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##   Mar 11 Avr 2023 - 23:08
Afya Soubagamousso

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Afya Soubagamousso
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~~ couloir des salles de classe~~

Ce jour-là elle n’a pas tellement la tête à ce qu’elle fait. Les images parasites viennent s’agglutiner en troupeaux sitôt qu’elle ferme les yeux. Les explosions retentissent dans son esprit, échos du passé et de futurs déchus. Visions et souvenirs se mêlent. Aussi elle envoie rageusement l’eau sur le carrelage du couloir, elle projette avec force de l’eau sur le sol. Elle aurait pu le passer au karcher que le résultat n’eut été différent, jamais le blanc n’aura été si blanc.

Elle ne fait guère attention au bruit qu’elle fait, habituellement silencieuse, ce matin-là au contraire elle est plutôt bruyante. Personne n’est dans les couloirs des salles de cours à l’instant où elle les arpente pour lui en faire la critique. Elle s’occupera des couloirs des dortoirs plus tard, quand les gens se seront levé et auront pris la direction de leurs activités diurnes. Pour l’instant il est encore tôt et elle a l’habitude d’être la seule âme en ses lieux.

Elle n’a pas vérifié chaque instant de chaque minute de la journée. Elle sait qu’elle sera là où elle doit être à midi, et ainsi qu’elle ne craint pas de contrôle inopiné. Elle a vaguement vérifié qu’elle aurait toujours la drogue sur elle lorsqu’elle rentrerait au dortoir en fin de matinée, en a déduit qu’elle n’aurait pas de client et n’a de ce fait pas pris ladite drogue avec elle. Ce n’est pas parce qu’on a dieu avec soi qu’il faut tenter le diable.

L’eau projetée au sol s’élève ensuite pour être projetée sur le carreau suivant jusqu’à être saturée. Quand elle est saturée, l’ivoirienne la fait voler jusqu’au syphon le plus proche et en fait apparaitre une nouvelle propre.


La solitude n'est qu'un moyen pratique de fuir la foule et ses leurres, songeait-elle. Ce n'est pas la solitude que je recherche, mais de vrais compagnons.
Ellana, l'Envol,Pierre Bottero
##   Mer 12 Avr 2023 - 0:49
Minoru Saikawa

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Minoru Saikawa
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Depuis plus de six mois qu’il était à Terrae, Minoru avait eu tout le temps de s’habituer au silence matinal des salles de classes. Il n’était en effet pas rare que le lycéen ait une heure d’avance sur ses cours de matin, sinon encore plus, et se retrouve ainsi assis à sa place bien avant que tous les autres n’arrivent. Au départ, il avait une bonne raison : il s’agissait de faire les choses correctement, de s’assurer qu’il avait le niveau pour suivre le niveau de Terrae. À force, c’était devenu une habitude écrasante, dont il n’osait qu’à moitié s’avouer qu’elle était devenue vide de sens, et qu’il avait seulement peur d’être avalé par un temps libre dont il ne saurait que faire.

L’initiation, quand bien même elle lui avait permis de se sentir un peu plus occupé, n’avait pas fondamentalement changé cet état de fait. Passés les quelques premiers jours, où il s’était concentré sur le sujet pour découvrir ses limites et mettre en place une routine d’entraînement pour les repousser progressivement, ses préoccupations l’avaient fait repartir dans le même train-train.

Il aurait fallu bien plus qu’un bruit de fond, fut-il plus un bruit que du fond, pour briser ce mouvement mécanique.
Un jet d’eau mal placé, par contre, avait largement de quoi.

Soudainement paniqué par la vague qui venait de passer sur sa route, Minoru se réveilla brusquement dans le présent.
Ses yeux passèrent sur ses vêtements à peine mouillés, puis glissèrent sur les carreaux plus blancs que blancs, avant d’être happé par la silhouette d’une jeune femme qui aurait difficilement pu s’en détacher davantage.

E… Excusez-moi...” bredouilla-t-il, en s’inclinant légèrement.

Bien qu’habitué, à force, au climat relativement international de Terrae, Minoru avait grandi au Japon. Aussi se sentait-il toujours assez dérouté, sinon clairement mal à l’aise, lorsqu’il avait l’occasion d’interagir avec ceux qui lui étaient étrangers en tout point. Non seulement ils lui rappelaient qu’il ne savait pas grand chose des autres pays, mais il craignait toujours de les offenser par erreur, comme il avait vu nombre d’étrangers le faire en piétinant les politesses élémentaires de son pays.

Avant de se laisser envahir par des interrogations qu’il n’aurait de toute façon jamais le courage de verbaliser, il reporta son attention sur la scène, dont il comprit seulement en cet instant les enjeux par-delà les détails qu’il avait pu en percevoir : quelqu’un était en train de laver le couloir. Et il gênait le passage.

Je n’ai pas cours tout de suite, alors je vais repasser plus tard…

Une partie de lui avait envie de proposer son aide, autant pour échapper au vide qui l’attendait au-delà de cet embranchement que par envie de rendre service. Mais puisque cela risquait d’être perçu comme une façon détournée de dire que le travail était mal fait, ou de se heurter à quelque autre règle qu’il ne connaissait pas, il n’osa pas aller au-delà de la simple idée.


##   Mer 12 Avr 2023 - 21:35
Afya Soubagamousso

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Pour un comble… La voyante ne l’avait pas vu venir. Elle était bien trop perdue dans ses pensées. C’était risible, et en même temps tellement banal chez elle qui passait plus de temps à regarder son futur qu’à vivre son présent. C’était déjà le cas depuis longtemps, et ce n’était malheureusement pas sur le point de changer.

« Ah, euh, désolée. » s’excusa-t-elle avant de rappeler à elle chacune des particules d’eau qui avaient été projetées sur le garçon.

