Je réceptionne les clés et les tourne dans la serrure pour ouvrir, jetant un regard en arrière pour voir Camil faire des papouilles à Tifa et la chienne, pas farouche, se laisse aller à profiter au maximum de cette attention inattendue.

"Est ce que tu fais woof, Tifa ? Je te présente Camil, c'est notre invité aujourd'hui ! Camil, je te présente Tifa, ma petite sœur ! "

Je laisse le doute planner, le temps de retirer mes chaussure.

"C'est une labrador tout ce qu'il y a de plus classique. Même si je la considère comme une membre de ma famille. Et elle adore les gratouilles. Oh et, enlève tes chaussures en entrant s'il te plaît. Laisse juste pas ouvert trop longtemps, j'voudrais pas que Sephi ou Aeris sortent, j'en ai déjà marre de faire le sol quand Tifa rentre, si j'peux éviter que les chats m'en foutent sur les meubles ou les murs... J'vais me changer viteuf, j'reviens, fais comme chez toi ! Et euh. Les toilettes sont sur la droite, juste après l'escalier, si besoin."

Puis je me sauve, montant les marches 4 à 4, sautant dans la douche une fois en haut, balançant les vêtements par dessus la cloison en verre de la douche Italienne. Parce qu'il n'y avait pas de raison que seule la salle de bain du bas soit équipé pour les handicapés, hein (en vrai jsp pourquoi ils ont fait ça, mais je vais pas m'en plaindre mdr). Enfin, au bout d'une poignée de minutes, je redescends, enfin propre et surtout avec des vêtements propres. Rien de bien extravagant, pour le coup, un jogging vert et le maillot des Swallows qu'Ipiu m'avait offert après leur couronnement l'année dernière lors de la Japan Series 2021 (L'équivalent des playoffs de la NBA qui regroupe les Conférences Est et Ouest, mais pour le baseball japonais)

Je retrouve Camil toujours dans le hall à faire des papouilles à Tifa, qui dans un geste de confiance aveugle s'était vautrée sur le dos pour avoir des gratouilles sur le bidou.

"scuse moi pour l'attente, même si ici c'est chauffé c'pas cool de te laisser poireauter. T'es plutôt sucré ou salé ? J'dois avoir des biscuits à grignoter avec tout ce que tu peux imaginer comme boisson chaude. Ou alors comme j'te disais, un bon p'tit curry bien chaud, avec une boisson fraîche. Perso, j'prendrais comme toi. La cuisine va être sur la gauche, viens."

Je l'invite à me suivre, passant devant le salon, ses canapés et son écran géant, et on est rapidement rejoins par les deux terreurs de cette maison qui quémandent des croquettes.

"Eh, c'est pas encore l'heure les loulous, vous savez bien."

Je remplis quand même leurs gamelles d'eau, ainsi que le bol de Tifa, avant d'ouvrir le frigo, qui tire un peu la gueule ces derniers temps, faut bien se l'avouer. Oh, il reste quelques bières. Enfin c'est pas comme si il y avait la moindre chance qu'on manque d'alcool dans cette maison.

Le toutou semble kiffer sa vie et se laisse papouiller avec bonheur. On dirait bien que cette fois-ci c'est un vrai-

- Hein ?

Comment ça "petite sœur" ? Ah. Non, donc c'est bien une chienne classique. Un labrador. Bon. Cet enfoiré a laissé planer le doute quand même, et à ce niveau-là j'ai pas marché, j'ai couru. Bref, je retire mes chaussures et ferme la porte en la poussant du pied, les mains déjà plongées dans la fourrure courte de Tifa. Je note dans un coin de ma tête qu'il y a deux chats en plus de la chienne. Et le temps que j'acquiesce à ce qu'Erik me disait, le voilà qui s'est sauvé.

Quelques minutes passent sans que je m'en rende compte et quand il redescend je suis au même endroit, au centimètre près, à gratter le ventre de Tifa qui s'est vautrée sur le dos, un air content sur sa petite bouille. J'écoute sa proposition en continuant mes gratouilles. J'aime tellement les animaux... Mais bon, il est super sympa de me laisser choisir alors désolé Tifa... Je me remets debout et souris.

- T'inquiète, j'étais bien accompagné. Sympa le maillot. C'est du baseball ? Je demande. Et d'habitude je suis plutôt sucré mais tu m'as teasé ton curry alors, je partirai bien là-dessus. Merci pour l'invitation. Je dis poliment.

Je le suis et bientôt j'entends des miaous intempestifs. Je m'accroupis pour laisser les chats me sentir, même si avec la session de papouilles avec Tifa, je dois surtout sentir le chien.

- C'est chouette d'avoir autant d'animaux. Tifa me fait penser au chien d'assistance qu'avait une de mes élèves.

C'était un grand croisé labrador, noir comme la nuit. Pas un seul poile blanc sur ce chien, et il avait une voix de ténor. Quand il aboyait, on pouvait l'entendre peu importe où on était sur le campus. Je souris en me rappelant de son expression solennelle quand il accompagnait son humaine.

- Je peux t'aider à faire quelque chose ? Je propose en revenant au présent.

"Yup, la meilleure équipe de Tokyo ! J'imagine que comme hirondelles et avaler* à une lettre près ça se ressemble, ça a dû faire rire la personne à l'humour douteux qui me sert de colocataire quand j'ai célébré leur couronnement."

:

J'ouvre le frigo en réfléchissant. Putain faut que je fasse du riz.

"Très bon choix alors, le curry. J'suis pas un très grand cuisinier mais j'me débrouille, et j'suis particulièrement fier du porc pané que j'ai fait pour aller avec ! Par contre va falloir attendre un petit peu le temps que le riz cuise."

Ni une ni deux, je benne deux belles portions de riz dans l'autocuiseur et le laisse opérer sa magie après avoir ajouté l'eau avec la mienne.

"Les labradors sont une race vraiment formidable. Gentils et affectueux, ouais. La présence de Tifa m'a beaucoup aidé, quand j'étais plus jeune, j'comprends qu'elle puisse faire penser à un chien d'assistance ou j'sais pas quoi. Par contre ces deux chats c'est les plus gros ingrats que je connaisse, regarde les à se pavaner comme s'ils étaient chez eux- J'attrape la chatte blanche et orange pour lui gratouiller entre les oreilles avant de la foutre dans les bras de Camil -regarde moi cette indifférence feinte quand on lui fait des papouilles, il faudrait surtout pas qu'on sache qu'elle adore ça, hein ! J'te présente Aeris. Et l'autre noir et blanc là, c'est Sephiroth. Oui j'aimais beaucoup FF7 quand j'étais plus jeune. Et j'aime toujours, voilà."

Je sors le curry du micro-onde et sors une poêle pour réchauffer la viande sans que la chapelure ne devienne molle.

