Le samedi 23 septembre 2023.

Les couleurs de l’automne ne sont pas encore tout à fait installées. L’air est un peu plus frais qu’il y a quelques semaines, quand l’été battait encore son plein. Peut-être qu’on aurait pu avancer la date du mariage, finalement ; mais les travaux pour la Cantina ont pris du retard, et finalement avec la canicule, c’était un peu dur pour Lou avec les jumeaux. Elle s’épuisait plus vite, alors je prenais surtout du temps avec elle ; qu’est-ce que j’ai aimé ces temps rien qu’à nous deux — nous quatre — ces temps où mon coeur n’était présent qu’à leur côté. Les douches ensemble pour lui laver le dos et les cheveux, les longs ateliers de tressage, le massage de ses pauvres muscles endoloris, et même soutenir ce ventre parfois trop lourd pour elle, l’espace de quelques minutes ; ces temps de lecture d’histoire à Charlotte et au ventre rebondi de la femme de ma vie, ces regards lancés, toujours, éternellement.

Alors non, la Cantina n’était pas terminée, et ce n’est pas très grave ; il nous reste les finitions, la peinture et l’ameublement. Et aussi quelques branchements que j’ai fait de travers, j’étais pas très concentré ok. En espérant qu’il pleuve pas, ça ferait chier de devoir traverser tout Terrae pour rejoindre la salle de réception en vitesse. On a disposé les chaises et l’arche fleurie devant le lac, et les tables pour le buffet en bordure de forêt, un peu plus loin ; pour le moment, il n’y a que les boissons dans des bacs de glaçons, le reste est encore dans les frigos qu’on a placés à la Cantina… J’ai trop l’impression qu’il manque des trucs, mais bon, a priori c’est censé aller hein ?

Bon, ok, je suis peut-être un peu stressé, c’est vrai. Il se peut qu’on ait invité vraiment beaucoup de gens et que j’ai aucune idée d’à quel point l’organisation pour aller chercher nos familles et amis aux USA s’est bien passé, mais on m’a dit “T’INQUIETE JE GERE”. Laisser ça entre les mains de mes potes Téléporteurs, si, ça m’inquiète, sachez-le. Faut que j’me rassure en me disant que ça va être un mariage du TONNERRE lol.

Lol.



Une petite arche de bois fleurie a été construite par nos amis Terres ; le choix des fleurs a été longuement discuté avec Alice et Justine qui, selon Nicolas, était la personne la plus adaptée pour cette tâche. Avec Jérémy, ça a été tout le reste : la nourriture, l’emplacement, la décoration. Leurs amis nous ont aidés à trouver des idées, Ariana avec nos costumes et les robes de Charlotte et Lou. Nicolas, lui… lui, c’était le soutien émotionnel de Jérémy, je crois qu’il aurait pleuré pendant tous les préparatifs sinon mdr, mon p’tit choupi là. C’était aussi la composante “CHILL papou. Café ?” ou “Non arrête le café” après le 8e de l’après-midi.

Les couleurs, elles, c’est un joli dégradé automnal : du vert, du jaune, du orange ; quelques fleurs blanches, quelques petites touches de rouge. Un petit air rustique, avec la cérémonie qui se déroulera surtout à l’extérieur.

On a demandé à Hideko d’officier, si elle était d’accord ; et elle a évidemment accepté, sinon je l’écrirais pas ici. Ce sera notre mariage civil, à la Terrae ; avec toute la famille, les amis, même ceux “du dehors”. Franchement, je remercierai jamais assez les potos de téléporter tout le monde comme ça, mais j’aurais pas fait ça sans mon père et ma soeur ou la famille de Lou. Ca fait longtemps qu’on les avait pas revus, en dehors de la petite visite qu’on leur a faite au début de l’été pour leur annoncer la grossesse de Lou. C’est pas vraiment pareil, aujourd’hui ; maintenant, tout le monde peut enfin se rencontrer. Mes quelques amis du collège sont là aussi, avec leur famille agitée ; Nathan et sa femme sont là aussi. Malory, elle, est venu il y a deux jours pour nous donner un coup de main dans les derniers préparatifs. Pas que Jérémy était pas déjà à fond sur le sujet, mais y a des trucs que seuls les témoins peuvent faire, hein.

Le pire, c’est que c’est même pas la mienne alors que je la connais depuis le plus longtemps omg, c’est abusé. Mais Lou a mis son option dessus avant moi, et je l’aime trop pour lui dire non. J’avais déjà pas mal hésité, trop de monde en tête, et finalement j’ai choisi Mitsu et Ipiu, avant de me rendre compte que je creusais ma tombe. Mais elles ont été sympa avec la fête de pré-mariage (j’aime pas parler d’enterrement de vie de garçon, j’veux dire, j’suis daron depuis 7 ans et c’est pas une corvée pour moi hein), même si j’ai du les menacer de les virer et de prendre Tomoe à la place si elles me foutaient une honte cosmique avant et pendant mon mariage omg.

(Puis j’me suis demandé si Ipiu avait des papiers d’identité, ait capté que non, puis ait demandé à Tomoe de signer en dessous pour être sûrs que ça passe. Je vous jure, c’est vraiment cassosland ici.)

Evidemment, on a envoyé les invitations à tout le monde : j’espère y voir évidemment la famille rallongée, les amis et les collègues, et quelques élèves pourquoi pas ; la bouffe est gratos et ça va être trop bon, alors cheh. Mes chers témoins sont à mes côtés pendant que je suis en train de vriller de stress dans ma tête. Les garçons arrivent, j’ai le droit à un câlin, et ils vont attendre Lou au niveau de la bifurcation d’où on est censé partir. Jérémy a passé des heures à nous expliquer le protocole d’un mariage et j’ai halluciné d’à quel point c’était compliqué cette merde. On a décidé qu’on mettrait au max les gens importants, mais aussi qu’on ferait un peu comme on voulait. J’ai cru qu’il s’en remettrait jamais.

Ils attendent à côté de moi, avec Mitsu et Piu, et je m’accroche à leur regard et sourire. Y a aussi Senri et Nana, qui s’occuperont des bagues (j’leur confie ma VIE mais putain s’ils les perdent je les défonce ces p’tits cons de mon coeur)… Ils auront une petite place de mon côté de l’arè- allée. Ils auront la chance de voir nos coiffures hors de prix (merci à la petite Eau du village, j’espère qu’elle viendra voir son oeuvre) sous un autre angle.

