« Laura par pitié, il FAUT que tu m’aides OK ? Pitié, pitié, pitié, HEY quand t’avais le COVID c’est moi qui t’ai remplacé et j’ai pas ronchonné hein ??

La merde. J’avais tout calculé. Xavier devait prendre mon shift de boulot ce soir pour que je puisse aller au restaurant et ce CON se brise la jambe le matin même ??? Je suis en sueurs et Laura est ma dernière solution parce que je devais être de service et j’avais tout arrangé pour que ça n’emmerde personne. Ça fait plus d’une demi-heure que je suis au téléphone pour arranger tout ce merdier et mon rendez-vous est bientôt. Après une longue, LONGUE, session de négociation pour qu’elle aille faire mon service en salle elle accepte parce que bon, je suis une super employée et collègue OK ? Pour une fois que je demande… Et merde hein, c’est mon anniversaire aujourd’hui et je dois rejoindre Erik tout à l’heure.
À peine je raccroche, je me rends compte que je vais finir à la bourre si je me grouille pas. Je devais aller récupérer Erik chez lui mais là, je n’ai PAS le temps. Le seum. J’envoie un simple texto :

‘’
’’

La boloss. Je mets mon téléphone à charger avant de me jeter sous la douche.
Préparation SIMPLE et efficace. Heureusement que je me maquille vite omg. Puis ENCORE HEUREUX c’est pas un endroit trop fancy. On va manger des ramens dans un de mes spots favoris donc c’est CASUAL. C-A-S-U-A-L. Mais faut se mettre bg un peu quand même. À travers dix mille soupirs et des sursauts à tout va comme un lapin proche de se taper un AVC, je m’en sors pas mal. On part sur un pull noir fin, manches longues, col en V pas trop profond. Un jean bleu clair, troué aux genoux dont le pull est rentré dedans. Petite ceinture argent et une paire de mocassins noir à talons, histoire d’être un peu plus grande et d’allonger mes jambes, merci Camil du tips. Je n’ai PAS eut le temps de me laver les cheveux alors j’opte pour une queue de cheval haute qui transforme mes cheveux ondulés en cascade dans mon dos. Quelques bijoux simples, une chaîne en argent, deux-trois bagues aux doigts mais flemme des boucles d’oreilles aujourd’hui. Un maquillage simple et rapide, un bon smokey-eye noir avec du brun pour avoir un beau petit regard perçant, quelques paillettes par-dessus, mascara et le tour est réglé. OUI C’EST CASUAL OK ? J’vais pas sortir en joggo non plus, enfin oui je le fais mais là c’est un peu un date officiel avec Erik et je veux être bien. Juste, je ne mets pas de rouge à lèvres. On finit par une veste en jean gris foncé, et pas de sac à main. J’ai plein de poches dans ma veste et mon pantalon alors je cale tout un peu partout il me faut pas grand-chose de toute façon : Clés, téléphone, clopes, briquet, porte-cartes. Un petit coup de laque sur mon crâne pour pas avoir trop de baby-hair qui font coucou et je suis PRÊTE. Je regarde mon radio-réveil eeeeet… OK J’AI PAS TROP DE RETARD. Je prends toutes mes affaires et je me téléporte tout de suite au portail. Est-ce que j’ai fermé ma porte de chambre ? Eh- on va espérer que oui. Je sais plus. LOL. J’offre un large sourire à mon amoureux.

« Coucou mon amour ! Je me suis prep’ à la vitesse de la lumière OK ?? Trop désolée je suis une vraie ksos je te raconterai au restaurant. »

Je parle très, trop, vite mais je me penche pour embrasser Erik. Son odeur emplit mes narines et je sens mon cœur faire une pirouette, heureuse de fêter mes 26 ans avec lui. Il est trop trop mimi et trop trop beau, mais pourquoi j'ai un micro stress parce que je me dis ''lol c'est officiel cette sortie'' ??? Boloss.

« Pardon j’t’ai pas demandé euh- ça va ? T’as passé une bonne journée ? On y va ? J’ai trop trop faim. »

Mon téléphone vibre à côté du lavabo, et je me retourne instinctivement. J'allais quitter la salle de bain pour attraper une paire de chaussettes, parce que si j'ai pris toute ma tenue pour ce soir, j'ai oublié de prendre des chaussettes assorties. Mes yeux s'illuminent quand l'eau quitte ma peau et mes cheveux pour atterrir directement dans le syphon de la douche, me séchant par la même occasion. J'ai un téléphone waterproof mais eh, on perd pas certaines habitudes, les doigts mouillés sur un écran, c'est non. Surtout si l'écran en question est LEGEREMENT abimé. Ce qui fait qu'il est plus waterproof, en fait. Well well well. Enfin bref. Je déverrouille le téléphone avec mon code (parce que quand on est Morphe, la reconnaissance faciale ou les empruntes digitales nique sa mère un peu). C'est Nana. Changement de plan hein. Je soupire, le sourire aux lèvres. C'était prévisible. Si prévisible que je comptais même pas vraiment sur le fait qu'elle vienne me chercher.

T'es vraiment la honte des Téléporteurs bébou, à réussir à être en retard        

Oui les émojis c'est obligé. Cherchez pas. J'enfile mon boxer, un chino bordeaux, parce qu'après tout c'est l'automne, un polo blanc et mon dernier achat en date, une veste en jean clair, et des Jordans bl- Merde. J'ai re oublié les chaussettes putaiiiiin- J'sors en trombes de la salle d'eau, maintenant que je risque d'être en retard moi aussi à cause de madame, plonge mon avant-bras dans le tiroir à chaussettes dépareillées et fouille jusqu'à trouver la jumelle de celle que j'ai en main, et quand je la trouve enfin, je peux les enfiler, ainsi que mes Jordans blanches et bordeaux. Un petit coup de peigne, puis je me brosse les dents en vitesse. Oui, j'aurais dû le faire avant, j'aurais pas risqué de tacher mes fringues, mais ça va je gère hein... Je glisse l'enveloppe dans ma poche de veste, m'assurant qu'elle ne dépasse pas, le paquet dans l'autre pour équilibrer et, ajustant mon col, je papouille Tifa qui vient déposer quelques poils sur mon pantalon. Vive les animaux. On les aime tellement, hein... Téléphone, portefeuille au cas où madame, qui a tant insisté pour m'inviter ce soir, oublie le sien ou qu'un vendeur de roses à la sauvette se présente, clopes, briquet et je crois que j'oublie rien.

"T'as peur qu'un autre chien me fasse les yeux doux dans Tokyo, tu marques ton territoire ? "

Je souris à la labrador en la gratouillant avec entrain. Enfin. Je souris tout court, en vrai. Parce que ce soir, c'est l'anniversaire de ma petite amie. C'est drôle, de sortir ce soir. C'est spécial, un peu. Notre premier faux vrai date, ou vrai faux date, je sais pas, c'était le soir de mon anniversaire. Et elle savait pas, que c'était mon anniversaire. Puis on s'est mis en couple, le soir même. Ou la nuit du lendemain. 'fin. Dans la suite de cette soirée. Soirée on ne peut plus mémorable, pour cette raison et beaucoup d'autres, mais si je devais en choisir une seule, cette raison, ça serait Nana. Nana et ses sentiments. Nana et ses lèvres douces, Nana et ses multiples facettes. Ma Nana. Un tour de clés dans la porte d'entrée et me voilà parti, me changeant en Bambi adulte pour aller plus vite et on sait jamais, je pourrais croiser Alyona.... Je suis à l'heure. De pas grand chose, une poignée de minutes. J'en profite pour saluer Chris, discutant avec le Titan de tout et rien en attendant mon date. Mon amoureuse.

Le hasard fait bien les choses, c'est au moment où le Master reçoit un coup de fil qu'elle apparait devant moi, nous laissant seuls pour la saluer comme il se doit.

"Hello beautyfull-"

Nos regards se croisent et, en réponse, nos lèvres se trouvent, échangeant un long baiser que je lui laisse l'honneur d'interrompre quand elle le veut. C'est sa journée après tout. Quand, enfin, on cherche un peu d'air et que je m'apprête à lui souhaiter un joyeux anniversaire, elle se prend pour Eminem.

"Eh eh eh, pas si vite, birthday girl- C'est comme ça que tu dis hein si je me souviens bien- Joyeux anniversaire. T'es magnifique. Et je suis prêt à te laisser être en retard tous les jours si c'est pour pouvoir te voir sourire comme ça, en rougissant- Et avant que tu dises que c'est parce que tu courrais partout avant de te téléporter, je te jure que ces pommettes étaient à peine roses quand t'es arrivée-"

Je me perds dans ses yeux dorés, plus brillants, plus captivants que les paillettes qui les entourent pourtant, avant de déposer un baiser sur sa joue, tendrement.

"On y va quand tu veux. Comme tu veux. Où tu veux. Je te suis, Nana."

J'aime trop dire son prénom putain. Elle est ravissante, ce soir. Comme tous les soirs. Mais je me lasserais jamais de l'admirer, surtout quand elle s'habille pour être vue en public avec moi, qu'elle se fait toute belle quand on sort. Je sais bien qu'elle ne le fait pas plus pour moi que pour elle, mais le résultat est quand même vachement plaisant à regarder.

