J'envoie la patate. Partons sur des bonnes bases. OK? La position des pieds pour donner de la puissance dans ses gestes, c'est important. Faut rester fluide et on est pas là pour se froisser un muscle non plus. Mon poing part en direction de sa mâchoire, je vais t'en faire manger tiens. Je sais que ce ne sera pas facile de juste donner un coup comme ça, on est pas dans un jeu-vidéo où j'ai plus de chance qu'un PNJ. Erik arrive à anticiper mon geste, sa main vient dans la trajectoire mais mon poing ne fait que ricocher finalement contre son menton. Son sourire s'agrandit et je lève un sourcil.

Face à sa provocation, mon regard se durcit mais c'est un sourire carnassier qui vient se mettre sur mes lèvres. Erik Akimaru tu cherches vraiment à me pousser? C'est pas parce que t'es plus grand qu'il faut faire le malin. Dans le restant d'élan de mon poing, je pivote mes hanches pour mettre tout mon poids sur ma jambe arrière et envoyer sans plus attendre la jambe avant en direction de sa hanche.

« TOI montre ce que t'as dans le ventre ELSA LA REINE DES GLACES SURPROTÉINÉE. »

Je la prends au mot. J'vais te montrer ce qu'Elza a dans le ventre. Je contracte mes abdos et plutôt que parer ou d'éviter le coup, je le prends volontairement, me tournant pour qu'elle tape au bon endroit. Le bruit du contact est sourd, puissant, impressionnant, mais, si elle chasse l'air de mes poumons, c'est bien la seule conséquence. De mon côté en tout cas. Après tout, si elle met tout son poids dans sa jambe d'appui, autant me frapper avec une frite de piscine en mousse là.

Je loupe la fenêtre pour saisir sa cheville et décide donc de passer à l'attaque à mon tour, bien décidé à réduire l'espace entre nous. M'en bats les couilles d'avoir l'allonge, en fait. Elle est peut être souple, agile et plus rapide que moi, tant qu'elle met pas plus de force dans ses coups ça va être vraiment difficile pour elle. Par contre, c'est la seule dont les coups connectent. J'peux pas la toucher, si elle le décide. Je cherche pas à la frapper, de toute façon. Je trouverais un moyen de l'attraper. De la saisir. De la bloquer. Mon poing frôle son visage à une occasion. J'enchaîne les tentatives, mais sans succès.

Au contraire, je prends même plusieurs coups consécutifs. Certes, presque indolores, sur des erreurs de ma part, ou lorsque je laisse ma garde un moment en tentant quelque chose, qu'elle évite. Putain okay. J'imagine que je devrais lui rendre l'initiative. J'vais juste m'essouffler à puncher l'air, si ça continue. J'arrive à rien et elle punit mes tentatives régulièrement. Bordel. Deux choix s'offrent à moi, et j'hésite. Oh et puis merde hein. Nique la contre attaque.

"J'sais pas ce qui est le pire, entre louper sa cible et lui faire un massage-"

Comme ça c'est pas à moi de prendre la décision. Si elle succombe à la provocation, je prendrais le coup de plein fouet, et j'en profiterais pour l'attraper, l'empêcher de fuir le temps de la faire tomber au sol. Et si elle garde la tête froide, alors je continuerais à attaquer en boucle, et si j'observe la moindre ouverture, je la plaque au sol façon Eyeshield 21.

Se battre sans pouvoirs, c'est quelque chose d'autre. Mais parfois, c'est ce que je préfère. Ça me rappelle l'ancien temps. Et rien ne vaut que de simples mouvements, loin des coups de jus. C'est quelque chose que j’apprécie quand je me bats contre Senri d'ailleurs, quand on part dans un combat où il met en place ses techniques de boxe. Erik se prend ma jambe, il aurait pu l'attraper mais loupe son coup. C'est déjà pas mal. En vrai, je n'ai pas tant de chance contre lui dans ce genre de combat. Un peu comme le cliché dans les films du petit gaillard qui met un coup au grand et qui ne réagit pas... On en est là un peu. Mais je ne compte pas me laisser abattre. Loin de là.

On part sur un échange de coups, j'arrive à éviter de justesse le poing d'Erik à un moment donné. Mes muscles restent contractés pour faciliter mes esquives et mes mouvements d'attaque, de défense. J'arrive à contre-attaquer et je me rends compte au fur et à mesure que je dois cogner plus fort. Je ne suis aucunement étonnée. Mais je prends le temps d'analyser mon adversaire à tâtons. Mais d'avoir la capacité de rendre les coups, ça me permet d'accroître ma concentration.

Une nouvelle provocation s'échappe de sa bouche et je grince des dents. Il le fait exprès. Putain je le sais, mais je me gonfle à bloc quand même. Meuf on est pas là pour boire du thé et que tu te laisses prendre dans tes émotions. Sinon tu serais jamais revenue du Centre. Putain pourquoi j'ai pas pris mes gants. Je plisse les yeux et garde mon sourire aux lèvres. Mes poings se serrent un peu plus fort. Non. T'sais quoi. Tu t'amuses bien Erik à ce petit jeu. Faisons comme ça. Les poings en avant, je sautille doucement avant de m'avancer rapidement, cette fois-ci, je contracte mes muscles et balance mon poids afin que tout mon élan, ma force, aille dans mon bras pour cogner plus fort.

