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Il faut bien commencer quelque part. (avec Karen)
##   Dim 7 Aoû 2022 - 7:16
Minoru Saikawa

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Minoru Saikawa
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Assieds-toi.

Au moment où l’ordre retentit, Minoru recula de deux pas et s’échoua sur la chaise qu’il avait quitté à peine plus tôt, effrayé à l’idée de l’écraser dans sa chute. Ce n’est qu’une fois sorti de sa torpeur qu’il put entendre ce qu’on lui avait dit avant. Et après.

Il n’avait pas l’habitude qu’on soit gentil face à ses erreurs. Ou plutôt, il n’avait pas l’habitude qu’on le soit avec la nonchalance et la tranquillité que manifestait Luna en se posant à côté de lui avec de l’alcool alors qu’il venait supposément de lui en voler une bouteille. Alors qu’elle lui proposait carrément de boire un coup et entamait la conversation avec un ton si familier. S’il aurait pu mettre ce décalage sur le compte des habitudes des occidentaux, la situation lui apparaissait, dans l'état qui était le sien, trop étrangère pour qu’il n’en vienne pas à se convaincre que cette amabilité n’était finalement qu’apparente, et qu’il serait rappelé à l’ordre sitôt qu’il commettrait l’affront de se détendre.
Derrière ses questions, il s’évertua donc à lire un interrogatoire auquel il avait tout intérêt à se plier, et qui permettrait sans doute à Luna de le mettre sur liste noire avant de le reporter à la directrice - c’était bien le minimum pour une telle infraction.

« Saikawa Minoru. J-je suis arrivé il y a un mois, je suis en… »
Il bafouilla sa classe et le dortoir où il se trouvait, puis lui présenta sa carte d’identité pour prouver qu’il ne mentait pas.

Évidemment, la question suivante portait sur Karen. Sans doute Luna l’avait-elle laissée fuir car elle savait que Minoru n’aurait pas d’autre choix que de la dénoncer. Il se sentit coupable d’attirer ainsi des ennuis à une personne avec laquelle il espérait pourtant réussir à s’entendre, puisqu'il y avait de toute façon de bonnes chances que son interlocutrice soit télépathe (pour avoir un tel bras, elle devait manier la Terre), ou à défaut qu’il y en ait un dans l’assemblée, il ne ferait probablement qu'aggraver leur cas.

« Karen Chandler. Elle est dans ma classe. C’est… »
Est-ce que c’était sa pote ?
Elle lui avait dit plusieurs fois que oui. Elle lui avait même fait une sorte d’accolade, donné un surnom affectif et partagé sa musique préférée, comme le faisaient probablement tous les potes dans son pays.
Mais après qu’il ait ruiné la soirée qu’elle lui avait proposé, il était bien certain qu’elle le détestait. Luna ne faisait qu’enfoncer ce constat dans la plaie qu’il avait créé.
« Plus ma pote… »
Il adressa un regard furtif au coca qui était resté sur la table. Elle l’avait bu aussi. Assez pour le faire sourire un bref instant. Avant qu’il ne gâche tout. Avant que Minoru ne soit décevant au point qu’elle parte sans remord.
« Je voulais bien pourtant… » marmonna-t-il en reniflant, tête baissée, mains nouées et jambes tremblantes.

Il lui lui faudrait encore quelques minutes pour raisonner et ressentir par un autre filtre que celui que lui imposait la peur. Quelques minutes, encore, avant de voir Luna comme la personne sympathique qu’elle était sans doute et Karen, enfin, comme l'origine du problème.