"Et oui, c'était une chouette journée. Mais elle est oubliable, comparée
à ce soir. À ta soirée, mon petit bébé qui grandit si vite olala- J'ai la dalle de ouf moi aussi, mais sinon ça va écoute ! "

Je me tourne pour saluer de la main Chris, glissant l'autre, libre, dans celle de Nana, avant qu'on se dirige vers le portail qui s'ouvre devant nous.

Tokyo m'a manqué. Mais moins que le contact des doigts de mon amoureuse entrelacés avec les miens, alors que c'est bien plus récent que ma dernière sortie...

Mon sourire ne peut pas être plus grand qu’il ne l’est déjà. Ma peau s’enflamme rendant mes joues rouges par les mots d’Erik. Je suis juste joie. Nos yeux restent connectés et clairement, on se dévore du regard. Un date. On va EN DATE à Tokyo. J’me demande si le groupe de musique est encore dehors, bon de toute façon on ne va pas dans le même quartier mais ça m’aurait fait rire.

« Merci Erik c'est gentil, dis-je en devenant un peu plus rouge.  Écoute j’peux pas gérer ma rougeur, c’pas de ma faute, c’est toi qui provoques ça! T’es tout beau comme ça et dire que je suis chanceuse d’avoir un tel visu ! T’es vraiment parfait. »

Je glousse doucement et ferme les yeux un instant lorsque je ressens ses lèvres sur ma joue. Honnêtement, j’ai beau être habitué à tous ces contacts physiques entre nous, ça me donne toujours le même effet finalement. Agréable, chaleureux, ma peau réagit toujours comme si elle découvrait ça pour la première fois. Tout comme le nombre de battements que peut louper mon cœur à chaque fois qu’il parle ou fait quelque chose. Ah bordel Erik.

« Tu dis ça mais t’as plus une tête de bébé que moi, répondis-je en pinçant doucement sa joue dans un ricanement. Contente de savoir que t’ai passé une bonne journée, j’ai hâte que tu me racontes ça ! Allons-y ! »

Je mime Erik et salue Chris avant d’avoir sa main dans la mienne. Je suis surexcitée et un peu stressée d’accord ? J’espère vraiment que la soirée va bien se dérouler, qu’on puisse avoir un moment agréable, simple et sans prise de tête ou de problèmes. Bien que ce soit mon anniversaire, j’souhaite qu’Erik passe une excellente soirée et je ferais tout pour. On s’avance pour quitter Terrae, discutant de choses et d’autres tandis qu’on se tient fermement la main. On est dehors. O.m.g. Mes rougeurs ne partent pas je les sens, ça me brûle putain. J’entraîne Erik dans le métro et nous voici à traverser un bout de la ville. On n’est pas en heure de pointe donc on a quand même assez d’espace pour ne pas se coller aux gens. Difficile de se lâcher du regard, ou plutôt, difficile de se lâcher tout court. C’est tellement génial de pouvoir vivre ce genre de moment avec toi Erik. Vraiment. D’avoir un quotidien de vie qui pour moi est parfait, parce que tu l’as embelli. Et, je le vois dans le reflet du métro, on est SI CHOU ensemble. Cette dinguerie de se dire que la dernière fois, on (je) était dans le déni et on était déjà si bien ensemble… On continue ensuite par une petite marche sur un grand boulevard.

« OK ça devrait être… Commençais-je en plissant des yeux. ICI. P’tite clope avant de rentrer ? De toute façon j’ai réservé à mon nom.»

Malgré la grandeur de la rue, le restaurant n’est pas très large. Comme on dit, ce n’est pas la taille qui compte hein. Je sors une clope de ma poche et l’allume avec- UN BRIQUET. Être normal parfois c’est du boulot hein quand on est hors de Terrae. Faut oublier les réflexes. Donc. On allume nos cigarettes tranquillement et, je n’ai toujours pas arrêté de sourire à Erik.

« Je suis vraiment contente qu’on fasse cette sortie. Anniversaire ou pas. Et t’as vu hein pas de rouge à lèvres cette fois-ci donc tu te retrouveras pas avec une face de clown d’ici la fin de la soirée. »

Je ricane un peu.

« P’tain dire que j’ai failli foutre en l’air ce soir… la personne qui devait me remplacer s’est brisé la jambe et j’ai dû SUPPLIER une meuf de me remplacer alors que je l’aide tout le temps et personne ne voulait sinon…soupirais-je entre deux taffes. Le culot des gens, je m’en serais voulu à mort- Ah et donc, tadaaaaa, continuais-je en pointant le restaurant d’un signe de tête, voilà l’endroit ! Parfois c’est dans les petits trucs qu’on trouve la meilleure bouffe et ici c’est une tuerie et on aura de l’intimité ! Pas mal hein ? Tu vas voir en plus c’est un peu tamisé et tout, trop trop chou. Mais pas aussi chou que toi ! »

C’est ce genre de restaurant typique où tu manges sur un comptoir mais que des volets te couvrent autour. L’avant ne s’ouvre que pour te servir ta nourriture et les côtés se sont des volets en bois pour te séparer des autres. On mangera donc côte à côte avec notre petit espace à nous. J’ai vraiment espoir que ça plaira à Erik. Tout est bon ici. Le nombre de fois que je suis venue… je suis devenue pote avec le gestionnaire dernièrement. MAIS, focus sur ce qui compte le plus, le grand blondinet en face de moi. De ma main libre (parce qu’il semblerait qu’on ne s’est pas lâchés omg on retourne sur le jeu de toute faire à une main ???) mes doigts viennent effleurer délicatement le dessous de son menton. Je m’en fiche des gens OK ? JE. SUIS. EN. COUPLE. ET. HEUREUSE. Je suis très expressive et j’peux remercier mon père et son côté français pour ça. Mes yeux vomissent littéralement de l’amour quand je regarde mon petit-copain.

« C’est trop trop cool qu’on soit à Tokyo dehors oh la laaaaa- Et toi de ton côté, t’as bossé ou juste repos ? J'sais pas si je l'ai déjà dit aujourd'hui mais ouais euh, t'sais que je t'aime plus que tout au monde ? »

Putain meuf, cette niaiserie help.

Je souris aux compliments mais, étrangement, je ne rougis pas plus que ça. Pas que ça me touche pas, au contraire mais, je sais pas, j'ai l'impression qu'elle rougit déjà pour deux, mon adorable copine.

"HEY ! Ma tête de bébé elle t'emmerde omg tu refais ça moi aussi je te pince !!! "

J'fais les gros yeux mais je peux pas m'empêcher de sourire en coin, alors qu'on quitte l'enceinte de Terrae pour se diriger vers le métro. Alalah. Ça fait si longtemps bordel. 6 mois. Dans quelques jours, ça fera 6 mois que j'avais pas mis les pieds dans le métro, mais surtout, dans quelques jours, ça fera 6 mois qu'on est ensemble. En couple. Officiellement. En même temps ça a jamais été trop officieux non plus mais eh. Techniquement notre histoire a commencé un 14 Février, quand elle m'a fait tourner la tête. Quand elle m'a volé mon cœur et tout.

Le trajet se passe bien. En même temps, comment ça pourrait mal se passer, t'sais. On est juste assis tranquillement, la tête de la blonde sur mon épaule, nos doigts emmêlés, dans un silence calme et agréable. On a pas envie de parler. On a pas besoin. On aura tout le temps de la soirée pour ça. Je dépose un baiser sur son front, quelques stations avant la notre et, quand on sort, on marche quelques minutes avant d'arriver, s'allumant une clope devant la façade, le plus loin possible de la porte par respect pour le restaurateur. Ça fait une mauvaise pub, les gens qui fument devant ta porte.

"Ça devrait être ici ??? Tu viens pas là régulièrement ??? Qu'est-ce que c'est que cette histoire encore-"

J'essaie de cacher mon sourire mais c'est compliqué. J'aime trop la chambrer. Elle est si chou putain.

