Mes compliments font rougir ma compagne, ce qui me donne juste envie de la serrer encore un peu plus contre moi, ce que je fais en veillant à ne pas lui faire mal ou même la gêner. Alors que nos regard se noient l'autre, je ne peux m'empêcher de l'embrasser une nouvelle fois.

Elle prend finalement la parole et, d'une voix à la fois douce et chantante, met en avant l'importance de ma présence. Pour la première je me sens important pour quelqu'un, je me sens valorisé et moins seul. Si j'avais tout ignoré des sentiments de Gwen à mon égard, Makiko me fait comprendre à quel point je compte pour elle.

Alors qu'elle baisse les yeux comme pour réfléchir, je pause ma tête sur son épaule.

Je suis abasourdi par ce qu'elle vient de me dire... Moi? Le père de Aikô? Partagé entre un sentiment de fierté et celui de ne pas être à la hauteur, il me faut un peu de temps pour trouver comment répondre.

" Je ne promettrai pas que je serai un bon père, j'aurai trop peur de te mentir. Par contre je ferai en sorte d'être le meilleur père que je puisse être. "

Je prend un instant pour réfléchir à ce nouveau statut qui m'est accordé. Et si...

" Mais du point de vue purement juridique je ne suis rien pour Aikô. Je n'ai aucun droit sur elle. Mais j'ai une petite idée. Trouve moi son extrait de naissance et dit moi où elle est née et je pourrai la reconnaitre comme étant ma fille. Ce qui lui donnera le droit, entre autre, à la nationalité américaine. Quand à moi je pourrai me vanter d'avoir une fille adorable avec une femme sublime. "

Le regard qu'elle me lance alors est bel et bien celui de la femme aimé, où se mêle la douceur et la force d'esprit, ses doigts sur ma joue, cet élan de tendresse, tout cela n'appelle qu'à une chose: aimé cette femme encore d'avantage. Pour un simple caresse de ce genre mon cœur s'emballe, on croirait une adolescente. pourtant c'est plus profond que ça, il y a ce truc en plus qui me dit que c'est elle, juste elle et rien d'autre.

Moi, Dante Alighieri,père... la nouvelle me parait toujours aussi invraisemblable. Mais elle a raison sur un point, elle est avec moi, ça ne peut que bien se passer.

Ma proposition eu un effet inattendue, Kiko a s'emballe immédiatement au point de bégayer un peu, chose que je ne peux m'empêcher de trouver mignonne.

En même temps que se grave un immense sourire sur son visage, les larmes lui montent aux yeux, des larmes de bonheur.

" Non mon ange, elle n'aura pas seulement un père et une mère, elle aura une famille. Notre famille."

Cette question, je ne peux pas m'empêcher de rire quand elle la pause, elle qui semble si sérieuse.

" Il y a plusieurs raison pour lesquelles je ne peux pas mourir Kiko. D'une je pense que tu es la seule personne à être capable de me supporter durablement, la mort ne voudrait pas de moi. De deux, je suis trop con pour mourir de toutes façon et de trois, c'est pas l'enfer qui va m'empêcher de revenir auprès de la femme de ma vie... et de ma fille. Tu n'as pas de soucis à te faire pour ça. Et puis..."

Je passe alors ma main sur ses fesses en la regardant droit dans les yeux avec un sourire un poil provocateur.

" Il y a certaines choses que je ne veux que de toi et de personne d'autres. Même si c'est un détail, je suis sûr de pas trouver mieux ailleurs. "

Non, je ne ramène pas tout à ça, je suis juste incapable de rester sérieux trop longtemps.

Je ne sais pas si elle le montre volontairement, mais elle rayonne littéralement de joie. Si je peux lui apporter ce bonheur alors déjà ça me suffit, je serai presque prêt à ne rien demander de plus. Si que jamais notre fille ne ressente le vide. Notre fille.... Je suis pas sûr de m'y faire à celle là, et ça me met un de ces coup de vieux...

Elle semble satisfaite des raisons qui font que je ne peux pas mourir et se prête même au jeu du sous-entendu salace. Son baiser passionné et le commentaire qui suis me font frémir de plaisir. Je crois bien qu'on est vraiment sur la même longueur d'onde.

Elle s'apprête à me dire autre chose mais elle se retrouve brutalement coupée par des pleurs, je l'avais presque oubliée la petite. Pour mon plus grand malheur, elle se détache de mon étreinte et file vers Aikô pour la réconforter et voir ce qui n'allait pas. Elle tente de la rassurer en lui parlant mais ça ne semble pas très efficace.

C'est alors qu'elle m'appelle pour l'aider. Vu le discours que je viens de tenir, je suis bien obligé d'accourir.

" Que puis-je faire pour les femmes de ma vie? "

J'écoute les explications en me demandant à quoi je peux bien servir dans l'immédiat. En gros je la regarde en train de pleurer. Je décide de ne pas rester complétement inactif et ... alors que Kiko part préparé le biberon de Aikô, je prend place sur le canapé et prend l'enfant dans mes bras comme sa mère me l'avait montré.

