Un certain Henry m'avait envoyé un message pour prendre rendez-vous, avec une adresse très kikoo  (se devait être la première qu'il s'était créé). Il disait avoir du mal à contrôler ses nouveaux pouvoirs de Tonnerre, sans vraiment de détails. Ce n'était pas grave, je pourrais lui demander une fois que je le verrais. Je lui répondis et lui proposai de me rencontrer le samedi dans l'après-midi à la salle d'entraînement, lors d'un de mes jours de congé.

Lorsque le jour J arriva, après avoir dîné, j'allai courir au gymnase vu que j'avais un peu de temps devant moi. Je pris ensuite ma douche et enfilai une tenue pastel, mes baskets à roues rétractables ainsi que mon cache-oeil de roses blanches. J'attachai mes cheveux en queue de cheval et me dirigeai vers la salle d'entraînement. En entrant, je regardai autour voir si Henry était là. Voyant que personne ne m'approchait, j'en conclus qu'il n'était pas arrivé. J'étais cinq minutes à l'avance donc il n'y avait aucun problème.

En l'attendant, je sortis les roues de mes chaussures et me mit à patiner tranquillement. Disons qu'avec ce genre de roues, on ne pouvait pas faire de folies.

Je me mis à chantonner alors que je roulais sur le sol de la salle. Il y avait quelques autres personnes, mais pas suffisamment pour m'empêcher de circuler avec aise.

J'entendis la porte s'ouvrir et tournai la tête vers l'entrée. Qu'est-ce que..? N'étant pas sûre de ce que je voyais, je m'approchai avant de m'arrêter devant le jeune homme, le dévisageant.

*What. the. fuck ?!!*

Il était assez facile de deviner qui se cachait derrière ses lunettes à fausse moustache. Je ne compris pas ce que Bito faisait ici jusqu'à qu'il se présente sous le nom d'Henry. Henry... Moustachio... Oh boy. Clairement, ce n'était pas un garçon de 12 qui m'avait écrit, mais lui. Étais-je supposée... rire ?

— Euuuuuh... Bito, qu'est-ce que tu fous ?

Je rêvais ou ça sentait le parfum ? J'étais pas fan de parfum... Ça me rappelait quand j'étais lycéenne et que je devais supporter l'odeur beaucoup trop prononcée de ceux dont s'aspergeaient mes collègues de classe. Au moins, là, ce n'était pas aussi intense du moins.

Malgré le fait que je l'avais facilement démasqué, Bito continua de faire semblant et demanda à un mec random s'il connaissait quelqu'un de ce nom. Celui-ci, d'abord un peu confus, secoua la tête et Bito jugea que c'était une preuve suffisante. Un léger rire s'échappa de mes lèvres malgré mon air whatefuckesque.

Son attention fut alors attiré par mon cache-oeil et il me demanda si j'étais devenue fan de One Piece. Bof, je n'aimais pas le style de dessins de cet anime, par contre Pirate des Caraïbes, ça c'était super cool. Je rougis un peu à son compliment. Voyant qu'il voulait soulever mon cache-oeil, j'attrapai son poignet juste avant qu'il y arrive.

— Hé, je peux bien porter ce que je veux ! D'ailleurs, tu n'es pas bien placé pour critiquer mon style, tu ne trouves pas ? déclarai-je avec un sourire en coin.

C'était difficile de rester sérieuse face à ses lunettes et cette fausse moustache ridicules.

*Abandonne, abandonne, abandonne* pensai-je.

J'avais mis du fond de teint pour couvrir mon oeil au beurre noir, mais comme le jeune homme était plutôt près, il était possible qu'il remarque qu'il y avait quelque chose d'anormal. L'enflure était presque totalement partie, mais une teinte rouge-violacée subsistait.

Nan mais il essayait quand même de me l'enlever ?! Je serrai plus fort son poignet, car je n'avais aucune envie qu'il voit ce qu'il y avait sous mon cache-oeil. Si je le portais, c'était parce que je n'avais pas envie d'en parler à tout le monde ! Finalement, il sembla abandonner alors je relâchai son bras.

Mon commentaire sur son style l'étonna et il commença à me demander quelle partie de sa tenue je n'aimais pas. Euh... Il venait à peine de me dire que je devrais enlever mon cache-oeil, sûrement parce que ça cachait une partie de mon visage, mais lui il portait un truc qui couvrait 70% de son visage et il ne captait pas ? En plus, mon cache-oeil était stylé contrairement à ses lunettes !