"Je mettrais n'importe quel costume pour toi, tu sais. Clown, Pompier, dans leur bel uniforme. J'ai pas d'autre exemple provocateur mais t'as compris l'idée- je pouffe T'as pas mis de rouge à lèvres ? J'avais pas remarqué, ces jolis yeux avaient déjà toute mon attention-"

Avec ou sans rouge à lèvre, tant que tu te sens bien, à l'aise, tant que tu me laisse te prouver à quel point je te trouve ravissante, tu peux bien porter ce que tu veux, ou te maquiller comme tu veux. Objectivement. OBJECTIVEMENT, tu es toujours magnifique. Surtout quand tu te sens à l'aise. Ma mine s'assombrie un instant quand Nana m'explique qu'elle aurait pu devoir annuler cette soirée. C'était hors de question, on aurait trouvé une solution, puis surtout :

"Pfffft, c'est toi qu'est chou- Par contre ils ont pas voulu te mettre ton repos ce soir ? 'fin j'veux dire, ça fait longtemps que c'est prévu, cette soirée... Ils abusent, vraiment c'est pas cool putain. J'espère que ton collègue va bien, mais merde, encore ils t'auraient appeler pour remplacer la personne blessée au pied levé je comprends, mais t'obliger à changer ton planning avec tes collègues c'est grave abusé putain. C'est quoi tes collègues de merde là- Putain. Ils commencent à me gonfler, à faire n'importe quoi avec ton planning. Déjà que bosser de nuit comme ça, socialement c'est un putain d'enfer, et je parle d'expérience, mais si en plus on te laisse pas poser tes jours de repos quand t'en as besoin pour compenser le fait de vivre la nuit, c'est vraiment des enculés. J'te jure qu'ils vont m'entendre et- Les yeux écarquillés de mon amoureuse me font redescendre immédiatement, mon ton se faisant à nouveau doux et calme. Excuse moi, je me suis peut-être laissé emporter je- C'est juste que merde, déjà on passe pas autant de temps qu'on le voudrait ensemble, s'organiser pour sortir le soir de temps en temps c'est déjà une galère, surtout sur Tokyo et 'fin merde, y a pas besoin qu'ils en rajoutent mais eh, j'suis bien d'accord, les comptoirs de ramen, comme ça, faut pas se fier à la taille ! Comment ça je change de sujet ?? Je change pas du tout de sujet hein c'est fou de penser ça surtout alors que c'est ton anniversaire-"

Je me suis peut-être un peu emporté okay. Mais j'vous jure que si quelqu'un ruine la soirée d'anniversaire de mon amoureuse, je risque de le prendre à cœur. Plus que je devrais, peut-être. Mais je sais pas, vivre en décalé c'est déjà relativement chiant, laissez nous vivre tout court déjà en fait ??? J'écrase mon mégot sous ma chaussure avant de le lancer dans la poubelle quelques mètres plus loin, et on entre dans le restaurant. Ce qui est bien de venir avec une habituée, c'est qu'ils demandent pas mon nom. Ils demandent pas le sien non plus ou même si c'est réservé, d'ailleurs. Ils SAVENT. Toujours main dans la main pour l'instant, on s'installe au comptoir et je suis pris de cours par la déclaration de ma jolie blonde, rougissant cette fois-ci jusqu'aux oreilles, ce qui ne manque pas de rendre son sourire niais en quelque chose de plus... satisfait ?

"Plus que t- Genre plus que manger ? je plaisante pas elle est trop adorable putain Qu'est-ce que je t'aime mon cœur omg. J'ai bossé oui, c'était plutôt calme aujourd'hui, j'ai pu lire un peu j'étais content. Un truc un peu léger, qui a presque réussi à me faire penser à autre chose qu'à mon adorable petite amie. Presque. J'suis trop heureux d'être ici ce soir, avec toi, dans Tokyo. Je te préviens, j'ai la dalle de zinzin, si y a des entrées avant les ramen je risque de me laisser tenter- C'est quoi déjà ce que tu m'avais recommandé, y a six mois ? Le karaage ? "

« Hey oh le restaurant est pas très bien indiqué et parfois j’oublie omg- »

Ouais ouais, rigole c’est ça. Encore heureux que je ne suis pas Voyante parce que j’aurais une mémoire encore pire que celle avec laquelle je dois vivre déjà. Je rougis de plus belle et ne répond qu’avec un simple sourire devant la mignonnerie d’Erik, laissant place à quelques images de lui en uniforme. OK, très bien, on garde en note hein. Quand on se parle, notre alchimie se sent rapidement. Il y a cette compatibilité qui fait qu’on sait que la réaction de l’autre nous fera sourire ou glousser. Adorable. Sauf quand bien sûr on aborde des sujets un peu plus sérieux ou emmerdants comme mon histoire de boulot.

J’observe le Morphe qui me partage son point de vue et, oui bosser dans le monde de la nuit ce n’est pas facile mais c’est ce que je préfère. Mais il faut se l’avouer que nos horaires ne nous aident pas forcément à passer plus de temps ensemble et je m’en veux un peu parfois qu’Erik m’attende à la fin de mon shift alors qu’il a déjà eut une grosse journée. Ce n’était qu’un petit, bon, un gros pépin aujourd’hui mais c’est les aléas du monde du boulot je dirais. Tout ce bla bla me fait réfléchir jusqu’à ce que le ton d’Erik monte assez brutalement et je n’ai pas le temps d’en placer une sur l’instant. Mon sourire disparait et mes yeux s’écarquillent face à ce changement soudain et à peine il le remarque qu’il se calme. Je comprends sa frustration et ça me touche, mais ne laissons pas l’incident nous emmerder ce soir. Erik finit par passer du coq à l’âne et j’esquisse un sourire en coin finalement.

« Hey, ce qui compte c’est qu’on soit là non ? J’sais que mes horaires de boulot sont emmerdants mais j’aime vraiment ce que je fais… Demain j’irais parler avec ma boss et au pire je configurerai un horaire fixe avec elle pour avoir toujours les mêmes jours de repos, ce serait pas mal non ? Dis-moi les jours qui t’arrangeraient et je vais me caler dessus. Bon le vendredi et samedi c’est sûr qu’ils ont besoin de tout le staff mais tout le restant je peux m’arranger ! -Je serre la main d’Erik-  Y a toujours des solutions OK ? C’est rien. En vrai c’est juste ma collègue Laura qui a saoulé sinon c’est pas la faute de Xavier s’il s’est pété la jambe… Bon OUI j’étais saoulée ce matin mais je préfère me concentrer sur maintenant, sur toi. -Doucement, je dépose mes lèvres sur sa joue- Allons manger ça ira mieux ! »

Je m’occupe de jeter le mégot puis on rentre dans la bâtisse. L’hôtesse m’offre un large sourire lorsqu’elle me reconnait et jette un coup d’œil à Erik par la même occasion. Elle nous accueille chaleureusement et nous emmène à l’endroit réservé au comptoir. En fermant les volets autour, elle me chuchote un ‘’va falloir qu’on parle hein’’ en parlant d’Erik. Oui bon, par pitié Jun, on verra tout à l’heure hein ? Elle part en gloussant quand je lui fais les gros yeux en mode ‘’oui ok pars stp’’. À peine elle part, toute mon attention revient sur mon amoureux et je m’empresse de lui demander au sujet de sa journée, de lui rappeler à quel point je l’aime parce que... j’avais envie ? Peut-être qu’on pourrait s’organiser un peu plus de sortie à Tokyo ou même dans une autre région de l’île, ce serait vraiment génial on pourrait aller visiter des temples et la magnifique architecture des villages sur la côte, j’sais pas ?

« Plus que de la nourriture hm, on va sur du ex-aequo- »

Dans mon esprit, je suis polygame. Je suis en couple avec Erik et avec la nourriture. Voilà. Le seul moment où on pourra dire que je trompe mon mec, c’est avec un plat de bouffe. Sympa non ? Ce sera toujours moins cringe que la rivierophilie de Solange Te Parle. Mon coude sur le comptoir, j’utilise la paume de ma main pour y poser ma tête. Le petit côté tamisé du restaurant donne vraiment une ambiance romantique un peu et mes yeux ne veulent pas lâcher celles du Morphe.

« Une journée tranquille de temps en temps ça fait toujours du bien, tu lis encore le livre que tu m’avais parlé la dernière fois ? Moi aussi vraiment, trop trop heureuse qu’on soit ici ensemble ce soir. Prends tout ce que tu veux, OK ? Le karaage oui ! Les takoyakis sont excellents aussi ! Alors de toute façon, t’as tout dans le menu ici et-  je sors un bout de papier ainsi qu’un crayon à mine qui sont stockés sur un des volets- et après tu coches tout ce que tu veux ici pour les entrées et aussi ce que tu veux dans ton ramen ! Y a des menus spéciaux aussi si tu veux et-

-Nanaaaaaa-san ! Otanjobi omedeto !!! S’exclama le gestionnaire qui venait de pop-up sous le volet en tissu en face nous.

-ISAO-SAN. »

Je sursaute comme un chat devant une imprimante qui sort un papier. Bordel Isao Watanabe. Je souffle fortement par la bouche pour me calmer. et le remercie chaleureusement et avant de faire les présentations entre les deux hommes.

-AH, le fameux que tu me bassinais pendant les apéros hein ?? Enchanté enchanté, j’dois retourner en cuisiner mais je suis très honoré que vous veniez célébrer ici, amusez-vous ! »

Sa tête reglisse sous le tissu et disparait et je sens mon dos se relâcher d’un coup.

« Avant que tu me demandes, oui il est toujours surexcité comme ça, soupirais-je. En tout cas, qu’est-ce qui te tente de prendre alors ? On commence par un truc à boire ? »

"Bien sûr que ce qui compte c'est qu'on soit là mais- je me tais pour écouter la suite de sa réponse, hochant la tête pour ne plus l'interrompre Nan, oui bien sur que c'est pas de sa faute j'ai pas dit ça- Et ça peut être une bonne idée, d'avoir un truc à peu près fixe mais fais pas ça en fonction de moi, j'ai la chance de pouvoir décider quels jours je bosse alors tranquille et- Et je sais que t'aime ce que tu fais. Sinon j't'aurais proposé de bosser avec moi, mais j'sais bien que ça te manquerait trop, de recaler des gens. Après, les regards noirs quand les gens font du bruit, c'est pas si simple, si si, j'te jure-"

Puis l'autre raison si je t'ai pas proposé, c'est que certes, j'veux passer plus de temps avec toi mais vie sentimentale et boulot, mélangé, j'suis pas certain du mélange. Pourtant j'm'y connais, en mélange. Enfin l'option est pas à jeter non plus mais passons. Je m'excuse pour m'être emporté, même si c'était pas grand chose, en soit, c'était quand même une des premières fois que Nana me voyait passablement énervé. Enfin, c'est déjà oublié, vu la douceur du baiser qui se presse brièvement sur ma joue. J'espère. Dans tous les cas c'est vraiment pas le mood de la soirée, alors, une fois à l'intérieur, je me promets de ne plus aborder le sujet. On est accompagné à notre section de comptoir et mes joues prennent la même couleur que euh- 'fin rouge quoi merde.