##   Ven 12 Aoû 2022 - 12:29
Luna Vasconcelos

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__–Il me montre sa carte d’identité. Ouais. Okay. Il veut que j’en fasse quoi ? C’est une coutume japonaise, ça ? Nan hein, je suis ici depuis assez longtemps pour savoir ça au moins. Attendez, me dites pas que c’est parce qu’il me prend pour une figure d’autorité qui pourrait le balancer s’il coopère pas ? Ah ben merde, si on m’avait dit un jour que je me trouverais dans cette situation. Enfin, ça m’est déjà arrivé de demander leur carte à des jeunes, mais s’ils ont pas l’âge je leur sors un « tu te foutrais pas un petit peu de ma gueule pour voir ? » et ça s’arrête là.
__–Il faut qu’il déstresse. Après je peux pas juste lui dire de se détendre, ça marche pas ça. Il faut que je lui fasse comprendre qu’il le peut, mais comment on fait ça, j’en sais rien moi… Bon alors réfléchissons deux secondes. Quand j’avais pas mal d’anxiété comme lui, le problème, c’est que je passais mon temps à interpréter ce que je voyais et nécessairement mal. Donc si je la joue détendue du gland, il va croire que je fais ça pour le piéger, comme une araignée serait détendue si elle avait choppé une mouche, vous voyez. Si j’initie un contact physique pour je sais pas lui faire un câlin (m’est avis qu’il a pas été assez pris dans les bras ce p’tiot) bon déjà il me semble que les Japonais sont pas super amateurs, on va éviter de le mettre mal à l’aise, surtout que, genre, on se connaît depuis une minute. Il a rien commandé à boire bien sûr, mais je vais pas me montrer insistante non plus, il prendrais ça comme une obligation.
__–Bon, je finis ma bière.
__–« Ça te dit on marche un peu ? Y’a beaucoup de bruit là, on sera plus tranquilles. »
__–On passe à la suite. Karen, donc. Pas besoin d’être aveugle pour comprendre que je l’ai interrompue en train de harceler ce pauvre petit, là. En même temps, c’est vrai qu’il est une cible facile. Comme tous les nouveaux, il doit se sentir seul et s’il supporte pas ça, je le vois bien être du genre à tomber dans les pièges que tendraient des nanas comme cette Karen. C’est pas drôle pour ça, les premiers temps, j’en sais quelque chose.
__–Heeeh. On sait tous comment ça va finir.
__–« T’sais, t’es pas obligé d’être sympa avec tout le monde. J’comprends c’est dur parce que, bah normal quoi, t’as pas envie d’être seul, mais ’faut choisir un peu mieux ses amis. Tu mérites mieux que ça. Tu voudras que je te présente à des gens ? »
__–J’sais pas moi, y’a genre Pricie, elle est complètement perchée mais tout à fait adorable, après en plus jeunes j’en ai quelques uns en tête aussi… Non mais ça va se finir, je vais l’accompagner et le chercher à la sortie des cours pour—
__–
__–’faudrait aussi que j’arrête d’adopter tous les gamins qui pleurent devant moi aussi.
__–« Tu veux une taffe ? »
__–Oui, machinalement je me suis roulé un joint et machinalement, je lui en ai proposé.
__–« Ça va te détendre. »
__–Hé, au moins ça prouve que je suis encore loin d’être une grande-sœur responsable.


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##   Ven 26 Aoû 2022 - 5:44
Minoru Saikawa

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Marcher un peu. Il hésita un moment, incertain d’être capable de tenir debout tant ses pieds s’étaient fondus dans ceux de la chaise, mais puisqu’elle ne lui laissait sans doute pas le choix, il hocha la tête et s’appuya sur les accoudoirs pour réussir à se redresser.
Il arrêta de tituber quelques pas plus loin, alors qu’ils s’étaient éloignés de la foule qui avait pu juger de sa conduite déplorable, et qu’il n’y avait donc plus qu’une personne dont il devait jauger les attentes. Quand bien même elle continuait, par son rôle et le fait qu’elle allait certainement le reporter, à représenter l’institut tout entier.

Persuadé qu’il était d’avoir bien compris les intentions de Luna, il fut évidemment étonné lorsqu’elle commença à lui parler de solitude, et de son attitude avec les gens.

Il marqua un moment d’arrêt. Quel était le rapport ? Que savait-elle ? Comment le savait-elle ? Et pourquoi arrivait-elle à le dire aussi simplement, alors qu’il peinait à mettre le moindre mot sur son errance ?
C’était probablement la preuve qu'il lui fallait pour confirmer qu'elle était télépathe. Elle l’avait mis à nu avant même qu’ils commencent à discuter. Et de fait, elle pourrait aussi lire qu’il n’avait aucune idée de quoi lui répondre. Qu’il n’avait, en fait, même pas compris la moitié de ce qu’elle essayait de lui dire, puisque le concept même de choisir ses amis n’avait pas de sens pour quelqu’un d’habitué à s’accrocher à qui voulait bien de lui et à faire tous les efforts qu’il pouvait pour leur donner satisfaction (ce qu'il ne qualifiait pas non plus de sympathie).
En un sens, il était surpris qu’elle ait lu en lui et y ait trouvé quoi que ce soit qui mérite « mieux » que de servir de faire-valoir à Karen, alors que tout lui prouvait qu’il ne valait même pas ça.

Enfin, elle lui disait probablement ça pour être polie. Et quoi qu’il en soit, il ne pouvait pas se permettre de répondre favorablement à sa proposition, qui était trop pour ce qu'il pouvait accepter.
« Je vous remercie, mais tout ira... »

Encore convaincu qu’elle lirait au-delà de toutes ses formules, il hésita.
S’il mentait, elle le saurait et en serait offensée. Il ne pouvait pas simplement lui dire que tout irait bien et qu’il avait soudainement changé pour adopter sa perspective, au risque d’être encore plus impoli que s’il lui avait dit la vérité.

Il essaya donc d’être plus sincère. Ce qui revenait, dans cette situation, à être complètement flou.
« Je ne sais pas trop… »

Sans vraiment s’en rendre compte, il avait tourné la tête dans une vaine tentative de fuir cette intimité avec laquelle il ne savait pas composer. Pour fixer - sans vraiment la regarder - la végétation des alentours.