« Vous pouvez passer. » dit-elle alors que l’eau jadis épandue avec violence sur le sol flottait maintenant en une boule ternie par la poussière dans les airs à ses côtés.

Elle attendit qu’il se fut éloigné pour reprendre son labeur. Peut-être avec à peine plus de douceur. Elle savait à présent qu’elle n’était plus seule en ses lieux. Elle devait en garder la quiétude. La démarcation entre la partie passée au karcher et l’autre ne se verrait de toute manière plus d’ici la fin de journée.

Elle avait oublié la rencontre avant même qu’il n’eut tourné à l’angle du couloir.

~~bibliothèque~~

Le temps s’est égrené à son rythme, le sable remontant parfois dans le sablier de l’ivoirienne. Les dates se mêlaient, les jours se ressemblaient, et se perdaient au milieu des poussières. Cet après-midi là elle s’était efforcée de se rendre à la bibliothèque. Elle n’avait pas tout à fait abandonné l’idée de suivre des cours par correspondance et s’appliquait à lire tout les classiques disponibles en français de la bibliothèque.

Elle s’était donc attelé à lire l’écume des jours, que lui avait recommandé la bibliothécaire… Et elle n’était pas prête à ce genre d’absurde. Elle avait eu beaucoup de mal à se plonger dans le livre. Elle avait cru l’abandonner mile fois, s’était fait violence et se retrouvait maintenant absorbée dans sa lecture. Sans même y réfléchir, elle avait commencé à animer de petits personnages aqueux ressemblant aux protagoniste pour aider sa concentration.


La solitude n'est qu'un moyen pratique de fuir la foule et ses leurres, songeait-elle. Ce n'est pas la solitude que je recherche, mais de vrais compagnons.
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##   Jeu 13 Avr 2023 - 0:39
Minoru Saikawa

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Spoiler:

Depuis le début de l’année, le temps de Minoru s’était précipité au rythme des examens de fin d’année, des entraînements et de la grossesse de Karen. Chaque jour était une enjambée, parfois pour une échéance, parfois contre une montre, bien plus souvent encore une fuite en avant entre les deux. Ainsi les comptait-il précisément,  même s’ils se ressemblaient à vrai dire presque tous, et surtout s’efforçait-il de n’en perdre aucun. Ou plutôt, de se donner l’impression qu’il n’en perdait aucun, en dépit de ce sentiment trop fréquent qu’il avait, de courir sur place et de simplement s’épuiser.

Quand bien même aller à la bibliothèque était l’une de ces habitudes récurrentes et parfois aussi vides de sens que celle qui le tirait chaque matin en avance vers les salles de classe, il savait ce qu’il y faisait chaque jour, et pourquoi il le faisait ce jour-ci plutôt qu’un autre. Le 24 Janvier en particulier, il avait profité d’une pause dans ses révisions pour se plonger dans une littérature qu’il connaissait beaucoup moins : les livres pour jeunes parents. Non pas qu’il eût prévu d’en devenir un lui-même de sitôt, l’idée aurait été en total décalage avec sa conception du juste ordre pour faire les choses dans la vie, mais il espérait y trouver quelques conseils pour aider celle qui allait prochainement devoir gérer des jumeaux. Une méthode qui lui permettait de rester encore un peu dans sa zone de confort, quand bien même il ne comprenait plus rien aux sautes d’humeur, aux envies et plus généralement aux actions et paroles de Karen, et ressentait tout un tas de choses contradictoires à leur sujet.

Sitôt assis face à la petite pile de livres et de magazines qu’il avait rassemblé pour une première lecture, Minoru n’eut aucun mal à se plonger dedans. Le contenu était souvent imagé, ou du moins assez simple pour être compris sans effort poussé, et même si les préoccupations abordées lui étaient étrangères, il avait une situation très concrète à laquelle les rapprocher.

Son regard se leva quelque fois, seulement pour filer jusqu’à l’horloge la plus proche.

Tout ce qui avait été croisé en chemin fut bien perçu, mais oublié avant même d’avoir été observé.

Son dernier passage marqua la fin de la session de lecture, approximativement deux heures après son début. Minoru avait délicatement rangé ses affaires, puis feuilleté rapidement les ouvrages qu’il n’avait pas eu le temps de dépiler, pour se faire une idée du nombre de fois qu’il aurait à revenir. Peu après, il avait repris son agenda et noté deux dates.  


Le Lundi 6 Février était un lundi qui ressemblait à tous les autres. Aussitôt sorti du cours de mathématiques, Minoru s’était laissé emporter par le flot qui s’écoulait tranquillement jusqu’à la cafétéria.

Un vieux réflexe l’avait cependant arrêté devant le dortoir des garçons, juste avant de rejoindre la queue qui s’allongeait juste à côté de lui. C’était qu’il y avait passé assez de mois pour faire mûrir, non seulement un souvenir marquant de l’endroit, mais aussi une certaine affection. Quand bien même il était soulagé d’en avoir été extrait, c’était moins pour le lieu en lui-même (qui était convenable, même s’il préférait l’intimité d’un logement à lui) que pour ce qu’y être encore avait trop longtemps signifié.

Porté par ces réflexions, et à vrai dire comme à chaque fois qu’il avait une pensée pour ses pouvoirs naissants, Minoru ressentit une certaine envie de les pratiquer. Pour s’entraîner selon lui, pour se rassurer en vérité.

Puisqu’il ne pouvait pas encore générer d’eau comme il le désirait, il attendit patiemment son tour dans la file et le verre d’eau qui atterrirait sur son plateau en bout de course, après le bol de riz et le curry. Sitôt installé à une table près des cuisines où il allait manger seul comme tous les lundi, il essaya de faire doucement remonter le liquide le long de son doigt. Le même geste que lors de son initiation, devenu échauffement par défaut.