Je tente de la bercer pour calmer ses pleurs, de petites chatouilles pour entendre une autre note moins stridente mais rien à faire. Je me sens désolé de voir cette petite chose dans tout ses états et prend ses petites mains dans les miennes.

Alors que je la cajole comme je peux, Kiko s'active en cuisine, enfin attend que sa préparation soit à température plutôt. Une très bonne mère qui a vite diagnostiqué le mal de l'enfant.Est-ce que que j'aurai un jour ce genre de compétences? J'en doute.

Makiko reviens vers nous en souriant, le biberon à la main. Je lui rend son sourire et tend la main pour me saisir de l'objet. Je teste la température sur mon bras, comme dans tout les films. Je crois que c'est correcte, alors je porte la tétine aux lèvres de Aikô qui s'y cramponne instantanément. Je hausse un sourcil et regarde Kiko dans les yeux.

" Je .. j'ai réussi? "

Je rougi un peu au commentaire de Kiko, vaguement gêné sans véritable raisons, peut-être parce que je me sens con. Je pose de nouveau mon regard sur Aikô qui boit lentement. Ce petit ange semble satisfait de sa condition actuelle.

Il n'y a pas si longtemps, je massacrais des scientifiques, seul et pourtant satisfait de ma condition. Retour à Terrae où j'ai rencontré quelques nouvelles têtes et ma première rencontre avec Makiko, plutôt mouvementée d'ailleurs. Puis le rendez-vous dans les bois, l'adoption du chat et maintenant....

Bordel!!! Je tiens une enfant dans mes bras, ma fille... enfin notre fille à Kiko et moi. Je viens seulement de comprendre ce que je suis en train de vivre, mon premier moment en famille, mon premier moment avec ma fille. Je souris et pose un baiser sur le front de l'enfant toujours en train de boire.

Bientôt, elle laisse la tétine tomber, rassasiée. Alors là je sais que je dois faire un truc.... ah oui le rot. C'est bien les seuls moment de sa vie où on l'autorisera à le faire devant tout le monde. Je me redresse et pose la tête de la petite sur mon épaule et tapote doucement dans son dos. Je ne sais pas pourquoi je fais ça, je sais juste qu'il faut. Une fois son trop plein d'air évacué, je me rassois sur le canapé et berce tranquillement l'enfant qui s’endort très rapidement.

Je lève les yeux vers Makiko et lui souris.

Makiko se rapproche de nous, visiblement attendrie par ce qu'elle vient de voir, et remet en place les coussins pour que Aikô dispose de nouveau d'un endroit où dormir à peu près correctement.

Je dépose la petite dans ce lit improvisé avec toutes les précautions du monde. Je ne veux surtout pas la réveiller, elle qui semble si bien dormir. Je reste un instant à regarder l'enfant, sans voix. Je viens officiellement de changer de vie.

Je vire à une teinte pivoine aux mots de Makiko, c'est con mais ça me fait bizarre, comme ça du jour au lendemain je deviens père et je me retrouve engagé dans une vie familiale. Je crois qu'il va falloir que je picole moins à la maison et plus au bar moi.

Je prend Kiko par la main et l'emmène près de la table où nous attend le petit déjeuner. je lui tir une chaise pour qu'elle s'assoie et prend place à coté d'elle.

J'aimerai bien dire un truc mais je sais pas quoi, mon cerveau à planté, c'est l'écran bleu là-dedans.

La voix de Makiko me rappel à l'ordre et je réalise pleinement que je n'ai pas dit un mot depuis.... longtemps. Je lui souris un peu toujours sous le choc de ce que je viens de réaliser, je suis le père d'une petite fille - je me répète non?- et le compagnon d'une ravissante jeune femme. J'évite son regard et pose le miens sur la table plutôt bien garnie.

" Oui oui, ça va. je me disais juste que le petit déjeuner n'aller pas nous attendre, et puis regarder Aikô manger m'a donné faim. "

Ce n'est pas faux, mais pas vrai non plus. Je commence déjà à lui mentir alors qu'elle n'a même pas emménagée. En même temps, est-ce qu'elle comprendrai si je lui dit? Je peux pas savoir avant d'en avoir parlé.

" En fait, non pas complétement. J'ai du mal à réaliser ce que je suis en train de vivre. C'est beaucoup de responsabilités qui me tombent dessus d'un coup et je sais pas encore comment gérer ça. J'ai été entrainé à combattre et à survivre dans des situations plus que dangereuses mais pas à ça. Je... ça va trop vite pour moi, il me faudra un peu de temps pour m'habituer je crois. Heureusement que tu es là."

Je prend le temps de remettre de l'ordre dans mes pensées avant de rapprocher ma chaise de la sienne et de me pencher vers elle pour lui murmurer à l'oreille.

" Et maintenant je t'admire encore plus d'avoir réussi à faire ça seul. A ta place, je crois que j'aurai pété un câble"