## Dim 17 Juil 2022 - 19:02 | ||
Minoru Saikawa Messages : 163 Date d'inscription : 13/06/2022 Age : 18 | Un mois était passé. Si Minoru avait eu le temps de se remettre de son arrivée catastrophique, de se repérer dans les locaux et de reprendre le fil de l’école, le temps n’avait balayé aucune de ses incertitudes, ni fait de lui quelqu’un de fondamentalement différent. Il s’était raccroché aux paroles des uns et des autres, sans savoir vraiment comment tenir sur ses propres jambes. Du moins, sur le plan mental ; sur le physique, il fallait dire que Minoru avait fait de réels progrès. Même si ce n’était que pour être sûr de ne pas incommoder qui que ce soit, il avait appliqué méticuleusement les conseils de Chrys et maintenu une hygiène de vie que l’on pourrait qualifier de relativement exemplaire. Ses repas étaient équilibrés, ses nuits complètes et son stress régulé. Sur ce dernier point, ceci dit, c’était avant tout un effet de contexte : rattraper le fil de l’année n’avait rien de particulièrement difficile pour un élève qui avait intégré le fait que prendre de l’avance sur le programme était la façon ordinaire de travailler et, à sa grande peine, Terrae ne donnait pas vraiment d’occasions de prendre des cours avancés. Il se retrouvait alors plus libre qu’il ne l’avait jamais été - et qu’il n’aurait jamais pu imaginer l’être. Et pourtant, il n’avait pas vraiment embrassé la moindre nouvelle vie, pas plus qu’il n’avait noué de nouveaux liens. Ce n’était pas qu’il les avait rejetés, ni qu’il avait été rejeté, mais plutôt qu’il s’était fondu dans le décor et n’avait pas de quoi s’en détacher. En effet, par rapport à toutes les personnalités colorées qui font naturellement parler d’elles par leurs passions et leurs excès, Minoru n’avait rien pour donner matière à conversation. Pas de loisir à mentionner, pas d’intérêt qui eut pu lui faire passer les portes d’un club où il lui aurait été possible de s'intégrer. Pas de compétence, pas de qualité particulière qui aurait naturellement pu attirer à lui l’attention et les opportunités qu’elle offre parfois. Pas même de pouvoir, alors que d’autres qui étaient arrivés après lui s’étaient déjà installés dans le Dortoir qui correspondait à leur élément. Un mois après avoir senti une honte si lourde qu’elle l’avait mis en miettes puis un réconfort si vif qu’il l’en avait écorché, Minoru s’était enlisé dans l’acédie. Il avait dépensé ses soirées dans un travail insignifiant, où il n’avait fait que réviser des connaissances déjà pleinement acquises et mettre en page des notes déjà clairement arrangées, sans se lancer dans quoi que ce soit de nouveau. Il avait vécu lentement et seul, sans tirer de sa tranquillité la moindre sagesse. Pire, il avait fini par se convaincre que, s’il ambitionnait de changer, c’était peut-être moins par conviction profonde que pour s’accorder à l’ambiance de la pièce dont il était un meuble, et que ce qu’il avait ressenti n’avait été qu’une folie éphémère - la seule qu’il aurait jamais. Alors qu’il aurait dû se voir comme une page blanche à peine couverte d’un premier coup de crayon, un croquis qu’il pouvait construire comme il le voulait, il ne pouvait plus s’imaginer que comme une toile déjà finie que toute initiative ne ferait que tacher. C’était donc par paresse, et non par dédication, qu’il passait ses soirées en étude. De la fin du repas au coucher, il s’installait dans la même salle, à la même place, pour faire à peu près toujours les mêmes choses, dans le seul but de se faire croire qu’il était occupé. Ce soir-là, l’artifice avait été un peu plus compliqué à maintenir, alors il avait fini par commencer, lentement, à replier ses cahiers, non sans les feuilleter au passage pour espérer y trouver une tâche nouvelle. C’est à peine s’il remarqua, la blonde qui venait d’intégrer sa classe (dans les deux sens du terme, puisqu'elle se trouvait à côté de la porte), et dont il avait probablement entendu le nom sans parvenir à se le rappeler immédiatement. Non pas qu'ils auraient un jour une raison d'interagir ; elle semblait bien être tout ce qu'il n'avait pas, et il était bien la dernière personne à laquelle elle s'intéresserait. Lorsque la réalité alla à l'encontre de sa pensée si bien installée (mais si peu éprouvée), il ne manqua pas de sursauter. Oui, l'essentiel du post est complètement inutile. J'espère que ça te va quand même. Dernière édition par Minoru Saikawa le Mar 19 Juil 2022 - 10:43, édité 1 fois |
## Mar 19 Juil 2022 - 8:54 | ||
Karen Chandler Messages : 253 Date d'inscription : 14/07/2022 | __–Fort heureusement pour Karen, un mois n’était pas encore passé : autrement, cela aurait voulu dire que son corps aurait commencé à accuser des changements visuels. Elle redoutait, il est peu de le dire, le moment où cela allait arriver. Plus que le redouter, cela la mettait d’ailleurs en colère. Contre elle-même certes, mais elle l’extériorisait contre tout ce qui avait le malheur de croiser son chemin. Bientôt, elle n’allait plus pouvoir être aussi sportive et sexy et qu’elle l’avait été, mais plutôt ressembler à une version blonde d’Ellen Page. __–Aussi, que ce soit un frêle Japonais de passage, des inconnus sur Internet, les semelles de ses baskets, ses genoux sur la patinoire, n’importe qui ayant l’outrecuidance de la regarder de travers dans les couloirs de l’institut, tous étaient susceptibles de subir son ire. __–Mais revenons sur le frêle Japonais. __–Il ne lui manquait que les lunettes pour être le parfait petit premier de la classe, engeance qui insupportait Karen par sa seule existence et qu’elle avait pris l’habitude d’ignorer au mieux, de leur piquer leur goûter au pire. __–Alors qu’elle l’observait se diriger vers la salle d’étude, Karen n’avait, en vérité, rien ressenti de particulier contre lui : mais elle avait laissé son esprit divaguer quelques instants à la sortie des cours alors qu’elle rangeait ses propres affaires, avait alors remarqué qu’il n’y avait aucun garçon musclé pour lui proposer de porter son sac, aucun membre du club de journalisme venant lui demander son avis sur le prochain sujet de sa feuille de chou, aucune membre de l’équipe de cheerleading venir s’entretenir avec elle de la date du prochain entraînement, aucune assemblée de filles suspendues à la moindre de ses paroles qui n’attendait que son signal pour qu’elles allassent faire ce que font les jeunes starlettes du secondaire. En lieu et place de sa cour d’admirateurs plus que d’amis dont elle avait l’habitude, le silence et l’indifférence. Elle qui n’avait jamais déménagé et toujours fréquenté la même école que l’ensemble de ses connaissances découvrait ce scénario qu’elle connaissait bien par les séries : celle du personnage qui vient d’arriver dans un nouvel établissement et a du mal à s’intégrer. Ce qui était tout bonnement scandaleux. Elle, avoir du mal à s’intégrer ? C’était un comble. __–Ce sentiment de solitude, de mal du pays, de regret et de désespoir s’était