Mon poing part en direction de son plexus solaire mais à la dernière seconde je bouge brusquement mon avant-bras pour que ce soit mon coude qui cogne son menton afin de donner un effet de surprise. J'avance mon pied par la même occasion derrière son talon, que s'il recule, je puisse le déséquilibrer ne serait-ce qu'un instant. Je tente de rester confiante et sur mes gardes. Se battre contre un ennemi plus grand que soi, ça demande plus de stratégies. Avec un peu de chance, je pourrais mettre en place une des prises de soumission que Tori m'a appris. Si je foire et que je perds, je tenterai malgré ma mauvaise foi d'en retenir des leçons, j'le sais bien que je peux pas gagner tout le temps, mais si je donne le tout pour le tout, pourquoi pas.

Ma pique touche, alors je souris de plus belle. Un sourire plus doux, bizarrement. On a fini de prendre nos marques. On a fini de jauger l'autre. Je le vois, rien qu'à la manière dont sa garde change. Sa posture, son jeu de jambe, même son regard brille plus fort. Cette fois, c'est sérieux.

Sa prochaine attaque sera un coup de poing. Cette façon de se mettre légèrement en biais, légèrement vers l'avant, c'est comme ça qu'elle frappe avec ses mains. Elle brise les deux mètres qui nous séparent comme si c'était rien, en un éclair, le poing au niveau de sa hanche alors que ton torse pivote pour donner plus de force et d'élan à son coup.

J'ancre solidement mes pieds dans le sol verrouillant mes genoux pour mettre mon poids vers l'avant, collant mes avant-bras devant mon torse, les deux coudes collés juste au dessus de mon ventre, protégeant le haut de mon corps, du plexus à la mâchoire. Le seul danger, c'est son poing. Même si c'était une feinte, n'importe quel autre mouvement n'aurait pas assez de puissance pour briser ma défense, dans l'immédiat.

Putain Nana. On allait enfin rire, et voilà que non, à la place d'un coup de point super puissant tu essaies de jouer à Je te tiens tu me tiens par la barbichette. C'est vraiment dommage. Ta force, ton élan, il te donnait une force horizontale, pourquoi tu tapes verticalement, alors ? Et dans ma garde, en plus ?

Je sens son pied au dernier moment . Son talon vient heurter l'arrière de ma cheville, dans la partie haute du talon d'Achille. Est-ce que c'est danger- Non. Si. Si. Parce que son élan, c'était pas pour le coup de poing, au final. C'était pour tenter de me déstabiliser. La feinte, c'était pas le coup de poing, c'était pas le coup de coude. C'était de me faire croire qu'elle allait frapper, alors qu'elle veut juste me renverser. Putain. J'ai pas baissé mon centre de gravité. Merde.

Nan ok, c'est bon. Je voulais pas absorber le choc de son coup de poing. J'avais mis mon poids vers l'avant. Je voulais qu'elle se pète les doigts sur ma garde. Qu'elle regrette d'essayer de me frapper. Quand son épaule vient se poser contre son avant bras et qu'elle pousse de toutes ses forces, je me contente d'avancer mon pied libre de presque un mètre, repoussant la Tonnerre simplement avec mon poids pressant contre son bras. Nos visages sont si proches que je sens son odeur.

J'avance ma seconde jambe pour sortir de la tentative de croche-patte de la Téléporteuse, mais au même moment elle recule pour remettre de la distance entre nous. Retour dans le  Neutral, comme ils disent dans les jeux de combats. Le neutral, c'est quand aucun des deux adversaire n'a l'avantage. Que ça se jauge, que ça cherche à provoquer une erreur. Putain. J'ai encore loupé une occasion de la choper. 'chier. J'ai été pris au dépourvu.

Je fléchis les jambes. Je tomberais pas. Comment je peux faire pour la surprendre putain. Pour la toucher. Je me pose trop de questions, en vrai. Nique sa mère. Je peux pas attendre qu'elle fasse une erreur. Comme tout à l'heure, je dois la provoquer. L'erreur, pas Nana. Ça, c'est déjà fait. Même si là tout de suite j'ai absolument pas envie d'en rajouter une couche. Ok. Ok ok ok.

En une enjambée, je suis sur elle. Je vise le visage, avec mon poing droit. Un coup droit, classique, qu'elle esquive en fléchissant les genoux.

Ensuite, mon poing gauche part comme une fusée en direction de son estomac- non, de son plexus, maintenant qu'elle s'est baissée pour éviter la droite. De sa main droite, elle pousse sur mon avant bras pour dévier le coup.

C'est ce que j'attendais. je profite de l'élan qu'elle me donne en déviant mon poing pour faire pivoter mes hanches alors que je tente un nouveau coup de pied. Ou de genou, plutôt. Mon genou gauche va percuter sa hanche alors que le bas de mon corps suit l'impulsion donné par la parade de Nana, puis le haut de mon corps et mes hanches.

