Un autre jour dans la vie, une autre occasion de faire plein de choses ! On est début décembre, c'est le moment d'expérimenter les décos de Noël. Oui, je vis dans des dortoirs, oui je me fiche de l'avis de mes colocataires. Je VEUX des décos de Noël. Déjà que j'ai personne pour faire Thanksgiving, je vais pas me priver de ce petit plaisir.

Bref, j'ai donc engouffré dans ma sacoche tout ce dont j'avais besoin (et plus car affinité), enfilé un t-shirt rose pastel et un jean bleu pâle, puis remonté mes cheveux en chignon. Direction l'atelier. D'ailleurs, j'avais jamais remarqué qu'il y avait un ascenseur. J'avoue que je prends les escaliers d'habitude, mais hier j'ai fait un petit footing et... Bon sang les courbatures ! Cet appareil tombe vraiment à point nommé. J'appuie donc allègrement sur le bouton d'appel tout en réfléchissant.

Bon alors. Qu'est-ce que je peux faire ? Je sais faire des guirlandes de flocons, des petits origamis en forme d'étoiles comme boules de Noël... Et si j'ajoutais des paillettes ? Bonne idée ! Après j'ai jamais vraiment essayé de travailler le bois... Avec un tuto Youtube, ça doit pas être sorcier. J'ai bien envie de faire de petits ornements de sapin, comme des petits rennes, des petits bonshommes de neige et quelques angelots.

Bon, j'ai mes objectifs. L'ascenseur arriva et je passais les portes en pestant contre moi-même.

- Franchement Camil, t'abuses. Un étage, et tu prends l'ascenseur...

"Putain de réseau qui marche pas, casse les couilles. Putain ! "

Je marchais d'un pas résolu. Parce que bordel, j'voulais juste appeler Aria pour lui demander un truc pour le boulot, et j'me retrouve à devoir y aller en personne. Oh et puis merde, ça ira plus vite si j'y vais à quatre pattes. En un claquement de doigts, je me retrouve couvert d'une fourrure blanche tachée de noir. Chui un dalmatien sa mère. J'ai vu le film y a pas longtemps et j'ai appris que ça courait vachement vite. Du coup je file à travers le campus plus vite que le vent. WOOOOOOOOOSH JE SUIS VITE. Oui je crie des trucs dans ma tête quand je suis un chien. Parce que j'peux pas parler. CQFD.

Je cavale à toute vitesse, si vite que je sens le vent dans mes chev- dans mes poils. Jusqu'à presque me manger la porte de l'Institut dans la truffe, freinant des quatre fers juste à temps. Encore quelques foulées sous le regard amusé de quelques enfants qui se rendaient à la douche. Oh et plus flemme de monter les marches dans cette forme.

J'allais me retransformer quand je remarque la porte de l'ascenseur qui s'ouvre, un ou une blondinette rentrer dedans, et je me précipite à sa suite.

"Woof"

Et j'agite la queue pour dire merci.

J'entre dans l'ascenseur en maudissant mes courbatures et d'un seul coup, j'entends comme un cliquetis derrière moi. Le temps que je me retourne, un chien arrive dans l'ascenseur en dérapant presque. Et il entre comme si il avait fait ça toute sa vie.

"Woof"

... Wouf ? Wouf ? Est-ce qu'il vient de me remercier ? Alors là c'est un première.

- Euh... De rien ? Je dis, halluciné par la situation.

Est-ce que je viens vraiment de répondre à un chien ? J'adore ces animaux, mais je ne les pensais pas aussi intelligents. Mais quand même, il a l'air super doux... Une petite caresse, juste une ! Il ne m'en voudras pas je suis sûr. Je tends la main et caresse l'animal sur la tête en attendant que les portes de l'ascenseur se referment. Il est aussi doux qu'il en avait l'air ! Vu la taille et la couleur, je dirais que c'est un dalmatien. Et vu la taille du poil, c'est un dalmatien à poil court ! J'aime bien cette race, ils sont en effet très intelligents et donc difficiles à éduquer parce qu'ils sont plus indépendants que d'autres races !
Je lance un regard vers la petite série de chiffres indiquant les étages.