vite mué en colère. __–Lui allait prendre cher pour tout le reste. __–Et en plus, il n’avait même pas la délicatesse de remarquer qu’elle venait d’entrer dans la salle où il était. Ce petit minable, qui jamais n’aurait pu espérer qu’une fille aussi belle et intelligente qu’elle ne l’approchât, se payait le luxe de l’ignorer. __–Aussi ne manqua-t-elle pas de taper du poing sur la table pour le réveiller de son travail. __–« Hé toi là, le p’tit boutonneux. Qu’est-ce tu branles ? Pourquoi tu m’regardes comme ça ? » __–Et sans attendre sa réponse – comme si elle pouvait l’intéresser –, elle lui arracha son cahier et le regarda d’un air distrait. __–« C’est à ça que ça ressemble, ta langue, le Chinois ? À des petits dessins à la con ? » Toute la direction tient à présenter ses excuses pour ce que vous venez de lire. Couleur : #576d17 Écriture standard : le Narrateur italique : Karen Courier New : le pouvoir sensitif Merci à Minoru / Eelis de l'Esquisse pour l'avatar aux jumeaux et celui aux éclairs ! Dernière édition par Karen Chandler le Jeu 28 Juil 2022 - 20:54, édité 1 fois |
## Mar 19 Juil 2022 - 11:41 | ||
Minoru Saikawa Messages : 163 Date d'inscription : 13/06/2022 Age : 18 | Minoru n’avait, de toute sa vie, jamais vraiment été confronté à quelque chose qu’il avait pu clairement établir comme de la méchanceté. En revanche, il avait appris à s’en vouloir dès lors que quelqu’un paraissait froissé, quand bien même il n’en comprenait pas vraiment la raison, et ce d’autant plus si il s’agissait d’une fille qui lui reprochait un regard qu’elle jugeait - visiblement - inapproprié. Cela sous-entendait beaucoup trop de choses pour ne pas qu’il se sente incroyablement gêné et ait envie de la supplier pour son pardon. « Je suis vraiment dés… » Avant même qu’il n’ait le temps de baragouiner la moindre excuse, elle lui avait pris son cahier. Plutôt que de se dire qu’il devait être outré de voir une inconnue lui manquer à ce point de respect, il s’inventa assez d’explications pour la légitimer, à commencer par la carte de la différence de la culture : il était sans doute normal pour un Occidental de faire ça quand il était intrigué. Et puis, si ce n’était pas ça, il l’avait apparemment offensée, alors il n’avait pas à réclamer un respect auquel il avait lui-même failli. Sûrement qu’elle lui rendrait son cahier lorsqu’elle aurait eu une réponse à sa question : « C’-C’est du japonais. Bien que les kanjis soient issus du chinois, ils se lisent très différemment… Leur forme ressemble effectivement parfois à des dessins de ce qu’ils représentent, mais leur écriture est très précise… Aussi, les caractères plus simples sont des kanas, une écriture dérivée des kanjis… » De peur de susciter à nouveau son ire, il ne la regardait toujours pas, et se contentait à la place de fixer la table, le visage contrit et le corps raidi, en baragouinant ses explications. Qu’il n’aurait sans doute pas le temps de terminer. |
## Jeu 21 Juil 2022 - 9:04 | ||
Karen Chandler Messages : 253 Date d'inscription : 14/07/2022 | __–En effet, au milieu d’une phrase, Karen, qui avait au préalable roulé son cahier, l’interrompit par une tape sur la tête. Assez forte pour provoquer une douleur, mais pas assez pour qu’elle ne s’estompât en quelques instants. Tout de même, elle n’allait pas tout de suite le tabasser. Voyez la scène comme un chat s’amusant d’une souris : casser son jouet est la dernière chose que l’animal fait, quand ses trémolos et ses agitations de panique ont épuisé leur capital de divertissement pour l’émettre que de l’ennui. __–« Parce que tu crois que j’en ai quelque chose à foutre, le Chinois ? Ça t’dirait de fermer ta gueule quand j’parle ? » __–Elle rouvrit le cahier. C’était une très belle calligraphie. Trop belle, assurément. Sans départir son attention du jeune garçon, mais en faisant mine de ne s’intéresser à lui que distraitement, Karen se déplaça à travers la pièce, singeant en quelques sorte une maîtresse qui regarderait le cahier d’un élève. __–« C’est pas des lettres ça p’tite tête, ce sont des dessins… Et je sais pas si c’est très bien de gribouiller des dessins partout sur son cahier, il faut plutôt prendre des notes, c’est pas bien… Tu sais quoi, je vais te rendre service. » __–Elle s’adossa contre le bureau du professeur et le regarda, cette fois-ci droit dans les yeux. __–« Ce serait dommage qu’un prof voie que tu fais des gribouillages de gamin à la place d’écouter son cours. » __–Karen plaça sa main à la base de la feuille, non sans continuer à observer sa victime. __–« J’vais les enlever pour toi. » __–Et elle arracha la page d’un coup sec, la roula en boule et la balança à la poubelle. Non sans un sourire pour le moins pervers, alors que l’expression du Japonais se décomposait devant elle. Karen appréciait tout particulièrement de s’en prendre aux notes de ses victimes. Histoire de creuser l’écart : elle n’aurait su tolérer que qui que ce soit d’autre qu’elle fût parmi les premiers de la classe. Bien sûr, elle avait très vite compris que cela n’allait pas être possible à Terrae : tout d’abord parce qu’elle avait eu de la chance de ne pas tomber sur un des rares élèves de l’institut à ne pas être doté de pouvoirs, ensuite parce qu’elle n’avait jamais fait quelque effort que ce soit pour apprendre des langues étrangères et, à ce titre, était tout à fait perdue lors des cours de ces matières. __–Se venger sur ce Japonais infortuné était donc doublement adapté. __–« Oh ben zut alors, il y en a plein sur cette page aussi… Pas le choix, je dois la retirer, mais c’est ta faute aussi, si tu écrivais normalement… » Couleur : #576d17 Écriture standard : le Narrateur italique : Karen Courier New : le pouvoir sensitif Merci à Minoru / Eelis de l'Esquisse pour l'avatar aux jumeaux et celui aux éclairs ! |
## Ven 22 Juil 2022 - 4:58 | ||
Minoru Saikawa Messages : 163 Date d'inscription : 13/06/2022 Age : 18 | Hic. Ce coup sur la tête était déjà ce qu’il avait connu de plus violent dans sa vie. Il ne fut pourtant que le début d’une série d’actions qui générèrent, d’abord, l’incompréhension la plus totale, tant qu’il tentait encore de comprendre ce qu’il avait fait de mal ou quelle erreur de traduction avait pu provoquer une telle réaction, puis, alors qu’elle faisait échouer toutes ses tentatives de justification, une… nouvelle émotion, qu’il mit un peu de temps à reconnaître. Son cœur avait commencé à tambouriner et ses jambes à trembler, mais sans cette chaleur qui lui étouffait le visage - comme le faisait toujours la honte. Il avait envie de fuir et pourtant restait cette place, mais ce n’était pas en anticipation de la confrontation avec l’échec. Ce n’était même pas non plus une crainte pour son travail, qu’il avait sans doute assez lu chaque soir pour pouvoir le réécrire. Ce n’était pas utilitaire. Ce n’était pas tourné vers l’avenir, ni vers une perception qu’on pourrait avoir. C’était elle. Ses pas et ses mots qui lui claquaient au nez. Son