Quand le ton devient subitement sérieux, je me fige. Là il ne semble pas rigoler. Est-ce que je l’ai froissé ? La lueur dans son regard a subitement changé et sur le moment je n’ose pas vraiment répondre. Il finit par vouloir laisser tomber. NON MAIS DIS QUELQUE CHOSE. Je me pince légèrement les lèvres en agitant un peu des mains.

«  Non non Erik pas du tout, je blaguais je suis désolée ! Tu sais bien que je te fais entièrement confiance sinon je ne serais pas ici...‘fin.. »

Je baisse les yeux un instant avant de le regarder à nouveau. Bien joué Nana. T’as voulu pousser le bouchon.

On finit par changer de sujet, de reprendre l’atmosphère précédente, Erik m’explique des choses et il semble apprécier que je partage son avis. Ça me redonne le sourire.

«  Y a manger et manger dans la vie et les connaisseurs savent que la boisson qui va avec est importante !!! Bon parfois j’ai la flemme mais sinon j’y fais un peu gaffe quand même ! »

C’est drôle ces points communs. Ça illumine un peu plus notre… relation ? Ça fait du bien de pouvoir se comprendre mutuellement. On est vraiment compatible et ça fait peur un peu. Mais une peur que j’accueille à bras ouvert parce que c’est lui… Je garde une mini distance en tentant de me protéger mais face à lui, c’est difficile. Pourquoi t’es si parfait comme ça ? Et que tu me donnes envie de passer plus de temps avec toi ? Eh-… On finit par passer commande, avec cette envie dévorante de me pencher un peu plus vers lui pour enfin retrouver ce contact qui me manque… mais je repars sur ma chaise, par gêne. On se fait des jeux de regard, c’est fou ce bordel.

«  Ouais faut se méfier de nous les hobbits, on peut vider tout un restaurant à nous seul hein. On a l’appétit vorace. Mais dans le fond de toi même tu veux pas te l’avouer mais t’en es un aussi haha. »

Et c’est pas qu’une question de bouffe chez moi. Je le regarde tapoter sur l’écran pendant que mes doigts soutiennent mon menton. Je hoche la tête tout le long qu’il me parle.

«  Oh t’es sûr ? Je peux payer la deuxième tournée si tu veux ! Genre discrètement- Tu m’obliges à rien t’en fais pas, ce sera avec plaisir un peu de saké, j’ai une bonne descente ils me connaissent bien au bar de Luna à Terrae t’sais… Mais sait-on jamais peut-être que ce sera ta chance aujourd’hui pour les tapis ! Les jeux de chance en vrai c’est pas mon truc non plus haha. »

Je penche la tête sur le côté, un sourire un peu plus grand.

«  Je boirais ce que tu veux ! Comme ça le palais sera au taquet ! Et j’ai trop hâte de voir tes assiettes je suis sûre t’as commandé des trucs de fou- ouais je t’ai vu continué de tapoter hein t’as pris plein de trucs ! Je te laisse décider ! »

Je repense à son air sérieux de tout à l’heure… ça me pince un peu alors que je dénoue mes doigts, hésitante. Je la vois ta main sur la table. Qui me fixe. Je veux pas que tu doutes de moi. Que tu penses que je doute de toi. T’aurais pu me laisser crever au fond de l’eau. T’aurais pu me laisser tomber quand tu me portais. T’as toujours été la même quand je m’empêchais de m’effondrer dans ta cuisine… Doute pas de moi Erik. S’il te plaît.
Doucement, j’emmène ma main jusqu’à sa paume, gardant l’autre sous ma mâchoire, où j’y dépose le bout de mes doigts. Et mon regard s’ancre un peu plus dans le sien, un sourcil arqué accompagné d’un sourire en coin.

«  J’te fais confiance, Erik, ok ? Sur n’importe quoi. Je voulais pas te froisser tout à l’heure. J’ai peut-être pousser la taquinerie un peu loin mais on se fait confiance… non ? On est là pour profiter d’une belle soirée à Tokyo… en… tête-à-tête. Et bien qu’on ne soit qu’au début, c’est déjà parfait… Et t’sais quoi, je serais même pas mauvaise perdante si ton assiette arrive en premier, dis-je en tapotant sa main du bout de mes doigts.»

Je crois que j’ai clairement pété un câble. OÙ EST LA DEUXIÈME TOURNÉE ?

"Un hobbit de presque 1m90 hein ? Mais ouais j'avoue j'ai la dalle t'as pas idée ! "

Puis les émotions ça creuse, et elles s'enchainent et s'enchainent encore et encore depuis ce matin ok ? J'ai faim. Et je parle seulement de la fin qui me brûle l'estomac. Pas de celle qui brûle mes lèvres. Elle me propose de payer la 2ème tournée d'apéritif. T'as cru, meuf ? J'prends la voix codifiée de n'importe quel employé ou n'importe quelle secrétaire pour répondre :

"Désolé, mais mademoiselle a accepté que le jeune homme ici présent l'invite. Pour les réclamations il faudra revenir pendant les horaires d'ouverture- Je pouffe avant de continuer Nan vraiment ça me fait plaisir ok ? Mais c'est vrai que j'ai pas encore eu l'occasion de juger ta descente, on a été interrompu la dernière fois-"

Enfin. On s'est interrompus. Pour ce qui est à ce jour une des meilleures nuits de ma vie. Un des meilleurs moment de ma vie.

"Puis de toute façon dans les deux cas on est malchanceux, à ton jeu. Soit on attend notre bouffe. Soit on paie une clope. Aucun gagnant dans cette histoire. 'fin. Ouais. Eheh-"

Ma main vide, sur la table, a attiré son attention. J'le sais. J'le sens. Purée à quoi est-ce que je joue. Pourquoi est-ce que je l'ai pas embrassée quand elle est arrivée ? Parce qu'elle avait l'air distante ? Parce qu'elle avait pas l'air de savoir non plus s'il le fallait ? Parce qu'elle était belle à m'en avoir coupé le souffle, sous la surprise ? Je sais pas, mais je regrette okay ?

"Boah j'ai rajouté encore du thon et des oursins c'est tout ! Le temps de s'ouvrir l'appétit tu sais ! Puis bon. Ce que j'ai commandé c'est autant pour toi que pour moi, si tu veux goûter un truc tu hésites pas hein ! Parce que ouais, ok, c'est a volonté, mais si on peut limiter le gaspillage c'est bien ! Donc goûter c'est important ! Je dis même pas ça pour piquer dans ton assiette aux cas où tes trucs arrivent avant les miens hein, j'te jure- "

Tu vois pas la petite auréole au dessus de ma tête ? T'es sûre, Nana ? J'suis innocent j'te jure c'est pas mon genre de tricher à moi, hein ! Ses doigts glissent dans ma paume, tapotant ma peau. Le contact me fait frissonner. Ses mots- Ses mots, je ne sais pas vraiment quoi en penser. Bordel. Respire Erik.

"'scuse moi, Nana. Je voulais pas t'inquiéter ou te mettre mal à l'aise okay ? C'est que. J'sais pas trop où me mettre, j'sais pas trop ce qu'on est, tous les deux. Mais ouais, cette soirée est déjà chouette- Mes doigts se referment sur les sien et mon pouce vient caresser leur dos. -ce tête à tête est déjà mémorable. Le fait que tu sois là c'est cool. J'suis content. Et je te fais confiance, et je sais que c'est réciproque. Vraiment. C'est moi qui ai fait une mauvaise blague, j'aurais réagit comme toi, okay ? Excuse moi. C'est déjà oublié. Promis."

Sa main dans la mienne. Putain. L'ambiance a encore changé. J'sais vraiment pas où me mettre. Merci, Megumi, pour les verres. Et arrête de regarder nos doigts emmêlés sur la table o m g . J'ai lâché la bombe, un peu. J'en ai conscience là.

"C'était vraiment maladroit. Comme de dire que je sais pas ce qu'on est, tous les deux. Mais eh. T'es là. Et je vais pas m'en plaindre. Merci d'être venue. Ça va être une jolie soirée, un joli moment. Rien qu'à nous. Comme les précédents. Comme les suivants. Je lève mon verre pour porter un nouveau toast. À toi et moi, Nana. À ta main dans la mienne, parce qu'on se fait confiance-"

Je rigole doucement. J'sais pas ce que je raconte. Enfin. Si. Mais pourquoi je le fais ça je sais pas. À moins que ça soit l'inverse. Que je sais pourquoi je fais ça. Mais que ce que je raconte vraiment n'a pas de sens. J'sais pas. J'sais plus. Mais sa main dans la mienne me fait penser de travers, et elle est tout ce qui importe actuellement.

Fous n'importe où ♪

« OK si tu insistes alors, je m'incline haha. C'est vrai que la nuit s'est terminée différemment.. Va falloir se rattraper, répondis-je doucement. »

Et clairement je ne suis pas là pour m'en plaindre. Puisque cette nuit nous a mené à ici, maintenant. À cet instant. Ensemble. J'éclate de rire devant la vérité énoncée par Erik.

« Oui bon effectivement, c'était un peu con comme jeu je te l'accorde! On se mange un bout et on ira fumer dans tous les cas. C'est un match nul. Pour une fois. »

Et, j'ai vraiment hâte de pouvoir aller fumer dehors, de ne pas avoir cette table qui nous sépare tant. Que je puisse te toucher les cheveux, le temps de digérer un peu ce que nos appétits d'ogre vont nous faire subir. Je peux perdre, tant que je ne perds pas Erik, tout va bien. Ce sont des pensées qui me tournent dans le crâne, avec cette pointe de rejet. Je ne pense pas correctement, plus que d'habitude, je ne suis clairement pas raisonnable.