Cette fois, l’enthousiasme le poussait à essayer autre chose. Il était grand temps, après presque un mois, de réussir à faire léviter un peu d’eau, sans dépendre d’un contact direct. Ses tentatives précédentes avaient été peu convaincantes, ce qui le pressait d’autant plus à réussir, pour atteindre le niveau qu’il pensait attendu de lui.

Minoru se concentra donc, yeux mi-clos, pour s’accrocher à l’infime sensation qu’il avait compris comme étant son affinité avec l’eau. Il la fit à nouveau glisser le long de son doigt, puis l’imagina se détacher, comme un sixième doigt s’étendant après l’auriculaire. Restait à faire le grand saut : détacher totalement l’eau. Pour lui qui avait intuitivement perçu le liquide comme une partie de son corps et qui le manipulait ainsi, l’idée même était contre-intuitive. Il ne savait, à vrai dire, même pas quoi imaginer pour rendre ça possible.

Avec une légère conviction, il tenta une nouvelle approche : faire s’étirer son doigt aqueux jusqu’à ce que la base soit si fine qu’elle en serait invisible, inexistante même.

Ça commençait bien : l’excroissance s’allongea avec une certaine élégance.

Alors, enjoué par ce progrès soudain, il entama l’étape suivante.

Avec un peu trop d’entrain, puisque le liquide fusa d’un coup, tel le jet issu d’un minuscule pistolet à eau.

...

Avant même de voir où ça avait pu atterrir, Minoru se retourna vivement vers son plateau, le visage rougi et le coeur bondissant. Il marmonna un « Jesuisdésolé » à peine audible, avec autant de culpabilité que d’espoir que personne ne l’ait remarqué.
L’habitude et les conventions sociales voulaient l’enchaîner à sa chaise et au repas qu’il n’avait même pas commencé, tout le reste voulait fuir. Très loin.


##   Dim 16 Avr 2023 - 8:49
Afya Soubagamousso

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Depuis quelques temps déjà Afya aide à servir les repas en plus de les préparer. Ou du moins, elle fait ça une fois par semaine, pour arranger les emplois du temps de tout le monde. Elle doit être arrangeante : elle a besoin d’argent. Tout ce qu’elle gagne en plus est envoyé à sa sœur et à sa mère. Elles vivent plus dignement qu’avant, et cela contribue grandement au bonheur de l’ivoirienne.

Les petits jobs se cumulent. Elle hésitait à en trouver un troisième pour l’après-midi, quand Tiago lui a proposé de dealer pour lui. Elle se trouve égoïste en perdant ce précieux temps, mais elle a décidé de le conserver pour elle. Pour apprendre. Elle se dit que c’est un investissement pour le futur. Si elle étudie assez, si elle arrive à avoir de meilleures qualifications, elle pourra prétendre à un meilleur salaire, et ainsi aider encore plus. Mais pour l’instant elle est là, à servir des repas à des personnes qui ne la regardent qu’à peine.

Il est souvent seul ce gamin. Allez savoir pourquoi elle l’a remarqué, peut-être parce qu’elle se dit qu’il a bien de la chance dans ce chahut d’arriver à trouver son espace de calme. C’est rassurant pour l’ivoirienne de vous des gens seuls… Ou plutôt, c’est rassurant de se rendre compte qu’elle est dans la norme. C’est angoissant la différence. Même quand on est une grande fille. Elle l’accompagne du regard et sourit amusée quand elle le voit commencer à utiliser son pouvoir. Elle voit également ce pouvoir lui échapper. Elle se concentre immédiatement, la cible est précise et distante, elle arrive à s’en saisir avant qu’elle ne percute quoi ou qui que ce soit, et l’eau regagne rapidement le verre qu’elle avait quitté en un petit « plouf ».

Elle se sent fatiguée d’un coup, elle n’avait pas jaugé que la rapidité et la précision lui demanderaient tant d’énergie. Elle se force à se reconcentrer sur sa tâche, elle sait que si elle en dévie maintenant elle n’arrivera plus à se concentrer.


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##   Dim 16 Avr 2023 - 21:20
Minoru Saikawa

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Minoru Saikawa
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L’eau était… revenue ?

Un instant, Minoru crut que son angoisse avait activé une sorte de force insoupçonnée, qui lui avait, comme ça d'un coup, permis de manipuler son élément avec une précision et une rapidité qui lui étaient inconnue.

Mais. Non.

Dans une pièce qui, malgré ses airs de cantine ordinaire, était aussi infusée de dotés en tous genres, il y avait une explication bien plus simple.

Minoru se leva. Tourna la tête à gauche. Puis à droite. Tenta de repérer, dans cette foule, celui ou celle qui allait… le réprimander, sans doute… mais qui, avant ça au moins, devait recevoir ses remerciements.

Alors, sitôt qu’il dut la fixer, cette foule qui n’avait été jamais été qu’un bruit de fond discret duquel il avait pris l’habitude de s’isoler s’imposa à lui comme un labyrinthe de visages entortillés et de voix entrelacées.

Tout d'un coup, il avait peur. Voyait le dédale au milieu duquel il se sentait incapable d’ouvrir les lèvres, ne serait-ce que pour y lancer une bouteille à la mer, un “Qui vient de m’aider ?” timide qui finirait oublié sous une chaise. Et, avec lui, sentait le méandre au fond duquel il était seul, parmi des inconnus qui discutaient, riaient parfois, dans des langues dont il ne percevait jamais que la traduction.

C'était ça, le monde que ses révisions intensives et Karen le faisaient oublier.

Trop embourbé dans son anxiété pour aller plus loin, Minoru abandonna alors, et se laissa tomber - avec frustration et maladresse - sur sa petite chaise.
À des yeux extérieurs, il ne devait s’agir que d’une scène ordinaire, où un adolescent avait cru voir ou entendre quelque chose, l’avait cherché quelques secondes et s’était rassis, comme dans le plus simple des mangas.

Alors qu’il reprenait ses esprits, son regard s’égara une dernière fois. Sur une silhouette à la peau sombre et aux yeux clairs comme la lune.