emprise sur le fruit de ses efforts, sa maîtrise et sa cruauté. Minoru découvrait la peur dans ses plus simples atours. Une peur instinctive, brute, directe, plus imprévisible que toutes celles qu’il avait apprises. Une peur personnelle, aussi, peut-être même égoïste. Une peur contre laquelle il essaya, mécaniquement, de lutter. Pour ne pas se laisser déborder. Pour rester exemplaire, même face à celle qui avait cassé toutes les règles. Pour s’accrocher aux réactions qu’il avait apprises et ne jamais découvrir ce qu’il pourrait être d’autre. En se mordant les lèvres, il se leva. Silencieusement, tête baissée, il avança. D’abord vers elle. Puis bifurqua. Vers la poubelle. Il se baissa doucement, ramassa la petite boule couverte de mots. Il connaissait bien cette page. La prochaine qu’elle arracherait aussi. Il les réécrirait toutes. Il pouvait faire ça. Il pouvait juste faire ça. Quand il se redressa pour croiser le regard de Karen, il eut une nouvelle bouffée de panique. Il savait déjà qu’il la fuirait sans faire justice ni faire ployer. Devant elle, il s’inclina comme il aurait dû s’incliner envers un aîné, puis lui demanda humblement : « J-je suis vraiment désolé si je vous ai énervée… Si cela ne vous dérange pas, est-ce que vous pourriez me le rendre ? » Il se savait trop faible pour faire quoi que ce soit si elle disait non. Il savait qu’alors, il se contenterait de partir, en lui souhaitant une bonne fin de journée, et qu’ensuite il ne dirait rien à personne pour ne pas aggraver le problème. Il savait que ça ne pouvait finir que comme ça, avec lui. Il le savait parce qu’il voulait voir cette fin prévisible et refuser toutes les autres. Celles dont il avait bien plus peur que de Karen. |
## Ven 22 Juil 2022 - 5:42 | ||
Karen Chandler Messages : 253 Date d'inscription : 14/07/2022 | __–En vérité, cette petite lavette qui rampait à ses pieds en quête de son pardon avait fini par amuser Karen. Plus que de sa détresse, c’était de son obséquiosité qu’elle se repaissait désormais. Il y avait peut-être un peu plus à faire de lui qu’un souffre-douleur. Pas sensiblement plus, mais quand on rencontre quelqu’un qui étale autant sa servilité, c’est presque péché de ne pas en tirer profit. __–Aussi, ayant déjà fini de s’en intéresser, Karen lança le carnet avec désinvolture, qui s’échoua à quelques mètres le cela, pour se rapprocher du petit Japonais et l’attraper alors qu’il relevait sa tête, sans la moindre douceur. Elle tenait sa tête sous son bras et se mit à lui frictionner les cheveux de sa paume libre. __–« Ben alors la p’tite tête de Chinois, j’te fais peur ? Mais ’faut pas hein, moi j’veux juste t’aider, j’suis ta copine t’es mon copain, pas vrai ? Hmm ? Ou alors peut-être que tu m’aimes pas, que t’as pas envie qu’on soit pote, c’est ça que tu m’expliques ? C’est ça que t’as envie de me dire ? Nan j’crois pas hein. » __–Et pour éviter qu’il ne s’échappât, elle serra plus le bras contre le cou de l’infortuné, ce qui le maintenait dans la position inclinée qu’il semblait affectionner. __–« Puis tu sais, les copains ça prend soin les uns des autres, pas vrai ? T’en fais pas p’tit bonhomme, j’vais prendre soin de toi, y’a maman Karen qui est là. Par contre, si tu veux vraiment t’excuser il va falloir que tu fasses quelque chose pour moi, tu captes ? Ça percute là-dedans ? » __–Elle lui tapa le sommet du crâne avec son poing fermé, faisant résonner ses phalanges sur son crâne. __–« Déjà comment tu t’appelles ? Vas-y crache et, me sors pas un de tes trucs incompréhensible de jaune, d’accord ? Un vrai nom, pas un truc qui ressemble à un meuble Ikea ou je sais pas quoi là. Et puis tu sais ce qui serait super ? Ce serait que t’ailles me chercher à bouffer. » __–Karen relâcha sa prise, mais uniquement pour mieux affermir celle sur le cahier de Minoru. __–« Allez t’attends quoi ? V’vais garder tes affaires, t’en fais pas, ce serait dommage qu’on te les pique. Et ramène pas de prof surtout, ce serait dommage, y’a une bonne ambiance là, on est entre copains, juste nous deux, ça ferait chier qu’un connard se pointe niquer tout ça, tu crois pas ? » Couleur : #576d17 Écriture standard : le Narrateur italique : Karen Courier New : le pouvoir sensitif Merci à Minoru / Eelis de l'Esquisse pour l'avatar aux jumeaux et celui aux éclairs ! |
## Mer 27 Juil 2022 - 7:39 | ||
Minoru Saikawa Messages : 163 Date d'inscription : 13/06/2022 Age : 18 | Même si c’était la seconde fois, Minoru n’était pas plus habitué à une invasion soudaine de son espace vital. C’est à peine s’il eut le temps d’entendre l’inquiétant contact entre son carnet et le sol avant d’être - violemment pour lui - assailli, empoigné et secoué par quelqu’un dont il n’oserait pas lui-même s’approcher à moins de deux mètres. Le débit de parole de son interlocutrice, qui ne lui laissait ni le temps d’en caser une, ni de réfléchir à ce qu’il se passait, rajoutait une couche à sa confusion. À nouveau, il avait peur. À nouveau, il essaya de se focaliser sur ce qu’il pouvait dire et faire pour améliorer la situation ou la fuir, pour échapper à l’entrave de Karen sans lui donner la mauvaise impression. Elle voulait à manger ? Si c’était suffisant, pourquoi pas ? Il avait de l’argent sur lui, il pouvait trouver un distributeur du rez-de-chaussée, et il pouvait lui ramener. Ce ne serait pas juste, mais ce serait poli aux yeux de tout le monde, donc c’était ce qu’il était bien de faire. Même s’il devait recommencer le lendemain et le surlendemain. Même s’il devait se forcer à croire qu’elle était son amie. Même s’il devait lui montrer à quel point il était serviable. Convaincu par sa pensée, ou plutôt tentant de s’en convaincre, il profita de pouvoir souffler - et donc recouvrer une grande partie de son attention - pour bégayer une réponse. D’abord à son nom : « C’est… Saikawa. » Il avait peur que son nom soit « un truc incompréhensible de jaune » ou « un meuble Ikea », mais il n’en avait pas d’autre, et n’avait pas assez parlé à des occidentaux sans leur traducteur pour avoir une idée claire de ce qu’ils avaient des difficultés à prononcer. Pour ne pas être interrompu, il enchaîna : « D’accord… Je vais chercher ça tout de suite… » Avec un empressement résigné, il quitta la pièce. Dans les pas qui l’en éloignèrent, il commença à raisonner. Faire le point sur ce qui se passait - comme il ne pouvait le faire que lorsqu’il n’y avait plus personne. Il savait qu’il n’allait peut-être pas récupérer le fruit de ses efforts. Qu’elle allait enchaîner les demandes. Trouver une autre chose à lui voler, une autre peur pour l’obliger. Briser d’autres règles, peu importe à quel point il s’évertuait à toutes les honorer. Il savait aussi que c’était le moment idéal pour appeler un professeur, mais qu’il craindrait trop de le faire, et qu’elle le savait. Il savait. Mais il avait décidé. Qu’il n’avait pas à se soucier de récupérer quoi que ce soit. Ni d’être juste. Il avait décidé. Et fait le bon choix. Un choix