« Promis je ne te mordrais pas si tu prends dans mon assiette! Mais j'avoue que je suis curieuse de goûter des oursins, j'en ai jamais goûté! Puis bien sûr, faut se serrer les coudes et éviter de gaspiller c'est normal ce n'est pas le principe du À Volonté. »

Je me suis laissée tenter par lui toucher la main... Sa paume chaude m'avait manqué. Je me suis excusée, ayant eut peur de le froisser. J'ai paniqué. Je sais pas pourquoi. Je. J'ai eut... peur? Peur qu'il se vexe, qu'on se fâche? J'ai été surprise du changement d'attitude sur le coup, ça m'a attristé un peu. Je n'ose pas aplatir ma main dans la sienne, je ne fais que tapoter, à la recherche d'une réponse positive... Et pourquoi tu t'excuse? Ce qu'on est... J'en ai aucune idée. C'est un mélange si étrange qui se passe entre nous à chaque fois, je n'ai pas d'équilibre quand nous sommes ensemble. Je suis sur une slack-line, sans harnais, sans filet de sécurité, sans rien. Juste moi qui penche d'un bord à l'autre... Te laissant passer ma coquille si subitement avec ce sentiment que c'est normal...  Je lui offre un sourire rempli d'empathie, serrant sa paume.

« T'as pas à t'excuser Erik, c'est moi qui ait voulu pousser le bouchon et j'ai pas assumé. J'ai aucune idée moi non plus tu sais... Mais ce qui importe c'est qu'on profite ensemble ce soir, hm? »

Les verres viennent à notre table et ma main libre vient en prendre un tandis que je continue d'écouter Erik, contente de pouvoir sentir sa présence dans ma main.

« Ne gâchons pas la soirée à nous prendre la tête, ça va être une jolie soirée oui, c'est grâce à toi que je suis ici donc merci à toi surtout. À nous et notre confiance! »

On rit ensemble tout en cliquant nos verres. Sans que nos yeux se quittent, que nos mains se délaissent. Le but de la promesse était de ne pas se prendre la tête entre nous, d'une protection pour moi pour ne pas tomber de haut, mais quand je vois des doigts autour de miens... ça m'effraie un peu plus. Mais je dois être un peu maso à ne pas vouloir m'en décoller. La gorgée fraîche vient apaiser un peu la chaleur de la salle. Je fais des aller-retour du regard entre sa main qui me tient et ses yeux accrochés aux miens. Je crois qu'il n'y a pas une seconde où je ne souris pas, où les muscles de mes joues ne me font pas mal. J'arrête pas de me répéter que c'est différent, parce que ça l'est. Est-ce parce que du peu de fois qu'on s'est vus... tout monte en crescendo? Ou que je ne vois pas plus loin que le bout de mon nez? Mon électricité me gratte un peu sous la peau pour je ne sais quelle raison. Est-ce parce que je me sens si instable envers Erik? Que je suis dans un combat interne? Pourtant, j'oublie tout, quand je le regarde.

On a continué à discuter, à rire, à se raconter des blagues et des conneries qui nous sont arrivés dernièrement, rattrapant le temps perdu. Son pouce qui caresse ma main me fait par moment rougir légèrement, comme un rappel de la réalité. C'est pas un date, mais pourquoi ça y ressemble? Je me trompe peut-être? Mon dernier date c'était y a plus de six ans. Ça donne une bonne idée de ma nullité en romance. De ne pas savoir quoi faire de mes émotions qui me font courir derrière mon seul point d'ancrage que j'ai abandonné avant quitter Terrae... Qu'est-ce que tu ferais à ma place Max...? Je le vois déjà rouler des yeux et me dire de foncer la tête en avant parce qu'on est des Ayako et BLABLABLA.
Du coin de l’œil une assiette en particulier attire mon attention sur le tapis roulant et je reconnais que c'est la nôtre. Enfin plutôt celle d'Erik. Je l'attrape et la dépose au milieu de la table.

« Les oursins de monsieur! Ils sont arrivés vite finalement, je savais que t'arriverai en premier sur la table, dis-je dans un rire. »

Je me laisse tenter par une nouvelle gorgée de Spritz. Purée, faut que je demande la recette, j'ai besoin d'avoir ça à la maison. Est-ce vraiment la seule chose dont j'ai besoin d'avoir avec moi...? Je reconnais une seconde assiette. Mon saumon-teriyaki. Mes yeux pétillent subitement et je viens la poser sur la table à côté de la sienne. Ma langue passe contre ma joue tandis que j'observe les deux plats.

« T'aurais dû parier pour une fois, ricanais-je. »

J'attrape les baguettes avec ma main, avant de regarder Erik avec un regard plein de malice.

«Bon appétit! »

Je ne compte pas tant lui lâcher la main, je peux me débrouiller à manger avec une main. C'est plus son choix s'il veut l'enlever. Juste une main ça me suffit pour me nourrir. Et ici. Mes deux mains le font. Une qui me nourrit de bonne nourriture, l'autre qui me nourrit de douceur. Qui me fait tambouriner de la cage thoracique tandis que je tente de ne pas écouter le rythme endiablé qui danse là-dedans.

"Un match nul ? Pour une fois ? Tu voulais pas dire encore, comme la dernière course ? J'aurais vraiment dû compter les points dès le début... J'suis sur et certain que j'suis devant, avec le Jacuzzi et tout... Mais bon. J'vais être grand prince. On peut considérer qu'il y a 0-0 si tu veux."

Je balance mon avance comme ça. J'espère que tu te rends compte du sacrifice que je fais pour toi, Nana. Et okay c'est pas super fair-play, le coup du Jacuzzi. Ou le fait de l'évoquer ici. Ce qu'elle est belle quand elle rougit, même légèrement. Quand je la fait rougir. On plaisante, on discute, on se chamaille, on rit. On passe un moment agréable, comme à chaque fois.

"Mais il faut que je fasse quoi, alors, pour que tu me morde ? Je demande au cas où-"

Vraiment, Erik. Pourquoi t'es qu'un sale beauf de merde des fois ? Ça a le mérite de la faire rire mais quand même. Tout se passe bien, vraiment. C'est peut-être pas comme ça que j'imaginais la soirée, mais c'est tout aussi bien. À vrai dire je sais pas comment j'imaginais la soirée. Je suis juste heureux qu'elle soit venue, qu'elle soit assise en face de moi. Pourtant, je gaffe maladroitement et Nana pense avoir dit une bêtise. Alors je m'excuse, et on se retrouve main dans la main.

"Ouais, c'est ce qui compte, vraiment. Vraiment vraiment."

Je lui souris, on trinque, sans se lâcher, que ça soit du regard ou au niveau de nos doigts. Je ne lâcherait pour rien au monde.

"Grace à moi ? Ahah- J'ai invité quelqu'un au pif, j'avoue, j'aurais pu passer cette soirée avec tant de personnes... Pfffft. N'importe quoi. T'es là parce- Parce que t'es toi. C'est pas ma faute ça-"

Je lui souris, incapable de quitter son regard. J'en ai pas envie. Et j'suis incapable de lutter pour le faire. Ça serait comme nager à contre-courant. Nos mains, nos yeux. À quand nos lèvres, Nana ? Elles me tente depuis que je t'ai vu arriver, toute belle, toute mignonne, et pourtant si- si wouah. J'ai pas les mots juste okay ? J'veux juste plus. Plus d'elle. Je me contente de ce qu'elle offre pour le moment. Mais c'est comme proposer une bière sans alcool à un alcoolique. J'suis fou d'elle, c'est même plus possible de le nier. Addict. J'suis addict. Voilà. On discute tranquillement. C'est agréable. Je me répète mais c'est vrai. C'est trop bien. Ce moment. Cette complicité. Le Spritz est bon. Nana est drôle. Et belle. Je vois ses yeux briller et me retourne pour suivre son regard. Miam. Les oursins arrivent omg j'ai si faim d'un coup. J'en oubliais presque mes autres ressentis, à te dévorer du regard, Nana.

"Merci merci ! Aucun regret de toute façon hein. J'aurais pu perdre tout pareil ! "

J'ai envie de détruire cette assiette. Mais alors d'une force. Pourtant je me retiens. Le temps que la suivante arrive. Histoire de pas commencer tout seul. Le saumon grillé sent si bon omg. J'ai vraiment, vraiment la dalle je crois bien.

"Bon appétit ! "

Ils sont cools ils ont mis une cuillère dans l'assiette pour les oursins. Juste ouverts, comme ça, frais, c'est pas si simple à manger avec des baguettes. Je le fais d'habitude. Mais là, Nana a l'air de se débrouiller avec une seule main. Alors je vais l'imiter. Sauf que je suis pas gaucher ok ? La cuillère c'est bien ! Mon pouce caresse le dos de sa main et je souris en attaquant le fruit de mer. L'anticipation de son goût iodé me met l'eau à la bouche. On arrive sur la toute fin de la saison, probablement que ce sont les derniers avant quoi, Novembre ? Je ferme les yeux quand la cuillère arrive à mes lèvres, balançant légèrement la tête et les yeux en arrière. C'est si bon, toujours. J'attrape mon bol de riz et les sashimi saumon qui allaient me passer sous le nez, concentré que j'étais, et je dépose aussi devant Nana sa bonite. C'est le moment de sortir les baguettes ! Si j'avais su que je ne voudrais pas lâcher la main de la Tonnerre j'aurais pas pris autant de sashimi purée. Mais je refuse d'être celui qui rompra ce contact. Pas tout de suite, en tout cas. Pas encore. Pouah ce que c'est bon. On parle plus trop. Mais en même temps. On se touche. Et on mange. Est ce qu'on a besoin de parler pour passer un bon moment ? Je regarde le dernier oursin. Elle me parlait d'avoir envie de goûter. Est-ce que. 'fin oui je vais lui proposer mais. Est ce que- Est ce que ça ??? Est-ce que je pousse juste l'assiette vers elle ? Ou... Putain on a qu'une vie hein. Nique. Et fuck cette cuillère de merde. Ok. Flemme de lâcher les baguettes ok ? J'vais chercher un beau morceau de corail de la main gauche. Je dois m'y reprendre à deux fois, mais j'y arrive.