Il l’avait… déjà vue.

Où ?
Quand ?

C’est seulement bien plus tard, après s’être forcé à avaler quelque chose, s’être faufilé hors de la cafétéria et avoir repris contenance, qu’il put répondre à ces deux questions.
Et qu’il se souvint, par la même, qu’elle avait une maîtrise de l’eau époustouflante. Une maîtrise suffisante pour, par exemple, remettre de l’eau dans un verre.

La probabilité était faible…

Spoiler:


##   Dim 16 Avr 2023 - 22:10
Afya Soubagamousso

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Le néophyte se leva, cherchant qui avait pu lui venir en aide. Elle aurait pu chercher son regard pour le réconforter, mais elle pensa alors que c’était un peu bizarre, même pour une voyante d’avoir réagi si vite. Cela sous entendait qu’elle était déjà en train de l’observait. Elle trouvait cela inconvenant, et elle ne souhaitait de ce fait pas se faire connaitre. Elle se reconcentra sur son labeur.

~~Couloir des eaux.~~
L’ivoirienne se tenait en plein milieu du passage, les sourcils froncés les mains sur les hanches. Elle n’avait pas l’air commode, et il faut dire qu’elle avait répété dans la glace maintes fois cette posture qui lui donnait un semblant d’autorité.


« On circule, c'est dangereux, merci. »


Heureusement que la majorité des eaux étaient disciplinés. Elle ne laissait personne s’arrêter dans ledit couloir. Elle ne savait pas qui, mais quelqu’un allait faire exploser une canalisation en jouant avec ses pouvoirs. Les coupables étaient bien entendu nombreux. Elle aurait pu se contenter d’empêcher les dégâts d’être trop importants en coupant l’eau au moment opportun, mais si elle pouvait éviter d’avoir à demander de l’aide au concierge elle s’en passerait.

Elle se disait sommairement qu’en restant ici et en empêchant les eaux de stagner dans le couloir, elle limitait les chances de dérapage. En réalité, elle ne faisait que diminuer leur chances de survenue. L’avenir n’avait pas totalement cessé d’exister de par son action. Elle se demandait si elle ne perdait pas d’énergie à agir de la sorte, il aurait peut-être finalement été plus simple de prévenir le concierge en amont tout bonnement. Alors qu’elle y songeait elle entendit un petit craquement. Elle réagit instantanément alors que l’eau chaude commençait à arroser le couloir. Elle la contint et l’aida à s’écouler là où elle le devait malgré la brèche.


« Tu peux appeler le concierge pour moi ? » demanda-t-elle à la personne en train de passer.


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##   Lun 17 Avr 2023 - 23:46
Minoru Saikawa

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La fin d’année arrivait au galop. Derrière lui courait un Minoru qui s’épuisait petit à petit, pour le mince espoir de s’écrouler de soulagement face au résultat des examens — fuite en avant, on avait dit. En cette fin de journée, il avait voulu attendre un peu, avant de se souvenir de la date et de se laisser entraîner par la soirée qu’elle avait prévue pour lui. Marcher un peu, lentement, traîner pour monter un étage, perdre deux minutes pour se laisser ralentir par les couloirs glissants, ressentir le toucher de l’eau…

Attendez, de l’eau dans les couloirs ?

Brusquement jeté hors de sa pensée, Minoru se réveilla sur une scène de catastrophe. Pour un instant, il crut avoir quelque rapport avec ce qui venait de se produire — mais non, toujours non, il n’aurait même pas su comment faire vriller les canalisations.

Ne sachant pas trop vers où aller pour éviter l’incident, il se tourna à droite, puis à gauche. Puis croisa un visage connu, qui l’interpella aussitôt.

« O… oui », balbutia-t-il, avant même de réfléchir à ce qu’on venait de lui dire. « J.. j’y vais tout de suite ! »

Il s’en alla donc en trombe vers l’escalier dont il venait. Le concierge, le concierge… Il n’était pas bien sûr de savoir où il se trouvait, mais sa prévoyance saurait se montrer utile pour lui sauver la mise. De toutes les documentations qu’on laissait aux nouveaux arrivants, Minoru n’en avait perdu aucune ; sitôt arrivé près des escaliers, il s’en saisit, puis les fouilla une à une. Après quelques recherches, il trouva, dans l’une d’elles, les indications qu’il cherchait. Saisi par l’urgence, il se précipita dans les marches et dans les couloirs qui suivirent, alla toquer à la porte mentionnée, puis fut accueilli en sueur par un homme affairé auquel il tenta d’articuler ce qu’il avait compris de la situation. Couloirs. Eau. Problème de canalisation. Description sommaire de la personne qui l’avait envoyé. L’air de comprendre de quoi - et peut-être de qui - on parlait, le bonhomme ramassa son matériel et suivit l’adolescent jusqu’à la scène du crime.

Lorsqu’il était devenu inutile à sa résolution, Minoru reprit sa place de simple spectateur. De là où il se trouvait alors, plus en retrait et yeux grand ouverts, il put regarder la scène sous un autre angle.

Il put être impressionné, enfin, et encore une fois, par la maîtrise que cette femme avait de son élément. Les pouvoirs avaient quelque chose de fascinant quand on les voyait pour la première fois, mais ils revêtaient ce caractère à nouveau, et de façon peut-être encore plus intense, quand on commençait à — littéralement, dans son cas — les toucher du doigt. Au-delà de l’effet visuel, il pouvait savoir, ou au moins imaginer, le niveau d’effort et de concentration qu’il avait fallu pour le créer.

Après avoir observé silencieusement l’interaction, Minoru s’avança timidement. Il n’était probablement plus utile à quoi que ce soit, mais partir comme ça aurait été trop bizarre.