raisonné. Et respectable. Ces mots auraient dû suffire à tout effacer. À gommer ce qui dépassait, pour ne laisser qu’une réaction adaptée, mesurée, proportionnée. Il ne pouvait pas être dégoûté. Pas être en colère. Pas être déchiré par l’envie de frapper Karen si elle osait encore s’approcher de lui. Pas anticiper avec soulagement l’idée d’appeler un professeur et de la voir contrainte de le laisser tranquille. Tout écart qui persisterait serait une faute. Un manquement. Plus ses pas le rapprochaient du distributeur, plus ils l’amenaient vers une lutte interne. Face à un miroir dans lequel il trouvait laid tout ce qu’il lui présentait. Il pouvait y voir ses traits se tirer, ses poings se serrer, ses joues retenir des larmes de frustration. Y entendre des raisonnements qu’il ne devait pas tenir, des phrases qu’il ne devait pas prononcer. Y toucher une surface qui ne faisait que se dérober dès qu’il essayait de la frapper. Ce miroir déjà mis en pièce par le Vide, Minoru n’avait pas d’outil pour le réparer, ni d’arme pour le confronter. Tout au plus, il avait essayé de le recouvrir d’un voile ballotté par le moindre courant d’air. Ça ne tiendrait pas. Mais pour qui s’entrevoir était insupportable, même les observations les plus simples étaient impossibles. De sa fragilité évidente, il ne parvenait à tirer que les certitudes bancales qui précipiteraient son éclatement. Sans doute était-ce là une étape nécessaire. Sans doute devait-il revenir une dernière fois vers Karen, convaincu qu’il venait de prendre la pause qui lui permettrait de lui tenir tête, pour pleinement admettre qu’il pourrait bien en prendre cent sans qu’aucune ne suffisse et comprendre que taire le ressentiment le faisait seulement crier plus fort. Puisque je dois attendre encore un peu, passons à la suite. Minoru avait oublié de demander à Karen ce qu’elle voulait. N’importe qui ayant été envoyé accomplir une corvée par une quasi-inconnue qui se payait sa tête serait allé au choix le plus simple ou le moins onéreux. Il avait fait le contraire, en essayant de réfléchir sérieusement à ce qui pourrait faire plaisir à une occidentale visiblement peu accoutumée à la culture japonaise, à une heure où elle avait probablement déjà mangé. Comme il n’en avait aucune idée et que les choix étaient de toute façon relativement limités, il opta pour une soupe, un plat qu’il pensait assez léger pour l’estomac et relativement universel à la langue. Une valeur sûre, à laquelle il ajouta tout de même un fruit pour s’en assurer. Au moment de revenir vers la salle de classe, il avait déjà balayé les traces de son égarement. Le temps avait dû paraître long à Karen, mais elle pouvait au moins deviner qu’il ne l’avait pas pris pour aller trouver un professeur et qu’il était bien toujours le larbin docile qu’elle avait envoyé quérir un casse-dalle. Sitôt entré, il posa son offrande sur une table, puis - se sentant obligé de commenter - il prit quelques secondes pour trouver ses mots. « C’est le mieux que j’ai pu trouver. J’espère que ça vous conviendra. » marmonna-t-il finalement, tête baissée. Il ne savait pas si continuer à utiliser un ton formel était approprié, mais préférait malgré tout le maintenir, sachant qu’il ignorait encore si la traduction était fiable au point de retranscrire fidèlement le registre relativement familier de Karen… et surtout se cherchait une bonne excuse pour éviter de lui reprocher un manque de respect qu’il avait par ailleurs déjà mille raisons de lui attribuer. Ça ne tiendrait pas. Preuve en était, il regardait du coin de l’œil ce carnet dont il allait bientôt s’avouer qu’il avait en réalité la ferme intention de le récupérer.
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## Jeu 28 Juil 2022 - 21:06 | ||
Karen Chandler Messages : 253 Date d'inscription : 14/07/2022 | __–Karen eut une moue désapprobatrice. Ce nom, ou prénom, en tout cas ce mot, ce son, n’était pas très chrétien. __–« Allez, voilà que tu te remets à m’cracher d’la merde… Nan, j’vais plutôt t’appeler, fais voir ta tronche – elle lui saisit le menton pour tourner son visage de force vers le sien. T’as une tête de Todd un peu. Voilà, j’vais t’appeler Todd, ça te va mieux nan ? Puis ça au moins c’est un vrai prénom, pas juste des syllabes que t’as collé ensemble au pif du cul. » __–Mais ceci mis à part, au moins le jeune homme était-il serviable. Alors qu’il était parti en quête de nourriture, Karen s’intéressa au reste des affaires de, hé bien, Todd. Il n’y avait rien de particulièrement intéressant dans son sac. Des affaires de classe banales, d’autres cahiers et livres remplis de petits dessins, une feuille avec des conseils de santé, rien qui valait la peine d’être saisi et inspecté plus longuement. __–Enfin, il revint. Karen observa ce qu’il lui avait apporté avec un air condescendant. Une soupe et une pomme. Rien de très excitant, mais elle avait constaté bien vite que les gens de ce pays mangeaient n’importe quoi. On trouvait bien autre chose que de la nourriture japonaise ; des plats venant de partout à travers le monde, mais cela voulait dire se faire présenter de la cuisine indienne, chinoise ou pire : européenne. Elle aurait tué pour un Arby’s. __–« C’est pas trop mal mais ’faudra que je t’éduque un peu à la vraie bouffe mon p’tit Todd, t’aurais pu me ramener, je sais pas moi, un cornet de frites. » __–Dans l’ensemble, c’était assez fade. Mais Karen ne lui avait pas donné cet ordre parce qu’elle avait faim. Après quelques gorgées, elle laissa la soupe là sur la table – quelqu’un d’autre se chargerait de la débarrasser –, mit la pomme dans son sac, laissa son sbire récupérer ses biens, puis revint vers lui pour initier un nouveau contact physique, sous la forme d’un bras passé par dessus son épaule, de quoi le maintenir collé à elle contre son gré. __–« Alors p’tite tête, on part pas tout de suite, si ? Ça te botte on va faire connaissance ailleurs ? S’prendre, je sais pas moi, une p’tite bouteille et mettre un peu de musique ? J’suis sûr que t’écoutes que des merdes qui font ching chang chong mais t’en fais pas, y’a ta pote Karen qu’est là pour te faire découvrir tout un tas de trucs super. Tiens puis, pour me r’mercier tu pourrais porter mon sac, t’en penses quoi ? » __–Ledit sac, à bandoulière, n’était pas très lourd. Même ce poids plume ne s’effondrerait pas sous lui. __–On peut se demander pourquoi Karen accordait-elle un instant de plus de sa précieuse attention à ce gringalet. La vérité, déjà exposée plus haut, était que Karen était seule et ne supportait pas cet état de fait. Si leur rencontre devait s’arrêter là, elle serait allée courir un peu, puis serait retournée aux dortoirs se mettre une vidéo Youtube sur son lit et n’aurait plus eu qu’à attendre, passer le temps, ne rien faire jusqu’à ce que quelque chose d’intéressant daignât enfin arriver dans sa vie. Traîner dehors avec Todd, ou peu importe quel était son véritable nom, n’était qu’une pâle copie, un palliatif insignifiant et risible de sa vie sociale d’avant ; un succédané aussi minable que le jeune Saikawa l’était lui-même. __–Mais plus personne n’était là pour la voir ainsi traîner avec les freaks de la classe et se foutre de sa gueule. __–C’était bien le problème. Couleur : #576d17 Écriture standard : le Narrateur italique : Karen Courier New : le pouvoir sensitif Merci à Minoru / Eelis de l'Esquisse pour l'avatar aux jumeaux et celui aux éclairs ! |