"Mmh, tu veux goûter l'oursin du coup ?? "

Les baguettes levées vers elle, je lui propose. Sachant que. Déjà qu'on se tient la main en publique. Mais si en plus on se passe des choses de baguettes à baguettes. On va se faire jeter dehors. C'est mal. Pas bien. Ok ? En plus j'suis prêt à tendre le bras et tout.

« Nan t’sais quoi ? Je suis de bonne humeur alors- OK- T’as de l’avance sur moi mais je ne suis jamais loin derrière hein. »

Pourtant il me semble… Que quand je suis avec Erik… J’ai de la difficulté à pouvoir gagner. Je ne me donne jamais à 100% comme si je voulais perdre face à lui… Qu’il gagne et vienne jusqu’à moi. Je ne suis pas tant sûre de moi. Je finis par éclater de rire.

« Peut-être que tu finiras par le découvrir plus tard dans la soirée, on sait jamais, dis-je en haussant les sourcils. »

Eeeet je repars à rire. Il est drôle. Il est charmant. Je sais pas quoi faire de plus à part tout simplement le regarder. Du moins jusqu’à ce qu’on se décide à avoir ce contact, que nos mains se joignent avec l’ambiance qui change subitement un peu par ma faute. J’ai paniqué un peu et je ne voulais pas qu’on se tire la tronche d’un coup à table.. Qu’il doute de moi… On se rassure mutuellement dans un élan de gentillesse tout en trinquant notre deuxième tournée.

« Et je suis là parce que t’es toi et c’est pas ma faute non plus. »

Je pouffe de rire tandis qu’on continue notre discussion tranquillement et que je repense à notre rencontre de folie. C’est parti d’une simple négociation devant mon boulot à le refuser à la porte, pour en finir ici, main dans la main, sans savoir où on va, la peur au ventre avec toute la complexité des émotions qui tourbillonnent à chaque instant. Rien ne semblait exister autour de nous jusqu’à ce que mon antenne de nourriture s’active et me déconcentre pour ramener sur la table les oursins. Je ricane à sa réaction sur le pari, ramène mon saumon sur la table et on se souhaite un bon appétit pour enfin se lancer à l’attaque. La première bouchée du poisson me fait rouler des yeux. La cuisson est parfaite, la sauce est parfaite, tout est parfait ce soir. Il est parfait. Je me permets de switcher un peu avec la bonite qui arrive, attrapant au passage la dorade qui défile un peu après. Il y a ce silence que nos mains viennent remplacer par leur frottement. Non mais, comment j’ai pu ne pas connaître cet endroit avant ? Je suis bien contente d’avoir la chance de le découvrir enfin… surtout en bonne compagnie. Mon attention revient sur Erik quand j’entends de nouveau sa voix. Je lève les yeux, la joue pleine.

« Hm hm ! Répondis-je en hochant la tête. »

Je termine vite d’avaler le restant de poisson et de déposer mes baguettes pour prendre une gorgée de Spritz pour faire passer le tout. Un soupir de contentement m’échappe.

« Tu peux te rapprocher un peu plus s’il te plait ? »

Je prends le risque, je m’en fous. Quand il s’avance un peu plus, je me penche subtilement pour récupérer le morceau avec mes dents, pour ne pas tacheter ses baguettes avec mon rouge à lèvres. Mes papilles viennent se réveiller dès l’instant où ça touche mon palais. Je me laisse un petit instant d’analyse, regardant le plafond. J’aurais pu naturellement prendre le morceau avec mes baguettes, mais… j’ai pas… réfléchi. Cependant le goût de l’oursin est vraiment un délice et ça me fait sourire quand je repose mon regard sur lui.

« C’est super bon ! J’étais pas sûre que j’aimerais ça mais je ne suis pas déçue- En fait, je ne suis pas déçue tout court, leur nourriture est incroyable. Tu sais d’ailleurs, j’te vois avoir un peu de misère avec une main, on peut… ‘fin… tu vois. »

Je n’ai pas les bons mots pour le dire d’une manière peu brute. Mais, personne ne compte s’enfuir alors on peut se lâcher, juste un moment, le temps de remplir nos estomacs. Ce serait difficile mais je veux bien faire l’effort. Je l’ai vu avec l’oursin, manger à une main, c’est galère on peut se le dire. Mon pouce est entré en rythme avec le sien dans ce petit mouvement de caresse de la paume. On s’en fout des gens autour, y a que nous qui comptons ce soir. Je reprends mes baguettes pour prendre une lamelle du saumon qui est recouverte de la sauce encore un peu fumante, tendant le bras vers Erik.

« Tiens goûte ça ! Je sais que ça te faisait de l’œil depuis tout à l’heure, gloussais-je. »

La voir avaler en vitesse pour que je puisse lui faire goûter. C'est. Vraiment adorable. Elle boit un coup pour se rincer la bouche, me demande d'approcher encore et, du bout des dents, le regard vers le plafond pour mieux goûter, s'empare de la bouchée. Je peux pas m'empêcher de rosir légèrement, surtout quand elle me sourit pour confirmer qu'elle aime bien. J'sens mon rythme cardiaque se calmer un peu. Mon cœur était vraiment très investi dans ce partage de nourriture okay ?

"Ouais c'est trop bon t'as vu ? On dirait on mange la mer, un peu. J'trouve ça rigolo. Et vraiment, j'm'en sors pas trop mal quand même je me laisse pas mourir de faim hein ! "

Je prends une petite gorgée et souris à Nana.

"Puis en vrai. On a deux mains, à deux, ça vaaaaa- "

Je souris en ouvrant la bouche, et en lâchant sa main à regret. Il fait froid, d'un coup. J'aime pas ça. Mais c'est vrai qu'on peut se lâcher, un peu .C'est quand même vachement plus pratique effectivement. Puis. Ce que je suis en train de faire me donne presque aussi chaud que le froid dans ma paume. J'approche ma bouche des baguettes tendues devant moi, ma main nouvellement libre en dessous de ma bouche ouverte, en cas d'accident. Et ouah. Le saumon c'est vraiment quelque chose. Puis il est bien grillé, pas sec avec ce qu'il faut de gras. Vraiment excellent, la petite sauce qui réhausse le tout. La bouche encore à moitié pleine, je reprends la parole-

"MMMH ché chuper bon merchi-"

J'ai faillit postillonner en éclatant de rire omg le débile. Je déglutis avant de continuer. Et de reprendre sa main.

"Nan en vrai. C'était mieux comme ça. J'suis sûr que le poisson est plus frais et a meilleur goût de cette manière. Tu trouves pas ? "

En vrai. J'ai lâché ses doigts 20 secondes et j'ai eu froid. J'y peux rien. Des baguettes, je prends un sushi au thon, après y avoir déposé une pointe de wasabi et je l'englouti.

"Mmmmmh ce que c'est bon putain ! - Ok. Défi. Celui qui prend le plus de wasabi en une seule bouchée. Sans rien d'autre. Et la moindre larme est éliminatoire ! "

En vrai y a moyen qu'elle me batte, j'suis pas tant résistant au piquant. Mais je suis joueur. Et j'peux facilement commander un truc à boire qui rendrait mon palais un peu moins sensible. C'est de la triche hein quoi comment ? Suffit de la regarder commencer. C'est un plan qui peut fonctionner...

"Et comme on va se faire péter le bide, et qu'on aura ptete plus de place pour le dessert. Le gagnant. Choisi le dessert qu'on se partage. Ok ? "

J'ai pas quitté son regard, tout du long. Allez. Laisse toi tenter. On va rigoler, un peu. J'ai hâte de te voir te débattre contre la moutarde qui te monte au nez, j'avoue...

« Oui c'est fou! Je me sens presque au bord d'une plage, les pieds dans l'eau! »

C'est vrai qu'à deux, à deux mains, on peut toujours s'entraider et cette pensée me fait glousser.
Mais il finit par suivre ce que je tentais de dire, laissant ma main vide sur la table. Je plie les doigts dans un tic un peu nerveux pour les faire danser en vague. Je l'avais dit que je ferais l'effort. C'est pas... la fin... du monde.. Mais ce n'est pas tant agréable d'avoir la main vide, que sa chaleur me quitte. Je souris de toutes mes dents quand je le vois se pencher à son tour pour manger le bout de saumon. C'est.. très... attirant. O.K. Mais je peux lire dans ses yeux qu'il apprécie le goût. Et ça fait plaisir. Comme quoi je peux avoir bon goût en nourriture quand je suis pas trop morfale. Puis la sauce teriyaki, un classique, une merveille d'invention.

« Contente que t'aime! »

J'avais laissé ma main sur la table, avec un espoir qu'Erik comble rapidement en reprenant ma main. Je vais vraiment finir par avoir des crampes aux joues. Tu lis dans mes pensées? Ou est-ce qu'on partage la même sensation dans le ventre en ce moment?

« Clairement, c'est le meilleur que j'ai mangé. »

Toujours la banane, je quitte un instant son regard pour me prendre mon petit combo wasabi-bonite et de rouler des yeux à nouveau. Je vais finir par avoir un orgasme gustatif tellement ça réveille mes sens. Mes iris se reposent sur le blondinet quand il me lance au défi. J'arque un sourcil. Je crois qu'on a un problème avec la compétition. Ou juste qu'on est vraiment des bons joueurs.

« Vas-y, je suis prête à te faire perdre Erik, dis-je en pouffant de rire.»