"Ex-aequo ? J'imagine que je peux me contenter de ça- Enfin, sauf si la jolie demoiselle qui nous a accueillit a plus à m'offrir... J'ai cru qu'elle essayait de déchirer mes fringues par la pensée... Je marque une pause, savourant l'instant avant d'éclater de rire J'suis content que tu puisse vivre ça à ton tour-"

Nan parce que j'étais dans l'exacte même situation il y a quelques mois, avec Megu'. C'est bien que ça soit pas toujours les mêmes- Je demande à mon adorable petite copine quelles sont les spécialités de la maison, comme elle a l'air de bien connaître. Oh putain des takoyakis, vraiment ? C'est mon putain de plat préféré en fait juste. Juste ça. Je me tourne vers le volet où elle vient de prendre un menu et-

MAIS JSP FRAPPE AVANT D'ENTRER PUTAIN LA PEUR DE MA VIE J'AURAIS PU TE TUER EN FAIT J'AI DES POUVOIRS MAGIQUES MOI HEIN-

J'expire calmement. Il a surgit dans mon champs de vision périphérique si soudainement merde- Enfin c'est pour la bonne cause, et souhaiter un bon anniversaire à Nana, alors je m'incline à la japonaise en guise de salutation,

"Oui, c'est bien moi. J'espère en tout cas ! J'suis pas certain, il semblerait que vos ramen me fasse de la concurrence, et que j'peux qu'être numéro un ex-aequo dans son cœur à cause de vous, Watanabe-san ! "

Sa tête disparait rapidement sous le rideau après des échanges de politesses et je me tourne vers Nana, amusé, mais avant que j'ai pu ouvrir la bouche, elle prend la parole et je ne peux m'empêcher de sourire.

"J'pense j'vais prendre une bière, mais on peut peut-être déjà commander des choses à grignoter en même temps. Genre des morceaux de poulet ET DU POULPE. Tu connais mon amour des takoyakis. Ils sont deuxième dans mon cœur, après tout- Mais la bonite séchée et la mayo ça va tellement bien avec une bière légère, j'trouve- Sinon on peut prendre un "vrai" apéritif, et ça serait plutôt un whisky, je crois- C'est toi qui choisit, c'est ta journée, aujourd'hui -"

Ma main quitte la sienne pour remonter le long de son bras et caresser sa joue alors que je viens chercher ses lèvres avec douceur.

"Je t'ai déjà dit que t'étais magnifique, aujourd'hui ? Mon amour- "

Honnêtement, j’aurais adoré travailler au même endroit qu’Erik mais plusieurs choses m’en empêche faut pas se le cacher :
1-Oui je serais triste de ne plus recaler les gens
2-Ma patience pour le service à la clientèle est très minime, être serveuse la nuit et barista le jour, deux thèmes différents.
3-Mélanger notre relation au boulot ne serait pas une bonne chose je pense

Je comprends qu’Erik s’énerve parce que oui ça fait chier. En vrai j’arrive à avoir mes congés d’habitude mais parfois les contraintes ça arrive. Le changement d’humeur toutefois m’a surpris. Après, mon mec est Eau et il a la capacité de se radoucir rapidement. En tout cas, on décide rapidement de s’écarter du sujet sans trop de soucis. Il s’excuse de s’être emporté et je me retrouve à moi-même m’excuser d’avoir mis le sujet sur la table. Peut-être que ce soir n’est pas le moment d’en parler mais peut-être dans la semaine je prendrais un temps avec Erik pour parler de mon horaire. J’sais bien que c’est emmerdant… Sinon il faudrait que je regarde pour un poste avec des horaires plus de jour dans la boîte mais il n’y a pas de dispo. C’est une note mentale que j’me garde car je refuse de me dire que ce serait un problème au point qu’on se sépare. Non pas que ça va arriver MAIS je veux qu’on se sente bien et surtout qu’Erik se sente bien sans être trop contraint par mon train de vie… Enfin, bref, bref, bref, bref. Ce sera le sujet d’une autre fois.

Une fois au comptoir, on se réinstalle dans une petite bulle une fois que Jun se DÉCIDE à partir.

« Ex-aequo en première place c’est déjà top non ? Dans les deux cas, je peux pas vivre sans la nourriture, ou sans toi- OUI C’EST NIAIS HEIN SHHH P’TAIN. Puis Jun la ‘’jolie demoiselle’’ de l’accueil t’sais -Mon sourire doux devient progressivement carnassier- ça peut être vite réglé les regards insistants, elle peut pas s’empêcher de mater, son met favori c’est les hommes mariés donc ça te donne une idée que les mecs célib c’est pas son kink. -J’éclate de rire finalement, mes yeux retrouvant une étincelle un peu plus saine- J’suis contente aussi ! »

Jun, c’est Jun. Y a pas de définition de cette fille. Quand elle a jeté son premier coup d’œil quand on est rentrés, je l’ai vu direct dans son regard. MAIS. Dans le pro, c’est une excellente hôtesse.
B-R-E-F (x2)

Je commence à parler du menu, des choix, de comment on commande etc. Les yeux d’Erik se mettent à pétiller lorsque le mot takoyaki est prononcé, ce qui me fait pouffer de rire car je savais que ça lui plairait qu’il y en ait ici. Je voulais faire découvrir à Erik cet endroit et surtout qu’il aime ce qu’il découvre. Avec nos dix millions d’heures de conversation, je savais ce qu’il pouvait aimer ou non. Sinon j’avais quelques autres adresses où nous aurions pu aller également. Ce que je suis heureuse d’être en sa présence ici. Ça me suffit amplement. Juste Erik. Juste nous.

Le gestionnaire s’amuse à pop-up comme un jump-scare de Five Nights at Freddys et on est à deux doigts de la crise cardiaque avec Erik. Il fallait ÉVIDEMMENT qu’il ouvre sa bouche sur le fait que j’avais déjà parlé d’Erik quand je commençais à avoir des coups dans le nez avant qu’on se mette ensemble PUIS après l’officialisation. C’est un petit salop Isao-san car ça l’amuse de te faire boire sans que tu t’en rendes compte pour te faire parler. TRAHISON OK ? Mais je l’aime bien. Mon amoureux s’amuse à rappeler qu’il est ex-aequo dans mon cœur et je roule rapidement des yeux. Tu veux te battre Erik ????
On n’a pas trop le temps d’échanger qu’il disparaît dans sa cuisine. Un long soupir m’échappe pour me détendre de ce qui vient de se produire mais j’enchaîne rapidement pour nos commandes. Par des hochements de tête j’écoute ses demandes et ses hésitations, pitié ne me demande pas de choisir je- je sais pas j’veux tout prendre, est-ce que ce serait trop ? Je suis en réflexion sur le moment. Ce qui n’est pas trop par contre c’est le triple salto avec une petite session de zumba improvisée que mon cœur vient de faire tout de suite par la main d’Erik sur ma joue, puis par le baiser que je lui rends. Ma main a lâché ma tête pour mimer mon petit-ami et aller se nicher sa joue également. Je suis rouge comme une tomate. Cool. Mes lèvres gardent la chaleur fantôme de celles d’Erik lorsqu’on se sépare avant de me mordiller l’inférieur, charmée sous ses mots.

« Peut-être, j’sais pas- Tu peux le dire autant que tu veux my love, merci. Le bordeaux ça te va à merveille et c’est un magnifique cadeau de t’avoir avec moi ce soir. C’est assez fou de se dire qu’on est déjà en octobre genre hey- on va vite la franchir la barrière des un an omg- C’est fou non ? J’pouvais pas rêver mieux qu’une personne aussi parfaite que toi et- T’as pas le droit de me dire non OK c’est ma fête ce soir, gloussais-je. »

Mes doigts caressent doucement la peau chaude de sa joue alors qu’on se regarde, tout simplement. Profitant de la vue de l’autre. Tout est passé très vite dans les derniers mois et c’est à peine si on a le temps de tout process tellement on est dans notre bulle de bonheur. Tout ça pour des claquettes-chaussettes, l’histoire pour nos gosses sera drôle à raconter. Une véritable nouvelle saison de How I Met Your Mother. Version Terrae.