Le seul truc qui m’a empêché de crever de stress au moment d’y aller, quand tous les invités étaient prêts, c’est quand mon père m’a tendu son bras pour qu’on avance vers l’arche ensemble en se lançant des blagues complètement inadaptées à la situation. J’avais oublié de lui demander, mais il est venu de lui-même — on a pas eu besoin de parler pour se mettre d’accord, comme s’il savait que là, c’était ce dont j’avais besoin. D’un père à un autre ; c’est comme si j’étais un enfant à nouveau, mais aimé et en sécurité. Ca répare des trucs en moi, ce moment. J’oublie que parfois, j’ai pas pu être là, ou qu’il était strict et pas toujours affectueux. Mais dans les yeux de ce père-là, à qui je ne ressemblerai jamais, je sais que j’ai pu y lire ce dont j’avais le plus besoin. Ca, je vais le garder pour moi, jusqu’au moment où j’aurai trop picolé pour ça ; c’est trop précieux pour être balancé au milieu de cette allée, au milieu de tous ces gens, avec mes yeux déjà humides et débordants d’amour.

La suite, c’est un peu longuet, je me sens presque coupable pour Hideko qui doit attendre tout ce temps que tout le monde arrive. D’abord, il y a la mère de Lou, rayonnante avec ses cheveux grisonnants, qui me lance un sourire chaleureux — j’aurai droit à son regard perçant après la cérémonie, elle n’a pas oublié qu’ils ont dû déménager par notre faute et me le rappelle à chaque fois qu’on se voit mdr. À son bras, la compagne de mon père, puisque c’est lui qui m’a accompagné jusqu’ici. Puis Mitsuki et Ipiu, mes témoins, suivies de Senri et Nana, qui auront des places sur le côté et qui, je l’ESPERE, ont encore les bagues en leur possession mdr ; et les demoiselles d’honneur, Norah, Yuuna, Tomoe et Alice. Les fleurs, je les laisse gérer. Jérémy et Nicolas s’avancent enfin, et je les fixe longuement, le coeur débordant toujours plus. Chacun aura son siège au premier rang.

J’aimerais bien dire que je m’impatiente, mais je fixe juste l’allée en espérant qu’elle vienne. J’oublie qu’y a du monde autour, je souffle juste en voyant les témoins de ma chérie arriver enfin, toutes les deux brillantes comme le feu de leurs cheveux. Ca va bien avec le thème, tiens. Je souris à Elwynn et Malory, et fais les gros yeux à cette dernière, qui étire juste un sourire en coin. J’ai pas le temps de me demander quel souci elles ont encore dû gérer à la dernière minute que Balthazar, notre chien, trottine jusqu’à nous avec la langue pendante et que Lou arrive derrière lui.

Vous savez, je me suis dit que j’aurais pas forcément grand-chose à raconter aujourd’hui, parce que j’avais juste envie de vivre ce moment-là, celui qui est en train de se produire à l’instant. Que ça me regardait que moi, tout ce qu’il se passait dans ma tête et mon coeur. Le bras accroché à celui de son père, fatigué, vieilli ; l’autre main tenant celle de Charlotte, avec le sourire le plus beau que je lui ai vu, même si elle a manqué de trébucher trois fois sur la robe de sa mère.

Et je ne ressens plus qu’elles.


Le temps s’étire, s’étend. Je les vois avancer dans leurs robes perspectives, celle de Lottie comme un ciel à l’aurore, et celle de Lou, blanche piquetée de broderies or, argent et de fleurs aux couleurs des feuilles de l’automne. Les épaules nues, des manches qui ne commencent qu’aux biceps et s’évasent. Elle a ce sourire, gêné et doux, tout heureux, vaguement contenu, qu’elle lance lorsqu’il y a trop de monde qui la regarde. Elle n’a jamais été trop timide, mais toujours un peu pudique face à ceux qui la connaissent moins. Et puis, il y a son ventre qui prend bien de la place, ces deux garçons qui ne devraient pas tarder ; trois mois, ça passe si vite. J’ai l’impression de n’avoir eu qu’à cligner des yeux pour voir l’été filer, intensément mais trop vite, trop loin déjà. Malgré nos tentatives pour ralentir et profiter, le temps nous rattrape toujours.

Mais ma famille est là, alors tout va bien. Jérémy pleure comme un enfant, alors je lui prends la main. Lou irradie — c’est sa joie qui embrase la place, et la mienne certainement en écho, comme un pont de son coeur au mien. Je crois que je me souviens pourquoi j’ai eu si peur, hier. Je me demandais si je serais à la hauteur de ce qu’elle m’offre ; aujourd’hui, je me souviens que j’ai juste à être vivant et présent, à faire de mon mieux. À lui montrer tous les jours à quel point elle compte, à quel point je serai prêt à tout. Pas à tuer, pas à mourir, mais justement à revenir vers elle.

Quand je lui saisis la main, et que Charlotte vient se jeter dans mes bras pour que je la porte, au moins le temps d’un câlin, c’est ce que j’ai envie de lui promettre. Je serai là. Elle sera là. On sourit.

Après la cérémonie, nos larmes, nos baisers, nos rires, notre joie, la fête peut commencer, et le festin avec. Nous, nous dansons ; l’un contre l’autre, Lottie parfois dans nos bras, les garçons qui pleurent et qui rient à côté, comme moi je pleure et ris depuis des heures maintenant… Nos mains qui se tiennent et s’échangent des promesses.

Il y aura toujours ce pont de son coeur au mien.

Le jour J était enfin arrivé. Et devinez quoi ? J'étais. TEMOIN. Un bien grand mot pour un rôle dont je n'avais pas totalement saisi les missions, jusqu'à ce qu'Ipiu me contacte pour organiser la fête de pré-mariage d'Aaron. Est-ce que je m'y attendais ? Absolument pas. Jusqu'à ce que je me souvienne qu'effectivement, c'était le rôle des témoins, et c'était souvent bien mis en avant dans les films et séries. Pas que j'en regarde beaucoup, mais j'étais bien passé devant quelques épisodes ici et là qui parlaient de ça. Bref. Toujours était-il que je n'avais pas été incroyable dans l'organisation de cette journée, mes idées étant souvent jugées "too much". J'avais donc laissé le lead à Ipiu (bon, sachant que c'était déjà elle qui m'avait contacté en premier, c'était assez logique de fonctionner comme ça), et j'avais apporté quelques petites touches personnelles en emmenant avec moi un tout nouveau robot spécialisé dans la prise de photo drôle et instantanée. D'accord, il avait juste été programmé pour faire des photos hyper régulièrement et supprimer automatiquement toutes les photos floues inutilisables (parce que sinon, quel enfer de devoir faire le tri soi-même, j'aurais jamais pu envoyer les photos avant mille ans).