« Euh… Est-ce que vous avez besoin d’aide pour quelque chose ? »

À quelques pas de sa chambre, il ressentait plus que jamais l’envie de s’en éloigner.


Note:


##   Mar 18 Avr 2023 - 15:07
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Elle a cette sensation d’échec qui la barbouille. Elle n’a pas réussi à éviter la crise. Savoir ce qui va arriver, mais ne pas savoir comment cela va arriver. C’est son lot quotidien.

Elle doit faire avec, personne ne se serait dénoncé suite à la fuite. Trouver un coupable n’avait d’ailleurs aucun intérêt pour les eaux après la fuite. Il fallait écoper, éponger, rénover. Reloger certains pendants quelques jours. Dans le futur qui n’existe plus d’ailleurs, vu qu’elle empêche la fuite d’inonder le couloir, les eaux n’avaient pas perdu leur temps à chercher le responsable. Elle n’était même pas certaine qu’il y en ait un, elle avait tenté de voir les avenirs où elle empêchait les eaux un à un de passer, et elle n’avait jamais eu de résultat très probant. Elle avait essayé en empêchant certains groupes de passer, tout allait bien mais en empêchant les personnes une à une… Rien. Cela lui avait finalement valu de dépenser trop d’énergie.

Si elle avait réussi à réagir rapidement, sachant ce qu’il allait se produire, d’autres eaux l’aidaient maintenant à maintenir la pression sur la canalisation à tour de rôle, histoire de n’épuiser personne.

Heureusement le concierge débarqua rapidement, il comprit la situation en une poignée de secondes. Il demanda aux eaux s’ils pouvaient couper le courant un petit moment. C’était faisable, mais le risque que la pression déclenche d’autres fuites était assez important. Aussi le concierge partit couper l’alimentation.

« Tu nous as déjà bien aidé. Merci Minoru. » elle lui sourit.

Elle lui donnait légitimement l’autorisation de fuir. Le courant s’était tari et tout le monde reprenait ses activités. Sauf l’ivoirienne, qui prit le temps de nettoyer la scène de crime avant que le concierge ne revint.

HRP:


La solitude n'est qu'un moyen pratique de fuir la foule et ses leurres, songeait-elle. Ce n'est pas la solitude que je recherche, mais de vrais compagnons.
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##   Mer 19 Avr 2023 - 0:47
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« Compris, je ne vais pas vous déranger dans ce cas. »

Après leur avoir souhaité une bonne fin de journée, à elle et au concierge, Minoru marcha lentement vers sa chambre, tâchant d’éviter comme il le pouvait l’eau. Discrètement, il avait essayé de se concentrer pour en faire léviter une partie, histoire d’aider à sa façon à nettoyer les dégâts, mais force était de constater qu’il risquait seulement de ramener toute l’eau chez lui en la collant à ses pieds. Il avait même soupiré légèrement, à l’idée qu’il n’aurait même pas pu aller chercher des serviettes ou quelque autre matériel pour éponger : le temps de les trouver, le travail serait fini.

Il se résigna donc à rentrer chez lui.

Juste avant de presser la poignée, il glissa légèrement le regard vers la scène qui continuait sans lui. Repensa au flot d’actions qui s’étaient enchaînées, et à ce que ces torrents avaient caché à sa lucidité. Tiqua enfin.

Il ne pouvait pas lui avoir déjà donné son nom sans s’en souvenir, si ? Et sans connaître le sien ?

En mettant de côté l’oubli, il ne restait que deux options. Ou elle avait une raison de le connaître, ou elle avait le moyen de.
Alors que s’entrouvrait la soirée qui l’attendait, il se prit à imaginer ce que donnerait la seconde option.
Qu’est-ce qu’une voyante aurait vu d’autre, en effleurant son futur ?

L’envie de savoir avait agrandi ses yeux, mais il resterait aveugle.




Sitôt que le nombre de jours restants avait pu se compter sur une seule main, Minoru y avait fait tenir ses heures de sommeil, et avec elles la longueur en centimètres de ses cernes.

Aucun enjeu n’aurait dû peser sur ces examens. Le niveau n’était rien, comparé aux lycées auxquels il avait aspiré. Il avait eu, plus que jamais, toute une année pour se préparer plus méticuleusement qu’aucun n’aurait vu d’intérêt le faire.

Et pourtant, il y en avait. Tellement.

C’était, déjà, la première année qu’il travaillait avec autant d’autonomie, après n’avoir connu que les cours du soir et leur encadrement, qui lui avaient toujours permis de savoir à quoi s’attendre et d’être en permanence confronté à ses propres performances. Depuis son arrivée, il se sentait comme en terrain inconnu, livré à lui-même pour avancer.
Mais, ça, encore, il avait déjà pu s’y confronter. Il avait bravé la session de décembre, avec un certain succès, malgré toutes les incertitudes qui avaient pesé.
Ce n’était, réellement, que la surface d’un problème plus insidieux.

Il avait commencé à s’inquiéter en Janvier. Depuis quelques temps seulement, il le mettait en mots, quand il avait le temps — c’est-à-dire bien trop peu.

Si je ne réussis pas, je devrai quitter Terrae.

Personne ne le lui avait posé d’ultimatum. Officiellement. Mais c’était comme ça qu’il était. Comme ça que ses parents étaient, aussi. Il n’avait pas de raison de rester si c’était pour rater.

On le lui dirait forcément. Et si on ne le faisait pas, il se le dirait, à lui.

Alors il devait réussir. Et ce, pas seulement avec des résultats assez correct pour changer d’année. Au contraire, ils devraient être tels qu’ils mériteraient d’être qualifiés de réussite, même par ceux qui pensaient déjà — il s’en doutait bien — que sa simple présence ici était le signe d'un échec.
Des résultats parfaits ne suffiraient peut-être même pas, mais c’était bien après ça qu’il devait courir.