J'ai mal calculé mon coup. J'suis trop près. Même si je bénéficie de l'élan de la rotation, j'suis trop près. Comme le coup de pied de Nana tout à l'heure, pendant le premier round. Alors certes, je touche, et c'est mieux que mes tentatives précédentes, mais les dégâts sont négligeables, surtout que maintenant que ma cuisse a heurté son flanc et que j'ai reposé la jambe par terre, je lui tourne presque le dos, dans cette position. Putain-

Je souris de toutes mes dents quand je vois le visage d'Erik se rendre compte de la présence de mon pied derrière le sien. Nos carrures s'entrechoquent alors que je tente de jouer sur le poids mais je me fais repousser. Bien sûr, il en faut plus que ça pour le déséquilibrer, mais j'ai poussé comme je pouvais. Nos visages se frôlent presque dans cet instant, connectant nos iris et je finis par simplement reculer lorsqu'il tente d'avancer sa deuxième jambe. Il en aurait fallut peut pour que je me retrouve coincée s'il m'avait attraper pour me bloquer. Je continue de sautiller, pour me garder en mouvement, dans l'adrénaline.

Ce combat est intriguant. C'est presque dans un niveau égal où l'autre counter, évitant la prise d'avantage. J'essuie rapidement du revers de la main mon front perlé de sueurs. J'ai vraiment pas d'autres options que de le faire tomber ou d'au moins pouvoir le déstabiliser car il a vraiment une bonne garde. Je souffle fortement par la bouche, contractant mon abdomen. Je peux sûrement trouver un truc. N'importe quoi. Le mec fait 15 centimètres de plus que moi. Je n'ai aucune idée comment va se terminer ce combat. La seule chose que je garde en mémoire pour le moment ce sont les échos des chocs qui s'éparpillent dans la forêt.  

Erik s'avance et je fléchis tout de suite mes jambes pour me mettre en position, son poing arrive droit sur mon visage alors je vais en sorte de l'esquiver, me coupant la respiration au passage pour ne pas faire un faux mouvement. J'expire profondément et merde son autre poing part déjà. J'ai pas tant le temps de l'esquiver alors je pousse son avant bras pour éviter que ça me frappe dans le plexus. Non merci de me retrouver encore pliée en deux et de perdre aussi nullement.

Ce que je ne peux pas esquiver vraiment par contre, c'est la cuisse que je me prends dans le flanc. Je me pince les lèvres et encaisse le coup, je m'attendais à pire mais ça me heurte quand même. Je ne suis pas faite de métal non plus. Un mini gémissement m'échappe par l'impact mais je dois agir vite. Il a mal calculé sa position. Lorsque sa jambe retourne à terre, son dos est à découvert. Et surtout, ses jambes. Je prends une grande inspiration et donne un coup de pied à l'arrière de son genou le plus proche pour le forcer à se plier, que son corps part en arrière légèrement. Ma main se pose sur son épaule pour le tirer vers moi et m'attirer plus proche. Le tirer je foire complètement je sais pas mes doigts ont pas fait leur boulot, mais j'arrive à me rapprocher en me tirant, la main toujours agrippée sur Erik. Je prends de la puissance dans ma plante de pied pour envoyer mon genou directement dans son flanc. Il vient heurter directement durant ce court instant, à pleine puissance. Mais quand mon genou revient, mon autre pied n'est pas ancré suffisamment et je sens un mini déséquilibre sur le coup, sans pouvoir me rebalancer tout de suite. Par réflexe, je viens plier mes genoux pour m'abaisser, en position de défense au cas où qu'Erik veuille m'enchaîner. Mais si je bouge, je pars en arrière.

Yes j'ai chié dans la colle là. Mon sourire s'efface au moment où mon genou touche le sol. J'ai eu le réflexe de me pencher en avant et ça m'a sauvé la vie. Bon ok j'exagère UN POIL mais en vrai, si je tombais en arrière, je finissais totalement vulnérable, sous la coupe de Nana, qui aurait juste eu à se pencher, ou mieux encore, me rouer de coups de pieds sans avoir à bouger. Nan vraiment, bon réflexe. Et si mon sourire a disparu, c'est parce que je suis passé en mode survie.

En mode grosse bagarre, en mode je joue ma vie. Je tente de me redresser une première fois mais sa main me tire en arrière et je manque de basculer, mais je tiens bon.

Je tente de me redresser une seconde fois, mais c'est le genou de la blonde qui se loge sous mes côtes et mes dents serrées par l'effort laissent échapper un grognement furieux, plein de douleur et de regrets.

La troisième fois serra la bonne, j'en suis sûr. Mais avant, je saisis le poignet de la Téléporteuse et tire dessus et je sens son torse se coller à mon dos, alors j'essaie de la faire passer par dessus mon épaule, par dessus ma tête. Sauf que mon genou me lâche. Celui au sol, sur lequel je prends appui. Celui de ma cuisse qui s'est faite tazer deux fois, plus tôt. Celui qui s'est pris le coup de pied par derrière à l'instant. Putain. Mon sourire est revenu tellement ça craint.

Affaibli, mon foutu genou a pas supporté le poids de la Tonnerre en plus du mien. Tant pis pour la tentative de la faire passer par dessus ma tête. Je raidis mon dos, mon torse, mes abdos. Je contracte chaque muscle qui veut bien répondre à l'appel et je finis par me redresser presque totalement, forçant la demoiselle à se mettre sur la pointe des pieds.