"Nan bah écoute, si tu peux juste surveiller ce qu'il y a sur le feu, c'est super gentil merci ! Comme ça j'vais te montrer ce que c'est mon art à moi. T'étais bien prof d'histoire de l'art c'est ce que tu me disais tout à l'heure ? "

Parce que ouais, on dirait ptete pas comme ça, mais j'écoute quand les gens parlent, et je retiens pas trop mal. Par contre j'me dirige vers le bar du salon, parce que j'crois savoir quel cocktail j'veux servir avec ce plat. Les patates que j'ai utilisé sont légèrement sucrés, alors quelque chose d'un peu amer devrait faire l'affaire. Et quoi de mieux que le Mexique pour un peu d'amertume ? Oui, je sais que c'est honteux, de servir un curry avec de la Tequila, mais eh. Ça se marie tellement bien avec le citron vert. Oh et un peu de Mezcal. Et quelques feuilles de basilic. Et un peu de concombre. Et du tonic. Ça fait une sorte de TNT un peu bizarre mais ça devrait aller super bien avec le curry, le porc un peu gras et la coriandre fraiche que je prévois de mettre dessus. Mmmmh. J'reviens dans la cuisine et pose tous mes ingrédients sur la table, avant d'ouvrir le freezeur du frigo pour en sortir de la glace, que je pile grossièrement à l'aide d'un mortier. Opération qui aura pour effet de faire fuir les chats, malgré ma délicatesse, liée à l'expérience pour ne pas en foutre partout.

"Ça devrait être bon pour la viande, merci ! "

C'est ce moment précis que choisi l'autocuiseur pour se mettre à sonner aussi. Ce sens du timing alalah.

"Si tu peux ouvrir l'autocuiseur pour remuer un peu le riz et t'assurer qu'il soit bien cuit le temps que je mette la table viteuf, tu gères ! Et doit y avoir de la sauce Bulldog dans le frigo pour rajouter sur la viande ! "

Quel festin de roi on va se taper, j'en ai l'eau à la bouche. En plus les cocktails sont presque prêts, plus qu'à poser une feuille de basilic et quelques rondelles de concombre sur le rebord. Tout ça sent si bon. J'ai faim.

Je ricane face au jeu de mots d'Erik. Oui en effet, ça a dû faire bizarre aux gens, de célébrer les Swallows. Je me mets dans un coin de la cuisine le temps qu'Erik sortes tout et mette le riz à cuire. Voilà ce qu'il me faudra quand j'aurais ma propre chambre : un cuiseur. Histoire d'arrêter de devoir mettre à tremper mes casseroles trois jours à chaque plat avec du riz.

J'observe les deux minets et souris. Ils ont l'air d'être les rois de la maison en effet. Beau poil, belle morpho... J'aime tellement voir des animaux en bonne santé comme ça !

- Oh, tu savais que les minets roux sont habituellement toujours des mâles ? Je sais pas si ça s'applique aussi quand il y a du blanc dans le pelage, mais Aeris est une vraie rareté ! Et t'inquiète, j'ai eu ma période Final Fantasy aussi, mais je n'ai joué qu'à Dissidia, je n'avais pas beaucoup le droit aux jeux vidéos quand j'étais petit. Je dis.

Je gratte le menton d'Aeris avec un doigt et savoure le ronron léger que ça provoque, puis la dépose délicatement par terre. C'est agréable une maison avec des animaux. Ça me donne envie.
Le curry chauffé au micro-onde commence à sentir et mon ventre gargouille contre mon gré. Je sens qu'on va se régaler. Je m'exécute de bonne grâce et fais revenir la viande pannée pour qu'elle dore un peu plus sans brûler.

- Ouaip, c'est ça. Je réponds en le suivant du regard alors qu'il quitte la cuisine.

Où est-ce qu'il va ? J'entends le tintement du verre et Erik revient avec quelques bouteilles. Oh, miam de la tequila. Ça faisait longtemps ! Je sors la viande du feu et éteins la plaque pendant qu'il pile de la glace, faisant disparaître les chats de la pièce. Puis le cuiseur sonne et je l'ouvre. En remuant le riz (qui est juste parfait, miam !), je réponds à Erik :

- Donc toi ton truc c'est les cocktails ? C'est cool. Ah, et si tu veux me passer les assiettes, je les dresse comme ça on a plus qu'à s'asseoir.

Une fois les assiettes récupérées, je dépose une bonne portion de riz dans chaque assiette et y ajoute le curry à côté. Puis je fais glisser la viande entre les deux et voilà. Plus qu'à déguster.

"Le dit pas trop fort elle pourrait t'entendre, elle fait déjà assez sa princesse comme ça ! Mais ouais, ça doit être quoi, 3 sur 4 ou 4 sur 5 qui sont des mâles, un truc du style. Il est bien Dissidia ? Jcommençais à bosser quand il est sorti j'ai pas pu le faire à l'époque j'sais pas si ça vaut le coup."

J'sais bien que c'est pas super pratique de discuter à travers la baraque mais eh, y a personne et puis j'ai promis à boire j'me dois de tenir parole.

"Stylé de ouf, même si j'imagine qu'en fac tu devais être plus jeune que tes étudiants ? T'as géré pour enseigner aussi tôt ! "

Me revoilà dans la cuisine et pendant que le blondinet dresse les assiettes, l'autre blondinet s'occupe de dresser les verres. Jplace son verre devant mon invité et récupère quelques feuilles de coriandre que je coupe grossièrement avant d'en déposer sur le curry jaune et brillant, tendant ensuite la petite planche à découper en bois à Camil.

"Mon truc c'est les cocktails ouais. Et le café. Tout ce qui se boit, en fait. J'ai bossé en boîte de nuit, puis au bar de Terrae avant que Luna le reprenne. Et maintenant j'bosse au café manga et je m'amuse trop, j'en avais marre de voir les mêmes clients alcooliques tout le temps sans pouvoir trinquer avec eux parce que j'bossais."

Je lève mon verre et l'approche de celui de Camil.

"À la tienne hein ! Et à l'homme qui pisse dans les lieux publics. Tu feras gaffe, c'est pas super chargé en alcool mais ça peut gratter un peu la gorge, j'l'ai dosé pour être bu avec le plat, ça peut faire bizarre tout seul ! "

J'y trempe mes lèvres. Amer, comme prévu. Mais loin d'être désagréable. Et avec une petite bouchée de viande là. Mmhhhh. Okay j'me suis pas foutu de sa gueule au jeunot. J'vais me faire exploser le bide là. Tant pis pour la diète mdr.

"La viande est parfaite bien joué ! Ça fait combien de temps que t'es à Terrae du coup ? Au moins depuis Halloween j'imagine ? "

Je rigole avant de m'enfourner une énorme bouchée de riz et de curry avec mes baguettes. Putain c'est bon j'suis content.

- Moi j'ai aimé, mais il est très différent des autres FF il paraît ! C'est pas du tour par tour, et tu as plusieurs modes. T'as le mode histoire classique, où tu avances avec des points, un peu comme sur un plateau de jeu, en choisissant ton chemin. Et tu as un mode combat où tu peux choisir ton perso et celui contre lequel tu veux te battre. C'est pas mal pour level up les persos que tu utilises dans le mode histoire.

Oui, Dissidia m'a beaucoup marqué alors en parler me ramène aux moments sympas de mon enfance ! Je rigole à la remarque d'Erik sur mes étudiants.