Et puis, quelques temps avant le mariage, Nikkou était venu me trouver pour me demander de l'accompagner afin d'aller chercher les personnes extérieures à Terrae invitées au mariage d'Aaron et Lou, genre, son père. Et WALLAH comme j'étais trop heureuse de participer à cette super mission du feu de Dieu.

Habillée d'une tenue qui m'avait été hautement conseillée par Ariana, coiffée ET manucurée (hé oui !) par Alyona, j'avais eu les larmes aux yeux quand j'étais arrivée sur place, éblouie par la beauté du lieu, bluffée par la décoration. Evidemment qu'avant d'arriver je n'avais pas oublié d'aller chercher le père d'Aaron, laissant Nikkou aller récupérer d'autres personnes (je le soupçonne d'avoir voulu essayer de plaire à l'une des personnes présentes dont j'oubliais souvent le prénom mais dont Aaron et Lou me parlaient souvent).

La cérémonie avait été absolument incroyable, tout l'amour qui se lisait dans les yeux des deux... jeunes mariés maintenant !!!! était absolument captivant. Evidemment que pendant tout ce temps je n'avais pas pu m'empêcher de sourire. Je m'étais même préparée à lancer des pouces en l'air à tout va si tout d'un coup Aaron se décomposait et commençait à paniquer. Mais ça n'arriva évidemment pas ; il aimait tellement Lou. Et son ventre terriblement rond en envahissant.

La marche des deux mariés, chacun au bras de l'une des personnes les plus importantes de leur vie, avant été un vrai régal pour les yeux. Parce qu'ils étaient juste absolument magnifiques. C'est fou ce que l'amour et le bonheur rend les gens beaux.

A présent, j'avais une coupe de champagne dans les mains. Et des sueurs froides. Est-ce que les témoins sont obligés de faire un discours ? Oui, je viens d'avoir un flashback d'un épisode d'une série B qui passait sur l'écran de l'hôpital en hiver dernier, et les témoins prenaient la parole quand ils tenaient leur coupe. Vous savez quoi ? Je vais déjà attendre de voir ce que font les autres. Genre Nico, Jérémy... Ils ont beaucoup plus de choses à dire que moi je suis sûre. Parce que là, la seule chose qui me vient à l'esprit c'est "HAHA tu se souviens, il y a de ça une dizaine d'année, je me battais contre toi dans l'arène pour passer Master et on affrontait ensemble le démon qui sommeillait en moi avant de finir à l'hôpital pour un long séjour ET MAINTENANT TU TE MARIES C'EST FOU". Peut-être que je ferais diversion avec les photos prises par mon super robot photographe au moment où on attendra que je parle. Ca sera probablement plus rigolo.

Ce serait pas Senri et Nana là-bas ? Je vais aller trinquer avec eux, ça m'éloignera de la pression. On n'a pas trop eu l'occasion de parler pendant la cérémonie.

Mais quand même bon, sache que je t'aime Ronron. T'as été un super simili de grand frère pendant toutes ces années.

Bon alors. Déjà on va revenir un peu en arrière.

On savait depuis un moment que Ronron et Lou allaient se marier. Je savais aussi que j'allais m'impliquer dans leur mariage, au moins autant qu'eux pour le mien. Je pensais pas que Lou me choisirait comme témoin. Je vous laisse deviner ma réaction. D'abord j'ai paniqué. Ensuite j'ai pleuré. Et ensuite je l'ai plus lâchée. Je veux dire que je lui ai fait un énorme câlin.

On passera sur leur annonce de la grossesse de Lou parce que là vraiment j'vais me remettre à pleurer si on en parle. Est-ce que je suis en train de vous dire que j'ai plus pleuré pour le mariage de officiellement mes beaux-parents que pour le mien ? Oui. C'est pas la même joie. Ca n'a pas la même signification. Ca ne veut pas dire les mêmes choses.

En attendant, sacrée team de témoins. Mitsu et Ipiu ont géré, on a essayé de préparer tout ça pour le mieux. J'ai donc rencontré Malory, avec qui je me suis bien entendue rapidement, et franchement : notre mariée elle va slay. Et puis Jérémy évidemment, on a pas mal bossé pour leur organiser une journée comme ils voulaient. J'ai surtout aidé Lou, en fait, concrètement. Oh évidemment, passer des coups de fil aux potes pour confirmer des dates pour les essayages, les tests d'à peu près tout, évidemment. Mais en présence, j'ai essayé d'être là au max pour Lou. On a bossé sur la robe avec Aria ensemble, on a réfléchi à comment ça ferait avec son ventre le jour J, et franchement je suis pas peu fière de notre choix, du sien, elle va être magnifique. Aria a bossé comme une malade pour arriver à faire quelque chose d'adapté, elle est trop forte.

Le matin-même, je suis passée près de l'arche pour vérifier que tout allait bien. Justine et Alice discutaient autour de la composition finale des fleurs, je crois que Justine oscultait le résultat pendant qu'Alice faisait naître la suite. Hâte de voir Justine tout à l'heure, enfin surtout, Aria qui regarde Justine, mais ça on le garde pour nous.

Puis j'ai filé pour aller voir Lou. Elle avait l'air relativement sereine. Faut qu'on l'aide à enfiler sa robe, Malory est déjà là. On rigole un peu, on essaie de détendre l'atmosphère. Alyona ne tarde pas à arriver, on l'accueille à grande embrassade, on la laisse coiffer Malory d'abord, puis Lou. Je m'occupe de Lottie autant que je peux, j'écoute ses histoires, on joue à cache cache dans la chambre, je lui fais faire un concours de figures, et puis vient son tour à elle.

C'mon sweetheart, your time to shine !