Avec ou sans prix, je suis prête à jouer le jeu. Mon pouce retrouve son rythme de mouvement contre sa paume. Ça devient un réflexe ça aussi... Très rapidement je trouve. L'idée d'un dessert fait raviver l'or de mes iris. Parce que. Bon. Je suis amie avec Aylan parce que je le considère comme mon petit frère, mais aussi pour le SUCRE. Voilà.

« C'est parfait, bon choix. Je commence? »

Et ainsi commence la montée. Petit à petit on prend de plus en plus de wasabi sur nos baguettes. Bon.. J'ai une bonne résistance à ce qui est pimenter. Sauf à ce qui est coréen... Enfin... Je peux tenir mais pas longtemps. Il y a ces sourires espiègles qu'on se lance, ces petites blagues et provocations qui rendent nos iris remplis d'excitation de savoir qui va finir par devoir manger ce wasabi. J'ai envie de le voir lâcher sa larme et de devenir tout rouge parce qu'il sera triste d'avoir perdu et qu'il ne pourra pas tricher. Au bout de plusieurs échanges, on finit par arriver à un stade où Erik prend le dessus et va devoir s'en occuper. C'est une première victoire et c'est un gros morceau qu'il va devoir prendre. Hâte de voir ça. Il se permet de se commander déjà une boisson, la boisson de la défaite j'imagine, parce qu'il sait qu'il va perdre. Boisson qui finit par arriver vite et qu'il prend cul sec, pour... se donner du courage j'imagine?

« Je t'en prie, je te regarde. »

Ce n'est pas comme si je te dévorais déjà du regard depuis le début de la soirée mais tranquille. Je vais me faire un plaisir de te regarder encore plus, gardant précieusement ta main dans la mienne.

Son pouce qui reprend ses petites spirales sur le dos de ma main. Je me sens fondre, tant cette marque d'affection et de laisser aller me prend aux tripes. Ce que c'est doux. Mais c'est bien la seule chose douce à notre table, actuellement. Pendant qu'on se jauge. Qu'on se chamaille. Qu'on surenchérit, littéralement. Je sais déjà que je vais aller jusqu'au bout. Peu importe la quantité de pâte verte que je vais devoir avaler. Je commande un verre de whisky. Et finalement, Nana se couche. Putain. La. MONTAGNE. Genre. Vraiment. C'est mort. J'prépare déjà les sashimis que je vais engloutir après pour noyer le piquant dans leur gras. Je vois Megumi rouler des yeux quand elle comprend pourquoi j'ai commandé un verre d'alcool pur. Ouais ma reus. Désolé. J'ai glissé okay ?

"T'aimes bien les fruits ? Ou t'es plutôt chocolat, caramel, vanille, ce genre de saveurs ? Histoire que je sache ce qui te ferais plaisir, quand j'aurais gagné ? "

Ouais ouais fais le fier mon gars. Putain. Tu vas mourir tu le sais ça ? Genre. Là c'est beaucoup quand même. C'est quasiment toute la dose de condiment qu'on nous a servit. Omg. Ok. J'inspire. Mes yeux se perdent dans les pupilles dorée de. mon. date. Qui me tient encore la main. Purée. Okay. Pense que cette bouillie verte. C'est aussi frais que sa peau. Aussi doux que ses lèvres. Allez. Je saisis le shooter. Expire. Inspire à fond. M'envoie le shooter, que je laisse trainer sur ma langue l'histoire de trois, quatre secondes. Pour profiter un peu de son effet antalgique et endormir mes papilles. Puis j'avale, ayant profité de ce moment fort désagréable pour poser le verre, et attraper mes baguettes avec la dose de wasabi convenue. Putain. Allez. Un dernier regard plein de détresse à la Tonnerre. Et je prends tout en bouche, suçant méticuleusement les baguettes pour qu'il ne reste rien dessus. Qu'on m'accuse pas de triche. Non parce que le reste c'est pas de la triche ok c'est juste de l'optimisation c'est important de nuancer. J'avale vite. J'avale trop vite. Je tousse, et ma main dans celle de Nana vient me taper la poitrine pendant ma quinte de toux. Pourtant, je garde la bouche fermée. Putain. Je devais expirer par le nez en même temps que je mettais le wasabi dans ma bouche. Putain putain merde. Mon regard vient accrocher celui de la Téléporteuse. Yeux écarquillés, j'avale enfin. Je déglutis. Ça brûle. Ça pique jusque dans les sinus. Putain. Je sens cette fichue larme qui veut sortir. Omg. C'est la fin, c'est ça ? Dire que j'ai osé faire le malin hein... Putain de débile. La larme fini par sortir, roulant sur ma joue, mes yeux toujours dans les siens. Putain. Je salive à un point bordel.

"Alors. Si je pleure. C'est parce que tu as lâché ma main. Ça n'a vraiment rien à voir hein..."

J'ai chaud mdr aled par pitié. La clope c'est ptête le moment nan ? J'sais pas. J'propose. Je prendrais bien l'air. J'avale deux, trois, quatre puis le dernier sashimi pour tenter d'apaiser ma langue qui est presque aussi rouge que moi. Ouaaaaaaah. Un grand verre d'eau froide serait pas de refus non plus. Bordel de merde. Je viens placer ma main à sa place, serrant un peu plus fort qu'avant les doigts de la blonde et une nouvelle larme coule.

"C'est juste les émotions hein, vraiment."

Mon nez coule putain. Je renifle.

"Nan bon okay tu choisiras le dessert, j'admets ma défaite okay ? Est ce que ça te va si on prend l'air un peu ? J'vais exploser sinon. Putain. C'est bon mais ça pique okay ? Toi et tes idées à la con hein super...."

Oui à partir de maintenant c'était ton idée. Parce que flûte. Je souffre déjà assez.

« Plutôt dans la deuxième option je te dirais... Si tu gagnes. »

Je ne le quitte pas des yeux. Il y a du regret dans son regard, désolé mais c'est toi qui a lancé le pari, il faut assumer. Mon pouce continue sa rythmique, dans un petit geste encourageant, tandis que mon sourire veut surtout le voir avaler ce foutu wasabi. C'est un très gros morceau, je serais vraiment impressionnée que ça ne lui fasse rien. Mais finalement, ça lui fait quelque chose. Un peu trop. Mes yeux viennent s'agrandir, mon air devient sérieux, tandis que je le vois se battre avec le condiment. Que sa main me quitte pour tenter de garder le nord en frappant sa poitrine. Hey, te laisse pas mourir sur la chaise non plus. Au pire, s'il s'étouffe, je peux courir vers Megumi? Quel pari à la con. Ne t'étouffe pas mon grand. Je reste bouche bée sans savoir comment réagir sur le moment. Il gère. Je suis sûre. Il gère. Je me pince les lèvres dans un doute qui me ronge. Puis finalement, il avale et je me sens respirer un peu mieux. Bon, c'est déjà ça. Je ne pense pas que son estomac lui pardonnera par contre.

Une petite perle vient couler sur sa joue, et la victoire me fait ravoir mon sourire, éclatant de rire au passage. C'est une larme de douleur qui a coulé de son œil mais d'une blague, pas de souffrance alors tout va bien.

« Mais oui bien sûr Erik... Répondis-je en roulant des yeux. »

Ça me touche ta blague, et de te voir en panique, tout rouge, à manger tes sashimis, ça me fait rire. C'est... mignon. Je ne peux pas m'empêcher de pouffer tout le long pendant que ma main accueille à nouveau la sienne. J'en profite pour y déposer la deuxième par dessus en voyant cette nouvelle larme sortir. Sa poigne est un peu plus fort et ça ravive mon électricité qui me picote jusque dans l'épaule. Mon rythme cardiaque danse le tango, tout va bien.

« On dira ça, respire un bon coup, OK? »

J'ai enveloppé sa main entre mes deux paumes, le temps qu'il se calme un peu puis j'enlève celle qui ne serre pas ses doigts pour la plonger dans mon sac, ressortant un mouchoir que je lui tends.

« Tiens. Je pense que t'en as besoin. Promis je choisirais un bon dessert que t'aimeras. Pour une fois que je gagne à la loyale, c'est satisfaisant haha- Allons fumer et on s'occupera du sucre après! Puis assume un peu... C'était TON idée. »

Je ricane tandis que je lâche sa main le temps de me lever de ma chaise, d'enfiler ma veste et de transférer de mon sac à ma poche mon paquet et mon briquet. Laissant mon sac sur la chaise, un peu caché.


Automatiquement, je rattrape sa main avant de l'emmener avec moi vers la sortie. Prévenant Mégumi au passage qu'on sortait quelques minutes et qu'Erik aurait besoin de quelque chose pour survivre à sa mauvaise décision. L'air frais vient rafraîchir tout de suite ma peau à peine le pied posé à l'extérieur, ça fait du bien. Quelle soirée... Vraiment... Je relâche une nouvelle fois ces doigts pour me sortir une cigarette que je place derrière mon oreille, avant de tendre une au Morphe.

« Tiens cadeau! »

J'ose...? Ou non? Je devrais... Je sais pas. Y a pas tant de monde devant ce restaurant et- Qu'est-ce que ça change au final? Tu l'as embrassé plein de fois alors pourquoi, là, tout de suite, t'hésite meuf? Mon briquet est encore dans ma poche, ma clope est dans sa main. On se fixe, on le sait, on a pas besoin de se le mentionner... Je me rapproche d'un pas hésitant avant de déposer mes deux mains à leur place habituelle, soutenant sa mâchoire. Je le regarde un instant, un sourire en coin, pendant que mon cœur a juste envie de se barrer en vacances sous le soleil parce qu'il est épuisé de battre autant. Je suis complètement maboule. Vraiment. Maboule. Réfléchir devient difficile un peu.