## Ven 29 Juil 2022 - 4:38 | ||
Minoru Saikawa Messages : 163 Date d'inscription : 13/06/2022 Age : 18 | Quand il entendit de nouveau la voix de Karen, il se sentit piqué dans ses résolutions. Comme si ce court intermède avait trop relativisé le problème et que celui-ci se rappelait douloureusement à lui. Et pourtant. Plutôt que du dégoût, il y trouva presque du réconfort. Elle avait bu - certes à peine, et certes après avoir réclamé autre chose - ce qu’il avait pris le temps de choisir. Elle avait accepté le fruit. Il avait pu récupérer toutes ses affaires, y compris le carnet qu’elle avait menacé de lui arracher page par page. Il avait abandonné avant même d’avoir combattu, elle lui donnait l’impression d’avoir gagné. Sa crainte adoucie, il se sentit - en surface seulement - si soulagé qu’il pouvait en ignorer tous les précédents. Ignorer la page arrachée. Ignorer les accolades sauvages. Ignorer qu’elle l’avait appelée Todd. Ignorer le fait qu’il se réjouissait qu’elle n’ait pas refusé en bloc ce qu’il avait de toute façon payé avec son propre argent après un vulgaire chantage. Ignorer, basiquement, tout ce qui s’était passé, jusqu’à pouvoir se figurer Karen comme la personne amicale qu’elle prétendait être. Un voile de plus par-dessus le miroir. Malgré cette rationalisation impromptue, Minoru ne devrait pourtant plus avoir aucune raison de rester avec Kaoren. La vérité, déjà suggérée plus haut, était que Minoru était seul et ne supportait qu’à moitié cet état de fait. Si leur rencontre devait s’arrêter là, il aurait pris le soin de recoller sa page manquante, puis serait retourné aux dortoirs s’enfiler un livre sur son lit et n’aurait plus eu qu’à attendre, passer le temps, ne rien faire jusqu’à ce que quelque chose de différent daignât enfin arriver dans sa vie. La blonde agitait sous ses yeux un tas de possibilités qui l’effrayaient autant qu’elles l’attiraient secrètement. Discuter, écouter de la musique, boire du soda (…), découvrir « tout un tas de trucs super » ; la banalité de la vie d’adolescent représentait, pour un Minoru qui n’avait jamais connu que celle d’écolier, un inconnu duquel il n’avait jamais pu s’approcher. Dont on ne l’avait jamais laissé s’approcher. Et qu’il pouvait saisir, maintenant, au moment où il se sentait plus seul que tout, dans un moment qui paraissait trop éblouissant pour qu’il en remarque le caractère profondément ironique. Parce que l’émotion était soudaine et des plus inattendues, il exprima de façon tout aussi inattendue : « Oui ! » s’exclama-t-il, deux tons au-delà de ce dont il avait l’habitude, le visage illuminé. Aussitôt, se rendant compte de son dérapage, il baissa à nouveau la tête et détourna les yeux, le visage légèrement rougissant. « En… enfin, si cela ne vous dérange pas, j’aimerais bien participer... On peut trouver des boissons au rez-de-chaussée, je crois… » Il attrapa le sac de Karen, dont il prit soin de vérifier qu’il le maintenait bien. Puisqu’il ne connaissait pas assez l’amitié pour connaître la différence entre un pote et un petit chien avec lequel on se divertit, et parce qu’il aurait de toute façon trouvé mille raisons de l’accepter même en la connaissant, c’était une charge qui lui semblait tout à fait normale. Tout comme il lui semblerait normal de payer les boissons et de faire tout ce que Karen pourrait lui demander sans même daigner utiliser son vrai nom. Il y avait là aussi une limite au-delà de laquelle même Minoru cèderait, mais elle était, du fait de sa naïveté et de son engouement, bien plus lointaine et facile à piétiner. C’était bien le problème. |
## Sam 30 Juil 2022 - 23:02 | ||
Karen Chandler Messages : 253 Date d'inscription : 14/07/2022 | __–Un petit chien avec lequel on se divertit, aurait été un qualificatif correct pour dénommer ce que le jeune Saikawa était aux yeux de Karen. À une différence près mais néanmoins notable : on ne demandait pas aux chiens d’être des domestiques. __–« Alors par contre p’tite tête si tu veux être mon pote ’va falloir commencer par causer proprement, hmm ? Pète un coup quoi là c’est plus possible. » __–Non, vraiment, il était aux antipodes du compagnon idéal. Frêle de corps comme d’esprit, aussi imberbe qu’il était innocent, n’avait pas le bon goût d’être Blanc… La seule qualité qu’il avait, en vérité, était qu’il était là et que c’était bien le seul. __–« Puis naaan, j’connais un endroit où on pourra trouver des trucs un peu mieux à boire. On va vers le village, suis-moi. » __–C’était vraiment la misère. Plus elle marchait avec son petit Japonais de compagnie, plus Karen trouvait la situation tout à fait détestable. Qu’elle fut réduite à forcer la main d’un inconnu sans intérêt pour avoir de la compagnie, tous ceux qu’elle avait connu en Caroline du Nord se riraient d’elle s’ils savaient. __–« Là ’faut refaire toute ton éducation mon p’tit Todd, y’a pas que les cours dans la vie.. T’écoutes quoi comme musique ? Nan me dis pas, à tous les coups c’est de la merde. Elle sortit une enceinte et se mit à diffuser du Johnny Cash. Savoure, c’est le meilleur truc que t’entendras de toute ta vie. » __–Mais toutes les moqueries qu’elle aurait pu subir de la part de ses anciennes connaissances n’étaient que purement hypothétiques, et pour cause : jamais plus elle ne les reverrait. Ce qu’ils pourraient dire n’allait jamais exister que dans les angoisses de Karen. Elle était morte pour eux et ils étaient des étrangers pour elle ; des étrangers hostiles. En fait, le pire qu’elle pouvait entendre comme remarques déplaisantes sur sa situation actuelle, venait de ses propres pensées. __–Bref, sur ces entrefaites et joyeuses considérations, nous arrivons devant le bar de Terrae et il est temps de laisser la parole à ma consœur quelques instants. __–Quoi, c’est moi ta consœur ? Ah bah mon cochon, il manquait plus que ça. Enfin bref, je sais pas qui sont ces deux mineurs qui papotent devant l’entrée là, mais s’ils veulent entrer, ouais y’a pas de problèmes, juste ce sera coca ou diabolo et puis c’est marre. Oh, ce ne seront pas les premiers écoliers à venir, ce qui est justement ce pourquoi j’ai un gros panneau derrière le comptoir qui signale bien qu’on ne sert pas d’alcool et de chicha aux mineurs et que les papiers d’identité peuvent être demandés. En soi, rien de choquant donc, je sais pas pourquoi vous me demandez de faire un caméo, c’est juste une aprem banale. __–Sur ce je vous laisse, y’en a qui bossent. Katsuyo est en terrasse, je suis au comptoir… Y’a pas mal de monde ce soir, c’est bien