De fait, il manqua la "végétation" qui se faisait soigneusement enrouler à côté de lui.
Quand Luna l’interpella, il se retourna avec un léger sursaut, pour découvrir Luna en train de fumer ce qu’il ne put identifier que comme une sorte de cigarette artisanale.

Par réflexe, il recula.

Pour Minoru, fumer était déjà, en soi, une pratique relativement rare (et inexistante dans son entourage), mais surtout très marginale dans l’espace public, les usages voulant que l’on ne fume pas dans la rue. Et évidemment illégale pour son âge. (Illégale tout court, s’il avait su ce que fumait Luna)
De fait, quand bien même elle n’avait pas volé d’alcool ni déchiré des cahiers, il ne put pas s’empêcher de ressentir une forme de rejet pour les agissements de Luna. Avant de l’ensevelir comme il pouvait, en se convainquant que les règles étaient de toute façon différentes à Terrae, et puis qu’elle représentait l’autorité, donc savait bien mieux que lui ce qui était respectable. Elle avait peut-être même commis cet affront dans le seul but de mesurer à quel point il s’était engouffré dans la délinquance, ou avec quel sérieux il appliquait son sermon sur le fait de mieux choisir ses amitiés.

Il ne pouvait, de toute façon, donner qu’une seule réponse. Celle qui l’obligeait dans ce contexte.
« Non merci... »

Si Minoru était convaincu que Luna avait de toute façon compris sa gêne, de l’extérieur, sa réaction pouvait paraître ambiguë, partagée entre les émotions qui s’agglutinaient sans vraiment se décharger et les signaux de gêne qui pouvaient renvoyer à plus ou moins tout ce que faisait Luna.

Ou pas, parce qu’il semblait clairement éviter tout contact avec la fumée, qu’il observait tel une proie se méfiant d’un prédateur potentiel. Pas si différent que l’impression que lui laissaient les accolades de Karen.

HRP:


##   Jeu 1 Sep 2022 - 16:47
Luna Vasconcelos

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__–Je ne suis pas télépathe c’est sûr, mais j’ai tout de même assez de bouteille pour reconnaître une formule toute faite dite par pure politesse. Et une formule vague dite parce qu’on est pas capable de se mettre au clair sur sa propre pensée. Et tant qu’à faire, quand quelqu’un est gêné par la cigarette. Du coup je ne l’allume pas et la range dans une poche – je vais pas l’exposer à quelque chose qui l’emmerde, m’est avis qu’il l’est déjà assez dans son quotidien.
__–Qu’est-ce que je peux bien lui dire pour le rassurer, après. Je lui aurais bien fait un câlin pour lui dire que tout ira bien et que grande sœur Luna est là pour veiller sur lui, mais il est pas à Terrae depuis assez longtemps pour être ok avec un contact physique ultra familier avec une totale inconnue, je me dis.
__–Non par contre, dans ces situations, y’a une technique qui fonctionne toujours. Ou au moins qui permet de se concentrer sur autre chose que la bonne grosse déprime. On passe devant un banc, parfait. Je me pose et lui laisse assez de place pour me rejoindre, s’il le veut.
__–« Hmm, je vais te montrer un truc. »
__–Je cherche dans une de mes poches et en sors une graine. Ouais, celle-là fera très bien l’affaire. Je la pose sur la paume de ma main et concentre la magie dessus. Une petite tige en émerge. Je la laisse croître d’abord un peu comme elle veut, puis replie légèrement mes doigts, pour former comme une cage sans toit. De mon doigt métallique, je touche une extrémité de la tige et la guide le long de mon bras, où elle s’entoure et serpente. Puis je touche l’autre extrémité et fais jaillir toute la magie concentrée dans ma paume à un point unique, qui devient un bourgeon, puis éclot et révèle de longs pétales pointus, rouges aux bords blancs. Une séduisante orchidée paphinia. Je coupe la partie enroulée autour de mon bras et tends le résultat final à Minoru, avec la voix la plus douce que je peux sortir.
__–« Tiens. Elle a besoin de beaucoup d’eau et de peu de soleil. Elle ne survivra que quelques jours dans un verre d’eau, mais des fleurs, ça fait toujours plaisir. Si tu veux tant que ça te réconcilier avec cette fille, tu peux commencer par là. »
__–Si elle est au dortoir des filles, elle doit déjà vivre plus ou moins entourée de plantes.
__–« Si t’as besoin de discuter, d’être tranquille ou que je te présente des gens, passe quand tu veux me voir. C’est un peu mon métier de connaître tout le monde, quand même. Si je suis pas au bar, je suis chez moi, étage des Terres, y’a mon nom sur la porte. Ou alors c’est que je suis dans la forêt et là, t’as qu’à te repérer aux tremblements. »
__–Je reconnais, le « suivez le séisme » dit d’une manière qui se voulait aussi rassurante, même moi j’y crois pas une seconde.