« Rien ne nous empêche de tout prendre en vrai, j’pense garder le whisky pour la fin et commencer par une bière perso ! Et je pense vraiment qu’on devrait TOUT prendre. Vu les estomacs d’Hobbits qu’on a, on a qu’à prendre les trois ! Bonite-poulet-poulpe. Il faut que tu vives 100% l’expérience ici ! Ça te va ? »

Avec toutes les heures supplémentaires que j’ai fait, je pouvais me le permettre. Puis je sais déjà que j’aurais un rabais sur la facture par le gestionnaire, il me kiffe trop. Et je suis bonne cliente. Je viens prendre dans mes mains le menu finalement pour balayer du regard tout ce qui est offert. Bon en vrai je fais genre parce que je sais déjà ce que je vais prendre, je suis pas emmerdante, je prends toujours les mêmes affaires.

« Tiens, dis-je en tendant le menu, regarde aussi pour ton plat principal, il faut tout commander d’un coup au moins pour le plus important et quand t’es prêt - dis-je en prenant le crayon et la feuille de commande- tu me dis et je note ! Je remplirai pour moi après. C’est sûr que je prends un au poulet c’est les meilleurs, bien que tu sois de la team porc déso pas déso pour toi – pouffais-je – tout est bon là-dessus et même la clientèle t’as qu’à me regarder pour le savoir -je pars à ricaner, j’sais pas je dis de la merde juste parce que je suis contente- alors, que désirez-vous monsieur ? »

Il y a tellement d’options POSSIBLES sur ce menu, tellement d’extras qui peuvent être ajoutés, à savoir qu’il faut choisir entre des nouilles ondulées ou non, viande avec gras ou pas, tamago ou oignons verts etc etc et- OMG je dois absolument me commander du yakitori.

"C'est l'avantage d'être Morphe chérie, si j'veux être un homme marié je suis un homme marié-"

J'imite le rictus qu'avait la Téléporteuse quelques secondes avant, avant de pouffer de rire. J'suis tellement pas du genre à papillonner, mais alors avec une copine aussi exceptionnelle que ma Nana, à quoi bon, hein ? Et puis bon. J'finirais par avoir des emmerdes à demander des sorties sur Tokyo plus que de raison.

On est ensuite interrompus par le cuisinier et, après avoir été introduits, on plaisante aussi longtemps que le permettent les responsabilités qu'incombent un service à Watanabe-san et mon attention retourne sur la reine de la soirée. De sa soirée. La reine de mon coeur, aussi. Je viens chercher ses lèvres, lâchant sa main pour la peau plus fraîche de sa joue, oubliant tout le reste.

Le moment dure juste assez pour que, lorsque je recule, elle soit aussi rouge que ses lèvres, cette première fois au restaurant, et je souris d'une oreille à l'autre. Autant en me remémorant ce moment que parce que mes yeux naviguent le long des traits de Nana, pétillants en glissant le long de ses lèvres, quand elles s'étirent pour me rendre mon sourire, avant de plonger dans le regard doré aux reflets ambrés. Le silence est ici chez lui. Aucun mot ne pourra mettre le doigt sur la beauté de celle que je regarde, sur les sentiments qui font battre mon cœur en ce moment. Un moment anodin. Simple. Perdu entre deux phrases, oubliable, répétable des centaines, des milliers de fois, tant qu'on se fait face, après n'importe quel baiser. Alors pourquoi est-ce que c'est si agréable. Si simple. Si bien. Pourquoi est-ce si merveilleux ? C'est ma voix qui brise le silence. Sans que j'ordonne à mes lèvres de s'entrouvrir pour exprimer ce que je ressens. C'est sorti tout seul. J'éclate de rire, autant à cause de ce constat qu'à cause de la réponse de mon amoureuse.

"Ok alors c'est super fou- par contre un an, molo quand même, on est même pas à la moitié omg- Jusqu'à mon anniversaire on était censés "ne pas s'engager", j'te rappelle- je pouffe Et je te remercie, évite de trop me complimenter quand même, ma tête risque de plus passer la porte. Même avec mes pouvoirs."

Les joues légèrement rosées à cause de toutes ces gentilles paroles, mon estomac se rappelle à moi en me balançant un "J'AI FAIM ALORS TOI AUSSI" des enfers, et je reporte mon attention au menu que la Téléporteuse tient toujours dans sa main.

"Ok alors bière, parfais ! Et la bonite séchée elle est parsemée sur les takoyakis. Du coup en troisième, ils ont des gyozas ? Par contre, double dose de takoyaki hein ??? J'ai mangé léger ce midi- "

Parce que je savais que j'étais invité, ce soir ? Peut-être. Probablement. Oui. J'avoue. En vrai, j'suis prêt à mettre la main au portefeuille pour pas passer pour un profiteur. Mais j'ai faim ouais. Très. C'est pas pour rien que je me mets à baver après avoir jeté un oeil à la suite du menu. Putain. O M G. Oh comme j'vais me faire péter le bide de zinzin. Des oeufs putain. Des œufs en extra dans les ramen. Je fixe longtemps le menu. Je coche des cases. Beaucoup de cases. Un œuf en plus. Des nouilles fines, droites Ça sera un tonkotsu ramen, parce que j'ai beau adorer le soja ou le miso, un bouillon de porc, ça a du goût. Plein de gout. Plein de gras. Je finis par choisir mes viandes, lard frit, roti de porc, moelle. Le tout avec de l'ail, de l'échalote, du sésame et du gingembre mariné. Et un œuf. Un deuxième, j'veux dire.

"En vrai j'ai pris une base Tonkotsu, du coup je reste sur du porc mais la prochaine fois, je gouterais au poulet. Oui y aura une prochaine fois, rien qu'à l'odeur et à la carte j'ai envie de revenir okay ? "

Je sélectionne aussi ma bière, parce que Nana a raison, le whisky peut attendre.

"Et du coup, tu pars sur quoi toi ? Et comment t'as connu ce resto, à la base ? "

Et ça fait quoi d'être la plus jolie fille de Terrae ? De Tokyo ? Du monde ?

« J’te signale qu’on sera à la moitié techniquement ce mois-ci, puis pas besoin de me rappeler cette histoire de promesse mal foutue purée, dis-je en ayant le visage cramoisi (ouais j’ai honte ok?) avant de pouffer de rire, si c’est ça je me retiendrai désormais pour ta pauvre tête alors. »

Mon sourire est basé sur un mélange de moquerie et d’amusement. En même temps, ce n’est que le début de soirée et je suis déjà satisfaite du temps qu’on passe ensemble. Je regarde le Morphe dans ses réflexions sur la nourriture, ses yeux pétillent en parlant de ses choix et je finis par éclater de rire.

« Oui ils ont des gyozas juste ici ! Prends. Tout. Ce. Que. Tu. Veux. »

Clairement, je ne suis pas Crésus MAIS ce soir je nous laisse carte blanche sur la nourriture. C’est une belle occasion de fêter et de se faire péter le bide ensemble dans un cadre agréable, en tête-à-tête. Erik remplit sa feuille de commande et je me demande presque s’il n’y a pas plus d’encre que de papier avec tout ce qu’il prend. Ça me fait plaisir qu’il apprécie l’endroit. Finalement je commence à cocher les entrées avec les quantités en me basant sur les paroles d’Erik puis je rajoute des Edamame ainsi que des brochettes de poulet yakitori. Je coche aussi la partie boisson et je m’arrête pour écouter la commande d’Erik. Une base Tonkotsu, pas mal. Puis l’avantage est que les portions sont bonnes, très bonnes donc clairement, impossible d’avoir encore faim en sortant d’ici.  

« Bon choix dis donc, je suis contente que t’aime, promis on reviendra ! »

Je prends un instant de réflexion sur ma commande de ramen et pendant que je parle, je coche les options en même temps.

« J’suis une meuf classique alors je pars sur un ramen au poulet pour la viande et le bouillon avec des nouilles ondulées, un extra nouille, oignons verts, pousses de soja, et quatre œufs. Et pas juste une moitié, quatre entiers ! Et j’vais prendre à côté aussi un Don poulet-omelette ! C’est pas mal pour commencer. »

On est de la team poulet ici. Je finis de cocher tous les ingrédients supplémentaires, oignons verts, pousses de soja, bla bla bla, avant de reprendre.

Alors, histoire drôle, mais pas drôle, c’était l’année dernière ! Pendant une de mes séances de psy suite à mon retour, Arnaud a trouvé un ‘’bon exercice’’ pour me pratiquer à me réintégrer socialement avec mes traumas de mon ‘’voyage’’ -je mime des guillemets avec mes doigts- de six ans : aller à Tokyo et manger seule dans un restaurant. Je voulais MOURIR OK ? Parce que je sortais peu de ma chambre et tout alors un jour j’ai pris mon courage à deux mains. J’ai Googlé ‘’restaurant avec espace perso pour soi’’-oui je savais pas comment décrire le bail OK ?- et ce restaurant est tombé dans mes recherches et malgré mon angoisse de la mort, j’ai apprécié l’expérience de venir manger seule ici car je me sentais protégée par les volets. Puis c’est vraiment une bouffe incroyable ici genre la qualité, WOW. J’ai donc continué de venir souvent, toute seule puis Isao-san est venu me taper la discute car il me voyait tout le temps et j’avais une sale gueule à l’époque hein, quand tu prends pas soin de toi pendant aussi longtemps c’est chaud. Bref on a fini par bien s’entendre et j’ai commencé rester aux fermetures pour boire des coups et du coup… ‘fin voilà. Depuis je fais presque partie des meubles de cet endroit, pouffais-je de rire. »

Je le prends à la rigolade maintenant mais je faisais moins la maline l’année dernière. Je me suis expliquée brièvement, à certains instants mon regard s’assombrissait mais je le ravivais lorsque je me rendais compte.

