S’il refait un mouvement suspect, il se refera écrabouiller. S’il m’agace, pareil. Rien de plus insupportable que quelqu’un qui croit avoir l’ascendant sur toi.

Néanmoins, face aux enfants, je souris. Et c’est sincère.

—Bonjour. Akira a l’air d’avoir pris soin de vous.

C’est sûrement le seul truc qu’il a fait de bien ici lol. J’oublie pas l’étudiante qu’il a tuée, ni l’incendie qu’il a causé à Terrae.

—Comment vous vous appelez ? je finis par demander aux enfants, en restant à distance, mais attendant leur accord pour que nous entrions. Mon amie s’appelle Mitsuki, et je m’appelle Aoi.

Akira approche Aoi, quand tout à coup c'est un mur invisible qui se dresse entre lui et elle. Son nez prend le coup à cause de son élan et il grogne un beau : "Putain". Il affiche un visage haineux envers la Master Air et malheureusement, c'est tout ce qu'il peut faire, elle est intouchable.
Elle lui met la pression, mais Akira soutient le regard d'Aoi. Il est trop fier baisser les yeux ou lui demander d'arrêter. Il va donc rester docile et se plier à la volonté d'Aoi, jusqu'à ce que cette dernière lui laisse un peu de répit... jusqu'à la prochaine fois.

La jeune fille regarde les deux Masters, curieuse. Elle s'apprête à répondre, quand Akira l'interrompt en se frayant un passage devant tout ce petit monde qui squatte devant la porte.

— Bon aller, on va rester comme des cons dans le couloir.

Puis une fois à l'intérieur, Akira pose gentiment sa main sur la tête du garçon et s'adresse à lui.

— Va m'faire un café Billy, j'ai passé une sale journée.
— Oui m'sieur Akira ! Répond le garçon, tout en s'exécutant.

La fille regarde Akira, l'air dépité.

— Combien de fois il faut te le dire, il s'appelle Takeshi... Et ça t'arracherais la gueule de dire "s'il te plait" ?

Akira la regarde un instant et ajoute :
— Et avec un sucre Billy !
— Oui m'sieur Akira !

La jeune fille soupire désespérément et décide d'ignorer l'autre bourru pour parler avec des gens plus sociables.

— Bonjour, je m'appelle Hameline et le garçon c'est Takeshi. Fait-elle en inclinant légèrement tête pour les saluer. Je vous en prie, entrez.

L'intérieur de l'appartement contraste légèrement avec le reste du bâtiment. C'est propre malgré les tâches d'humidité sur les murs, le vieux parquet a été recouvert de tapis neufs. C'est rangé et ça sent le frais. Par contre, on y est un peu à l'étroit, l'appartement ne dépasse pas les 20m².

Hameline continue la discussion avec les Masters :
— Takeshi pense qu'il doit tout à cet abruti d'Akira, du coup il lui obéit au doigt et à l'oeil. Il nous a sauvé, mais...

Et elle s'interrompt une nouvelle fois en voyant Akira. Ce dernier est déjà en slip, en train de se gratter les bijoux de famille, vautré sur un fauteuil et en train de se faire servir son café.

— Disons que j'imaginais les héros autrement... Fait-elle, à la fois dégoutée et déçue. Rassurez-moi, vous êtes pas tous comme ça à Terrae ?

Puis l'on voit Takeshi qui apporte un désinfectant et quelque pansements à Akira. Le corps du blond est entouré de plusieurs bandages teintés de rouge, quelque unes de ses plaies sont encore ouvertes - Ça ne fait que trois jours qu'il en a terminé avec Karasu.

Takeshi s'approche ensuite des Masters, un sourire radieux aux lèvres.
— Vous voulez un café vous aussi ? Un thé peut-être ? Des gâteaux ?

Akira s'éloigna de nous et me dépassa pour entrer dans l'appartement, se tournant vers un certain Billy... Takeshi ?

Je tournai la tête vers la jeune fille qui venait de s'adresser au blond, arquant un sourcil. C'était la première fois depuis que j'étais à Terrae que j'entendais à nouveau ce prénom, qui était aussi celui de mon père. Ce n'était pas non plus un prénom si rare que ça, j'en avais bien conscience, mais enfin, ça attirait forcément mon attention.

La jeune fille se tourna ensuite vers nous pour nous adresser la parole, nous invitant à entrer, ce que je fis. Je laissai un léger sourire étirer le coin de mes lèvres. Ce n'était clairement pas Akira qui avait rendu cet endroit vivable, malgré l'étroitesse des lieux.