« Peut-être que ça t'aidera à moins souffrir de ta défaite si je t'aide un peu non? »

Je viens y déposer doucement, hésitante, mes lèvres sur les siennes. Retrouvant enfin ce contact qui m'avait tant putain de manqué. Je ne veux pas tant m'appuyer pour ne pas le rendre encore plus rouge qu'il ne l'est, mais difficile de se décoller... Quand sa main vient à la rencontre de mon visage et que je veux m'écrouler, que cette tension reste là malgré tout. L'air épuisé, on se recule finalement. Le goût du whisky et du wasabi restant sur mes lèvres dont le rouge à lèvres s'est effacé subtilement. En vrai. Vu les lèvres rosés d'Erik, il n'est pas tant parti et c'est un miracle. Peut-être que finalement ce n'est pas une marque de merde. Je viens enlever du bout du pouce les quelques traces qui contourne sa bouche avant de refaire le même exercice sur moi, à l'aveuglette. Tu m'avais manqué, Erik.

Finalement, je me décide à sortir ma clope de sa cachette et à l'allumer tout en allumant la sienne comme au début. La première bouffée apaise tout de suite mon ventre, mais pas ce qui bat en moi. C'est fou d'être putain de nerveuse comme ça alors que c'est pas la première fois que tu le vois bordel.

« Pour un premier dessert, ce n'est pas si mal, soufflais-je dans un sourire. »

Je l'ai fait. Ce putain de premier pas pour l'avoir contre moi. Il en a fallu du temps pour que je le fasse ce soir, que je brise la distance un peu. Je n'ai pas repris sa main tout de suite, la tête trop en l'air fasse à l'émotion qui m'a traversé quand on s'est enfin embrassé. J'en crevais d'envie. Beaucoup trop.

« Oh- Est-ce que j'ai encore du rouge qui dépasse???? J'ai pas de miroir putain. »

Ma blague lui fait lever les yeux au ciel. Purée en vrai. Ça pique c'est chaud. C'est pas si horrible. Mais ça chauffe fort, et ça pique le nez, et les yeux. Ouaaaah. Je commence à saliver, à couler du nez. Elle est trop mignonne. Je reprends sa main et quand la seconde larme m'échappe, qu'elle pose sa main libre sur la mienne. Je rougis. Mais c'est pas à cause de la chaleur dans ma bouche, cette fois. Ce que sa peau est douce. Et ce que c'est adorable, ce petit geste pour me soutenir dans cette épreuve que, certes, j'ai choisi de m'imposer seul. J'attrape le mouchoir qu'elle me tend.

"Merci-"

Petit gros bruit de trompette pendant qu'elle se lève.

"J'ai déjà admis ma défaite, je vais quand même pas tout avouer d'un coup, j'y vais par étapes okay ? "

Battu à plates coutures. Voilà ce que je suis. Mais en vrai je m'en moque. Sa main attrape la mienne, m'entrainant dans son sillage. Mes narines toutes neuves et bien réveillées me ramènent l'odeur de sa chevelure, malgré le bon mètre qui nous sépare. Enfin. Qui sépare nos visages. Elle me jette un regard par dessus son épaule et glisse quelques mots à Megumi qui passait par là. Qui roule des yeux, encore. Mi amusée, mi exaspérée par mon comportement.

"Naaaan mais j'te jure ça va hein c'est bon hein ! Je tire la langue en continuant de parler -ega'de -e b-baaave meme plu-"

Elle détourne le regard d'un mouvement de tête dédaigneux et je rigole un peu, pendant que ma guide m'attire jusqu'à dehors. L'air frais me fait du bien, c'est indéniable. Il y a quelques passants mais aucun ne semble nous remarquer. Les gens s'en foutent pas mal, de voir deux blonds se tenir la main. Enfin. Qui se tenaient la main, parce que maintenant, Nana fouille dans sa poche pour en sortir son paquet de clopes. Elle m'en tend une, et je la remercie. Mais. Pourquoi est-ce qu'elle glisse sa cigarette ici ? Oh. Euh. S'il te plaît, oui. J'en ai tellement envie moi aussi. Nos regards ne se lâchent pas. On en a tellement envie, tous les deux.

"Je crois que j'ai besoin d'aide, oui, s'il te plaît Nana..."

C'était plus un murmure qu'autre chose. Ses mains autour de mon visage, le sien, si proche. Ses yeux. Mon dieu, ses yeux. Avec ses cheveux qui flottent, encadrant son visage, imitant les vagues à chaque mouvement. Et ce sourire. Ce sourire si doux. Que je ferais disparaître sans aucun regret, dans l'immédiat. Ce baiser. Il a quelque chose de différent. Peut-être parce qu'il a mis plus de temps a venir. Ou peut-être parce qu'il venait d'elle, sans que je n'ai rien à suggérer, rien à faire pour la tenter. Je ne sais pas. Je m'en fiche, dans l'immédiat. Ce qui compte, c'est ces lèvres, contre les miennes. L'air qui se fait rare. On en profite pourtant jusqu'à la dernière goutte. Jusqu'à ce que nos corps nous rappellent à la raison. Enfin. Seules nos lèvres se séparent, dans un premier temps, et je redécouvre son visage. Son maquillage. Son rouge à lèvres, qui s'est fait un peu plus discret. Je pouffe. Je me demande bien où il a pu finir, depuis tout à l'heure. Purée j'en ai partout là c'est ça ? Son pouce qui vient dessiner le contour de mes lèvres. Je suis mort, en fait, c'est ça ? C'est un rêve ? J'suis sur un nuage de mignonnitude. Enfin. Non. Je sais pas. J'perds le fil de mes pensées. Nana.

"Attends, il t'en reste un peu encore, bouge pas-"

J'humidifie mon pouce d'un rapide coup de langue et vient essuyer une trace de son pauvre maquillage que j'ai ruiné, le sourire aux lèvres. Cette fille, vraiment. C'est. Quelque chose. Je porte sa cigarette à mes lèvres, et elle fait la même chose avec celle qu'elle a derrière l'oreille, allumant les deux avec la même flamme.

"Très sympa, oui. En plus, je crois que c'est à volonté, pour celui-ci-"

Je souris, tirant sur la cigarette, continuant de parler pendent que j'expire la fumée.

"J'crois même qu'ils font à emporter-"

Un clin d'œil exagérément graveleux ponctue mes propos. C'est si léger, comme ambiance. Si doux.

"Hey ! Tu doutes de mes capacités ?? J'te jure que t'as plus rien. Que t'es aussi belle que quand je t'ai vu arriver, tout à l'heure et puis- Je viens lui voler un baiser, délicat, du bout des lèvres -à quoi bon s'en tracasser maintenant ? "

Je recule d'un pas en riant, pour examiner son visage sous la lueur des néons colorés.

"En plus, je te jure que t'as rien. Vraiment. J'suis plus inquiet pour moi, okay ? T'es sûre t'en a pas loupé ? "

Je tire une nouvelle taffe sur ma clope, et ma main libre vient caresser la joue de la jeune femme. Nana.. Pourquoi est ce que je ne ressens que maintenant à quel point mon coeur s'était emballer ? Maintenant qu'il se calme à peu près. Mon dieu. Qu'est ce que tu me fais. Chaque fois qu'on se quitte, j'ai mal aux joues à force de te sourire. J'ai presque envie de passer la soirée ici, à se regarder. Mon ventre qui gargouille me rappelle à la réalité. J'ai faim, autant d'elle que de nourriture. Ce qu'elle est belle..

"J'me sens mieux. Merci bien-"

Ma bouche ne pique plus, comme par magie. Je ramène ma main contre moi.

"Ça serait quand même dommage que ton saumon ou le riz refroidisse... C'est meilleur chaud."

Contrairement à toi. Chaude, froide, n'importe quoi, jamais ça pourra être moins bon. Moins bien. La sensation de ses lèvres, puis de son pouce, sur le contour des miennes. Je sens encore la chaleur qui s'échappait de sa bouche, puis la douce fraicheur de sa peau...

La pression sanguine vient pulser sous mes lèvres entrouvertes quand le pouce d’Erik passe à son tour pour me retirer ce que j’ai étalé. Mes yeux sont ancrés dans les siens quand il le fait, je lui rends ce sourire qu’il aborde. Sans regret. Vraiment. J’en redemande déjà encore, c’est difficile de résister. Alors on se met à fumer finalement. Allumant les deux cigarettes dans la même flamme dont la lumière reflète dans ses iris, son visage si proche du mien. Je pouffe un peu de rire dans cette situation. C’est nerveux, je ne comprends pas. Moi ? Nerveuse. C’est la blague du siècle. Putain.
Les avances qu’il me sort... Je suis pas loin de vouloir te ramener tout de suite avec moi à Terrae tu sais. J’éclate de rire face à ce clin d’œil digne d’un dessin animé.

« J’espère bien que c’est à emporter sinon je vais devoir appeler la direction. »

C’est si simple de te parler Erik. De répondre. De rire. De tout. Quand tu reviens vers mon visage en me volant ce baiser si doux, qui me fait perdre mes moyens sur l’instant, soupirant fort par le nez quand ta main retrouve sa place sur ma joue. Tu me complimentes et mon sourire s’agrandit au maximum, au point que j’en ai presque des fossettes. Je vais crever, en plein milieu de cette rue, pourquoi c’est beaucoup plus intense qu’avant ? Que mon corps réagit beaucoup trop à si peu… Je suis clairement pas saoule pourtant.

«   Merci Erik, je te crois, puis de toute façon je ne suis pas sûre que le reste va stagner longtemps sur mes lèvres- Voyons voir. »

Je tire rapidement avant de garder ma clope entre mes lèvres, laissant la fumée sortir par mes narines tandis que, pendant que sa main me touche encore, j’examine son visage de plus près.

« Hmmm…. »

Ma main revient épouser sa mâchoire pendant que mon pouce passe une dernière fois mais cette fois-ci directement sur ses lèvres. Je regarde le bout de ma peau se roser par le peu qui restait. Je me recule et le regarde de la tête aux pieds. Il est si attirant ce soir je ne comprends pas ce qui a pu changer si subitement… Que quelqu’un… m’explique.