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##   Sam 3 Sep 2022 - 16:15
Minoru Saikawa

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Minoru Saikawa
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Même s’il avait du mal à se l’avouer (et qu’il culpabiliserait plus tard d’y avoir pensé dans le feu de l’action), Minoru n’avait pas imaginé que ce « truc » que Luna voulait lui montrer serait quoi que ce soit d’agréable. Il se sentait trop dépassé, trop loin de ce qu’il connaissait et prenait pour normal pour espérer reconnaître un objet anodin, parfaitement inoffensif, dans le creux de la paume de Luna.

Alors il était resté figé. Sans la rejoindre sur le banc. Sans oser lui dire quoi que ce soit. Prêt à avoir peur. Prêt à se questionner. Prêt à se perdre encore plus et à ne jamais trouver le chemin.

Ce qui se déroula sous ses yeux tendus échappait bien à sa réalité. Encore plus que de l’alcool volé et des joints dans les rues. Ce n’était même plus lointain, c’était en dehors de la distance.

Juste en face de lui, il y avait de la magie, discrète et captivante. Une énergie qui l’avait fait reculer d’un pas, puis avancé de deux, pour mieux en percevoir chaque détail.

Si sa fascination ne déclenchait ni torrent de paroles, ni concert de mimiques, elle l’avait traversé, et donné à chacun de ses contours une autre forme. Ainsi, il était toujours fixé, toujours debout, toujours muet, toujours apeuré et toujours plein de questions, mais il l’était autrement. Et même s’il pourrait être risible de se dire qu‘une adulte avait fait apparaître une fleur pour redonner le sourire à un gamin perdu, ce bête tour avait eu exactement l’effet escompté.

Après avoir légèrement hésité, par peur de sentir la fleur s’effriter en quittant sa créatrice, Minoru approcha doucement sa main. Puis laissa glisser entre ses doigts, comme quelque chose de précieux et de doux, une orchidée qui lui paraissait différente de toutes les autres. Et qui d’ailleurs l’était, puisqu’il n’en avait jamais vue au Japon, et n’avait aucune connaissance de ce qui poussait ailleurs. Il n’aurait même pas su dire si la Terre avait reproduit quelque chose de très commun à l’étranger ou inventé elle-même cette plante à partir d’une graine qui n’avait rien à voir - c’était l’une des nombreuses questions qu’il lui aurait posé s’il avait osé. Comme face à Chrys, il admettait à peine que les pouvoirs le fascinaient (quand bien même ils le renvoyaient à l’idée qu’il n’en avait pas et devait probablement être une imposture), et ne savait pas vraiment à quel point le sujet était délicat.

À défaut, il se contenta d’examiner ce qu’il avait sous les yeux. D’en apprécier la consistance - encore irréelle, tant l’émotion troublait son jugement - et la texture. D’en contempler les grands pétales pourpres et flamboyants. Il aurait voulu la garder jusqu’à la fin de sa courte vie, pour avoir quelque chose de coloré à admirer, à défaut d’être capable du moindre éclat lui-même.

Mais Luna avait raison. Cette fleur était pour Karen. Parce qu’une fleur est ce qu’on offre à une fille, et parce que les choses colorées vont mieux aux gens colorés. Il n’était même pas sûr de pouvoir - ni de vouloir «tant que ça» - se réconcilier avec elle (à supposer qu’ils aient un jour été conciliés), mais elle était au moins plus légitime à la recevoir, et puisque même la principale victime de ce vol forcé le poussait activement dans cette direction, ce devait être l’attitude la plus respectable à avoir. Même s’il n’était pas certain de ce qu’il ressentirait quand il se retrouverait de nouveau face à Karen. Pour autant qu’il y pensait, il pourrait tout aussi bien vouloir lui jeter à la figure et partir en courant, que ramper à ses pieds pour l’implorer de bien vouloir lui reparler le lendemain.

Dans tous les cas…

« Je lui donnerai… »

C’est la seule chose qu’il trouva à lui répondre concrètement. Pour ce spectacle. Et pour la fleur. À la fois parce qu’il n’aurait pas su le dire sans se sentir horriblement gêné au passage, et parce qu’il était, justement, horriblement gêné à l’idée qu’elle l’ait déjà lu en lui de toute façon.

Luna continua sur ce qui s’interprétait comme une fin de conversation, mais lui parut bien ambigu et impromptu. Elle ne voulait pas l’emmener dans le bureau de la directrice, finalement ? Est-ce qu’elle lui disait d’aller voir Karen maintenant, ou est-ce qu’il avait totalement manqué une étape ? Et puis, elle ne lui disait rien de plus par rapport à sa tentative de vol ?