- Ah ouais, des fois c'était gratiné, ils avaient quatre ou cinq ans de plus que moi !

Il n'est pas obligé de savoir qu'il m'est aussi arrivé de trouver des partenaires parmi lesdits étudiants. D'autant plus que le revoilà avec des verres qu'il finit de dresser. Un peu de coriandre plus tard, on est bons pour manger !

- Tu m'étonnes, c'est pour ça que j'ai pas envie de bosser en bar ou en café. Je crois que je serais infoutu de me maîtriser et je finirais par papoter plus que je travaillerais. Voyons voir ce que tu vaux ! Cheers mate !

Je trinque avec Erik et boit une gorgée. Le cocktail est super frais, un peu amer et très agréable.

- Ok, ok je m'incline. C'est une tuerie !

J'enchaîne avec une bouchée de mon repas et savoure un instant le mélange des saveurs. C'est épicé juste ce qu'il faut, avec un côté presque sucré. Bref, je me régale.

- Ouais, je suis arrivé en... Octobre. Genre un peu avant Halloween. C'était complètement sur un coup de tête mais plus le temps passe et plus je me plais ici. Et toi ? Tu as dit que tu avais bossé dans le bar avant Luna, donc tu dois être là depuis un moment. Je devine.

Ah, tant pis c'est trop bon. J'avale la moitié de mon cocktail sans pouvoir m'arrêter. J'espère qu'il s'en offusquera pas. Pour faire bonne mesure j'engloutis aussi un portion du curry qui me fond dans la bouche.

"Ok styléééééé. Après j'dois avouer, et arrête moi si j'te spoil, mais je me suis toujours pas remis de la mort de- C'est maintenant que tu m'arrêtes si tu veux pas- Ok en même temps le jeu a 25 ans- J'me suis toujours pas remis de la mort d'Aeris."

J'pourrais en faire des cauchemars si mon temps de cerveau disponible quand je dors était pas consacré à des rêves érotiques ou d'autres cauchemars sur, au hasard, maman, ou la mission à venir.

"Bah ouais tu m'étonnes, c'est super jeune pour enseigner. C'est clairement pas au Japon que ça arriverait ce genre de choses. Enfin tu dois être vraiment doué et calé sur le sujet, bien joué ! C'quoi l'art que tu pratiques, ou que tu préfères si t'en fais plusieurs ? '

Le fumet de la bouffe devant nous s'impose de plus en plus à mes narines et j'ai qu'une envie c'est de tout déglinguer sur le champ, mais je me retiens. Parce que c'est pas super poli, et que même si j'ai bossé toute la matinée eh, les invités d'abord !

"La technique secrète c'est de bosser avec des gens qui parlent encore plus que toi ! Et en vrai, l'avantage c'est que comme on propose des BDs, mangas et comics, on peut parler de ça avec les gens, de leurs dernières lectures et tout, puis les gens sont gentils et compréhensifs si ils ont leurs boissons rapidement, et discuter fait forcément parti de notre taf, du coup. Ça reste moins fréquenté que le bar, c'est plus étalé sur la journée et tout y a pas un gros pic comme une soirée en bar ! Mais tant que tu gardes en tête que l'objectif c'est que tout le monde passe un bon moment, franchement c'est pas si compliqué quand tu sais faire efficacement ce qu'il y a à faire."

Enfin j'vais ptete pas parler trop trop boulot, parce que hein, si j'me lance vraiment sur le sujet je ne vais parler plus que de ça. Et ça peut être relou mdr. Putain j'suis content, c'est vraiment bon et ça se marie comme je l'imaginait. J'éclate de rire, la bouche pleine :

Pffshhhh- Merchi merchi, t'as réchauffé la viande à la perfekchion ch'pour cha ! Oh et si tu parles du cocktail et bien ça c'est normal, j'prends le compliment mais j'suis pas étonné, j'connais mon sujet"

J'tire la langue, l'air faussement hautain, avant d'éclater de rire à nouveau :

"Nan en vrai merci, j'savais pas trop où j'allais, j'me suis inspiré du TNT pour apporter une touche un peu amère avec la tequila et le tonic, mais j'ai brodé un peu autour. Si t'en veux un second verre, ou même un 3ème, te prive surtout pas, j't'ai promis à boire et à manger, puis t'façon maintenant que t'as vu mon cul eh, la moindre des choses c'est de te fournir de quoi oublier cette vision d'horreur ! "

J'aime vraiment trop quand boisson et plat vont bien ensemble j'me régale purée. Nomnomnom.

"Ouais bah ça va faire quoi, 5 ans dans 3 mois, que j'suis à Terrae. Et plus le temps passe plus je me plais ici aussi. Pourtant malgré tout le temps passé, j'ai l'impression que c'est hier encore. Enfin, j'ai beaucoup changé, j'suis arrivé j'étais un peu enrobé et maigrichon, avec les cheveux teints en noir et des lunettes rafistolées avec du papier collant. Mais malgré tout ce travail sur moi même, et le fait que j'me sente mieux dans mon corps, et à ma place, c'est - Enfin j'vais pas t'embêter avec mes histoires hein, 'scuse moi, j'devrais pas parler de ce genre de choses, le but c'est pas de te faire t'inquiéter. Mais c'est toujours amusant de rencontrer des nouveaux, puis de vous voir souriants, c'est rassurant, ça fait chaud au cœur ! "

J'parle beaucoup pour ne pas dire grand chose j'sais bien, mais c'était vraiment trop maladroit comme début de monologue, vraiment relou pour le pauvre gamin qui m'a rien demandé du tout. Et non je lui poserais pas la question de pourquoi il est ici.

"Enfin j'suis ravi que tu te plaise ici. Tu verras quand tu auras ta chambre ça sera encore mieux. Perso j'ai passé plus de temps dans celles des autres que dans la mienne, j'ai emménagé ici après quoi, deux semaines en tant qu'Initié pour jouer les assistants. Et quand je sais ce que j'ai pu louper à ne pas vivre avec tout le monde parfois j'regrette un peu, même si j'ai une vie de roi comparé au commun des mortels ahah ! J'ai UN JARDIN ET UN JACUZZI MEC NORAJ. D'ailleurs si tu veux aller faire une p'tite sessions de cocktub après bouffer pour digérer un peu, c'est franchement sympa, et si t'aimes les ptits jets d'eau, j'arrive à les reproduire avec mes pouvoirs pour deux fois plus de bulles et de fun ! "

Mon regard se perd un instant dans le vide, repensant à ce que je venais de dire, et le rouge me monte instantanément aux joues pendant que je m'étouffe à moitié avec ma bouchée de riz :

"KOF KOF- NAN ALORS C'EST LA CONTRACTION DE COCKTAIL ET DE HOT TUB J'PROPOSAIS PAS DE T'ENCUL- Enfin euh hein. C'est une private joke avec Ipiu. Et j'me justifie encore, je sais bien, mais eh, trop bizarre et ambiguë pour que je le fasse pas."

Puis je cache ma gène dans le fond de mon verre, la noyant sous la glace pilée.