« All clean, t’es toujours aussi BG. Tout le plaisir est pour moi. T’auras eu ta leçon avec le wasabi. »

Je pars à pouffer de rire entre deux taffes. Sa main me laisse et ses mots me rappellent qu’il faudrait y retourner parce que nos clopes se consument très vite, autant que nous de l’intérieur je pense.

« C’est vrai… allons-y alors, répondis-je en déposant un léger baiser sur sa joue en évitant de laisser une trace.»

Je te dirais bien qu’il n’y a pas que la nourriture qui est meilleur chaud, mais peut-être qu’on le sait déjà finalement. Sur une dernière taffe, ma main vient chercher la sienne pour le guider à nouveau à l’intérieur. La pause fut courte mais si agréable, on serait rester sur ce trottoir toute la nuit que j’aurais eut le même plaisir à être avec Erik. Je lui maintiens la porte puis on arrive à la table où je lâche ses doigts pour qu’on se réinstalle, le cœur battant. Un soupir m’échappe puis le repas avance doucement. On s’échange des morceaux, on rit, on se regarde, les assiettes se vident rapidement au fur et à mesure, on les dévore pendant que nos yeux font la même chose.

« Alors, côté dessert, c’est quoi que tu préfères ? Je suis bonne gagnante faut que ce soit un truc qui nous plaise à deux quand même. »

Bien qu’on sait que le vrai dessert nous attendra au retour de cette aventure culinaire. Mais ça me fait rire un peu puis en vrai, il peut prendre ce qu’il veut, je m’adapte. On commande plusieurs fois des plats en tout genre dont le thon et le saké finissent par arriver sur la table pendant que je termine mes restants d’anguille. Mordillant le bout d’une des deux baguettes.

« Bon alors, faut que tu m’expliques deux choses hm ? De un, pourquoi le saké avec le thon? Et deux, faut que tu m’expliques comment t’as rencontré Camil parce que vraiment, il a pas voulu m’en parler et il est parti en fou-rire. »

Je suis, un peu trop, curieuse. Mais je veux l’écouter parler. Pas besoin d'énoncer qu'on lui a parlé tous les deux l'un de l'autre mais au moins... Je veux comprendre pourquoi Camil m'a rit au visage quand même.

Encore une fois, son pouce court sur mes lèvres. Et je lui facilite le travaille en souriant sans vraiment faire exprès.

"Je t'aide à t'en débarrasser quand tu veux. Même si c'est à regret, il te va vraiment bien..."

Genre vraiment. Mais si je peux éviter de ressembler au Joker après avoir assouvit mon envie de toi, c'est quand même sympa. Je rougis à ses compliments. J'ai presque aussi chaud qu'après le wasabi, ok ? Nos corps, sans cette table entre. Son regard dans le mien. Son sourire. Qu'est ce qu'on fabrique, en vrai. Je souris. Je ne fais que ça, ce soir. Je ne fais que ça, avec toi. J'sais même pas comment je fais quand t'es pas là. Alors qu'on s- J'allais dire "qu'on se connait si peu" mais est-ce que c'est vraiment le cas ? J'ai l'impression de te connaître par cœur. De t'avoir toujours connue.

"Tout le plaisir est pour toi ? J'suis pas certain-"

Vraiment, j'ai pris du plaisir aussi. J'sais que c'est une expression mais eho faut pas s'accaparer tout le plaisir hein on est deux ce soir. Bordel. J'perds mes mots et mes pensées, à la regarder. C'est même plus que je la regarde là, c'est que je ne vois plus qu'elle. Jusqu'à ce que je ne la voit plus, quand elle disparait de mon champ de vision pour déposer un doux baiser sur ma joue. qsdqdksqjfkd. Sa main vient se saisir de la mienne et, comme pour sortir, elle me tire derrière elle. En sens inverse. Je ne peux pas enlever ce sourire. Vraiment. En plus, autant tout à l'heure j'ai essayé de pas regarder. Autant là. Mes yeux se perdent sous sa ceinture. L'envie d'y glisser ma main, ne serait-ce qu'un instant, m'effleure, mais je secoue la tête. Il y a un temps pour tout. Et j'ai tout mon temps pour toi. Nous revoilà à table, à rire, manger et discuter. Ce que c'est agréable. Cette rencontre, toi et moi, Nana. C'est la meilleure chose qui me soit arrivé depuis si longtemps. Je me sens vivant. Tu me sors de ma routine qui, même si je l'apprécie, m'ennuie, parfois. On continue de se faire goûter des trucs, et enfin, mes sashimis de thon. Et les verres de sake. Chauds. Je souris. Et pas à cause de toi, cette fois, Nana. J'allais attaquer quand elle me pose la question, pour le dessert.

"J'ai vraiment aucune préférence, en vrai. Ils sont tous très bons... Ok ok pardon j'ai compris euh. Bah. J'aime bien genre le tiramisu et euh. Le cheesecake. Ou alors du pudding mais c'est plus chiant à partager-"

J'ai bien vu dans son regard qu'un "je sais pas j'aime tout" était pas une réponse convenable, ok ? J'ai perdu, j'ai pleuré, j'aurais pas dû subir cette ultime humiliation. J'fais la moue, mais pas longtemps, les questions de la belle blonde attendant leurs réponses.

"J'sais pas. Juste j'aime bien ahah- Nan mais tu vois c'est à base de riz, le saké. Du coup là, je mange mon sashimi avec du riz liquide et ça va bien ensemble c'est tout. En plus le saké est tiède ça fait vraiment un truc sympa, sers toi hein, hésite pas. Parce que la réponse à la question suivante est un peu plus longue. Je te demande de mettre ta ceinture, et de te tenir à la table, parce que ça fait peur. Et. Interdiction de m'interrompre. C'est important, parce que je suis nul pour raconter, tu voudrais pas que je perde le fil, quand même, hein ? "

Je m'enfile deux tranches de poisson et un des verres d'alcool, les yeux clos.

"Alors. Techniquement. On s'est rencontré à Halloween. Mais on a pas spécialement discuté, donc ça nous amène à la mi Décembre. Avant les missions, quoi. Faut se dire que j'avais que ça en tête, à cette période. Du coup au taf j'fais des boulettes, Ariana aussi, elle est la tête dans le guidon comme moi. Et du coup cette fois elle avait oublié ses clés, tu vois. Chiant pour ouvrir la boutique le lendemain. Du coup, j'veux l'appeler, mais j'ai plus de batterie, ok ? Donc qu'est ce que je fais ? Je me transforme en chien et je cours jusqu'à l'Institut, où elle habite, pour lui déposer ses clés, en collègue exemplaire. Puis à force de courir, avec les entrainements et tout, j'suis fatigué. Et je vois la porte de l'ascenseur ouverte, t'sais. Du coup. Camil est dedans. J'le connais pas tu vois. J'rentre dedans, et voilà qu'il me fait des gratouilles. Genre. Pourquoi il me fait des gratouilles j'suis pas un chien t'sais."

J'fais une pause pour engloutir quelques morceaux de poisson supplémentaires.

"Alors oui je te vois venir, j'ai fait pareil avec toi en chat. Sauf que toi. J'te connais. Ça me dérange moins. C'était même super agréable. Mais du coup, en chien, vraiment, entre les oreilles c'est le paradis ok ? Sauf que trop gênant. Du coup bah j'appuie sur le bouton pour l'étage des Eaux. Et Camil sur le sien. Sauf que. Pas de bol hein. Le truc s'éteint. Le courant. Et on est bloqué dans l'ascenseur. Sauf que moi. J'ai pu de jus, pour rester en chien à l'infini là. Du coup je me dis "bon Erik, prends ton courage à deux mains, ça va être gênant il t'a gratouillé et tout mais tranquille, soit digne." Du coup je me transforme. Je lui dis que c'est de sa faute si on est dans cette situation de merde et que putain on gratouille pas les chiens errants surtout quand c'est des Morphes et là. Vraiment. Le drame. La lumière s'éteint. Et j'ai envie de pisser, ok ? C'est important pour la suite. J'ai envie de pisser mais comme jamais j'ai eu envie de pisser. Et je me dis. "Ok Erik c'est pas grave. Au pire tu pisses et paf, avec ta magie tu fais disparaitre et voilà, personne en saura jamais rien" SAUF QUE. J'suis là, face au coin opposé à Camil, dans le noir, dans la cabine d'ascenseur, le pantalon et le boxer sur les chevilles, en train de me concentrer pour utiliser mes pouvoirs. Quand. Nikkou. Le Master Téléporteur là, j'pense tu connais. Il était dans mon escouade pour la mission en plus. Bah il se téléporte dans l'ascenseur. Me voit, cul nu, teub en main. Décide de me chopper par l'épaule, pareil pour Camil. Et nous téléporte au milieu de la Forêt. Ok ? Il nous fait la leçon, dis que j'suis la honte de la nation toute entière, et que Camil a des kinks étranges. Et du coup Camil il vomit, parce que première téléportation, tout ça. Et moi j'suis cul nu dans la forêt avec de la neige, mon pantalon dans une flaque de boue, et je commence à pisser à cause de mon envie et du choc de la téléportation. Puis tu sais l'effet que ça a sur moi, hein ? 'fin bref la galère, jréussis à remettre mon fut mais il est dégueulasse, froid, mouillé, et comme on est en pleine forêt j'peux pas laisser un novice dans les bois t'as capté. Du coup j'lui propose de venir chez oim mais 'fin. Perso je me propose la même chose je refuse quoi. Mais nan. Il a trop la dalle et j'lui ai promis à boire. Et du coup techniquement il a gouté mon curry avant toi, et ouais. Et on a passé la soirée dans le jacuzzi. À poil quoi, normal. Mais du coup il a re vu mon cul mdrrrr. Mais voilà. On s'est cuité la gueule dans l'eau en refaisant le monde et j'avais pas autant bu depuis bien longtemps. Un conseil, du coup. Si jamais tu veux u cocktail. Demande à n'importe qui, sauf à lui. Vraiment. J'ai cru mourir quand il m'a fait une Pina Colada, genre vraiment. Mais ouais c'est un chic type. Et. Pour l'anecdote. Son cul rentre pas dans les bas de maillot d'Ipiu. Voilà. Comme ça tu sais. Mais ce batard eh. J'lui avait dit de rien dire tout le monde a été au courant ptn. Voilà. Voilà voilà."