Au fil des jours, cette crainte était devenue une conviction, puis une obsession. Si près de voir le fruit de ses efforts, il n’avait pu rien faire d’autre, sinon s’y adonner. Peut-être bien à l’excès. Sûrement en délaissant toutes les choses qui faisaient sa vie à Terrae. Y compris celle auprès de qui il aurait dû être. Il était persuadé que c’était justement parce qu’il s’en éloignait qu’il pourrait les revoir, alors il les tenait à distance d'une main fatiguée.

En attendant, puisqu’il n’était pas avec elles, il était donc à la bibliothèque. Seul face à ses notes relues des dizaines de fois. À force de fréquenter aussi intensivement les lieux, il avait fini par y reconnaître d’un coup d’oeil la plupart des réguliers, quoi que de visage seulement. Parmi eux, il avait recroisé la fameuse Étoile qui s’occupait des couloirs et qui officiait à la cantine. Ils s’étaient parfois adressés la parole pour des banalités — souvent un “Circulez” adressé aux passants —, sans jamais qu’il ose vraiment poursuivre la conversation, ou même lui demander comment elle avait eu son nom.

Ce jour-là, elle était encore présente. Sans la fixer, il devinait qu’elle était encore seule.

Mais du temps, il ne restait que trop peu de doigts, pour qu’il en gâche un seul.

Après avoir laissé traîner son regard dans le vague, il se résolut à replonger la tête sous l’eau.




Dernière édition par Minoru Saikawa le Mer 26 Avr 2023 - 18:17, édité 1 fois
##   Mer 19 Avr 2023 - 15:03
Afya Soubagamousso

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Il est encore seul. Elle l’a remarqué sans le remarquer. C’est un visage inconnu, mais connu. Elle le croise régulièrement, et c’est bien normal ils vivent au même étage, fréquentent les mêmes lieux. Comment ne pas se croiser ? De là à le remarquer… Peut-être qu’Afya est la seule à l’avoir fait, il est discret, d’aucun dirait que c’est un eau… Mais même pour un eau il est discret. Il a toujours le nez dans ses bouquins. Il est rarement accompagné. C’est cette solitude qui a attiré l’attention de l’ivoirienne.

Il est encore seul devant ses cours, ses yeux suivent méthodiquement les lignes de texte. Elle se demande ce qu’il révise, et si cela aura une utilité pour lui plus tard. Alors la curiosité  la pousse à aller vérifier… Elle est étonnée de découvrir que l’avenir proche du jeune homme est déjà si divisé. A court terme se superposent deux avenirs.

Dans le premier il est plutôt paisible et accompagné d’enfants ? Ah ? Euh. Ok, il lui semblait un peu jeune… Mais dans le deuxième il est enfermé dans le noir. Seul. Elle a du mal à comprendre, alors elle remonte les deux avenirs et comprend. Dans l’un il est allé passé ses examens et les a réussis. Dans l’autre il n’y est pas allé. C’est triste.

Les jours filant, elle regarde souvent les deux avenirs  dans les jours qui suivent, et aucun ne prend le pas sur l’autre.

~~Couloir des eaux, encore~~

Aujourd’hui commencent les partiels, l’effervescence et la tension sont palpables dans les dortoirs. Afya a un choix à faire. Les deux avenirs coexistent encore, et l’un d’eux la rend triste. Elle n’a pas à intervenir dans la vie d’autrui, surtout celle d’un inconnu… Mais si elle ne le fait pas, elle se rend coupable de son malheur.

C’est pour cela qu’elle se décide à toquer à la porte du japonais. Il met un certain temps à venir lui ouvrir. Elle doit toquer plusieurs fois avant qu'il ne répondre. Elle lui sourit alors en saisissant doucement sa main.

"Salut, moi c'est Afya et je suis voyante, alors j'peux te  dire que tu vas tout défoncer, que t'es giga prêt, et que ce que t'as bossé à ton dernier entrainement va tomber, donc tu peux redescendre en pression. Oh tiens on est devant la salle de classe. Tu vas gérer !"


Elle lui tend la lanière du sac qui était prêt depuis des jours dans son entrée et dont elle n'avait eu qu'à se saisir.


La solitude n'est qu'un moyen pratique de fuir la foule et ses leurres, songeait-elle. Ce n'est pas la solitude que je recherche, mais de vrais compagnons.
Ellana, l'Envol,Pierre Bottero
##   Mer 26 Avr 2023 - 20:42
Minoru Saikawa

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C’était ce jour-là.

Celui qui commençait par un réveil vérifié au moins dix fois et anticipé trois autres par des sursauts de panique, après une nuit longue d’angoisse et courte de repos. Les trois derniers jours l’avaient vu plus dévoré encore par son Vide, à tel point qu’ils étaient, justement, bien les seuls à l’avoir vu, puisqu’il s’était enfermé dans l'austérité de sa chambre d'initié.
Eux seuls, et peut-être les voyants qui auraient feuilleté les pages de son avenir, avaient été témoins de ces heures passées à fuir dans des révisions inutiles toutes les émotions qu’il avait essayé d’y enfouir.
Eux seuls, aussi, avaient vu stagner ses larmes le long de son visage, toutes les fois où il avait échoué à le faire.
Et pourtant, eux comme les exercices qu’il avait répété de bien trop nombreuses fois, aucun n’avait su le rassurer. Abruti par le stress et la fatigue, c’était à peine s’il comprenait ce qu’il lisait, parfois, et sa capacité à réfléchir avait depuis longtemps laissé place à une simple répétition aveugle de bouts de cours qu’il essayait d’assembler sans plus être capable de comprendre ce qui les reliait entre eux.

Plus il se préparait, plus tout le convainquait qu’il n’était tout simplement plus capable de passer cet examen, qui ne représentait même plus la validation tacite de sa légitimité à rester, mais la guillotine qui allait y mettre fin.

Partir de Terrae n’était plus ni une question ni une crainte. C’était un chiffre qui allait bientôt lui être annoncé.