Il arrivait petit à petit à entrevoir Luna comme une adulte sympathique qui n’essayait pas de le piéger. Mais il n’envisageait pas encore de pouvoir s’en tirer comme ça, et - à essayer de mouliner sur ce dont il se souvenait de ses paroles - au final, elle ne lui avait pas vraiment dit s’il y avait une suite, ni que leur discussion était terminée.

Maladroitement, il essaya d’aligner toutes les pensées qui le traversaient. Même si le résultat ne pouvait qu’être contradictoire et confus.

« J… Euh… Hm... »

Ses ongles s’enfoncèrent dans la paume de sa main, en veillant à ne pas déformer la tige. Si ses traits avaient bien réussi à s’adoucir un peu, ils se tendirent à chaque seconde qui passait sans trouver les mots. Sans parvenir à former un fil cohérent. Il voulait à la fois s’excuser, remercier, demander, répondre et dire d’autres choses encore, sans qu’il soit certain qu’une seule de ces choses soit appropriée. Sans qu’il sache ce qu’elle avait lu ni ce qu’elle avait compris. Sans qu’il se souvienne même de ce qu’il avait déjà dit.

Se sentant perdu et sur le point de déborder complètement, il baissa légèrement la tête.

« Je ne sais pas trop… »
Et lui sortit la chose la plus banale qu’il pouvait articuler. Pour peu qu’il ait articulé, et pas seulement produit quelques sons trop peu distincts pour être distingués.

Aussi près qu’il était des salles de classes où il avait passé son dernier mois, il était allé trop loin pour reconnaître quoi que ce soit. Trop loin des routines qui lui donnaient forme. Trop loin du calme aussi plat que rassurant qui en faisait le contenant. Trop loin pour être sûr de ce qui était réel, et de ce qu’il imaginait. Alors qu’il avait bien bu, mangé et dormi, il se sentait presque aussi hagard que le jour qui avait suivi son arrivée. En un mois, finalement, il n’avait pas su quoi faire de ces sensations. Le temps ne lui avait donné aucun tissus pour couvrir son corps à nu, ni la moindre lanterne pour trouver son chemin dans la nouvelle vie qui lui avait été donnée. Les mots l’avaient égaré, en créant des incertitudes sans les résoudre, par des paroles dont il ne savait que partiellement appliquer la sagesse, et auxquelles il s’épuisait à répondre sans jamais en être vraiment satisfait.

Alors, dans l’espoir de trouver une nouvelle direction, il abandonna l’idée de démêler le sac de nœuds sur lequel il trébuchait. C’était l’option la plus nulle et la plus lâche, puisque ça revenait à laisser à Luna l’initiative de lui dire ce qu’elle attendait. Mais c’était aussi la seule qui lui permettait d’entrevoir ce qu’il y avait en-dessous.

De discerner, et même de concrétiser, la vraie demande qu’il voulait formuler. Celle qui passait après toutes les politesses, après son devoir et après l’ordre.

« Est-ce que… je peux en avoir une aussi ? »

Il tendit un peu en avant la grande fleur. Il ne voulait pas vraiment la même - celle-là était probablement trop éclatante pour ne pas l’écraser - mais n’importe laquelle lui irait. Il en voulait une à emmener avec lui dans la solitude. Une à garder et à chérir quand il la fuirait à nouveau dans un quotidien froid et terne.

« Enfin… si… »
Si c’est possible. Si ce n’est pas égoïste, malpoli, étrange et incorrect. Si j’en ai seulement le droit.

La couleur de son visage avait commencé à ressembler à celle de cette orchidée qui lui allait si peu.