Je détruis ce qu'il me reste de poisson, de riz et d'alcool. Putain. J'ai vraiment raconté tout ça ? Déjà, j'ai trop parlé. Genre beaucoup trop, ok ? Et en plus c'est vraiment pas glorieux. J'ai même pas essayé de me mettre en avant ou quoi. C'était la vérité pure, sans filtre. Genre. Pourquoi est ce que je t'a raconté que j'avais eu l'idée de pisser dans un ascenseur Nana. Pourquoi j'pouvais pas juste te mentir hein ? Bon ok y a un monde où juste la version de Camil contredit la mienne et voilà. Mais putain. J'aurais pu édulcorer nan fallait que je dise tout. Jusqu'à mon cul plein de terre putain. Qu'est ce que tu me fais hein Nana ?

"J'espère que du coup tu sais pourquoi il rigolait ce brigand. Moi j'vois pas j'ai eu un comportement exemplaire du début à la fin et tout. J'espère que t'as pas d'autres questions ça donne vachement soif hein..."

La discussion suit doucement son cour pendant qu'on attend le dessert choisit par Nana. J'ai du mal à décoller mes yeux des siens. Et nos mains sont à nouveau jointes par dessus la table alors qu'on a fini de manger. On s'est fait bien péter le bide en vrai, faut le reconnaitre. L'envie de. D'elle. L'envie d'elle grandit en moi à chaque seconde. Chaque putain de seconde sans ses lèvres contre les miennes est une épreuve. C'est vraiment terrible, d'être si proche et pourtant si loin. N'y tenant plus, je me penche au dessus des assiettes et verres vides pour l'embrasser. Même si c'est seulement du bout des lèvres, c'est mieux que rien. Mon corps hurle son nom. Il hurle son nom si fort que j'en oublierais presque le mien. Puis je me rassieds au fond de ma chaise, et je le vois. Sur le tapis roulant. Notre dessert. Avec une bougie allumée, dessus. Je blêmis. Ah ah. Putain. Pourquoi je lui ai rien dit déjà ? Je risque d'avoir besoin d'arguments. Megumi. Tu fais chier. Putain. J'fais quoi hein ? J'vais pas le laisser tourner pour toujours sur le tapis et faire genre j'ai rien vu. Megumi m'a niqué putain. C'est échec et mat j'voulais rien dire pour que ça soit pas bizarre. Et maintenant ça va l'être encore plus. Putain. J'suis vraiment désolé Nana. J'aurais dû être honnête depuis le début, j'm'en rends compte. Mais je voulais pas de cadeau ou que tu te sentes obligée de venir. Je voulais pas te prendre en otage ou je sais pas quoi. Vazy ils ont même écrit "joyeux anniversaire Erik" dessus les enculés. Puuutaaiiiiiiiin. J'attrape le plat à deux mains et le pose entre la Tonnerre et moi, le visage fermé. J'sais pas comment faire ou quoi dire ou si je dois m'excuser je sais pas elle va se sentir prise au piège ou je sais pas quoi putain. Mes mains sont moites.

"J'voulais pas que tu te sente obligée de venir. Et j'ai oublié de leur dire de pas mettre de bougie. J'suis désolé, c'est nul. Je regrette."

Je l'ai pas laissé parler avant moi. Elle avait la bouche ouverte, pour dire un truc. Et je l'ai coupé. J'aurais peut-être pas dû. Je sais pas. J'ai improvisé. J'ai dit la vérité. Je sais pas ce que je peux faire de plus. Je me suis excusé. J'ai peur qu'elle soit blessée. Qu'elle le prenne mal. Qu'elle pense que je m'amuse, avec elle. Que je joue avec elle. Putain merde. J'ai vraiment peur là tout de suite. J'ose même pas croiser son regard. Ma main a quitté la sienne depuis que j'ai décidé de précipiter la fin de soirée, en posant l'assiette entre elle et moi. Comme une barrière. Je sais pas. Peut-être qu'elle s'en fiche, après tout. J'en sais rien. Mais si j'ai niqué la soirée. Je vais être vraiment, vraiment triste. Putain. J'avais oublié. J'aurais pu lui en parler avant d'être devant le fait accomplit. C'est nul. J'suis un gros loser et j'vais la perdre en fait. 'chier.

« Vos désirs sont des ordres alors, répondis-je en prenant la tablette. »

Pendant qu'il m'explique l'idée du sake avec le thon, je tapote sur l'écran pour commander un tiramisu en express. C'est léger, ça ne sera pas trop lourd pour finir la soirée.

« C'est super intéressant comme concept alors je vais en manger tout en t'écoutant alors! Vas-y, vas-y. Je suis toute ouïe. »

Ce qui est vraiment le cas. Du premier au dernier mot, j'écoute toute l'histoire. Enfilant quelques tranches avec un verre de sake. Effectivement, il a raison, le mélange sur le palais est tellement délectable. Il a un savoir incroyable ça m'épate. Mais là. Au fur et à mesure qu'il parle, c'est leur rencontre qui me laisse sur le cul. C'est beaucoup, BEAUCOUP d'infos pour une rencontre. Mon visage passe par toutes les grimaces possibles et toutes les expressions faisables. Je comprends beaucoup mieux pourquoi Camil est parti en fou-rire. La soirée de fifou qu'ils ont passé entre mecs... Il y a des moments où ma bouche reste grande ouverte, d'autre où je pars en fou-rire... Je mâche machinalement le thon en pensant à ma rencontre avec Camil. Non mais. Moi je me suis juste vomie dessus devant lui. Erik c'est un autre niveau. Je n'imagine pas la tête de Nikkou. Et dire que je me fais tirer les oreilles pour mes conneries avec Senri... Erik en a du niveau aussi. Puis pauvre Ipiu... RIP son maillot. J'ai deux-trois mots à causer avec Camil plus tard. Vraiment, j'ai pas de mots. C'est.. beaucoup. L'histoire de folie sérieux. Au point de pisser dans un ascenseur pour finir dans la forêt, puis tout nu dans un jacuzzi... Un Very Bad Trip de Terrae... Manquait plus qu'ils se réveillent sur un toit. Enfin. Ça m'est déjà arrivé une fois... Merci à la TP quand t'es saoule. Mais là n'est pas la question.

« Oui bien sûr, ''exemplaire'', dis-je en roulant des yeux. Clairement... J'ai.. pas de questions. C'est une histoire vraiment... incroyable. Je suis épatée. »

On continue de parler, nos yeux toujours ancrés. Suis-je la seule qui veut briser la distance? Tout de suite? Nos mains se rejoignent de nouveau pour s'accrocher dans un élan de tendresse. Qu'est-ce qui nous arrive Erik? Pourquoi c'est si naturel tout ça alors que, 'fin, c'est la troisième fois qu'on se voit? En... deux mois? Déjà deux mois putain. Pourquoi on ne s'est pas vus plus souvent? Pourquoi la nuit je pense à toi entre deux terreurs nocturnes et que je veux cogner à ta porte? Putain. Tes yeux parlent tellement, on se sourit et on blague comme deux idiots. Cette fois-ci, c'est le bout de mon index qui caresse le sien. Mon cœur fait un bond quand ses lèvres m'effleurent brièvement, mes yeux mi-clos, acceptant si chaleureusement son affection. Sans en avoir quelque chose à faire des autres qui nous entoure. De cette table. Cette ambiance si chaude qui nous enveloppe.

Une froideur pourtant vient s'installer. Un tiramisu se rapproche, brillant par la bougie allumée sur le dessus. Le visage d'Erik se referme tandis que mon sourire tombe progressivement, sans comprendre jusqu'à ce que l'assiette s'installe entre nous, quittant brusquement ma main que je rétracte vers moi par réflexe. Mes yeux tombent sur le dessert pour voir le mot écrit. J'écarquille les yeux. Qu'est-ce que c'est que ce délire? Son... Son anniversaire?  Ce soir? La gêne. Pourquoi il me l'a pas dit? J'aurais pu préparer quelque chose... Je suis là... les mains vident.. comme une conne. Ça me pince. Je ne comprends pas. Était-il gêné de quelque chose? On était si bien, pourquoi ton visage et ton regard deviennent si durs? Que tu mets ce mur entre nous subitement? Les battements dans ma cage thoracique s'accélère mais par incompréhension. Je commence à ouvrir la bouche pour parler mais Erik s'empresse de me parler. D'un ton... indéfinissable. Je le regarde, à la recherche de mots. Le visage contorsionné par le choc. Pourquoi tu regrettes? On ne s'est jamais rien caché depuis le début...

« Tu crois vraiment que je me serais sentie... obligée? »

Je claque ma langue contre mon palais, enchaînant sans le laisser répondre.

« Non mais, je comprends pas Erik. Je serais venue dans tous les cas, de quoi t'as honte? C'est plus moi qui a l'air bête à n'avoir rien préparé.. »

Ce n'est pas comme si je pouvais savoir. Je fronce les sourcils et je l'empêche encore de me dire un mot.