Alors pourquoi y aller ?

Un frisson avait parcouru son bras engourdi, alors qu’il l’utilisait péniblement pour attraper son sac. Il le laissa murmurer.

Pourquoi est-ce que j’y vais, si je connais déjà le résultat ?

Minoru n’avait jamais été du genre à lui répondre qu'il y allait pour avoir tout essayé avant d’abandonner, ou pour partir sans regret. Jamais, non plus, du genre à vouloir s’acharner jusqu’au bout, même quand ses jambes le soutenaient à peine et que ses yeux peinaient à se focaliser.
Après tout, le Vide lui avait montré que tous les efforts du monde pouvaient être réduits à néant. Et quand ils avaient été écrasés, il ne restait rien. Qu’il s’acharne ou qu’il laisse tomber maintenant, si le résultat allait être le même, autant, peut-être, passer ses dernières nuits en paix, si elle pouvait encore être trouvée. Le peu de forces qui lui restaient seraient finalement mieux employées à faire un gâteau à Karen et à préparer ses adieux.

C’est aux portes de ce choix décisif, qu’il essayait de prendre en étant assis sur son lit, que Minoru fut interrompu par, justement, un coup franc sur la sienne. Il l’entendit clairement, mais fut d’abord trop engourdi pour seulement comprendre ce que ce son signifiait. Au deuxième, il comprit qu’il s’agissait bien d’une personne qui en visitait une autre, mais partit du principe qu’il s’agissait d’un voisin, puisqu’il ne recevait pas de visite à part celle de Karen, et qu’elle ne serait pas venu ce matin.

Il lui fallut deux coups, francs et rapprochés, pour avoir le courage de se lever et d’aller vérifier. Au lever, sa tension vacilla. Ses pas lents et erratiques manquèrent de le faire trébucher avant même d’atteindre la poignée, sur laquelle il s’effondra à moitié.

Quand il croisa l’Etoile, c’est donc à peine s’il la reconnut, avant d’être assailli, par une voix humaine comme il en avait entendu bien peu lui être adressées ces derniers temps. Et surtout, par un enthousiasme comme il en avait peu vu.

Il entrouvrit les lèvres pour la saluer, ne sut même pas quoi dire, se laissa entraîner, sans savoir vraiment où.
Ça avait peu d’importance, au point où il en était.
Et pourtant, cela lui fit quand même un pincement, quand il se retrouva à quelques mètres des salles. Il pouvait croire qu’elle était voyante, mais pas encore — pas si facilement — au peu qu’il comprenait de tout le reste.

Pourquoi est-ce qu’elle me dit ça ?

Et surtout, pourquoi dire ça, s’il allait effectivement gérer ?

S’il pouvait imaginer qu’elle avait seulement voulu le rassurer un peu, il n’était en état que de le prendre de travers : il allait échouer comme il l’avait présagé, et c’était pour vainement tenter d’inverser le destin qu’elle était venue.

« Merci… » essaya-t-il, timidement, de lui répondre, en attrapant le sac qu’elle lui tendait.

Il aurait pu, dû sûrement, s’arrêter là. Lui sourire avec toute la politesse qui lui restait, même si ça sonnait plus faux que jamais, et aller s’asseoir dans la salle, maintenant qu’il n’avait plus vraiment la possibilité de faire demi-tour.

« E- Est-ce que je peux vous poser une question… »

Mais c’était un tout petit peu tentant. De parler avec quelqu’un qui avait lu son avenir, au moment où il lui semblait, à lui, le plus incertain.

« Si vous avez vu mon avenir… enfin, si vous avez vu quelque chose… Est-ce que c’est vraiment positif… »

Dans toutes les autres circonstances, il se serait refusé une telle demande. Pas parce qu’il aurait cette idée que ne rien savoir de l’avenir était mieux, mais seulement par politesse, parce qu’il n’oserait pas déranger quelqu’un avec son angoisse, surtout si elle impliquait une vaste dépense d’énergie.

« Ou est-ce que je vais sûrement devoir… Enfin, sûrement échouer… Je me sentirai mieux si je le sais maintenant, je crois… »

Ce jour-là, il était juste assez faible, pour qu’elle dégouline et aille s’accrocher à quiconque croiserait sa route.

C’était pour éviter toutes ces paroles qu’il allait inexorablement regretter qu’il devait être seul. Et surtout loin d’elle.


##   Jeu 27 Avr 2023 - 19:16
Afya Soubagamousso

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C’est pas un vrai merci, et l’ivoirienne le sait. Il est encore incertain, les avenirs se superposent encore. La moitié du chemin est faite, et elle ne peut que l’encourager pour la route à venir. La question qui vient est juste une évidence, simple. Elle explique à elle seule la superposition des deux avenirs. L’ivoirienne ne sait pas si elle peut faire basculer la balance. Elle le regarde de ses yeux sélénites.

« Si tu baisses les bras tu échoues, si tu y vas-tu réussis. Les deux avenirs coexistent encore. »


Elle ne ment pas. Cela ne servirait à rien, si elle le pousse simplement dans la salle de cours mais qu’il a déjà abandonné, l’avenir sera inchangé.

« Dans un cas c’est empli de rires, dans l’autre tu restes enfermé dans ta chambre au dortoir pendant des mois. »

Elle lui saisit les deux mains et plante son regard dans le sien.

« Moi je crois en toi. »

Elle sourit, essaie d elui transmettre toute la confiance qu’elle a en lui. Elle ne peut pas faire le travail à sa place, elle n’y arriverait pas. Elle n’a pas la moitié des connaissances du jeune homme, elle en a d’autres. Des différentes. Elle ne savait même pas lire avant de venir à Terrae, alors la réussite scolaire, pour elle n’a pas de sens. Peut-importe que tu ais des bonnes notes, s’il n’y a pas d’école pour te faire grandir. Seulement, pour lui s’est important, alors elle doit l’aider à le faire.