- Ah putain, Aeris ! Sa mort, quelle horreur !

Je me souviens que j'avais regardé un ami jouer quand j'avais été invité chez lui, et la mort de ce personnage m'avait marqué en effet... J'avais eu du mal à reprendre contenance avant de rentrer chez moi.

- Je dessine, surtout. Après les techniques, bon, on va pas se mentir quand je fais ça pour moi je ne me casse pas la tête et je fais comme je veux. Question support et matos, j'utilise principalement l'aquarelle. Et du papier blanc du coup. Mais des fois je change et j'utilise du crayon de couleur, des pastels secs ou gras, des fusains... En fait la seule chose que je n'aime pas vraiment c'est l'acrylique. Quelle plaie cette peinture. J'ai aussi dessiné sur crépon et papier noir. C'est assez fun !

Oh là le monologue ! Je vais m'arrêter avant de le gaver avec mes histoires. Faut pas me lancer dessus.

- Ahem. La seule chose que tu dois savoir c'est qu'il ne faut jamais me demander de chanter. J'adore la musique mais j'ai aucun sens du rythme et des notes. Je dis en me raclant la gorge, pour conclure.

Heureusement, Erik aussi est un bavard. Il me parle de son boulot et on voit qu'il aime ça. J'adore entendre les gens parler de ce qu'ils aiment, alors je l'écoute en mangeant tranquillement. Il enchaîne sur la nourriture et j'accepte son compliment d'un sourire.

- Haha j'espère bien que tu vas me faire goûter plein de choses ! Mes alcools préférés sont le rhum, le scotch et le whisky mais je suis jamais contre une petit tequila ou une manzana !

Franchement, vu ce premier cocktail, il peut me faire avaler ce qu'il veut. Ça se voit qu'il s'y connaît.

- Ah ouais t'es là depuis longtemps. Normal que t'ai changé. Puis tu peux parler de ce que tu veux, moi je me contente d'écouter. Chacun a son histoire ici j'ai l'impression.

Enfin, ceci étant dit, je ne vais pas l'obliger à me raconter son histoire ou à parler de ses inquiétudes. Je voulais juste qu'il sache que s'il a besoin, il peut parler. De toute façon je ne juge pas sauf quand on essaye de pisser dans l'ascenseur où je me trouve. Je termine mon verre de quelques gorgées, et regarde mon assiette. La vache j'ai mangé comme un glouton, il ne reste presque rien dessus. Au moins je me suis retenu de lécher l'assiette c'est déjà ça.

Je regarde autour de moi en l'écoutant. Bah mon coco, un jacuzzi et une piscine... Ça se met bien ! Déjà le jour où j'ai une chambre à moi je sors le champagne. Clairement, les dortoirs ça commence à me taper sur le système même si on ne m'a rien piqué, c'est déjà ça... Par contre sa proposition... Je hausse un sourcil et l'observe s'enfoncer. Intérieurement, je suis plié, je hurle de rire, pire qu'une hyène. Mais je garde ma poker face et lui tapote le dos quand il s'étouffe.

- Oh tu sais, après avoir eu une vue dégagée sur ton popotin -qui au passage est absolument ravissant- , ta proposition me semble presque normale. Voire, même, presque tentante...

Je laisse planer un silence, mais je ne tiens plus. Un sourire hilare commence à étirer mes lèvres et je décide de l'achever.

- ...Mais je crois que je préfère un cocktail et un tour dans le jacuzzi.

"J'en ai pas dormi pendant deux jours après cette scène j'te jure."

J'voulais pas qu'elle meurt moi Aeris. Après bon, ça reste Tifa la best girl mais quand même hein, bonjour le trauma.

"C'est trop stylé de dessiner ! J'serais presque jaloux de ceux qui y arrivent, si j'faisais pas 0 effort pour apprendre mdr. Mais nan, les dessins j'me contente de les observer, d'admirer les plus beaux, et puis j'suis un immense fan de bande dessinée, de manga, de romans graphiques et tout ça."

J'dois bien avouer que la peinture ça me parle beaucoup moins mais eh, j'vais pas juger. Surtout que ça reste super joli quand c'est bien fait, puis ça doit être un p'tit génie le Camil, pour enseigner ça aussi jeune. La seule chose que je pourrais enseigner, moi, ça serait comment se mettre une caisse en profitant de chaque gorgée d'alcool. Ou comment poser une paraplégique sur les chiottes. Lourd. Enfin je suis clairement pas fait pour enseigner de toute façon. J'aurais tellement pas la patience omg.

"L'important c'est pas de savoir chanter, c'est d'y mettre du cœur !! Mais j'note l'idée d'un karaoké. J'adore chanter aussi, et j'ai une voix pas trop dégueu askip, mais j'ai jamais vraiment appris, j'manque de technique."

Après j'soupçonne les potes de dire que j'chante pas trop mal pour pas me vexer j'avoue. Ils doivent voir que j'y mets du cœur et veulent pas briser mes espoirs.

"Rhum, scotch, whisky hein ? J'dois bien avouer que les deux derniers sont plus difficiles à travailler, et que perso quand j'en ai des bons jpréfère les déguster sans rien, mais rhum polalah ça ouvre BEAUCOUP de possibilités. Avec tout plein de jus et tout, ça aime trop le sucre le rhum. Et puis j'crois en avoir quelques-uns de déjà arrangés."

J'me frotte les mains. J'ai un cobaye muahahahahah. MUAHAHAHAH. Aherm. Ne le faisons pas fuir. Pas tout de suite.

"Ahah nan mais j't'avoue que parler de ce genre de choses en étant encore totalement sobre j'évite. Ça casse trop le mood c'est relou. J'ai déjà niqué ta journée déco de Noël j'vais pas en plus niquer ta journée tout court mdr. Parce que ouais, tous les gens ici ils ont une histoire pas très rigolote. Sinon ils seraient juste pas là. Bon ptete que les enfants sont une exception. Les tous petits qui sont là avec leurs parents, ou les enfants de Masters, j'entends. Parce que des gosses traumatisés c'est pas ce qu'il manque hein."

Puis on va pas du tout aller en chercher encore plus dans quoi, deux semaines ? Mais bon ça j'suis pas censé en parler alors j'vais pas en parler. Déjà que Nikkou va me prendre pour un bolos, si il apprend que j'ai fait fuiter des informations je suis FINITO PIPO. Et j'ai pas envie. Puis j'lâche une bombe que je regrette presque plus que l'épisode du pipi de tout à l'heure. Tu casses les couilles Ipiu la vie d'ma mère. Putain mais IL SE MARRE LE BATARD EN PLUS MAIS-

"MAIS NAN MAIS ARRETEUH envraic'estparceque macoloc' ellepronnonce ça à la françaiseetducoupçaveut dire bitebite mais en vrai c'est vraiment juste la contraction des deux ET J'SUIS SUR ET CERTAIN QUE C'ETAIT SON PLAN DEPUIS LE DEBUT QUE JE PROPOSE UN COCKTUB A QQUN p'tain elle m'a baisé à me conditionner comme ça. ET OUI LA VIE D'MA MERE J'ME JUSTIFIE PARCE QUE J'SUIS MAUVAIS PERDANT ET QUE PTN chui pas d'ce bord là déso mec. Même si c'est flatteur, j'ai bossé pour avoir ce p'tit cul galbé. Donc ouais, un cocktail et un tour dans le jacuzzi."