Quelle erreur de merde hein vraiment putain la vie de ma mère j'suis un débile mental. J'prends la patate de Nana dans la tempe et vacille, relâchant ma prise sur son poignet. Putain. Bordel de merde. Est-ce qu'elle va vouloir s'accrocher à moi comme une sangsue ou juste reprendre où on en était, maintenant qu'elle sait que mon genou pue sa mère ?

Merde merde merde. J’ai eut le réflexe de laisser ma main sur son épaule. Meuf là tout de suite on est pas là pour se faire des câlins… Bien sûr qu’il allait attraper mon poignet. Il me tire et je suis complètement collée à son dos. Il a de la poigne je le sais et je le sens bien dans mon articulation. Je tire pour tenter de m’en sortir mais il garde la poigne et en se redressant, tire un peu plus et je suis sur la  pointe des pieds. Putain ça craint. Je dois agir VITE sinon je vais me retrouver dans les buissons.

Je tente instinctivement de mon poing libre un coup contre la tempe. Coup qui fonctionne et le déstabilise me permettant de retrouver ma liberté. Je retombe sur mes pieds complètement et je me rends compte du déséquilibre du Morphe car j’ai réussi à affaiblir son genou. Je souffle un grand coup et je décide d’en profiter. Je suis encore dans son dos alors je viens cette fois ci placer mon coup de genou dans le même que tout à l’heure et par la même occasion, j’entoure son cou de mon bras droit pour l’emmener avec moi au sol en laissant tout mon poids tomber. Même si je me rétame, je m’en fous. Son bas du corps est instable sur l’instant donc je me permets d’empirer le bordel puisque le haut ne peut sûrement pas suivre.

J’en sais rien. Je sens de la résistance alors je rajoute mon grain de sel et fait une petite balayette, appuyant un peu plus fort ma prise autour de son cou mais sans que ça compresse pour lui péter la trachée. Son dos cogne contre le sol tandis que de mon côté c’est mon flanc qui prend. Un petit cri de douleur m’échappe mais je ne veux pas perdre de temps. Faut que je le foute en soumission sinon après ça je perds ma chance. Je m’installe sur le ventre d’Erik et commence par une clé de bras, le premier entoure son cou pendant que l’autre vient locker pour faire la clé. Je viens contracter mes cuisses contre ses bras pour l’éviter de les bouger. Mon visage est proche du sien et nos souffles se mêlent. Je suis trop dans ma concentration pour vouloir le narguer sur l’abandon. Si je me décontracte ne serait ce qu’une seconde, il risque de me soulever.

Porter le combat au sol a toujours été une de mes idées. J'ai l'avantage du gabarit et de la force brute. Puis avec un membre en moins -en l'occurrence ma jambe, présentement- la différence se ressent moins une fois au sol.

Je pensais feindre de m'effondrer à nouveau au sol, mais j'en ai absolument pas besoin quand l'articulation de la Tonnerre viens plonger dans le creux de la mienne. Parfait-

J'ai menti. C'est pas parfait. J'aurais préféré que juste on fasse un fast forward là et qu'on soit déjà au sol à se débattre du mieux qu'on peut mais non, madame a décidé de tenter de m'étrangler avec son bras. Putain le con. J'ai déjà expiré tout l'air dans mes poumons pour éviter d'avoir la respiration coupée en tombant. Putain.

Le choc me fait voir quelques étoiles alors que je viens de saisir la seule occasion qui s'offre à moi pour prendre une grande inspiration. Au moment de l'impact avec le sol, le bras de Nana a touché avant mon dos, ce qui a desserré sa prise un bref instant et, par un effort de volonté et des années d'apnées et d'exercices de respiration, je parviens à ne pas tout recracher quand mes poumons se compressent sous le choc.

Elle crie. Elle s'est jetée au sol elle aussi. J'aurais dû m'en douter vu sa prise mais j'suis incapable de tourner la tête, je sens juste son corps contre moi. C'est un bon début. Ou une belle opportunité plutôt.

Je tente de me redresser mais rien à faire. Comme un con, j'essaie de me cambrer en prenant appui sur ma jambe blessée. Putain.

Elle passe sur moi. Nana. Qu'est ce que tu branles. Je souris de plus belle.

"Nana. Cette clé, là. C'est pour quand la personne en dessous est sur le ventre. Si je peux respirer, ça sert à rien."

Je ponctue ma phrase par un crachat dans sa face. Et ouais. Pas besoin de pouvoirs pour créer de l'eau, cheh.

Je profite de la surprise. Même si elle dessert pas sa clé, ou pire, qu'elle ne lâche pas pour s'essuyer le visage, c'est mon moment. Sa prise est inefficace. Pire. Dangereuse. T'aurais dû te douter que t'avais merdé quand nos souffles se sont mêlés. Moi aussi je l'ai senti, quand t'es passée au dessus. C'est tellement naturel.

Je me cambre et quand mes épaules sont les seuls points de contact du haut de mon corps avec le sol, je viens plaquer mon dos sur le sol, le dérouler brusquement pour donner plus d'élan à mon coup de boule.

Certes, j'ai une partie de mon propre crachat sur le front, mais ça sert à rien si elle me lâche pas. Putain.

Je tente une première fois de nous faire tomber sur le côté. Puis une seconde. Et la troisième tentative est tellement éclatée que je laisse tomber. Soit.