Euh... Tu vas à quel étage ? Je demande, encore perturbé.

J'en oublie même d'appuyer sur le 1 pour moi !

Je dois bien avouer que parfois, je prends un malin plaisir à recevoir des papouilles ou des gratouilles d'inconnus, quand je me balade sous une forme de canidé. Déjà parce que ça fait trop du bien hein, on va pas se mentir ! Et puis parce que c'est toujours marrant de les voir avoir le seum quand ils se rendent compte que c'était pas un vrai chien. Mais là j'm'y attendait pas, et ça m'a un peu pris au dépourvu, quand il m'a gratouillé le crâne. Pile entre les deux oreilles, là où c'est trop chouette et où ça fait bouger ma queue. Celle de derrière hein. Et du coup c'est euh. Gênant, un peu ? Genre là si j'me transforme, qu'est ce qu'il va penser ? Nan franchement c'est chaud. On va juste faire genre on est un chien. Un chien sans collier tout seul dans un ascenseur. Enfin. Moi, je vais au deuxième.

Je me dresse sur mes pattes arrières et vient appuyer sur le bouton du 2ème étage, d'un coup de patoune précis. C'est là que j'vais. Pitié qu'il y aille pas lui aussi, que jpuisse me retransformer pépère sans que ça soit gênant et tout. IL M'A FAIT REMUER LA QUEUE PTN C'EST GRAVE GENANT !!!

Heureusement que la porte commence déjà à se refermer, plus vite elle se ferme totalement, plus vite ce moment ankward est derrière moi. J'contrôle pas super bien ce membre supplémentaire ok ???

"Woof ?"

J'te retourne la question, toi tu vas où ? Pitié pas au second ??? Vasy tsais quoi, faut brouiller les pistes. Qu'il me retrouve jamais. Je me dresse à nouveau sur mes pattes inférieures et j'appuie sur tous les boutons, de tous les étages. Et si il descend pas au premier, j'descends et jretourne au rez-de-chaussée pour faire un shampoing et effacer ce moment de ma mémoire. Même si j'avoue c'est trop agréable, faut ptete pas déconner non plus j'ai une fierté. Et un sacré esprit de contradiction. Oh et puis quitte à devoir faire le fier après, autant demander une ou deux caresses en plus, nan ? Je me retourne vers euh. Je dirais que c'est un gars, j'crois. Et je viens me frotter à son genou, au moment où la gravité perd un peu de son emprise sur nous quand l'ascenseur se met en marche.

Oh on dirait que j'ai touché un point sensible avec ma caresse. J'avoue que je ne suis pas peu fier de moi ! Avant que je puisse réitérer ma gratouille, le dalmatien se dresse sur ses pattes et appuie sur le deuxième étage. Alors là, soit ce chien est un habitué du bâtiment et fait ça par automatisme, soit-

"Woof ?"

Mais c'est qu'il vient de répondre à ma question ?! J'ai pas rêvé, il vient juste de me répondre. Et comme si ça le faisait paniquer, le voilà qui se met à appuyer sur tout les boutons sans exception.

- Ah non, fais pas ça !

Trop tard. L'ascenseur commence à s'élever et le chien se presse contre mes jambes, l'air de demander de nouvelles caresses. Je sais plus quoi penser... Si ce n'est qu'avec ma chance, l'ascenseur va-
*Klonk BLANG*
...Se bloquer. Bah voilà. Je suis coincé dans un ascenseur avec un chien. Heureusement, je suis pas claustrophobe. Je m'accroupis et prends la tête du dalmatien dans mes mains en lui pressant les joues.