##   Jeu 8 Sep 2022 - 20:11
Luna Vasconcelos

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Luna Vasconcelos
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__–Qu’il est choupi ce gamin. Il n’y a que lui pour avoir ce genre d’expression fascinée envers de la magie. Je devais être pareille à mes débuts, quand j’ai tenu dans mes mains la première plante que j’ai fait pousser comme ça, à partir d’une simple graine. Est-ce qu’elle était vraiment là ? On a toujours l’impression d’être à moitié dans une sorte d’illusion, de rêve. Même quand on l’utilise tous les jours, quand elle fait autant partie de son quotidien que le café du matin ou ses clefs dans sa poche, qu’on s’en sert comme on va au travail ou regarde la télévision. Elle nous échappe toujours un peu.
__–C’est peut-être pour ça que j’aime tant les novices. Ils me rappellent à chaque fois à quel point ce qui est devenu ma routine est en fait une sorte d’enchantement, de quotidien surnaturel. C’est là et en même temps, ce n’est pas là, comme si ça ne devait pas l’être, mais s’en fichait.
__–Tu m’étonnes qu’il en veut plus.
__–« Bien sûr. »
__–Ça m’amuse de penser que là, depuis le début de cette conversation, par mes gestes ou ma voix, c’est un peu comme si j’essayais d’imiter la douceur d’Alice. De lui faire comprendre que quoi qu’il arrive, il aura quelqu’un de rassurant à ses côtés, avec qui il sera en sécurité.
__–Ah bah putain, si on m’avait dit.
__–Je cherche dans mes poches. Qu’est-ce qui lui irait bien… Minoru, ça veut dire fruit je crois ? Hmm, je sais, une bien de chez moi. Mes parents en avaient quelques-uns, dont ils étaient très fiers. Dès que j’en ai vu en vente, j’en ai commandé. Pour celle-ci, c’est un peu différent, par contre. Je ferme ma main sur la graine et y concentre mon pouvoir. Je sens la plante qui pousse, qui force, mais elle ne peut rien faire contre une titanide… jusqu’à ce que j’ouvre la main et c’est une petite explosion de vert qui se déploie d’un coup sec. J’avoue, ça, c’était uniquement pour la classe.
__–Je saisis de ma main métallique ce qui ressemble à un amalgame de tiges très feuillues, rattachées ensemble par un amas de racines, puis m’affaire sur ses extrémités. Certaines feuilles deviennent bourgeons, puis fleurs. Je regarde ma création sous tous ses angles, en choisis une qui me plaît et la faire croître encore plus, se replier sur elle-même jusqu’à ce qu’elle donne un fruit : un petit ovale, d’un jaune vif, à la peau douce. Hmm… Je vais lui en faire un autre, au cas où.
__–Puis je lui tends. Il m’a demandé une fleur, je lui donne un bouquet entier.
__–« Tiens. Tu peux en cueillir un et le manger, ce sont des fruits de la passion. Ça te dit, on repasse au bar et la met dans un pot ? Elle aura besoin de beaucoup d’eau, de soleil et de chaleur. Et puis, c’est pas une plante trop faite pour vivre au Japon… si elle est un peu patraque, hésite pas à passer m’faire un petit coucou. »


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##   Sam 17 Sep 2022 - 14:35
Minoru Saikawa

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Sitôt que Luna eut accepté, Minoru ressentit une vague de soulagement. Puis de culpabilité et de honte qui détourna son regard.

Il n’avait définitivement pas le droit. Ni la nécessité.
Pour qui se prenait-il, à demander quelque chose comme ça, à quelqu’un qu’il ne connaissait même pas ?
À quelqu’un qui venait de voler, même.
C’était parce qu’il était comme ça qu’il n’y avaient que des gens comme Karen qui le fréquentaient.

Il essaya de relever la tête pour marmonner quelques excuses et retirer tout ce qu’il avait dit.
Mais avant même qu’il n’ouvre la bouche, Luna avait ouvert la main. Exaltées par leur croissance rapide, les tiges avaient jailli, et de larges fleurs aux pétales blanches couronnées de filaments mauves avaient éclot devant son visage hypnotisé. Le spectacle l’avait distrait non pas une, mais deux fois, avec la même intensité renouvelée, et la même curiosité refoulée.


Au lecteur qui se le demanderait, Minoru ne veut pas vraiment dire fruit, mais porter ses fruits. Un nom qui avait, pendant des années, représenté ses espoirs de voir ses longues soirées de travail lui ouvrir les portes du lycée que ses parents avaient tant désiré le voir intégrer, et qui était désormais tout aussi lourd à porter que son échec inaltérable. S’il avait su qu’on avait fait quelque chose d’aussi beau et d’aussi extravaguant à partir de sa plus grande blessure, et surtout s’il avait su qu’un tel résultat était supposé lui ressembler, l’ironie tragique aurait certainement enfoncé le couteau dans la plaie, et il n’aurait eu que cette blessure à chérir avant l’endormissement.


Mais puisqu’il ne savait pas, elle pouvait lui faire du bien.
Il pouvait la trouver étrange, magnifique, grande et colorée.
Il pouvait trouver incroyable, qu’elle ait grandi si soudainement, et même produise un fruit qu’il pouvait toucher et manger.
Il pouvait voir en elle un exotisme irréel, plutôt que le triste reflet de sa réalité.

Par contre, elle lui tendait un bouquet de grandes fleurs alourdies par leurs fruits, alors qu’il avait déjà les mains - et la cervelle - pleinement dédiées à  la paphinia qu’il essayait toujours de ne pas abîmer d’une fibre.
Un peu maladroitement, il tenta d’enlacer à moitié la grenadille, sous lequel il semblait presque, pour qui le regardait de face, disparaître complètement. Il passa ensuite la tête sur le côté pour la hocher timidement, alors que ses cheveux étaient déjà à moitié ébouriffés par les fleurs qui s’y glissaient.


Il n’avait pas le droit, mais il était joyeux. Au moins jusque la prochaine fois qu’il le regretterait.

Et justement, ce moment arriva une dizaine de minutes plus tard alors que, après être repassé au bar et avoir noté scrupuleusement les conseils de Luna sur un bout de papier en la remerciant de manière à moitié gênée et trop formelle, il revint enfin vers les dortoirs.