Mes bras sont libres, et je viens percuter ses côtes, mais j'suis toujours en dessous. Putain. Elle commence à me boxer le crâne en plus. Mes coups de poings sont inefficaces. Je vais pas tenir longtemps à ce rythme là.

Je reste une seule solution. La force brute. Et, comme par miracle, ça fonctionne putain. J'arrive à passer mon bras sous une de ses cuisses et à la faire basculer par dessus ma tête alors qu'elle se réceptionne avec une roulade, me laissant au sol, pantelant. J'ai pris un sale coup de genou dans le menton au passage, mais je parviens à vite me redresser et me mettre en garde. Putain.

L'échec est total. Qu'est ce qu'il me reste comme solution bordel.

Le temps que j’entende la phrase d’Erik, je me retrouve avec du crachat, dans le visage. ERIK C’EST DEGUEULASSE TU FAIS QUOI. Je lâche un cri de surprise sans trop desserrer ma prise. Mes bras se resserrent un minuscule mais je relâche tout de suite cette tentative quand je me prends le coup de boule du siècle. La douleur me transperce et rend ma tête lourde sur le moment. La pression se fait surtout dans mon nez et je sens un filet chaud qui commence à couler. Putain. Ça m’étourdit un peu et mes jambes se sont relâchées ainsi que mes bras, débloquant les bras d’Erik après quelques tentatives de me bouger.

J’encaisse les coups dans les côtes mais avec douleur, je serre les dents alors que mon filet de sang continue de s’écouler jusqu’à ma lèvre. Bordel. J’enchaîne quelques coups à la tête, tentant de résister aussi fort que je le peux. Mais Erik à de la force alors j’essaye du mieux que je peux.

Je me concentre dans mes coups mais soudainement je vole dans les airs quand je sens le bras d’Erik qui entoure ma cuisse. Un ‘’non’’ s’échappe dans un grognement et je me mets à rouler pour amortir le choc. Mon genou lui a cogné le visage au passage et c’est déjà ça. Dans l’effort de reprendre ma force j’hyperventile un peu alors que je me relève tant bien que mal. Putain j’étais supposée de le garder au sol bordel je suis saoulée. Et j’ai encore son putain de crachat à la gueule ça me dégoûte. D’un revers rapide de la main j’essuie ce qui reste, enlevant une partie du sang de mon nez au passage mais des traces restes sur ma peau.

Je crache mes poumons en tentant de les remplir d’air mais je compte tenir jusqu’au bout. Ma tête pèse et mon corps est endolori mais je serre les poings de toutes mes forces et je sautille de nouveau pour me garder active. Faut réfléchir, on commence à être affaiblis et je sais qu’une de ses jambes est foutue. Je prends une inspiration et je prends de grandes enjambées pour aller droit sur Erik. Ma respiration est profonde et quand j’arrive proche, je me laisse glisser sur les genoux sur la terre et recule mon poing suffisamment loin en arrière pour avoir la force de percuter son genou qui ne tient plus très bien, je frappe sur le côté lorsque je l’envoie dans sa direction. Sa jambe se plie et avec toute la force restante dans mes jambes, mes bras entourent les hanches d’Erik et je le pousse pour l’emmener en déséquilibre et qu’il tombe en arrière, avec moi sur le dessus. Faut qu’il reste au sol. Un nouveau filet s’échappe de mon nez alors que pendant que je le pousse j’envoie le haut mon crâne dans son menton pour tenter de l’étourdir dans la chute en même temps.

Bon bah on saigne tous les deux du nez maintenant. Putain. Je me relève péniblement mais je sens bien que ma jambe droite fait la gueule de ouf et que je suis pas assez stable, j'ai vraiment un sérieux problème là tout de suite. Problème que j'ai pas le temps de régler parce que la Tonnerre revient directement à la charge.

Et quelle charge putain elle prend de l'élan et, le poing balancé en arrière, elle glisse sur les genoux un peu comme moi tout à l'heure pour me défoncer ma jambe encore plus. Putain eh. Bordel j'ai mal.

Le problème c'est qu'en la voyant comme ça, à genoux, ma jambe valide s'est redressée et mon genou à moi la percute dans l'épaule, mais ça n'empêche pas son coup de porter et je m'apprête à basculer en arrière.

Pourtant, elle se redresse et le sommet de son crâne vient percuter mon menton, me faisant voir une pluie d'étoiles filantes alors que ses bras passent autour de ma taille pour accélérer ma chute. Putain bah écoute. Si il faut tomber, je tomberais pas tout seul, au moins.

J'essaie de faire pivoter mes hanches pour qu'on atterrisse sur le côté plutôt que juste sur mon dos avec elle par dessus, mais c'est vraiment pas très convaincant. Légèrement étourdit à cause du coup de boule, ma tête vient rebondir sur le sol et, malgré mes dents serrées je lâche un crie de douleur.

Tu veux faire câlin, Nana ? Très bien écoute. Mes deux bras passent autour de sa tête, plaquant son visage contre mon torse. J'ai l'impression d'avoir les bras croisés, à la seule différence qu'il y a quelqu'un qui peut plus respirer contre moi. J'imagine que si je m'évanouis pas de douleur, tu vas avoir un peu de mal à te libérer hein mon cœur ?