C'est en s'extasiant devant sa maman qu'elle se laisse maquiller et que je prends une pause pour vérifier sur Lou que tout va bien. Malory se fout de moi en disant que j'aurai jamais le temps d'être prête à temps, et je lui rétorque que je l'ai été pour mon mariage, y a auune raison que je le sois pas aujourd'hui. J'enfile ma robe, assortie aux couleurs douces des fleurs de la robe de Lou. Elle est magnifique aussi cette robe. Puis je me fais coiffer, et participer, avec Alyona. J'ai toujours du mal à laisser entièrement mes cheveux à quelqu'un d'autre. On passe pas à autre chose pour tout que voulez-vous. Je lui laisse tout le maquillage par contre. On est prêtes. Lottie survoltée et le chien aussi, Malory essaie de les gérer pendant que je tente de rassurer Lou. Elle a l'air toute tendue.

It's fine. On va arriver à l'heure. Et ça va être super.

Je presse son bras doucement, j'ai du mal à la rassurer avec des mots. Enfin, on rejoint tout le groupe, on est les dernières. On s'avance en premières avec Malory, non sans lâcher quelques derniers baisers à Lou. Tout le monde est trop beau. Ca me renvoie quelques mois en arrière. On s'avance jusqu'à Aaron. Mon regard croise celui de Jérémy. Je lui souris tendrement. Avant de tourner la tête vers Lou qui avance. Et je fonds en larmes. Oh alors, pas fort. Juste, y a des larmes qui coulent de mes yeux, sans déformer plus que ça mon expression, et j'essaie de gérer le flux pour pas niquer tout mon maquillage. Mais ça déborde trop. Ils se retrouvent avec Aaron, et moi, je vais chercher la main de Jérémy, en gardant une libre pour essuyer mes larmes. That's. A fucking lot.

Dans l'après-midi, on mange, on rit, on discute. Je revois pour la seconde fois la famille de Lou que j'avais croisé pendant les préparatifs. J'essaie de rester pas trop loin d'elle, de la laisser profiter, mais parfosi j'essaie de capter quand c'est trop. J'essaie de m'approcher, sans lui parler, mais pour bloquer un peu le flux qu'elle reçoit, visuellement au moins. Et puis y a un moment, on demande les discours. Entre Malory et moi, on s'est dit que j'allais en écrire un. J'ai jamais fait ça et j'me sentais pas capable, mais j'en avais envie.

Je m'avance un peu pour faire face aux mariés, et à la foule. Je suis la première. J'suis témoin en même temps. Bordel je suis témoin. Je défroisse le petit papier que j'ai noirci 15 fois avant de trouver une version qui me convienne. Je le regarde. Le refroisse. Lève la tête et croise le regard d'Aaron. Je lui souris. Celui de Lou. Je lui renvoie la même joie. Je veux leur dire à quel point je les aime. A quel point je suis heureuse pour eux. A quel point tout le monde l'est.

Hm. Bonjour à toutes et à tous, merci d'être si nombreuses et nombreux aujourd'hui pour célébrer le mariage d'Aaron et de Lou. Je suis pas la plus douée pour les discours, mais j'ai envie de marquer ça aujourd'hui. Si on est tous là maintenant, c'est pour l'amour qu'on porte à ce couple, à ces deux personnes exceptionnelles que vous êtes. Je ne suis pas celle qui vous connait depuis le plus longtemps. J'ai d'abord rencontré Aaron, en arrivant ici à Terrae. Tu as commencé par être le père de mon meilleur ami, puis celui de mon futur mari. J'ai appris à te connaître avec le temps, et à t'apprécier comme un ami, un proche. Tes excès d'énergie quand personne n'en a plus, ta façon naturelle de daronner tout le monde, et on a de nombreux témoins ici. Même si parfois ça te pèse, tu es toujours là pour aider les autres. Tu rassures tout le monde à peu près autant que tu inquiètes Lou, même s'il n'y a personne d'aussi doué pour la faire rire. Tu es un papa extraordianire, pour les deux loustics qui te servent de fils, et pour Lottie. Je ne doute pas que tu seras un père tout aussi doué avec les deux petits bouts qui arrivent. Lou, tu es arrivée plus tard, au milieu d'une famille déjà bruyante et exentrique, et c'est avec tout ton amour que tu y as apporté de l'équilibre, du calme. Tu as été d'un soutien sans faille pour cette famille, et surtout pour Aaron. T'as la capacité d'être plus déterminée que lui, mais tu es aussi une personne tellement douce et talentueuse. Tu fais briller tout ce que tu rencontres, à tes dépends parfois aussi, mais maintenant t'es plus toute seule. Tu es une maman formidable, tu le seras toujours, une femme admirable et une amie précieuse. Je pense qu'on ne le souligne peut-être pas assez, mais c'est votre amour à tous les deux qui fait la base solide de cette famille aujourd'hui, en plus de la base de votre couple. Vous êtes capables d'utiliser cet amour à vous pour vous, et d'en inonder les autres par la même occasion. Vous vous rendez tous les deux plus forts, plus sages, plus doux, plus déterminés, et vous réussissez l'exploit d'insufler tout cela à celles et ceux qui vous entourent. C'est un honneur pour moi, je crois pouvoir dire pour nous, d'être avec vous aujourd'hui et de pouvoir célébrer ce qui vous uni.

Ma voix se brise un peu, et dans un sourire plein de larmes, j'arrive à conclure clairement.

Merci infiniment de me compter, de nous compter si nombreux dans vos coeurs. Je vous souhaite tout le bonheur qui soit ensemble, qu'il soit aussi généreux que vous l'êtes, qu'il grandisse et qu'il vous enveloppe toujours.

Je leur souris à tous les deux. Cette fois j'essaie pas de rattraper mes larmes. Je ris doucement, et laisse ma place aux suivants qui le souhaitent s'il y en a, et je retourne manger, rire, et câliner ma famille.

Nathan et ses filles :

__–« Darlings, would you hurry? »
__–Non, vraiment, arriver en retard, pouvait-on faire plus incommodant.
__–À Anne, répondirent donc deux « Oui maman ! » et un « Oui chérie ! ».