Où son champ de vision obstrué manqua de louper la présence de celle qui l’attendait.

Sitôt conscient de sa présence, son cœur fit un bond et resserra sa prise sur le pot qu’il tenait entre ses deux bras.
Minoru s’était stoppé net, tétanisé.

Et si elle les lui prenait ? Et si elle les déchirait, comme elle l’avait fait avec son cahier ? Et si elle se moquait de lui, et lui disait à juste titre qu’il n’avait pas le droit de les avoir ? Les lui cèderait-il ?

Il commença à se mordre les lèvres. Puis se résolut à essayer de répéter ce qu’il avait essayé de formuler mentalement sur son trajet, pendant les quelques instants où il avait pu essayer de reprendre ses esprits.

« Dés... »

Non, ce n’était pas vraiment ça. Il n’était pas si sûr d’être désolé.

Elle l’avait bousculé. Abîmé ses affaires. L’avait faire quelque chose d’illégal. À une personne qui avait été assez gentille pour parler avec lui et lui montrer des choses fantastiques. Sans jamais lui faire du mal.

« J-je ne veux pas faire.. ça. »

C’était une banalité absolue, par rapport à toutes les choses qu’il s’était imaginé dire. Il ne savait même pas si Karen comprenait à quoi il ferait allusion, ou si elle l’écouterait seulement avant de lui sauter à nouveau dessus ou de lui voler quelque chose.

Enfin, il était plus probable qu’elle l’ait oublié, sitôt qu’elle avait vu à quel point il était fade et inutile.

Pourtant, lui, il ne l’avait pas oubliée.
Il avait encore des choses à lui dire. Et à lui donner.

Alors, toujours pétrifié, il essaya d’enchaîner.

« La personne qui gère le bar… Je lui ai rendu la bouteille… C’est elle qui a fait pousser tout ça… »

Il avait peur de paraître plus ridicule encore s’il lui disait à quel point il avait trouvé ça impressionnant. Encore plus s’il lui disait qu’il aurait préféré les regarder avec elle, en l’écoutant parler de ce qu’elle aimait et de la musique qu’elle adorait, plutôt que tout ce qu’elle lui avait fait.

Puisqu’il n’avait pas les mots pour tout ça, c’est une autre banalité qui lui vint.

« C’était bien. »

De la main gauche, en essayant de maintenir la passiflore dans un équilibre satisfaisant, il tendit nerveusement la paphinia, désormais enrobée dans un enchevêtrement de papier pour la protéger. Parmi elles, Karen aurait sans doute pu reconnaître la feuille qu’elle avait elle-même arraché du cahier de Minoru à peine plus tôt. Un choix qu’il avait fait sans intention particulière, sinon celle d’en avoir une de moins à arracher lui-même à la fin d’un cahier.

« Et elle… Elle m’a dit que ça permettait de se réconcilier... »

Même si je ne sais toujours pas si je le veux.

« Il lui faut beaucoup d’eau. »

Alors ne la prends pas si tu veux la détruire.


HRP:


##   Ven 23 Sep 2022 - 22:36
Karen Chandler

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Karen Chandler
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__–Le revoilà.
__–Karen lui demandait une bouteille, il revenait avec une plante en pot et une fleur. La serviabilité légendaire des Japonais n’était donc qu’un mythe ? Surprise par la vue de tant de végétal, elle ne sut pas comment réagir, ce qui laissa le champ libre à Minoru pour l’ouvrir.
__–Je ne veux pas faire quoi ? De quoi parlait-il ? Décidément, ce jeune garçon était devenu bien étrange pendant le cours laps de temps pendant lequel ils avaient été séparés. Enfin, court, façon de parler. Il avait en fait été plutôt long. Lui et la serveuse avaient vraiment pris leur temps. Karen avait donc passé tout ces moments, devant la porte du dortoir, avec un air vachard, à l’attendre. Elle s’était maudite à de bien nombreuses reprises de n’avoir pas mieux à faire de son temps. Trouvé l’espèce d’étrange attachement ou intérêt qu’elle portait à ce rien du tout ridicule et pitoyable au possible. En fait, au moins autant que Minoru lui-même l’était à ses yeux.
__–Et tout ça pour quoi ? Qu’avait-elle prévu de faire quand elle le reverrait ? Le passer à tabac, lui déchirer ou voler d’autres affaires ? Cela lui paraissait désormais si futile. Elle avait trop attendu, sa colère était retombée. Et maintenant, il était là, avec ses magnifiques plantes, ses cadeaux qu’on lui avait fait. À tous les coups, la Noire qui tenait le bar l’avait pris en pitié et lui avait fait ces cadeaux. Il n’avait rien à faire pour s’attirer la sympathie des autres, alors que Karen, elle, devait faire des pieds et des mains, dépenser son précieux temps et énergie, poursuivre jusqu’à l’endroit où il logeait le garçon le plus minable de toute Terrae, de tout le Japon, juste pour avoir un contact humain. Sans parler d’un contact positif avec qui que ce soit. C’était donc là l’étendue de sa solitude.
__–Et là, Minoru réussit à l’enfoncer encore plus.
__–Est-ce que tu peux me dire plus clairement encore que je suis une merde.
__–Karen prit la fleur. Reconnut immédiatement son emballage, le plia en quatre et le glissa dans la poche de torse de Minoru. C’était à lui, après tout.
__–Rougit un peu.
__–Et maintenant ?
__–Je sais pas.
__–Si on me demandait mon avis, la réponse serait évidente : l’envoyer paître. C’était tout bonnement insultant : voilà qu’il voulait avoir la supériorité morale, montrer à quel point il était grand prince, généreux et au-dessus d’elle et de ses attaques ? C’est de se la prendre dans sa tête, sa fleur ridicule, qu’il méritait. Comment osait-il lui offrir une réconciliation ?
__–« Merci. »
__–Ah ?
__–Boule dans la gorge, regard fuyant, doigts agités, moue agacée, ne me dites pas que…
__–« D’solée. »
__–Bon hé bien c’est arrivé. Et maintenant ?
__–Tourner les talons et partir le plus vite qu’on pût, retourner aux dortoirs, déposer non sans délicatesse la fleur dans son lit, frapper un mur, être encore plus confuse qu’avant, détester absolument tous les sentiments qu’on a y compris le fait qu’on les détestât, aller chercher un verre d’eau en catastrophe pour y mettre la fleur, se mettre en boule sur son matelas et… l’admirer.
__–Ça ne manquait pas de plantes, dans ces dortoirs – une facétie d’une précédente pensionnaire, disait la rumeur –, mais celle-ci était spéciale.