Elle essaie de tourner la tête pour chercher de l'air, mais mes bras sont intraitables. Ses bras et ses poings me labourent les côtes mais rien n'y fait. La douleur dans mon genou atténue toutes les autres. Puis, sans élan, on en revient un peu au début. Ses coups manquent de puissance.

On tombe ensemble, Erik amortit ma chute et- non. NON. NON. Erik en profite pour venir compresser ma tête. Pire câlin de l’histoire des câlins bordel. Celui qui veut te faire exploser le crâne comme une pastèque alors que y a zéro accès à l’oxygène. Pour la deuxième fois, je me fais avoir sur un truc aussi con. Ça m’agace et je tente de me libérer en lui donnant plusieurs coups mais rien n’y fait. Je tente de garder mon sang froid pour éviter de trop expirer contre son torse. Non putain. Progressivement ça m’étourdit alors que mon rythme cardiaque ralentit de plus en plus. JE PEUX PAS RESPIRER. Mes coups ne servent à rien alors je dois trouver une solution.

Le tout pour le tout, je vais faire le truc le plus con. Mes mains s’aggripent sur les bras d’Erik, plantant mes ongles dedans tandis que je pousse sur mes jambes pour les rapatrier vers moi pour me mettre accroupi. Mes pieds glissent et j’ai pas beaucoup de temps. Je foire la première fois alors que je tente toujours de dégager ma tête par la même occasion. La deuxième c’est encore pire je suis pas loin de vouloir abandonner mais cette pensée m’insupporte alors dans un de mes derniers soupirs possibles alors que ma tête s’alourdie et que mes pensées se brouillent, je pousse une dernière fois de toutes mes forces et finit par ramener mes pieds assez proche dans une position accroupie étrange. Je lève un peu mon pied et le balance sur le côté du genou d’Erik. J’attaque encore le même point faible dans l’espoir qu’il lâche parce que ça fait trop mal, que ça le surprenne je sais pas putain.

Eh bah putain, il ne bouge pas d’un poil. Ma mâchoire est extrêmement crispée, je peux pas respirer, je peux pas parler, ouais putain je suis fâchée. Mes jambes s’écroulent et je sens que je vais m’évanouir dans pas long si ça continue. Alors dans un dernier élan, vraiment le dernier espoir que je peux avoir, je me la joue gamine. J’ai lâché d’une main un de ses bras et la plaque contre le sol, prenant une grande portion de terre que je lui balance en plein milieu de visage. Je l’étale. Rien à faire que t’en a dans le nez. Étrangement ça permet un petit relâchement dans sa prise et je me mets à tirer, avec mes mains je commence à pousser un peu pour écarter ses bras, puis dans mes jambes et finalement, je me pousse à un point que je me projette toute seule en arrière. J’atterris contre le sol sur le dos, ma tête cogne et ma vue est complètement brouillée alors que j’hyperventile violemment, les mains sur mon cou, pour remplir mes poumons comme la première fois. Tout le sang sorti de mon nez est étalé sur ma bouche à cause de la pression, Je peux pas me relever tout de suite et je finis juste par crier d’une voix rauque. La rage au ventre.

« OK OK C’EST BON LÀ, PAUSE OMG. »

Je pense que je vais rester comme ça un moment. Par terre. Fâchée. À moitié dans le coma le temps de retrouver mes esprits. J’ai les oreilles qui sifflent bordel. Je sais pas si je vais récupérer assez d'air avant que mon corps décide me lâcher pour me faire m'évanouir putain. Il a serré, vraiment fort, vraiment longtemps, comme une bataille entre frère et sœur à la piscine de celui qui va forcer l'autre à rester le plus longtemps sous l'eau.

Je fais le vide dans mon esprit alors que la proie se débat. J'ai peut-être pas de crocs, mais ma poigne et la pression de mes bras valent largement la gueule d'un grand félin ou pire, d'un canidé. Je lâcherais pas. Je lâcherais pas et tu peux te débattre autant que tu veux, frapper, griffer mordre autant que tu veux, je lâcherais pas . Si je lâche, je perds. Alors je tiendrais jusqu'au bout.

Et oui, j'ai tenu jusqu'au bout. Ou presque. Le nouveau coup dans mon genoux (et ça commence à ressembler à du harcèlement là, Nana, gaffe quand même j'sais où tu habites). Puis c'est quoi cette position t'as envie de chier poupée ? Nan vraiment je vais serrer autant les dents que mes bras et ça ira. Ça ira. Ou pas, du coup. Je m'attendais pas à la boue et j'ai beau essayer d'être intraitable, une poignée de terre dans la gueule ça surprend puis, surtout, quand un gravillon me racle la cornée j'ai un mouvement automatique et, même si je le refreine vite, ça offre à la Téléporteuse l'occasion de s'échapper.

Je me redresse sur le coude, chassant l'excédent de terre de mon visage et regarde mon adversaire qui reste au sol, haletante. Ma tête retombe lourdement et j'entreprends de me retourner sur le ventre pour planter mon genou valide dans le sol et me redresser péniblement. Sauf que pendant que je claudique jusqu'à elle, la jeune femme crie qu'elle abandonne et je sens mes forces me quitter alors que l'adrénaline se fait plus rare dans mes veines. Putain.