- Bah bravo ! On est coincés maintenant. On va faire quoi ? Je râle.

Si je me souviens de ce que m'a raconté Luna, il existe des Eau qui ont le pouvoir de se changer en animaux. Et si je me souviens bien, il a appuyé sur le deuxième étage en premier, étage de la partie Eau justement. Je le regarde droit dans les yeux avec un air sérieux.

- Si t'es un Eau sous forme de chien c'est le moment de reprendre forme humaine parce que c'est toi qui a provoqué cette histoire. Je dis, sans reproches.

Ouah ça me fait bizarre de me dire que j'ai peut-être caressé un humain !

Nan mais putain. Vraiment ??? Genre là, l'ascenseur il est bloqué ? Pile au moment où j'ai envie / besoin de me retransformer ? Parce que oui, ça me prend comme une envie de pisser, quand je commence à être à court d'énergie. Ce qui arrive très souvent ces derniers temps, parce que je me bute à l'entraînement. Enfin. En soit. Je peux me retenir un peu. Mais euh. On peut rester longtemps coincé quoi. ET VAZY FRR C'EST QUOI TON PROBLÈME À ME FAIRE ENCORE PLUS DE PAPOUILLES LÀ ?? NAN LA VIE D'MA MERE JE DECONNAIS BORDEL. Genre okay, j'ai eu la mauvaise idée de réclamer des caresses. Mais mon gars c'est toi qu'a commencé, j'voulais rendre ça moins cringe et que tu le saches jamais, j'aurais enterré le secret dans ma tombe putain.

Ce qu'on va faire mon gars ??? J'en sais rien moi ??? J'suis un chien t'sais. NAN MAIS VAZY ON VA SE BATTRE LÂCHE MOI FRR. ET ME REGARDE PAS DANS LES YEUX WSH- Je sens les picotements de mon pouvoir qui s'amenuise, partant en lambeaux un peu plus à chaque seconde qui passe. Oh bordel ça va être gênant... Putain de vie. Autant essayer garder un peu de dignité et soigner mon entrée. Ou ma sortie de cette existence. Le moment où la honte et moi on a fait qu'un, quoi.

"Nan mais c'est ta faute aussi là à pas appuyer sur un bouton comme un grand. Puis c'est toi qui m'a gratouillé entre les oreilles j'avais rien demandé. Je sais qu'on dirait que je me justifie beaucoup pour quelqu'un qui a rien à se reprocher mais eh. C'était déjà gênant pour moi quand t'as commencé à me gratter le crâne. Fichue queue qui remue toute seule, c'est trop dur à contrôler putain. Téma l'ambiance chelou qu'il y a maintenant mon reuf."

J'ai le front contre mon avant bras, qui lui même repose contre une des parois de l'ascenseur. L'équivalent de la tête entre les bras, sauf que là au moins jlui tourne le dos pour qu'il voit pas ma gueule.

Et voilà. Non mais voilà, je le savais aussi. Je me retrouve coincé dans un ascenseur avec un chien, qui n'est en fait rien d'autre qu'un des résidents de Terrae transformé en chien ! Enfin, plus maintenant, puisqu'il s'est retransformé. Donc j'ai en face de moi un homme d'à peu près mon âge, blond et bâti comme une armoire normande. Dieu merci, il est habillé, c'est déjà ça.

Mais le voilà qui me reproche toute la situation, et même avec la puce, c'est pas une partie de plaisir à comprendre... Sérieusement, mais comment il parle ?!

- Non mais je te signale que c'est toi qui a appuyé sur tous les boutons ! Et puis en même temps moi je vois arriver un chien je réfléchis pas hein ! J'ai pas le réflexe de me dire "ah non mais attends si ça se trouve le chien, c'est un gars" ! Je proteste.