Couleur : #576d17
Écriture standard : le Narrateur
italique : Karen
Courier New : le pouvoir sensitif
Merci à Minoru / Eelis de l'Esquisse pour l'avatar aux jumeaux et celui aux éclairs !
##   Mar 1 Nov 2022 - 16:42
Minoru Saikawa

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Minoru Saikawa
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Age : 18

Elle avait pris la fleur.

Elle ne l’avait pas jetée.

La tenait, même, dans une position qui semblait respectable.

Quoi que son champ de vision soit légèrement envahi par la verdure, Minoru avait fixé Karen. Dans le moindre de ses gestes. Prêt à… Certainement pas prêt à y réagir, en réalité, mais au moins pris dans la scène, suspendu à ses lèvres et à ses doigts.

Et pourtant, il ne l’avait pas vue rougir. Pas plus qu’il ne l’avait vue le remercier, puis s’excuser. Il s’était préparé aux gestes brusques, aux moqueries et à tout ce qu’il pouvait redouter d’elle. Il ne l’aurait pas espérée sympathique. S’il n’était même pas prêt à réagir à l’un, il n’avait eu aucun mot pour le reste.

Il avait eu des envies, par contre. Des envies qui s’intensifiaient à chaque pas pressé qu’elle faisait pour retourner vers son dortoir.

Envie de lui raconter ce qui s’était passé.

Envie de discuter un peu plus.

Envie de la recroiser le lendemain et de lui dire bonjour.

Envie, peut-être, d’être son ami. Même s’il ne le méritait pas, même si elle ne le méritait peut-être pas non plus. Même s’il ne savait pas vraiment ce que c’était. Même si elle ne le savait pas non plus.

Mais pour l’instant, il était plus rougissant qu’elle, trop figé pour lui courir après, trop hésitant pour faire autre chose que tourner les talons et retourner en soupirant vers ses propres dortoirs, épuisé et encore plus confus qu’avant, pour se rouler en boule dans son petit lit.

À quoi pensait Karen ? Est-ce qu’elle avait bien mis la fleur dans de l’eau ? Ou est-ce qu’elle l’avait jetée dans un coin pour l’oublier ? Il se prit à l’imaginer ressentir au moins une part de la fascination qui l’avait traversé, puis se ravisa. Elle devait en avoir vu bien d’autres. Des plus belles et des plus larges. On disait même que le dortoir de filles en était rempli. Celle-là n’aurait rien de spécial. Elle serait même pathétique, puisqu’elle l’associerait à une personne aussi misérable que lui.

Il se retourna vers sa propre plante, qu’il avait essayé de caler dans le coin le plus discret pour ne pas trop attirer l’attention, et passa doucement son doigt entre les tiges, comme pour la caresser.

Même s’il ne devait recroiser ni Luna, ni Karen, il restait un témoignage de cette soirée. Il pouvait l’admirer, et peut-être, avec son souvenir, faire quelques pas en avant. Vers cette nouvelle vie qui lui échappait encore.

Cette nuit-là, il put s’endormir avec un léger sourire aux lèvres, et un peu de baume au cœur.

Spoiler:


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Il faut bien commencer quelque part. (avec Karen)

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