Je me laisse tomber sur le cul, à quelques centimètres de mon amoureuse couverte de sang, de sueur, de boue et d'un reste de salive. J'souris en chuchotant entre mes dents.

"Moi qui pensait pas t'arriver à la cheville. J'dois bien admettre qu'au final, c'est toi qui m'arrive au genou-"

Deux zéro. Ptdr bah si je m'y attendais à celle-là. Vraiment une dinguerie, alors que j'me laisse tomber en arrière, m'hydratant avec mes pouvoirs et en profitant pour me rincer le visage.

"Bien content de pas avoir abandonné en tout cas. J'ai cru j'allais finir cul de jatte, mon coeur. Ça s'est joué à rien bordel, t'es trop forte putain. J'ose même pas imaginer avec un couteau et la Téléportation. Ais pas trop le seum. Un coup de tazer pendant que t'étais sur moi et c'était fini putain. T'es trop forte. J'suis obligé d'essayer de te tuer pour que tu finisses par abandonner. Juste vouloir gagner, contre toi, c'est pas suffisant-"

De l’air. DE L’AIR. Je souffle de toutes mes forces restantes et lorsque je sens qu’Erik s’installe à côté de moi, je me relève difficilement pour m’asseoir, les jambes pliés et écartés, les coudes sur les genoux. Deux fois. Je me suis fait avoir deux fois. Parce que j’ai voulu être fair-play déjà hein, non parce que bon, un coup dans les couilles et ça aurait pu faire le boulot mais NON, j’y ai pas pensé sur le moment parce que j’avais la sensation que mes globes oculaires allaient sortir avec un petit bruitage genre POP quoi. Je bloque une narine et souffle pour faire sortir le sang restant au sol, puis la deuxième.

« Très drôle, ronchonnais-je. »

Non mais c’est le game c’est comme quand je m’entraîne avec Senri. Si je gagne c’est cool, si je me fais mettre au sol, je ronchonne. Parce que je n’aime pas perdre. Je ne suis pas la meilleure combattante de tous les temps mais de me faire avoir deux fois de la même manière… Ça me fait grincer des dents un peu. Mais, j’admets qu’Erik est vraiment fort. Enfin, là tout de suite je l’admets seulement dans ma tête. Mon sac n’est pas loin derrière, alors pendant qu’il me parle, je me tourne et tend le bras pour le tirer jusqu’à moi. Je sors une bouteille d’eau que je me déverse sur le visage pour me nettoyer et me calmer un peu de toute l’adrénaline (et le seum) que je transpire. Non mais j’ai assez de maturité pour admettre que je me suis fait battre mais en même temps j’en ai pas assez pour l’admettre à 100%. Mais j’avoue être quand même contente de ce combat, j’ai bien des choses à retravailler en entraînement.

« Je l’admets t’es vraiment fort. T’es un adversaire difficile au combat, clairement ça se sentait que tu t’étais entraîné et j’aimerais pas être à la place des gens du Centre contre toi. Je suis impressionnée. Avec ou sans pouvoirs t’as beaucoup de potentiel et tu gères très bien les situations qui s’imposent à toi. Par contre ouah putain c’est une galère pour te mettre au sol. Il en faut de l’énergie pour te combattre. Non vraiment bravo et- JE N’AI PAS LE-  Hm. Bon oui j’ai un peu le seum. Mais parce que je ne veux pas que ce soit mes pouvoirs qui soient ma plus grosse force ‘fin… oui mais je veux être forte tout autant physiquement dans un combat que ce soit avec ou sans pouvoirs et surtout sans pouvoirs. ‘Fin… Sinon ça voudrait dire que sans pouvoirs je suis rien… »

Je passe une main sur le haut de mon crâne avant de souffler un bon coup pour reprendre.

« Mais c’est vraiment gentil ce que tu dis mon amour, je pense que je peux encore faire mieux que ça, je vais devoir pousser un peu plus mes sessions… En tout cas. Deux asphyxies en peu de temps tu veux vraiment ma mort, riais-je doucement. Bravo pour ce deux-zéro. »

Je lui tends la paume de ma main pour qu’il tape dedans. On s’offre un sourire et l’ambiance est beaucoup plus détendue. Je me suis détendue. Il m’aurait provoqué comme Senri peut le faire parfois, j’aurais perdu la tête mais là, je me rappelle quand même que c’est notre premier ‘’entraînement’’. Si on peut appeler ça comme ça, on ne prend pas le temps vraiment de faire des leçons. Juste on tape. On tâtonne le terrain je pense. Je fouille dans mon sac et sors mon paquet de clope et une barre protéinée. Les priorités avant tout, je commence par une clope, voilà. J’en glisse une entre mes lèvres que j’allume brièvement d’une étincelle du doigt.