__–La téléportation, pour la petite famille d’Anne, s’était fort bien passée, en dépit des craintes initiales de celle-ci. La personne désignée pour le faire, une cocasse personnage aux cheveux blancs, débit de parole élevé et à l’excitation, ma foi, fort compréhensible compte tenu des circonstances, avait été tout à fait patiente – si on prenait en compte la tolérance assez élevée d’Anne –, compréhensive et de galante compagnie. Son aînée, Guinevere, avait bien soutenu son père et sa benjamine, Chelsea, avait même sautillé partout autour de Mitsuki pour en redemander, avant de se faire rappeler à l’ordre par Anne.
__–Comme ils étaient arrivés en avance, nos quatre Anglais visitèrent donc quelque peu l’institut, ce lieu si étrange, dont leur avait tant parlé Nathan, autant dans sa banalité quotidienne, qui le rendait fort abordable, que dans ses singularités si nombreuses qu’une personne qui se serait assise sous un parasol à contempler les Terraens vaquer à leurs occupations, n’aurait jamais passé une journée sans s’ennuyer, ou voir quelque chose de si rocambolesque qu’elle serait persuadée de ne pouvoir jamais constater spectacle plus étrange, pour voir cette affirmation bousculée dès le lendemain.
__–Connaisseuse en la matière, Anne s’était émerveillée de voir que ce petit écrin cis dans Tokyo recelait tout ce qui était convenable pour éduquer correctement ces innombrables jeunes gens qui folâtraient dans les couloirs, les rues, les chemins. De ce qu’elle en avait compris, il s’agissait d’un centre d’accueil pour anciens enfants-soldats, à présent. Elle put même deviner, d’après les descriptions qu’en avait fait son mari, certains d’entre eux ; le filou albinos, la taciturne rousse, l’homme-enfant latino.

__–Mais enfin, ils n’étaient pas tout à fait là pour faire du tourisme. Aussi, Anne avait-elle mené sa petite troupe en direction du bois, où allait se tenir le mariage. La moitié de Terrae avait été invitée et l’autre moitié était venue quand-même, sans compter les amis et parents venus de l’extérieur.
__–À voir tous ces gens si particuliers, toute cette communauté d’un demi-millier de personnes si soudée, si investie, si présente, elle ne put s’empêcher de se sentir quelque peu étrangère à tout cela. Elle, Anne Lawrence, n’était jamais que la femme de l’homme qui avait connu une des deux attractions principales du jour. Oh, certes, l’invitation l’avait mentionnée elle spécifiquement, mais sans qu’elle ne se lassât de se demander pourquoi. Par politesse, sûrement : il aurait été inconvenant de lui refuser l’entrée qu’on accordait à son mari.
__–Celui-ci, tout au contraire, semblait fort heureux d’être ici. Il ne manquait pas d’aller saluer ses anciens compagnons d’armes et les enfants qu’il avait sauvé ; les noms qu’elle avait retenu même si elle ne les avait entendu qu’une ou deux fois : Alice, Nicolas, Norah, cette fameuse Ariana avec qui l’interaction ne risquait pas d’être affreusement gênante, non non, Aylan, Miguel et Lola toujours fourrés ensemble, Aaron bien entendu (à les voir interagir, Anne suspecta qu’ils avaient au moins considéré de ne pas s’échanger que des mots, mais aussi des caresses), ainsi que les autres membres des autres équipes de l’Opération Thémis, notamment Nana et Senri, qui reçurent les amitiés profondes de Cooper, bien entendu la directrice elle-même ; Hideko, cette femme si surprenante dans sa banalité  et son accessibilité ; pour quelqu’un de son rang magique et de son importance politique.
__–Anne, parlait peu, souriait et incitait surtout ses filles à aller jouer avec les autres jeunes gens de leur âge. (Celles-ci ne s’en privèrent pas : Guinevere, fidèle tant à son rôle d’aînée qu’à son tempérament, se retrouva à courir avec les collégiens les plus excités dans les fougères, la main de sa petite sœur dans la sienne, ce qui agaça quelque peu sa mère, soucieuse qu’elle ne salît ni ne déchirât point sa si jolie robe. Chelsea, qui avait de bien plus petites jambes, après un petit moment préféra rejoindre ceux dont la taille était plus comparable à la sienne ; la fille de la directrice et le fils du docteur et du diplomate de l’Institut, par exemple.) Anne, elle, était une parfaite inconnue, ici. Elle ne voulait pas déranger. Elle était heureuse d’être présente, certes : ses sourires étaient tout à fait authentiques, elle faisait la conversation avec grand plaisir, mais toujours avec ce léger effacement. (Elle constata d’ailleurs bien vite qu’elle se retrouvait bien souvent en compagnie de Feux solaires, qui tous partageaient ce bonheur d’être là et de ne rien dire. Un homme qu’elle reconnut comme le frère de la directrice, par exemple : ils échangèrent autour du punch et de canapés une longue discussion composée uniquement de silencieuses politesses et d’éloquents non-dits, ce qui lui fit le plus grand plaisir.)

__–Vint le moment des discours.
__–(Il avait fallu un temps infini à Anne pour expliquer à Chelsea, que Nicolas et Jérémy étaient bien les enfants d’Aaron et Lou, quoique pas au sens biologique du terme.)
__–Silencieusement, elle espéra que Nathan n’en avait pas préparé. Il ne lui avait pas dit. Il préféra attendre que d’autres se manifestassent. Tant mieux.

Il existe, en tout temps, en toute situation, une profonde dichotomie entre l’ombre et la lumière. Un équilibre absolu entre ces éléments doit régner. Ainsi, un mariage aussi somptueux et lumineux que celui d’Aaron et Lou, devait forcément avoir sa part d’ombre. Caché dans l’ombre, lors des préparatifs du mariage, un fin rayon de lumière éclaira le visage de Senri, couvert de lunettes de soleil. Il portait un élégant costume, qui lui laissait une certaine liberté de mouvement. Il approcha de ses lèvres un talkie walkie dernier cri acheté à Jouet Club.

Agent Whey au rapport, je suis en place. Le colis est prêt à être réceptionné. A vous, Agent Mousqueton.

Le talkiewalkie grésilla, laissant échapper la voix méconnaissable de l'énigmatique Agent Mousqueton. A travers ce court message, Mousqueton indiqué à Whey que la présence à proximité du colis était confirmée.

Très bien. Je sécurise le périmètre.