Bordel mais il parle de mon cul l'enfoiré. Comment il parle de mon cul comme si c'était un bout de viande on est où là ?

"Et puis bon, moi j'ai tout plein de maillots de bain à ma taille dans cette baraque, donc j'crois bien que c'est ton cul de ficello qu'on va voir tout à l'heure ! Et toc ! On mate pas le cul des gens t'es un MALADE. Surtout pour dire que ledit cul est TENTANT j'ai juré. T'as jamais fait de sport collectif ? C'est la règle, dans les vestiaires. Tout ce qu'on peut faire avec le cul des copains c'est le claquer avec une serviette mouillée roulée sur elle même. ET C'EST TOUT HEIN."

Bon j'ai jamais vraiment fait de sport co. Juste les traumatismes des cours de sport du collège et du lycée. Et les animes de sport aussi. J'finis mon fond de verre cul sec après avoir repoussé mon assiette -vide- et me lève.

"Bouge pas j'vais allumer le jacuzzi. Histoire que l'eau soit pas à 10 degrés, perso j'pourrais le supporter mais t'es pas bien épais. Puis c'est plus agréable quand ça fait un peu onsen."

J'ouvre la porte vitrée et sors pieds nus sur la terrasse, relevant le coin de la bâche de protection qui recouvre le panneau de commandes, pour ajuster la température, et reviens à l'intérieur sur la pointe des pieds avec de longes enjambées, pour limiter le contact avec le sol glacé.

"Et en vrai dans les onsen on y va à poils, j'ai vu tellement plus de mecs à poil que de meufs t'as pas idée. Par contre faut pas mater. C'pas respectueux. Puis des fois c'est des yakuzas faut faire gaffe ! P'tete que j'suis un yakuza hein. J'suis japonais moi monsieur. On dirait pas hein ? ET BAH OUAIS ET BAH FUCK LES RACISTES. Et les pervers."

J'prends un air faussement supérieur, lèvres pincés, sourcils froncés, en hochant légèrement la tête de haut en bas.

"T'es au moins autant fiché que moi t'façon maintenant. Ta chance c'est ptete qu'il te connait pas encore. Alors évite de dire à tout le monde que t'as vu mon cul, ils feront ptete pas le lien avec cette situation embarrassante. Et oui j'suis encore bloqué là dessus, merde. Du rhum tu m'as dit, hein ? J'te laisse te mette à l'aise le temps que l'eau du bain chauffe. J'te conseille de prendre une douche même. Comme ça pendant ce temps là jprépare les cocktails. Et franchement, ça me dérange pas si t'y vas à poil. Mais j'suis vraiment désolé, j'vais rien avoir à ta taille. Ou alors... Vazy. File te laver, j'veux pas d'un crasseux qui sent le vomi dans mon jacuzzi."

En vrai c'est le jacuzzi d'Ipiu, qu'elle a eu à l'occasion de sa masterisation. J'crois. En tout cas il est arrivé un peu après qu'on ai emménagé. Mais qu'il est bien. Spacieux et tout. Et comme là tout de suite elle est pas là, j'file dans sa chambre après avoir montré à Camil où se trouvait la salle de bain en haut.

"J'te ramène un truc à te mettre sur le cul j'te dépose ça devant la porte. ET FROTTE BIEN DERRIERE LES OREILLES."

J'ai crié par dessus mon épaule en cherchant dans les sous-vêtements de la Master. Eh j'peux faire ça ouais. Parce que le préposé aux lessives c'est moi. Ah. voilà ce que je cherchais. Un vieux bas de maillot de meuf. Bon ok il est rose et ok elle l'a quasiment jamais mis. Et puis c'est pas de ma faute si le bougue il a les cuisses d'une paraplégique. J'attrape aussi une serviette, la plus grande que je trouve, et je dépose le tout devant la porte avant de frapper.

"J'dirais pas que j'suis désolé d'avoir trouvé que ça. Mais j'ai trouvé que ça. Pas désolé."

Puis je file au rez-de-chaussée pour préparer de quoi se mettre bien. Et quelques snacks aussi. Genre des noix de cajou. Et la ptite glacière pleine de glaces trop sucrées mais qui font trop plaisir. Mais surtout de l'alcool. Et de quoi le diluer. De quoi faire 2/3 cocktails. Et quand j'aurais la flemme d'en faire plus, juste un p'tit whisky irlandais à boire comme du petit lait. Toujours prévoir qu'à un moment faire des mélanges ça casse les couilles.

Je souris en écoutant Erik, le nez dans mon verre presque vide.

- Haha t'inquiète mec. J'ai eu pas mal de temps pour peaufiner mon coup de crayon quand j'étais enfant. Ça, plus le fait que j'avais pas trop le choix à part de progresser rapidement. Mais ça c'est une histoire pour les fins de soirée, au moment où les discussions deviennent sérieuses.

N'allons pas alourdir l'ambiance tout de suite.

- Par contre, pour la chanson, vraiment. Je chanterais pas même pour sauver ma vie. Je suis à peu près sûr que ça déclencherait l'apocalypse, au bas mot. Je plaisante.

Franchement, la seule fois où on m'a forcé à chanter dans un karaoké, il s'est mis à pleuvoir. Bon, en Angleterre c'est pas très étrange, mais il avait fait beau toute la journée. Et dès que j'ai ouvert ma gueule, on a entendu "ploc ploc". C'est un signe. Je suis dangereux.

- Ah bah ça, y'a pas meilleur qu'un bon whisky on the rocks. Pareil, je crois que si tu me fais un cocktail avec du scotch je crie au sacrilège ! Par contre, go pour le rhum, j'ai un penchant pour le sucré de toute façon.

Quelques petits indices pour le barman attitré de la soirée. Il a l'air content en tout cas, vu qu'il se frotte les mains... J'acquiesce au sujet des histoires des gens de Terrae. Je me doute qu'ils ne sont pas là par hasard. Moi non plus je n'ai pas la plus belle des enfances. On en discutera peut-être plus tard- Si Erik ne s'est pas étouffé entre temps. Hilare je l'écoute s'enfoncer encore et encore jusqu'à...

Comment ça mon cul de ficello ?! Eh c'est pas parce que j'ai pas la carrure d'un putain de bodybuildeur que je suis pas un minimum musclé. Vexé, je serre les lèvres. Il va voir, si j'ai l'air d'un fil de fer ! Je suis juste constitué différemment. Et il est très bien mon cul. Tous mes partenaires me l'ont dit. Na.

- Désolé le "sport collectif" c'est pas mon truc, je préfère les tête à tête. Je dis avec un sourire plein de sous-entendus, avant de reprendre un peu mon sérieux. Plus sérieusement, d'une t'es pas mon type, et de deux fallait pas me foutre ledit cul sous le nez. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même.