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##   Ven 28 Avr 2023 - 20:47
Minoru Saikawa

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Les deux avenirs coexistent.

Mais de ces deux avenirs, Minoru ne pouvait — en cet instant — en croire qu’un seul. Et n’avait voulu, dans sa question, qu’on ne lui en livre qu’un. C’était paradoxal : parce qu’il était persuadé qu’il allait échouer, il avait besoin que quelqu’un lui dise qu’il avait raison. Si une voyante elle-même lui avait dit qu’il n’y avait rien à faire, il se serait senti un peu plus libre. Au moins pour une journée, il aurait laissé tomber le poids sur ses épaules et renoncé à s’infliger toutes ses douleurs.

L’anxiété avait fait dériver son envie de réussir vers une envie d’avoir un peu moins mal en échouant.

Mais Afya ne lui avait rien donné de tout ça.

Ses mains essayaient de le tirer vers le choix le plus difficile, et ses iris qui avaient toujours paru absents abondaient soudainement d’une confiance terrifiante.

Moi je crois en toi.

C’est…

« … Facile à dire. » marmonna-t-il.

Il sentit sa tête brûlante. Ses membres crispés. Sa mâchoire serrée. Son attention vacilla, et d’un coup, son anxiété, sa tristesse et le désespoir qui l’avaient fait s’accrocher aux paroles d’Afya s’étaient mus en une colère qui lui criait de se défendre contre celle qui rajoutait un poids sur ses épaules qui hurlaient déjà de douleur.

« On ne se connaît même pas… »

Ses mots tremblaient. Comme s’il était sur le point de lui exploser à la figure à tout moment.

Il reprit les mains qu’elle lui avait dérobées, les fit tomber contre son corps, poings serrés.

« C— C’est parce qu’il y a des gens qui disent qu’ils croient en moi sans rien savoir que je…… »

Il sentit s’enrouler autour de ses jambes une panique qui tentait de le retenir. Un geste désespéré, pour l’intimer de laisser ces émotions où elles devaient être : cachées tout au fond. Elle plantait ses ongles à même sa peau, puis les faisait glisser, espérant provoquer un ultime déclic, une marche arrière.

Mais elle fut bien peu efficace, face à une colère qui l’avait anesthésié.

« … Que j’en peux plus ! »

Ses mots étaient simples. Flous. Sûrement dénués de sens, aussi.

Mais ces mots qui ne disaient rien, il les avaient criés d’un coup, sans trembler ni hésiter. Dans une douleur qui était plus forte encore que toutes les autres. Dans des larmes chaotiques et des torsions irréalistes qui rendaient son visage hideux, alors que s’y mélangeaient ses deux pouvoirs, qui pour se manifester puisaient dans une énergie qu’il n’avait même pas, et ce faisant y ajoutait une nouvelle douleur, qui l’aurait fait hurler s’il n’y avait eu tout le reste.

Même s’il avait eu quelque chose d’autre à dire pour préciser, il aurait simplement été incapable de parler.

Alors puisqu’il ne pouvait fuir par une façade polie, il essaya de le faire d’une manière plus simple. Plus directe. Essaya d’échapper à son regard et à celui de l’assemblée qui, depuis la salle d’examen, devait avoir tout entendu.

Laissa derrière lui son sac, puisque c’était la seule chose dont il pouvait se libérer.

Et s’enfuit, silencieusement, un pas devant l’autre et mains cachées sur ce visage à vif que personne n’aurait dû voir.



Pour Minoru, ça continue ici




Dernière édition par Minoru Saikawa le Dim 7 Mai 2023 - 20:33, édité 1 fois
##   Ven 28 Avr 2023 - 21:50
Afya Soubagamousso

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Elle avait longuement hésité à aller vers le jeune homme. Elle savait que ce serait compliqué, très dur même, et elle savait qu’elle devrait interagir avec lui dans un moment de crainte. Elle n’aimait pas les interactions avec les autres. Elle n’aimait pas les gens qui criaient (sauf si c’était Ariana qui exprimait sa joie, chantait, faisait n’importe quoi, ça passait toujours si c’était Ariana de toute manière.) Elle savait à quoi elle allait s’exposer…

Ce n’en fut pas moins dur de faire face au nippon alors que de nombreuses expressions se succédaient dans ses yeux. La lassitude laissa place à la colère. Le ton monta, et l’ivoirienne rentra un peu les épaules. Elle n’aimait pas ça quand on lui criait dessus. Elle aurait pu répondre qu’il s’appelait Minoru Saikawa, qu’il était né un douze décembre deux-mile cinq. Que ses parents avaient toujours été exigent mais présents. Qu’il ne semblait aimer qu’une chose : étudier. Seulement il ne faisait que sembler. Elle s’en était rendue compte en regardant son avenir. L’école ne fait pas tout… Il en était la preuve.

Elle ne répondit rien, elle le laissa lâcher ses mains. Les gens se retournaient vers eux, elle n’aime pas être au centre de l’attention… Pourtant ce n’est pas elle qu’ils suivent du regard. Un sourire se dessina sur les lèvres de l’ivoirienne, l’avenir où il passait ses journées enfermées dans sa chambre venait de disparaitre. Il avait fait le bon choix. Pas le plus facile, mais le bon.

Il lui fallait maintenant l'expliquer à son professeur.


~~Couloir des eaux~~

Quelques temps se sont écoulés. Beaucoup de choses se sont passées récemment. Elle est sortie de sa zone de confort, elle a parlé à un master, non à deux masters... Bien que la conversation ait plus été une dispute à sens unique avec la deuxième... Elle est allée voir une amie... Beaucoup de choses donc, et pourtant, ce matin encore elle est au travail, car peu importe les nouveauté, elle doit travailler. Alors inlassablement elle nettoie, jour après jour, les couloirs.


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