Senri effectua une petite roulade, avant de jeter le regard d’un côté, puis de l’autre. Son regard se déposa sur les différentes personnes qui approchait pour occuper les sièges de la salle de réception. Pas l’ombre d’une anomalie à l’horizon. Son talkie-walkie émit de nouveau un son. Mousqueton allait arriver “Sous peu”.

De ce fait, cher lecteur, je vous invite, pour plus de réalisme, à patienter de deux scroll vers le bas, au moins, pour simuler l’attente de Senri.


Du coin de l'œil, l’agent Whey aperçut une silhouette, avec entre les mains, le précieux colis.

Bon retour, Agent Mousqueton.

La mission était presque une réussite !! Senri s’approcha de la silhouette plongée dans la pénombre, son visage fut éclairé par l'entrebâillement d’une porte, laissant passer quelques rayons de lumière, qui illuminèrent les mèches blonde de Nana. Senri leva son poing pour frapper celui de sa camarade.

On a réussi !!!! Plus qu’à finir la cérémonie !!! On fait comment après, on se met à côté des deux et on leur donne ? J’ai jamais eu cette responsabilité dans un mariage moi !!!

Bientôt, le duo devra répondre à ces questions puisque déjà, la cérémonie commençait. Il attendit que Nana dévoile le secret autour de cette étrange colis,

En ce jour excitant où Terrae retient son souffle devant un nouveau mariage, après le magnifique évènement de Jérémy et Elwynn, c’est le tour d’Aaron et Lou. Une mission nous a été confiée avec Senri, une mission CAPITALE. Tout un plan fut préparé afin de pouvoir répondre à l’ordre de notre Master favori pour son grand jour. Chacun sur son 31, nous étions chacun à notre poste. On doit se rejoindre plus tard après la cérémonie avec Erik.

Habillée d’une robe en satin classique et d’une paire de talons aiguilles, je m’étais mise au plus haut échelon de ma beauté que je ne le pouvais pour faire honneur à la personne que je considère pratiquement comme mon père. Mais là n’est pas le sujet HEIN. Dans un des coins de Terrae, lunettes de soleil sur le nez et petite cape noire d’Halloween qui se noue à la nuque pour me couvrir la tête, je me téléporte devant un casier de métal possédant un sticker d’éclair dessus. Nous sommes en pleine opération, dans ma tête ça joue Soul Bossa Nova OK ? (Oui ici on est plutôt Austin Powers que 007)  

Je déverrouille le cadenas et sort de là le colis, entouré d’un vieux morceau déchiré de drap de lit, on fait avec ce qu’on peut svp.

«Reçu 5 sur 5 Agent Whey, ici Mousqueton. Le colis est sécurisé, je répète, sécurisé. Arrivée prévue sous peu, soyez prêt. À vous.»

Il fallait le dire, notre mission fut de garder au chaud les alliances du couple Williams. Mais comment faire pour que nous, agents expérimentés, ne perdions pas notre objectif ? La solution fut simple. Au courant d’une nuit chaude d’été, pendant un entraînement un peu trop protéiné, une idée effleura nos esprits. Une boîte ne serait pas suffisante pour contenir les alliances, non, mais une main oui. UNE MAIN. Mais attention, il serait pêché qu’une main humaine autre que le couple puisse les porter. Nous avons donc infiltré un terrain neutre pour emprunter, je dis bien EMPRUNTER, un bout de madame Rosalie. Rosalie n’étant autre que l’un des mannequins du magasin de vêtements. C’était une opération corsée qui arriva à succès. Discrètement, subtilement, la main, portant les bagues, fut entourée du tissu et enfermée dans le casier avec pour simple code 000. (Faut quand même que Senri puisse s’en souvenir vous savez-) L’équipe de choc était donc sûre et certaine qu’il y aurait 0 risque de perte, Aaron serait fière de nous.

Je referme vivement la porte avant de rouvrir mon walkie :

«Agent Whey tenez vous prêt… Réception à confirmer dans 3...2…1»

C’est ainsi que je me téléporte à côté de mon partenaire, un gros morceau de tissu dans les bras. Le visage sérieux, une ombre sur le visage, je lui offre un mouvement de tête sec en guise de salutation. Malgré mon élégance, étant en mission, je gardais ma posture de bodyguard. Il fallait protéger le précieux. Je le remercie avant que nos poings s’entrechoquent dans un signe de victoire.

«Ouais genre on descend l’allée, on se place à côté et on leur donne quand on nous le demande et pas avant t’sais.»

La cérémonie commence, on l’entend et donc je déroule le tissu pour sortir la main de Rosalie. Comme Gollum devant sa ba-bague préf, les agents laissent leurs émotions prendre le dessus, gloussant comme deux pintades perdues en forêt.
On prend chacun une alliance doucement, les Agents doivent prendre leurs précautions avant de quitter l’ombre pour retourner à la lumière de Terrae. Ceci est une opération de déminage capitale. Car si on se foire, la bombe qui explose, ce sera nos têtes. Par Aaron.

«Ok serre là bien dans ta main mais PAS TROP FORT OK ????»

Ce chuchotement nul. Je place la main de Rosalie dans mon sac à main, la moitié de ses doigts complètement dehors. Posez pas de questions. C’est le fruit de notre opération secrète.

C’est ainsi qu’une fois prêts, les agents Whey et Mousqueton se tiennent bras dessus-dessous en attendant leur tour de descendre l’allée, tenant chacun dans leur main la preuve d’amour ultime de leur Master préféré envers sa dulcinée, la tête de chacun haute, fièr.e, le regard brillant. C’est un succès monumental. YEAH BABY. YEAH.

-J'croyais que c'était un mariage "tranquille", pourquoi je dois mettre un costard ?!

-T'as juste une chemise et un veston tu vas pas nous emmerd- Je rêve où tu as encore déboutonné ta chemise ?!... Jérémy pointe du doigt le haut du torse de Nicolas qui a, bien évidemment, déboutonné un peu sa chemise "pour respirer", et devant le silence, commence à piquer un sprint. REVIENS ICI !