Bordel, franchement qu'est-ce qui m'a pris de prendre l'ascenseur... Avec les escaliers, je serais déjà à l'atelier. Tout ça parce que j'ai eu la flemme une seule malheureuse fois ! Mes guirlandes de flocons...
Je me penche sur les boutons qui clignotent... bah comme une guirlande d'ailleurs.

- Bon arrête de faire ta drama queen. Viens me donner un coup de main histoire qu'on retrouve pas nos squelettes dans cette boîte en métal. Je bougonne.

J'y connais pas grand chose en ascenseur, mais il doit y avoir un bouton d'appel ou de dépannage quelque part.

"T'avais l'air perdu wesh. J'me suis dit que j'allais te rendre service j'sais pas. J'voulais juste pouvoir me barrer et oublier cet épisode super embarrassant, et je me disais que si tu sortais pas au premier étage j'pouvais filer tranquille. Putain je savais que j'aurais dû prendre les escaliers..."

Je relève légèrement la tête, pour taper des deux poings contre la paroi, les laissant glisser lentement de dépit, les épaules tombantes, avant de faire face au boug.

"Franchement, approche jamais les chiens ou les animaux sans colliers, j'te jure c'est dangereux. Tu tiens pas à ta vie mec c'est chaud."

Je viens me placer derrière le gars et je regarde le panneau par dessus son épaule. Tu vas voir qui c'est la dramaqueen fraté.

"T'as essayé d'appuyer sur les boutons ? Genre comme ça-"

Sans lui laisser de temps de répondre, j'appuie à nouveau sur tous les boutons, passant mon doigt de haut en bas sur le panneau.

"Nan bah eh, ça aurait pu marcher hein. C'est facile de tout mettre sur le dos des autres."

Bras croisés, je m'adosse au miroir collé sur un des murs de notre futur cercueil, le regardant s'affairer. Heureusement je suis pas claustro, il me ferait paniquer à tourner en rond comme ça.

Non, mais je vais me le faire ! Je vous jure... Le gars trouve la situation embarrassante, mais si on sort jamais de là je vais lui montrer ce que c'est qu'une situation embarrassante ! Et le voilà qui appuie à nouveau sur tous les boutons.

- Mais arrête, bordel ! Je m'énerve.

Un grésillement retentit et les lumières clignotèrent avant de... s'éteindre. Bon je suis pas flippé dans les petits espaces, mais le noir, c'est une autre histoire. Je déteste ça... Je prends quelques secondes pour respirer calmement, mais voilà que l'autre en remet une couche. Genre tout est pas de sa faute ?! J'ai rien demandé moi, je voulais juste aller à l'atelier !

- Figure-toi, que j'allais au premier, bougre d'âne ! Si tu m'avais laissé appuyer sur le bouton au lieu de paniquer comme un imbécile, on en serait pas là ! Je râle.

Je continue à bougonner en utilisant la lampe torche de mon téléphone pour regarder les boutons. Il doit bien y avoir un bouton d'appel... Ah oui, là. J'appuie dessus et...

Rien ne se passe.

BAH OUI ÉVIDEMMENT QUE RIEN NE SE PASSE. Y'as plus de courant ! Je laisse échapper une flopée d'injures en anglais, de quoi faire rougir ma mère. Mon pauvre père se retournerait dans sa tombe. Là on est foutus. Plus de jus, plus de bouton d'appel, plus de lumière... Je déteste cette foutue journée.

- Je te jure que si on reste coincés et qu'on commence à avoir faim... J'hésiterais pas à te manger ! Je préviens, sur les nerfs.

"Ouais nan mais j'pense y a un faux contact quelque part, dès qu'on appuie sur un bouton ça déconne. Vraiment un travail de branleur ça encore. Ça me rappelle la fois où j'ai pété les douches avec Aria. J'espère que cette fois, c'est que nous qui sommes dans le noir, pas encore le bâtiment en entier."

Perso j'commence à avoir l'habitude avec de bâtiment décrépi. J'espère qu'il a pas peur du noir lui non plus.