Je regarde Erik sortir sur la terrasse. Je l'attends juste à l'intérieur.

- Mec, je viens d'Angleterre. L'eau à 10 degrés c'est pas un truc très rare chez moi. Alors je suis peut-être pas très épais mais je survivrais hein. Enfin c'est cool de ta part quand même.

Et voilà qu'on a encore perdu Erik, qui développe le sujet des onsen... Et des racistes ? Ok. Par contre le gars il a rêvé, je suis déjà fiché comme il le dit alors hors de question que je sorte de cette maison à poil. Surtout dans un quartier résidentiel. J'aimerais bien pouvoir redorer un peu ma réputation, pas la détruire définitivement.

Je suis Erik à l'étage pour qu'il me montre la douche, en laissant passer son insulte. Si y'a bien une chose que je ne suis pas, c'est crasseux. Eh, t'as déjà vu un crasseux avec une crinière comme la mienne ? Moi non. En parlant de crinière... Je remonte mes cheveux en chignon haut pour ne pas les mouiller et file à la douche. J'entends Erik revenir et poser des choses devant la salle de bain. Comment ça "pas désolé" ? J'ai peur....

Je ressors propre (oui, même derrière les oreilles) et attrape la serviette et... un petit bout de tissu rose. Il est pas sérieux. Il se fout de ma gueule. C'est un prank. Pas possible autrement. Il a cru que j'allais rentrer là-dedans... Et encore je passe sur la couleur. Pas moyen. Et d'un autre côté j'ai pas envie de le laisser gagner... Je m'essuie et attrape le bas de maillot de bain. Comme on dit en anglais : here goes nothing. Je l'enfile et comme attendu, mes cuisses passent pas. C'est beaucoup trop serré. Welp, retour à l'option n° 1 : le caleçon. Une fois mon caleçon remis et un t-shirt passé, j'attrape mon pantalon et le maillot. Il va m'entendre le con.

Je descends les escaliers et retrouve Erik penché sur une glacière. J'attends qu'il se redresse et lui balance le bas de maillot au visage, qui émet un "clac" très satisfaisant.

- Mec, je t'aime bien, mais là. Je sais que j'ai pas la gueule la plus masculine mais faut pas pousser. Et j'ai peut-être pas la même carrure que toi, mais t'es un peu stupide si t'a cru que je rentrais là-dedans !

J'ai dit ça d'un ton tout à fait sérieux. Je rigole moyen pour le coup. Je complexe assez sur mon physique pour qu'un trou de balle vienne pas en plus m'insulter en pleine face. Connard.

"J'vais pas te mentir qu'au rythme où on a flingué nos boissons la fin de soirée va avoir lieu avant que le soleil ne se couche. Et il se couche tôt, en hiver."

J'rigole. Non pas que je plaisante hein. Juste je ris parce que ça me fait rire, ce que je viens de dire. J'préfère ça que me faire pleurer les losers. Faut voir la vie du bon côté.

"L'apocalypse hein ? Ça donne presque envie de tester, pour voir. J'suis sûr y aurait matière à se marrer. Foutu pour foutu de toute façon..."

Oui nan mais parce que hein, ma vie sociale est ruinée depuis tout à l'heure. Il a dû en parler à tous ses copains Masters, le Téléporteur.

"Alors perso j'trouve que la glace ça tue l'équilibre des saveurs, en plus d'anesthésier la langue. Mais j'fais des cocktails, alors bon, j'vais pas jouer les puristes. Surtout depuis qu'une fois on m'a demandé un bon whisky, pour le mélanger avec du COCA ET DE LA GRENADINE. J'ai cru j'allais tourner de l'oeil là j'avoue. Mais depuis j'suis beaucoup plus tolérant je crois.  On enchaine avec un p'tit Irish coffee, pour le dessert ? Okay c'est un cocktail à base de whisky, mais au moins c'est pas du scotch, puis ça tient chaud ! On verra pour des trucs avec glaçons une fois qu'on sera rouges comme des écrevisses ! "

Puis il me faut un café, autant faire d'une pierre deux coups. C'est vraiment une des boissons que je préfère préparer en plus. Par contre il me drague ou je rêve ? J'vais finir par être gêné si ça continue. Parce que ça me tente vraiment pas ça va me mettre mal à l'aise de fou. Ah non bon ok. Faut pas me faire des frayeurs comme ça.

"Alors pour ma défense il faisait noir. J'crois pas avoir besoin d'en dire plus, c'est le seul point de toutes mes justifications qui tient debout, laisse moi ça s'il te plaît. Par contre ravi de savoir que j'suis pas ton type. Ça me permettra de ne plus te croire quand ut fais des blagues aussi douteuses que les miennes. Faut pas faire ça a mon p'tit cœur hein."

Puis j'l'accompagne jusqu'à l'étage et tout, lui dépose une serviette et le maillot. J'sais très bien que c'est pas super drôle. Mais j'ai vraiment rien à sa taille et j'me dit qu'il y a un monde où ça passe. J'voudrais pas qu'il doive rentrer chez lui avec un calebar trempé non plus. Et j'ai aucun problème avec le rose perso, j'me dit que sans doute que lui non plus. Du coup, j'suis en train de préparer ce dont j'pourrais avoir besoin pour les cocktails à venir, le temps que mon invité me rejoigne. Parce que je vais pas préparer les irish en avance, la crème risquerait de fondre et le café de refroidir. Quelques jus de fruits, du rhum et quelques autres alcools secondaires, de la glace pillée pour quand on aura un peu chaud, puis de quoi assurer un minimum de décoration, et j'dois empêcher Tifa de glisser sa truffe dans la glacière, quand j'entends des pas dans l'escalier. Puis sur le pallier. Et j'reçois un éclair rose fluo dans le pif.

"Eh attention tu pourrais éborgner quelqu'un- dis-je en détournant le regard, parce que j'imagine que s'il l'a pas sur lui, le truc rose, euuuh ???? -t'es à poil ??? "

Je jette un bref coup d'oeil, vers le haut, et j'vois qu'il porte son t-shirt, alors ça va, je peux me retourner. Par contre j'aime pas trop l'étincelle de colère que je lis dans son regard quand je lui fais face, la culotte à la main, pendant mollement contre ma cuisse, avant de lever les mains devant moi dans un geste pour m'excuser, me courbant légèrement pour lui assurer de ma sincérité.

"Je euh- Excuse moi, c'était le seul truc auquel j'ai pu penser, j'voulais pas que tu te balade avec un caleçon trempé jusqu'à l'Institut dans le froid. Mais j'ai pris le problème à l'envers, j'te prêterais un short le temps qu'il sèche, on se débrouillera."

J'ai toujours le regard vers le sol, parce que j'veux pas revoir cette colère dans ses yeux. J'me rends bien compte que j'l'ai blessé, et à part m'excuser, je ne sais vraiment pas trop quoi dire, ou faire.

"Ok je trouvais ça drôle, de te filer un truc de meuf. Mais c'était clairement pas pour me moquer. Sinon j'aurais ramené aussi le haut. C'était maladroit, j'voulais pas te blesser, je vais faire attention, si ce sujet là est sensible. Alors vraiment désolé.