actif et mon attention est bien plus focalisée sur les clients que ceux qui traînent dehors. __–Après quelques instants d’observation, Karen se tourna vers son compagnon : __–« Okay Todd alors écoute bien le plan. Tu vas entrer et demander… j’en sais rien je m’en fous en fait, commande un truc okay ? N’importe, ce que tu veux. Puis tu sors et m’attends en terrasse, compris ? J’vais faire un truc et je te rejoins, on fait comme ça ? » __–la question était bien sûr rhétorique. N’ayant aucune confiance dans la solidarité que le petit Saikawa pouvait avoir à son égard, Karen ne lui avait bien entendu pas révélé son plan, qui était de profiter de la distraction pour s’infiltrer derrière le comptoir et piquer une bouteille. Un coup classique, déjà fait plusieurs fois. C’est à ce moment là que l’absence de sac en bandoulière allait se retrouver utile, pour ne pas limiter son agilité. __–Et comme elle méprisait également l’intelligence de Todd, Karen n’estimait pas qu’il eût pu deviner de quoi il en retournait. Couleur : #576d17 Écriture standard : le Narrateur italique : Karen Courier New : le pouvoir sensitif Merci à Minoru / Eelis de l'Esquisse pour l'avatar aux jumeaux et celui aux éclairs ! |
## Mer 3 Aoû 2022 - 6:20 | ||
Minoru Saikawa Messages : 163 Date d'inscription : 13/06/2022 Age : 18 | Minoru n’était pas dénué d’intelligence. Cependant, pour ce qui relevait des relations sociales, Karen avait raison de le croire assez bête pour se jeter dans tous ses pièges. Pendant que la jeune blonde était occupée à déplorer sa situation, son « Todd » était occupé à essayer de comprendre tout ce qu’elle essayait de lui transmettre. Tout reproche qu’elle eut pu lui faire pour asseoir sa supériorité, il s’évertuait à la voir en critique constructive et en attente qu’il devait remplir. Causer proprement. Boire des trucs mieux. Et surtout, écouter la meilleure musique. Il avait libéré quelques instants son oreille de la traduction automatique, pour mieux laisser la country y rentrer. Un style qui, en soi, ne lui évoquait pas grand chose, mais Minoru ne fonctionnait de toute façon pas comme ça : si Karen disait que c’était bien, il l’apprécierait pour lui faire plaisir. « C’est… » Par contre, il n’avait aucune idée de comment apprécier une musique. Quoi y trouver. Quels mots utiliser. Tout ce qu’il connaissait, après tout, c’était l’hymne de ses différentes écoles, quelques musiques classiques étudiées et pratiquées en cours, et quelques bruits blancs qu’il s’était mis pour étudier de temps à autre. Il ne s'était jamais demandé si et comment il les appréciait. Il essaya ainsi d’improviser quelque chose qui pourrait ressembler à ce que Karen disait lorsqu’elle parlait de choses qu’elle appréciait, et qui collait au rythme général de la mélodie : « Ça donne une bonne ambiance. » marmonna-t-il. Il se sentit ridicule juste après, mais ils étaient de toute façon arrivés devant le bar. Déjà qu’il était peu sorti de l’institut lui-même depuis son arrivée, il n’aurait jamais pensé approcher le bar de Terrae, un type de bâtiment avec lequel il n’avait - en général - presque aucune expérience. Il y était allé deux… une fois peut-être. En suivant ses parents. Est-ce qu’ils pouvaient vraiment y entrer comme ça, alors qu’ils étaient mineurs ? Karen avait l’air sûre d’elle, alors probablement. « D… d’accord… On fait comme ça. » Il avait encore essayé de répéter ce qu’elle disait pour lui paraître plus sympathique, mais il le faisait avec le naturel de quelqu’un qui essayait de parler une langue dont il n’avait appris que quelques phrases à l’arrache dans un guide touristique. Soit aucun, précisément. Et parce qu’il était concentré sur sa façon de parler et sur ce qu’il allait bien pouvoir choisir, il ne fit pas vraiment attention à la logique du plan de Karen - non pas qu’il aurait pu aller plus loin que trouver son attitude étrange. Conformément à sa demande, il passa la porte du bar. Pour se retrouver dans une salle encore plus remplie que ce qu’en suggéraient les bruits extérieurs. La foule elle-même ne le déstabilisait pas vraiment - c’était son quotidien en tant que lycéen habitant en grande ville - mais le brouhaha qu’elle générait, lui, avait de quoi le rendre confus. Il essaya de repérer rapidement le comptoir, duquel il s’approcha en veillant à ne bousculer personne. La carte était, évidemment, envahie de mots qu’il ne connaissait pas, à commencer par la « chicha » qui lui était expressément interdite, mais dont il ignorait totalement la nature. Pour ne pas risquer d’en commander par erreur en mentionnant une boisson qui semblait populaire, il choisit de se rabattre sur une valeur sûre. Karen était américaine. Le Coca-Cola aussi. Une boisson de son pays aurait plus de chances de ressembler à la « vraie bouffe » qu’elle avait regretté plus tôt, et elle serait peut-être contente s’il lui en achetait. Il n’avait de l’argent pour n’en prendre qu’un, mais puisqu’il n’était pas très à l’aise avec le soda et s’était convaincu facilement qu’il n’avait pas si soif de toute façon, il se contenterait de la regarder boire, et d’acheter ainsi sa compagnie. « Bonjour… Excusez-moi… bredouilla-t-il, jusqu’à réussir à attirer l’attention de la tenancière. J’aimerais commander un Coca-Cola, s’il vous plaît… » Il osait à peine la regarder. Déjà parce qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il faisait là et se sentait trop dépaysé pour exhiber la moindre confiance. Mais aussi parce qu’elle avait un bras si singulier qu’il se savait trop intrigué pour ne pas le fixer. Est-ce que les pouvoirs pouvaient faire ça aussi ? Est-ce qu’elle s’était coupée le bras dans son bar, à Terrae, ou avant de venir ? Est-ce que ça faisait mal ? Comme avec Chrys, il se sentait trop intimidé pour demander, sachant bien que ce genre de choses était indiscrète. Dans cette posture qui pourrait difficilement mieux exprimer le malaise, il tendit sa monnaie. Se prépara à sortir ses papiers d’identité, et même une longue justification sur sa présence ici, au cas où. Se détendit un peu lorsque la barmaid accepta sa commande. Pas au point de paraître à l'aise, mais juste assez pour transporter la bouteille en verre sans bêtement la faire glisser jusqu’au sol, et même survivre à son trajet jusqu’à la terrasse. De là, il trouva une petite table relativement excentrée, celle qui semblait la moins bruyante. Il y posa la boisson, puis la fit glisser vers la chaise en face de lui, celle-là même sur laquelle il accrocha, avec tout autant de soin, la sacoche de Karen. En attendant qu’elle le rejoigne, il ne trouvait que son reflet en face de lui. Aimait-il ce qui commençait à s’y dessiner ? Bien sûr que non. Il était trop entouré d’éclats pour ne pas se sentir encore plus misérable dans leur ombre. Trop conscient de son malaise pour ignorer que ce qu’il faisait était absurde. Mais, de fait, trop seul pour ne pas attendre avec anxiété qu’elle arrive, quoi qu’elle lui apporte. Même des ennuis.