« D’ailleurs tu vois le robinet sur ta gauche que j’ai aussi ? Regarde. »

Je prends l’un des deux verres en plastique devant nous et appuie sur la petite gâchette.

« On a de l’eau à volonté ! »

Je m’occupe de remplir nos deux verres.

« Enfin du coup, c’est un super endroit qui me tient à cœur. T’as remarqué la déco un peu comment c’est sympa ? »

Malgré la lumière tamisée on peut observer différents objets de déco très sympa. De nombreuses ombrelles ouvertes qui sont accrochées au plafond, des tapisseries de samurai sur les murs et un gros aquarium dans le fond du restaurant. Une légère musique est jouée mais il s’agit tout simplement d’une radio de J-pop tokyoïte, classique. Le restaurant est bondé de la bonne odeur des différents bouillons et rien que de le sentir, ça fait saliver. Mon regard a balayé un peu le plafond tout en parlant puis je finis par me reconcentrer la plus belle des choses ici, le grand blondinet qui est assis à côté de moi.

« D’ailleurs, ton restaurant favori à Tokyo ce serait lequel ? ET attention question super importante hein haha, si tu devais ne manger qu’un seul plat toute ta vie, ce serait quoi ? Tu as déjà testé le restaurant de Terrae d’ailleurs ? Il me semble que j’y ai jamais mis les pieds- pour… je ne sais quelle… raison. AH- Et attends, quand t’es prêt, tu me dis, on aura juste à appuyer sur le bouton devant nous et la serveuse passera récupérer les feuilles vis le volet face à nous ! Ça fera un petit ding dong dong trop drôle comme le truc des avions mais plus edgy un peu. »

"Ma pauvre tête te remercie."

Elle est vraiment adorable quand elle rougit bordel. La discussion bat son plein et c'est finalement le moment de passer la commande.

"Contente que j'aime bien ? On verra ça au moment de MANGER hein des fois quand il y a trop de choix... Puis tu sors avec moi, est-ce que tu peux te venter d'avoir bon goût ?? Enfin oui t'as bon goût, là c'est pas la question mais est-ce que ton sens du goût est bon et tout t'sais- Je t'en SUPPLIE, demande moi de ME TAIRE j'ai HONTE Nana je dis N'IMPORTE QUOI 'fin je le pense que t'as bon goût mais c'est pas le sujet FAIS MOI ME TAIRE OMG"

POURQUOI TU ROUGIS ET POURQUOI TU ME LAISSE PARLER OMG Y A TON POTE CA SE TROUVE IL ENTEND LA A TRAVERS LE RIDEAU CE VIEUX PERVERS ON SAIT PAS HEIN ???

"La seule chose qui est classique chez toi, Nana, c'est tes goûts alimentaires, effectivement. ET COMMENT ÇA QUATRE OEUFS ? ET DU RIZ ET UNE OMELETTE ??? J'dois te faire rouler jusqu'à la maison après ??? PoUr CoMmeNcEr elle a dit la dame- "

Mes doigts pressent un peu plus contre les siens alors que, rieur, je viens lui dérober un baiser pendant qu'elle s'indigne, écrasant ses lèvres des miennes. Puis je l'écoute, attentif, mon pouce dessinant des arabesques sur le dos de sa main, laissant échapper des onomatopées ou hochant simplement la tête par moment.

"Tu ferais une bien belle table basse, je comprends qu'ils te considèrent comme un meuble, mon cœur-"

Je pouffe un peu. L'histoire, et son contexte, ne sont pas des plus joyeux. Pourtant, aujourd'hui, ça nous amène ici, tous les deux, alors je me permets d'en rire.

"Je suis tellement heureux qu'on soit là tous les deux. Que tu puisses avancer. ma main libre effleure sa joue, pour capter son regard T'es pas obligée de sourire tout le temps, tu sais. Merci de m'avoir raconté, Nana."

Je déteste quand elle fait ça, quand elle veut PRETENDRE, quand elle arrête d'être elle même. Je l'aime avec ses défauts, ses faiblesses. Avec ses failles, ses échecs. Avec son vide, que ça soit le premier, ou celui qui l'a ramené à Terrae, après. Plus tard. Je pense que l'Eclipse a bon dos. Je regarde le robinet. Celui qui fait de l'eau. ORIGINAL POUR UN ROBINET N'EST-CE PAS ?

"Merci-"

Une gorgée d'eau ça fait jamais de mal, après tout. Je tourne sur moi même pou faire face à autre chose que le rideau dissimulant la cuisine, ou les panneaux séparant les tables, malheureusement obligé de lâcher la main de ma petite amie dans l'opération, et je me concentre un instant sur la déco. Ça fait si... touristique. C'est un peu ridicule, mais c'est si bien fait que ça se respecte. Dans le cliché jusqu'au bout, et tout, avec les petites ombrelles  et les motifs de la tapisserie.

"C'est parfait-"

Je me retourne à nouveau, récupérant la main de mon amoureuse dans la mienne, l'écoutant parler encore plus, incapable de m'en lasser. À peine a-t-elle terminé que j'écrase le bouton pour qu'on récupère notre commande, et j'éclate de rire.

"J'comprends de plus en plus pourquoi t'aimes cet endroit, c'est aussi edgy que toi, toujours en noire et tout- je pouffe, et décide de me calmer un petit peu sur les taquineries, c'est son anniversaire, après tout. Et euh j'ai pas vraiment de resto préféré, en vrai. C'est plus la compagnie que la qualité du plat qui me fait kiffer ce genre de sorties, même si un certain standing est attendu. Du coup par défaut je dirais le sushi où je t'ai emmenée, parce que j'y passe toujours un bon moment ! Et un seul plat touuuuuuuuute ma vie ? je retiens une énième blague beauf genre répondre la pizza c'est interdit ? Y en a tellement de sorte et tout... Et en vrai, les takoyakis c'est bon mais pas super équilibré... Un bon curry, je pense. Avec des légumes et tout ! Puis plein de riz et, de temps en temps, du porc pané juste pour le plaisir ! Le resto de Terrae il en fait un qui est pas mauvais en plus ! J'y ai pas mis les pieds très souvent, mais ça m'est arrivé, ouais ! On pourra y faire un tour à l'occas', si ça te dit ! Et toi, ton plat pour toute la vie ? Et genre, imaginons demain tu meurs, et ce soir c'est ton
DERNIER repas. Tu choisis quoi ? Tu es pas obligée de te limiter à un seul plat, juste décris moi le repas ! Avec ce que tu veux boire et tout ! "

On continue de discuter en attendant notre commande et, bientôt, ce sont les premières boissons qui arrivent. Levant mon verre, trinquant avec mon amoureuse, nos regards aussi entremêlés que nos doigts, toujours.

"À ma jolie petite amie. À ton anniversaire. Dire que j'ai l'impression que c'est ta beauté, le cadeau, et que c'est moi qui le reçoit, alors que c'est censé être ta journée."

Avant que nos verres ne soient reposés sur la table, je me penche vers la Téléporteuse, déposant un baiser tendre, plein de toute la douceur et l'affection qu'elle mérite.

"Je t'aime."

Je blablate, beaucoup. Il me semble, presque plus que d'habitude. Cet endroit est si confortable que peut-être je me perds un peu dans ma propre bulle où j'intègre Erik. Il fait déjà parti de mon monde mais on dirait que de l'emmener ici, c'est une autre étape d'atteint dans mon esprit. Genre limite... 'fin, j'ai pas de présentation des parents à faire alors de l'emmener dans un de mes lieux intimes comme ça, ça compte beaucoup pour moi. De le voir apprécier l'endroit, ça me fait briller du regard de joie. Si demain je n'ai pas de courbature aux zygomatiques eh bah ce serait chelou. Toute cette belle ambiance me détend malgré que je raconte des choses pas forcément joyeuses, mais je me confie. Je me confie envers la personne qui partage désormais ma vie. Parce que je le veux. Je le souhaite. Erik écrase le bouton et c'est un magnifique DING DONG DONG DONG DIIIIIIING qui retentit dans le restaurant pour indiquer qu'on est prêt à commander. Pendant qu'Erik me parle, je glisse à la personne nos bouts de papiers pour que ce soit envoyer en cuisine. Je leur souris en guise de remerciement tout en gardant mon focus sur mon amoureux qui répond à mes questions. J'éclate de rire tout en gardant quelques notes mentales de ses réponses. Ma mémoire n'est pas toujours incroyable mais vis-à-vis d'Erik, ça se retient aussi facilement que de retenir l'alphabet français. Non parce que hey- tous les caractères japonais c'est du boulot ok?