Ecoutant les propos de la jeune Hameline, je tournais la tête vers le dénommé Takeshi, qui se pressait déjà de répondre à la demande du Feu déjà étalé dans le canapé. Je reportai ensuite mon attention sur l'adolescente, comprenant qu'Akira leur avait déjà parlé de Terrae. Il nous attendait, je l'avais bien remarqué, mais je ne pensais pas qu'il aurait également prévenu les enfants de notre venue.

Le garçon revint vers nous avant que nous ayons eu le temps de répondre pour nous proposer du café, et je secouai négativement la tête avec un sourire, le remerciant tout de même pour sa proposition. Je ne pouvais pas me permettre de m'attarder ici... Nous devions aller vite. Si ce que disait Akira était vrai... Ce sentiment étrange s'empara de nouveau de moi, et je décidais de l'ignorer.

Mes yeux s'arrêtèrent à la suite sur la jeune fille et sur son camarade. Ils n'étaient pas Tonnerre. Mais la jeune fille avait une affinité qui me semblait plus familière que les autres... Feu ? Après l'avoir été pendant un mois, était-il possible que je les repère plus facilement...?

Je laissai à Aoi le plaisir de répondre à la blanche, me dirigeant vers le garçon pour l'aider à ranger tout ce qu'il venait de sortir pour préparer un café à son "sauveur".

-Nous allons partir pour Terrae. S'il y a des choses que tu veux emmener avec toi, va les chercher, d'accord ? Reviens ici lorsque tu es prêt. Je vais ranger en attendant.

Et m'attelant à la tâche, partant du principe que je n'avais pas besoin de prévenir Akira car il avait des oreilles et n'était pas sourd, je terminai de ranger la cuisine avant de me tourner vers toutes les personnes présentes dans la pièce. Quand le garçon revint auprès de nous, ma foi fort peu équipé -il faut dire que s'ils venaient du Centre... il ne devait pas avoir beaucoup de possessions- je me tournai vers Aoi pour savoir où en était sa discussion avec l'adolescente.

Je m'approchai des deux jeunes et tendis une main dans leur direction, invitant Aoi à servir de passerelle entre Akira et moi, en me tenant par l'épaule afin de faciliter la téléportation.

-Nous nous téléporterons à Terrae dès que vous aurez déposé vos mains dans les miennes. Il y aura probablement beaucoup de personnes qui serons là pour vous accueillir lorsque nous arriverons, mais vous serez vite emmenés ailleurs dans un endroit avec moins de monde, je vous rassure. Aaron et Maria s'occuperont de vous. Ne vous inquiétez de rien.

Je leur offris une nouvelle fois ce joli sourire, ce sourire de Master chaleureux aux multiples couleurs.

Et nous nous téléportâmes à Terrae...

Vraiment, je vais le frapper. Les premières impressions sont importantes ; ne le sait-il pas ? Il se sent obligé de nous interrompre, comme si nous ne savions pas que le temps nous était compté pour retrouver Ys aussi, à présent. Mon regard noir lui transperce le dos alors qu’il ordonne (excusez-moi ?!) à cet enfant de lui faire un café, tout en lui donnant un surnom ridicule… Le pauvre. Heureusement que l’adolescente est un peu plus coopérative que ce gros crétin. J’incline la tête en retour face à elle, par politesse.

—Merci.

Mes yeux parcourent par automatisme les bandages sur le corps des deux jeunes gens, et je renvoie un sourire compréhensif mais las à l’adolescente, pendant que Mitsuki va se charger de Takeshi. Il vaut mieux que ce soit elle qui s’en occupe, si je dois de nouveau m’approcher d’Akira dans les quelques prochaines minutes, je serais forcée de lui éclater la tête. Je préfère l’ignorer, du coup.

—C’est parce qu’il n’en est pas vraiment un, j’ajoute avec un sourire taquin. Mais je suis heureuse qu’il vous ait récupérés, tous les deux. Ne t’en fais pas, la majorité des gens sont corrects… Mais je n’irai pas jusqu’à dire qu’ils sont très sains d’esprit.

Mon brin d’humour lui tire un sourire en coin, et je tends la main vers elle en lui proposant de soigner brièvement ses blessures restantes.

—Je suis Guérisseuse, j’explique simplement. Et non merci, c’est gentil Takeshi. Ne t’en fais pas, nous pourrons prendre un thé en rentrant, d’accord ?

Est-ce qu’il faudrait que je propose la même chose à Akira ? Ouais. Est-ce que je vais le faire ? Nan, c’est mort. …… D’accord, je culpabilise. Après m’être occupée brièvement d’Hameline, je l’invite à me suivre tout en lui parlant un peu de Terrae et de ce que nous allons faire. Puis je rejoins l’avis de Mitsuki : rassemble ce que tu peux, nous y allons au plus tôt.