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## Mer 3 Aoû 2022 - 8:49 | ||
Karen Chandler Messages : 253 Date d'inscription : 14/07/2022 | __–Ça donne une bonne ambiance ? __–Karen lui faisait écouter le pape de la musique country et tout ce qu’il trouvait à dire ? Il serait peu de dire que Karen ne portait aucun crédit aux goûts de son compagnon et, en fait, qu’elle le méprisait au plus haut point, mais elle devait lui reconnaître au moins quelque chose : il ne ratait aucune occasion de s’enfoncer encore plus profondément dans son estime. Mais enfin, si elle devait s’agacer de tout ce qui lui déplaisait chez lui, on en serait encore là dans une semaine. __–Mais revenons au plan de Karen. Todd suivit sa part de manière certes pitoyable, mais bien assez correcte pour fournir une diversion suffisante. Alors qu’il occupait la tenancière à lui demander un coca, Karen, à peine entrée, avait bifurqué vers les toilettes l’air de rien, dont la porte était à côté du comptoir. Puis elle avait fait mine de regarder son téléphone et attendre son tour, lancé un regard discret vers ce à quoi se livrait son compagnon, puis avait profité de l’instant d’inattention créé pour se saisir de ce qu’elle convoitait : une bouteille de whisky. __–Puis, l’air de rien, elle rejoignit son acolyte sur la partie non-fumeur de la terrasse et glissa la bouteille dans son sac à dos à lui. __–« Hop, voilà ça c’est fait. Mate un peu, ça donne envie pas vrai ? On va se la siffler au calme, tu vas voir. Et… P’tain, t’aurais pu prendre un coca pour moi, tu te fais pas chier ça va. Enfin on s’en tape, tu le finis et on s’arrache. J’ai un truc vachement mieux à te faire boire. » __–Ce serait certes du gâchis que de répandre un tel liquide dans la gorge d’un parfait ignorant comme le jeune Saikawa, mais ce serait, en revanche, fort divertissant de le faire boire. Qu’est-ce que cela allait-il révéler de sa personnalité ? Au bout de combien de verres ferait-il un malaise ? Tant de questions. @Luna Vasconcelos __–Oui alors en parlant de questions, j’en ai une moi. Vous croyez sérieusement que je vous ai pas gaulé direct ? Sans déconner, vous pensez que j’ai passé ma jeunesse à faire autre chose que piquer des trucs pas prévus pour mon âge ? Enfin notez, ils m’ont pris du Jack Daniels, je m’en fous un peu, si c’était une bouteille d’écossais hors de prix que je fais importer pour mon public de connaisseur, là je serais aller les voir et les aurais secoué comme des puces, les deux minots. __–Enfin techniquement je devrais quand-même le faire. Et pas plus tard que tout de suite. Ils ont clairement pas l’âge pour ça. __–Bon ben allez alors. Je quitte le comptoir et me plante devant eux. __–« Dites vous deux là, vous seriez pas un peu en train de me prendre pour une conne ? » __–Ah, Karen n’était donc pas aussi discrète qu’elle aimait à le croire. Elle bondit de son siège, lança le sac de Todd dans les mains de celui-ci, attrapa le sien et se mit à courir. __–« Fonce p’tite tête, suis-moi ! » __–Aucun des deux ne connaissait les environs, mais Karen savait qu’il y avait un bois au sud du village. Si elle n’arrivait pas à la perdre entre les commerces, la forêt ferait l’affaire. @Luna Vasconcelos __–Ah non mais, ’font chier, je voulais juste discuter moi… Couleur : #576d17 Écriture standard : le Narrateur italique : Karen Courier New : le pouvoir sensitif Merci à Minoru / Eelis de l'Esquisse pour l'avatar aux jumeaux et celui aux éclairs ! Dernière édition par Karen Chandler le Ven 12 Aoû 2022 - 10:48, édité 2 fois |
## Sam 6 Aoû 2022 - 6:00 | ||
Minoru Saikawa Messages : 163 Date d'inscription : 13/06/2022 Age : 18 | « C-C—c’est le tien… » Le fait que Karen ait pu penser qu’il se serait acheté une boisson pour lui seul mit Minoru si mal à l’aise qu’il lui fallut quelques secondes de plus pour réagir à ce qui aurait dû le faire tiquer en premier. À savoir, le fait que le «truc qu’elle devait faire» pendant qu’il commandait était de ramener une bouteille qui était précisément en vente dans ce bar même où ils venaient d’entrer - et spécifiquement interdite aux personnes de leur âge. Dans cette situation, il avait littéralement le voleur, la possibilité, le mobile et la preuve du crime en face de lui. Et même un antécédent, où il avait clairement vu que Karen pouvait voler les objets de quelqu’un sans ciller. Il ne lui manquait que la victime. Qui venait justement d’arriver. Et de sceller la conclusion. Si cette dernière pièce était restée manquante, il aurait sans doute su combler les blancs. Comprendre la scène comme un malentendu assez gros pour justifier de courir avec elle, vers tout ce qu’elle voulait lui montrer. Où que ça les emmène. Mais ce n’était pas une transgression qui le mettait face à lui-même. C’était une employée, et à travers elle toute l’autorité, qu’il embarrassait, et qui le jugeait pour ce qu’il s’apprêtait à faire. C’était une clientèle, et à travers elle toute une société, qui voyait deux voleurs et qui retiendrait son visage comme celui qui avait fait diversion. C'était Terrae, qui lui renvoyait un image si terrifiante qu'il ne pouvait que s'y plier. Quoi qu'il ait toujours plus envie de la suivre que d'être juste, cette fois, c'était la réalité qui l'obligeait. Dès lors, il n’y avait qu’une suite d’actions possible. Se redresser. Sortir la bouteille de son sac. L’amener à celle qui en était la légitime propriétaire. S’incliner, le plus qu’il pouvait. Et enfin, prendre ses responsabilités. Devant le bar. Et devant tous ceux qu’il avait importuné. « Je suis vraiment désolé. C-ce que j’ai fait est impardonnable. » S’il connaissait par cœur le script, son exécution était mitigée. Le poids qu’il sentait s’écraser sur ses épaules était si lourd qu’il avait failli tomber en se relevant. Si lourd qu’il en avait oublié le nom du coupable, et qu’il aurait été prêt à dire que c’était lui qui avait inventé le plan dans un moment de confusion. Si lourd que, pour peu que quelqu’un hausse la voix, l’adulte qu’il essayait d’être se serait effondré pour laisser place à l’enfant en pleurs qu’il tentait de fuir. Et pourtant, dans un coin de sa tête, il repensait à ses fantaisies les plus légères. Au goût qu’aurait eu cette vie, si il l’avait laissée l’enivrer. Au son qu’aurait joué la musique, si il l’avait laissée le porter. Aux discussions qu’ils auraient juste pu avoir, lors de cette soirée où il aurait enfin fait quelque chose de nouveau. Pour la première fois dans sa vie, Minoru trouva de la tristesse à faire ce qu’on lui avait appris. Même si c’était pour une mauvaise raison.