Nicolas fuit. De toute façon cette histoire de bouton de chemise va vite être oubliée parce que Jérémy sera alpagué pour une question d'orga, ou parce qu'il va apercevoir sa femme et complétement oublier son existence. Parce que tout le monde dans sa famille a eu la bonne idée de se marier l'année où il est célibataire. Le seum ? Ah bah oui un peu quand même. Mais est-ce que ça l'empêche d'être heureux pour ses parents ? AH c'est mal le connaître. Nicolas est même ravi d'à l'avenir jouer le rôle du grand frère qu'est toujours là et t'encourages à faire des conneries. Enfin ça, il ne le dit pas directement, il dit "Oh c'est cool, quand j'aurais fini mon Master je pourrais servir de nounou gratos ahah"... Mais personne ne doit être dupe. Anyway tout ça on s'en fout, la cérémonie.

Heureusement pour Nico, Jérémy a tellement la tête bourrée d'émotions et de planifications qu'il ne mate plus son décolleté. Ils ont le temps de faire un câlin à Ronron avant qu'il n'aille rejoindre l'arche. C'est en observant le défilé des gens avant et après eux que Nicolas capte qu'il a vraiment une chance incroyable... et une vie de fou furieux. Le panel est varié en même temps ; Senri et Nana manquent de lui donner un fou rire, les différentes témoins et demoiselles d'honneur,... Balthazar qui débarque comme un prince avant d'aller se planquer entre les jambes de Nicolas. Même le chien, peureux comme jamais, vit les festivités à sa manière ; il est content de voir autant de gens contents mais c'est beaucoup de gens contents quand même, maître protège-moi on sait jamais... En gros.

Et pour finir, Lou, accompagnée de son père et de Lottie. Dans les premiers mois de sa grossesse, Nicolas était persuadé que le dicton "Les femmes enceintes sont rayonnantes" était une affreuse propagande pour encourager les gens à faire des bébés -comment ? ils sait pas. Parce que y'a des matins où Nicolas croisait sa mère dans le couloir de la maison et il en a fait des crises cardiaques. Mais bon, les mois passant, les nausées s'estompant, le calme s'installant, ben... ouais. D'autant plus dans sa robe, entourée de sa famille. Ça le fait sourire tendrement... avant de se tourner d'un coup vers Jérémy à côté de lui qui n'a pas retenu son sanglot bruyant. Aaron choppe sa main alors Nicolas tapote son dos... Vraiment celui-là. Aaron doit lâcher l'aîné quand Lottie demande un câlin, Nicolas en profite pour envoyer un sourire à Lou puisqu'Elwynn arrive à la rescousse pour réconforter son mari.

Ouais, c'est qu'il y en avait des gens contents à cette cérémonie. Tout un panel varié. Pourtant à ce moment, Nicolas aurait juré qu'il n'y avait qu'eux.

Après ça, le repas est ponctué de quelques demi de bières, mais Nicolas ne s'emporte pas. Il aime prendre le temps de discuter avec le père d'Aaron -son grand-père du coup, oui- du coup il manque le moment des discours un peu, pris dans sa conversation. Ce sont les mots d'Elwynn... et le coup de coude de Jérémy dans ses côtes... qui lui rappellent qu'eux aussi, doivent faire un discours. Rapidement, il trouve Lottie et lui fait signe de venir vers eux et de s'approcher du micro. Il la porte tandis que Jérémy sort une feuille de sa veste. :

-A ttdsghgnnnh, hmtsdkj buh. Snif.

-Hein ? Mais c'est pas du tout ça le texte ?!

-Je crois que Mymy est encore tout cassé.

-Ooook j'le fais. Tiens Lottie.

-Boui. arrive-t-il à articuler avant que Charlotte ne tapote ses joues avec son mouchoir.

-'Pa... 'Ma. Famille étendue. Famille super-étendue. Famille éloignée. Amis familiers. Frères et sœurs de cœur. Âmes sœurs. Frères de bataille. Pères et mères de substitution. Enfants perdus. De Terrae ou d'ailleurs, bref. L'incarnation même de l'expression "nuclear family".

-C'est pas du tout quand on explose.

-Pas du tout ! Mais alors... qu'est-ce que c'est Lottie ?!

-C'est des gens comme nous ! Tout plein de partout ! Mais qu'on est tous unis comme une famille. C'est Papou qui me l'a appris ! Parce que Papou, c'est mon papa et un papa t'apprend des trucs.

-Impressionnant ! Et toi Jérémy, qu'est-ce que ton Papou t'a appris ?

-Je ne serais pas la moitié de l'homme que je suis aujourd'hui avec tout ce qu'il m'a appris.

-......wow ok Jérém' on était sensé faire un truc rigolo.

-Serious Mymy is serious. dit-elle en imitant son froncement de sourcil.

-Eh ! C'est difficile ok ?! Résume tout ce qu'il a fait pour nous en essayant d'être drôle !

Nicolas ouvre sa bouche, la referme... prend le papier des mains de Jérémy... papier qui se déroule sur quelques mètres avant d'enfin s'arrêter. Pour les personnes assez proches d'eux, oui, c'est véritablement une liste de tout ce que la fratrie Williams voulait dire à leur parent. Les trois écritures de Jérémy, Nicolas et Charlotte se partagent plus ou moins autant de place sur le rouleau. :

-Ah. Je vois ce que tu veux dire...

-J'avais oublié que c'était si long...

Petit silence. :

-Ou sinon on commence avec Mamou ?

Jérémy sort un deuxième rouleau qu'il ouvre... et s'étend encore plus loin. :

-...Ffffffffff-ichtre. dit-il, sur le point de lâcher un gros mot à la place. BON TANT PIS ! On improvise !

-J'aime pas improviser.

-J'aime pas planifier.

-HAN JE SAIS ! Mymy vite ! Un truc que tu aimes chez Papou !

-Euuuh...

-VITE !

-Waaueuuh je- il me soutient toujours ! Quand je sais pas quoi faire ou pour réaliser mes rêves, il m'aide à apprendre de mes erreurs et à aller de l'avant !

-COLAS ! Ta petite chose préférée chez Mamou ?

-Seees attentions ? Elle a su super vite ce qu'on préférait et depuis elle fait des petits trucs pour prendre soin de nous... C'est bête mais 'fin...

-Ya pas de réponses bêtes... Moi j'aime qu'ils sont doux. C'est pour ça que je les appelle Papou et Mamou. Parce que mon papa et ma maman sont tout doux.

-'Ma and 'Pa 'cause to me they're like sugar~

-Mom and Dad because they are... chad ?