"Ouais bah comment je pouvais savoir, moi ? Déso hein, c'était pas marqué sur ton front ! Puis prendre l'ascenseur pour un seul étage franchement tu abuses..."

J'crois le cringe a commencé à retomber en moi, je me sens comme apaisé. Ou alors c'est juste l'adrénaline ? J'pense pas en vrai.

"Ptete que si on réappuie sur tous les boutons l'ascenseur se décroche et on fini au sous-sol ? Ça serait logique, après tout. Une première fois pour nous coincer? Une deuxième fois pour nous faire peur dans le noir. Et une troisième fois pour nous amener dans la chambre des secrets..."

Vazy bâtard me met pas ta lampe dans la gueule j'te jure on va se battre, j'ai reculé pour te laisser de la place pour te démerder, ptete que j'vais faire une sieste dans un coin si ça continue. Y a bien un téléporteur qui va finir par venir nous chercher de toute façon.

"La seule chose que tu vas manger c'est ma main sur le coin du nez si tes dents s'approchent de ma peau douce et sucrée- répondis-je du tac au tac -En vrai, ok, c'est ptete ma faute. Promis, j'te paye le repas quand on sort si on reste coincé trop longtemps. Mais me mange pas stp."

Nan parce que bon eh oh. J'vais finir par faire comme ces vegans là, qui donnent des noms à leurs steaks. Ou un truc du style. En parlant de nom tient.

"Erik, enchanté. Un jour j'saurais me transformer en chat noir pour vraiment permettre aux gens de se rendre compte que j'suis une malédiction vivante entre ces murs. Sinon, est ce que tu as du réseau ? Perso j'ai pas mon tel sur moi, ptete tu peux essayer d'appeler le dépanneur ou je sais pas qui ? J'dis ça comme ça."

Oh bon sang je vais me le faire.

- Si tu appuies encore une seule fois sur ces boutons, je te jure que ta peau douce et sucrée, je vais te l'éclater comme un fruit mûr. Je réplique.

Le gars a quoi, 3 de QI ? Il est au courant que si l'ascenseur descend là, il va pas descendre gentiment comme une bonne petite boîte en métal. Là, si il bouge, on tombe. Et je tiens à garder tous mes membres intacts, merci bien. Donc la chambre des secrets, très peu pour moi.

- C'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Je réponds par rapport à l'invitation à manger.

J'espère qu'il a un excellente adresse parce que je compte bien le faire raquer vu le coup fourré qu'il vient de me faire. Au moins il s'est excusé. Je serais gentil, je lui épargnerais de payer une bouteille du meilleur vin de la carte.

- Je m'appelle Camil. Je marmonne en regardant mon téléphone. Ouais j'ai du réseau, mais y'a pas de numéro dans l'ascenseur pour le dépanneur. Et vu que t'as pas l'air super dégourdi, je suppose que tu le connais pas ?

Oui c'était gratuit, non j'en ai rien à foutre. Si seulement ce foutu bouton d'appel voulait bien marcher... Je me dis en appuyant une nouvelle fois dessus, au cas où. J'ai jamais cru aux miracle parce que j'en avais jamais vu un de mes propres yeux, mais là je dois y croire, pas le choix, parce que la lumière se rallume au moment où j'appuie sur le bouton, qui réagit avec un "bip" impertinent. Je crois que j'ai jamais été aussi heureux de me faire aveugler.

- Ben voilà, plus qu'à attendre. Je dis, avec un semblant de sourire.

"Des menaces, des menaces."

Le sourire goguenard qu'il avait dû voir sur mon visage en me trouant les pupilles avec son flash à la con semblait ne pas lui avoir suffit, on pourra régler ça dans un octogone après que tu te sois rempli le bide à mes frais, ouais.