Puis de toute façon gars ou meuf on s'en bat les couilles hein. Et oui c'est moi qui dit ça. J'pose le maillot sur la table à côté de moi et tends la main vers Camil.

"Complexé par ton physique un peu ? Je marque une pause légère, le temps de décrocher un sourire sincère au Novice. J'comprends. Si je traitais les gens de racistes tout à l'heure, c'était parce que ces enfoirés m'ont bien fait complexer, quand j'étais jeune. J'sais pas trop ce que tu connais de la culture japonaise, mais ici, les hafu, les métisses, sont vraiment mal vus. Surtout quand ils sont blonds avec les yeux bleus. Quand je te racontais que j'me teignais les cheveux en noirs et que je portais des lunettes, c'était pour cacher ça, le fait que je n'étais pas un "vrai" japonais, aux yeux de ces enculés. Donc j'comprends. Et j'sais bien que l'enfer est pavé de bonnes intentions, comme on dit, mais je ne pensais vraiment pas à mal, vraiment, je suis désolé..."

Je rajouterais bien qu'en plus, j'ai beau être hétéro objectivement j'le trouve BG, mais j'ai peur que ça aille contre mon argument. Qu'il pense que du coup j'le trouve féminin. Puis ça fait un peu "j'suis pas raciste mais", ou "j'ai un pote arabe j'peux pas être islamophobe". Donc j'lui tends juste la main en espérant qu'il la serre, en signe de réconciliation.

"Allez file, les serviettes sont déjà dehors derrière le paravent. La technique c'est de rentrer dans l'eau avant qu'elle soit trop chaude, sinon ça brûle au moment de rentrer au dessus des genoux. Tiens et prends ça, si tu peux le déposer à côté du jacuzzi, j'te rejoins avec les cafés dans un instant."

J'lui tends la glacière et m'atèle à la tache, prenant mon pied comme un enfant devant le sapin de Noël au moment de rajouter la chantilly sur les deux belles couches superposées, en formant une troisième, puis une quatrième quand une partie de la crème commence à fondre. Vite, je me dirige dehors avant d'en foutre partout.

"Et voilà. J'espère que ça te rappellera Dublin. C'est comment comme ville ? "

- Oulà tu me sous-estime mon coco ! Je rigole.

Il a clairement aucune idée de ma résistance à l'alcool, et je crois bien qu'il va être surpris. Erik me propose un irish coffee et j'acquiesce avec enthousiasme. Je ne dis jamais non à un petit café-whisky. Et vu le premier cocktail, je suis sûr qu'il sera à tomber par terre.

Par contre il semblerait que mes plaisanteries l'aient mis mal à l'aise... Et c'était pas du tout mon intention. Non, c'est vrai. J'ai dit la vérité en disant qu'il n'était pas mon type (content qu'il ne soit pas vexé d'ailleurs, j'ai jamais dit qu'il était pas beau), puisque je n'ai pas de type réellement défini. Je préfère quelqu'un de sympa à quelqu'un juste beau à regarder.

- Nah, t'inquiète, je plaisantais depuis le début. Franchement c'est malaisant les gens qui draguent même quand la personne en face veut pas. Désolé c'était pas mon intention. Je dis sincèrement.

S'ensuit l'épisode de la douche. Franchement je devrais pas me mettre en colère comme ça. Mais j'ai tellement entendu de "bonjour madame" que c'en est devenu une réaction allergique. Pourtant je ne me considère pas comme ayant une masculinité toxique -en même temps avec la gueule que j'ai, ce serait difficile-, mais juste ça, ça me hérisse.

Par contre, j'avoue que le bruit du maillot dans sa tronche a quelque chose de jouissif et un peu comique qui m'apaise. Ça, et sa réaction. Je me passe une main sur le visage.

- Je croyais que tu t'en foutais de voir des mecs à poil... Mais non, je suis habillé.

J'écoute ses excuses. Il a sincèrement l'air de s'en vouloir, et c'est à moi d'éprouver un élan de culpabilité. Il voulait juste bien faire, en effet si il avait voulu se foutre de ma gueule il aurait pris le haut avec. Et puis il pouvait pas savoir que ça me ferait pas rire, parce qu'en toute objectivité, c'était drôle. Je lâche un soupir.

- Pff... C'est pas grave. J'ai un peu surréagi, désolé... Et désolé pour le maillot en pleine face.

Je suis sincère, même si franchement j'ai encore un peu envie de rire en repensant à sa tête et au son qu'a fait le tissu. J'écoute son histoire en posant mon pantalon avec mes affaires. Je me redresse et prends sa main tendue, avec un sourire.

- Ouais, un peu complexé. Le nombre de fois où j'ai entendu "madame" quand on s'adressait à moi... C'est devenu instinctif, je me défends immédiatement. Puis comme je suis pas foutu de prendre du muscle à cause de ma morpho, c'est un peu frustrant. Mais c'est pas grave, moi aussi je t'ai mis mal à l'aise. Alors on a qu'à dire qu'on est quittes.

J'attrape la glacière et sourit à nouveau à Erik. Je me sens plus détendu maintenant que les tensions se sont apaisées.

- Puis bon... Le bruit du maillot en plein dans la poire... C'était quand même beau. Allez je file !

Et sans lui laisser le temps de répondre, je m'enfuis sur la terrasse en ricanant comme une hyène. Je pose la glacière à côté et enlève mon t-shirt. J'adresse une prière silencieuse à mon tatoueur pour m'excuser de plonger la merveille qui orne mon dos dans un bain d'eau brûlante, puis je me glisse dans le jacuzzi. Aaaaah quel bonheur. L'eau est chaude sans être encore brûlante.

Erik me rejoint quelques instants plus tard et je prends mon café. Toute cette chantilly me donne l'eau à la bouche... Miam ! Comme je suis quelqu'un de poli, je préfère attendre qu'on soit tous les deux bien installés pour réellement en profiter. Je cède malgré tout à la tentation de lécher la chantilly qui me fond sur les doigts. Du sucre, de l'eau chaude... Que demande le peuple ?

- C'est une grande ville, elle fait un peu penser à ces anciennes villes minières. Il y a de grands bâtiments partout, des gens de toutes les ethnies et plein de choses à voir ou à faire. C'est une ville parfaite pour les citadins et pour faire plein de rencontres, en somme.

C'est vrai, c'est une super ville, mais je m'en suis vite lassé. En fait, mis à part le peu de gens avec qui je suis resté en contact en début d'année, la plupart des personnes sont comme des électrons libres : on se croise, on discute, mais au final on entendra plus jamais parler d'eux après ce moment. C'est un peu frustrant. Et les grands bâtiments m'ont peu à peu rendu claustrophobe. J'essaie de mon mieux de ne pas dégoûter Erik de la ville, mais je ne suis pas sûr de faire bonne figure. J'espère que s'il en a envie, il ne va pas renoncer à aller la visiter à cause de moi.

"Ahah non t'inquiète, je plaisante aussi ! Puis tu peux toujours essayer de me draguer, j'disais juste que je serais pas super réceptif ! Mais les gens relou ouais, c'est euh bah. Relou."