-...oof.

-Big oof Mymy.

-Y'a rien qui rime avec "Dad" !!!

-Glad.

Regard de tueur. Nicolas se retient de rire en pinçant ses lèvres. Charlotte, elle, continue de réfléchir un peu avant de reprendre. :

-Je m'en rendais pas compte avant mais Mamou, elle est très courageuse aussi. On est tous les trois très bizarres quand même, Papou aussi. C'est beau l'amour mais elle a eu très peur aussi... Et elle est si courageuse qu'elle est restée avec nous. Mamou, elle m'apprend à être courageuse comme elle et comme je vais être grande sœur moi aussi je veux qu'elle sache qu'elle pourra compter sur moi !

-C'est vrai... 'Ma a changé nos vies et on a changé la sienne.

-Avec pertes et fracas. Comment elle est tombée amoureuse de Dad ??!

-Papou n'a paaas beaucoup confiance en lui.

-Nerveux.

-Pas sérieux.

-Mais c'est le meilleur. Il nous a donné une maison, une famille... Il fait des sacrifices pour que tout le monde soit heureux. Pas que nous ! Les élèves aussi. Après tout ce qu'il a fait, c'est chouette que maintenant lui aussi ait pleins de cadeaux !

-Totalement. Parce qu'on en était pas vraiment, des cadeaux, au début. Mais il a persévéré. Il a cru en nous jusqu'au bout.

-On ne serait pas la moitié de ce que nous sommes sans lui. Sans eux.

Et pour la première fois depuis le début du discours, la fratrie regarde leur parent en souriant. L'air de dire "Sérieusement, vous vous attendiez à quoi d'autre de notre part ?". Mais l'instant de paix ne dure pas car Nicolas s'empare du micro avant de chuchoter dedans -c'est débile oui- et le chaos Williams reprit à nouveau. :

-Maintenant que ça c'est fait je vous en supplie est-ce que je peux enlever mon veston ? Je sais que bon mettre un t-shirt à un mariage c'est abusé, j'ai compris alors promis je garde la chemise mais j'en peux plus aller quoi juste le veston promis promis promis-

-Quand est-ce que j'aurais un lapin ?! C'est pas juste parce que si Nicolas déménage il va partir avec Thazou et y'aura plus que Termicator à la maison donc je peux avoir un lapin ? Promis il embêtera pas les jumeaux je le surveilleraiiii et je nettoierai sa caiiiisse-

-Vous m'avez pas dit ce que vous pensiez de l'entrée ? C'est parce que je l'ai trop assaisonnée c'est ça hein je le savais j'y ai pensé en mettant le sel je me disais que c'était parfait mais avec le recul forcément c'était en trop ! Je peux retourner en cuisine si vous voulez-

Aaron avait sans doute réalisé trop tard que nous demander d’être témoins avec Mitsu, oui à toutes les deux. Sérieux il avait pas peur, mais il nous a direct mis des limites très claires. Ne pas s’éloigner de Lou plus de quelques heures et toujours être sûr de pouvoir retourner auprès d’elle. Lou nous a laissé un peu plus de marge, du moment qu’on le ramenait entier on pouvait faire ce qu’on voulait. Quoi j’ai omis le fait qu’on ne devait pas lui fiche la honte ? Mais les gars, il n’a jamais eu besoin de nous pour ça ! Bref. On ne va pas épiloguer. Ni raconter. Ce qu’il se passe en EVJG reste en EVJG.

Aujourd’hui on foutrait une olive entre les fesses d’Aaron on pourrait en tirer des litres d’huile. On essaie de distraire son attention avec Mitsu, tout roule, Jerem et Nico sont aux manœuvres, les potes sont brieffés, ça va bien se passer. Juste chiale pas avant que Lou arrive stp. J’ai qu’un paquet de mouchoirs et j’vais en avoir besoin.

Elle est canon. On n’en doutait pas, mais Lou est canon. Etrangement mon premier mouchoir est pour Elwynn… Déso mais ton maquillage va pas couler avant qu’on ait fait les photos de groupe sinon un des maniaques-williams va râler. J’dis pas lequel. Je lui tends aussi un mouchoir. C’est cools ils me font la distraction et comme ça moi je chiale pas je suis dans l’action. Puis serrer les dents renifler mais surtout pas pleurer ok ? si tout l’monde chiale on se croirait à un enterrement… Un peu comme celui d’Aaron le mois passée, où il se pourrait que le dress code ait été noir, qu’il y ait eu des glaïeuls, un cercueil, beaucoup d’alcool, des discours larmoyant pour notre amis disparu dans les joies du mariage… Bon, ok on se fendait plus la poire qu’on ne pleurait mais… bref.

L’organisation a été folle, faire venir tant de monde de l’extérieur c’était un challenge, tant en matière de rapatriement qu’en matière de laisser passer, vérifier que personne n’avait été endoctriné par des anti terrae, tout ça tout ça, les voyants ont fait des heures sup, mais ils l’ont fait avec plaisir. C’pas tous les jours qu’on a Aaron qui se marie. Ils sont beaux putain.

A la base, on se disait entre témoins qu’on allait laisser la paroles à chacun des gens qui aiment Aaron et Lou tout au cours de la soirée… Puis on s’est imaginés faire des discours, et on a eu la bonne idée de se dire qu’on ferait au feeling (ou alcoolisés pour certains) et qu’on n’allait pas faire un ordre précis qui rendrait le truc peu spontané. D’autant que je dois refaire distrib de mouchoir à chacun des discours. Quand Elwynn finit je lance un regard à Mitsu, c’est elle ou moi mais on aura pas toutes les deux cette chance. Je prends le micro, déso elle est pour moi :

« Alors j’aurais voulu aussi faire  un discours, mais Aaron m’a interdit de lui foutre la honte aujourd’hui, du coup tout pareil qu’Elwynn : Lou c’est la meilleure, mais elle a quand même eu beaucoup de chance de rencontrer Ronron, parce qu’il fait avec elle ce qu’il fait avec tout le monde, il la pousse à être la meilleure version d’elle-même. C’tout ce que j’avais à dire. »

Et je rends l’antenne et je retourne discuter avec les autres, refilant le micro à Nicolas. Je suis plus certaine de ce que j’ai rencontré. Au pire maintenant , il peut plus me détémointiser.

HRP: