Luna acquiesce lorsque je demande si toutes les chambres ont la même taille, avant de me donner quelques précisions pour ce soir. Ou pas, en fait. Elle semble soudain partir très très loin et ne termine jamais sa phrase ; bon tant pis, ça ne devait pas être très important ! Il lui faut quelques instants pour revenir sur terre, et elle me propose ensuite que l'on se retrouve dans le couloir quand j'aurai fini de me préparer.

"D'accord, ça marche ! Je ne serai pas longue, mais quand même suffisamment pour que tu arrives à décoller de là je crois, hihi !"

Enfin j'imagine qu'il ne faut quand même pas quinze minutes pour se lever et trouver ses chaussures, si ? Quoi que, avec elle, j'ai un doute, elle a quand même l'air très très... Dans la lune, on va dire. J'accorde un dernier sourire à la brune avant de quitter le dortoir pour me rendre dans la salle de bains. Je me fige et mon visage se décompose à peine après avoir ouvert la porte ; on dirait un vestiaire plus qu'une salle de bains ! Une rangée d'éviers d'un côté, une grande douche commune de l'autre, bonjour l'intimité... Heureusement que nous ne sommes que trois pour le moment, il faudra que je discute du planning avec les autres filles, parce que... Ben c'est gênant quoi !

Je m'avance vers l'un des éviers et pose mon sac sur une petite étagère, fouillant à l'intérieur pour trouver ma trousse de toilette de secours. Ce n'est pas grand chose, mais c'est mieux que rien ; lingettes pour se rafraîchir, brosse à cheveux pliable, mini-déodorant et maquillage de base. Sans oublier la petite brosse à dents et le dentifrice évidemment ! Si j'avais su que mes valises prendraient plusieurs jours à arriver, j'aurais emporté plus que ça, mais bon... Tout ça s'est un peu enchaîné dans la précipitation quand même. Je commence par me brosser les dents, avant de me passer de l'eau glacée sur le visage. Rien de mieux qu'un petit coup de fouet pour se donner bonne mine ! J'ajuste ensuite rapidement mon maquillage, brosse mes cheveux, et spraye un petit coup de déodorant. Bon bon, on a vu mieux mais ça passe, je ne ferai pas mieux avec ce que j'ai sous la main de toute façon ! Une fois prête, je remets tout dans la trousse, et quitte la salle de bains pour retrouver Luna, qui m'attend dans le couloir.

"Ah ben tu vois, tu étais même prête avant moi ! Je te suis."

Enfin, je ne sais pas si "prête" est le bon mot, elle a juste enfilé des chaussures mais traîne toujours sa dégaine de hippie... Ca ne lui va pas mal, cela dit, mais ce n'est pas très soigné quand même ! Bref, ça n'a pas d'importance, elle est plutôt chouette pour le moment donc c'est le principal ! Je souris tout en lui emboîtant le pas, avant de laisser échapper un "Ooh" à sa remarque concernant le hamac.

"Ah mince, je n'y avais pas pensé ! Mais t'es sûre ? Ca doit être super inconfortable de dormir à deux là-dedans !! Au pire, on peut juste étirer un grand drap entre deux arbres et ça fait pareil, non ?"

Clairement, le sous-entendu salace de la brune m'est passé à dix kilomètres au-dessus de la tête...

Ouah la tronche de jugement qu’elle m’a lancé. En même temps, si elle a passé autant de temps à se faire belle dans la salle de bain que moi à retrouver mes grolles… Et ça se voit. Ça tranche mal mal, nos deux styles, y’a pas à dire. Je suis une caricature de Terre, avec mon orchidée dans les cheveux qui y prend racine et mes plantes qui dépassent d’un peu partout et elle… ressemble à une novice. Un peu paumée à regarder tout ce qu’il y a autour d’elle avec un certain étonnement. Mais une novice super propre sur elle.
     Et elle a pas saisi. Punaise, c’est pas possible, je sais que je ne fais pas ça depuis très longtemps ni très régulièrement mais est-ce que je suis si nulle que ça pour draguer les nanas et me faire comprendre, ou est-ce que je tombe à chaque fois sur les plus ingénues ? Le dilemme se repose : pousser le bouchon ou en rester là ? Mais Alyona a l’intelligence – si elle voulait éviter mes avances – de m’entraîner sur un terrain technique. Je ne peux pas m’empêcher d’en parler et les problèmes de résistance des matériaux est un bon moyen de couper toute envie de flirter. Belle diversion. Accidentelle, mais belle.
     « Mm… Le problème c’est que je n’ai pas de corde et que je ne fais pas assez confiance aux lianes pour supporter quelque poids que ce soit… Puis ça impliquerait de faire des trous dans un drap des dortoirs… J’aime pas trop dégrader le matériel… »
     Ce qui n’a pas dû paraître très évident, j’en conviens.
     « Enfin, je veux dire, la terre, les arbres et les plantes, je peux les déplacer. Y’a rien de pété, quoi. C’est juste… Sale, si on considère la terre comme de la saleté. »
     La plupart des gens font ça. Et la plupart des gens ont raison.
     « Enfin bref, c’est par là pour la cafétéria. Je te conseille leurs cookies. T’es végétarienne ou un truc du genre ? Moi pas du tout. Aussi étrange que ça puisse paraître. »
     Et j’arrive à marcher droit et à une allure modérément rapide, c’est incroyable. Je pense que je vais me prendre un café à la machine que je pourrais boire en marchant et un paquet de madeleines.

Luna m'explique sur le chemin qu'il risque d'être compliqué de faire un hamac avec les draps de lit sans que ce soit passablement dangereux, de un, et qu'on soit obligées d'abîmer le tissu, de deux. Bon, d'accord, c'était sans doute une mauvaise idée. Mais je suis super déçue, pour le coup, je m'étais mise en tête de faire du camping sauvage moi !

"Vu sous cet angle, ça semble être une mauvaise idée en effet... Bon ben on verra quand on sera au magasin, peut-être qu'il vendent des hamacs ! Ou au moins un sac de couchage comme ça je peux dormir par terre quoi... Sinon c'est pas drôle !"

Le but d'une soirée filles, c'est quand même de rester ensemble, boire du punch et se faire des confidences jusqu'à ce qu'on s'endorme sans même s'en rendre compte ! Si je dois retourner dormir dans mon lit dans une pièce différente, c'est vraiment trop nul ! J'espère que la supérette n'est pas trop petite quand même et qu'ils vendent un peu de tout, sinon c'est cuit... Je secoue ensuite la tête à la question de la brune.

"Non, non ! Je mange de tout... Mais j'ai quand même un gros penchant pour le sucré hihi ! D'ailleurs, j'adore cuisiner et je me débrouille pas trop mal, surtout en pâtisserie. On pourra faire des gâteaux un de ces jours si tu veux !"

A priori, étant dans le même dortoir pour une durée indéterminée, on va être amenées à passer pas mal de temps ensemble ; c'est autant prévoir des activités chouettes à faire toutes les deux ! Nous arrivons finalement à la cafétéria, qui est... Plutôt grande mais très banale, comme toute cafétéria scolaire en somme. Des tables et bancs dispersés partout dans la salle, et dans un coin, le comptoir ainsi que plusieurs présentoirs en verre. Mes yeux commencent à pétiller d'envie alors que je repère celui où sont disposés toutes sortes de petits gâteaux.

"Oooh regarde un peu la sélection de pâtisseriiies ! J'veux goûter une spécialité japonaise ! Et un cookie aussi, si tu les recommandes ! Tu veux quelque chose ?"

Je me retourne vers Luna avec un large sourire. Pour un peu, je sautillerais presque sur place comme une gamine - oui, il m'en faut peu pour être heureuse ! C'est un bon point géant pour cet endroit ; une cafétéria qui propose plein de sucreries au lieu d'alternatives "healthy" peu appétissantes, je ne peux qu'approuver !

     Des gâteaux ?
     « Le sucré, hein ? Tu… »
     Je vais m’interdire de finir cette phrase. Elle ne m’a pas semblé être particulièrement intéressée par fumer des joints, alors lui proposer des space cakes c’est peut-être un peu tôt. Vous me direz, je suis tout à fait du genre à sauter les étapes, mais là quand-même. On va dire que je vais rester sympa avec la nouvelle.
     Et puis elle m’a l’air du genre à aimer les ragots, du coup je vais éviter de trop m’étendre sur le sujet, des fois que ça finisse dans les oreilles de personnes que je ne voudrais pas du tout voir informées. Genre les masters. Comment je sais qu’elle aime ça ? Mais c’est évident, elle veut qu’on passe la nuit à se raconter des trucs et elle a un bon débit de parole. Quand tu parles, il faut dire quelque chose, donc tu racontes ce que tu sais ou ce qu’on t’a raconté.
     Mais du coup, j’ai commencé une phrase, il faut que je la finisse pour me rattraper…
     Euh…
     Oh tant pis, elle a déjà dû bien capter que je suis pas encore tout à fait dans mon assiette.
     « Non rien. Mais ouais. Je t’aiderai avec plaisir. »

     Enfin bref, on arrive à la cafète. Elle est excitée, dis-donc. Alors que je suis physiquement incapable d’exprimer mon enthousiasme plus que par un « ouaiiiis… » fatigué. J’attrape ce que je suis venue chercher ; un café à la machine et des madeleines et alors que je me dirige vers la caisse, Alyona me demande ce que je voudrais en pâtisseries. En vrai, pourquoi pas. Ça plus mon sachet qu’on pourra partager, ça nous fera un bon petit-déjeuner.
     « Euh, j’en sais rien, moi… Un anpan et puis voilà. C’est ces trucs, là. C’est fourré aux haricots rouges. »
     Valeur sûre, ne me demande pas d’hésiter longuement, pas affreusement cher et facile à transporter.

Luna semble se perdre dans ses pensées quand je mentionne mon amour pour les gâteaux, avant de finalement accepter ma proposition de cuisiner ensemble à l'occasion. Je lui réponds par un large sourire, mais mes pensées sont bien vite accaparées par les pâtisseries une fois que nous arrivons à la cafétéria. La brune ne semble pas partager mon engouement, mais se décide quand même à prendre un... Anpan ? Je tourne les yeux vers la petite brioche fourrée qu'elle me montre, curieuse quant au goût qu'un gâteau aux haricots peut bien avoir. Je me dirige ensuite vers le comptoir pour commander, gratifiant la cantinière d'un large sourire enthousiaste.

"Bonjour ! Alors, je vais prendre... Deux anpans, s'il vous plaît ! Et aussi... Mmh... En fait, vous savez quoi, mettez-moi deux de tout ce que vous avez ! Je n'arrive pas à me décider hihi, tout a l'air tellement bon ! Et puis je ne connais pas trop les pâtisseries japonaises, donc il faut bien que je goûte !"

Est-ce que je parle trop ? Oui. Est-ce que je m'en rends compte ? Pas vraiment... Toujours est-il que la jeune femme a l'air assez contente de ma commande, j'ai sûrement fait leur chiffre d'affaire du jour, là ! Elle emballe une tonne de petits gâteaux dans plusieurs sachets, qu'elle enfourne ensuite dans une poche en plastique avant de m'annoncer le prix. Ah mince, je n'ai pas du tout pensé à me renseigner sur la valeur du Yen ! Enfin bon, ce n'est pas comme si j'étais du genre à regarder à la dépense de toute façon - surtout que c'est ma première soirée donc je peux bien me faire plaisir hein.

"Est-ce que vous prenez la carte ? Je viens juste d'arriver en fait, du coup je n'ai pas encore eu le temps d'aller chercher des Yens ! Ah super, tant mieux ! Voilà, merci beaucoup !"

Je règle mon achat avant d'attraper le sachet qu'on me tend, saluant la cantinière avec un énième sourire. Je me retourne ensuite vers Luna, qui m'attend avec un gobelet de café de la machine. Aaaah mais non j'ai complètement oublié de prendre un truc à boire ! Tant pis, j'attendrai qu'on arrive au magasin.

"Je crois que j'ai un peu craqué, hihi ! 'Faudra que tu m'aides à finir tout ça, sinon je vais prendre 10 kilos là ! Prête pour la supérette du coup ? Je te suis hein !"

Parce que je ne sais toujours pas où c'est en fait. J'espère quand même que le chemin n'est pas trop long, parce qu'il ne fait pas chaud dehors. Oui je suis russe, mais ça ne veut pas dire que je supporte bien le froid pour autant hein ! Nous nous remettons en route, traversant le couloir de l'entrée jusqu'à la porte principale avant d'atteindre l'extérieur.

"Du coup, ça fait combien de temps que tu es ici toi ? Tu viens d'où à la base ? Je parie... Espagne, ou un truc du genre ?!"

Elle a un joli grain de peau hâlé, d'où ma suggestion. Elle me rappelle un peu Mina, une des mannequins avec qui je m'entendais le mieux. Sauf qu'elle était Portugaise en fait, je raconte n'importe quoi !!

     C’est tellement bien d’être riche. On peut dévaliser une boulangerie sans se poser de question.
     Mais vous savez ce qui est encore mieux que d’être riche ? C’est d’avoir des amis riches.
     « T’aider à finir ? Oh ben je vais pas dire non, tu sais, si je peux rendre service… »
     La Alyona a un peu froid. Alors si une blonde aux yeux bleus – plutôt le genre à vivre en Europe du Nord m’voyez – se les pèle, imaginez une Brésilienne qui a vécu toute sa vie dans un climat tropical. Ah, mes premières semaines d’hiver ici ont été rudes. Ça va un peu mieux avec le temps, surtout que je sors plus régulièrement. Pas souvent, mais régulièrement, ce qui est déjà pas si mal.
     « Ouais t’inquiètes, tu peux pas te tromper. On descend vers le village et il est littéralement pas assez grand pour que tu t’y paumes. »
     Ce serait là le moment de caler une blague dans la narration du style « sauf pour moi parce que je suis un jambon » mais en fait non, pour de vrai. J’ai un bon sens de l’orientation, donc même si tout est écrit en japonais, je me suis assez vite retrouvée. Je peux même vite fait traduire quelques enseignes. Ne me demandez par contre pas de parler la langue de l’archipel, j’en suis bien infoutue, et la puce de traduction n’aide pas vraiment à pratiquer.
     « Euh, depuis combien de temps, c’est une bonne question ça, attend… On est en février, ça doit faire six mois un truc comme ça ? »
     Ah, tiens, Espagnole, on ne me l’avait pas encore faite celle-là.
     « Ah ah nan, pas du tout. Je viens de Manaus. C’est, genre… Tu vois la forêt amazonienne ? Ben imagine ce qui se passerait si on avait planté comme un gros clou rouillé la métropole cyberpunk de Blade Runner au milieu, mais dans un film moins chiant et avec moins de fric pour foutre des hologrammes partout. Et toi du coup ? Allemande, Suédoise au pif ? »
     En vrai, les seuls Scandinaves que j’ai jamais vu de ma vie étaient un couple de jeunes touristes à qui j’ai vendu quelques grammes de cocaïne, une fois. Mais ça m’avait marqué, comprenez. Des Blancs à Manaus c’est déjà pas super commun alors en plus avec les tignasses les plus blondes que t’as jamais vu, ’faut se lever de bonne heure pour en croiser.

Je réponds à Luna par un large sourire.

"Ben oui, c'est totalement trop pour une seule personne ! Mais du coup on doit acheter moins de trucs à la supérette. Genre des chips ou quoi ? Ou alors tu veux prendre de quoi cuisiner vraiment ?"

En vrai, j'ai un peu la flemme de me mettre aux fourneaux, boire du punch en grignotant des cochonneries, il n'y a que ça de vrai ! Non je ne suis pas fainéante, mais c'est ma première soirée là, j'ai besoin de décompresser hein ! Surtout après les révélations que j'ai eues un peu plus tôt dans la journée, et que je n'ai pas encore totalement assimilées...

Nous arrivons finalement dehors, et le vent froid me fait frissonner. Je resserre mon écharpe autour de mon cou et remarque que la brune n'en mène pas plus large que moi. Enfin, vu sa couleur de peau, je devine qu'elle vient d'un endroit plus chaud qu'ici... Ou pas en fait, l'immigration tout ça, elle pourrait venir de n'importe où en fait !

"Ah tant mieux ! J'ai pas un super sens de l'orientation je dois dire... Enfin il faudrait le faire pour se perdre ici quand même, l'institut est tellement énorme, c'est facile à retrouver !!"

Quand on est dehors du moins, par contre me perdre dans les couloirs, il y a totalement moyen... Enfin bref. J'écoute Luna me répondre et souris doucement, donc j'avais quand même raison, elle vient d'un pays chaud ! Enfin, la géographie n'est pas mon point fort - décidément on va finir par croire que je n'ai pas de point fort - mais je place quand même la forêt amazonienne... Plus ou moins quoi, l'Amérique du Sud, voilà. La référence cinématographique m'échappe un peu, mais ça ne me semble pas important de le souligner.

"Hihi d'accord, je vois ! Enfin, j'avais jamais entendu parler de cette ville, mais bon c'est loin de chez moi aussi ! J'viens de Russie, j'ai grandi à Moscou..."

Et à vrai dire, je n'ai jamais trop voyagé avant de décider de tout plaquer il y a quelques mois. Je me suis concentrée sur l'Asie, et j'ai plus pleuré que visité, donc en gros je ne connais un peu rien du monde. A part les plages privatisées où mes parents m'emmenaient en vacances plusieurs fois par an... Je pousse un petit soupir en me caressant le ventre de façon instinctive, relevant la tête vers la brune pour reprendre la conversation, chassant les souvenirs d'un sourire.

"Ah ça fait un moment que tu es là du coup ! Et ça va, tu t'y plais ? La maison ne te manque pas trop ? J'ai suuuper peur de pas réussir à m'intégrer !"

Enfin, je suis plutôt du genre sociable, mais je suis aussi du genre... Bah, un peu bête, on ne va pas se mentir. Du coup, les gens ne sont pas toujours très gentils malheureusement.

     « Euh… ouais, des chips si tu veux, après j’aurais pensé à un truc genre des blancs de poulet pour aller avec une poêlée de légumes, quelque chose comme ça. Me demande pas des trop grosses compétences en cuisine, j’arrive à faire pousser des trucs mangeables et c’est déjà pas mal. »
     Puis bon, ça se fait vite, ça. On coupe, on allume le réchaud, on fout à cuire et on prend l’apéro pendant qu’on surveille. Enfin, que je surveille. Elle offre le dessert, je vais pas en plus lui demander de cuisiner.
     « Mais je vais m’en occuper, ça me dérange pas. La seule chose vraiment importante, c’est qu’est-ce qu’on prend à boire. »
     Et si le tiers des clichés sur les Russes sont vrais, ma remarque a pas dû tomber dans l’oreille d’une sourde. Elle a pas trop le profil à aimer se déchirer la gueule, vous noterez, mais elle a quand-même l’air d’être une bonne vivante la Alyona, alors y’a moyen de faire quelque chose. Il faut aimer les alcools japonais, par contre. Ou alors acheter des trucs importés d’Europe, mais c’est plus cher.

     Ah, la grande question de l’intégration.
     « Un moment que je suis là, euh… écoute, là au débotté je suis pas sûre de bien me souvenir de quel mois on est, donc au pif je dirais la moitié d’une année. À peu près. Je suis arrivée en début d’été et on est en hiver, à toi de faire les calculs. Ça m’a fait un choc, ça, d’ailleurs, d’être à une latitude où il y a des saisons. En climat tropical, on en a pas. Mm, en fait, à part le choc thermique, ça va, niveau intégration. Enfin, y’a aussi le choc linguistique. Et culturel. Et le coup des pouvoirs. Et d’être dans un internat alors que je passais tout mon temps à traîner dans les rues. Et je suis entrée peu après avoir perdu ce p’tit con à ma droite, donc ça a été double tarif niveau déstabilisation. Puis j’ai laissé mes parents et tous mes potes derrière. Mon boulot, aussi, que je pense ne plus jamais pouvoir retrouver ici. »
     Présenté comme ça, forcément.
     « Mais je ne me ferais pas trop de souci à ta place. Malgré, euh, ce que je viens de dire. »
     Tu ne peux pas tomber aussi bas que moi, déjà. Enfin, je ne connais pas tout le monde, mais disons que j’ai mis la barre assez haut – ce qui est assez amusant quand on y pense.
     « C’est pas trop mon genre de demander de l’aide à autrui, tu vois ? Ce qui est une connerie, il y a largement ce qu’il faut de psys et les masters sont bien plus abordables qu’il n’y paraît. Si tu vois pas de qui je parle, ce sont ceux ayant pleinement maîtrisé leurs pouvoirs. Je suis jamais allé en fac mais de ce qu’on m’a raconté, ça arrive que tes chargés de cours aient maximum un an ou deux de différence avec les étudiants. Ben là c’est la même ambiance. Ils sont deux grades au-dessus de toi et sont techniquement des demi-dieux surpuissants, mais tu peux traîner avec comme si c’était tes potes. Puis un autre truc qui aide, c’est que qui que tu sois, tu seras jamais la plus bizarre, à Terrae. »
     Et je sais de quoi je parle.
     Enfin bref, nous voilà à la supérette.

Je hoche la tête avec un sourire lorsque Luna me propose de prendre quelque chose de plus consistant que des chips. Bon, je n'ai pas envie de cuisiner, mais si c'est elle qui s'y colle hein, je n'ai pas trop de raison de refuser...

"D'accord, ça marche ! En vrai, j'me débrouille pas mal en cuisine, c'est juste que là tout de suite, j'ai un peu la flemme... Premier jour, tout ça ! Mais promis, j'me rattraperai et je te ferai une spécialité de chez moi dans la semaine !"

Genre un goulasch ? Enfin, ce n'est pas très original, mais j'aurai le temps d'y penser d'ici là. Je réfléchis ensuite quand elle parle de boissons. Bon, moi j'étais partie sur du punch mais on peut aussi prendre quelque chose d'autre si elle préfère hein.

"J'avais pensé à de la vodka pour faire du punch ? Mais si t'aimes pas, on peut prendre autre chose, j'suis pas difficile ! Tant qu'on mélange avec du soft, parce que j'aime pas trop le goût de l'alcool seul..."

Surtout les alcools forts ! Et puis, vu ma carrure, je suis saoule après 3 verres, donc en général je mets plus de jus de fruits que de bibine... La brune me parle ensuite de son expérience à Terrae, ces six derniers mois... Qui n'a pas l'air entièrement positive hein, on ne va pas se mentir !

"Ah oui, quand même... Enfin je suppose que c'est un peu pareil pour tout le monde, le choc culturel ! Heureusement qu'il y a la puce traductrice d'ailleurs hein, sinon ce serait quand même vachement galère. J'parle un peu anglais, mais c'est tout quoi... Et du coup, t'as encore des contacts avec les gens chez toi ? Ils sont déjà venus te rendre visite ?"

J'avoue que je n'ai pas encore écrit à mes parents, mais ça ne saurait tarder ! On se parle quasi tous les jours, et je suis sûre qu'ils seront prêts à venir me voir ici de temps en temps. Enfin, au moins à Tokyo quoi, ce n'est pas sûr qu'ils soient autorisés à venir me voir à l'intérieur de l'institut.

"Mais ils sont si forts que ça les Masters ?! J'ai encore vu personne utiliser ses pouvoirs... A part toi quoi, du coup. Mais ça doit être hyper dangereux quand il y a une dispute, non ? C'est comme ça que tu as perdu ton bras ?!"

Question très subtile et pleine de tact, mais je panique un peu là ! Déjà qu'en temps normal, j'ai super peur quand je vois des coups voler, mais si en plus il y a le risque de se faire littéralement exploser... Je ne me sens pas super bien là d'un coup ! Mais qu'est ce qui m'a pris de venir ici, olalah mais où j'ai mis les pieds moi encore !

Notre arrivée à la supérette me permet de me raccrocher à quelque chose histoire de ne pas sombrer dans la paranoïa. Bon, il sera toujours temps de poser mes questions demain à la personne qui me fait visiter !! Ca ne doit pas être siii dangereux que ça ici quand même... Hein ?! Oui non, on va éviter d'y penser et se recentrer sur ce qui nous intéresse ; faire les courses !

"Ah ben ça va, c'est pas si petit que ça en fait ! On regarde pour la bouffe d'abord ? Et puis le hamac ! Ou le sac de couchage... Enfin, en espérant qu'ils aient quelque chose quoi..."

     Une spécialité russe, j’ai hâte de goûter à ça.
     Par contre, le tiers des clichés sur les Russes sont peut-être vrais, mais pas ici. Enfin, va pour du punch.
     « Ça marche. Je n’en bois jamais, ce sera à toi de le faire par contre. »
     Puis comme ça elle fera l’apéro pendant que je cuisinerai, si c’est pas beau cette optimisation.

     Est-ce que j’ai des contacts avec des gens de Manaus  ?
     « Ben… Le truc c’est qu’entre eux et moi, il y a le Pacifique. Déjà, je vois pas un seul de mes amis ou ma famille avoir les moyens de prendre une ligne intérieure pour aller ailleurs au Brésil. »
     Et pourtant, chez nous, les avions c’est comme les autobus. Ça coûte pas un rond et ça fait la même taille.
     « Les appels téléphoniques c’est pareil, ce serait hors de prix. Je n’ai même pas d’abonnement, en fait. Si tu veux me contacter c’est par Whatsapp. Puis après avec Internet je pourrais, tu vois, mais ça n’a jamais trop été mon genre avant d’arriver à Terrae d’y passer beaucoup de temps. Encore moins celui de mes amis. Ou de mes parents. Puis pour y avoir accès, il faut un ordiphone, ce qui représente un budget considérable. Ou alors emprunter un ordi à une bibliothèque, par exemple. Donc ça espace beaucoup les contacts. Mais ç m’arrive de recevoir un courriel de temps en temps. »
     Puis genre écrire des lettres c’est le style de la maison, t’sais.
     Puis genre j’ai spécialement envie de revoir certaines personnes.
     Puis genre certaines personnes ne seraient pas du genre à se venger sur des tas d’autres s’ils savaient que je suis encore en vie.

     « Comme ça que j— »
     Ça m’a surpris, ça.
     « Ah ah, nan. Je pense que le risque de perdre un membre est super faible, à Terrae. Ou même qu’une dispute dégénère. La différence de puissance est telle entre un master et un initié… Puis, t’as des tasers vivants, des personnes qui peuvent anéantir ton agressivité par la pensée, d’autres qui peuvent contrôler ton corps, lever des murailles autour de toi, et que sais-je encore. »
     Sans parler des télépathes et voyants en liberté. Mais elle le découvrira toute seule, ça.
     « J’ai perdu mon bras lors d’un accident de moto. Avant d’arriver ici. »
     Mais on entre à la supérette, ce qui me fournit une diversion de choix pour passer à un autre sujet.
     Une fois les blancs de poulet pris, je lui indique la direction du rayon alcool.
     « Je peux te montrer le rayon, Alyona, mais toi seule peut aller y prendre la vodka. »
     C’est peut-être la référence à Matrix la plus misérable de tous les temps, et qui a dû lui passer un univers parallèle au-dessus de la tête, mais je l’assume.
     « Et pour les hamacs, en vrai, je me souviens où il y en a, je vais chercher ça. »
     Il y a un seul choix de couleur, une sorte de bleu sombre moche, mais c’est déjà ça.

Je hoche la tête avec un sourire lorsque Luna me répond à propos du punch.

"Oui pas de souci ! J'vais pas te laisser tout faire non plus hein !! Il faut des oranges et des ananas du coup, tu fais pousser ça ou on doit en acheter ?"

Bon on peut aussi rajouter d'autres fruits exotiques mais ça c'est la base, on ne va pas faire trop compliqué. Au pire je verrai bien la sélection qu'elle fait pousser quand on retourne au dortoir et j'aviserai !

La brune m'explique ensuite qu'elle n'a plus tellement de contact avec ses proches restés au Brésil. J'esquisse une petite grimace, c'est vrai que je n'avais pas trop pris en compte le budget pour l'avion et les communications - dans le monde où j'ai grandi, ça fait juste partie de la normalité. Mais je vais éviter de dire ça à haute voix parce que ça fait vraiment très snob...

"Ah oui je vois, c'est dommage... Ca va, ils ne te manquent pas trop quand même ? Ils n'ont pas des pouvoirs pour se téléporter ici tiens ? Ca doit être vachement pratique pour rendre une petite visite vite fait..."

Bon j'ai pas encore assimilé la liste des pouvoirs qu'ils ont ici, mais la téléportation ça ne me semble pas déconnant ? Il faudra que je me renseigne pcq en vrai ça doit être trop pratique ! Encore faut-il des amis avec la bonne affinité, mais bon.

Luna ne semble pas offensée par ma question hyper indiscrète et me répond qu'elle a perdu son bras dans un accident de moto - et que Terrae est relativement safe aussi apparemment. Il faut vraaaaiment que je me penche sur la liste des pouvoirs parce que vu ce qu'elle raconte, ça a l'air bien pété quand même !!

"Ah, d'accord... Bon ça me rassure un peu quand même ! Et désolée, pour ton bras... C'était pas très délicat comme question. C'est à cause de ça que tu es arrivée ici ?"

Une grimace se forme sur mon visage directement après avoir posé ma question. Ca non plus ce n'est pas très délicat !! Tout le monde a perdu quelque chose ici je suppose, mais ce n'est pas pour autant qu'ils ont envie d'en parler.

"Désolée, ça me regarde pas, j'ai parlé trop vite !"

Parler d'abord et réfléchir après me ressemble bien, malheureusement... Je hausse un sourcil face à la réplique étrange de la brune. Encore une référence de film que je n'ai pas vu ?! Il va falloir que je revoie ma culture là.

"D'accord, ça marche. On se rejoint aux caisses ou y'a d'autres trucs à prendre ?"

Boisson, hamac, nourriture... C'était tout ce qu'il y avait sur la liste non ?

     « Mm, tu peux acheter un ananas mais les oranges, ça va j’ai. »
     Entre autres.
     Sérieux qui aime ça l’ananas ?

     « La téléportation existe, ouais. Par contre, c’est un peu compliqué. Il faudrait un master pour traverser le Pacifique. Et, bon… Ils doivent avoir un peu autre chose à foutre mais en vrai, j’en connais une super sympa, tu pourrais lui demander un de ces quatre. Elle s’appelle Mitsuki… Quelque chose, je ne me souviens plus de son nom de famille, mais au pire t’as un trombinoscope. C’est pas impossible que tu la croises, on se connaît assez bien. »

     À cause de ça que je suis arrivée ici. C’est un peu… indélicat comme question, pour dire le moins. C’est plutôt le genre de trucs dont on discute une fois qu’on se connaît un peu mieux, vous voyez. Le Vide, c’est pas la moitié d’un demi-truc, quoi. Tragédies personnelles, traumatismes, tout le bordel. La règle tacite, c’est qu’il vaut mieux ne pas aborder le sujet. On est tous ici suite à des événements différents, mais on est aussi tous ici pour la même raison de fond.
     Enfin, heureusement que j’ai le cerveau bien ralenti, ça lui permet de s’en rendre compte elle-même sans que j’ai besoin de lui expliquer. C’est que, je ne sais pas si j’aurais pu lui fournir quelque chose de diplomatique et compréhensible. Ça demande des capacités intellectuelles que je n’ai pas tout à fait en ce moment.
     « Ouais, j’préfère pas en parler, mais t’inquiètes. »
     Ça va, on ne peut pas reprocher à quelqu’un qui vient d’arriver de dire une connerie comme ça, sans savoir que c’est est une.

     « Nan, ça me semble bon. À tout de suite. »
     Quelques instants plus tard, on se retrouve aux caisses. J’ai le hamac sur l’épaule et elle a la boisson, parfait.

Je hoche la tête et note mentalement que je dois prendre du jus d'ananas en plus de l'alcool. Ce sera plus simple que de se casser la tête à extraire le jus d'un vrai ananas hein... Autant les oranges c'est facile, mais ça pas trop.

"Ah oui effectivement, ils doivent être occupés... C'est eux qui s'occupent du maintien de l'institut et des cours du coup ? Ils ont un badge ou quelque chose pour les reconnaître ?"

Ce serait quand même pratique de savoir qui est un boss et qui ne l'est pas au premier coup d'oeil ! Pas que j'aie l'intention de me mettre qui que ce soit à dos, mais bon. C'est un peu intimidant de se dire que certaines personnes ici seraient capables de me réduire en miettes en un claquement de doigt...

La conversation nous amène sur la perte du bras de la brune, et bien sûr je mets les pieds dans le plat en posant la question qu'il ne fallait pas ! J'essaye de me rattraper comme je peux en comprenant ma bêtise, mais ça va elle n'a pas l'air fâchée, elle me répond simplement ne pas avoir envie d'en parler. Normal en même temps, moi non plus je n'ai pas spécialement envie de raconter ce qui m'a amenée ici...

"Y'a pas de souci, je comprends ! J'aurais pas du demander !"

J'adresse un dernier sourire à Luna avant de me rendre au rayon boisson, où je prends une bouteille de bonne vodka - enfin ils n'ont pas énormément de choix non plus hein - et deux bouteilles de jus d'ananas. On se retrouve ensuite aux caisses, il semblerait qu'elle ait trouvé un hamac, tant mieux ! J'ai hâte de vivre ma première nuit en pleine jungle !

Je paie nos articles sans vraiment me concerter avec la brune - je n'aime pas trop parler d'argent, ça met souvent les gens mal à l'aise, et puis moi j'en ai plus qu'assez et ça ne m'a jamais posé problème de partager ! Sans vouloir juger trop vite, je dirais qu'elle ne roule pas sur l'or... Mais c'est peut-être juste un préjugé parce qu'elle porte des chaussures défoncées et des fringues défraîchies ? Enfin bon, ça n'a aucune importance au fond !

"Eh ben voilà, on est parées !! On rentre préparer tout ça du coup ? Tu m'aideras pour monter le hamac ? J'ai jamais fait ça, j'ai aucune idée de comment ça s'installe..."

Ce serait quand même con de mourir étouffée ma première nuit, ou alors de me casser la figure en plein sommeil !

     « Euh… Concrètement, je sais pas trop de quoi ils s’occupent. Sachant qu’en plus il y a les préfets. Y’en a… un ou deux par affinité, je sais plus. Ce sont des Terraens élus qui… font des trucs, j’en sais rien. »
     Ouais ça aide.
     « Et nan, tu peux tomber sur eux comme ça au pif sans le savoir. »
     C’est un peu terrifiant, dit comme ça.
     « M’enfin, bon, c’est pas vraiment un institut super strict et carré sur la discipline et l’ordre ou ces conneries, tu vois. La preuve, j’ai pu aménager une pièce entière en jungle et personne est jamais venu me dire quoi que ce soit. Non, tant que tu fais rien de trop illégal, ça va aller. ’faut pas trop te faire de soucis. »
     Après, ça rassure certaines personnes quand il y a une hiérarchie claire, mais moi pas. Au contraire, j’aime mieux quand c’est un peu le foutoir comme ça. C’est plus facile de s’arranger et de passer entre les mailles.

     Ah, elle paie, c’est chouette ça. J’aime pas trop attirer la pitié de gens plus riches, mais j’aime encore moins sortir de la thune, alors.
     « Allez, on fait ça. C’est pas bien cul pour le hamac. Il faut juste savoir faire des nœuds. T’as déjà dormi dans un truc comme ça ? »

     Et sur ce, on rentre aux dortoirs. Il faut que je me souvienne où j’ai foutu mon matos de cuisine… Petit moment gênant quand on entre, où je suis dans l’entrée, la tête encore dans le gaz, à essayer d’aligner deux souvenirs cohérents. Ça dure juste assez longtemps pour qu’on ait l’impression que je suis en train de m’endormir debout ou quelque chose du genre.
     « Ah, mais si. J’vais chercher la poêle, la bonbonne de gaz, je te laisse te démerder avec les boissons. Si tu veux des glaçons et des oranges… T’as mon mini-frigo tout droit, du dépasses l’arbuste et ça devrait être derrière les lianes. Et les oranges c’est… troisième… quatrième… ou deuxième porte à… gauche ou droite. Entre juste pas dans la cinquième porte à droite, je suis sûre qu’elle n’y sont pas. »
     Et pour cause, c’est là que je fais pousser mon cannabis.
     « Le presse-agrumes devrait être à côté. »
     c’est une connerie en plastique et il faut faire ça à la main, mais l’huile de coude rend tout ce qu’on fait meilleur.

J'esquisse un sourire lorsque Luna m'avoue ne pas savoir exactement ce que font les Masters. Je hoche ensuite la tête, c'est pas vraiment que je m'inquiète, c'est juste... Bon si, un peu. Mais c'est quand même intimidant de se dire que tu peux engager la conversation avec une personne qui a la capacité de te réduire en bouillie si tu fais une mauvaise blague quoi !

"Ah mais je compte pas faire des trucs illégaux !! J'suis sage hein moi ! Mais bon, c'est quand même pas plus mal si c'est pas trop strict, on se ferait vite chier sinon..."

Enfin, pour le moment ça n'a vraiment pas l'air de ressembler aux instituts bourrés de règles pénibles comme on voit dans les films. Si c'était le cas, je pense qu'on ne m'aurait pas laissée en plan dès mon arrivée, hum.

"Ah oui, ben c'est justement une préfète qui doit me faire visiter demain ! C'est genre les représentants des élèves ? Comme les délégués de classe ?"

Une fois nos articles payés, nous sortons de la boutique pour revenir vers l'institut, et la brune m'explique que le hamac n'est pas trop difficile à installer. Oui enfin, faire des noeuds assez solides pour supporter mon poids pendant toute une nuit, je ne suis pas sûre de gérer !

"Euh, à vrai dire non ! Enfin j'suis déjà montée dans un hamac sur la plage, mais j'ai jamais vraiment dormi dedans quoi. J'espère que j'vais pas me vautrer..."

J'ai quand même un peu tendance à bouger dans mon sommeil... Enfin bon, on verra, c'est une nouvelle expérience hein ! On arrive finalement aux dortoirs, et Luna a l'air de caler quelques secondes dans l'entrée. Euh, y'a un problème ? ... Ah, apparemment non, elle réfléchissait juste ahah. Je ne juge pas, j'suis lente à la détente aussi hein !

"D'accord ça marche, j'vais préparer ça !! Ca devrait aller vite !"

Je lui souris avant de partir à la recherche du frigo. Bon, il est quand même bien caché dans toutes ces plantes là ! Je prends un pack de glaçons et attrape un grand saladier qui traîne sur la table. Il a l'air propre, ça va ! Je vide la vodka dedans et les deux bouteilles de jus d'ananas, avant de faire le tour de chambres pour trouver des oranges. Et y'a des mangues aussi, trop bien ! Je ramène les fruits sur la table et entreprends de coupes les oranges en deux pour les presser. Omg ça va me prendre mille ans en fait !!

"Ca va, tu t'en sors ? J'aurai fini dans 5 minutes, le temps de presser les fruits !"

Je hausse la voix pour que la brune m'entende. Non, j'suis pas capable de faire un truc 5 minutes sans discuter, ok !