« T'es bloquée avec une meuf edgy, t'as pas de bol, me moquais-je. Ce serait trop cool qu'on retourne manger au sushi!! J'aimerais voir la tête de Megumi quand elle nous verra revenir main dans la main haha. Franchement, si c'est le curry que t'as préparé chez toi la première fois qu'on s'est rencontré, clairement je peux comprendre. Il était super bon. Je t'avoue que ce resto j'y suis allée une fois avec Aria, vu comment elle t'a taquiné ce jour là tu le sais hein haha, mais on pourrait carrément y aller! J'avais vachement bien aimé l'endroit. La cuisine est bonne! »

Je marque une pause pour boire un peu d'eau.

« Mon plat pour toute la vie... C'est chaud. P'tain euh... OH. Du poulet au cidre. Mon père m'a appris la recette c'est un plat français typique chez les Normands et avec du riz, mais avec du riz cassé deux fois, j'te jure ça existe LA TEXTURE est folle, c'est une dinguerie. Je pense que ce serait ça. C'est un peu mon plat réconfort pendant l'hiver haha. Et un dernier repas? Tu me poses une colle là. Quitte à mourir, faut mourir le ventre plein. Je crois que je boirais du whiskey HYPER cher hein, avec... des sushis fait par un grand maître, genre un giga plat avec de tout dedans... un pad-thaï au poulet sur le côté et...-je sers doucement mes doigts dans les miens- clairement tu serais mon dessert, ricanais-je. Et toi hein? Je suis bien curieuse. »

Tout est parfait putain. Nos rires, la chaleur de nos mains ensemble, la brillance de nos yeux, je n'aurais échangé ça pour rien au monde. La présence d'Erik dans ma vie est déjà un énorme cadeau que la vie m'a permis d'avoir. C'est un beau cadeau pour mes 26 ans. On trinque et je sens mes pommettes qui rougissent doucement.

« Arrête de dire des bêtises haha j'vais fondre sur ma chaise!! C'est toi mon cadeau ok? »

J'accepte avec tendresse et amour ce baiser que je finis par lui rendre. Ayant les mains prises pour tenir son visage, je laisse donc ma langue lui donner une petite caresse dans notre échange. C'est presque irréel par moment de me dire que toutes ces nouvelles expériences de couple, ces nouvelles premières fois sont vraiment là. Avec Erik. Celui que j'aime. Envers qui je décrocherai la lune comme une vieille meuf cliché. Je suis bien au courant que l'amour me fait dire des trucs gnan-gnan mais... avec Erik ça paraît juste pas... ainsi. C'est juste naturel. Naturel de quitter sa coquille pour s'exposer.

« Je t'aime encore plus, gloussais-je. »

On se laisse déguster la première gorgée de nos boissons et pendant ce temps-là, les entrées arrivent discrètement sur le comptoir. L'odeur remplit mon nez et fait grogner mon estomac mais ça ne surpasse pas la force des battements de mon cœur présentement, dégustant ce moment. Ce moment entre nous. J'apprécie un peu qu'on aille hors de Terrae. Bien qu'on ait notre propre bulle quand on passe du temps ensemble, le fait d'être en plein Tokyo, hors de l'institut, c'est très plaisant. J'ai l'impression que ça permet d'offrir une autre vision de notre relation. Loin des pouvoirs. Loin du Centre. Loin de beaucoup de choses. Cela nous met à nu. Bon. Ici je parle pas d'être vraiment tout nu HEIN, mais juste que ce soit simplement nous et rien d'autre. Qui nous sommes. Ensemble. C'est léger. Doux. Parfumé d'un amour qui devient éblouissant au fur et à mesure du temps. Eh oui. La meuf dure qui veut casser des gueules, bah avec son amoureux c'est pas la même chose. De toute façon, on le sait, quand on est seul avec son-sa partenaire, on se laisse beaucoup plus aller et donc.... on en est là. Un peu comme le cliché des mecs qui veulent faire les bonhommes devant leurs potes mais qui n'assument pas qu'ils sont super collants avec leurs meufs et adorent se faire gratter le dessus la tête quand ils mattent un film. Bref. C'est un peu mon cas. Rare sont les gens qui me voient aussi douces. Erik est donc un élu. BREF ON COMPREND L'IMAGE QUOI JE M'ÉPARPILLE.

Le bout de mes doigts entourant ceux d'Erik tapotent doucement sa peau, pointant du regard les plats.

« Je te laisse l'honneur de goûter. Si tu n'aimes pas, quelle dommage je devrais tout manger à ta place, c'est super triste. »

Je le dis sur un ton humoristique mais j'avoue... Une petite crainte me prend rapidement, mais j'étais assez confiance pour espérer qu'Erik aimerait les saveurs que propose cet endroit. Puis mieux vaut en profiter avant que le patron revienne nous enquiquiner. Le connaissant, dès qu'il aura un moment de répit, il va vouloir venir blaguer.

« Alors? Demandais-je avec un sourire un peu malicieux. »

Je souris en l'écoutant me taquiner, puis s'ouvrir doucement un peu plus, me parlant de son plat préféré, à base d'alcool de pomme (évidemment que je sais ce qu'est le cidre hein). Quand à mon propre repas de condamné à mort mmh...

"J'crois que je vais valider les takoyaki là du coup, avec genre. D'autres ttakoyaki. GENRE DES TAKOYAKI DE KRAKEN SUPER GROS AVEC ZEUS QUI GUEULE "RELEASE THE KRAKEN" à chaque bouchée !!! Je crois que je serais le plus heureux des hommes. Et bien que j'sois ravi d'être ton dessert, j'me vois pas partir avec ton goût en bouche. J'aime prendre des risques moi t'sais et- ouais nan okay PEUT-ETRE QUE ouais okay ouais."

J'allais dire une dinguerie on va juste passer à autre chose hein. Heureusement que je suis sauvé par le contact de mes doigts dans sa paume, pour l'attirer contre moi, faisant diversion pile poil assez longtemps pour que les boissons arrivent et que le goût de ses lèvres laisse place à celui de la bière bien fraiche. Après avoir porté un toast, évidemment, on est pas des animaux. Pas JUSTE des animaux. La discussion continue tranquillement et c'est au tour des entrées d'arriver. J'avais un peu oublié ce que j'avais commandé, distrait par le regard doré de mon amoureuse, mais s'il y a bien une chose que j'ai pas oublié, c'est qu'il y avait des takoyaki. Obligé de lâcher la main de la Tonnerre pour me saisir de baguettes, l'autre déjà occupée par la bière (il faut faire des choix dans la vie après tout). D'un geste expert (et aucun mérite pour ça j'ai littéralement grandi avec des baguettes dans les mains. hon hon crouasson), j’engloutis la croquette de poulpe, les yeux clos. Ok. Ok c'est sans doute pas les meilleurs que j'ai pu manger. Mais ils sont mille fois mieux que ceux que j'achète en kombini de temps en temps.

"Franchement pour un resto de ramen ça tue. Faut que je goûte ça aussi omg-"

M'assurant qu'il n'y ai plus de bonite séchée sur mes baguettes, j'attrape un morceau de poulet karaage et, après l'avoir approché de mes lèvres, je change d'avis et le place à quelques centimètres de celles de ma jolie copine. Je souris simplement de voir l'étincelle dans ses yeux, en réaction.

"Je vais finir par chopper une crampe tu sais ? "

J'éclate de rire assez fort pour presque en tomber de ma chaise. On discute, on profite l'un de l'autre dans notre petite harmonie, au chaud, dans le restaurant. Notre discussion avance alors que je garde le goût des lèvres d'Erik sur les miennes. J'aurais pu faire la grosse fête avec tout le monde, organiser quelque chose d'intense mais j'avais tout simplement décidé cette année de le faire en tête-à-tête, ça me convenait. La nuit est longue et Tokyo ne dort jamais donc ça ne fait que commencer. Mieux vaut avoir l'estomac plein avant de partir à l'aventure.

Les entrées ont fini par arriver et je me laisse tenter tout de suite par les brochettes de poulet avec sa sauce yakitori sucrée et épaisse comme il se doit. La jouissance gustative ça existe vous savez? J'en suis pas loin. Sûrement parce que ma dalle est trop grande. Je roule des yeux et laisse mon palais déguster. Quand je remarque la réaction d'Erik, je souris, la joue pleine, et heureuse de l'entendre apprécier sa commande.

« Goûte ch'est fait pour çha hein -j'avale enfin le morceau- ils savent bien épicer leurs plats. »

La première gorgée de bière est super rafraîchissante. Isao-san nous a sorti la marque la plus populaire, la Kuri Kuro de Miyazaki Hideji Beer. Une bière Dark Ale, brassée avec des châtaignes, qui fait découvrir une saveur autre de la bière en général, loin de la Sapporo. Quand je dépose mon verre je me retrouve avec un magnifique morceau sous le nez, le regard brillant devant ce poulet bien doré.

« T'es un nageur, les crampes c'est ton dada tu dois savoir les maîtriser comme un pro, riais-je doucement. »

Le bout de ma langue lèche doucement mes lèvres avant de me pencher pour récupérer le morceau, j'ai à peine le temps de souffler un merci que mes papilles découvrent à quel point c'est croustillant. C'est trop adorable. Erik est trop adorable. Je soupire un simple ''hmmm'' de bonheur avant de reprendre une nouvelle gorgée de ma bière.