« Pourquoi tu me l'as pas dit? Je croyais qu'on se cachait rien... »

J'ai une pointe de déception dans mon ton. Pourquoi t'es déçue? Il avait le droit de ne pas te le dire non? De quoi tu te mêles? Mais pourquoi t'es si froid Erik? C'est si brusque. Est-ce que... je suis mieux de partir? Pourquoi dans mon être, ça me fait mal. On aurait juste pu en rire non? Je me pince les lèvres fortement, tant pis le rouge à lèvres. J'ai aucune idée de ce qui se passe alors que la bougie se consume devant nous. Il ne m'a toujours pas adressé un mot. Je garde les sourcils froncés mais mon regard s'adoucit un peu.

« Donne ta main, dis-je un peu sèchement en tendant la mienne. »

J'attends qu'il vienne la déposer sur le coin de la table pour croiser mes doigts dans les siens et soupire longuement.

« C'était ton choix de pas me le dire. J'ai pas à me plaindre, mais, vraiment, je suis un peu déçue que tu ne me l'as pas dit. Alors. Quand on sort. Je vais aller t'acheter un petit truc OK? Et t'as pas le droit de refuser birthday-boy- laisse moi finir s'il te plait- sinon je vais me fâcher. OK? C'est pas nul, c'est ton anniversaire. Mais- bon je suis un peu fâchée je dis de la merde, t'aurais dû me le dire. Anniversaire ou non, je serais venue Erik. Et puis merde hein, nan franchement un anniversaire c'est important ok??? Enfin pour moi c'est important de célébrer les anniv', j'aurais pu te ramener un truc je sais pas putain... Non mais.. Putain.... Erik... Ne m'impose pas un mur s'il te plait... Pas entre nous.»

Est-ce que je vais vraiment finir par chialer???? Parce que je suis frustrée??? Ou triste??? Ou par je ne sais quelle merde qui me bouffe de l'intérieur là???

"Je sais pas. J'en sais rien. Oui. Non. Sans doute pas. Vraiment pas. La preuve, tu es là-"

Elle répète la question. Sous une autre forme, mais c'est la même question. Je reste silencieux. J'ai les yeux qui piquent un peu mais je lutte pour ne pas pleurer à nouveau. Avec succès, cette fois. Comment ça, on se cache rien, Nana ? Tu mens. Tu mens si fort putain. On se cache nos sentiments. À nous-même. Entre nous. T'as pas le droit de dire qu'on se cache rien Nana. Vraiment. Je me mords l'intérieur de la lèvre. Putain. Nana. Je m'exécute, posant ma main dans la sienne, mon regard dans le sien. Et quand c'est plus supportable, je ferme les yeux avant de recommencer.

"Je sais pas. Je t'impose pas de mur. Je m'en veux. C'est pas plus compliqué que ça. Je sais pas du tout pourquoi je te l'ai pas dit. Parce que je voulais pas d'un cadeau. Laisse moi finir, s'il te plaît. Chacun son tour. Parce que nous deux c'est pas ça. Pour le moment. 'fin. C'est pas ça. Déjà, ça ressemble vachement trop à un date, non ? Je voulais pas que ce moment, à nous, ça soit plus le mien que le tien. J'aurais dû t'en parler. Te dire que c'était aujourd'hui. Mais que je voulais pas que ça change quoi que ce soit au déroulé de la soirée ? Puis j'accorde si peu d'importance à cette journée. Mais c'est un autre débat. Je ne veux pas de cadeau, Nana. Vraiment pas. Surtout que tu m'as déjà fait le plus beau cadeau du monde, okay ? "

Ma main libre glisse dans ma poche et en sort le cristal dorée qu'elle m'a offert la dernière fois qu'on s'est vu. Je peux pas m'empêcher de sourire en le voyant, posé entre elle et moi.

"Considère que c'était ton cadeau d'anniversaire en avance, okay ? Vraiment, ce soir, je voulais que ça soit juste toi et moi. À égalité. C'était pas du tout pour t'embarrasser. C'était pas pour te faire te sentir bête, ou négligente ou je ne sais quoi. C'est nul, je l'ai compris. J'ai merdé. J'aurais dû t'en parler. Je comprends. Ça partait d'une bonne intention mais ça n'enlève pas que c'est maladroit. Est ce que tu veux bien me pardonner ? S'il te plaît, Nana..."

J'ai pas d'autre argument. Je sais pas quoi rajouter. Je refuse de dire qu'on se cache des choses. C'est pas le moment. J'veux rien lui balancer à la figure comme ça. Elle a l'air d'assez mal le vivre comme ça. J'ai trahi sa confiance. Je l'entends dans sa voix.

"Je voulais vraiment qu'on passe une bonne soirée. Ça m'importait plus qu'un an de plus. C'est juste un chiffre. Mais. Toi. T'es plus importante que ça. Je pourrais être avec des copains à fêter ça. J'avais peur que tu penses que je te faisais passer avant mes amis. Que tu t'imagine des trucs. Que tu aurais raison de t'imaginer. Quand tu disais qu'on se cachait rien. T'es sûre de ça, Nana ? "

Ma main serre un peu plus la sienne. Mon regard est dur. Pas mon ton. Putain. Pourquoi j'ai dit ça. C'est de pire en pire. La soirée est foutue. Notre début de truc si doux, c'est fini. Ce qu'on s'était dit, c'était pas d'engagement. Pas "pas de secret". Putain. Qu'est ce que je fous. Vraiment. Erik. Putain. La soirée se passait bien, était pleine de promesses. J'ai envie de me transformer en petite souris. De disparaître, loin. De ne plus avoir à parler. De ne plus avoir à penser. Je veux être seul. Ou avec elle. Je sais pas. Je suis perdu. Et j'ai peur de la perdre.

J’ai écouté… restant silencieuse jusqu’au bout alors que finalement ses doigts s’entourent un peu plus fort autour des miens. C’est trop de choses à penser. Je me fâche un peu plus de l’intérieur alors que mon regard se durcit à nouveau entre deux phrases. Ce qu’on se cache… Je refuse d’y penser ce n’est pas le moment de chercher. Je suis trop confuse et les informations tournent trop dans mon cerveau. Je veux bien te croire Erik. Sur ce que tu dis. Mais putain on parle de ton anniversaire et de ton regard dur qui me transperce. Je respire fortement et décide de me frotter la tempe du bout des doigts de ma main libre. Fixant le cristal… mon cristal… celui que je lui ai offert dans un élan de… de je ne sais quoi. Putain Erik tu fais chier. Je me sens si instable que j’ai l’impression que mon électricité va faire péter les lumières de ce foutu restaurant. Je sens mon regard qui s’intensifie, mes iris qui s’illuminent très légèrement. Je sais pas quoi dire. Quoi répondre. Quoi réfléchir. Il me faut de l’air. J’ai besoin de respirer dehors. Mais ce serait si ignoble de ma part de me lever et de le laisser seul à table. Respire meuf. Sinon tu vas causer des problèmes. Je fixe sa main dans la mienne avant de replonger mon regard dans le sien. Chacun a ce regard de pierre soudain. Pleure pas meuf putain c’est dur. J’ai envie de me barrer. Je comprends rien. Je sais même plus ce que je fais. Je ferme les yeux un instant, désespérée. Je suis là, à le laisser dans ce silence qui pèse si fort que la gravité n’est plus suffisante pour me garder sur Terre. Je me mords la joue de l’intérieur. Nan fous pas en l’air la soirée… votre soirée. Je sens que je m’emporte, c’est dur putain.

«  J’ai besoin de sortir fumer Erik, je suis désolée, tu me donnes un instant ? Promis je ne m’enfuis pas. Je veux juste, sortir un peu. OK ? »

Je lâche sa main subitement pour partir dehors, sans ma veste, juste mes clopes et mon briquet. Je fais un léger sourire à Megumi au passage avant de poser mon dos contre la devanture du restaurant. J’ai mal aux poumons. C’est quoi ce bordel. J’ai ses mots qui résonnent en moi. La fraîcheur de l’air qui me fait trembler. Putain je suis trop con. Je me mets à fumer vite, enchaînant les taffes sans trop me laisser le temps de prendre de l’oxygène au passage. Abrutie. Tu pouvais pas juste dire ‘’oui Erik je te pardonne mais c’est moi qui fais chier en vrai ??’’. Pourquoi j’overreact pour toi ? Rien à se cacher… qu’est ce que j’en sais putain. C’est sûr qu’on a ce putain de comportement de couple mais la promesse… je ne sais pas putain. OK ? Bon. Tu souffles un coup, tu fais le vide et tu régleras ça plus tard et tu te bouges… t’as une soirée à finir. Je ravale mes émotions aussi vite que je consume ma clope et je rentre en trombe de nouveau. Lâchant des gros soupirs sur mon passage alors que je reviens à table.

«  Je suis désolée… »

Je prends une grande inspiration.

«  Je comprends ton point de vue Erik et j’aurais pas dû m’emporter c’est juste que… j’aurais pu faire tellement mieux… ça m’a rongé et t’as lâché ma main et cette foutue assiette… Peu importe la situation, je n’aurais eut aucun doute que la soirée serait incroyable parce que c’est toi OK ? Je te pardonne Erik franchement t’as rien fait de mal je devrais même pas dire ses mots putain. Continuons de passer une bonne soirée, ensemble, si tu veux pas qu’on te le fête ton anniversaire et pas on le fêtera pas. Tant que t’es là, je m’en fous. OK ? S’il te plaît dis quelque chose. On aura tout le temps du monde de se parler cette nuit. Je suis désolée, merde. Je ferais n’importe quoi pour toi-. »

Cette dernière phrase s’échappe de moi si subitement, mes lèvres me l’arrachent si brusquement que je finis par prendre ma tête dans mes mains.

«  Est-ce qu’on peut reprendre de 0 ? Oublier ça et continuer ? »

Cette sensation de déjà vu… de notre première rencontre où je le mentionnais dans sa cuisine…