Lorsqu’elle disparaît, je m’installe sur l’accoudoir du siège d’Akira et, lui sommant d’un regard de ne pas bouger, pose ma main à plat sur son dos pour scanner ses blessures. Mes sourcils se froncent alors que je laisse ma magie curative entrer dans son corps et repérer les blessures, refermant petit à petit coupures, plaies et brûlures les plus importantes. Il faudra qu’il repasse par l’hôpital pour la fin des soins, mais si ça peut lui éviter de pisser le sang devant les enfants, ça me va.

—Nous te sommes reconnaissants d’avoir ramené ces enfants en vie, mais ne vas pas te faire des idées. Il va falloir nous expliquer ce qu’il s’est passé, quand nous serons rentrés.

Enfin, ce sera le travail d’Hideko ou des télépathes et sonores de le faire parler, s’il n’est pas coopératif. Et s’ils n’y mettent pas les moyens, eh bien… Nous n’allons pas nous entendre bien longtemps.

Bientôt, les enfants reviennent et nous fixent. Je donne une tape dans le dos d’Akira (ouais je sais qu’il est encore un peu blessé, j’espère qu’il a eu mal).

—Allez, enfile ton pantalon.

Nous rejoignons bientôt Mitsuki, qui explique la marche à suivre aux jeunes dotés. Ces enfants qui ont dû voir tant d’horreurs… Mon regard se fait très doux quand je les observe, et se durcit instantanément face à Akira. Pourtant… pourtant, il a risqué sa vie pour eux. Je ne comprends pas. C’est sans doute cette incompréhension qui prend le dessus, lorsque je pose plus délicatement ma main sur son épaule.

Et finalement, nous nous téléportons.



Dans la salle des Masters, c’est soudain un peu agité. Je relâche Akira, Keitaro et Tomoe se rapprochent de nous pour nous emmener à part. Je précise qu’il a encore besoin de soins et qu’il vaut mieux vérifier s’il n’y a pas encore des blessures que je n’ai pas repérées et partiellement guéries ; de même que les enfants. Aaron et Maria les récupèrent, je peux sentir leur regard lourd de reproche posé sur Akira. Mais nous n’avons pas le temps.

De nouvelles discussions ont lieu ; l’idée est d’utiliser les informations dont dispose Akira pour repérer Ys, et de nous organiser pour la suite.

Encore quelques détails à régler, et nous pourrons y retourner. Ensuite… Akira pourra être interrogé par Hideko et les autres.

— Quoi, on s'en va déjà ? Demande Takeshi. Mais vous venez tout juste d'arriver, vous devez être fatigués et...

— Fais ce qu'elle te dis Billy... Le coupe Akira. On prend nos affaires et on se casse.

Le garçon hoche la tête et s'exécute. Il va chercher son sac à dos et le remplis avec l'aide de Mitsuki - Une courte tâche, car il ne possède que peu de choses.

Du coté d'Aoi, Hameline hoche affiche un sourire en coin à sa réponse.
— Super, je sens qu'on va bien s'amuser là-bas.

Puis elle voit Aoi lui tendre la main en lui expliquant qu'elle est guérisseuse. Hameline avance sa main, hésite un instant et finit par poser sa main sur la sienne.
La suite est inhabituel pour l'adolescente - On ne se fait pas soigner par magie tous les jours. Elle sent la douce énergie d'Aoi la parcourir, faire disparaitre ses blessures et la gêne qui allait avec. Elle retire alors certains de ses pensements et découvre avec stupéfaction ses plaies complètement cicatrisées.

Elle ouvre en grand les yeux et murmure :
— Impossible.

Et c'est au tour d'Akira de se faire soigner, une sorte de remerciement auquel il ne dira pas non.

— T'as crush sur moi, av...

Il a un sourire amusé, mais une bonne tape sur l'une de ses blessure vient le corriger. Il tire une grimace et laisse échapper un petit "Aïe".

Puis, tandis qu'Hameline prépare ses affaires, Akira enfile ses vêtements au milieu du salon, sans se cacher... et une énième dispute éclate entre eux.

— Il y a une salle de bain pour ça !
— Arrêtes de te prendre pour ma daronne, toi !

Akira va ensuite se poser dans son coin et terminer son café... Il se met à l'écart, espérant en vain qu'on l'oublie là - Sait-on jamais. Les enfants vont hocher la tête pour confirmer les consignes de Mitsuki, puis tous les regards vont se tourner vers Akira.

Takeshi va s'adresser à Akira avec un grand sourire.
— Vous venez avec nous m'sieur Akira, pas vrai ?
— Et merde... Grommelle-t-il avant de se faire téléporter avec le reste du groupe.