« C'est meilleur quand je me le fais servir dis donc, dis-je lorsque mon regard rencontre le sien de nouveau en lui tendant une brochette. Essaye ça, la sauce a la même texture que le miel! »

On a continué notre dégustation tout en rigolant, le regard accroché l'un à l'autre jusqu'à ce que finalement les plats principaux soient glissés chacun de nous. L'odeur est alléchante et fait saliver rapidement.

"Bien sûr que je vais goûter. Que je vais tout goûter même. Ça va être une chouette soirée. Ta soirée, juste à tous les deux-"

Je sais pas pourquoi je le précise en vrai. C'est pas notre premier rodéo. C'est pas notre premier date. C'est pas notre première soirée en tête à tête. Mais c'est sa journée, et le fait qu'elle ai choisi de la passer avec moi, entre toutes les personnes qu'elle aime et puis, surtout avec JUSTE moi. Ça fait un truc. Mes joues rosissent légèrement, et je peux vite faire disparaître mon sourire derrière la mousse de la bière bien fraîche qui vient d'apparaître sur le comptoir devant nous. Putain que c'est bon, que c'est chouette. Après avoir dégusté les takoyakis et tendu mes baguettes au poulet en direction de mon joli date; qui plaisante sur le fait qu'elle devrait pouvoir me faire attendre encore plus si le cœur lui en disait, sous prétexte que je nage beaucoup... Je me retiens de lui planter les couverts dans la main, les yeux plissés.

"C'est pour ça qu'il faut toujours s'échauffer avant de rentrer dans l'eau. J'aurais dû m'échauffer avant de venir, miss ? "

Les yeux pétillants de malice, je souris en observant la franco-japonaise s'assurer de la position de ses cheveux avant de se pencher en avant, à mi chemin entre gracieuse et affamée, pour attraper le morceau de poulet entre ses dents. Tu es trop adorable, Nana... Surtout quand tu me tends de la nourriture à ton tour.

"Oh mais je pourrais m'habituer à ça aussi, t'en fais pas. je lui prends la brochette des doigts, non sans effleurer ces derniers au passage Merci-"

Je sais pas quoi dire de plus. Je ressens pas le besoin de dire plus. Parce que ce que je ressens actuellement, je sais qu'elle n'a pas besoin de mots pour le comprendre. J'ai juste le smile jusqu'aux oreilles, je suis juste heureux d'être là, de ce moment complice, doux, apaisant. Sensuel, aussi, forcément, mais pas trop frustrant, pas trop puissant. Juste ce qu'il faut pour qu'on s'amuse, qu'on se cherche, qu'on se taquine, qu'on se trouve. C'est vraiment bon, pour une mise en appétit, et bientôt, après une énième bouchée de poulpe, que je trempe cette fois dans la sauce prévue pour les yakitoris, je me rends compte que ma bière est déjà vide. Sauf que, surprise, c'est le moment exact où le rideau s'ouvre pour nous dévoiler les magnifiques bols de nouilles. O M G. Cette odeur. Ces odeurs. Ok Nana je comprends pourquoi tu aimes venir ici, en plus du cadre qui te convenait parfaitement à l'époque, ça a l'air d'être le top du top. Sans perdre le Nord, je profite du fait que le rideau soit encore ouvert pour demander la petite sœur et, délaissant soudainement les petites mises en bouche restantes, je me penche au dessus du bol de ramen et, me tournant vers Nana, je m'excuse à plates coutures.

"Sache que je le fais avec beaucoup de tristesse, et beaucoup de regrets, mais je vais devoir lâcher ta main. Et que même si le contact chaud et apaisant de ta paume sous mes doigts va me manquer, j'ai besoin de mes deux mains pour rendre hommage à cette œuvre d'art."

Joignant le geste à la parole, ma main droite déjà occupée par les baguettes vient saisir le bol et c'est ma main gauche qui s'empare de la cuillère, en forme de pétale de fleur de Lotus, plongeant sous la garniture pour en sortir pleine du bouillon laiteux, presque opaque.

"Bon appétit !!! "

Rien que le bouillon est une putain de tuerie. Bon, c'est la base, en même temps, un bon bouillon peut rattraper des nouilles catastrophiques. Mais putain. Un Tonkatsu comme ça. Un Miso Tonkatsu, en plus. Sans sauce sauja. Avec du Miso. Puah. Vraiment une dinguerie. J'étais encore assis; légèrement tourné vers ma petite amie, jambes écartées pour pouvoir observer la jeune femme et, comme contrôlé par une énergie sur laquelle je ne peux avoir aucun contrôle, je pivote sur le tabouret, ne faisant face plus qu'à ce bol qui me promet monts et merveilles pour les quelques minutes qui vont suivre. Je ne saurais pas dire si Nana me regarde en silence, amusée, ou si juste elle fait comme moi, mais peu importe. D'un geste expert, je viens plonger la viande sous les nouilles, avant d'appuyer sur ces dernières pour les gorger du précieux bouillon puis, toujours avec précision, je viens en sortir une bouchée du bol, la faisant lentement monter pour qu'elle refroidisse ce qu'il faut avant de l'engloutir bruyamment. Oh que c'est bon. Que c'est chaud. Que c'est gras. Que c'est doux et soyeux. Ça nappe la bouche, ça enveloppe le palais.

"Et dju choup tu ma fait achendre chix mois pour fenir ichi ??? je finis par avaler, reprenant d'un ton outré. Non parce que c'est presque aussi bien que de sentir ta respiration contre moi, juste au moment où tu t'endors toute contre moi, comme sensation. Ça me rend super niais. Ou alors c'est la bière ? J'pense quand même pas..."

Les nouilles sont magiques. Genre au fur et à mesure qu'on les déroule, qu'on les délie, nos langues font la même chose et je pense tout haut, j'imagine.

Adorable. On avance dans notre conversation entre plaisanteries, mots doux et dégustation. Littéralement dégustation à se donner mutuellement des entrées pour faire plaisir à nos palais respectifs. Une bonne bière dans une main, l'autre entremêlée dans celle d'Erik, je l'écoute parler et apprécier chaque morceau qu'il mange. Une petite blague sur la natation a été glissée et sa réaction m'a  fait pouffé de rire. Au passage, j'ai dégommé très rapidement mon Don. Non vraiment, il a duré très peu de temps entre mes mains.

Les bols arrivent finalement et l'odeur me fait déglutir fortement. Ça ne me fait pas détacher mon regard de mon petit-ami qui se lance en premier dans l'aventure culinaire.

« Je te pardonne, riais-je lorsqu'il lâche ma main, bon appétit! »

Je me réjouis de pouvoir l'observer s'enjailler de son bol pendant que mon verre se vide progressivement. Connaissant Erik et son esprit critique sur la nourriture, et les boissons, s'il était aussi silencieux soudainement, c'est que c'est un bon signe. Je fonds de l'intérieur un peu en le regardant, impossible que je me lasse de cette vue, oubliant presque que je dois manger aussi. Un petit rappel me frappe quand il m'adresse la parole finalement. Une dernière gorgée et je dépose mon verre vide sur le comptoir, léchant brièvement du bout de la langue la petite mousse qui est restée au coin de mes lèvres.

« J'pense que j'attendais un moment spécial pour venir ici, pouffais-je de rire devant cette mignonnerie, va savoir d'où ce niveau de niais peut provenir, la bouffe te rend émotionnelle hein. »

Chose qui n'est pas fausse. Peut-être que je voulais attendre un peu avant de l'emmener ici. De voir comment se dérouleraient nos premiers mois et bien qu'on communique énormément, que l'intimité en général ne nous effraie pas, peut-être... peut-être que je voulais attendre avant de t'emmener de ce coin d'intimité là. Étrange non ? Pour une fois que je prends mon temps au lieu de foncer dans le mur pour toi Erik.
Un ricanement m'échappe mais je le regarde encore manger jusqu'à ce qu'il me réprimande que mes nouilles vont finir froide.

« OK OK pardon m'sieur Michelin (l'étoile pas le pneu hein)! »

Je me tourne devant la beauté culinaire que le chef a préparé. Chaque détail et le positionnement des ingrédients dévoilent un magnifique décor culinaire.
Un petit mot coincé sous le bol dévoile un message d'Isao-san avant que je me lance à pouvoir manger : Joyeux anniversaire Nana-san, je suis bien heureux pour toi. Le dessert est pour moi, j'insiste, tu pourras pas me battre là-dessus, c'est moi le chef ici. (Si tu reveux mes super œufs, n'hésite pas à en redemander, je te les offre. Bizarre à dire un peu...)
Je glousse avant de commencer enfin à dévorer mon plat, faisant en sorte de mettre une quantité minimum des ingrédients dans ma bouche pour pouvoir déguster le magnifique mélange de goût dans ma bouche. Spécifique hein. Mais c'est un pur délice et à mon tour je deviens silencieuse, plongée dans mon désir de nourriture. La seule chose qui me fait arrêter, c'est que j'ai soif. Une serveuse arrive rapidement après que j'ai appuyé sur le bouton pour commander une nouvelle bière puis je jette un œil d'un air taquin à Erik.

« Je te parie n'importe quoi que je peux manger mes quatre œufs D'UN COUP dans ma bouche. »

Oui parce que je les garde toujours en dernier en vrai, les manger à part c'est ma passion.