Ses paroles suivantes me firent écarquiller les yeux. Un rendez-vous galant ? Un entraînement galant ? Il avait donc prétendu être un autre parce que j'avais refusé toutes ses invitations. Ça confirmait que ça n'aurait pas été une simple sortie mais une date  (comme si tu ne le savais pas déjà) !

— Je parlais de tes lunettes, m'exclamai-je en les pointant. Et c'est quoi cette histoire d'entraînement galant ? En plus, il aurait fallu que tu ailles voir la préfète des Terres Télépathes, pas moi.

Parce que les Tonnerres Lunaires étaient devenus des Terres Solaires pour cette phase. Je ne savais pas encore que Bito était une exception.

Après mon affirmation, Bito enleva ses lunettes et je pus le regarder dans les yeux. Honnêtement, je trouvais ça inconfortable de parler à quelqu'un dont je ne pouvais pas voir le visage. Peut-être parce que, ainsi, c'était plus difficile de déceler ses expressions ?

Je lui demandais ensuite ce qu'il voulait dire par « entraînement galant ». Il ne me répondit pas tout de suite, l'air hésitant. Il détourna le regard alors que j'attendais une réponse. Soudainement, il s'agenouilla et me prit la main. Euuuuuh WHAT ?!! J'écarquillai les yeux alors que tout le monde autour de nous devint silencieux.

Je ne savais pas quoi penser. Il me faisait une blague ou quoi ? IL ALLAIT PAS SORTIR UNE BAGUE QUAND MÊME ???!!!! Ouf, non. Mais il était quand même dans la position que les hommes prennent généralement lorsqu'ils demandent leur douce en mariage du coup, JE PANIQUAIS UN PEU À L'INTÉRIEUR. BON, PAS JUSTE UN PEU, BEAUCOUP !!!

... Sa princesse Zelda ? MAIS WHAT ?! Mes yeux dérivèrent sur les gens autour de nous, dont certains qui filmaient. Ils devaient croire que c'était sa façon de me demander en mariage. Puis, certains se mirent à fixer en mode « mais tu lui donnes ta réponse wesh ?! ».

Ok, cette situation était trop bizarre. Je buguais un petit moment, le temps de crier un bon coup dans ma tête et de retrouver un peu ma sanité.

— Bito, tu peux te lever s'il te plaît ?

Je lui fis signe de me suivre dans le coin le plus éloigné possible des autres. Je crus entendre un « bouuuuh ». HUMPH.

— C'était quoi ça ?! Ça veut dire quoi ? Pourquoi tu t'es mis sur un genou ?!! Tu te mets pas dans cette position à moins de faire une demande en mariage !!

Et ce n'était pas une demande en mariage, pas vrai ?!!! Omg pourquoi je n'étais pas encore Invisible, ça aurait été vraiment bien de disparaître à ce moment-là.

— Ah, c'est un prank ! C'est ça ?! Et toutes les personnes dans cette pièce sont tes complices ? J'avoue que c'est fort, hahah.

Voilà, j'avais trouvé ce qui se passait ! Je ne voyais pas d'autres options ! Ma tête sur les vidéos devait être assez particulière... mais j'en rirais probablement moi aussi.

Bito se mit à rire très fort avec moi et me confirma que c'était un prank. Il ajouta que je n'y avais vu que du feu à cause de son jeu d'acteur brillant et que n'importe qui aurait abandonné après tous ces vents. Des vents ? Il devait parler de mes refus de sortir avec lui. Mais je ne l'avais pas ignoré, donc je ne pensais pas qu'on puisse appeler cela ainsi...

Il rit tellement qu'une larme coula sur sa joue. Mais euh, ça ne me semblait pas naturel qu'il rit autant pour ça ? Il dit alors qu'il devait aller aux toilettes et je hochai la tête, confuse. Pendant ce temps, j'eus le temps de réfléchir à la situation. Je me souvins de ses mots pendant que je le bombardais de questions. Il semblait réellement de ne pas savoir quoi me répondre et arborait une expression dépitée. Seulement, je n'y avais pas assez porté attention sur le coup.