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## Sam 6 Aoû 2022 - 20:29 | ||
Karen Chandler Messages : 253 Date d'inscription : 14/07/2022 | __–Karen regarda le petit Todd avec une certaine perplexité. Le sien ? Il lui avait acheté un coca, pour elle ? C’était… inattendu. D’aucuns pourraient inférer que la mentalité de Karen, bien trop autocentrée, n’avait pas pu imaginer un seul instant que son compagnon ferait quelque chose pour elle plutôt que pour lui. Ce serait plutôt qu’elle n’imaginait pas qu’il le ferait de son plein gré, sans qu’elle le lui eût demandé expressément. Personne ne faisait ça, surtout pas avec des personnes envers qui la logique la plus élémentaire aurait voulu qu’on éprouvât que de l’animosité. __–Mais qu’est-ce qui pouvait bien passer par la tête du jeune Saikawa. Son caractère était-il à ce point faible, était-il dénué de tout esprit de résistance, même passive, qu’il allait jusqu’à collaborer activement avec la personne qui lui faisait des misères ? Karen avait harcelé son content de freaks, mais jamais des comme lui. __–Ces considérations avaient laissé Karen quelque peu sans voix. Et ce, d’autant plus qu’elle était désormais occupée à siroter son coca. Non sans avoir enlevé la paille en papier il faut le signaler ; énième artefact de gauchistes qui s’en prenaient à tout, même les objets les plus simples comme la bonne vieille paille en plastique, au nom d’un fantasque idéal écologique fabriqué de toute pièce. __–Sans voix, ce fut aussi l’état dans lequel elle se retrouva, quand elle constata après une course rapide que Todd avait refusé de la suivre. Et qu’il tendait la bouteille qu’elle avait volée à l’espèce de hippie crasseuse qui tenait ce bar ! On ne peut plus faire confiance au petit personnel, encore moins quand il est asiatique, vraiment. Profondément irritée d’avoir été ainsi trahie par le petit Saikawa – et en même temps, elle l’aurait encore plus méprisé s’il ne l’avait pas fait –, Karen se dirigea vers l’institut, non sans manquer d’exprimer sa colère sur les touffes d’herbes, fleurs et cailloux qui avaient le malheur de croiser son chemin. __–Bien déterminée à faire comprendre à ce minable que nul n’avait le droit de la doubler de la sorte, elle était résolue à l’attendre à l’entrée des dortoirs et lui expliquer que ce n’était pas ainsi qu’on se comportait avec elle. Couleur : #576d17 Écriture standard : le Narrateur italique : Karen Courier New : le pouvoir sensitif Merci à Minoru / Eelis de l'Esquisse pour l'avatar aux jumeaux et celui aux éclairs ! |
## Sam 6 Aoû 2022 - 20:30 | ||
Luna Vasconcelos Messages : 728 Date d'inscription : 14/06/2020 Emploi/loisirs : Gérante du bar | __–Bon écoutez, au train où vont les choses, j’ai peut-être le droit à mon propre post, vous en pensez quoi, hmm ? On dit qu’on fait comme ça ? Allez. Ouais donc. Il me rend la bouteille. Et sa copine se barre, là. Lui courir après ? Qui ça, moi ? Mais ça va pas la tête ? Courir ? Non mais vous m’avez regardé ? Comme si j’avais que ça à foutre, holà… Bon enfin bref, je redirige mon attention vers le p’tit loup là. __–Y’a un truc qui me chafouine. Il correspond, genre, pas du tout au profil de l’ado un peu insouciant qui a envie de faire une connerie ou se laisse entraîner par une de ses fréquentations. Et je le sais, déjà j’ai été ado moi-même et quand on a traîné avec autant de gens dans sa vie, on sait reconnaître certains profils. Lui me donne l’impression d’être, vous savez, le genre que je fréquentais jamais ; les premiers de la classe, qui jamais font une connerie, jamais dépassent un tant soit peu et sont terrifiés rien qu’à l’idée de faire un truc hors-norme, sans parler d’illégal. Moi qui en ai jamais rien eu à foutre, j’ai jamais compris ces gens, mais en même temps, j’ai jamais fait l’effort de les comprendre. On vivait côte à côte, mais pas dans le même monde. Et là c’est comme si on l’avait sorti de son monde à lui et balancé dans le mien, sans parachute. Puis, clairement, sa pote là, je sais pas si c’en est vraiment une. Y’a qu’à voir l’air outré et ultra vénère qu’elle a eu en voyant qu’il me refilait la bouteille. Déjà un pote serait retourné l’aider. __–Puis merde, il est pratiquement en train de se liquéfier devant moi, là. Ça, euh. Me fait de la peine. Je peux pas le laisser comme ça. __–Je prend la bouteille, me penche, pose ma main – la gauche, tout de même – sur son épaule. __–« Hé bonhomme, déstresse, c’est pas grave, t’as rien fait de mal. Assieds-toi, finis ton coca, je vais ranger ça et j’arrive, d’accord ? J’vais rien te faire t’inquiètes, j’veux juste discuter viteuf si ça t’embête pas. Si tu veux boire autre chose hésite pas, c’est la maison qui offre. » __–Non mais comprenez moi, je peux pas le laisser comme ça. J’ai eu de l’anxiété sociale, un mal du pays tellement épais qu’on aurait pu en tartiner sur du pain, je sais assez bien ce que ça fait d’être super stressé quand on est à Terrae. À de nombreux moments, j’aurais aimé avoir quelqu’un pour m’aider tout en étant persuadée de ne pas le mériter, à de nombreux moments j’ai effectivement rencontré des personnes comme ça qui m’ont sorti de la merde dans ma vie et dans ma tête. Pour une fois que c’est à mon tour de renvoyer l’ascenseur. __–Bref, je retourne mettre la bouteille derrière le comptoir, sers une personne qui attendait, pose un panneau « Je suis occupée, je reviens », fais un signe de main à Katsuyo pour lui faire comprendre que je m’absente quelques instants et retourne auprès du môme. Avec un demi de pression – parce que merde, un moment détente c’est un moment détente. __–« J’m’appelle Luna, toi c’est comment ? T’es nouveau ici, nan ? » __–Et oui j’ai remarqué qu’il ne peut pas trop s’empêcher de fixer mon bras. C’est normal. Je l’ai conçu pour. Mais on est pas là pour parler de moi. __–« Tu veux bien m’expliquer qui c’est cette meuf ? C’est pas ta pote, je me trompe ? » Le bras de Luna : Couleur : #008b8b Merci à Eelis et Néo pour les avatars ! |
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