« T’en veux une ? On s’arrête pour la journée ou tu veux un dernier round free-for-all genre illimité ? »

"Toi, rien ? Même sans tes pouvoirs t'es absolument pas rien, Nana.. Ok c'est pratique d'avoir une petite amie Téléporteuse, on fait des économies sur les livraisons quand on commande des pizzas. Mais je devrais marcher pour aller les chercher je t'aimerais tout pareil- je ricane, le visage tourné vers la cime des arbres. Tu es formidable. Fantastique. Et t'as même pas besoin de te battre, pour être fantastique. Pouvoirs ou pas. Et j'suis vraiment pas fort à la bagarre moi hein. J'prends juste bien les coups et j'suis endurant. Mais j'suis loin d'avoir ton niveau, pourtant. Ils sont pas nombreux ceux qui m'ont mis à terre tu sais. C'est là que j'suis le meilleur, en plus. Mais d'habitude c'est moi qui met la personne à terre pour avoir un avantage. Si tu sais pas te battre, arrange toi pour que ça se remarque pas. C'est ce qu'on m'a répété plusieurs fois, avant la mission. Et j'm'en sors bien. Pas besoin de se battre, avec une arme à feu. Puis faire durer les combats le moins possible et enfin, l'adversaire a beau avoir plus de technique que toi, au sol, si t'es plus grand et plus lourd tu l'écrase. J'voulais essayer sans avoir besoin de ça, mais tu m'a mis au sol. Deux fois. T'es super forte, vraiment."

Je me redresse sur les coudes pour observer la jolie blonde , essayant de pas trop soliciter mon genou droit.

"Tu peux faire mieux que ça, c'est sûr. Tu pourras toujours faire mieux. Mais t'as déjà un niveau stratosphérique. Autant le premier round j'avais l'avantage de m'être préparé. Autant là, je trouve que t'as été bien plus impressionnante que moi. J'ai juste paniqué sur la fin et fait un gros câlin à mon amoureuse, c'est tout- La seule raison pour laquelle j'ai pas abandonné après tes coups à répétition dans ma jambe, c'est parce que j'voulais continuer à te regarder te battre. T'es belle, quand tu te bats. Presque plus que d'habitude, si c'était possible."

Je tapé dans la paume tendue entre nous et accepte volontiers la cigarette qu'on me propose, me redressant sur les fesses, n'ayant toujours pas le courage de me relever.

"J'te remercie et euh. On souffle un coup et je te dis. J'suis partagé entre l'envie de te voir à fond et la peur de moi y aller à fond, parce que les animaux c'est rigolo mais c'est dangereux. Puis j'ai une jambe en vrac là tu m'a pas loupé -"

Je tire sur la clope allumée en me massant la jambe vigoureusement, grimaçant au début mais il semblerait que ça aille pas trop mal. Ça devrait le faire. Par contre si c'est aussi intense, voir plus encore. J'ai peur qu'on se blesse sérieusement. Que je la blesse, surtout. Sous réserve que j'arrive à la toucher mdr.

« Comment ça t'es pas fort à la bagarre? Tu gères très très bien vraiment. Tu encaisses bien et t'as un temps de réaction assez bon pour que si jamais on t'en fout une, tu peux retourner le coup plus fort et rapidement. Après, avec de l'entraînement au corps à corps, sans problème tu peux devenir une version IRL de Bob dans Tekken au combat dans ta gestuelle. Prochaine fois on fera un cours plutôt que de juste se taper dessus, riais-je. Mais c'était un vrai plaisir de te voir en pleine action comme ça et ça doit être très cool de te voir à l’œuvre avec une arme à feu, bon, chelou à dire mais je trouve ça très classe. »

Attentivement, j'écoute Erik, un sourire en coin faisant ressortir ma fossette.

« Je trouve que c'est jamais assez en vrai mais je continue de monter plus haut si je le peux. Mais tu vois parce que t'as un bon état mental, c'est ce qui t'a permis de gagner. Encore oui bon le premier round tu m'as bien eut mais le deuxième, j'ai crû que tu lâcherais jamais le morceau et j'ai fini dans ton câlin de la mort. Et on en parle de la vibe hot que tu dégages quand tu te bats toi? Je peux comprendre pour quoi les meufs elles sont en kiffes en ce moment sur les mecs de Call Of hein- »

Je souris quand il accepte la clope, j'enlève donc la mienne de mes lèvres que je garde entre deux doigts puis je m'occupe de lui allumer la sienne. Je lui tends et fume tranquillement, la tête penchée vers le bas pour étirer ma nuque.

« Si t'es pas confortable t'inquiète on peut s'arrêter là t'en fais pas, puis c'est pas parce qu'on y va à fond que forcément on va se découper mutuellement on peut rester dans les limites. Je te laisse décider, l'un ou l'autre, ça me va. Après tu peux juste rester sur ton élément élémentaire aussi si tu veux ou on peut faire des exercices je sais pas. Sinon, on va pouvoir rattraper les calories brûlées en mangeant haha. »

Tirant de nouveau sur la tige, je me dandine du derrière pour me rapprocher de quelques centimètres de mon amoureux, grimaçant un peu de douleur.

« Ça va ta jambe d'ailleurs ? Je peux faire pulser un peu ton muscle pour soulager un peu et renforcer! Ce sera le même effet que les trucs qu'ils vendent au télé-achat là, mais en mieux. »

Mes yeux le balayent de haut en bas et je souris un peu plus fort devant une telle beauté. Ça faisait un moment qu'on parlait de faire ça et vraiment, je ne suis pas mécontente du tout.

« Hey d'ailleurs, prochain combat, interdit de cracher, pas que je déteste ta salive mais là, j'avais l'impression d'avoir été dans l'enclos des lamas au zoo. »

Je pars à rire, enterrant en même temps mon seum de ce moment.