Je décidai d'enlever mon bracelet l'espace d'un moment pour utiliser ma télépathie. Pleins de voix résonnèrent soudainement dans ma tête, mais je réussis à me concentrer pour déceler l'information dont j'avais besoin parmi celles-ci. « Wow, pauvre mec », « Elle devait pas être prête à ce genre d'engagement », etc... Des pensées qu'ils n'auraient pas si ça avait vraiment été un prank. Bito m'avait menti.

Je remis mon bracelet aussitôt et attendit qu'il revienne. Je respirai à fond et eut le temps de me calmer davantage. Quelques minutes passèrent... et je ne le voyais toujours pas sortir. Du coup, je m'approchai des toilettes des hommes et rouvrit un tout petit peu la porte.

— Hum... Ça va Bito ? J'ai lu les pensées des autres donc je sais que ce n'était pas un prank en réalité... Tu voudrais bien sortir et m'expliquer..?

D'ailleurs, maintenant que j'y pensais, il était aussi Télépathe pour cette phase ! Avait-il lu mes pensées ? Si c'était le cas, il n'agissait pas comme tel. J'aurais pu, de mon côté, ne pas remettre mon bracelet pour lire dans ses pensées, mais... je ne trouvais pas ça correct.

Suite à ma première question, j'entendis du bruit de l'autre côté de la porte, puis la voix de Bito s'éleva pour me dire de ne pas entrer. De toute façon, je n'en avais pas l'intention. Je déclarai alors avoir utilisé mon pouvoir de Télépathe et savoir à cause de ça que ce qui venait de se passer n'était pas un prank.

Il ne sortit pas des toilettes, optant plutôt pour me parler à travers celle-ci. Il ne sembla pas savoir comment s'expliquer en premier lieu. Je demeurai silencieuse en me disant qu'il avait besoin d'y réfléchir, mais au final il enchaîna plutôt rapidement. Je l'écoutai avec attention et je sentis mon visage devenir rouge pivoine.

Je ne savais pas trop quoi lui dire. Il ajouta quelque chose sur un ton triste, une question à laquelle il assumait déjà savoir la réponse. Raaah... Putain j'étais conne. Au début mes raisons de ne pas vouloir qu'on se voit se résumait à mon horaire chargé et ma nervosité, mais là autre chose s'était ajouté... mon moral n'était pas le meilleur depuis l'accident Ariana. J'avais à peu près arrêter de pleurer, mais j'avais des sautes d'humeur. J'étais en colère. Contre moi-même surtout, mais je l'évacuais parfois sur les autres. J'avais probablement été trop dure avec lui après cette demande étrange.

— Comment dire...

Je n'avais pas forcément envie de lui déballer toute ma vie d'un coup. Je l'appréciais mais comme il l'avait lui-même mentionné, on commençait à peine à se connaître. Je songeai que je pourrais au moins lui préciser un truc. Un truc assez important.

— C'est vrai que je suis très occupée. Mais... euh... je suis pas habituée à ce genre de choses... je n'ai jamais... euh... eu de date.

Ce qui était carrément pathétique pour une femme de 23 ans, mais on ne pouvait pas changer les faits. Je ne précisai pas que je n'avais jamais eu de relation amoureuse non plus, parce que je me sentais suffisamment ridicule.

— Je comptais vraiment te réécrire une fois que tout se serait calmé... juste... pas maintenant, m'exclamai-je avant de pousser un soupir.

*Aaah, ta vie n'est pas si dramatique que ça Elfie, t'es juste une geignarde.*

Oups, j'espérais qu'il n'avait pas lu cette pensée ! Bon... et après ? Humph... Il était déjà là et j'avais réservé deux heures pour Henry-pas-Henry puis une heure de jeu vidéo, du coup j'avais du temps libre. Je pouvais peut-être juste essayer de passer du bon temps et oublier mes soucis ?

— Mais bon, y a un certain Henry qui avait pris rendez-vous avec moi, mais il s'est jamais pointé. Du coup, j'ai du temps là. Si tu veux, dis-je avec une pointe d'amusement dans la voix.

Je me rendis compte qu'au final, il ne m'avait pas répondu par rapport à ce qui s'était passé. Cette question, que signifiait-elle réellement ? J'imaginais qu'il me le révélerait s'il le voulait.