Je souris de toutes mes dents en l'accompagnant à l'étage, vacant ensuite à mes occupations jusqu'à me manger un sous-vêtement dans le pif. Ça fait pas vraiment mal, mais ça a un petit côté un peu humiliant qui serait vraiment drôle si Camil était pas si sérieux. J'lui présente mes excuses, et il a l'air de les accepter. Me voilà quelques peu rassuré quand je l'écoute parler de ses craintes et de son complexe. J'lui tapote virilement l'épaule en cherchant son regard.

"Franchement. Te prends pas la tête pour des inconnus. Ceux qui comptent ils te considère comme Camil. Pas comme un gars, ou pas comme une meuf. Puis franchement, j'pense qu'un paquet de nanas sont jalouses de ta crinière, forcément elles espèrent que t'es une fille aussi, imagine la honte si elles apprenaient que t'es un mec mdr. Et nan tu m'as pas mis mal à l'aise, et en soit tu serais à poils que ça me dérangerait pas ! Mais jpréfère respecter l'intimité des gens ! "

J'aurais tout plein de trucs à rajouter, mais j'vais attendre tranquillement qu'on soit posé dans l'eau chaude avec un peu plus d'alcool dans le sang hein.

"Enfo- J'SAIS OÙ T'HABITES HEIN !"

J'souris en préparant les Irish coffee, et une fois que c'est fait, j'rejoins le blondinet dehors, ajustant rapidement les paravents pour qu'on choppe pas la mort dans les courants d'air, l'écoutant me parler de la capitale irlandaise. Puis j'pose la glacière sur la table à côté, qu'elle soit à ma portée une fois que j'serais entré dans l'eau.

"J'envisage de me faire un ptit voyage en Europe à l'occasion et bon, Terrae a ce côté vachement pratique que les gens viennent d'un peu partout, c'est plus simple pour se renseigner sur les coins à voir absolument ! Enfin, trêve de mondanités, j'commence à avoir froid aux pieds. Je euh. Ça te dérange si j'me mets à poil ? Tfaçon une fois que j'serais dedans aussi tu verras rien, au pire ferme les yeux. Mais j't'avoue que j'déteste avoir un truc qui me rentre dans le cul contre mon consentement."

Les mots d'Erik me touchent beaucoup. Franchement, qui aurait cru qu'un gars comme ça pourrait sortir des trucs aussi sages que ça.

- Haha merci. Si tu veux je te donnerais ma routine secrète pour des cheveux forts et beaux tels une pub L'Oréal. Je plaisante. Mais plus sérieusement, ça me touche ce que tu as dit. Donc franchement, merci.

Sur ces entrefaites, je lance ma petite pique et détale, hilare. C'est vrai qu'il sait où j'habite, je devrais faire gaffe hein. Ou pas. C'est pas Carapuce avec son attaque pistolet à eau qui va m'impressionner. Mais je me garde bien de le lui dire. Bon même si ma blague me fait ricaner tout seul. C'est bien, je me suffit à moi-même.

Une fois dans le jacuzzi, je lui fais le portrait le plus intéressant possible de la ville malgré l'arrière-goût amer qu'elle m'a laissé. Peut-être que je suis pas fait pour les grandes villes, qui sait. Si ça se trouve, Erik va adorer la ville. C'est vrai que les auberges de jeunesse sont super fun, on y trouve des bars intégrés, des lits superposés (j'ai toujours adoré ça, je dors toujours dans celui du haut !), voire même des soirées à thème.

Erik me tire de mes pensées. Un voyage en Europe ? Pourquoi pas mais...

- Alors ouais c'est une super idée, par contre l'Irlande est divisée en deux : t'as l'Irlande européenne, et l'Irlande du Nord, qui appartient encore au territoire du Royaume-Uni, donc pas en Europe. Dommage parce que la Chaussée des Géants, c'est quelque chose. Après si tu vas en Irlande - tout court -, va plutôt à Galway ou vers les Îles Skellige. Là, c'est vraiment charmant.

Je fais une pause pour essuyer la chantilly qui tombe sur mes doigts.

Fais-toi plaisir, hein. T'es chez toi... Je dis pour répondre à sa question. Tant que tu ne pisse pas dans l'eau.

Oui, ok la pique était totalement gratuite, mais eh on est que tous les deux, alors j'en profite. Un grand sourire fier sur le visage je lui tourne le dos pour qu'il puisse entrer dans l'eau sans que je ne vois... Bref, en lui laissant un minimum de pudeur.

"J'sais que de votre côté du Pacifique, on est pas trop callé en géographie ou géopolitique, mais je n'ai pas ce problème- je n'essaie pas de dissimuler le sourire carnassier qui se dessine sur mes lèvres -j'suis plutôt calé sur le sujet, même ! L'Eire, l'IRA, tout ça, t'en fais pas. Mais j'te remercie pour Galway ou les îles Skellige, je note, je note."

J'attends à peine qu'il soit retourné pour commencer à retirer mon maillot, et le jogging suit peu de temps après. T'façon j'avais rien dessous. J'avais pas prévu de faire trempette, pour ma défense.

"Qu'est ce qui te dis que j'ai pas déjà pissé dedans et que je t'ai laissé y aller en premier exprès ? J'te déconseille de boire la tasse. Et puis, dans tous les cas. C'est pas un maillot qui va changer grand chose si j'ai envie de pisser. Et t'as du bol d'avoir aussi MON irish dans les mains. Parce que sinon t'aurais bu la tasse. T'as seulement l'immunité diplomatique. Oh putain elle est bonne."

J'ai juste rentré quelques orteils pour prendre la température quand j'suis frappé d'une épiphanie.

"OH PUTAIN mes clopes. Et tout. J'reviens ! "

J'cours jusqu'à la porte de la cuisine (en priant pour que personne ne décide de regarder dans cette direction à ce moment précis, y a des enfants dans le voisinage en plus. Enfin c'est l'histoire de 10/15 mètres tout au plus. Et j'me mets une main au paquet au cas où. C'est l'histoire d'une poignée de secondes de faire l'aller/retour de toute façon, j'me souviens les avoir posés sur la table avec de quoi fumer. Et un briquet. Puis me revoilà à courir à poil dehors

"TES YEUX-"

Moi j'dis ça pour toi après j'm'en fiche qu'on voit ma beuteu. J'pose en vitesse tout ce que j'ai dans la main sur la table et me glisse dans l'eau rapidement. J'commençais à avoir un peu froid j'avoue. J'récupère mon café quand Camil me le tend gentiment, et l'interromps avant qu'il n'ouvre la bouche.

"Avant que tu ne pose la question, oui, il y a des enfants qui vivent dans les maisons aux alentours. J'espère que ça répond à ta question."

Je me laisse aller en m'adossant à la sorte de dossier, aspirant une partie de la chantilly dans un bruit de succion horrible, avant de glisser la paille entre mes lèvres pour réchauffer mon intérieur, pendant que l'eau s'occupe de réchauffer le reste.

"Rah putain on est bien là."