"Comme je suis pas super dégourdi, mon petit Camil, je te dirais sans doute pas d'appeler NIMPORTE QUI qui soit dehors qui peut aller voir un tonnerre capable de se téléporter ? Ou n'importe quel Titan qui pourrait écarter ces putes de portes ? Genre n'importe qui qui soit pas Novice ou Initié comme les deux boloss qu'on est ? Quelqu'un d'utile."

Puis c'est le moment où ça se rallume. Avec un peu de chance l'ascenseur va repartir lui aussi. Non bah non. Par contre y a une tonalité, je l'entends grésiller doucement au creux de l'interphone.

"En vrai ça se trouve c'est même pas ma faute, c'est juste le courant qui allait couper et ça a fait déconner l'ascenseur ! Imagine si genre, parce que quelqu'un appuie sur les boutons qui sont CENSES ETRE FAITS POUR ÇA, ça coupe le courant dans tout Terrae ?? J'refuse de croire que c'est ma faute en fait."

Je m'approche de l'interphone moi aussi, mais la tonalité dure, dure, et dure encore. Bordel de merde. Forcément que je vais taper dessus du plat de la main, agacé. Apparemment, j'aurais pas dû faire ça hein, parce qu'on est à nouveau dans le noir.

"Alors. Je vais juste rester CALME EN FAIT CA COMMENCE A FAIRE BEAUCOUP LA."

Je me tourne vers Camil. Parce que toute façon même si il fait noir il peut pas être vraiment ailleurs hein. Qui pourrait être assez con pour faire un truc pareil en vrai ? C'est louche.

"C'est un prank c'est ça ? T'es un Tonnerre transformé en un type random avec un cristal Morphe, et tu joues avec l'ascenseur pour me faire une blague ? "

Il y avait un espoir. Avait. Mais comme je suis coincé avec un TEUBÉ, nous revoilà dans le noir ! Je tique un coup et il me faut un petit temps pour me rappeler qu'éclater la face d'Erik sur le miroir ne nous fera pas sortir de l'ascenseur. Non, non désolé, une fois sortis je me le fais. Tant pis.

- Si t'étais un peu dégourdi, mon gars, t'aurais déjà sorti ton téléphone. Ah, mais attends, ça se trouve, tu l'as même pas sur toi ? Heh, bah oui, logique. Où est-ce que tu te le serais carré sinon, pendant que tu trottais tel un poney de show dans Terrae.

Ouais, c'est gratuit pour les chiens.
Et comme le karma est une belle salo- dame qui travaille dans la rue, mon téléphone tombe en rade de batterie à ce moment. Ouais, comme l'autre dit, ça commence à faire beaucoup. Sans cette dernière source de lumière, je sens la panique monter. Et quand je panique, je suis agressif.

- T'as de la merde dans les yeux ? J'ai la gueule d'un mec à faire une blague pareille ? Putain je suis même pas encore initié, crétin. Et franchement, si c'était le cas, je me serais pas coincé dans ce foutu ascenseur avec toi. Je sais pas, réfléchis. T'as gardé ton cerveau de chien ou quoi ? Je m'énerve.

Maintenant, je veux juste sortir d'ici. Mais je suis aussi revenu sur ma décision, il va raquer à fond. Par ici le bon pinard. Je vais le rendre pauvre, même si je rentre chez moi rond comme une queue de pelle.

Oh mais eh qu'est ce que j'y peux moi si ce bâtiment dans 6 mois c'est rien de plus qu'un lieu d'Urbex hein ??? Et la vie de ma mère faut pas parler comme ça aux gens qui font une tête de plus que toi et dont les bras c'est tes cuisses.

"Nan mon rêve c'est de faire le kangourou pour avoir une poche en fait. Et désolé de pas être un zoomer de merde hein, mon tel a pu de réseau depuis deux jours, la seule chose qui titille ma prostate actuellement c'est tes larmes qui me font du bien au fondement."

Et maintenant son téléphone qui s'éteint. Bordel mais C'EST TROP c'est un coup monté c'est sûr ! Et je maîtrise pas la transfo en girafe encore, donc c'est sa faute pas la mienne.

"Ouais bah j'te crois pas. Y a un problème dans cet ascenseur. Et c'est pas moi. Donc il reste pas 35 solutions. J'sais que j'ai un karma négatif, mais je refuse d'y croire. C'est QUOI LA PROBA QUE TOUT CA ARRIVE ? Comment je fais pour savoir si t'es initié ou pas déjà ? C'est comme ton étage, c'est pas marqué sur ton front, ça non plus, désolé hein. Maintenant si tu souhaites parler mal alors que depuis tout à l'heure tout ce que t'as fait pour régler la situation c'est m'éblouir avec ton téléphone qui n'a même plus de batterie et appuyer sur UN bouton. Excuse moi de pas vouloir rester passif putain. Et parle mieux de tes aînés, surtout quand ils te promettent de la bouffe. Azy tu sais quoi... T'es prêt pour la chambre des secrets ? "

Je tends le bras vers le panneau et appuie à nouveau sur tous les boutons, du haut vers le bas, comme les deux fois précédentes. Une fois. Puis une seconde. Et rien ne se passe.

"Bon bah voilà maintenant bonhomme, on sait que c'était pas la réponse à l'énigme."

Je donne un coup de pied rageur dans la porte.

"FFFFFUUUUUUUCK."

Je m'assieds, la tête sur les genoux.

"J'suis à fleur de peau en ce moment, vraiment désolé. Y a plus qu'à attendre de toute façon. T'allais faire quoi au premier étage ? J'espère tu vas pas être en retard en cours. Même si t'as l'air d'avoir passé l'âge. Sauf quand tu veux jouer avec ton caca ou avec mes couilles, à dire des dingueries et à manquer de respect."

Et voilà, il repart dans un monologue bourré de grossièretés, et de mots que je comprends pas. Enfin, question grossièretés, je suis pas mal non plus !

- J'en sais foutrement rien, ok ? Mais tout ce que je peux te dire c'est que ça fait deux mois que j'ai atterri ici, donc ton histoire de prank, tu peux te la carrer. Je suis juste un pauvre gars paumé qui est tombé ici. Et puis tu causes, tu causes, mais t'es pas mal niveau manque de respect je te signale. Vu que la seule chose que tu sembles foutu de faire, c'est d'appuyer comme un psychopathe sur tous les boutons, je crois que t'as rien à dire ok ? Je crache, agacé.

Bah tiens, d'ailleurs. Le revoilà qui appuie sur tous les boutons en parlant de la chambre des secrets.

- Sérieusement, arrête avec ton histoire de chambre des secrets. Ni toi ni moi n'avons la gueule d'Harry Potter. On ressemble plus à Ron ou à Crabbe et Goyle. Je dis.

Le pauvre a l'air aussi soûlé que moi. En fait si il parlait mieux, peut-être que j'aurais un peu de compassion pour lui. Le coup de pieds qu'il fout dans la porte me fait sursauter, l'obscurité me rendant vraiment nerveux. Il commence à s'excuser et je me dis que peut-être, ça allait s'arranger. Mais non, il est obligé de recommencer avec ses conneries.

Putain tu partais bien. Dommage que te gâches encore tout avec ta grande gueule. Je râle en m'adossant à la paroi de l'ascenseur.

Un silence s'installe. C'est pas trop malaisant, mais le noir, le silence et le fait que je sois coincé me rendent nerveux. Du coup je me résigne à faire la conversation.

- J'allais à l'atelier si tu veux tout savoir. Je voulais faire quelques décos de Noël... Mais je crois que c'est foutu. Et nan, je vais pas en cours, j'ai 22 ans. C'est moi qui les donnais, les cours, avant d'arriver ici. Je dis.

Pitié, faites que la lumière s'allume. Juste ça, j'en demande pas plus...